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Lundi 30 septembre 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain)

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00:00Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, chaque lundi à 17h45, c'est le quart d'heure américain.
00:09Nous retrouvons notre correspondant américain, Pierre-Yves Duguay, en visioconférence avec nous.
00:13Bonjour et bienvenue, Pierre-Yves.
00:15Dans la partie précédente, on a terminé sur le débat budgétaire français,
00:20mais faisons le débat budgétaire américain à un mois de l'élection présidentielle désormais.
00:26Est-ce que c'est un débat, d'ailleurs, dans cette campagne, Pierre-Yves ?
00:30C'est ça le problème, c'est qu'en France, au moins, on a posé la question en faute d'avoir trouvé les termes d'une réponse.
00:38Aux États-Unis, les problèmes sont les mêmes, d'ailleurs en termes de pourcentage aussi,
00:43mais personne n'en parle parce que le dollar n'est pas dans la zone euro.
00:48Il n'y a aucune espèce d'urgence et certainement pas une urgence électorale
00:54puisque ni Donald Trump ni Kamala Harris ne veulent parler de ce qui fâche.
00:59Je suis d'ailleurs frappé de la médiocrité de cette campagne
01:03et encore plus frappé par le fait que la plupart de mes confrères trouvent que c'est formidable
01:10et qu'on a une campagne à rebondissement.
01:14Juste un petit pas en arrière sur le niveau des rendements, des obligations du Trésor américain à 10 ans.
01:25On est aujourd'hui un peu plus haut que le 18 septembre, un peu plus haut que le jour de l'annonce de la Fed.
01:31On est à 3,77, alors qu'en France, on est à 2,92.
01:37Je ne voudrais pas jouer les Thomas Piketty,
01:40mais les Etats-Unis payent beaucoup plus cher que la France et beaucoup plus cher que l'Espagne et le Portugal pour se financer à 10 ans.
01:47Je pensais qu'on pouvait quand même le signaler.
01:49Je pense qu'il y a pas mal d'investisseurs en France qui ne sont pas forcément professionnels,
01:55qui peut-être ont évacué cette réalité dès aujourd'hui et de plus en plus depuis trois semaines.
02:02Les Etats-Unis, à long terme, sur les rendements à 10 ans, doivent payer un petit peu plus.
02:07Et on ne me retirera pas de l'idée que parmi les facteurs qui peuvent influer sur les rendements du T-Bond à 10 ans,
02:15il y a le fait que Kamala Harris probablement va remporter l'élection et qu'elle va se retrouver face à un congrès qui ne sera pas démocrate,
02:24probablement un Sénat qui sera étroitement contrôlé par le Parti républicain,
02:29une Chambre démocrate, étroitement démocrate et que c'est la recette pour qu'une fois de plus,
02:34on ne s'attaque pas au fond du problème du déficit et de l'endettement catastrophique des Etats-Unis parce que ça fâcherait les électeurs.
02:45Donald Trump veut baisser les impôts, il ne parle pas du déficit et il ne veut pas toucher aux dépenses sociales.
02:50Kamala Harris veut augmenter les dépenses publiques à la manière de Joe Biden ou non de la politique industrielle.
02:58Et tous ces discours sont des discours qui ont une portée sur le contenu émotionnel de la campagne,
03:05mais qui dans la réalité des chiffres sont complètement à côté de la plaque.
03:10Quand je pense que Kamala Harris a produit un livre qu'elle a l'audace d'appeler « Policy Book », un livre de 82 pages,
03:17où aucune de ses propositions, aucun de ses cadeaux fiscaux n'est chiffré.
03:21On ne chiffre plus rien. On marche sur la « vibe ». Je n'invente rien. C'est une campagne de « vibe » de Kamala Harris.
03:29Quant à Donald Trump, c'est n'importe quoi. On peut, si vous en avez l'intérêt, faire la liste des cadeaux fiscaux que Donald Trump propose
03:40alors que le déficit budgétaire fédéral est autour de 6 à 7 % du PIB.
03:46Donald Trump propose d'abord de prolonger, de reconduire plus exactement les réductions d'impôts qu'il avait fait voter en 2017.
03:54Ça va nous coûter 4 300 milliards de dollars sur 10 ans. Ensuite, il veut créer un nouveau crédit d'impôt pour les familles à enfants.
04:03Rajoutez-moi 3 000 milliards. Ensuite, alors là, on est dans l'électoralisme pur, il veut cesser de taxer les arts supplémentaires.
04:13Encore un cadeau de 1 500 milliards de dollars. Il veut cesser de taxer les pensions de Social Security, qui est le régime général de retraite
04:22que tous les Américains ont droit. Rajoutez 1 200 milliards de dollars. Il veut réduire encore les impôts des entreprises.
04:29Allez, un petit cadeau de 600. Et il veut également éliminer – c'est extraordinaire – la taxation des pourboires.
04:39C'est très important, ça, les pourboires, surtout quand on travaille dans la restauration. C'est estimé à peu près à 100 milliards de dollars sur 10 ans.
04:47Tous ces chiffres que je vous cite sont les estimations de la Tax Foundation, qui n'est pas exactement une émanation de la quatrième internationale trotskiste.
04:57Et pourtant, et pourtant, personne ne les conteste. Et pourtant, la campagne continue. Et on dirait en anglais « We're whistling to the graveyard ».
05:06Nous, nous avançons inéluctablement vers le cimetière en s'y flottant.
