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Exposition CYBERSCULPTURE 2024
(16 janvier - 10 février 2024)
Collège des Bernardins, Paris 5e

Conférence du mardi 23 janvier 2024
La machine au service de l'Art: vieille histoire, perspectives nouvelles
> "Qu'est-ce que la Cybersculpture ?", par Christian LAVIGNE, Président d'Ars Mathematica, pionnier et historien de la sculpture numérique.
Transcription
00:00 D'abord je représente à nouveau les trois intervenants. On aura en dernier Emmanuel Grimaud
00:17 qui est anthropologue et directeur de recherche au cinéaste, etc. Alors dans cette présentation
00:28 que j'espère pas trop longue non plus, je parlerai des machines qui produisent des choses.
00:37 Donc qui agissent sur des matériaux pour les transformer en objets et non pas des machines
00:43 destinées au spectacle ou au divertissement qui sont assez connues d'ailleurs dans le
00:49 monde de l'art, dans l'art contemporain on en a des machines comme ça, mais c'est
00:55 une vieille tradition, il y avait des automates pour certains événements princiers, royaux,
01:02 etc. qui étaient créés d'ailleurs aussi par des artistes pour divertir l'aristocratie.
01:09 Puis on voit encore des automates au musée des arts et métiers qui font de la musique,
01:14 enfin qui voilà, qui sont des machines de divertissement. Donc là ce qui m'intéresse
01:18 c'est les machines de production. Alors elles agissent sur des matériaux donc qu'on peut
01:24 prendre dans un sens traditionnel, c'est à dire des matières naturelles ou transformées,
01:29 on l'argile, le plastique, la pierre, etc. qui est un matériau naturel et on peut aussi
01:38 intégrer au sens de matériaux traditionnels des pièces qui ont été récupérées et
01:44 qui vont servir à la fabrication d'un nouvel objet. Alors les données numériques à notre
01:48 époque peuvent être aussi qualifiées de matériaux par extension de la définition
01:53 du mot dans son sens figuré. Alors ces données servent alors dans le cas qui nous intéresse
02:00 à la production d'objets numériques. Alors ces objets numériques évidemment on ne pourrait
02:05 pas les percevoir sans des interfaces spéciales qui s'adressent alors à la vue et à l'ouïe
02:13 mais il y a aussi des recherches sur le toucher, sur l'olfaction, etc. comme l'odorat, qui
02:19 sont moins connus puisque bon évidemment au niveau commercial je dirais la vue et l'ouïe
02:27 sont très répandues en particulier grâce à internet. Bon j'ai mis une petite note
02:35 sur l'usage des mots virtuel et dématérialisé mais là je n'ai pas le temps de m'approfondir
02:40 là dessus. Je pense que ce sont des impostures sémantiques, il n'y a rien de virtuel ni
02:44 dématérialisé dans le numérique. Alors dans les arts plastiques, donc j'en arrive
02:54 à une réflexion sur la façon de percevoir et de concevoir des objets. Bon il y a une
03:03 distinction traditionnelle entre arts abstraits et arts figuratifs, je pense qu'elle est encore
03:07 pertinente, alors non seulement du point de vue du résultat mais aussi parfois du point
03:13 de vue technique, c'est à dire que ça n'a pas tout à fait les mêmes outils ou les
03:17 mêmes machines qui vont produire ça. Je ne sais pas s'il y a un problème de batterie
03:23 sur celui-là. Donc on a des fois des machines spéciales pour certaines formes d'art,
03:35 nous allons voir qu'il y a une convergence de ces machines au début du 18ème siècle.
03:42 Alors ce que j'appelle l'art abstrait c'est tout ce qui s'intéresse aux formes géométriques
03:47 ou indéterminées, formes floues disons-nous, et aux rythmes et aux structures. Tandis que
03:54 l'art figuratif bon évidemment c'est d'abord rendre compte de la nature ou des nombres
03:59 imaginaires surnaturels par des figures identifiables, reconnaître entre guillemets même s'il s'agit
04:06 de chimères, d'êtres fantastiques. Évidemment les frontières entre les deux catégories
04:13 sont mouvantes et quelquefois indécidables. Les deux approches d'ailleurs peuvent produire
04:20 et engendrer un art symbolique. Alors là j'ai fait un petit schéma qui résume un peu le
04:26 processus qui conduit de l'observation, d'un sentiment, d'une réflexion, au concept, à
04:35 la construction d'une image mentale. Et ensuite donc là il y a une petite divergence, il y
04:41 a la construction mentale élaborée, c'est-à-dire qu'on a un projet qui est déterminé, qu'on
04:49 veut réaliser et qu'il faut mettre en plan, en schéma. Il n'est pas possible jusqu'à
04:58 présent de s'adresser à une machine d'une manière floue. C'est-à-dire qu'il faut
05:03 lui donner un programme, il faut lui dire voilà je veux ça. Même d'ailleurs dans l'intelligence
05:08 artificielle on est obligé d'écrire une phrase en disant montrez-moi ceci ou cela.
