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Conférence INTERSCULPT 2023 / Fête de la Science / Bar-le-Duc
12 octobre 2023
Les modifications corporelles dans les sociétés humaines
Dr. Jérôme THOMAS
Anthropologue
Université Paul-Valéry Montpellier 3
Transcription
00:00 Le jeu de la mort de Jérôme Thomas
00:06 Nous accueillons le auteur Jérôme Thomas
00:10 qui nous vient de Niers-Quelm-en-Caulier
00:12 pour faire un long voyage pour rester ici
00:14 dans le Duc.
00:16 Il est anthropologue
00:18 et il va nous parler de modifications corporelles.
00:21 Merci d'être venu, Séné.
00:24 Je vous remercie pour l'invitation tout d'abord.
00:27 Je vais commencer par une question,
00:30 c'est quoi les modifications corporelles ?
00:33 On va la définir de manière normale.
00:37 Une modification corporelle,
00:40 c'est une transformation localisée ou étendue,
00:43 répercée ou non,
00:45 du corps d'un individu
00:47 au moyen d'une pratique
00:49 et dans un but social, culturel, religieux,
00:52 esthétique, voire thérapeutique.
00:55 On emploie différents termes
00:57 pour qualifier ceci.
01:00 Si c'est signe corporel, marquage corporel,
01:03 ou si c'est déformation corporelle,
01:05 alors de quoi parle-t-on exactement ?
01:09 Ces modifications
01:12 distinguent tout d'abord un homme
01:15 ou une communauté par rapport à la nature,
01:19 mais qui a réussi de l'intégrer dans un groupe.
01:23 Et ces modifications corporelles
01:26 peuvent propriétaire
01:28 un certain nombre de significations
01:31 très importantes et parfois simultanées.
01:34 On en a parlé, c'est l'évocation des dieux,
01:37 la fécondité, l'érotisme également,
01:41 la beauté, les passages, les vieux passages,
01:44 la hiérarchie, la protection, le don, etc.
01:49 Donc ce sont vraiment
01:52 des différentes significations
01:56 très importantes et multiformes.
01:59 Ces marques corporelles
02:02 servent à communiquer, bien entendu,
02:05 entre les individus,
02:07 mais également entre les individus
02:10 et bien souvent le cosmos.
02:13 Pourquoi des modifications corporelles ?
02:16 Ce qu'il faut savoir, c'est que le corps
02:19 est un organisme extrêmement malléable
02:22 et on peut le transformer de différentes manières.
02:25 Il y en a trois principales.
02:28 Je vais les faire un peu à la première.
02:31 On peut tout d'abord ajouter au corps.
02:34 Ajouter au corps, c'est le tatouage,
02:37 le maquillage, les bijoux, les implants subtilés,
02:41 le laquage des dents par exemple,
02:44 ou encore les incrustations dentaires
02:47 ou les peintures corporelles.
02:50 On peut également soustraire du corps,
02:53 avec l'excision, on peut circoncire,
02:56 on peut invigouler, on peut épiler,
02:59 on peut aussi amputer les phalanges
03:02 ou les doigts,
03:05 on peut arracher les dents ou bien les ongles,
03:08 on peut castrer les parties génitales,
03:11 on peut aussi castrer les seins.
03:14 Le troisième point, c'est modifier le corps
03:17 d'une manière sans doute encore plus importante,
03:20 avec l'allongement des oreilles,
03:23 avec celui des joues, de la lèvre inférieure,
03:26 le percement d'un oiseau d'alzheimer par exemple,
03:29 l'alligature des jambes et des cuisses,
03:32 on peut déformer les pieds,
03:35 performer la peau, nimer les dents
03:38 et on peut aussi déformer les crânes.
03:41 Donc, on va montrer quelques exemples
03:44 de ces déformations.
03:47 Là, c'est sur le plateau labial,
03:50 on appelle aussi les labraines,
03:53 on voit deux femmes,
03:56 une bébée, une zombie, à gauche,
03:59 une murcie et à droite, une zunie.
04:02 Ce que je vais montrer là,
04:05 c'est surtout le fait que ces trois possibilités
04:08 dont j'ai parlé tout à l'heure,
04:11 peuvent aussi s'accumuler.
04:14 Pour les plateaux labiaux, c'est un exemple,
04:17 puisque pour pouvoir commencer à déformer,
04:20 à allonger la lèvre inférieure,
04:23 il faut d'abord arracher deux incisives
04:26 qui permettent ensuite de mettre sur ce plateau
04:29 et qui sera agrandi petit à petit.
04:32 Et aussi, le troisième point
04:35 lié à la modification,
04:38 mais surtout à la modification,
04:41 c'est tout ce qu'on s'admet d'interporel,
04:44 que l'on peut voir avec des bijoux
04:47 au niveau des oreilles
04:50 ou bien aussi, bien entendu, des coiffures.
04:53 Il y a également
04:56 les mutilations dentaires,
04:59 il y a quatre exemples.
05:02 Les deux numéros proviennent
05:05 du Mexique.
05:08 Donc derrière,
05:11 on a le palcas IVe,
05:14 avant j'ai écrit. On voit à gauche
05:17 une mutilation dentaire.
05:20 À droite, c'est une image
05:23 des terrins durs sur les dents.
05:26 En bas à gauche, une femme vietnamienne
05:29 avec un lacage des dents.
05:32 Et à droite, je vais filmer,
05:35 une fille en pointe.