05:10– Oui, on va dans le mur, quoi. Non mais c'est bien, parce que vous avez encore cette capacité à être surpris par la démagogie
05:17d'une campagne présidentielle américaine, Pierre-Yves. – Non, non, malheureusement, je ne suis pas surpris.
05:24Je suis surpris que ma corporation de journalistes fasse semblant d'y croire. C'est ça qui me surprend et c'est ça qui me déçoit.
05:32Et qu'à part quelques publications trop rares, personne ne force ses candidats à dire la vérité aux électeurs
05:40et surtout pas la presse de l'establishment qui, à fond, joue la carte de Kamala Harris.
05:46– Ça veut dire, pour conclure sur le sujet budgétaire, mais on va se retrouver dans une situation où on va à nouveau aller
05:53de risque de shutdown en risque de shutdown, de relèvement du plafond de la dette en relèvement du plafond de la dette.
05:58Enfin, on va repartir dans des séquences dont on a l'habitude, mais qui vont se retrouver là devant nous encore,
06:04quel que soit le prochain locataire de la Maison-Blanche. – Ça n'est pas invraisemblable.
06:09Ça dépend tout de même de la manière dont Donald Trump pourrait être battu, s'il est battu.
06:17S'il est clairement battu, les Républicains ont des questions à se poser sur l'avenir de leur parti.
06:23Veulent-ils redevenir un parti républicain conservateur qui prônerait une certaine orthodoxie fiscale
06:29ou veulent-ils continuer à être un parti nationaliste et un parti populiste qui ignore la réalité des chiffres ?
06:36Si les Républicains peuvent se décider d'un côté ou de l'autre, à ce moment-là, on verra si un éventuel compromis est possible,
06:41mais si vous croyez le New York Times et le Washington Post et CNN et toute la bande,
06:47Kamala Harris est une centriste qui voudra faire des compromis. Voilà, j'ai des doutes.
06:52– On fait rouler la canette le long de la route côté budgétaire, en revanche, sur le sujet de l'immigration,
06:58là, il y a visiblement des positions et des postures de part et d'autre, Pierre-Yves.
07:03– Oui, ce que vous dites est parfaitement exact, mais à l'image du non-débat sur le budget,
07:11nous avons un vrai débat sur l'immigration, mais dans les deux cas, chaque parti est dans un déni de réalité.
07:18Déni complet de réalité, d'abord pendant trois ans de l'administration Biden-Harris,
07:25qui nous ont expliqué qu'il n'y avait pas vraiment de problème d'immigration.
07:29Et puis, depuis un an, il s'aperçoit que, quand même, ça fait désordre parce que les chiffres des sans-papiers
07:37qui sont interceptés, effectivement, par la police des frontières sont tellement supérieurs à la norme historique
07:42qu'on est obligé d'admettre qu'il y a un problème, ces chiffres sont absolument invraisemblables,
07:49je les cherche désespérément dans mes notes, les voilà, plus de 10 millions d'interceptions depuis trois ans et demi,
07:5510 millions de migrants, on les appelle migrants parce que c'est plus correct que de dire immigrants,
08:02plus de 10 millions ont été arrêtés à la frontière, ce qui veut dire qu'il y en a bien plus qui sont passés
08:09sans qu'on les arrête. Sous la mandature de Donald Trump, le chiffre était de 3 millions.
08:19Donc, que fait Kamala Harris quand elle voit que c'est un problème qui préoccupe vraiment l'Américain moyen maintenant ?
08:26Elle dit « Ah, mais c'est la faute de Donald Trump ». Ça me rappelle ce ministre de l'Économie et des Finances
08:31qui est resté en poste de 2017 à 2024 et qui n'a rien à voir, et qui n'est en rien responsable des finances publiques
08:39et de leur détérioration. Kamala Harris n'est pour rien dans le problème de l'immigration aux États-Unis.
08:44C'est toute la faute de Donald Trump qui, c'est vrai, a refusé en février le vote au Congrès d'un compromis bipartite
08:52qui aurait pu, on va dire, corriger un petit peu cette politique d'ouverture de facto des frontières à n'importe qui
09:00qui rentre sur le territoire américain, qui demande l'asile et qui ensuite est relâché sur le territoire américain
09:06avec un numéro et une date pour comparaître devant un juge pour l'asile politique, alors qu'on sait très bien que
09:11des mois plus tard, il aura disparu dans l'économie américaine et qu'on ne le retrouvera jamais.
09:18L'essentiel des choses qui auraient pu être faites par ce compromis sur l'immigration que Donald Trump a refusé, c'est vrai,
09:25en fait, elles auraient pu être faites par décret par Joe Biden, mais Joe Biden ne voulait pas se mettre à dos la gauche de son parti
09:33et il a donc tourné le dos à cette solution pour, en fait, forcer les républicains à faire un compromis, républicains qui étaient prêts à le faire
09:41et qui, finalement, ont eu peur de Donald Trump et ont fait marche arrière. On est dans le billard à trois bandes de la politique politicienne
09:48et dans le refus systématique de résoudre un problème qui est un véritable problème pour la souveraineté américaine maintenant.
09:55Bon, billard à trois bandes, effectivement, et c'est ces débats qui sont un peu pris en otage par le jeu politique à Washington,
10:01c'est ce qu'on comprend sur l'immigration notamment. Merci beaucoup Pierre-Yves Dugas avec nous.
10:06Chaque lundi, pour ce quart d'heure américain, dans le dernier quart d'heure de Smartbourse, c'est à 17h45.
10:11Si vous nous suivez en direct, évidemment, vous retrouvez ce quart d'heure américain comme toutes nos émissions en replay sur bsmart.fr
10:17ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.

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