Jeudi 3 octobre 2024, SMART BOURSE reçoit Franck Sabbah (Responsable du développement AM en Europe, Berenberg)
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00:00Le dernier quart d'heure de Smart Bourg, chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13C'est presque un double thème d'ailleurs ce soir, parce qu'on va parler des small
00:16caps, mais plus précisément encore des small caps suédoises.
00:20C'est un marché que Franck Sabat connaît bien, il est responsable du développement
00:22Europe, entre autres pour l'Asset Management de Berenberg.
00:26Bonsoir Franck.
00:27Bonsoir.
00:28Merci beaucoup.
00:29Commençons quand même par le marché suédois, qu'est-ce qui caractérise ce marché boursier
00:36à nos frontières ? Je dirais qu'il y a quelques caractéristiques
00:40sur le marché suédois.
00:41La première peut-être, c'est qu'elle est moins connue hors Suède, donc il y a un champ
00:47d'opportunités assez intéressant pour des gérants actifs dans les small caps.
00:51La deuxième, c'est que c'est un écosystème en Suède qui est fait pour amener beaucoup
00:56de sociétés en bourse.
00:58Concrètement, en Suède, on parle d'un pays où il y a 10 millions à peu près d'habitants,
01:02il y a autant de titres listés qu'en France, donc sur une économie qui est bien plus petite.
01:08Donc, c'est une économie qui est très tournée vers l'export et qui est très dynamique
01:14et très enclin à avoir des sociétés listées.
01:17On connaît les grandes, on connaît les Spotify, les Ericsson ou les Volvo, il y en a beaucoup
01:23dans l'univers des small caps, donc c'est plutôt un bon champ d'opportunités.
01:26Il y a une vraie culture boursière dans ce pays, que ce soit du point de vue des entreprises
01:31ou du point de vue peut-être des investisseurs aussi, j'en sais un, mais il y a une vraie
01:34culture marchande.
01:35Oui, on le voit.
01:36En fait, on parle de 800 à 900 titres listés.
01:39Si on compare la Suisse, un pays que j'aime beaucoup, taille à peu près équivalente
01:44en nombre de gens, là on parle de 250 titres.
01:47C'est dingue, je n'avais pas cet ordre de grandeur en tête.
01:52Du coup, il y a tout l'écosystème qui est lié à ça, les sociétés, les CEOs qui
01:56sont incitées à aller chercher des capitaux sur les marchés publics, et puis aussi un
02:01réseau de brokers, de couverture des titres qui est hyper établi, qui reste assez local.
02:07Il y a même des sociétés qui sont listées et qui ont des capitalisations assez élevées,
02:11où la documentation sera toujours en suédois, donc l'idée d'aller creuser un petit peu.
02:15Et il y a des caractéristiques en matière de gouvernance d'entreprise justement du
02:20fait de cette culture boursière suédoise ? Il y a des qualités qui ressortent naturellement
02:27de manière évidente pour ces entreprises suédoises ?
02:29Alors oui, on aimerait bien dire oui en général et c'est le cas.
02:31Après, il faut quand même aller vraiment faire ce travail de sélection.
02:34Je pense qu'on retrouve ce côté où ils sont quand même très dans la logique de développer
02:40beaucoup l'activité pour être prêts à attaquer le côté international.
02:43Ils savent que leur marché est trop petit ?
02:46Il y a des limites.
02:47Et que le besoin de devenir international est un besoin qui vient assez vite dans la
02:51construction d'un plan d'affaires ?
02:54Exactement.
02:55Donc, si on se retrouve dans les secteurs de la santé ou de la tech, là, ils savent
02:58qu'ils ont besoin d'aller à l'extérieur et à l'international.
03:03Après, on retrouve aussi, de façon assez surprenante, des acteurs uniquement locaux
03:08et très forts.
03:09Donc, il y a vraiment cette culture de l'entreprenariat et l'écosystème qui permet, je pense qu'on
03:15a souvent ces sujets en France, de dire voilà, on peut faire des levées, mais à un moment,
03:19il y a une limite.
03:20Là, il y a vraiment cette possibilité d'aller sur les marchés.
03:23Jusqu'à l'échelle mondiale.
03:24Exactement.
03:25Spotify, vous l'avez cité, est un exemple parfait.
03:27Alors, Ericsson, il y a eu la grandeur.
03:29Non, mais à chaque fois, ça a été des boîtes leaders dans leur domaine.
03:33Angry Birds aussi, je crois que c'est eux, dans les jeux vidéo, c'est ça ?
03:37Oui, beaucoup de jeux vidéo.
