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Lundi 9 octobre 2023, SMART BOURSE reçoit Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain)

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00:00 Chaque lundi à 17h45 en direct et en replay bien sûr sur bismarck.fr, c'est notre quart d'heure
00:10 américain et nous retrouvons donc Pierre-Yves Dugas, notre correspondant américain en
00:14 visioconférence avec nous. Bonjour et bienvenue Pierre-Yves, ravi de vous retrouver comme chaque
00:18 début de semaine pour faire le point sur l'actualité américaine. Parmi les 8 ou 9
00:24 millions de jobs à pourvoir aux Etats-Unis, il y en a un qu'il serait bien de pourvoir cette
00:30 semaine, c'est le poste de Speaker de la Chambre des représentants Pierre-Yves. Effectivement,
00:36 vous savez vous pourriez briguer ce poste moi aussi d'ailleurs parce qu'il n'est pas nécessaire
00:40 d'être un élu de la Chambre des représentants pour se faire énir par les élus de la Chambre
00:45 aux représentants comme leur Speaker. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle certains
00:49 ont proposé le job à Donald Trump, a priori ce n'est pas assez bien pour lui. Avec un peu de
00:55 chance, toute la congrégation des élus républicains, ce qu'on appelle la conférence républicaine,
01:01 va se décider et commencer à voter sur la sélection de ce qui sera leur Speaker puisque
01:09 les républicains ont une courte majorité à la Chambre des représentants. Ce vote pourrait
01:13 intervenir mercredi. On se souvient que l'hiver dernier, il a fallu 15 tours, 15 votes successifs
01:23 pour que finalement Kevin McCarthy soit sélectionné. On verra combien de tours il faut pour
01:28 sélectionner le prochain Speaker. Ce n'est pas du tout un poste honorifique, c'est un poste
01:34 fondamental parce que sans Speaker, la Chambre ne peut rien faire. Elle ne peut pas voter sur
01:42 des législations, tout le travail des commissions est sérieusement bloqué. Donc il faut absolument
01:47 que cette vacance soit comblée. On a deux candidats qui, a priori, sortent du lot et qui vont tenter
01:59 de combler les grandes failles qui divisent la conférence républicaine. Les républicains,
02:07 ils comptent 221 élus à la Chambre et ils sont divisés. Il y a d'abord une vingtaine de trumpistes
02:18 sur la droite et il y a encore quelques centristes et le reste, c'est essentiellement des conservateurs,
02:25 disons. Mais il y a au moins trois sujets sur lesquels la conférence se déchire,
02:29 qui compliquent terriblement le job de la sélection du Speaker et qui vont en plus compliquer
02:36 l'accomplissement de sa mission dès le début, puisque je vous rappelle que le gouvernement
02:41 américain ne fonctionne aujourd'hui que sur une base de financement budgétaire temporaire
02:46 qui va expirer le 17 novembre. Première faille, l'Ukraine. Plus de la moitié de la conférence
02:55 républicaine à la Chambre a voté contre l'aide supplémentaire à l'Ukraine. Deuxième source
03:02 de désaccords, que faut-il faire sur l'immigration ? Faut-il des mesures drastiquement plus sévères
03:09 pour arrêter cet afflux constant d'immigrants à la frontière mexicaine ? Et puis, il y a la
03:17 question fondamentale du shutdown qui a fait tomber Kevin McCarthy la semaine dernière et qui n'a
03:23 absolument pas été résolue. Les deux candidats qui pour le moment se distinguent, l'un d'entre eux,
03:29 croisons les doigts, espérons que ce soit lui, parce que c'est le moins déraisonnable de la
03:34 bande, je le dis en prenant parti, c'est M. Steve Scalise qui a 58 ans, qui est un élu de Louisiane,
03:44 qui était numéro 2, qui ne s'entendait pas très très bien d'ailleurs avec Kevin McCarthy,
03:48 mais qui a quand même des amis un peu partout dans la conférence, y compris parmi les élus
03:53 républicains, qui ne partagent pas nécessairement toutes ses opinions. M. Scalise est favorable
03:59 à l'aide à l'Ukraine et ses positions en matière de réduction urgente et imminente des dépenses
04:05 publiques pour éviter un shutdown sont moins radicales que celles de l'autre candidat,
04:10 Jim Jordan, élu de l'OIO, qui lui a été officiellement adoubé par Donald Trump et qui
04:18 se présente comme quelqu'un de beaucoup plus dur et de beaucoup plus populiste. Il est contre
04:22 toute aide à l'Ukraine et il insiste pour changer les termes de l'accord qui avait été négocié au
04:30 mois de mai entre le président Biden et Kevin McCarthy pour geler les dépenses domestiques.
