Jeudi 6 juin 2024, SMART BOURSE reçoit Jean-Pierre Petit (Président, Cahiers Verts de l'Économie)
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00:00 *Musique*
00:10 Le dernier quart d'heure de Smartboard chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Le thème ce soir, j'ai repris ce mot anglo-saxon qui entre dans le vocabulaire de 2024,
00:19 "Gen Sanity", c'est la folie autour de Jensen Huang, le fondateur de Nvidia.
00:25 On voit que Nvidia est devenu évidemment l'emblème de cette technologie dopée à l'IA qui bat des records chaque jour.
00:33 C'est le cas encore aujourd'hui, on en parle avec vous Jean-Pierre Petit à mes côtés en plateau, président des Cahiers Verts de l'économie.
00:37 Bonjour Jean-Pierre.
00:38 Bonjour Gaillard.
00:39 Il y a la conversation permanente autour des politiques monétaires, c'est un driver important pour les marchés,
00:43 mais il y a aussi tout ce qui se passe autour de la tech et de l'IA. Nvidia, je le disais, bat des records chaque jour.
00:49 Comment vous regardez ce secteur de la tech, cet engouement autour de l'IA après 12-18 mois bien tassés de folie ?
00:59 Est-ce que c'est déjà trop vertigineux pour quelqu'un qui essaye de réfléchir un peu froidement, cliniquement au sujet ?
01:05 Ou est-ce qu'on peut encore rester constructif en rationalisant encore un peu ce qui se passe,
01:10 notamment en termes de dynamique boursière et de création de valeur ?
01:12 Je pense que Nvidia, de ce point de vue-là, restera un exemple rare, peut-être unique dans l'histoire.
01:17 Je prends la deuxième option. Les choses sont très claires. Nous, on surpondait la tech encore.
01:22 On avait arrêté au début de février jusqu'au début du mois de mai.
01:26 On n'a pas eu tort parce que la tech, à ce moment-là, a même un petit peu sous-performé le SP500.
01:31 Ça faisait longtemps que ça ne lui était pas arrivé. Et puis là, c'est reparti avec les résultats, fondamentalement.
01:36 Et c'est vrai que depuis le début de l'année, les 7 magnifiques, c'est à peu près 60% de l'indice.
01:41 Mais pour nous, il y a quand même un momentum de révision bénéficiaire tout à fait favorable et basé sur du concret.
01:49 Parce que quand on regarde les révisions bénéficiaires de la tech et du reste du marché, il n'y a pas photo.
01:54 Les attentes de BPA ne sont pas complètement folles. C'est du 18-19, mais beaucoup poussé par Nvidia.
02:02 Et alors, maintenant, la tech, c'est tellement gros aux États-Unis, c'est plus de 30% de l'indice du SP500,
02:08 qu'il faut faire des distinctions. Parce que ce qui a bien marché, c'est les semi-conducteurs Nvidia.
02:13 Enfin, et encore, d'ailleurs pas tous les semi-conducteurs, parce que Intel est en baisse.
02:18 Dans tout ce qui est médias, services internet, c'est pas mal. Vous avez Metal, Fabate, tout ça.
02:25 Par contre, hardware, pas terrible du tout. Les vieux, enfin, pas si vieux que ça.
02:30 - On a vu Dell baisser, etc. - Donc, en fait, si on achète la tech d'une manière générale, on s'en tire.
02:37 Mais ce qui est encore mieux, c'est de choisir les bons sous-secteurs, les bons segments,
02:42 et puis carrément faire du bon stock picking. Et pour moi, je pense que la tech va continuer de surperformer
02:48 pour plusieurs raisons. Je l'ai dit, perspective bénéficiaire, momentum de révision bénéficiaire.
02:53 Et puis c'est poussé par des trucs quand même puissants. Tous les dispositifs Biden, chips plus IRA, etc.
03:00 Bon, l'Internet des Objets, le métavers, la numérisation de l'économie américaine et de l'économie mondiale,
03:06 les perspectives de demande qui sont quand même très très bonnes. Les marges qui augmentent,
03:11 on est quasiment sur du pas loin de 35%. - En moyenne, pour le secteur de la tech ?
