SMART BOURSE - Small caps : le cas suédois

  • il y a 13 heures
Mardi 15 octobre 2024, SMART BOURSE reçoit Franck Sabbah (Responsable du développement AM en Europe, Berenberg)

Category

🗞
News
Transcription
00:00Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13Je vous propose ce soir de replonger dans les marchés nordiques à travers notamment
00:17le cas des small caps suédoises, les petites capitalisations boursières du marché suédois.
00:23Nous en parlions il y a quelques jours à peine avec Frank Saba, le directeur du développement
00:26de Berenberg.
00:27Je dirais qu'il y a quelques caractéristiques sur le marché suédois.
00:35La première, c'est qu'elle est moins connue hors Suède, donc il y a un champ d'opportunité
00:42assez intéressant pour des gérants actifs dans les small caps.
00:45La deuxième, c'est que c'est un écosystème en Suède qui est fait pour amener beaucoup
00:50de sociétés en bourse.
00:52Concrètement, en Suède, on parle d'un pays où il y a 10 millions d'habitants.
00:56Il y a autant de titres listés qu'en France, donc sur une économie qui est bien plus petite.
01:03C'est une économie qui est très tournée vers l'export et qui est très dynamique
01:08et très enclin à avoir des sociétés listées.
01:11On connaît les grandes, on connaît les Spotify, les Ericsson ou les Volvo, il y en a beaucoup
01:17dans l'univers des small caps et donc c'est plutôt un bon champ d'opportunité.
01:20Il y a une vraie culture boursière dans ce pays, que ce soit du point de vue des entreprises
01:25ou du point de vue peut-être des investisseurs aussi, j'en sais un, mais il y a une vraie culture marchandise.
01:30On le voit, en fait, on parle de 800 à 900 titres listés.
01:33Si on compare la Suisse, un pays que j'aime beaucoup, taille à peu près équivalente
01:39en nombre de gens, là on parle de 250 titres.
01:41C'est dingue, je n'avais pas cet ordre de grandeur en tête.
01:46Du coup, il y a tout l'écosystème qui est lié à ça, les sociétés, les CEOs qui
01:50sont incités à aller chercher des capitaux sur les marchés publics.
01:55Et puis aussi un réseau de brokers, de couverture des titres qui est hyper établi, qui reste
02:00assez local.
02:01Il y a même des sociétés qui sont listées et qui ont des capitalisations assez élevées
02:05où la documentation sera toujours en suédois.
02:07L'idée d'aller creuser un petit peu.
02:10Et il y a des caractéristiques en matière de gouvernance d'entreprise justement du
02:14fait de cette culture boursière suédoise ?
02:17Il y a des qualités qui ressortent naturellement de manière évidente pour ces entreprises suédoises ?
02:23Alors oui, on aimerait bien dire oui en général et c'est le cas.
02:26Après, il faut quand même aller vraiment faire ce travail de sélection.
02:29Je pense qu'on retrouve ce côté où ils sont quand même très dans la logique de
02:34développer beaucoup l'activité pour être prêts à attaquer le côté international.
02:38Ils savent que leur marché est trop petit ?
02:40Il y a des limites.
02:41Et que le besoin de devenir international est un besoin qui vient assez vite dans la
02:46construction d'un plan d'affaires ?
02:48Exactement.
02:49Donc si on se retrouve dans les secteurs de la santé ou de la tech, là ils savent qu'ils
02:53ont besoin d'aller à l'extérieur et à l'international.
02:57Après, on retrouve aussi d'une façon assez surprenante des acteurs uniquement locaux
03:02et très forts.
03:03Donc il y a vraiment cette culture de l'entreprenariat et l'écosystème qui permet, je pense qu'on
03:09a souvent ces sujets en France, de dire voilà on peut faire des levées mais à un moment
03:13il y a une limite.
03:14Là, il y a vraiment cette possibilité d'aller sur les marchés.
03:18Jusqu'à l'échelle mondiale ?
03:19Exactement.
03:20Spotify, vous l'avez cité, est un exemple parfait.
03:21Alors Ericsson, il y a eu la grandeur, à chaque fois ça a été des boîtes leaders
03:26dans leur domaine.
03:27Angry Birds aussi, je crois que c'est eux, dans les jeux vidéo, c'est ça, il y a un
03:33écosystème aussi.
03:34Ils ont eu des belles années.
03:35Oui, Angry Birds, je crois que ça a peut-être un peu passé mais ça a très bien fonctionné.
03:41Prenons des exemples, parlons de Mnet qui est une plateforme immobilière, c'est ça,
03:48sur le marché suédois ?
03:49Exactement.
03:51Pour le coup, on est dans un acteur 100% local.
03:53Mnet, c'est assez simple, c'est les annonces immobilières, c'est vraiment acheteurs, vendeurs
04:00de biens immobiliers.
04:01Le selogé suédois quoi ?
04:02Entre le selogé et le Boncoin, la différence c'est qu'ils ont 90%, 90% du marché pour
04:11la Suisse, mais ils ont quasiment la totalité du marché des petites annonces.
04:17En fait, c'est devenu un acteur incontournable.
04:19Donc, à partir du moment où il y a un vendeur, il doit publier sur ce site.
04:24S'il n'est pas sur le site, il ne vendra pas quoi ?
