Mardi 20 février 2024, SMART BOURSE reçoit Franck Sabbah (Responsable du développement des activités de gestion d’actifs, Berenberg)
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00:00 [Musique]
00:10 Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, chaque soir, c'est le dernier quart d'heure thématique,
00:14 c'est le dernier quart d'heure de Smart Bourse bien sûr.
00:16 Le thème ce soir c'est celui des small cap, des petites capitalisations européennes
00:21 et des opportunités 2024 qu'on peut trouver à travers ce segment de marché.
00:25 C'est Franck Sabat qui est à mes côtés pour en parler,
00:27 responsable du développement des activités de gestion d'actifs chez Berenberg.
00:30 Bonsoir et bienvenue Franck.
00:31 Bonsoir.
00:32 Merci d'être avec nous pour nous expliquer effectivement ce qu'il peut être
00:37 ou ce que peuvent être des opportunités en 2024 dans ce segment des petites et moyennes capitalisations boursières
00:42 au niveau européen, c'est ce que vous regardez comme univers.
00:45 Franck, sachant, et c'est pas un secret de polychinelle,
00:49 sachant que le sentiment a été très négatif jusqu'à présent vis-à-vis de cette classe d'actifs,
00:54 si je la considère comme une classe d'actifs,
00:56 peut-être jusqu'à la fin d'année 2023 où il s'est quand même passé des choses plus positives
01:03 en termes de price action, de prix de marché notamment.
01:06 Complètement, je pense qu'on a eu deux années compliquées.
01:10 Ça démarre en novembre 2021 et ça va jusqu'à octobre 2023
01:14 où sur les small caps Europe c'était pas le sujet, il y a eu deux pics là-dedans,
01:18 il y a eu le janvier 2022, la remontée des taux,
01:21 et là il y a eu une sanction assez brutale je dirais.
01:25 Et l'été dernier, de août, et puis ça a perduré jusqu'à octobre,
01:29 de nouveau, là c'était plutôt les taux réels et qui ont entraîné les small caps encore à la baisse.
01:35 Pourquoi ? Parce qu'il y a un peu cette idée globale de se dire
01:40 les taux remontent, les small caps sont endettés, on attend peut-être une récession,
01:44 donc elles vont souffrir.
01:46 C'est le cas pour pas mal de sociétés, c'est pas si simple en fait.
01:50 En gros en Europe il reste beaucoup, beaucoup, beaucoup de small caps,
01:54 en tout ces 6500 titres qui sont listés, la plupart c'est des petites sociétés,
01:58 et là-dedans c'est pas du tout homogène.
02:01 Donc l'idée c'est de se dire en fait restons concentrés sur les fondamentaux,
02:05 ce qui n'a pas fait le marché l'année dernière, ni l'année d'avant,
02:08 mais par contre, et on l'a vu en novembre et décembre exactement ce que vous disiez,
02:12 il y a eu un énorme rebond là, très rapide, et pour le moment pas trop de diversification,
02:17 mais on voit que ce sont des... - Ça a été un peu général comme rebond ?
02:20 - Complètement, c'est ça.
02:22 Pourquoi on se dit qu'aujourd'hui il y a une opportunité peut-être plus marquée ?
02:25 En gros si on regarde les small caps en Europe, sur 25 ans,
02:29 c'est le moteur de l'économie européenne.
02:32 Donc elles font mieux que ces large caps structurellement.
02:35 On a eu 2001, on a eu 2007-2008, 2022-2023 où elles ont souffert,
02:41 est-ce qu'elles peuvent souffrir encore ? Bien entendu,
02:44 il y a quand même eu un gros derating, une grosse baisse de valorisation,
02:48 et ces sociétés dans cet univers hyper large, il y a des sociétés qui restent hyper solides,
02:52 et honnêtement qui font un peu rêver.
02:55 - Des pépites, enfin ce qu'on appelle des pépites dans le jargon boursier, Franck.
03:01 Certes vous dites "elles pâtissent d'une mauvaise image",
03:04 et sans doute à raison, il y a du levier, il y a un aspect cyclique, etc.