05:38 Donc quand on pense aux modifications corporelles,
05:41 on pense là vraiment à l'état extrême.
05:44 Comme,
05:47 l'un des plus significatifs, c'est celui des pieds bandés
05:50 des chinoises
05:53 qui a eu lieu pendant le coup d'année de l'hiver
05:56 et qui a été interdit à partir
05:59 dans les années 50.
06:02 C'est un pied bandé qui traversait
06:05 de deux les classes sociales en Chine
06:08 et qui avait un objectif, un but,
06:11 éminemment érotique
06:14 puisque les chinois, comme les vietnamiennes,
06:17 étaient extrêmement sensuels.
06:20 On voit sur l'image de droite, une comparaison
06:23 entre un pied normal et un pied
06:26 de jeune chinoise bandée.
06:29 C'est pratique.
06:32 On le fait quasiment tous les jours
06:35 pour chacun d'entre nous.
06:38 Peut-être que certains d'entre vous portent des tatouages.
06:41 Au niveau du maquillage,
06:44 ça fait partie de ces modifications.
06:47 Des bijoux, des coiffures.
06:50 Tous les jours, chacun d'entre nous participe
06:53 à une modification de son propre corps.
06:56 C'est beaucoup plus banal, bien entendu.
06:59 C'est plus discret.
07:02 Mais on modèle son enveloppe corporelle
07:05 de manière permanente par différentes pratiques
07:08 qui concourent à la reproduction
07:11 d'un ordre social, d'une différenciation sexuelle
07:14 aussi bien dans les sociétés traditionnelles
07:17 que dans les sociétés contemporaines.
07:20 Ces pratiques depuis quand existent-elles ?
07:23 On peut penser que depuis que l'homme se tient debout,
07:26 depuis qu'il a pu libérer sa main
07:29 et l'eau de son corps,
07:32 il a commencé à modifier son enveloppe corporelle.
07:35 Une récente découverte dans une grotte
07:38 en Afrique du Sud montre
07:41 que l'usage massif d'ocre
07:44 était déjà en cours.
07:47 C'est-à-dire que l'encre,
07:50 au niveau du paléolithique,
07:53 est moyen.
07:56 Donc probablement,
07:59 on peut l'utiliser
08:02 comme un emballement corporel.
08:05 D'autres formes sont également très anciennes.
08:08 On a eu l'hypothèse qu'un individu
08:11 avec des phalanges amputés,
08:14 découverte en Pologne
08:17 il y a une vingtaine d'années,
08:20 serait un rituel qui remonterait
08:23 à 30 000 avant Jésus-Christ.
08:26 Quant aux scarifications,
08:29 on est au moins à 7 000 avant Jésus-Christ.
08:32 En termes de...
08:35 C'est très ancien.
08:38 Il y a un exemple assez récent et très célèbre
08:41 qui concerne cet obéglase qui s'appelle Coetzee,
08:44 qui a été découvert au début des années 90
08:47 dans les Alpes.
08:50 Et qui a beaucoup fait parler de lui,
08:53 de par son évangélisation,
08:56 mais surtout par le fait qu'on ait découvert
08:59 un certain nombre de lignes
09:02 sur son corps,
09:05 en 15 endroits différents,
09:08 qui pourraient assimiler à des tatouages.
09:11 Donc partout sur son corps,
09:14 entre une croix
09:17 qu'on voit en bas à gauche,
09:20 qu'on a retrouvée derrière l'un de ses genoux.
09:23 Donc il y a à peu près 60 lignes
09:26 qui ont été télévisées
09:29 et qui pourraient faire référence
09:32 à des tatouages à visée thérapeutique
09:35 et médicale.
09:38 Alors cette hypothèse a été mise
09:41 dans la mesure où cette pratique
09:44 de tatouage à usage thérapeutique
09:47 a été utilisée pendant des siècles
09:50 chez les Berbères
09:53 de Coran Afrique du Nord
09:56 pour soigner
09:59 des douleurs rhumatismales.
10:02 Donc on pense, les anthropologues,
10:05 que l'idée qu'on lui fait des incisions
10:08 et ensuite de brûler un certain nombre
10:11 de plantes médicinales
10:14 pour les introduire dans ces incisions.
10:17 Mais il est probable que
10:20 ces pratiques soient beaucoup plus anciennes.
10:23 Alors justement le tatouage
10:26 au-delà de la thérapeutique
10:29 a bien entendu une signification sociale
10:32 très forte puisque ça permet
10:35 la maintenance d'un groupe social,
10:38 ça humanise et ça permet
10:41 aussi de s'intégrer
10:44 dans une classe sociale
10:47 entre autres.
10:50 Il accompagne, comme d'autres modifications corporelles,
10:53 tous les rites, tous les moments de la vie des individus
10:56 et permet de préciser,
10:59 à la fin, sa famille, son clan
11:02 ou son lignage.
11:05 Alors il existe des tatouages, entre autres,
11:08 très spécifiques en lien avec
11:11 le sexe,
11:14 qui sont spécifiques aux hommes et aux femmes.
11:17 Pour les femmes, c'est plus à la fécondité,
11:20 à la sensualité ou à l'erotisme.
11:23 Pour l'homme, le rapport se met surtout
11:26 sur la force, sur la puissance
11:29 que c'est un signe bien souvent
11:32 de bravoure.