05:13 C'est pour les logiciels qui produisent des images qu'on appelle de l'intelligence
05:19 artificielle générative. Alors que lorsqu'on a une construction mentale inachevée, qu'on
05:25 part d'une idée, d'une sensation et qu'on manipule soit directement, soit même indirectement
05:32 des matériaux qui sont plastiques, comme par exemple quelqu'un qui va manipuler une
05:39 pièce de terglèse, on peut changer de direction en cours de route, se laisser guider par les
05:48 accidents de la matière, etc. Donc c'est une autre façon d'aborder la création.
05:55 Mais les deux en fin de compte peuvent être rendus numériques. Alors la première fois
06:01 par le biais de la CAO, de la CFAO, c'est-à-dire tout ce qui concerne la conception assistée
06:08 par un ordinateur, voire des scanners 3D. Et la deuxième fois par ce qu'on appelle
06:14 les interfaces haptiques. Donc là pour le coup ce sont des machines outils qui produisent
06:20 pas quelque chose mais qui reçoivent quelque chose. C'est-à-dire qu'on va manipuler,
06:25 par exemple il y a un exemple de stylo qui est relié à une petite tige et quand on
06:32 touche le stylo, sur l'écran ça va sculpter une forme numérique de départ indéterminée
06:39 qui peut être une sphère, un cube, etc. Donc voilà, on a maintenant je crois tout
06:44 un panorama de machines et d'outils qui permettent de passer au numérique, même si d'ailleurs
06:50 on n'est pas familier avec le numérique. Alors sculpture et modèle, ça aussi c'est
06:59 deux distinctions intéressantes à faire. Dans la sculpture c'est l'enlèvement de
07:04 matière, c'est-à-dire qu'on parle là de fabrication soustractive et puis le modelage
07:11 c'est de l'ajout de matière, de la fabrication additive. Alors j'ai pris des exemples bien
07:17 connus, Michel-Ange au travail, une sculpture du 16ème siècle, qui va enlever de la matière
07:25 pour dégager une forme d'ailleurs qu'il pressentait à l'intérieur du bloc de marbre,
07:30 comme il disait lui-même. Le modelage, donc on manipule un matériau plastique. La technique
07:40 du Colombin qui va donner l'impression 3D finalement, parce qu'il s'agit, vous connaissez
07:45 peut-être, mais il s'agit d'empiler du goudin d'argile, c'était avant l'invention
07:49 du tour, on empilait du goudin d'argile et on montait comme ça une poterie ou des
07:55 formes qui s'élevaient petit à petit au fur et à mesure qu'on empilait du goudin.
07:59 Aujourd'hui dans l'impression 3D, en fait on empile aussi des couches mais elles sont
08:03 microscopiques. Donc c'est exactement, on observe que l'impression 3D n'a rien inventé
08:07 en réalité, c'est une vieille idée qui date de la préhistoire. Et puis alors pour
08:13 obtenir des objets on peut aussi procéder par assemblage. Alors l'exemple fameux c'est
08:18 l'idéal du facteur cheval qui a assemblé sans arrêt des matériaux pendant des décennies
08:24 pour faire un édifice absolument incroyable. Alors, pourquoi l'homme et certains animaux
08:32 se servent d'outils ? Parce qu'ils ont besoin, satisfaits, et que leur corps n'y suffit
08:37 pas. Donc comme tu disais, l'outil prolonge la main mais aussi permet d'aller plus avant
08:46 la main, d'attaquer des matériaux que les doigts, le corps ne peut pas attaquer ou
08:52 les dents parce qu'on peut aussi se servir de ses dents, enfin de toutes plusieurs parties
08:56 de son corps pour travailler la matière. Alors qu'est-ce qui distingue les hommes
09:00 de la fabrication et l'usage des outils ? Alors on sait maintenant qu'il y a quelques primates
09:06 qui conservent un certain temps un petit outil, un bâton, disons qu'ils ont utilisé ça.