03:09 Mais à côté de ça, il y a toujours de l'innovation, il y a toujours de la surperformance,
03:14 il y a toujours des histoires familiales aussi qu'on retrouve dans cet univers-là, etc.
03:18 Ces moteurs-là, ils n'ont pas craqué, enfin je veux dire,
03:21 les moteurs structurels de ces marchés, ils sont toujours là.
03:24 C'est une question qu'on peut se poser après deux ans quand même très compliqués,
03:27 comme vous dites Franck.
03:28 - C'est une bonne question. Mais en fait ce qu'il faut voir,
03:31 c'est qu'il y a des sociétés qui n'ont jamais été profitables,
03:34 qui ne le seront jamais, qui ont du levier,
03:36 qui vont se refinancer avec des taux à 4-5%, voire 8% en fonction de leur santé financière.
03:40 Celle-là, ça va être compliqué.
03:42 De l'autre côté, il y a des sociétés qui n'ont pas de dette,
03:45 on parle de zéro d'endettement, qui ont du free cash flow,
03:47 qui ont de la croissance au-delà de 10%, des retours sur capitaux au-delà de 15%.
03:51 Et donc ces sociétés-là, en gros, nous on s'attend à ce qu'elles continuent à performer,
03:56 à ce qu'elles continuent à délivrer.
03:58 Et effectivement, ces sociétés-là, on ne les trouve pas partout.
04:00 En gros, on va les trouver dans la tech, dans la santé,
04:03 et quand même dans l'industrie, cette industrie qui est neuve, parce qu'il y en a toujours.
04:07 Vous parliez juste avant des semis.
04:10 Oui, bien sûr.
04:11 Je vous donne un exemple.
04:13 Alors, on connaît tous les SML en Europe.
04:15 Dans la même logique, il y a Bézi qui a pris un rallye important.
04:18 Là, je reviens en Suisse, j'y étais encore ce matin.
04:22 Il y a une société qui s'appelle Comet, qui est à Berne, donc à la capitale.
04:26 Ça fait 80 ans qu'ils sont dans la technologie, dans l'innovation.
04:31 Aujourd'hui, la fabrication d'un semi-conducteur, c'est hyper complexe
04:35 et ça passe par énormément d'étapes.
04:37 Donc, on a les très connus, on en a parlé.
04:39 Puis, il y a cette société, eux, ils sont spécialisés dans la radiofréquence.
04:44 Alors, rien de musical là-dedans.
04:46 C'est vraiment un système assez complexe pour créer ces couches de semi-conducteurs.
04:52 Du fait de ce positionnement et de leur position dominante,
04:56 ils ont fait x2 en quelques années sur 7 activités dans leur business.
05:00 Et pourtant, est-ce que cette société-là a fait x2 en bourse ? Pas du tout.
05:06 Elle a souffert comme les autres.
05:08 Et c'est là où on se dit que ces sociétés-là, qui sont bien gérées,
05:11 où il y a de la qualité, aujourd'hui, Comet doit avoir un tiers de leur marché sur 7 activités.
05:17 Et ils sont en train d'étendre à l'étape d'avant.
05:20 Il y a l'étape qui permet de contrôler les radiofréquences
05:22 et puis il y a l'étape qui permet de générer les radiofréquences.
05:24 Et du coup, concrètement, on s'attend à ce qu'elles continuent à développer, à innover.
05:29 Cette société-là, personnellement, on se dit qu'il faut l'avoir.
05:32 Et donc ça va faire partie de la sélection.
05:34 Ce qui manque pour révéler la valeur de ce genre de pépites, c'est des flux, Franck.
05:39 Vous considérez qu'à un moment, oui, il faudra revenir
05:43 et que des grands allocataires vont même peut-être se dire
05:46 que c'est risqué de ne plus avoir de small cap dans une allocation ou dans un portefeuille global ?
05:52 C'est la question à mille points.
05:55 En tout cas, ce qui est clair, c'est que l'année dernière, c'était complètement driveé par quelques sociétés.
06:00 En Europe et encore plus marquées aux États-Unis.
06:04 C'est quand même difficile de se dire que sur les 3, 5, 10 prochaines années,
06:08 on va construire des portefeuilles avec 7 d'un côné et 5 de l'autre.
