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Mardi 16 avril 2024, SMART BOURSE reçoit Carmine de Franco (Responsable de la Recherche, Ossiam)

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00:00 (Générique)
00:10 Le dernier quart d'heure de Smart Bourses, c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Le thème ce soir, c'est celui des énergies renouvelables et notamment sur le plan boursier.
00:19 C'est un segment de marché qui souffre et qui a souffert depuis des mois et des trimestres maintenant.
00:24 Nous faisons le point avec Carmine De Franco, responsable de la recherche chez Ossiam.
00:28 Bonsoir Carmine.
00:29 Merci beaucoup.
00:30 Inutile de rappeler l'intérêt des énergies renouvelables, mais si, rappelons l'intérêt des énergies renouvelables.
00:38 On parlera de la dimension boursière, mais sur le plan économique, environnemental et sur le plan de la souveraineté,
00:45 il y a quand même des drivers toujours très puissants derrière l'idée d'investir dans les énergies renouvelables en 2024.
00:53 Sur le plan environnemental, c'est très clair.
00:55 Les scénarios nous poussent à électrifier tout, que ce soit le transport, l'immobilier, l'industrie.
01:01 C'est bien d'avoir plein de voitures électriques.
01:04 Si l'électricité qu'on en produit est toujours tirée du charbon, ça ne va pas arranger les choses.
01:08 Du coup, l'idée c'est d'avoir un système électrique 100% renouvelable.
01:12 C'est vraiment le but.
01:14 Les scénarios des accords de Paris parlent avec des milestones très clairs.
01:17 Et après, d'un point de vue de souveraineté, on parle de la souveraineté alimentaire.
01:21 Il faut rappeler, surtout en Europe, qu'on n'a pas malheureusement, la mer nature ne nous a pas doté de beaucoup de ressources.
01:27 Donc du coup, l'idée de pouvoir être quelque peu indépendant,
01:30 ou en tout cas d'avoir des marges de manœuvre pour ne pas dépendre exclusivement des pays du Moyen-Orient plutôt que la Russie,
01:36 ou alors même des Etats-Unis, c'est un volant industriel aussi important qu'il faut saisir.
01:41 Donc de ce point de vue, le secteur est stratégique, à la fois à la pandémie industrielle qu'environnementale.
01:47 Est-ce que c'est un renforcement du cas d'investissement d'avoir aujourd'hui ces deux drivers ?
01:52 Le driver écologique environnemental et en même temps ce driver de l'indépendance énergétique ?
01:58 Parce que quand on n'a qu'un seul moteur, c'est vrai que le jour où le moteur est un peu fatigué,
02:02 ou l'appétit pour la transition, pour je ne sais pour quelle raison, on peut en trouver mille,
02:08 mais le jour où l'appétit pour la transition est peut-être un peu moins fort,
02:11 ah, il y a quand même le driver de l'indépendance derrière.
02:13 C'est toujours mieux et d'ailleurs c'est un peu étonnant que même si on regarde les chiffres,
02:18 j'ai regardé en 2023, on a doublé, on a fait plus de 50% et sur certains créneaux,
02:24 on a même doublé le nombre d'installations.
02:26 Donc on a un trend qui est très très fort, c'est un secteur qui croit en termes de production
02:31 et de capacité installée qui croit à deux chiffres, à 20 à 25%.
02:35 Il y a l'aspect souveraineté, qui veut dire les gouvernements, les financements, les aides, les subventions,
02:40 et pourtant, quand on le regarde en bourse, on se dit, est-ce que c'est un secteur,
02:44 c'est une technologie qui est morte, où il n'y a plus d'intérêt, il n'y a plus de flux ?
02:47 Comment se fait-il qu'il y a ce tel découplage entre d'une part une thématique très claire,
02:52 sur laquelle il n'y a aucun doute, aux Etats-Unis, l'État qui produit le plus d'énergie nouvelle, c'est le Texas.
02:59 Donc quand on dit ça, et d'autre part on se dit qu'on est très souvent polarisé sur le sujet de durabilité,
03:04 on comprend que là-dessus il n'y a pas de doute sur la voie amenée.
03:10 Et pourtant, d'un point de vue boursier, les résultats ne sont pas là.
03:12 Les 12-18 mois ont été, à dire peu, catastrophiques.
