• l’année dernière
Mardi 31 octobre 2023, SMART BOURSE reçoit Bertrand Lecourt (Gérant, JO Hambro)

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Le dernier quart d'heure de Smartbourg chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Le thème ce soir, c'est celui de l'investissement thématique justement dans l'eau et les déchets.
00:19 Une des grandes thématiques profondes, séculaires qu'on trouve dans le monde de l'investissement
00:24 depuis de nombreuses années.
00:26 C'est Bertrand Lecour qui est à mes côtés en plateau pour évoquer cette thématique.
00:29 Gérant chez J.O. Ambro, bonsoir Bertrand.
00:32 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:34 Je veux bien que vous nous disiez un petit mot de présentation quand même de J.O. Ambro
00:37 que je ne connaissais pas avant qu'on se rencontre pour cette interview.
00:40 Bertrand qui vient du monde anglo-saxon, qui a déjà une longévité importante
00:47 et qui a des ambitions sur le marché européen, on peut le dire comme ça aujourd'hui Bertrand ?
00:51 Oui c'est ça, J.O. Ambro Capital c'est une société de gestion originellement anglaise
00:56 qui a une trentaine d'années déjà de sa création, qui gère à peu près 25 milliards d'euros sous gestion,
01:01 15 stratégies différentes avec une grosse vue action internationale.
01:06 Nous sommes aussi faisant partie d'un groupe un peu plus grand qui s'appelle Perpetual
01:10 qui est une stratégie multi boutique.
01:12 Au total c'est à peu près 125 milliards sous gestion au niveau global.
01:15 On était très focus sur l'Angleterre et depuis deux ans on a un bureau à Paris,
01:21 on croit en Europe avec un bureau en Allemagne, un peu partout.
01:24 Et donc sur des belles thématiques notamment equity internationale et thématique
01:27 selon laquelle je pousse sous la marque Regnan.
01:31 La franchise Regnan, c'est ça ? Donc ça c'est la franchise des investissements thématiques ?
01:36 C'est ça Bertrand ?
01:37 Exactement, Regnan c'est en fait tout un savoir-faire qui a plus de 25 ans,
01:40 qui est originairement d'Australie, c'est l'Eucalyptus Regnan.
01:43 Donc c'est le plus grand arbre floral du monde, c'est très local.
01:47 Il y avait une énorme expertise depuis 25 ans dans l'EG,
01:49 avec maintenant des stratégies d'investissement dont je suis en charge pour développer la partie thématique
01:54 au sein de Jean-Brou.
01:55 Donc c'est un peu le Intel Inside, c'est des stratégies non traditionnelles.
01:58 On aura appris beaucoup de choses, déjà que Regnan était une plante, un arbre endémique d'Australie,
02:04 c'est déjà toujours ça.
02:06 Qu'est-ce qui caractérise une bonne stratégie thématique ?
02:09 Avant de parler de l'eau et des déchets, donc le fonds c'est Regnan Sustainable Water and Waste,
02:13 qu'est-ce qui caractérise pour vous une bonne stratégie d'investissement thématique ?
02:17 Une bonne stratégie thématique c'est vraiment quelque chose qui apporte un nouvel outil dans la diversification qu'on investit.
02:22 Donc ce doit être global, ce doit être perpétuel, une thématique de croissance de fonds,
02:27 très peu de recherche sur ces actions, une certaine pureté des entreprises
02:32 dont les revenus sont tirés d'un thème puissant, la liquidité, etc.
02:36 Donc tout ne peut pas être bien thématique, mais des bonnes thématiques de long terme,
02:40 c'est des thématiques qui sont perpétuelles avec du cash, de la visibilité et un outil de diversification possible.
02:44 Ce n'est pas comme un fonds sectoriel, si vous avez un sectoriel tech et que soudainement Nvidia a un problème, tout tombe,
02:50 ou si les banquiers accréditissent un problème, tout tombe.
02:52 Un bon fonds thématique qui est investi dans la chaîne de valeur va être beaucoup plus stable.
02:56 Donc il vaut beaucoup de nous exposer sur cet investissement qui nous donne une capacité d'avoir accès à des stocks
03:02 qui ne sont pas du tout ceux qu'on a dans les S&P 500 ou les stocks 600 qui sont très tirés par des marques cap,
03:09 par du style de croissance du dividende, etc.
03:11 Le monde va dans une certaine direction parce qu'il y a une globalisation des comportements
03:17 et donc il faut refaire une réallocation dans les bonnes boîtes.
03:20 Et l'investissement thématique doit permettre de sortir de ça, comme vous dites,
03:23 de cet effet boule de neige dans les indices, des effets moutonniers, c'est ça l'idée ?