03:38C'est ça.
03:39Il y a un écosystème aussi.
03:40Ils ont eu des belles années.
03:41Oui, Angry Birds, je crois que ça a peut-être un peu passé, mais ça a très bien fonctionné.
03:46Prenons des exemples.
03:47Parlons de Mnet qui est une plateforme immobilière, c'est ça, sur le marché suédois ?
03:55Exactement.
03:56Pour le coup, on est là, on est dans un acteur 100% local.
03:59Mnet, c'est assez simple.
04:01C'est les annonces immobilières.
04:03C'est vraiment acheteurs, vendeurs de biens immobiliers.
04:07Le seloger suédois, quoi.
04:08Entre le seloger et le Boncoin.
04:11La différence, c'est qu'ils ont 90% du marché pour la Suisse, mais ils ont quasiment
04:21la totalité du marché des petites annonces.
04:23En fait, c'est devenu un acteur incontournable.
04:25Donc, à partir du moment où il y a un vendeur, il doit publier sur ce site.
04:30S'il n'est pas sur site, il ne vendra pas.
04:33Ça va être plus compliqué.
04:34En sachant qu'en Suède, ils ont une spécificité, c'est qu'il faut forcément qu'il y ait
04:37un agent immobilier dans la boucle.
04:40D'accord ?
04:41D'accord.
04:42Oui.
04:43Ça, c'est leur spécificité.
04:44Mnet, les agents immobiliers, les vendeurs et les acheteurs ont tout intérêt à travailler
04:48sur cette plateforme.
04:49Au fil des années, ils ont construit cette position complètement dominante.
04:55Aujourd'hui, ils sont clairement en place et ils ont la capacité d'ajuster leur pricing
05:02de façon hyper forte, concrètement.
05:06L'étape de croissance avant, c'était vraiment de devenir cet acteur dominant, voire quasiment
05:14de monopole.
05:15L'étape aujourd'hui, c'est de leverager sur cette situation et de pouvoir offrir des
05:20packages basiques, premiums, super premiums.
05:23Effectivement, les gens sont prêts à payer ce premium.
05:26Donc, en termes de marge, c'est assez incroyable.
05:28Et là, c'est quel type de niveau de croissance, désormais, dans cette phase-là, aujourd'hui
05:33pour Mnet ?
05:34On est sur des croissances.
05:36Il reste quelques petits acteurs, donc il y a toujours de la consolidation, ça reste
05:39marginal.
05:40On est sur des croissances au-delà de 15%.
05:42D'accord.
05:43Et ça se paye comme une valeur de croissance ?
05:45Et ça se paye, oui.
05:46Les fiches sont assez hautes.
05:47Et en même temps, on le voit sur les deux à trois dernières années, ils ont vraiment
05:54mis en place cette nouvelle politique de pricing et les gens sont prêts à payer.
05:59En fait, par rapport à la valeur du bien, ça reste totalement marginal.
06:04Et forcément, ils sont enclins à accélérer leur transaction.
06:09Et ce site Mnet va vraiment permettre d'optimiser la transaction.
06:15L'autre entreprise, alors l'autre cas intéressant sur le marché suédois, c'est Mips.
06:20Alors là, il y a une entreprise qui s'est quand même internationalisée.
06:23C'est une entreprise mondiale, aujourd'hui.
06:25Et donc, je recommande à tout le monde de regarder sur les casques de vélo, notamment,
06:29vous verrez le petit œillet jaune.
06:32Mips qui signale justement que le casque de vélo a été fabriqué par Mips ou plus
06:39précisément la membrane intérieure.
06:41C'est ça, je crois.
06:42C'est là où ils ont été très majeurs.
06:43C'est un équipementier des casques.
06:44En fait, le producteur de casques va fabriquer l'entièreté.
06:48Donc, Mips, ça fait 30 ans, une équipe d'ingénieurs qui ont développé un amortisseur.
06:54Donc, l'idée au départ, c'est effectivement le vélo.
06:57Et l'idée, alors on ne le souhaite à personne, mais en cas de chute, ce n'est pas une chute
07:01latérale.
07:03Donc là, l'idée, c'est d'avoir un amortisseur qui réduit le risque d'avoir un mauvais choc.
07:06La tête bouge moins, c'est ça, pour dire les choses simplement.
07:09On est vraiment dans cette logique de limiter l'impact sur le cerveau.
07:13La boîte crânienne et le cerveau à l'intérieur, bien sûr.
07:15Ils ont développé ça au fil des années, renforcé cette technologie.