09:11 Mais c'est l'utilisation d'un petit médiate qui prime chez les animaux pour satisfaire
09:17 immédiatement un besoin, alors que l'homme inédit lui garde ses outils, les garde sur
09:22 lui, d'autant plus qu'il a eu du mal à les tailler. Quand on pense à la prehistoire,
09:27 on commençait à tailler des pierres, ça peut être très long donc il n'a pas envie
09:32 de les jeter tout de suite. Et puis en plus, il y a ce que le roi Gouran appelait la chaîne
09:39 opératoire, c'est-à-dire qu'il y a tout un processus intellectuel qui constitue un
09:44 projet et pour réaliser ce projet, il faut créer un outil. Et donc ça c'est la différence
09:50 avec nos amis les animaux. Alors ce tableau justement, la différence entre outils, instruments
09:59 et machines. Bon alors, on commence par les choses simples, on a la protection du corps
10:05 évidemment, quand on attaque la matière avec un outil, on protège un peu ses mains
10:10 de toute façon, si on se tape sur les doigts comme tu disais. Il y a la force et l'efficacité
10:18 du travail. Donc on a un assisteur de montée en puissance par les machines, donc il y a
10:24 cette force et cette efficacité. La précision de l'action, alors là on commence à rentrer
10:29 dans quelque chose de très sérieux, c'est-à-dire que le degré de précision des machines
10:36 dépasse parfois celui de la main. Pas toujours, mais parfois celui de la main. Et puis quand
10:42 on attaque des dimensions très grandes ou très petites, alors là on a absolument
10:48 besoin de machines. L'action à distance, oui alors ça aussi ça peut être important
10:53 parce qu'on peut être, alors je pense à des environnements hostiles évidemment, mais
10:58 aussi, par exemple nous avec Arts Mathematica on a produit la première télésculpture
11:05 transatlantique, c'est-à-dire qu'en 1995, internet arrivait, on faisait une exposition
11:10 à Paris et il y a un artiste américain qui a créé une forme aux Etats-Unis et qui
11:16 nous l'a envoyé par internet pour qu'on fabrique cet objet avec une machine pour la
11:23 mettre dans notre exposition. Donc c'est passé, bon à l'époque c'était compliqué,
11:28 internet était bas de puissance donc c'était assez difficile. L'exposition avait même
11:33 été préparée avec des fax alors c'est tout vous dire, c'est la préhistoire du
11:37 numérique. Alors la répétition de l'action, ah oui ça aussi, tu l'avais aussi avec
11:45 ta machine à encapsuler les bouteilles, bon alors ça c'est un métier pénible, s'il
11:50 fallait le faire à la main, encapsuler, mettre des bouchons. Donc cette production en grande
11:56 série, cet automatisme, voilà c'est une des différences entre l'outil et la machine.
12:01 Et puis alors plus récemment, donc l'aide à la conception, l'aide à la découverte,
12:06 l'intelligence artificielle, donc l'homme délègue une partie de son travail intellectuel.
12:11 Alors jusqu'où, bon alors là tout le débat est lancé, jusqu'où on délègue ?
12:18 Alors je vais parler de ce que j'appelle donc l'abstract ou conceptuel au début. Donc
12:28 il y a un exemple très simple qui vient, ça c'est de la sphère. Alors la sphère
12:33 est sans doute le premier objet conceptualisé par les hominidés avant même l'épiphase.
12:40 C'est très étonnant. Et d'ailleurs on ne sait pas du tout à quoi servaient ces sphères
12:45 qu'on retrouve qui sont des polyènes, des sphères, certaines sont très très très
12:50 très anciennes. Alors à tel point qu'un des plus grands préhistorien français spécialiste
12:58 de l'art préhistorique qui s'appelle Michel Leurre Blanchet, que j'ai l'honneur de connaître,
13:02 a écrit dans un de ses livres "La forme précède la fonction". C'est à dire qu'il y a
13:08 chez les hominidés une fascination pour la forme au delà de l'usage utilitaire. Et ça
13:14 c'est pas une idée banale parce qu'on pense toujours que l'homme fabrique des outils
13:18 parce qu'il a besoin de quelque chose. Non non mais il y a des formes qui précèdent
13:23 la fonction donc c'est très étonnant. Et la sphère en fait partie. Alors autre point
13:29 important, c'est un autre préhistorien Jean-Marie Le Tensorère qui a écrit et qui a étudié
13:35 depuis des décennies les outils préhistoriques. Il explique que la symétrie n'est nullement
13:40 nécessaire à la fonction d'outil. C'est un complément esthétique. Et ça aussi c'est
13:45 une révolution conceptuelle par rapport à la préhistoire classique. C'est à dire que
13:50 finalement il n'y a pas besoin que ça soit parfaitement symétrique pour découper une
13:54 forme etc. C'est un plus. Le biface parfaitement symétrique c'est un plus esthétique. Alors
14:01 là j'ai quelques exemples de sphéroïdes de différentes contrées, de différentes
14:06 époques avec des choses tout à fait étonnantes comme les bolasses Vendée du Costa Rica. Il
14:12 y en a une à l'entrée du musée du Quai Branly. Si vous l'avez vu, vous allez la voir.
14:17 Elle n'est pas très grande mais il y en a qui font jusqu'à 2 mètres d'eau. Et c'est
14:21 une sphéricité remarquable. Alors il a fallu certainement là un instrument, un gabarit
14:26 pour réaliser ça. Ce n'est pas possible autrement. C'est très compliqué à faire
14:30 une sphère. Essayez donc de faire une sphère en pierre, vous allez voir. Alors cette idée
14:36 de sphère, comme j'ai dit, elle roule toujours puisque voilà, j'ai pris quelques exemples
14:40 de sphères contemporaines réalisées par plusieurs artistes. Voilà, je vous laisse
14:48 apprécier quelques secondes. Alors d'ailleurs, celle du milieu, elle était faite en usinage
14:56 et pas seulement numérique. Et celle de droite en prototypage rapide, enfin en fabrication
15:02 additive couleur. Voilà, d'autres sphéroïdes qui feraient une bonne figure dans un musée
15:12 d'art contemporain. Ben non, voilà, c'est des sphères sculptées du néolithique qu'on
15:18 retrouve en Écosse. Là c'est très étonnant, vraiment. Donc c'est pas du tout ce que ça
15:23 signifie. Ce sont des objets mystérieux. Et qui sont assez beaux, il faut bien le dire.