03:15 - Oui, pour le secteur de la tech. - Avec toutes ces disparités, hardtech, soft, etc.
03:18 - Ah oui, oui. - C'est 30% en moyenne. - Ah oui, c'est plus de 30%. Et ça continue de monter.
03:23 Alors que souvent, un certain nombre d'observateurs disaient "Bon, ça commence à bien faire", etc.
03:28 Et la valorisation est très élevée. Alors, dans la tech, elle a toujours été. Mais là, on est à 28% si on prend le PFOA d'un an.
03:34 Alors les gens me disent "C'est beaucoup". Oui, c'est beaucoup. Et c'est loin des sommets de 1000 encore.
03:40 On est loin d'autres périodes de bulles correspondant à des innovations technologiques.
03:46 D'ailleurs, on me demande souvent si c'est une bulle. Et nous, on a 10 critères pour qualifier une bulle.
03:50 Parce que moi, j'ai parlé d'économie de bulles il y a 25 ans. - Il y en a combien sur 10 qui matchent ou pas, là ?
03:54 - Alors, il y en a... - Il y en a quelques-uns, quand même. Tu imagines, sur 10, oui ?
03:57 - On n'est pas sur du plat. - Non. - On n'est pas sur du plat.
04:00 - Alors, il y a la valorisation absolue, la valorisation relative, la prime de risque, il y a le momentum de cours, il y a les IPO.
04:08 Enfin, il y a toute une série de facteurs. Le momentum macro, le momentum de cours qui est très important dans les bulles.
04:13 Parce que ça s'accélère en fin de cycle. Tout ça, on est à peu près, selon notre indicateur, le bubble watch, on est à peu près à 64%.
04:21 - D'accord. - Donc, c'est-à-dire qu'on a... - C'est quoi, ça ? Jaune un peu mûr, quoi ?
04:25 - Mais attention parce qu'il ne faut pas le louper parce qu'à la fin... - Ah non, non, non !
04:28 - Combien de fois on l'a raconté ? - Il ne faut jamais oublier que... - Oui !
04:31 - Il ne faut jamais oublier que les bulles... - Entre 97 et 99, ou entre 98 et 2000, oui, oui.
04:37 - Non, mais il y a beaucoup de gens qui sont ruinés par les éclatements de bulles, mais il ne faut jamais oublier qu'avant, il y a énormément de gens qui se sont enrichis.
04:43 Et pas seulement les fondateurs, etc. Des gens qui ont placé leur argent dans ces valeurs. Donc, il ne faut surtout pas la louper.
04:49 Alors, on me dit qu'il y a une excessive concentration de l'indice sur la tech. Oui, mais ce n'est pas si excessif que ça.
04:57 Ce qui était terrible en 98-2000, c'est que quand on prenait le SP500 en écoute pondérée, on voyait qu'il y avait plus de valeurs qui baissaient que de valeurs qui montaient.
05:04 Et pourtant l'indice explosait. Là, il y avait danger, en quelque sorte. Là, si tu prends le SP500 hors tech, depuis le début de l'année, il a quand même progressé.
05:11 Beaucoup moins, évidemment, mais il a quand même progressé. Donc, il n'y a pas une concentration si excessive que ça.
05:15 Donc, non, je prends plutôt la deuxième option. - Oui, oui, j'entends. Restez constructifs à ce stade.
05:20 - Mais il faut surveiller quand même, parce que ça peut s'emballer.
05:23 Si tu réfléchis aux risques, évidemment, notamment sur les semi-conducteurs, on est loin encore d'un risque de surcapacité aujourd'hui, tu dis, même au niveau mondial.
05:31 - Oui. Il y a un autre élément qui va favoriser la tech américaine, c'est la baisse des taux réels.
05:35 D'ailleurs, c'est tout à fait extraordinaire que la tech ait si bien performé en période de hausse des taux, nomino et réel, depuis le début de l'année, même si là...
05:43 - Ça montre la puissance de la tendance, quand même. - Oui, c'est la puissance de la tendance.
