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Jeudi 19 octobre 2023, SMART BOURSE reçoit Guillaume Gosselin (Spécialiste Climat, Thematics AM)

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00:00 *Musique*
00:10 Le dernier quart d'heure de Smartboard chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Le thème de ce soir, c'est celui du climat et de la stratégie climat mené par les équipes de Thematics Asset Management.
00:19 Et le spécialiste climat de Thematics est à mes côtés en plateau, Guillaume Gosselin, bonsoir.
00:24 - Bonsoir Grégoire.
00:24 - Merci beaucoup d'être avec nous Guillaume.
00:27 Stratégie climat qui a été lancée il y a un an pile, c'est ça ? Un an par Thematics Asset Management.
00:32 Avec une philosophie qui tranche un peu peut-être par rapport à ce que, en tout cas, on se fait comme idée d'une stratégie climat dans le monde de l'investissement.
00:41 On associe beaucoup ces stratégies d'investissement dédiées au climat à l'investissement dans les énergies renouvelables.
00:47 Et c'est sûr que c'est une partie du sujet très importante et que c'est une association tout à fait légitime.
00:53 Vous avez fait un choix un peu différent en regardant bien au-delà du seul secteur des énergies renouvelables ou de ceux qui apportent des solutions de décarbonation
01:01 pour aller regarder dans des secteurs qui justement ont besoin de se décarboner eux-mêmes,
01:06 vont pouvoir utiliser des solutions de décarbonation produits par d'autres entreprises,
01:10 mais qui sont eux-mêmes dans un chemin de décarbonation de leurs activités.
01:16 C'est une logique assez différente finalement.
01:19 Oui, exactement. Donc on retrouve tout d'abord ces entreprises, ces fameuses énergies renouvelables,
01:25 ces entreprises qui vont jouer sur l'efficacité énergétique des bâtiments par exemple.
01:29 Donc ça, c'est vraiment ce qu'on a à l'idée quand on investit sur la thématique du climat.
01:33 Chez Thematics, on a pris une approche un peu complémentaire et qui va de pair puisque pour réduire ses émissions et pour réussir justement sa transition,
01:40 il faut aussi investir dans les sociétés qui, comme vous l'avez dit, vont adopter ces solutions.
01:45 Donc pour réduire leurs propres émissions d'un côté, mais aussi pour réduire les émissions de toute leur chaîne de valeur.
01:52 Oui, c'est-à-dire qu'on ne compte plus uniquement les émissions qui sont produites par l'entreprise.
01:57 On va jusqu'aux émissions qui sont générées par l'utilisateur final du produit ou du service.
02:03 C'est ça les fameux scopes jusqu'au scope 3.
02:05 C'est ça, c'est le fameux scope 3 qui peut être aussi en amont, c'est-à-dire justement quels produits on va utiliser,
02:10 est-ce qu'ils sont carbonés, moins carbonés et l'utilisation des produits.
02:14 Donc ça va être l'utilisateur quand il va rouler par exemple, ça va être le scope 3 du manufacturier automobile par exemple.
02:20 Donc c'est un univers d'investissement finalement qui est très large, très mondial et qui regroupe de multiples secteurs d'activité.
02:28 De ce point de vue-là, vous êtes complètement agnostique au départ en tout cas j'imagine.
02:32 Oui, justement l'idée c'est vraiment de s'appuyer sur l'expertise de Thematics qui est justement sur des tendances séculaires,
02:38 sur des tendances de croissance, sur par exemple la thématique de l'eau, la thématique du bien-être, de la sécurité,
02:43 de l'intelligence artificielle et de la robotique et de l'économie de l'abonnement.
02:48 Donc on part vraiment sur l'expertise de ces gérants qui est justement relativement diversifiée en termes de secteur
02:53 mais on va justement appliquer un filtre climatique.
02:57 Donc à la fin on obtient un portefeuille qui va être beaucoup plus diversifié et beaucoup moins concentré
03:03 qu'au niveau des fonds qui investissent uniquement sur le climat d'un point de vue des solutions.