15:28 Alors, est-ce que ça c'est un outil ? C'est un biface ? Ben non, parce que moi qui ai eu
15:34 la chance de le tenir entre mes mains et qui discute avec des préhistoriens, ils m'ont
15:38 dit "ben ça c'est au moins un an de travail". Donc c'est pas un truc qu'on va jeter contre
15:44 un animal pour le voir partir au galop. Donc c'est une œuvre d'art, évidemment.
15:52 Ça date de 20 000 ans. Alors, les inventions majeures qui vont nous conduire à ce que
15:58 j'ai appelé la cybersculpture, c'est-à-dire la sculpture programmée, ben les voilà.
16:03 Il y a le forêt archer, le tour de potier, le tour à tailler. Alors, la différence entre
16:11 les deux tours, c'est que le tour de potier en général, il est horizontal, parce que
16:16 sinon la poterie se casse la figure. Il y a eu une exception en Angleterre, enfin je ne
16:21 veux pas encore, bien sûr, où on avait un tour de poterie horizontal. Et puis le tour
16:28 à tailler qui date de l'âge du bronze, qui a permis de tailler des métaux et du bois.
16:33 Autre invention majeure, le tissage. Alors, en plus du fait que le tissage donne lieu
16:45 à toutes sortes de vêtements, des filets de pêcheurs, etc., ça nous a donné aussi
16:55 tout le vocabulaire de l'Internet. Donc c'est très intéressant de voir que, en fait,
17:02 comme je dis souvent, le pêcheur néolithique, il attrape des poissons avec son filet et
17:09 le filet de l'Internet attrape des pensées.
17:18 Alors, le métier à tisser, qui est un objet d'invention et aussi de mythologie. Là,
17:28 j'ai pris comme illustration le métier à tisser bambara. Alors, chaque élément du
17:35 métier à tisser bambara est nommé par un élément du corps humain. Et la petite bande
17:42 de tissu, je ne sais pas si vous avez déjà vu des petites bandes de tissu africaines
17:45 ou ça qui font une dizaine de centimètres de large, eh bien, c'est la parole. C'est
17:52 la parole du métier qui s'exprime. Je ne peux pas m'attarder là-dessus, mais on
18:01 pourra en discuter dans le débat si on veut. Et évidemment, le métier à tisser mécanique
18:09 a donné lieu à plein d'inventions, dont l'invention de la carte perforée, de la
18:14 programmation tout simplement, qui va d'ailleurs provoquer certains heures chez les ouvriers
18:21 à la fin du XVIIIe, au début du XVIe siècle, parce qu'évidemment, ils pensaient qu'on
18:26 allait leur supprimer leur boulot. Généalogie des machines à commande numérique. Ben voilà.
18:33 Alors, on y est. Donc, le métier à tisser, la poterie, le tout, qui donne, au bout d'un
18:42 certain temps si j'ose dire, le tour à figure. Alors, on va voir le résultat de ce que produit
18:49 le tour à figure. Je ne sais pas si vous en avez déjà vu. Il y en a un aussi au Musée
18:53 des Arts et Métiers. Il y en a plusieurs d'ailleurs dans les réserves. C'est un tour à bois ou
19:01 à ivoire, mais qui n'est pas conventionnel. C'est-à-dire que l'axe de rotation, donc
19:06 on met un cylindre ou quelque chose à tailler entre deux pointes, vous savez, c'est un tour,
19:12 mais l'outil va sauter d'une manière irrégulière qui est programmée, dans des cams, des rosettes,
19:20 on appelle des rosettes, et produire des figures tout à fait excentriques, ou bien c'est l'axe
19:26 lui-même qui bouge. Enfin, il y a deux versions. Voilà. Alors, ça, c'est une programmation
19:32 logique, mais qui va déboucher sur une programmation numérique à notre époque, enfin à la fin
19:37 du deuxième moitié du XXe siècle. Alors, bon, ça je vais passer là-dessus. Par contre,
19:52 évidemment, je reviens sur cette idée que la création d'objets abstraits invite à
19:57 imaginer des outils et des machines à doc, et la production d'objets figuratifs pose
20:03 des problèmes un peu différents, comme la copie, la variation d'échelle d'après
20:08 le modèle de départ, et donc il va falloir imaginer des instruments, des machines de
20:15 mise au point de dispositifs et de systèmes adaptés qui vont finir par converger sur ce
20:25 qu'on va voir là. Alors, l'art abstrait, enfin ce qu'on appelle l'art abstrait,
20:34 donc l'art un peu géométrique, qui puise sa source dans des concepts, n'a pas disparu
20:43 quel que soient les époques. Alors, à certains moments, il se réfugie dans les arts figuratifs,
20:48 dans la mosaïque par exemple, où on la voit quelque chose de Paolo Uccelli, mais lorsque
20:57 la Renaissance, qui est pourtant réputée pour ses sculptures figuratives, on a découvert
21:04 la perspective en particulier, tous les volumes de base et solides plate-additions ont été
21:11 étudiés par les artistes grâce à cette nouvelle outil, on va appeler ça un outil de
21:17 la perspective, je pense, et donc on va voir ce que ça donne. Ça a été un peu négligé
21:27 par les historiens d'art, cette affaire-là. On a l'impression que l'art abstrait disparaît,
21:32 non, pas du tout, il change d'affectation, de forme. Voilà par exemple des études absolument
21:39 incroyables de mise en scène d'objets géométriques par un artiste et graveur allemand au 16e siècle.