05:46 Là, ça renverse des éléments clés. Et c'est pour ça que les stratégies growth ont quand même mieux marché que les stratégies value.
05:54 Donc, je pense que non, non, on n'est pas encore en phase de sommet, on va dire. Voilà.
05:59 - Les frictions politiques, géopolitiques ont eu très peu d'impact à ce stade. - Là-dessus ?
06:05 - Il y a des acteurs qui sont passés quand même par la casse-prison, entre guillemets.
06:09 Enfin, Huawei, à un moment, a été quand même complètement annihilé du marché sous l'époque Trump, etc.
06:15 - Et puis ça repart ensuite. - Oui, on a toujours parlé aussi du risque de régulation, du fait de la monopolisation d'un certain nombre d'activités, ce qui est vrai, d'ailleurs.
06:23 Mais j'aimerais dire que ça les protège, ça. Parce que la bataille technologique entre la Chine et les États-Unis est si forte qu'on ne peut pas affaiblir le secteur américain.
06:30 Et je crois que les Chinois, il y a eu deux événements. C'était, un, effectivement, l'initiative Chips de Biden et Chad Gpte.
06:37 Je pense qu'ils ont compris, mais ils ne vont pas lâcher le morceau, mais je pense qu'ils ont compris que pour la tech haut de gamme, ça risque d'être perdu.
06:43 Mais ils vont conserver le bas de gamme et le moyen de gamme. Le niveau technologique de l'économie chinoise s'est considérablement amélioré.
06:51 Mais je pense que sur la partie haut de gamme, ça va être un peu plus compliqué pour eux.
06:54 - Bon, sur le délire, alors la Gen Sanity et les GPU de Nvidia, c'était un calcul, peut-être un petit calcul de coin de table, mais quand même fait par les partenaires de Seiko Capital,
07:04 qui se connaissent en Venture Capital, il y a eu 50 milliards de dollars d'achat de GPU Nvidia l'an dernier.
07:10 Quand ils font les maths de l'IA, comme ils disent chez Seikoia, ils vont regarder ce qui a vraiment été créé comme revenu supplémentaire par les startups de l'IA
07:19 qui utilisent ces GPU dans les data centers, etc. C'est à peine quelques milliards pour l'instant. Alors on est au début, mais on est loin du break-even de l'IA aujourd'hui
07:28 pour ceux qui dépensent des fortunes pour s'équiper en GPU. - Oui, mais c'est un pari. Il y en a eu des quantités de paris dans l'histoire.
07:36 Je pense que les paris les plus dangereux, c'est sur les boîtes, en fait, mais sur la dynamique d'ensemble, voilà.
07:41 Et après, ça se diffuse chez les utilisateurs, parce que c'est vecteur de gain de productivité, c'est le moins qu'on puisse dire.
07:48 Il est même probable qu'au niveau de la macro-économie américaine, on a eu plusieurs chiffres. Des bons, et là, le premier trimestre, des moins bons.
07:58 Mais il est plausible de penser, parce qu'on n'arrive pas à le démontrer quantitativement, que la hausse des gains de productivité est due au moins en partie...
08:08 - Aux investissements qui sont réalisés depuis des années dans ce domaine-là. - Voilà. Et à un début de pénétration aussi des innovations, de la numérisation sur le reste de l'économie.
08:16 - Bon, dans l'actualité du prochain semestre, là, effectivement, c'est l'idée aussi d'évoquer un peu tous les enjeux de marché au global, au-delà de la tech.
08:26 Jean-Pierre, tu es toujours convaincu que Trump a toutes les cartes en main, ou en tout cas que les planètes sont alignées pour une nouvelle élection de Donald Trump le 5 novembre ?
08:35 - On est à 5 mois de l'élection, il peut se passer des choses. - J'entends.
08:38 - Mais si je devais prendre un pari aujourd'hui, oui, je dirais que c'est Trump. Pourquoi ? Parce que d'abord...
08:42 - Malgré les résultats économiques affichés, que pourra afficher Joe Biden à l'élection ?
08:48 - Absolument. Malgré cela. Alors, Trump avait aussi un bon bilan. D'ailleurs, on a fait le bilan hors Covid, parce que Covid...