03:27 C'est ça.
03:28 Il y a un pouvoir diversifiant décorrelant ?
03:30 Il y a un pouvoir diversifiant décorrelant et puis aussi ça nous permet de sortir du bruit macroéconomique.
03:36 C'est-à-dire qu'à très court terme, c'est vrai qu'à un mois, trois mois, six mois,
03:39 quand on fait une analyse de ce qui tire les actions, c'est vraiment que du bruit macro.
03:43 Mais à la fin, au bout de 12 mois, 18 mois, c'est toujours le cash qui prime.
03:46 Donc quand on fait un focus sur ces fonds thématiques, on sait qu'ils sont là.
03:49 Et bien on va pouvoir s'ancrer et laisser faire le travail des sociétés sans avoir à voir, à trader ou arbitrer.
03:55 Les vraies grandes thématiques, profondes, globales, perpétuelles, comme vous dites,
04:00 elles sont toutes identifiées aujourd'hui ou pas ?
04:01 Non, pas toutes.
04:02 Je pense qu'il y a un effort d'identification de ce qui est plutôt cœur.
04:07 Mais comme on a vu, il y avait une grosse croissance dans l'OEG il y a 12 ans.
04:10 Maintenant, on a beaucoup plus une croissance dans la partie thématique.
04:13 Donc qu'est-ce qu'un bon fonds cœur thématique ?
04:15 Eh bien moi, quand je développais le fonds eau et déchets, c'est vraiment le premier point.
04:19 Parce que la première pierre de développement d'économie, c'est deux personnes qui tradent.
04:25 Une personne qui trade, qu'est-ce que c'est ?
04:26 C'est une machine organique.
04:27 On prend de l'eau, on prend de la matière, on engère de l'eau usée, la matière usée.
04:30 Donc c'est de l'eau et des déchets.
04:31 Si on n'a pas d'eau, l'économie s'effondre tout de suite.
04:34 Et si on ne gère pas les déchets, on a vu ce qui s'est passé à Paris, tout s'effondre.
04:36 Donc c'est la première pierre anglaise qui croît.
04:38 Et c'est une histoire de 12 000 ans, avec des facteurs de croissance qui ne s'arrêtent pas.
04:41 Donc c'est l'urbanisation qui continue à augmenter.
04:44 On est à sa moitié de la population du monde dans les villes, qu'on va aller à 70%.
04:49 On devient plus riche, on met donc un effet de consommation.
04:52 Tout ce qu'on consomme, c'est de l'eau.
04:53 Ce n'est pas 200 litres d'eau du jour, mais 15 000 litres d'eau du jour.
04:57 On a une intensité dans votre hamburger qui peut être de 5 000 litres pour l'équivalent.
05:01 Et puis tout ce qu'on consomme devient des déchets en moins de deux ans.
05:04 Tout ça, ça met une pression sur l'infrastructure.
05:06 On a 200 ans de croissance d'infrastructure au même rythme dans l'eau et les déchets.
05:11 D'ailleurs, il y a une analyse des engineering aux Etats-Unis récemment.
05:14 Tous les quarters, on regarde un peu quel est l'investissement.
05:16 Tout l'investissement en infrastructure n'est pas égal.
05:19 Dans l'eau et les déchets, c'est entre 5 et 7% par an pour la prochaine prochaine année.
05:22 Et à un rythme de 200 ans.
05:24 Donc on a cette capacité à croître.
05:27 C'est une des premières thématiques cœur identifiées par le marché et par les investisseurs.
05:34 D'ailleurs, vous êtes sur cette thématique depuis plus d'une décennie maintenant.
05:37 J'ai 23 ans d'expérience.
05:39 Désolé de vous le rappeler.
05:41 Je gère cette stratégie depuis 10 ans.
05:44 Il faut bien définir à fond la thématique.
05:46 On va définir où ça commence et où ça se termine.
05:49 Nous, ce que nous faisons, c'est qu'on investit dans toute la chaîne de valeur de l'eau et des déchets.
05:53 Dans l'eau, c'est les pompes, les valves, les compagnies d'ingénierie, de création, de traitement, de barrage, etc.
06:01 Et puis aussi, toute la partie dans les déchets, c'est le transport logistique, la transformation.
06:06 Et ça, c'est le même facteur de croissance, la consommation, l'infrastructure, etc.
06:11 Et les mêmes solutions.
06:12 Pour gérer les poubelles ou les déchets et les recycler, il faut de l'eau.
06:16 Pour protéger l'eau, il faut les déchets.