11:35 Dans le tatouage rituel
11:38 des maoris, sur le visage
11:41 qui s'appelle le "moko",
11:44 ça permet de reconnaître le statut de la personne,
11:47 son clan, tout autant que
11:50 sa communauté. C'est en quelque sorte,
11:53 en tout cas peut-être, plus de cartes d'identité
11:56 qui signent sa classe sociale
11:59 et son rang dans la société.
12:02 En polynésie,
12:05 les tatouages
12:08 permettaient immédiatement
12:11 de reconnaître à qui
12:14 d'appartenait, dans quelle classe sociale
12:17 on était tel individu.
12:20 Et ces tatouages, quand ils étaient placés,
12:23 faisaient en sorte qu'on baptisait
12:26 ces classes sociales du nom de l'emplacement
12:29 où ce tatouage avait été
12:32 pratiqué. Par exemple,
12:35 on avait six classes sociales polynésives,
12:38 dans certaines silles, avec la première
12:41 classe la plus élevée qui se donnait
12:44 "jambe tatouée", la deuxième "bras tatoué",
12:47 la troisième "flanc tatoué", la quatrième
12:50 avec seulement deux guilles sur les épaules,
12:53 la cinquième "simple rest"
12:56 sur le flanc gauche et la sixième "prince simple"
12:59 autour des chevilles.
13:02 Donc immédiatement on pouvait reconnaître le statut
13:05 de chacun et sa place dans la société.
13:08 Pour prendre un autre exemple de l'ancienneté
13:11 de ces pratiques, ce sont les déformations crâniennes
13:14 dont la première aurait été repérée
13:17 dans une grotte à Chanida,
13:20 dans le nord de l'Irak, qui date
13:23 de 45 000 a.J.
13:26 Ça reste une hypothèse, on n'est pas sûrs
13:29 que ce soit des déformations crâniennes.
13:32 On va retrouver peut-être des traces de bandeau sur son crâne
13:35 qui pourraient faire penser que c'était
13:38 des déformations crâniennes.
13:41 Mais en tout cas, c'est une pratique extrêmement ancienne
13:44 qui est née très probablement au Proche-Orient
13:47 et qui a essimé très vite
13:50 dans le reste de tous les continents
13:53 et en particulier en Afrique.
13:56 D'où cette deuxième remarque,
13:59 c'est que ces déformations corporelles
14:02 sont une pratique universelle
14:05 et s'il en reste sur ces déformations crâniennes,
14:08 on peut en trouver des traces de bandeau
14:11 qui pourraient être déformées.
14:14 On a aussi ici une magnifique carte
14:17 de ma main,
14:20 avec ce point d'interrogation
14:23 qui n'a rien à voir avec le jeu de traînes ici.
14:26 On voit que tous les continents
14:29 ont été touchés à toutes les époques.
14:32 Là, le point d'interrogation d'Australie,
14:35 c'est que quasiment toutes les régions du monde
14:38 l'ont été.
14:41 Et encore récemment, il y a eu une découverte
14:44 dans le sud du Japon
14:47 de crânes déformées sur un site archéologique
14:50 qui daterait du 3e et 7e siècle.
14:53 Donc on continue encore à découvrir
14:56 dans certaines régions du monde que c'est pratique.
14:59 Les auteurs anciens
15:02 ont parlé de manière très fréquente.
15:05 Par exemple, Aristote, au 5e siècle,
15:08 peint des macrocéphales.
15:11 Ce qui vient littéralement d'une tête longue
15:14 qui le décrit dans l'Hémocase.
15:17 Et on le voit sur la carte,
15:20 même l'Europe a été impactée
15:23 par cette pratique,
15:26 entre autres à partir du 4e et 5e siècle,
15:29 avec l'arrivée des peuples des Stèpes
15:32 en Europe dans l'Empire romain
15:35 qui ont, parmi les nombreuses coutumes,
15:38 importé ces déformations crâniennes.
15:41 Attila et l'État, entre autres,
15:44 pratiquaient cela.
15:47 Et ça va rester.
15:50 On a retrouvé des crânes déformées
15:53 dans les cimetières du côté de Toulouse
15:56 au 13e siècle.
15:59 Il y a des descriptions, encore au 16e, 17e siècle,
16:02 au début du 18e siècle,
16:05 de certains auteurs
16:08 qui parlent de crânes déformés,
16:11 je ne sais pas si c'est un exact,
16:14 mais de crânes déformées tranches
16:17 dans le nord de l'Europe, en Belgique
16:20 et en Allemagne du Nord.
16:23 Au 19e siècle, avec de nombreuses recherches
16:26 anthropométriques
16:29 qui se font en France,
16:32 il y a des crânes,
16:35 des déformations crâniennes qui existent en Bretagne,
16:38 en Vendée, dans le centre de la France
16:41 et plus particulièrement
16:44 dans les Pyrénées, dans certaines vallées
16:47 de l'Arbège, jusqu'à
16:50 le 19e ou au début du 20e siècle,
16:53 avec ce qu'on appelle la déformation
16:56 "Toulousaine".
16:59 Il y a eu de nombreuses études qui ont été faites
17:02 en Prokhar, sur ces déformations
17:05 qui étaient extrêmement localisées,
17:08 c'était vraiment des surdépenses,
17:11 mais on a pu documenter la pratique
17:14 jusqu'au moins la Première Guerre mondiale.
17:17 Sur le continent américain,
17:20 c'est un crâne, un ska,
17:23 qui date de 100%
17:26 après l'Avent-Jésus-Christ.