03:15 Comment ça s'explique, Carmine, cette dissonance majeure qu'il y a entre ce que nous disent les marchés boursiers de ce secteur
03:22 et, effectivement, ce qu'on a décrit et de la nécessité d'avancer de toute façon et de continuer à investir plus que jamais sur ce secteur ?
03:28 C'est bien de distinguer le plan à moyen-court terme et le plan à long terme.
03:31 Le plan à long terme, on le disait, c'est un trend qui est inarrêtable.
03:35 Donc moi, personnellement, je ne conseille jamais de lutter contre les trends séculaires inarrêtables
03:39 puisque, en général, on finit pour se faire mal.
03:41 C'est un peu comme aller contre une banque centrale.
03:43 D'un point de vue un peu plus à court ou moyen terme, c'est vrai que ces derniers 12-18 mois, qu'est-ce qu'on a connu ?
03:48 Alors, une hausse des taux qui était très très importante.
03:51 Or, hausse des taux, ça veut dire quoi ?
03:53 Ça veut dire que quand vous avez à disposition du cash qui vous fait 5%, des bonds à 1 ou 2 ans qui vous font à peu près 5%,
03:59 du coup, toute autre opportunité d'investissement devient relativement moins intéressante.
04:04 Et surtout, sous les projets d'énergie inroublable, on parle des projets dans lesquels le coût affronte.
04:08 Donc le coût, aujourd'hui, est très important, qu'il va falloir financer.
04:12 Et on peut espérer un stream de révenus récurrent dans les années à venir.
04:16 C'est un actif avec une duration très longue.
04:18 Et donc ça, malheureusement, les taux d'intérêt jouent contre.
04:22 Je rappelle en plus, ça c'est un problème beaucoup plus aux Etats-Unis, même si ça affecte l'Europe.
04:26 Aux Etats-Unis, il y a 12 000 projets d'énergie inroublable qui attendent d'être pluggés, d'être branchés.
04:34 Ça veut dire quoi ?
04:36 Ça veut dire que pour l'investisseur qui a 1000 argents, il va devoir attendre en moyenne 5 ans avant que son projet puisse être rentable.
04:42 En tout cas, puisse commencer à générer des cash flows.
04:44 Donc 5 ans à 5%, vous voyez tout de suite que la décote va être très importante.
04:48 Bien sûr, ça coûte très cher.
04:49 Il y a eu des aménagements, notamment aux Etats-Unis, la commission fédérale qui règle un petit peu tout ça.
04:54 Il a changé un peu les règles du jeu.
04:56 Avant, ce qui s'est passé, c'était un peu… il y avait aussi un côté spéculatif.
04:59 C'est le premier arrivé, le premier servi.
05:01 Ça veut dire que si vous avez devant vous un projet qui ne tient pas la route, les financements ne sont pas bons, vous perdez du temps.
05:06 Et il y avait aussi un côté spéculatif dans la mesure où des investisseurs ou des spéculateurs se mettaient dans la queue.
05:12 Ils faisaient un petit peu le premier travail pour revendre leur place.
05:15 Donc aujourd'hui, tout ça, ça va changer.
05:17 Ça commence à être changé.
05:19 L'IRA de Biden apporte de l'argent pour pouvoir écrimer un petit peu ces deux backlogs de dossiers.
05:25 Donc je pense qu'on est plutôt dans une phase où la correction a été actée.
05:29 Là, il n'y aura plus de…
05:30 Oui, je comprends.
05:31 Enfin, on n'en sait pas, mais le marché espère qu'il n'en aura plus.
05:34 Donc du coup, on pense plutôt vers un point bas, où en tout cas, le marché retrouve un petit peu… ça saigne un petit peu de ce point de vue.
05:43 La question de la rentabilité des projets, elle est tranchée aussi de ce point de vue-là.
05:48 C'est-à-dire que quand c'était free money et que les taux étaient à zéro, évidemment, vous le disiez…
05:53 N'importe quel projet…
05:54 Voilà.
05:55 Avec des taux à peut-être demain, je ne sais pas, à 4 % pour des taux directeurs de la Fed.
06:00 Les installateurs, ceux qui designent aujourd'hui effectivement ces projets, s'y retrouvent en termes de rentabilité avec les prix de sortie qui sont proposés ?
06:09 Ils n'ont pas le choix.
06:10 Alors le prix de sortie, c'est toujours un peu délicat parce que ce n'est pas un produit qu'on peut vendre au prix de marché.