06:17 C'est pour ça qu'on ne va pas aller non plus acheter du Coca-Cola.
06:20 Parce que c'est du plastique avec de l'eau et du gaz.
06:23 Mais par contre, le Coca-Cola va peut-être avoir besoin d'avoir un recyclage de l'eau avec une entreprise comme Evoqua, qui pourrait être une autre.
06:30 Ou de gérer les plastiques avec un Veolia.
06:32 Donc, c'est toute cette chaîne de valeur d'entreprises qui sont là pour aider à gérer le problème.
06:36 Avec l'idée de rester le plus pur possible dans cette thématique eau et déchets.
06:40 Exactement. Parce que le but, c'est de donner un diversificateur dans un portefeuille.
06:45 Donc, ces entreprises, nous les filtrons et nous faisons en sorte que 90 à 95% du portefeuille est pur.
06:50 C'est-à-dire qu'une société comme Veolia, qui est bien connue en France, a peut-être 45% d'eau, 40% de déchets et peut-être 10% résiduels dans les services à l'énergie.
06:58 Je ne peux pas le retirer. Mais ça veut dire que 90% de l'histoire tire Veolia.
07:02 Donc, si on n'a que ça dans un portefeuille, c'est exactement ce que vous voulez.
07:04 Et ça va se créer à l'opposé d'une allocation classique où c'est pratiquement que la tête, la pharma, le consumeur.
07:10 Donc, nous avons l'opposé. Il n'y en a pas de consumeurs, pas de pharma, pas de finances, pas d'énergie.
07:14 Ça, c'est la grande allocation mondiale, mainstream, standard, benchmark.
07:19 Qui apporte des facteurs risques sur la croissance, sur les allôs, etc.
07:25 Bien sûr. C'est une thématique de l'eau et des déchets.
07:28 Alors, effectivement, vous avez déjà apporté beaucoup d'éléments, mais qui ressemble beaucoup à une thématique d'infrastructure.
07:35 On est vraiment là-dedans. Est-ce qu'il y a de l'innovation aussi ?
07:38 Est-ce que c'est une thématique soumise à l'innovation ?
07:41 Quelles sont un peu les sous-thématiques sur lesquelles vous travaillez dans ce grand thème global de l'eau et des déchets ?
07:46 C'est un gros, gros thème, déjà. Ça fait à peu près 2,5 trilliards de capi boursières disponibles.
07:52 Et ça, ce n'est même pas 5 % de ce qui est disponible dans le marché, parce qu'il y a beaucoup de choses très locales.
07:56 Ce qu'on dit infrastructures, les utilities classiques, c'est à peu près 8 à 10 % de l'histoire.
08:00 Donc, tout le reste, c'est comme si vous aviez une ruée vers l'or. On va acheter ceux qui vendent les palais de pièges.
08:05 Et ces entreprises-là sont extrêmement saines. Elles ont très peu de dettes, des retours sur action en double chiffre,
08:11 de bonne croissance et un horizon parce qu'on a un investissement très important en face de nous.
08:15 Donc ça, c'est intéressant de pouvoir identifier ces entreprises. On a aussi des fondamentaux qui sont bons,
08:21 puisque depuis une vingtaine d'années, c'est une entreprise un peu ennuyante. C'est une sorte de croissance défensive.
08:25 Eh bien, si on accumule tous les résultats de cet univers, c'est à peu près 10 à 12 % de croissance de résultats par an, un dividende à 3 %,
08:32 donc ça fait 10, 13 %. Et comme ce n'est pas une histoire de volume, mais une histoire de prix, eh bien la conversion du prix en cash augmente tous les ans.
08:40 Le multiple peut être multiplié et on a cette capacité très long terme à avoir du companding en n'ayant ni un tas de croissance,
08:47 ni un total dividende, ni value. C'est un blend. Et quand c'est bien diversifié dans un portefeuille, la corrélation des valeurs, c'est à peu près zéro.
08:54 C'est incroyable. Parce que si j'ai un choc sur une usine de déchets...
08:59 Il y a très peu de corrélation entre chacune des valeurs de l'univers.
09:01 Exactement. C'est pour ça qu'une grosse facteur de valorisation et de bénéfice pour un fonds comme ceci, c'est vraiment décorrélé.
09:07 Donc si on est une entreprise de déchets en Chine qui fait de la révélation énergétique, si elle a un problème, il n'y aura aucun impact sur l'entreprise en Californie
09:14 pour faire des pompes ou mon utility en Europe. Et aussi, les fondamentaux sont bons parce que c'est une histoire de prix.