17:29 Des déformations crâniennes sont extrêmement présentes
17:32 et extrêmement importantes. On a même dessus,
17:35 par exemple, depuis le 6e millénaire avant Jésus-Christ.
17:38 Et ça peut devenir une pratique quasi généralisée.
17:41 Dans certains cimetières en Amérique,
17:44 en Meso-Amérique,
17:47 on a constaté que plus de 90% de la population
17:50 avait le crâne déformé, que ce soit
17:53 homme ou femme,
17:56 avec une pratique qui là serait encore plus ancienne,
17:59 puisqu'elle pourrait dater de 800-500
18:02 avant Jésus-Christ. Et lorsque les
18:05 Espagnols vont débarquer
18:08 en Amérique,
18:11 cette pratique est toujours présente
18:14 et elle va peinturer jusqu'à très tard
18:17 avec, par exemple,
18:20 cette photographie qui date
18:23 des années 50, une population
18:26 du Niveau-Uni, qui s'appelle les Chamans,
18:29 qui vivent dans le nord-est du Pérou
18:32 et qui pratiquaient encore la déformation crânienne
18:35 en apposant sur le crâne du bébé
18:38 des tranchettes pour le déformer
18:41 et lui donner plutôt une forme
18:44 de roue.
18:47 En Afrique également,
18:50 cette pratique est très attendue, surtout en Afrique centrale,
18:53 avec une documentation importante
18:56 sur une ethnie qui s'appelle
18:59 les Mambédou, qui a beaucoup
19:02 intrigué et intéressé
19:05 les anthropologues et pas seulement.
19:08 Cette population,
19:11 de par des déformations
19:14 qui étaient extrêmement spectaculaires,
19:17 dont on a beaucoup
19:20 de photographies,
19:23 ces populations considéraient une mille personnes
19:26 qui avaient les têtes plates comme peu intelligentes
19:29 et donc le fait de déformer le crâne
19:32 signifie de beauté,
19:35 de bravoure et donc
19:38 de sagesse également.
19:41 Les têtes des bébés, entre l'âge de quelques jours
19:44 et jusqu'à cinq ans,
19:47 étaient entourées de raffias,
19:50 de ficelles,
19:53 pour vraiment leur donner ce front
19:56 à clatir et de fuir de manière
19:59 très importante.
20:02 Ce sont vraiment des pratiques anciennes,
20:05 universelles, et qui vont longtemps
20:08 perdurer dans la société.
20:11 Je vais prendre deux exemples
20:14 pour plus approfondir
20:17 le sujet. Le premier, c'est celui
20:20 de l'image des dents,
20:23 qui touche les dents visibles,
20:26 comme les incisives
20:29 ou les canines,
20:32 ou les trous mollets. Là, vous avez trois exemples
20:35 relativement récents quand même,
20:38 avec à gauche
20:41 une femme de 1000 d'années en avant,
20:44 avec les dents qui sont
20:47 en dents de scie,
20:50 motif en dents de scie.
20:53 En bas, un homme de Sumatra
20:56 avec les dents abrasées.
20:59 Et à droite,
21:02 un jeune homme d'Afrique de l'Ouest
21:05 avec les dents
21:08 en dents de scie,
21:11 enfin les dents invisibles.
21:14 Différentes manières de pratiquer
21:17 ces modifications sur la dentition,
21:20 il en existe
21:23 trois principales.
21:26 Ce sont d'abord
21:29 les dents qui sont vivées.
21:32 Ce sont deux
21:35 images qu'on est en train de découvrir
21:38 en Argentine.
21:41 Une image qui est extrêmement importante
21:44 et on peut considérer aussi très probablement extrêmement
21:47 douloureux pour celui qui le subit.
21:50 Les dents peuvent être arrachées
21:53 ou bien une incrustation
21:56 qui a été surtout pratiquée
21:59 en Méso-Amérique
22:02 avec des incrustations de pyrite
22:05 ou de jade à l'aide
22:08 de forêts, des débris
22:11 extrêmement rudimentaires
22:14 mais aussi extrêmement précises
22:17 et efficaces pour incruster
22:20 des objets qui faisaient encore quelques millimètres.
22:23 Parmi lesquels, il y a peut-être un
22:26 si beau pôle
22:29 de ces mutilations
22:32 dentaires. On va en rencontrer
22:35 également jusqu'aux Amériques du Nord,
22:38 du Noire au Texas, dans certains états
22:41 actuels des Etats-Unis
22:44 avec une approchée
22:47 quand même en Amérique centrale
22:50 où les plus
22:53 possessibles, en tout cas
22:56 les plus spectaculaires ont été retrouvés
22:59 dans les tombes.
23:02 On a un certain nombre d'exemples aussi
23:05 en Afrique
23:08 ou bien ici à Sumatra
23:11 où l'on voit la manière
23:14 dont les dents pouvaient être limées
23:17 d'une manière extrêmement artisanale.
23:20 Beaucoup de peuples
23:23 se limaient les dents pour ressembler
23:26 à leurs animaux totaux comme les
23:29 waparés d'Afrique intertropicale
23:32 ou d'autres pour se différencier
23:35 entre les sexes. Par exemple
23:38 les zoopotos d'Afrique
23:41 intertropicale pour les hommes c'était deux dents
23:44 arrachées et pour les femmes deux dents.
23:47 Et on a toujours
23:50 ces pratiques qui sont
23:53 sur une large échelle dans certaines communautés
23:56 il s'agit d'un homme
23:59 d'un pipet qui a les dents du haut
24:02 donc limées en pointe
24:05 avec différentes
24:08 significations bien entendu
24:11 je le disais pour les hommes
24:14 pour cette nuit
24:17 c'est le courage et la drapour
24:20 qui sont mis en avant.