06:13 Nous, on pense que c'est assez sain d'amener cette diversification.
06:18 On revient sur les bases, mais le marché jusqu'à quasiment fin octobre
06:23 n'était pas du tout sur les fondamentaux.
06:26 Donc oui, on pense qu'il va y avoir de l'intérêt.
06:29 L'autre chose qui est une réalité, les taux sont de retour.
06:32 L'obligataire paye, avec ou sans risque, on l'a vu, ce n'est pas si simple.
06:36 Mais concrètement, la partie risquée du portefeuille, donc la partie action,
06:41 logiquement, on devrait aller chercher ce qui doit en bénéfice par action se générer plus.
06:47 Ces sociétés-là, elles ont des croissances à 10, 15 %.
06:52 Donc ça, on pense qu'à un moment, on va avoir ce retour, ce fly to quality,
06:56 retour sur ses fondamentaux.
06:58 Et donc ces sociétés comme Comet ou comme Emboo ou comme d'autres,
07:01 elles devraient bénéficier de ce mouvement.
07:03 Dès que les investisseurs globaux auront un peu plus de visibilité
07:08 sur ce qui va se passer, sur la conjoncture, les baisses de taux, les banques centrales, etc.,
07:13 là, ça réouvre la voie pour justement la diversification à travers d'autres actifs.
07:19 Oui, le driver, c'est les taux.
07:21 Une fois qu'on aura un peu plus de lecture sur ces taux,
07:24 et puis à priori, tout le monde s'attend.
07:26 Oui, une détente.
07:27 Effectivement, ça rebaisse.
07:29 Là, ces sociétés-là devraient un peu structurellement bénéficier de ce mouvement-là.
07:34 On l'a vu novembre-décembre de l'année dernière,
07:36 c'est des titres qu'on fait +25, +30 ou +40.
07:39 Oui, le rallye Small Cap fin d'année, oui, a été puissant.
07:42 On a vu des grosses variations.
07:44 Exactement, mais on n'a pas eu encore la différence pour la...
07:46 La discrimination.
07:47 Exactement, pour les bonnes performants.
07:50 Et la valeur.
07:51 Exactement, et l'ensemble du marché.
07:53 Et donc c'est là où on se dit qu'il y a énormément de sociétés en Europe
07:56 qui permettent de faire la différence, mais il ne faut pas prendre le tout.
08:01 Non, je comprends.
08:02 C'est stock picking, sélection de valeur,
08:04 et encore plus, j'ai envie de dire, dans un univers Small et Mid Cap,
08:08 effectivement, moins couvert d'ailleurs aujourd'hui par les analyses.
08:11 Il y a tous ces phénomènes structurels aussi qui peuvent expliquer.
08:14 Vous avez cité Comet en Suisse, et c'est bien, saluons l'industrie suisse.
08:17 La Suisse est un grand pays industriel, il faut le rappeler, évidemment.
08:21 C'est quoi une autre pépite pour vous aujourd'hui en Europe, Franck ?
08:26 En fait, on avait vu, sur les semis, on avait vu 2022 qui avait été compliqué jusqu'à début 2023,
08:31 et après ça s'était plutôt bien reparti avec l'intelligence artificielle.
08:36 Dans la santé, si on change un peu de secteur, il y a eu plutôt un décalage.
08:41 C'est-à-dire qu'eux, ils avaient bénéficié complètement du 2020-2021.
08:45 2022, c'était encore bien parce qu'il y avait des problèmes d'approvisionnement,
08:50 et donc il y avait eu trop de commandes.
08:52 2023, il y a eu la compensation vraiment.
08:55 Donc ces sociétés qui avaient peut-être survendu sont retrouvées en fait avec un effet de base.
09:00 Un contre-coût énorme.
09:01 Exactement, une correction sur ces ordres.
09:05 Si on prend un exemple hyper concret, je m'écarte un peu de la Suisse, même si c'est bien.
09:08 Ah ben non, mais oui, oui, oui.
09:09 Et on va au Danemark.
09:11 Il y a une société qui s'appelle Embu. Là, on est dans la santé.
09:15 C'est vraiment le cœur de la santé.