08:54 Ni Biden ni Trump n'ont été responsables, donc on a neutralisé Covid. On a fait le bilan de Trump et Biden. J'ai envie de dire que c'est à peu près match nul.
09:02 En termes de croissance, création d'emplois, investissement tech, justement, productivité, enfin bref, taux de chômage, toute une batterie d'indicateurs, c'est à peu près match nul.
09:10 Par contre, les deux surperforment nettement les deux mandats d'Obama, par exemple. Voilà. Mais c'est pas ça qui va faire l'arrêt. C'est plusieurs choses.
09:18 D'abord, je crois que Trump répond à un certain nombre de frustrations d'une grande partie de l'électorat américain.
09:28 L'indifférence des deux grands partis politiques à l'égard de la désindustrialisation, l'immigration non contrôlée avec les...
09:38 Je parle pas au niveau macro, l'impact macro, je parle plutôt de l'impact sur les narcotrafics ou des machins comme ça. Ça, ça va bien marcher.
09:45 Les initiatives, les aventures extérieures qui ont toutes échouées, il faut bien le reconnaître, Irak, Afghanistan, Syrie.
09:52 Donc qui sait quelle plus isolationniste là-dedans, c'est plutôt Trump.
09:55 Ça reste les mêmes drivers que 2016.
09:57 Voilà, exactement. Donc ça. Et puis Trump correspond quand même à la transformation du monde. C'est un type qui joue sur le transactionnel, sur la puissance, le rapport de force.
10:06 Le transactionnel, oui. Oui, oui, bien sûr.
10:09 Les institutions multilatérales, ils sont fous complètement. C'est l'économie de conflictualité.
10:14 On dit économie de guerre, c'est un peu exagéré, mais enfin, économie de conflictualité.
10:18 Et lui, il correspond parfaitement à ce fond-là. Alors pourquoi Biden va perdre, à mon avis, en l'état actuel des choses ?
10:25 Il est jugé trop vieux, tout simplement, par les électeurs américains, y compris les électeurs démocrates.
10:32 Alors, il y a trois ans et demi d'écart entre les deux, donc c'est pas beaucoup, mais n'empêche, il y en a un qui...
10:36 L'image renvoyée est pas la même.
10:38 Qui tient debout pendant deux heures à raconter ce qu'il a envie de raconter, mais l'autre qui serre la main dans le vide à la fin de son discours, c'est pas terrible, quand même, pour le job le plus puissant du monde.
10:48 Enfin, le président américain, c'est l'homme le plus puissant du monde, quand même. Donc il faut quand même faire un petit peu attention à ça.
10:53 On voit dans les sondages qu'au niveau fédéral, en fait, pour se baquer dans les six États clés, il faut que les démocrates aient 6 à 7 points d'avance au niveau fédéral.
11:02 Et là, il est en retard de... Je n'ai pas regardé les dernières morts, mais il a un -1, -2, donc ça paraît quand même très, très, très difficile.
11:08 Puis il y a un autre élément qui est un peu négligé en Europe, c'est que Kennedy, le fils de Robert Kennedy, fait 11, 12 dans les sondages, quand même, fédéraux.
11:17 Oui, bien sûr. Il mort. Il mort un peu.
11:19 Oui, alors lui, on ne sait pas quelles sont ses convictions. Il va un peu à droite ou à gauche.
11:23 Mais il mort un peu, quoi.
11:24 Oui, il mort un peu plus sur l'électorat de Biden que sur l'électorat de Trump. Donc ça, ça fait un handicap supplémentaire.
11:28 Il ne faut pas oublier que Ralph Nader, en 2000, l'écologiste de gauche américaine, avait piqué un petit peu sur Al Gore. Et au total, il s'était barré.
11:36 Et dans l'autre sens, à droite, Ross Perot, en 1992, avait pris sur Bush senior. Donc c'est important.
11:43 Jamais sous un décimé d'impact du troisième homme de ces élections américaines, dans ce format, quand même, toujours très bi-partite.
11:49 Qu'est-ce que ça change si c'est Trump ? Et notamment, tiens, puisqu'on parle aujourd'hui, 6 juin 44, 6 juin 2024, c'était le jour de la Banque Centrale Européenne, notamment.