24:23 Si l'on reprend
24:26 par exemple
24:29 ces dents
24:32 qui sont déformées
24:35 avec une double modification
24:38 autant une incrustation
24:41 dentaire comme l'image
24:44 sur cette dentition
24:47 ce qui suppose
24:50 un travail extrêmement précis
24:53 mais également vous le savez tout à l'heure
24:56 on peut imaginer un tas de mal ressenti
24:59 par celui qui se faisait limer les dents
25:02 ou incrusté.
25:05 Alors c'est toujours un critère
25:08 de mode mais aussi
25:11 de différenciation sociale
25:14 dans nos sociétés
25:17 il existe dans certains pays
25:20 des modes. En tant que rythme de passage
25:23 il y a des liens
25:26 pour les femmes
25:29 pour montrer son appartenance
25:32 c'est un exemple
25:35 en Afrique du Sud
25:38 où le fait d'arracher
25:41 deux dents du haut
25:44 est un signe non seulement de bravoure
25:47 mais aussi de séduction pour les hommes
25:50 et pour les femmes
25:53 on appelle ce genre de cas de "flex"
25:56 c'est le nom d'un quartier
25:59 du Cap
26:02 où un certain nombre d'hommes et de femmes
26:05 se font arracher les dents
26:08 ça transcende aussi les classes sociales
26:11 puisque dès l'âge
26:14 jeunes, vieux, hommes, femmes
26:17 on a cette déformation
26:20 cette pratique
26:23 et c'est vraiment conçu et perçu
26:26 comme un critère extrêmement important
26:29 de séduction et de beauté.
26:32 Second point que je souhaiterais
26:35 aborder, ce sont les tarifications
26:38 aussi un autre modèle
26:41 très très important
26:44 et également très répandu
26:47 sur tous les continents
26:50 donc ces incisions superficielles
26:53 de la peau qui permettent
26:56 une infinité
26:59 de dessins, de motifs
27:02 pour différentes raisons
27:05 que l'on verra au fur et à mesure
27:08 alors peut-être
27:11 là aussi ça reste une hypothèse
27:14 il y a cette statuette
27:17 qui a été retrouvée il y a un siècle
27:20 qui daterait des folies politiques supérieures
27:23 qui aurait
27:26 certains pensent que
27:29 ce ne sera que des incisions
27:32 qui pourraient faire penser
27:35 à des scarifications
27:38 c'est vraiment
27:41 qui peut être
27:44 facilement mis en doute
27:47 mais cette idée a été émise
27:50 et donc ces scarifications
27:53 je vous le disais
27:56 ont été repérées dans de nombreux pays
27:59 sur de nombreux continents
28:02 qu'on en distingue
28:05 de deux types
28:08 celle de gauche
28:11 c'est des scarifications en relief
28:14 ce sont des scarifications
28:17 qui sont très répandues en Afrique
28:20 et surtout du côté de l'Afrique intertropicale
28:23 et celle de droite
28:26 ce sont les scarifications
28:29 en creux que l'on retrouve
28:32 beaucoup en Afrique occidentale
28:35 au Sénégal ou encore au Niger
28:38 donc ces scarifications
28:41 répondent à un manque de préoccupation
28:44 qui sont liées à des rites de massage
28:47 à des rites de séduction
28:50 enfin à des problématiques de séduction
28:53 de courage
28:56 puisque il faut affronter fortement la douleur
28:59 en Afrique
29:02 ces scarifications
29:05 ces modifications corporelles
29:08 remonteraient à l'art de l'histoire
29:11 on a des témoignages dans l'art lupesque
29:14 donc sariens
29:17 et plusieurs découvertes ont permis
29:20 d'en repérer
29:23 sur le statuaire
29:26 on voit des scarifications frontales
29:29 temporales
29:32 donc deux statues
29:35 qui datent entre le 9ème
29:38 et le 11ème siècle
29:41 donc une figuration
29:44 extrêmement importante
29:47 on verra ce qui se passe tout à l'heure
29:50 le lien direct que l'on fait
29:53 entre scarifications sur une statue
29:56 et celles sur un homme
29:59 donc la scarification
30:02 bien sûr très importante
30:05 des plus importantes
30:08 objectifs
30:11 c'est le rite de massage
30:14 c'est la mission au sein de la communauté
30:17 afin de socialiser l'individu
30:20 c'est un moment particulier
30:23 pour la naissance, pour le passage
30:26 à l'âge adulte
30:29 donc ce caractère fort
30:32 social et symbolique
30:35 est extrêmement important
30:38 là c'est une photo
30:41 d'un prix de poney de nuit
30:44 qui vit en Afrique
30:47 en Afrique centrale
30:50 avec toutes les scarifications
30:53 sur le bras
30:56 et au niveau des joues
30:59 dans cette ethnie
31:02 d'Eruandou par exemple
31:05 la scarification
31:08 permet un langage
31:11 codé sur la peau
31:14 c'est un apprentissage
31:17 auquel on apprend
31:20 aux jeunes hommes
31:23 à les obligations
31:26 et les tabous essentiels
31:29 de la communauté
31:32 auxquelles il appartient
31:35 et ces scarifications sont faites
31:38 puisque l'ancêtre mythique
31:41 de l'éducation
31:44 portait également des scarifications
31:47 que l'on reproduit
31:50 sur les personnes
31:53 donc ça indique l'appartenance