07:19Et en fait, leur business model, vraiment, plutôt que de se positionner comme fabricant
07:24de casques, ils ont été mettre en place des partenariats avec tous les fabricants,
07:29avec tous les Scotts, les Giro, les Specialized, autant que possible, dans l'idée de mettre
07:35en place cette sécurité supplémentaire.
07:39Et donc, ils ont un positionnement qui est unique, ils sont les seuls à pouvoir offrir
07:45ça.
07:46Ils ont effectivement d'un point de vue, je dirais, image.
07:49C'est idéal parce qu'en fait, le producteur qui va intégrer cet amortisseur dans le casque
07:55doit coller la pastille.
07:57Donc, il y a une publicité.
07:59Intel Inside, c'est le même truc que Intel Inside sur tous les PC.
08:03C'est ça.
08:04C'est très malin.
08:05Et après, ils ont… Et même si on reste sur le vélo, le Tour de France, il y a peut-être
08:115 ans, on en voyait très peu de ces petites pastilles jaunes.
08:14Là, sur les récents tours, il y en a énormément.
08:17Donc, ils ont vraiment… C'est assez logique.
08:19Et après, ils ont un business model qui est hyper simple.
08:23En fait, eux, ils vont vendre ça peut-être entre 5 et 10 dollars au fabricant.
08:27Là-dessus, ils ont une marge de 50 %. Et le fabricant, sur son casque, va rajouter
08:31un premium de gros 15 à 20 dollars, donc encore 50 % de marge.
08:35Donc, c'est presque un alignement parfait en sachant que l'utilisateur final, moi,
08:41je vois même à titre personnel, demain, j'achète un casque, on est dans des objets
08:46qui sont quand même assez coûteux, on est prêt à rajouter ce premium pour le côté
08:50sécurité.
08:51Et c'est là où MIPS, je pense, a été très malin depuis le départ.
08:55Et eux, ils sont vraiment dans le cadre de l'entreprise suédoise qui est développée
09:00à l'international.
09:01Aujourd'hui, la moitié des ventes sur les casques vélos, c'est aux Etats-Unis.
09:05Donc, il y a encore une grosse partie qui peut être développée en Europe.
09:09Et si on regarde sur la partie développement, en fait, ils ont commencé avec les vélos
09:13de route, les TT, les BMX.
09:17Toute la gamme, bien sûr.
09:19Et après, ils ont continué dans le sport avec les casques de ski.
09:24Oui, bien sûr.
09:25Là, même aujourd'hui.
09:26Bien sûr.
09:27En 10 ans, sur les stations, globalement, les gens s'équipent.
09:30S'ils l'ont fait au bon moment, enfin, parce que pour avoir skié depuis longtemps
09:35sans casque, j'ai vu l'avènement du casque sur les pistes de ski.
09:40Alors, il y a eu le moment Schumacher, comme je l'appelle, non, mais ça a sans doute
09:44joué.
09:45Aujourd'hui, plus personne n'irait skier sans casque, enfant comme adulte, j'ai envie
09:51de dire.
09:52Alors, les enfants, je pense que…
09:53Les enfants, je crois qu'il n'y a plus de doute là-dessus, mais s'ils sont arrivés
09:55à ce moment-là sur ce marché, effectivement, ça a dû être…
09:58C'est vraiment, ils étaient au bon moment et après, et c'est la même logique, le
10:02ski reste un loisir de luxe.
10:04Et du coup, ceux qui vont s'équiper en casque sont prêts à payer sous 15 de plus pour avoir
10:10une meilleure protection.
10:11Donc ça, ça a été un deuxième axe très fort et ils sont en train de développer la
10:15suite, donc les casques de moto, les casques de chantier et en fait, tant qu'il y aura
10:22des opportunités dans ce milieu de la protection, ils ont la capacité à continuer à croître.
10:29Intéressant, sur MIPS, on avait quand même eu une période où 2020-2021, mobilité douce,
10:37énorme traction et donc là, ils ont eu un rallye très, très marqué.
10:422022-2023, il y a eu vraiment, et surtout 2023, l'ajustement des stocks, l'ajustement
10:48du post-Covid.
10:49Donc là, le titre a souffert, la société a continué à performer et là 2024, ça
10:56repart, il y a vraiment cet effet de base et donc on repart sur des bases assez saines.
11:01MIPS et Mnet, deux pépites de la cote small cap suédoise.
11:06Merci beaucoup Franck d'être venu nous parler de la Suède.
11:08Franck Saba, responsable du développement Europe de l'Asset Management de Berenberg
11:12était avec nous l'invité de ce quart d'heure thématique ce soir.