11:58 Mais 5 novembre, si c'est Trump, avec un programme, bon, qui ne sera pas surprenant, qui est déjà écrit, d'une certaine manière, ça change quoi pour Jérôme Powell ?
12:07 Qui a déjà du mal à délivrer une première baisse de taux, là, aujourd'hui.
12:10 – Il ne faut pas exagérer là-dessus. Bon, il lui mettra la pression, mais à la limite, moi, ça ne me choque pas.
12:15 Les banques centrales indépendantes ne sont pas des tours d'ivoire.
12:18 Il doit pouvoir y avoir un dialogue démocratique avec une institution qui ne se situe pas en dehors du champ de la démocratie.
12:24 Et d'ailleurs, j'aurais aimé…
12:25 – 5 novembre, la pression que Trump pourrait lui mettre, via Twitter ou autre, ou j'en sais rien, ou en direct, au téléphone, je ne sais pas.
12:30 – Ben oui, mais c'est comme ça.
12:31 – Non, mais c'est plus au regard du policy-mix que pourrait être la politique budgétaire de Trump à partir du 5 novembre.
12:39 – Ah oui, de ce point de vue-là.
12:40 – C'est plus dans le contexte du policy-mix généré par une nouvelle élection de Donald Trump.
12:46 Et puis la pression, évidemment, que Trump pourrait lui mettre.
12:49 – Ah, ça, il faut s'attendre, effectivement.
12:51 – Parce que Trump va lui mettre la pression pour baisser les taux.
12:53 – Ah ben bien sûr, bien sûr. Mais encore une fois, sur le principe, ça ne me choque pas.
12:58 Il avait raison en 2018 lorsqu'il l'a critiqué.
13:00 Parce que la preuve, c'est qu'il y a eu des baisses de taux en 2019 et qu'ils n'ont pas généré d'inflation.
13:04 – Un revirement en 15 jours.
13:05 – Un revirement en 15 jours. Moi, j'aurais adoré que des politiques français ou européens cognent sur Trichet lorsqu'ils gouvernaient l'ABCE.
13:14 Quand on voit les déclarations…
13:16 – Ils l'ont fait, mais après, quoi.
13:17 – Ils l'ont fait, mais après. Mais après, c'est trop tard.
13:19 Voilà, cognent, quand je dis cognent, critiquent et proposent d'autres solutions.
13:24 C'était assez catastrophique, quand même, cette politique monétaire au début des années 2010, en pleine crise de la dette souveraine.
13:29 Et j'aimerais aussi avoir une dirigeante de Banque Centrale ayant un petit peu plus de vision, de charisme, d'audace.
13:39 Je parle de Christine Lagarde.
13:41 Christine Lagarde, c'est quand même, je m'excuse, mais vraiment très bonne en termes de communication sur la forme.
13:47 Mais sur le fond, il n'y a pas grand-chose, quand même.
13:49 – Enfin, les investisseurs, ils peuvent regarder au-delà de ça, Jean-Pierre.
13:53 Pour le débat public, mainstream, d'accord.
13:55 C'est peut-être important, l'image qu'aujourd'hui, la présidente de la Banque Centrale renvoie.
13:59 Mais pour des investisseurs, comment c'est obligataire.
14:01 – Non, mais j'aimerais que, là, tu vois, plutôt que de reprendre des discours un petit peu allemands, là,
14:06 j'aurais aimé de sa part plus d'audace, quand même.
14:09 Tout ça, parce que l'inflation n'est toujours pas à 2%.
14:12 C'est une approche comptable complètement anachronique.
14:15 On a des enjeux majeurs pour l'Europe des prochaines décennies.
14:18 On a la transition numérique, la transition énergétique.
14:21 Il va falloir reconstruire l'Ukraine.
14:23 Il va falloir continuer à se battre en Ukraine pendant je ne sais pas combien de temps.
14:27 On a les dépenses du vieillissement.
14:29 Enfin, je veux dire, il faut quand même un minimum de vision politique, quand même.