03:08 Oui, oui. Toute la question étant de savoir quand on investit dans ces entreprises qui mènent des efforts
03:17 et des chemins de décarbonation de leurs activités et de toutes leurs chaînes, comme vous l'avez dit,
03:22 comment on s'assure sur l'horizon d'investissement qui est le vôtre,
03:26 comment est-ce qu'on s'assure que ces entreprises tiennent bien les engagements qu'elles prennent vis-à-vis des investisseurs ?
03:34 Et c'est toujours ce que je dis, on ne peut pas attendre 2050 pour vérifier que tout le monde est net zéro.
03:39 Il y a bien sûr des points de rendez-vous très importants et peut-être même là, d'ici quelques mois, trimestres
03:45 ou dans les prochaines années, pour vérifier qu'on est bien sur les trajectoires sur lesquelles tout le monde s'accorde
03:51 et que tout le monde a signé d'une certaine manière.
03:53 Oui, on voit beaucoup d'effets d'annonce net zéro en 2050.
03:56 Ça fait doucement rire parce qu'en 2050, ceux qui établissent les objectifs actuellement en 2023 seront déjà plus là en 2050.
04:03 Donc c'est déjà assez facile de tenir ce type d'engagement.
04:07 Donc c'est pour ça que chez Tematics, pour appliquer vraiment ce filtre climatique pour une question presque philosophique,
04:14 qu'est-ce qu'un alignement avec l'accord de Paris ?
04:16 On applique justement une double approche.
04:21 Premièrement, une approche quantitative puisque maintenant, les entreprises reportent de plus en plus sur leurs émissions.
04:26 Donc direct, scope 1 et 2 et indirect, scope 3.
04:29 Et là, on dispose justement d'une meilleure qualité de données.
04:32 Il y a cinq ans, on n'aurait pas pu lancer ce produit parce qu'on n'avait pas assez de données, forcément.
04:36 Et là, on peut voir directement la trajectoire de décarbonation des entreprises.
04:40 Les chiffres ne mentent pas et on peut voir vraiment si les émissions passées et les émissions aussi prospectives
04:47 sont alignées avec les scénarios tels que définis par la science.
04:50 Donc ça, c'est une première approche qui nous permet déjà de voir vraiment quelles sont les entreprises
04:54 qui sont en bonne voie pour atteindre ces objectifs.
04:57 Une deuxième approche aussi, dans notre sélection de valeur, ça va être de regarder d'un point de vue qualitatif.
05:03 D'un point de vue qualitatif, justement, pour voir si les entreprises se donnent les moyens de leurs ambitions
05:10 outre l'effet d'annonce de net zéro ou de décarbonation.
05:15 Est-ce que vraiment, elles ont les moyens de leurs ambitions ?
05:17 Et je peux prendre un exemple.
05:20 - Bien sûr, il faut même, Guillaume, bien sûr.
05:22 - En portefeuille, par exemple, Johnson Control.
05:25 Donc c'est une entreprise qu'on a investie dessus à travers la thématique de la sécurité.
05:30 Puisque c'est une entreprise qui propose des systèmes de détection d'incendie,
05:35 des systèmes de traitement de l'air dans les bâtiments.
05:37 Et surtout, 55% du chiffre d'affaires de l'entreprise est lié au système de chauffage,
05:43 ventilation et climatisation dans les bâtiments.
05:47 55% du chiffre d'affaires et en face, ça représente 90% des émissions totales de l'entreprise.
05:52 À travers notamment le SCOP3, puisque quand on allume son climatiseur dans son bureau,
05:58 ça a un impact sur le réchauffement climatique.
06:00 - Le SCOP3 de Johnson Control, voilà.
06:02 Et sur le réchauffement climatique, oui.
06:04 - Voilà, et aussi le cas d'investissement.