31:56 au groupe et ça confère
31:59 également à certains deux qualités morales
32:02 et corporelles comme des symboles
32:05 de courage, de force, de chance
32:08 de courage, de patience et de ruse
32:11 donc rituel initiatique
32:14 très important
32:17 réalisé au prix
32:20 de douleurs physiques très très
32:23 très très intense et de sang versé
32:26 et bien souvent les outils choisis
32:29 pour effectuer ces modifications
32:32 ont pour
32:35 aussi objectif
32:38 de démultiplier la douleur
32:41 que pourrait ressentir
32:44 l'initié. Chez Goyaki
32:47 d'Equateur
32:50 on appelle cette opération
32:53 "fondre le dos"
32:56 c'est à dire qu'on prend une pierre
32:59 extrêmement aiguisée pour pratiquer
33:02 pour détupler encore
33:05 la douleur. Donc c'est un
33:08 surdissement, bien sûr on n'est pas à faire
33:11 des articles gratuits bien entendu
33:14 l'objectif c'est que l'initié
33:17 résite à la douleur
33:20 à cette tension physique
33:23 mais aussi mentale pour montrer
33:26 toute sa résistance
33:29 toute sa force
33:32 et on pense également dans certaines sociétés
33:35 que cela permet d'accélérer
33:38 la croissance physique et le développement
33:41 intellectuel de ceux
33:44 qui subissent
33:47 ces modifications
33:50 c'est aussi l'idée
33:53 chez certaines populations que l'enfant est un être
33:56 inachevé et que par cette pratique
33:59 on va le faire entrer
34:02 dans le monde des humains, on va l'humaniser
34:05 de manière définitive
34:08 on en a
34:11 ça c'est
34:14 un robot
34:17 ça c'est en Afrique
34:20 de l'Ouest
34:23 et là c'est un jeune
34:26 du groupe Kinapaso
34:29 de l'ethnie Péhuaga
34:32 alors pourquoi
34:35 scarifier ces jeunes
34:38 pour les humaniser
34:41 pour les faire rentrer dans la communauté
34:44 mais pas seulement
34:47 on considère dans cette communauté
34:50 que l'Est
34:53 c'est l'endroit où l'on est
34:56 où la vie surgit
34:59 et l'Ouest
35:02 où le domaine des morts
35:05 le lieu vers lequel on va périr
35:08 et lorsque l'enfant mère
35:11 il est immaculé
35:14 il montre son visage
35:17 vers l'Est
35:20 et donc pour finir, pour le faire avancer
35:23 vers l'Ouest, il faut donc l'humaniser
35:26 il faut que ça complisse
35:29 une inversion de son schéma corporel
35:32 et ça se fait à travers une pratique
35:35 qui est celle
35:38 de la scarification
35:41 ce qui permet de faire surgir un visage
35:44 qui comprend son humanité
35:47 deuxième point, c'est la scarification
35:50 bien entendu comme un marqueur d'identité
35:53 je disais au début
35:56 c'est l'appartenance à une ethnie
35:59 un liage à une classe
36:02 un village tout simplement
36:05 et certains considèrent, si ça fait remis en cause
36:08 un peu comme de l'oral
36:11 de l'écrit oralisé
36:14 c'est à dire une forme d'écriture qui serait inscrite
36:17 directement sur le corps
36:20 c'est aussi une des raisons
36:23 pour lesquelles
36:26 en Afrique, les nouveaux états
36:29 à partir des années 60 ont combattu
36:32 de manière très forte ces pratiques
36:35 au nom de l'unité nationale
36:38 pour effacer un certain nombre
36:41 de spécificités justement liées
36:44 à une identité et une drogue ethnique
36:47 en reprenant
36:50 des prétextes de mesure hygiénique
36:53 si c'est tout à fait vrai
36:56 dans la mesure où avec un certain nombre
36:59 de maladies
37:02 pourraient être transmises
37:05 surtout de manière plus morale
37:08 comme un acte de barbarie pour des sociétés
37:11 qui voulaient, on peut dire
37:14 couper le cou
37:17 ou en tout cas tourner le dos à leur passé
37:20 enfin, en tout cas, certaines pratiques
37:23 donc les états, beaucoup, vont interdire
37:26 l'escargification mais aussi d'autres pratiques de déformation
37:32 Alors je disais précédemment
37:35 l'identification entre une statuette
37:38 et puis le visage d'un homme
37:41 sur cette statuette, donc Mossi
37:44 donc de l'Afrique de l'Ouest
37:47 on voit une spécification autour du visage
37:50 qui est le symbole
37:53 mais aussi sur les pommettes
37:56 on voit qu'elles sont
37:59 scarifiées à l'horizontale et à la verticale
38:02 c'était le signe d'appartenance
38:05 à l'élite sociale
38:08 et on voit à côté
38:11 un homme, un Mossi, justement
38:14 qui reproduit quasiment très pour très
38:17 cette scarification, ce qui montre là aussi
38:20 son identité et son appartenance sociale
38:23 donc chez
38:26 chez les Mossi
38:29 Troisième point
38:35 l'escargification comme marqueur cosmologique
38:38 bien entendu de nombreux mythes
38:41 sont rattachés à cette
38:44 pratique
38:47 des mythes cosmogoniques extrêmement
38:50 importants, donc c'est la transmission d'une mémoire
38:53 c'est la transmission d'une tradition
38:56 la construction aussi d'un lien