21:49 C'est presque surréaliste, surtout alors l'image en noir et blanc de gauche, c'est
21:55 tout à fait étonnant. Alors voilà, là ce sont des gravures, mais comment faire ces
22:04 objets en vrai, enfin en vrai, en relief, en 3D ? Alors, on va se servir des machines
22:15 qu'on connaît, ce sont les tours qu'on va rendre excentriques. Alors ça commence par
22:20 le tour à ovale, dont on voit des exemples toujours au 16e siècle. Donc il y a des dispositifs
22:29 qui permettent de produire des objets qui sont pas du tout de révolution parfaite et
22:41 monotone. On les voit en haut à gauche, là sur l'étagère, là au-dessus du tourneur.
22:47 Là c'est pas un effet de perspective, c'est vraiment des objets qui sont déformés
22:51 involontairement. Alors voici un certain nombre de documents sur les fameux tours à figure
23:04 ou tours ornementaux avec ces rosettes. Alors il y a un ouvrage de référence qui a été
23:10 publié pour la première fois par le père Cumier en 1701 qui s'appelle "L'art de
23:14 tourner en perfection" et qui est un ouvrage important qui décrit tous ces systèmes
23:19 de programmation de forme. Alors il reste assez peu d'ateliers avec ces machines,
23:30 mais enfin il y en a un que j'ai montré en Suède qui est une espèce de "fab lab"
23:37 de l'époque. On voit qu'il y a toutes sortes d'outils et toutes sortes de machines
23:42 qui sont associées. Et puis le tour de Merklin du musée des arts et métiers.
23:48 Alors voilà le résultat. C'est très spectaculaire, il reste peu de pièces en France,
23:59 malheureusement, peut-être dans les collections privées, je ne sais pas. Dans les musées
24:03 il y en a peu. Mais c'est un raffinement extrême. Il y a certaines pièces même,
24:08 on ne sait pas comment ils ont réussi à les fabriquer. Alors pour illustrer ça d'ailleurs
24:13 il y a l'image suivante. Ça c'est en France, c'est les chefs-d'oeuvre de François Barrault
24:19 qui a emporté ses secrets dans la tombe. C'est-à-dire qu'il a refusé de dire comment
24:23 il avait réussi à produire ces objets tout à fait fantastiques qu'on peut toujours
24:29 voir au musée des arts et métiers. Alors là on va voir qu'il y a une migration des
24:39 formes dans l'art abstrait. Voici des créations du 19ème siècle avec des tours ornementaux
24:47 de la famille Holzapfel. Je ne sais pas comment on prononce, je ne connais pas bien cette
24:54 prononciation alsacienne ou allemande. Donc il y avait plusieurs figures. D'ailleurs
25:01 certains tours, quand on passe à la 2D, sont appelés "tours guillochés". C'est pour
25:08 faire des entrelacs qu'on a connus nous ici de manière familière sur les billets de
25:14 banque. Parce que ces entrelacs compliqués servaient justement à compliquer la vie des
25:20 faussaires. Il y avait encore jusque dans les années 1970 des machines guillochées
25:26 mécaniques vraisemblables qui faisaient des dessins très compliqués pour imprimer sur
25:30 les billets de banque. Voici par comparaison des infosculptures d'Alexandre Wilkin avec
25:39 Digé Confuco fondé Arts Mathematica. On voit bien la parenté entre ces formes et celles
25:47 du 19ème siècle. Mais là obtenues par des moyens électroniques, numériques, etc. Il
25:55 s'agit bien d'une continuité. Donc j'ai résumé tout ça dans cette diapo là. On voit
26:03 le tour à figure. En dessous Alexandre dans les années 1970 avec ses machines électroniques.
26:12 Et puis il faut savoir que la tradition des tours à figure se poursuit. Dans l'exposition
26:20 on a une œuvre de Jean-Claude Charpignon qui est un maître tourneur français tout à
26:25 fait extraordinaire et qui construit lui-même ses tours et ses outils. La seule chose c'est
26:33 que l'entraînement de l'axe du tour est motorisé. C'est plus une pédale ou un balancier
26:39 qui permet de faire le mouvement. Et puis les travaux d'Alexandre avec sa fraiseuse
26:48 numérique qu'on voit est un des résultats qu'il a obtenus.