04:34 Ça veut dire que, enfin, je sais pas, on verra ce qui se passe, mais une fois le nouveau
04:43 Speaker élu, Pierre-Yves, le risque d'un shutdown à partir du 17 novembre restera un risque bien réel ?
04:54 Je crois qu'il a augmenté, certainement, par rapport à ce dont nous parlions ensemble il y a
05:00 une dizaine de jours, parce que ce nouveau Speaker, par définition, va faire face au même type de
05:07 problème que son prédécesseur. Cette insistance pour que la courte majorité républicaine à la
05:17 Chambre des représentants obtienne des concessions supplémentaires de l'administration Biden pour
05:22 limiter l'augmentation des dépenses publiques. Il y a un autre élément qui intervient là-dedans
05:29 pour compliquer les choses, c'est celui de ce boulet que s'était attaché lui-même à son
05:35 propre pied, Kevin McCarthy, afin de se faire élire Speaker en janvier. C'était celui de dire
05:41 il suffira qu'un seul membre de la conférence républicaine ne soit pas d'accord avec moi pour
05:47 lancer un vote de défiance. Cette règle peut être changée et beaucoup, beaucoup d'élus républicains
05:54 souhaitent qu'elle change de manière à ramener une certaine stabilité à la conférence républicaine
05:58 et à faire en sorte que les républicains, bien que leur majorité soit courte, puissent parvenir
06:03 à faire passer des lois même si ces dernières ensuite ne sont pas adoptées par le Sénat. Si on
06:09 continue avec la dictature de l'ultra minorité trumpiste, les républicains vont totalement se
06:14 déconsidérer vis-à-vis de l'opinion. Bon et puis pour ceux qui n'ont pas reçu le mémo encore,
06:20 Pierre-Yves, l'argent gratuit c'est vraiment terminé. Il n'y a pas pire crack uber market
06:27 obligataire ou crack obligataire dans l'histoire que celui qu'on connaît depuis le début des années
06:33 2020. C'est absolument hallucinant. Moi, comme vous, Grégoire, je suis ça tous les jours mais
06:39 il y a un certain nombre de comparaisons qu'on peut faire avec des cracks soit obligataires
06:45 passés soit avec des cracks frappant les marchés d'action. Ces comparaisons, je ne veux pas dire
06:51 de bêtises donc je m'en remets à mes notes, nous sommes aujourd'hui en gros à une situation où
06:58 depuis mars 2020, mars 2020 c'est fondamental dans l'histoire monétaire, quand la réserve fédérale
07:09 a arrêté le "quantity leasing", -46% pour le T-bond à 10 ans. -46% et pour prendre un élément
07:21 de comparaison plus simple, le dernier relèvement des Fed Funds par la Banque centrale américaine,
07:28 c'est fin juillet. Depuis, les Fed Funds n'ont pas bougé. Depuis fin juillet, le rendement du
07:35 T-bond à 10 ans est passé de 3,8 à 4,8. On a pris 100 points en deux mois et demi. Qu'est-ce que
07:42 ça veut dire ? Alors, on en parlait à l'instant avec vos invités, ce fameux "term premium". On
07:48 est en train de redécouvrir le fonctionnement normal du marché obligataire, maintenant que
07:51 la réserve fédérale n'est plus là pour avaler systématiquement une grosse tranche des émissions
07:55 du Trésor et le Trésor qui continue de se comporter comme si l'assouplissement quantitatif
08:00 perdurait. Aucune leçon n'a été tirée par le Trésor américain et par l'administration Biden de