38:59 intergénérationnel
39:02 où les anciens inscrivent les symboles
39:05 de leur communauté
39:08 sur le corps de leur
39:11 cadet, donc le corps devient
39:14 un lieu, un support de la mémoire
39:17 de la mémoire aussi on va dire
39:20 religieuse et
39:23 ce nouveau corps
39:26 subit un certain nombre
39:29 d'étapes pour
39:32 justement incorporer
39:35 ces mythes, comme on le voit
39:38 sur cette
39:41 sur cette photo
39:44 c'est une communauté, si on est bête moule
39:47 de Nouvelle-Guinée
39:50 où des jeunes hommes
39:53 subissent un rite d'initiation
39:56 qui est celui de se faire
39:59 entailler le dos pour ressembler
40:02 à leur animal de thème
40:05 qui est le crocodile, donc en entaillant le dos
40:08 on leur fait des écailles
40:11 sur une partie du dos
40:14 puisque le crocodile est celui
40:17 qui a de l'énergie à la communauté
40:20 qui a apporté aussi un certain
40:23 nombre de
40:26 mythes et c'est vraiment l'animal
40:29 fétiche, celui qui est vénéré
40:32 et donc ces jeunes hommes
40:35 une fois
40:38 leur dos scarifié pour rester
40:41 pendant trois jours allongés
40:44 dans cette position
40:47 on va leur verser régulièrement de l'eau
40:50 sur le dos, donc de l'eau fraîche
40:53 pour éviter
40:56 que, et aussi
40:59 en réduisant l'eau de l'eau-cou
41:02 pour que les thèmes ne se referment pas
41:05 trop trop vite et au bout
41:08 de trois jours, ils vont être
41:11 enduits de cendres
41:14 et la dernière étape, une fois que leurs coulères
41:17 seront refermées
41:20 c'est de montrer leur force
41:23 et leur bravoure en allant capturer un crocodile
41:26 ou bien en ramenant
41:29 des œufs de crocodile
41:32 ce qui leur permet
41:35 de devenir des œufs
41:38 donc c'est vraiment ressembler
41:41 à leur animal totémique
41:44 pour intégrer, incorporer
41:47 la communauté
41:50 c'est aussi la scénification comme l'esthétique
41:53 comme un lien entre l'esthétique
41:56 et l'art bien sûr
41:59 pour renforcer la beauté d'un individu
42:02 et sa force de séduction
42:05 ce sont deux
42:08 deux images
42:11 la première en haut à droite
42:14 c'est une scénarification au Burkina Faso en 1971
42:17 et celle en bas à gauche
42:20 une scénarification
42:23 au Pélin au début des années
42:26 80
42:29 celle de beauté
42:32 une mise en beauté de ces femmes
42:35 où la douleur est aussi importante
42:38 puisqu'elle renforce
42:41 cette séduction dans la mesure où elles ont pu résister
42:44 à cette épreuve
42:47 et donc elles sont encore plus appréciées
42:50 par le courage qu'elles ont pu montrer
42:53 lors de cette scarification
42:56 des incisions de leur peau
42:59 donc
43:02 l'esthétique
43:05 très forte
43:08 liée avec le courage
43:11 et ces marques
43:14 confirment des idéaux
43:17 des émotions
43:20 et des scénaristes qui sont partagés
43:23 par toute la communauté
43:26 là c'est un doscarifié
43:29 d'une femme
43:32 de l'éthique tibre
43:35 au Nigérien
43:38 où le corps
43:41 le dos est quasiment recouvert
43:44 de ces scarifications
43:47 chez les tibres du Nigérien
43:50 ça répond
43:53 à cet objectif justement
43:56 selon lequel chaque personne doit être regardée
43:59 doit montrer sa séduction
44:02 agréable à l'œil
44:05 à travers un certain nombre de dessins
44:08 plus ou moins complexes
44:11 ça doit réhausser le corps
44:14 attirer le regard et le faire aimer
44:17 et c'est un terme qui est utilisé
44:20 pour cette opération
44:23 qui veut dire à la fois "beau"
44:26 et "produire de la craveté"
44:29 en tout cas attirer le regard est extrêmement important
44:32 ce sont des carreaux
44:35 des diopies
44:38 avec
44:41 on peut voir des scarifications
44:44 sur le ventre
44:47 de chaque côté du nombril
44:50 où les femmes
44:53 avec ces parties du corps
44:56 scarifiées
44:59 sont considérées comme particulièrement belles
45:02 sensuelles et attirantes
45:05 les derniers
45:08 scénifications
45:11 ces scarifications que l'on peut retrouver
45:14 dans les modifications port-profil
45:17 ce sont des scarifications
45:20 en tant que traitements thérapeutiques
45:23 pour trouver un soulagement
45:26 ou pour améliorer un fonctionnement physiologique
45:29 là cette photo qui date des années 60
45:32 représente
45:35 une femme, une nouba
45:38 qui a des scarifications
45:41 au dessus du sourcil
45:44 donc dans un but
45:47 ces scarifications
45:50 ont un objectif
45:53 d'améliorer la vision
45:56 de celui ou de celle
45:59 qui en est porteur
46:02 un but esthétique
46:05 peut-être, mais en tout cas
46:08 thérapeutique à coup sûr
46:11 c'est la vision qui est en jeu
46:14 et qui doit être améliorée
46:17 grâce à cette mise en pratique
46:20 en quotidien
46:23 certaines scarifications fonctionnent comme des vaccins