06:16 C'est un produit qui est plus ou moins régulé.
06:18 Les prix d'électricité se négocient avec l'augmentateur.
06:20 Dans une période électorale ou en tout cas une période inflationniste, c'est toujours très difficile pour les opérateurs de faire passer des hausses de prix sur un sujet très délicat.
06:28 On le sait, on le voit en France aussi.
06:30 Et donc du coup, les opérateurs doivent faire très attention au fait que leur prix de revente va être bloqué pendant un certain nombre d'années.
06:36 Donc ils doivent être très très sharp sur l'implémentation.
06:39 Et d'ailleurs, même des gros acteurs, on pense par exemple à Orsted, le Danois, ils ont dû annuler certains projets aux Etats-Unis puisqu'ils ne s'y retrouvaient plus sous les conditions des finances.
06:49 C'est là, c'est toujours un bon signe quelque part.
06:52 Ça veut dire que quelque part, on arrêt avec des projets sains.
06:54 Et donc aujourd'hui, par exemple, la tendance des grandes méga-cap américaines, la tech, de vouloir sourcer 100% de leur électricité green,
07:02 fait qu'on va vers un modèle où le projet, l'opérateur de projet va pouvoir vendre dès aujourd'hui l'électricité au client final, Amazon plutôt que Microsoft ou Google.
07:11 Et donc du coup, ça permet de sécuriser des conditions de financement plus intéressantes.
07:14 Donc on est dans un modèle dans lequel il va falloir être très sélectif sur les projets.
07:18 On ne pourra pas installer partout où on veut des léoliens parce que ça coûte cher ou des solaires, même si les taux de croissance sont encore plus forts.
07:25 Aujourd'hui, le monde produit 29% d'électricité issue du renouvelable.
07:29 Aussi, à 2030, on sera à 40-45%.
07:32 Donc moi, ceux qui disent "on n'y sera pas, on n'y arrivera pas", on en a déjà fait la moitié du schéma.
07:38 Et il y a beaucoup de projets qui nécessitent le branchage dans le réseau de transmission.
07:42 Et les pouvoirs publics ne capitulent pas sur ce... enfin capitulent pas, non, évidemment.
07:47 Non, mais je veux dire, reste focalisé, même aux États-Unis, vous prenez des exemples américains,
07:53 alors que le discours un peu ambiant, c'est de dire "non mais les États-Unis, ça y est, le pétrole est au max, on produit du pétrole,
07:59 on est les premiers producteurs de pétrole du monde, et peut-être que si c'est Trump demain encore, il y aura plus de permis, etc.
08:05 Et puis on fera en sorte que les projets IRA soient mis de côté".
08:08 Mais ce n'est pas du tout ce que vous décrivez aujourd'hui.
08:10 Non, non, non, aujourd'hui, le plus grand...
08:11 Donc le focus des pouvoirs publics, il ne change pas quand même.
08:13 Alors l'attention des pouvoirs publics est certes bien limitée, donc aujourd'hui, entre les crises géopolitiques, l'inflation, etc.
08:19 En revanche, les objectifs à long terme sont très clairs.
08:23 Et même en France, vous l'avez vu, le gouvernement a annoncé des plans ambitieux sur le solaire.
08:26 Après, on pourra toujours discuter, est-ce que c'est bien ou pas que les panneaux solaires soient essentiellement fournis et sourcés en Chine.
08:31 Ça, c'est un autre sujet.
08:32 Mais sous l'idée de se doter d'un appareil électrique qui soit à 100% renouvelable, si on y arrivera peut-être un jour, plus du nucléaire éventuellement,
08:40 c'est un objectif duquel on ne déviera pas.
08:44 Donc de ce point de vue, je pense que le secteur pourrait éventuellement retrouver un peu plus de couleur, sachant que de toute façon, on n'aura pas le choix.
08:51 Oui, oui, oui.
08:52 Après, c'est quand même important, même pour l'investisseur, de savoir si la France ou l'Europe s'électrifient sur la base de panneaux solaires chinois,
09:00 ou si on est capable aussi de construire l'ensemble de la chaîne de valeur.
09:04 Ou est-ce que l'investisseur va capter le plus de valeur dans la chaîne, justement, qui va jusqu'à l'installation de l'éolienne, du panneau solaire final ?