26:52 Alors, donc là j'évoque ce qu'on appelle la CFO, c'est à dire la conception et fabrication
27:03 assistée par ordinateur. Donc à partir des années 50, on se demande comment passer
27:11 du mécanique à l'électronique. Donc comment programmer ces fameuses machines outils dont
27:17 tu as parlé. Et alors aux Etats-Unis c'est le MIT qui est en pointe là-dessus. Et en
27:24 France c'est Pierre Bézier qui travaille à la régie Renault à l'époque et qui décide
27:30 à un moment donné de numériser toute la chaîne de conception et de production des
27:37 prototypes. Alors il y a eu aussi une petite révolution parce qu'il y avait des gens
27:42 qui étaient habitués à dessiner à la main des voitures à l'échelle 1. Alors j'ai
27:46 eu la chance de connaître Pierre Bézier, il était même membre d'Ars Mathematica à
27:50 la fin de sa vie. Il expliquait qu'il y avait des gens qui étaient à 4 pattes par terre
27:53 dans des grands halls, qui tiraient des traits avec des lattes en bois pour dessiner les
27:58 profils de carrosserie etc. Il a dit bon tout ça c'est fini et on passe au numérique.
28:03 Donc il a inventé une chaîne complète de conception, de dessin et de fabrication de
28:09 maquettes numérisées. Alors quelques années plus tard arrive cette fois-ci la fabrication
28:23 additive, c'est à dire la robotisation du modelage comme je l'ai dit. Donc basé sur
28:29 ce principe du Colombin mais à toute petite échelle, l'échelle microscopique. Et il
28:35 se trouve que c'est en France que ça a été inventé la première fois par une équipe
28:40 dont je connais très bien deux membres, il y avait trois personnes, Jean-Claude André
28:46 et Alain Leméauté en particulier, qui sont toujours vivants et actifs. Ils déposent
28:54 un brevet, alors le problème c'est qu'ils déposent un brevet je crois c'est au mois
28:59 de juin 1984 et en juillet 1984 il y a un américain qui dépose un brevet tout à fait
29:05 semblable. Il n'a pas copié, c'est une coïncidence de l'évolution technique ou
29:10 technologique. Mais d'un côté en France, Jean-Claude André et son équipe n'ont jamais
29:16 trouvé les fonds pour monter une entreprise. Alors qu'évidemment l'américain a monté
29:21 une énorme boîte qui s'appelle maintenant 3D Systems et qui est la première ou la deuxième
29:26 au monde dans ce domaine. Donc je cite Jean-Claude André parce que c'est un magnifique exemple
29:31 si on peut dire de ratage de l'industrie française. Et je dois dire qu'à plus de
29:36 70 ans Jean-Claude André ne décolère pas sur ce sujet même s'il est médaille d'or
29:41 du CNRS. Voilà quelques machines des tout débuts que j'ai eu la chance d'expérimenter
29:51 puisque je suis quand même un des pionniers dans ce domaine. Et ça décrit quelques principes
29:59 mais je ne vais pas m'attarder sur ces différentes techniques. Mais je vais faire une petite
30:07 digression amusante parce que je prépare un bouquin qui s'appelle "Mythologie, histoire
30:12 de la sculpture et de ses machines. Programme et la sculpture des dieux aux robots". Alors
30:17 on a quoi sur ces images ? D'abord la plus ancienne c'est Spiro 1959. On dirait la machine
30:26 de stéréophoto lithographie inventée par l'américain et par l'équipe française.
30:33 C'est très amusant. Donc Franquin l'illustrateur avait déjà cette idée en tête. Probablement
30:40 inspirée aussi par les travaux de François Villem dont vous voyez la petite statue à
30:44 l'entrée de l'exposition. François Villem qui avait inventé un système de création
30:50 d'objets à partir de photographie dans les années 1860. Une autre illustration sorti
31:00 d'un comics, il s'agit de Superman 1974. Donc là on passe d'une photo à un buste.
31:08 Alors ce qui est amusant c'est que les gens qui travaillent sur l'intelligence artificielle
31:14 tentent de faire la même chose maintenant. Donc la SF a beaucoup inspiré les ingénieurs,
31:19 il faut le savoir. Je crois que les inventeurs de chez Nokia qui avaient inventé le téléphone
31:25 à clapper s'étaient inspirés de Star Trek de mémoire. Alors les magies qui ont succédé
31:34 à ces époques, donc dans les années, début des années 2000, 2000-2010, alors c'est
31:42 ça qui m'a vraiment amusé, c'est à dire qu'elles reprennent des noms mythologiques.
31:47 Alors on a Titan, Zeus, Pandora, Phénix et puis pour l'Inde dont Emmanuel va nous parler
31:53 on a Brahma. C'est une équipe indienne qui a inventé une imprimante 3D qui s'appelle
31:57 Brahma, qui nous expliquera de quoi on voit que c'est un duocréateur en tout cas. En
32:04 plus il y a une mise en scène de l'image que je trouve absolument remarquable, je l'ai
32:07 un peu tronqué mais d'un côté on a la nature et de l'autre côté la construction
32:11 humaine. Nature, culture, le soleil qui se lève d'ici derrière. Donc c'est l'émergence
32:16 d'une nouvelle époque entre nature et culture etc. Il y a beaucoup à dire sur ces images.
32:22 Alors, pour l'art figuratif, il faut peut-être que j'accélère, donc il se pose un certain
32:29 nombre de problèmes que tout le monde connait quand on veut faire une œuvre figurative.