06:06 Pourquoi dire, ça peut apporter de l'alpha, justement, d'investir dans ces entreprises
06:10 qui prennent les devants justement sur la réglementation.
06:13 C'est que, il y a quelques années, il y a une réglementation qui s'applique,
06:17 un accord international justement, pour limiter l'impact de ces gaz réfrigérants.
06:22 Alors avant, les gaz réfrigérants qu'on utilisait faisaient des trous dans la couche de zone.
06:26 On a remplacé ça par d'autres gaz réfrigérants, mais du coup, qui ont un impact sur le climat.
06:30 Et donc, toute la question est de savoir, pour ces entreprises qui proposent ces systèmes de climatisation,
06:36 de pouvoir proposer d'autres types de gaz réfrigérants.
06:39 Parce que sinon, potentiellement, un pays comme la France ou comme l'Allemagne,
06:42 si demain elle dit "on arrête l'utilisation de ces gaz réfrigérants",
06:45 l'entreprise perd directement une bonne partie de son chiffre d'affaires.
06:49 - Et concrètement, Johnson & Control, c'est quoi les grandes lignes de leur plan de marche, justement,
06:53 pour abaisser ces émissions de Scope 3, avec une réglementation qui va de toute façon les y obliger ?
07:00 - Alors justement, cette entreprise prend les devants, puisque tout le cas d'investissement encore,
07:05 c'est de dire que les entreprises qui agissent maintenant auront moins de coûts futurs,
07:09 quand la réglementation viendra.
07:11 Donc l'entreprise, par exemple, réduit Scope 1 et 2 de 55% en tant qu'engagement,
07:17 mais aussi réduction de 16% de leur Scope 3 au niveau de ces émissions.
07:21 Et pour ça, elle investit massivement aussi dans la recherche et développement
07:26 pour justement proposer d'autres types de gaz réfrigérés.
07:29 Je ne vais pas rentrer dans les détails.
07:30 - Non, non, bien sûr, oui, oui.
07:31 - Voilà, il y a d'autres types de gaz qui existent, justement, pour remplacer ces gaz.
07:35 - Et par rapport à ce sujet-là, c'est vraiment une entreprise que vous avez identifiée
07:39 comme étant en avance par rapport à des concurrents dans ce secteur ?
07:44 - Oui, parce que c'est aussi une entreprise qui génère aussi beaucoup de chiffres d'affaires
07:48 et qui a plus de moyens.
07:49 C'est pour ça aussi, dans le portefeuille, on va retrouver, et c'est ce qu'on retrouve,
07:53 on retrouve certains biais.
07:54 Alors, on garde l'ADN de thématique sur les États-Unis,
07:58 mais on voit qu'il y a une plus forte proportion de sociétés européennes, par exemple,
08:02 puisque les sociétés européennes sont plus en avance sur la transition climatique.
08:06 On voit aussi plutôt un biais sur les large cap,
08:09 parce que, généralement, quand on est une petite capitalisation,
08:11 on est plutôt focalisé sur le chiffre d'affaires
08:14 plutôt que sur la stratégie vraiment long terme et vraiment déployer une stratégie climatique.
08:19 Donc voilà, c'est à peu près ce genre d'entreprise qu'on voit,
08:22 et Johnson Control rentre dedans.
08:23 - Une des raisons pour lesquelles l'Europe est en avance, j'imagine, Guillaume,
08:27 c'est la réglementation.
08:28 L'Europe est pionnière en matière de réglementation, évidemment,
08:33 et ça va évidemment dans le bon sens.
08:36 On sent quand même poindre ici et là,
08:38 alors dans le discours de certains industriels ou de représentants de secteurs industriels,
08:44 mais au niveau politique également, face à des opinions publiques
08:48 qui vivent une crise du pouvoir d'achat ou des conditions de vie, on l'appelle comme on veut,
08:53 on sent ici et là la tentation de...
08:56 alors je ne vais pas dire d'abandonner les objectifs climatiques, Net Zéro, Accord Paris, etc.