09:14 Moi, sur ce sujet, j'ai un opinion un petit peu contrairienne.
09:17 Je me dis que si le gouvernement chinois a envie de subventionner le consommateur européen avec des panneaux pas chers, on ne va pas lui dire non.
09:24 Parce que fondamentalement, le panneau solaire, une fois que vous l'avez installé, ou l'éolien en mer, vous l'avez installé pendant 20 ans ou 30 ans,
09:31 quelle est sa durée de vie, du coup, il n'y aura pas un effet de pression que le gouvernement chinois pourrait faire vers le consommateur.
09:39 C'est un peu un one-off.
09:41 On ne pourra pas les remplacer. En revanche, là où il va falloir faire attention, c'est sur les technologies de demain.
09:47 Par exemple, est-ce que les réseaux électriques, il faudra les gérer avec 100% des technologies maîtrisées ? Oui, bien sûr.
09:54 Est-ce que sur les panneaux solaires, c'est moins stratégique ?
09:56 Je pense que le débat entre les deux sujets... Il ne faut pas perdre de temps sur ce qui est un peu de base, d'une certaine manière, pour le projet.
10:05 Le contenu technologique, l'avancée, la valeur ajoutée qu'on peut avoir sur un panneau solaire aujourd'hui est très limitée.
10:10 Si on a des moyens, je préfère les concentrer sur la fusion nucléaire plutôt que sur l'hydrogène vert.
10:15 Et là où c'est commoditized, on va aller sur le plus efficace. Ce n'est pas un point qui est très gênant aujourd'hui.
10:22 Pour résumer, je n'entends pas se mettre contre les méga-trends.
10:27 Ça, c'est sûr, ça reste un méga-trend. Du point de vue boursier, c'est déjà une fenêtre de tir, une opportunité d'investir ou de réinvestir ce secteur.
10:37 On a beaucoup parlé de cette bulle verte, vous l'avez raconté, qui a explosé avec la violente remontée des taux.
10:45 Est-ce qu'il faut attendre la prochaine décision de la Fed pour se dire "tiens, je réinvestis dans le secteur" ?
10:53 Ou est-ce qu'il y a quand même une logique, ne serait-ce que de valeur, de valorisation, qui permet aujourd'hui à l'investisseur long terme de repartir ?
10:59 Je donnerais trois éléments très rapides. Le premier, c'est pour celui qui n'y croit pas.
11:04 Mais il pourrait se dire "bon voilà, mon scénario c'est des baisses des taux, ça c'est des actifs avec une durée de vie longue, ça ne pourra pas faire le mal".
11:11 Ça peut être un plaid, baisse de taux.
11:13 Le deuxième point, c'est qu'on a beaucoup entendu parler des portefeuilles EG, labellisées et pas labellisées, le greenwashing.
11:18 Là, il n'y a pas vraiment beaucoup de doute, c'est le cœur de la matière.
11:23 Au moins, on peut se dire "on est bien".
11:25 Je suis sûr de l'impact, oui c'est ça.
11:27 Le troisième point, c'est que ces derniers mois, on a parlé beaucoup d'intelligence artificielle, HIDPT etc.
11:32 Peut-être que l'attention sur d'autres sujets un peu plus terre-terre comme le changement climatique...
11:36 Mais non !
11:37 Aujourd'hui, quand on voit le gap, ce secteur renouvelable est à -20 et les autres sont à +20.
11:43 Moi, j'y crois beaucoup dans l'effet de retour à la moyenne à long terme.
11:46 À -20 et quand un marché est à +20 en relatif, on peut se dire qu'il y a un point d'intérêt intéressant.
11:52 Encore une fois, ce ne sont pas des actifs spéculatifs, on achète vraiment une dynamique de demain.
11:56 Et donc du coup, d'un point de vue long terme, encore une fois, c'est le méga trend qui compte.
12:00 Et là-dessus, à coup de se répéter, il n'y a pas de sujet sur l'appartenance de ce secteur.
12:04 Merci beaucoup Carmine.
12:06 Merci d'être venue faire pour nous le point l'état des lieux du moment pour ce secteur des énergies renouvelables en bourse
12:13 et les perspectives qu'on peut avoir effectivement pour ce segment de marché.
12:17 Carmine De Franco qui était avec nous, l'invité de ce quart d'heure thématique de Smart Bourse, responsable de la recherche chez OCIAM.
12:23 [Musique]

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