32:34 Est-ce qu'il faut faire un dessin, une maquette, s'attaquer directement à la matière ? Est-ce
32:39 qu'on va mettre l'œuvre de telle façon qu'elle soit vue sous tous les angles ou pas ? Comment
32:45 l'éclairer ? Evidemment ça c'est un grand problème quand on fait un objet. Est-ce qu'il
32:51 faut qu'un portrait soit ressemblant ? Comment il doit être ressemblant ? Et puis les points
32:56 de décopie, le changement d'échelle si vous faites une maquette comme ça, qui s'appelle
33:01 un bozzetto en italien. Après vous voulez un truc qui fait 3 mètres de haut, comment
33:06 on va perdre les détails etc. Bref. Alors, question que dont mécaniser toute partie
33:13 de la réalisation de l'œuvre. Dans le but toujours d'obtenir le résultat esponté
33:19 évidemment. Alors évidemment, il y a des œuvres que l'on ne peut pas tailler directement
33:26 parce que c'est trop compliqué. Le problème du jugement esthétique de l'œuvre avant
33:32 d'engager un long et coûteux travail parce que si vous attaquez un bloc de marbre et
33:36 vous le pompez, ça coûte cher. Ou que le bloc se fissure etc. c'est un vrai problème.
33:43 Voilà. Donc de la même façon qu'en peinture, vous le savez peut-être, on appelait au XVIIe
33:51 et au XVIIIe siècle certains aspects d'une grande peinture historique ou religieuse,
33:58 la partie mécanique du tableau. C'était l'expression employée. Ça c'était donné
34:03 à Saint-Francis qui débutait. Alors il faisait des draperies, des trucs bons. Alors
34:08 que le maître se réservait des visages, enfin les parties nobles du tableau. Pareil, pour
34:13 la sculpture c'est pareil. Il y a des choses qui sont vraiment mécaniques. Alors les sculpteurs
34:20 font appel à des praticiens comme Rodin qui a fait appel à de nombreux praticiens, dont
34:25 Bourdelle qui est devenu lui-même un grand sculpteur. Alors Léonard, il invente pour
34:31 régler une partie des problèmes de mise à l'échelle la caisse à baguettes. Donc
34:35 vous voyez il mesure un modèle dans une caisse avec des baguettes et ensuite il peut agrandir
34:42 ou diminuer, enfin généralement agrandir d'ailleurs l'objet qu'il a introduit dans
34:46 sa caisse à baguettes en mesurant donc les coordonnées. On va voir que ce sont des lasers
34:55 qui vont remplacer les baguettes. Alors Alberti tente aussi de créer un dispositif qui s'appelle
35:03 le Definitor. Dans l'encyclopédie d'Alembert on a toutes sortes d'instruments pour mesurer
35:11 des modèles, faire des copies, etc. On voit sur un modèle préparatoire de Canova des
35:18 points qui vont servir pour ce qu'on appelle techniquement une mise au point, au sens strict
35:24 du mot, c'est à dire reporter des points d'un modèle à un bloc vierge par exemple
35:31 pour le tailler. Et puis plus récemment un scanner avec des pastilles de positionnement.
35:38 On voit que c'est exactement la même chose. Alors les pastilles sont blanches, c'est inverse
35:42 l'objet est noir, les pastilles blanches, chez Canova c'est exactement le contraire.
35:46 Enfin c'est tout à fait le même esprit. Voilà donc pareil comment saisir la réalité
35:55 au plus près. Alors Durer et toutes sortes d'inventeurs moins prestigieux, moins connus
36:03 inventent des systèmes, caméra obscura, caméra lucida, pour essayer d'avoir des vues exactes
36:11 de la nature qui s'offre à eux, devant eux. On notera en bas à gauche que sur cette
36:18 gravure du 18ème siècle, il y a un type qui dessine sur un verre d'épaulis, il y a un
36:24 miroir à l'intérieur, on voit d'ailleurs l'objet en couple qui dessine la sculpture
36:30 qu'il voit. En fait il suffirait de remplacer la plaque où cet individu dessine par une
36:36 plaque photographique et on aura un appareil photo. Donc la photographie va venir ensuite
36:42 dans cette continuité toujours. Alors le mathématicien Lacan d'Amin, ça c'est un
36:52 point important, en 1736 est republiqué l'art de tourner en perfection du père Plumier
37:03 et Lacan d'Amin ajoute un chapitre en disant bon le tournage c'est un peu ennuyeux, est-ce
37:13 qu'on pourrait pas faire des portraits, des choses figuratives avec un tour à bois. Alors
37:17 évidemment c'est un exploit parce que bon, normalement ça se prête à des objets géométriques
37:22 avec une certaine symétrie, disons, même si c'est excentrique. Alors il fait tout un
37:27 tas de calculs pour produire des figures avec un tour à bois, avec des rosettes et des
37:33 cams spéciales. Et ça vraiment là on rentre dans la convergence des outils pour passer
37:39 du figuratif à l'abstrait ou vice versa. Voilà. Donc là il y a un autre dispositif,
37:46 je vais passer vite. Alors là c'est des machines intéressantes parce qu'on en a gardé.