09:18 En gros, aujourd'hui, dans les opérations, il y a les endoscopes,
09:23 qui permettent d'aller analyser, avec un système de vidéo, ce qui se passe dans le corps humain.
09:29 Et il y a autant d'endoscopes que de spécialités médicales.
09:33 95, 95% du marché aujourd'hui, c'est des endoscopes qui sont réutilisables.
09:41 Donc je l'utilise sur un patient.
09:44 Nettoyer des infectés, etc. Bien sûr, stériliser.
09:47 En espérant qu'il marche encore, sans que je dois le renvoyer en révision.
09:50 Et puis je le réutilise.
09:52 Ça, ça marche.
09:54 Il y a quelques gros acteurs qui dominent ce marché-là.
09:57 Embu, eux, ils sont avec cette idée, depuis 2009, de dire "Nous, on va faire du usage unique".
10:03 C'est quoi l'idée ? C'est la même chose, même qualité, voire même peut-être améliorer la qualité de l'examen.
10:10 Par contre, on n'a plus ce problème de se dire "Tiens, il faut que je stérilise, il faut que j'ai un process,
10:16 il faut que j'ai du personnel qui s'occupe de l'étape d'après".
10:18 Et du coup, on réduit le risque d'infection lié à cet acte qui est assez invasif.
10:25 Donc Embu, ils ont commencé avec un modèle et puis progressivement, ils sont en train d'étendre ça à d'autres spécialités médicales.
10:34 Pourquoi on pense que ça marche ?
10:36 Parce qu'aujourd'hui, ces endoscopes single-use, c'est 5% du marché.
10:41 Et ça, ça réduit quand même le risque d'infection.
10:45 On l'avait vu dans le Covid, personne ne savait trop où c'était.
10:48 Et donc, on avait plutôt intérêt à prendre quelque chose qui n'allait pas être passé d'un patient à l'autre.
10:53 De manière structurelle, on pense que ce single-use, il est plutôt bénéfique et il va permettre d'amener de la simplicité dans le côté médical.
11:03 Embu, ils sont leaders là-dessus, ils sont pionniers là-dessus.
11:06 Et c'est pour ça que nous, on a tendance à les accompagner.
11:10 Maintenant, si on regarde ce qui s'est passé sur le titre, ça a été un massacre.
11:15 Est-ce qu'aujourd'hui, c'est tentant ? Oui, mais il y a 5 ans aussi, on trouvait que c'était tentant.
11:20 Donc l'idée, c'est très difficile peut-être sur les small caps Europe de se dire "tiens, je vais faire du market timing".
11:26 Aujourd'hui, on regarde les valeurs de façon globale, on est sur des points...
11:30 Ah oui, la croissance qualité est plus chère.
11:32 Oui, oui, oui.
11:33 Mais on reste sur des points bas sur les 10 ans, que ce soit en relatif ou en absolu.
11:37 Et concrètement, ces boîtes-là, que ce soit Embu, un Comet ou 100 autres sociétés qu'on peut trouver, elles font la différence.
11:46 Elles font la différence, elles sont leaders dans leur marché au niveau mondial.
11:49 Elles ont la capacité à innover, elles continuent à investir.
11:53 Et quand on regarde vraiment le bilan de ces sociétés, c'est hyper clean.
11:59 C'est un truc très asymétrique, vous dites effectivement qu'il faut quand même regarder.
12:04 Après, la question du timing et de la variation du sentiment du marché des investisseurs vis-à-vis des small caps, c'est une autre histoire.
12:10 Mais bon, il y a beaucoup d'opportunités dans ces marchés de small caps aujourd'hui.
12:16 Et on verra si 2024, on parlait de la Chine aussi dans l'émission, est-ce que 2024 sera le retour justement de ces segments de marché qui ont été délaissés, désertés même par les investisseurs ces derniers mois et ces derniers trimestres.
12:28 Merci beaucoup, Franck. Merci d'avoir été avec nous pour évoquer ces opportunités 2024 dans le monde des petites et moyennes capitalisations boursières en Europe.
12:35 Vous êtes responsable du développement des activités de gestion d'actifs chez Berenberg.
12:40 Merci.
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