08:06 la disparition de l'assouplissement quantitatif, d'où l'explosion du déficit budgétaire qui
08:10 tombe aujourd'hui à 6% du PIB. Le gouvernement américain, si on mesure son intervention en
08:17 termes de volume de dépenses, je reprends l'expression de Kevin March, les dépenses ont
08:22 augmenté de 43% en quatre ans. Donc, ce krach obligataire, il est deux fois plus violent que
08:29 l'avait été le krach obligataire délibérément déclenché par Paul Volcker en 80-81 pour casser
08:36 les reins de l'inflation. Et ces 46% de détérioration de la valeur principale sur le marché du T-Bond
08:45 à 10 ans est à comparer au plongeon des dot-coms qui était de 49% pour les actions ou encore à
08:53 l'effondrement de 57% des actions en 2008. C'est un effondrement massif. Alors, replaçons ça dans
09:00 le contexte qui aujourd'hui est celui de l'explosion de dépenses publiques et de l'envolée de la dette.
09:05 La dette publique américaine, c'est 33 000 milliards de dollars. 33 000 milliards de dollars
09:11 qui aujourd'hui, en moyenne, se refinancent à un taux de 2,9%. Si les taux d'intérêt à long terme
09:19 continuent d'augmenter, vous voyez un petit peu le carnage comptable pour les dépenses publiques
09:25 américaines. Je vous le rappelais la semaine dernière, la charge de la dette américaine
09:32 fédérale est déjà pratiquement l'équivalent des dépenses militaires. On s'approche de 700 milliards
09:38 de dollars. Si ce 2,9% de taux de refinancement moyen du stock de dette augmente d'un pour cent,
09:45 c'est 2 500 milliards de dollars de plus à trouver pendant dix ans. Je ne gère pas une agence de
09:54 notation, mais vous avez compris qu'il me paraît assez logique que quand on prête de l'argent à un
10:01 gouvernement qui, comme le gouvernement fédéral américain, est menacé par le shutdown, voire
10:07 par des crises de nerfs qui nous fait craindre un défaut, et qu'on décide de lui prêter de l'argent
10:14 à 10-30 ans, on puisse exiger qu'on soit rémunéré plus qu'on ne l'est aujourd'hui pour le 3 mois,
10:22 parce qu'à 3 mois, on est toujours à 5,50. Donc on ne peut sortir de cette configuration
10:28 d'inversement de la courbe des taux que par une grosse, grosse augmentation des rendements
10:34 obligataires pour les taux longs, et voir si vraiment l'inflation est vaincue à une baisse
10:40 des taux courts. Mais la marge d'ajustement et clairement le risque est clairement pour une
10:46 poursuite du relèvement des taux longs. Il y a une vraie question aujourd'hui sur l'équilibre
10:49 entre l'offre, les émissions de Treasuries de la part du Trésor américain et la demande finale,
10:55 d'autant qu'un certain nombre d'acheteurs historiques, les japonais, les chinois, les
11:00 saoudiens ont déjà changé de stratégie vis-à-vis des Treasuries et du dollar depuis quelques temps.
11:07 Merci beaucoup Pierre-Yves, merci pour votre quart d'heure quotidien de résumé de l'actualité
11:13 américaine, ce quart d'heure américain avec Pierre-Yves Dugas, chaque lundi à 17h45 en
11:18 direct dans Smartbourse, et à retrouver bien sûr en replay sur bsmart.fr.
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