09:21 Les prix de l'eau et des déchets sont très faibles. En moyenne, dans le monde, l'accès à l'eau usée, votre facture d'eau, pratiquement, c'est 50 à 60 € par mois.
09:30 La facture énergétique et gazière, c'est 10 fois plus en Europe. La facture des déchets, c'est 20 €. Un tiers de facture d'eau.
09:36 Un dollar.
09:37 Voilà, un dollar. Donc même s'il y a une énorme augmentation d'investissement qui va s'opérer, par exemple en Angleterre,
09:42 ça va être la masse des actifs, donc il faut 10 % par an, on aura une énorme croissance des résultats et de l'equity.
09:48 Et ça va nous coûter à peu près 20 € par an en plus, donc 5 cafés. Et à partir de là, on a toute la partie d'adaptation, corps, cœur, de l'économie.
09:57 - Si ce n'est que dans l'épisode inflationniste qu'on traverse, ou qu'on est peut-être en train de finir de traverser, Bertrand,
10:05 on a vu la sensibilité des consommateurs à la moindre facture, au moindre prix, etc. L'idée d'un monde plus inflationniste demain,
10:13 pour de multiples raisons, c'est profitable, c'est porteur pour votre thématique ?
10:20 - C'est très profitable. Pourquoi ? Parce qu'on parle déjà de prix très bas. Et puis c'est complètement en passe-roue sur l'inflation.
10:25 Donc on a eu toute l'augmentation de l'inflation ces deux dernières années, il n'y a aucun problème.
10:29 Ces entreprises ont pu passer les prix aux consommateurs final. Dans les déchets, les prix ne tombent jamais.
10:34 C'est presque 1, 2, 3 %. Il y a une sorte de high watermark. Et si les prix s'arrêtent, ça ne va pas retomber.
10:39 Et même s'il y a un ralentissement un petit peu économique, si on va prendre des poubelles et qu'il y a 10 % moins de volume, ça sera moins cher à transporter.
10:47 Donc il y a une sorte de conversion de cash qui est bonne. Et dans l'eau aussi, on a une capacité de pousser les prix, sachant qu'il y a plein de tarifs sociaux.
10:53 Donc il n'y a pas un prix de l'eau comme le pétrole, le gaz, l'électricité. Il y a des centaines de milliers de prix d'eau partout dans le monde
10:58 qui sont adaptés en fonction de la consommation de chacun et qui accompagnent l'économie.
11:02 Et d'ailleurs, cette stratégie, d'une certaine manière, peut être utilisée comme un edge ou une couverture contre l'augmentation des prix.
11:10 C'est ce que vous dites aussi, Jacques-François.
11:12 Oui, c'est ce que je dis parce que depuis la Deuxième Guerre mondiale, on a eu tout le développement American Dream.
11:17 C'était on va ouvrir les marchés et vous aurez plus pour moins cher.
11:20 Et là, on devient un peu sous contrainte.
11:23 Il faut faire plus avec moins.
11:25 C'est American Wake Up. Vous aurez un peu moins de choses pour plus cher.
11:28 Donc peut-être que la nouvelle norme, ce n'est pas 2% d'inflation, c'est 3.
11:32 Donc il faut se protéger parce qu'on essaie de dématérialiser sur un monde réel.
11:35 Le monde réel va nous rattraper.
11:37 Donc on a fait une étude. On regarde ce que font les entreprises à peu près dans le portefeuille.
11:41 Et si on avait 5000 euros, on peut avoir de l'eau et des déchets pour deux familles.
11:45 Donc on se protège en plus de notre facture. On sait qu'elle va augmenter.
11:48 C'est une sorte de hedge naturel.
11:50 Donc c'est une double diversification dans votre épargne.
11:53 Vous avez les mêmes types de risques-retour que de la tech en ayant des trucs complètement différents.
11:57 Et en plus, c'est une diversification pour vous hedger votre portefeuille.
12:00 Et en plus, en termes de l'EG, où tout le focus, c'est du CO2 qui est un by-product.
12:05 Mais les deux autres by-products de l'économie, c'est de l'eau usée et des déchets.
12:08 Merci beaucoup Bertrand pour cet entretien.
12:12 Alors autour de l'investissement thématique en général et du grand thème de l'eau et des déchets,
12:18 c'est une des stratégies que vous pilotez chez J.O. Ambrot.
12:20 Le fonds s'appelle Ragnan Sustainable Water and Waste.
12:23 Bertrand Lecour était l'invité du quart d'heure thématique de Smartbours ce soir,
12:27 gérant chez J.O. Ambrot sur vSmart.
12:30 [Musique]

Recommandations