09:02 Évidemment non.
09:03 Mais en tout cas de se donner peut-être un peu plus de temps
09:06 de diluer ou de reporter des objectifs et des temporalités
09:10 qu'on avait pu fixer dans l'intervalle avant 2050.
09:14 En tout cas, c'est des sujets qui arrivent très vite et très haut dans les discussions politiques,
09:19 par exemple, Guillaume.
09:21 Comment vous le ressentez, vous, du point de vue des entreprises,
09:24 dans cet univers d'investissement que vous avez autour du climat,
09:27 cette volatilité réglementaire, est-ce que c'est le risque majeur pour des entreprises
09:32 qui se sont engagées sur des trajectoires et qui voient que finalement,
09:36 peut-être que les objectifs sont en train de bouger dans le temps ou en absolu d'ailleurs ?
09:41 Oui, très clairement, la volatilité est l'ennemi, on va dire, des entreprises,
09:45 mais on voit très clairement une lame de fond,
09:47 puisque déjà les citoyens, les politiques ont conscience que
09:51 un été comme on a vécu, celui en 2022, 2021,
09:55 on a des épisodes caniculaires de plus en plus importants, des épisodes de sécheresse,
09:59 donc c'est la première fois vraiment qu'on ressent les effets directement du réchauffement climatique.
10:03 Donc les entreprises, enfin les politiques, ont bien conscience de ce problème-là.
10:09 La différence, le questionnement, ça va être plutôt sur l'intensité de cette transition,
10:14 sur la rapidité de la mise en place de cette transition,
10:17 et aussi, est-ce que ça va se faire de façon ordonnée ou désordonnée ?
10:20 Est-ce que les États vont se mettre d'accord pour agir ensemble ?
10:23 Mais en tout cas, on voit très clairement que c'est une lame de fond,
10:27 et donc ça donne aussi de la visibilité pour les entreprises,
10:30 même si entre-temps il peut y avoir des effets volatils.
10:33 Mais les entreprises, effectivement, que vous suivez, qui vous semblent vertueuses,
10:37 ne se laissent pas déstabiliser par ce bruit du moment,
10:41 sur la question de la vitesse et de l'intensité ?
10:43 Le sens du voyage reste clair ?
10:44 Le sens du voyage, la destination reste la même,
10:47 surtout quand on établit un objectif à 2030,
10:52 on ne va pas changer demain son plan stratégique,
10:55 puisque généralement les plans stratégiques de réduction des gaz à effet de serre
10:59 sont intégrés dans les plans stratégiques des entreprises.
11:01 Donc on ne va pas s'amuser à changer en fonction des effets politiques et des effets d'annonce.
11:07 Merci beaucoup Guillaume, merci d'être venu nous parler du climat
11:10 et de la stratégie climat qui est développée depuis un an maintenant
11:13 chez Thématix Asset Management.
11:14 Un mot quand même juste rapidement du comportement de la stratégie
11:18 et du fonds, de la performance au bout d'un an, c'est toujours une étape importante.
11:23 Est-ce que le comportement de la stratégie répond à vos attentes jusqu'à présent ?
11:28 Et à celles de vos clients ?
11:29 Oui, donc ça fait maintenant un an qu'on a lancé le fonds,
11:31 donc on a vraiment pu tester cette stratégie.
11:34 On se compare à un indice MSCI ACUI Paris-Solange,
11:37 donc c'est vraiment un indice EAG.
11:39 Action mondiale alignée sur les accords de Paris.
11:41 Et depuis un an, à fin septembre, on est en légère surperformance par rapport à l'indice.
11:45 Donc ça confirme aussi le cas d'investissement,
11:47 d'avoir un portefeuille diversifié sur les secteurs.
11:50 Merci beaucoup Guillaume.
11:51 Guillaume Gosselin qui était avec nous en plateau pour ce gardeur thématique de Smartbourse,
11:55 spécialiste climat de Thématix Asset Management.
11:58 [Musique]

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