14:33 – Oui, elle fait avec 26 personnes autour de la table.
14:36 – Mais Draghi, Sagi, Draghi a réussi.
14:38 – Ah oui ? – Ben oui, mais pourquoi il est…
14:40 – Il a imposé l'agenda.
14:41 – Ben voilà, mais pourquoi il est si populaire aujourd'hui, Draghi ?
14:43 Ben parce qu'il a réussi.
14:44 C'est un dirigeant politique.
14:46 C'est-à-dire le meilleur dirigeant politique européen, à mon avis, depuis 30 ans.
14:49 – C'est pour ça qu'il ne sera pas nommé président de la Commission européenne ?
14:52 – Il ferait trop d'ombre aux autres ?
14:54 – Oui, mais c'est ça.
14:56 – C'est comme ça qu'on me l'a dit.
14:59 – Ça fait partie de la tristesse qu'on peut avoir à propos de la gouvernance européenne.
15:02 – Bon, quand même, on a baissé les taux.
15:03 Il ne nous reste même pas une minute.
15:04 On a baissé les taux une fois.
15:05 Bon, évidemment, pour l'instant, alors avec toute la prudence et la retenue
15:08 exprimée par Christine Lagarde, mais rendez-vous en septembre avec de nouvelles projections.
15:12 Là, ils ont relevé un projet de prévision d'inflation.
15:15 Mais c'est possible qu'ils les rebaissent peut-être dès le mois de septembre.
15:17 Le rythme peut s'accélérer ensuite en 25 ?
15:19 – Oui, je pense, enfin s'accélérer.
15:22 – Oui.
15:23 – On peut espérer 75 points de base cette année.
15:26 Parce qu'il faut dire que la conjoncture, quand même, est un peu plus favorable.
15:29 Je ne parle pas de l'inflation.
15:31 Parce que l'inflation, elle est à 2,5+.
15:33 – Oui.
15:34 – Voilà, 2,5+.
15:35 – C'est quoi ces 0,8% de croissance cette année en zone euro qui ferait repartir l'inflation ?
15:38 – Je suis à 0,9%.
15:39 – 0,9%, ça ferait repartir l'inflation ?
15:40 – Non, non, non.
15:41 – Donc alors ?
15:42 – Non, mais le cycle, le cycle dans les fonctions de réaction des banques centrales,
15:46 en particulier des banques centrales traditionnelles comme la BCE,
15:50 ça joue un petit peu à la marge.
15:52 Ça donne un peu moins de grains à moudre aux pays d'Europe du Nord,
15:56 on va dire ça comme ça, même s'ils vont très mal,
15:58 quand on regarde aujourd'hui la situation conjoncturelle.
16:01 Non, je pense que les 75 points de base seront là,
16:05 parce que les anticipations d'inflation baissent,
16:08 parce que, quand même, les gains de productivité vont un peu remonter,
16:11 il faut dire qu'ils étaient tellement bas…
16:12 – Au moins cycliquement, quoi.
16:13 – Cycliquement, donc ça va limiter les coûts salariaux unitaires,
16:16 l'emploi décélère un petit peu, les créations,
16:20 les augmentations de salaires vont décélérer,
16:23 donc tout ça va permettre, puis de toute façon, après les taux courts, c'est important,
16:27 mais ce qui compte le plus, c'est quand même les taux longs,
16:29 et les taux longs sont aussi déterminés par les taux longs américains.
16:31 Et donc la bonne nouvelle des derniers jours,
16:33 c'est un peu le soft lending qu'on a au T2 aux Etats-Unis,
16:36 qui permet quand même d'envisager un mouvement graduel de baisse des taux longs.
16:41 – Avec une confirmation, effectivement, quand même, que le marché de l'emploi,
16:43 le marché du travail américain se détend, se rééquilibre,
16:46 on l'a vu avec les dernières données cette semaine,
16:48 et on verra si on a la confirmation demain avec le rapport mensuel sur l'emploi américain.
16:52 Merci Jean-Pierre, Jean-Pierre Petit, qui venait nous voir,
16:54 le président des Cahiers Verts de l'économie, dans Smart Bourse, sur Bsmart.
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