37:55 James Watt à la fin de sa vie était obsédé par l'idée de machines à sculpter. Donc il
38:03 a consacré toute la fin de sa vie à ça. Son atelier a été gardé, reconstitué dans
38:10 un musée à Londres, je ne sais plus lequel. Enfin en tout cas on voit ces machines qui
38:17 sont présentées dans ce musée et qui montrent comment il essayait de, alors là en l'occurrence
38:23 de changer d'échelle et peut-être aussi de matériaux pour reproduire des sculptures.
38:28 Son travail a été repris par un certain Sheverton. Bon. Voilà. Ça c'est français,
38:36 c'est Nicolas Marigato. Alors il a proposé cette machine à l'école des beaux-arts
38:41 de Paris qui a noyé le poisson pendant des années et finalement on ne sait pas ce qu'il
38:47 en est advenu. J'étais aux archers nationaux faire des recherches sur Nicolas Marigato
38:51 et il y a de très belles lettres, l'équivalent du ministre de la culture de l'époque qui
38:58 supplie les gens de s'intéresser au système Gatoh mais enfin ça n'a eu aucun succès
39:04 visiblement. La machine est tombée dans l'oubli, bien qu'elle fonctionne assez bien apparemment.
39:10 Voilà. Donc ce type de machine, alors j'ai relevé une centaine de brevets en un siècle,
39:19 au 19ème siècle jusqu'au début du 20ème. Ça passionnait les inventeurs parce qu'il
39:24 y avait un marché, en fait il y avait un marché des bronzes, des tirages de bronze.
39:30 Et deux maisons se faisaient concurrence, la maison Susfrère et la maison Barbedienne.
39:34 Et on voit encore sur certaines sculptures, là j'ai pu en trouver une, le timbre, la
39:40 marque de l'inventeur Hachikola qui a inventé un procédé de réduction des sculptures
39:48 etc. Voilà, François Villene dont j'ai parlé tout à l'heure, alors voilà il a inventé
39:58 un système avec 24 appareils photos qui sont cachés dans les murs d'une rotonde. On prend
40:03 24 clichés en même temps d'un personnage qui se trouve au centre et on a tous les
40:07 profils. On peut reconstituer donc la personne en 3D. Voilà c'est le début d'une espèce
40:14 de scan 3D préhistorique mais qui marche relativement bien. D'autres procédés ont
40:20 été imaginés, là c'est un procédé des années 1920, de photosculptures automatiques.
40:28 Voilà, donc on arrive à ce concept de numérisation 3D. Donc il y avait toujours une tradition
40:39 qui dure, qui dure, qui dure, qui traverse les siècles. Je me suis amusé à mettre
40:44 deux images en partie à droite, le livre des proportions de l'homme de Dürer et puis
40:53 cette succession de coupes. Alors je crois que c'est un condamné à mort américain
40:58 qui a donné son corps à la médecine et on a découpé en tranches très fines le corps
41:03 et on a les strates successives d'un corps humain et tout ça est semblable au bouquin
41:09 de Dürer. Voilà, donc la sculpture numérique est une forme de la cybersculpture, une sculpture
41:21 programmée. Donc au début, il y a quelques pionniers dans les années 60, les années
41:28 80, essentiellement dans la fabrication soustractive comme la découpe, l'usinage, etc. Aussi pour
41:37 la conception et la visualisation des œuvres. Donc c'est très important pour faire des
41:42 projets. Et puis, donc dans les années 90-2000 apparaissent la numérisation 3D, la fabrication
41:49 additive, les technologies de l'Internet et maintenant les premiers essais d'intelligence
41:56 artificielle dans le domaine des objets qui ne va pas sans mal. Là j'ai donné un peu
42:02 un tableau avec les différentes dénominations de la sculpture assistée par ordinateur qui
42:10 évolue et vous retrouverez ça dans l'exposition. Voilà, donc aujourd'hui la sculpture numérique
42:20 part dans tous les sens puisqu'on a vu il y a cette frontière entre abstraction et
42:27 figuration qui disparaît aussi grâce aux outils. Tout est possible avec toutes sortes
42:33 d'outils et il y a un mix qui se fait. Et à droite, par exemple, donc ces deux exemples
42:43 d'utilisation d'intelligence artificielle, j'en parle pas volontiers parce que c'est
42:48 à la mode mais parce que ça pose des problèmes. Alors on a par exemple un site qui s'appelle
42:56 Sketchfab qui est très connu où on met des objets en 3D, nous-mêmes on en a mis, qui
43:02 maintenant propose une pastille pour les artistes et quand ils cliquent sur cette pastille
43:09 ils disent "je refuse que mon modèle soit utilisé par l'intelligence artificielle".
43:14 Donc il y a un problème légal qui se pose de plus en plus dans le pillage intellectuel
43:20 de ces systèmes de deep learning. Et bien maintenant, voilà la conclusion et je vous
43:28 remercie de votre attention.
43:30 [Applaudissements]

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