46:26 puisqu'on incise la peau
46:29 et on met une dose de poison
46:32 qui va servir comme un antidote
46:35 et qui doit protéger la personne
46:38 et donc
46:41 chez les noubas
46:44 il y a eu une améliorement
46:47 de photographie, en particulier
46:50 avec Edstein
46:53 qui a, dans les années 60
46:56 vécu parmi ces populations
46:59 et a édité
47:02 de très beaux ouvrages
47:05 alors, pour terminer
47:08 il faut bien voir
47:11 que la majorité de ces pratiques
47:14 sont en voie de disparition
47:17 dans la plupart des régions du monde
47:20 ou bien
47:23 qu'elles sont réinterprétées dans d'autres contextes
47:26 depuis les années 60
47:29 un certain nombre d'artistes
47:32 se sont intéressés aux sociétés traditionnelles
47:35 afriques, asie, d'amérique
47:38 et ont voulu
47:41 reprendre à leur compte
47:44 une partie de ces pratiques
47:47 considérées comme de l'art
47:50 et en particulier un cours artistique
47:53 qui s'appelle le Body Art
47:56 qui va naître à cette époque
47:59 il s'agit
48:02 à travers ces pratiques
48:05 de considérer le corps comme un matériau
48:08 qui remplace l'air
48:11 en quelque sorte la toile du mat
48:14 alors ces artistes vont
48:17 mettre en scène le corps
48:20 et bien souvent leur propre corps
48:23 en organisant un certain nombre
48:26 pour certains d'entre eux
48:29 de performances
48:32 donc ça c'est une performance
48:35 d'une artiste qui s'appelle
48:38 Gina Payne
48:41 au début des années 70
48:44 ou devant le public
48:47 elle se perforait la peau
48:50 en introduisant des épines de rose
48:53 elle se coupait au rasoir la main
48:56 pour ressembler en tout cas
48:59 pour présenter symboliquement
49:02 une rose devant le public
49:05 une autre artiste
49:08 française
49:11 qui s'appelle Borlant
49:14 ou Orlan
49:17 qui elle
49:20 s'est mis en scène dans des performances
49:23 entre autres des opérations
49:26 avec performance
49:29 où elle s'était filmé je crois que c'est 9 fois
49:32 au moment où elle ne suffisait
49:35 des opérations de chirurgie esthétique
49:38 donc là
49:41 le corps devient vraiment le lieu
49:44 le lieu ultime où l'art
49:47 se met en scène
49:50 on a aussi
49:53 le tatouage devenu un véritable
49:56 objet d'art
49:59 avec cet artiste américain
50:02 dont la prononciation c'est
50:05 "Live Turtle"
50:08 la prononciation bonne
50:11 qui à partir de la fin des années 40 et des années 50
50:14 s'est tatoué le corps de manière
50:17 systématique en le transformant
50:20 en véritable oeuvre d'art
50:23 et donc en reprenant un certain nombre
50:26 de schémas, de thématiques
50:29 de motifs dont les sociétés
50:32 considéraient
50:35 l'art archaïque
50:38 et une tendance aussi parallèle s'est développée
50:41 à partir des années 60
50:44 qui a été initiée par
50:47 un homme qui s'appelle Fakir Moussafar
50:50 qui s'appelle le primitif
50:53 le moderne primitif
50:56 où là il a vraiment mis en scène son propre corps
50:59 de manière extrêmement forte
51:02 où le corps de l'artiste
51:05 devient le support
51:08 ultime d'une mise en scène
51:11 qui était très intéressée par les sociétés traditionnelles
51:14 et donc a cherché à reproduire
51:17 un certain nombre de pratiques
51:20 où il se
51:23 met même en scène dans des pratiques
51:26 extrêmes
51:29 et ces photos vous savent encore à peu près
51:32 vous pouvez le voir
51:35 si vous avez son nom
51:38 où il est percé, il fait du stretching
51:41 où il est tendu, etc.
51:44 c'est assez spectaculaire
51:47 mais ce qu'il recherche
51:50 c'est en quelque sorte l'harmonie
51:53 entre l'homme et la nature
51:56 alors aujourd'hui cette mode occidentale
51:59 des signes corporels
52:02 est-ce qu'on peut dire que c'est en quelque sorte
52:05 une réinterprétation des sociétés traditionnelles
52:08 de certains mythes, de certains objets traditionnels
52:11 qui seraient vidés de leur sens
52:14 ou seulement l'aspect esthétique primaire
52:17 et donc
52:20 peut-être, on ne sait jamais
52:23 que l'avenir de l'homme
52:26 pourrait être ceci
52:29 donc c'est un
52:32 américain je crois, ou un mexicain
52:35 je ne sais plus son origine
52:38 il s'appelle Antonio Fredo
52:41 et depuis plusieurs années
52:44 il suit ce qu'il appelle le Black Alien Project
52:47 c'est-à-dire une transformation
52:50 de son corps, il s'est amputé le nez
52:53 il est tatoué, il s'est amputé
52:56 la lèvre supérieure
52:59 il s'est amputé deux doigts
53:02 et il a le projet
53:05 comme il l'a déjà fait, de se faire amputer le jambe
53:08 donc on voit l'extrême
53:11 de la modification corporelle
53:14 telle qu'on peut
53:17 le constater dans nos sociétés
53:20 je vous remercie beaucoup
53:23 (...)

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