04:27Ça va être plus compliqué en sachant qu'en Suède, ils ont une spécificité, c'est qu'il
04:31faut forcément qu'il y ait un agent immobilier dans la boucle.
04:34D'accord.
04:35Oui.
04:36Ça, c'est leur spécificité.
04:37Mnet, les agents immobiliers et les vendeurs et les acheteurs ont tout intérêt en fait
04:42à travailler sur cette plateforme, ce qui au fil des années, ils ont construit cette
04:48position complètement dominante et aujourd'hui, ils sont clairement en place et ils ont la
04:54capacité d'ajuster en fait leur pricing de façon hyper forte concrètement.
04:59Donc, ils ont en fait, ils sont, je dirais l'étape de croissance avant, c'était vraiment
05:05de devenir cet acteur dominant, voire quasiment de monopole.
05:09L'étape aujourd'hui, c'est de leverager sur cette situation et de pouvoir offrir des
05:14packages basiques, premiums, super premiums et effectivement, les gens sont prêts à
05:20payer ce premium donc en termes de marge, c'est assez incroyable.
05:22Et là, c'est quel type de niveau de croissance désormais dans cette phase-là aujourd'hui
05:27pour Mnet ?
05:28On est sur des croissances.
05:29Alors, ils sont toujours dans des logiques, il reste quelques petits acteurs, donc il
05:31y a toujours de la consolidation, ça reste marginal.
05:34On est sur des croissances au-delà de 15%.
05:36D'accord.
05:38Et ça se paye comme une valeur de croissance ?
05:40Et ça se paye, oui.
05:41Les prix sont assez hauts.
05:42Oui, non mais c'est…
05:43Et en même temps, on le voit sur leur, je pense sur les deux à trois dernières années,
05:48ils ont vraiment mis en place cette nouvelle politique de pricing.
05:51De pricing, oui.
05:52Et les gens sont prêts à payer.
05:53Ils sont, en fait, par rapport à la valeur du bien, ça reste totalement marginal.
05:58Bien sûr.
05:59Et forcément, ils sont enclins à accélérer leur transaction et ce site Mnet va vraiment
06:07permettre d'optimiser la transaction.
06:10L'autre entreprise, alors l'autre cas intéressant sur le marché suédois, c'est
06:14MIPS.
06:15Alors là, qui est une entreprise qui s'est quand même internationalisée, c'est une
06:18entreprise mondiale aujourd'hui et donc, je recommande à tout le monde de regarder
06:21sur les casques de vélos notamment, vous verrez le petit œillet jaune MIPS qui signale
06:29justement que le casque de vélo a été fabriqué par MIPS ou plus précisément la membrane
06:34intérieure.
06:35C'est ça, je crois.
06:37C'est un équipementier des casques.
06:38Alors, c'est encore… En fait, le producteur de casques va fabriquer l'entièreté.
06:42Donc, MIPS, en fait, ça fait 30 ans, une équipe d'ingénieurs qui ont développé
06:47un amortisseur.
06:48Oui, c'est ça.
06:49Donc, l'idée au départ, c'est effectivement le vélo et l'idée, alors on ne le souhaite
06:53à personne, mais en cas de chute, ce n'est pas une chute latérale.
06:56D'accord.
06:57Et donc là, l'idée, c'est d'avoir un amortisseur qui réduit le risque d'avoir
07:00un mauvais choc.
07:01La tête bouge moins, c'est ça, pour dire les choses simplement.
07:04Vraiment dans cette logique de limiter l'impact sur le…
07:07Sur la boîte à laine et le cerveau à l'intérieur, bien sûr.
07:09Et ça, donc, ils ont développé ça au fil des années, renforcé cette technologie,
07:14et en fait, leur business model, vraiment, plutôt que de se positionner comme fabricant
07:18de casques, ils ont été mettre en place des partenariats avec tous les fabricants,
07:23donc les SCOT, les Giro, les Specialized, autant que possible, dans l'idée de mettre
07:29en place cette sécurité supplémentaire.
07:34Et donc, ils ont un positionnement qui est unique, ils sont les seuls à pouvoir offrir
07:39ça.
07:40Ils ont effectivement d'un point de vue, je dirais, image.
07:43Ah oui, incroyable.
07:44C'est idéal parce qu'en fait, le producteur qui va intégrer cet amortisseur dans le casque
07:49doit coller la pastille.
07:51Donc, il y a une publicité…
07:53Intel Inside, c'est le même truc que Intel Inside sur tous les PC, quoi.
07:57C'est ça.
07:58C'est très malin.
07:59Ah oui.
08:01Et après, ils ont… et même si on reste sur le vélo, le Tour de France, il y a peut-être
08:05cinq ans, on en voyait très peu de ces petites pastilles jaunes.
08:08Là, sur les récents tours, il y en a énormément.
08:11Donc, ils ont vraiment… c'est assez logique.
08:13Et après, ils ont un business model qui est hyper simple.
08:17En fait, eux, ils vont vendre ça peut-être entre 5 et 10 dollars au fabricant.
08:21Là-dessus, ils ont une marge de 50%.
08:23Et le fabricant, sur son casque, va rajouter un premium de, en gros, 15 à 20 dollars.
08:28Donc, encore 50% de marge.
08:30Donc, il y a… c'est presque un alignement parfait en sachant que l'utilisateur final,
08:36moi je vois même à titre personnel, demain j'achète un casque, c'est quand même…
08:40on est dans des objets qui sont quand même assez coûteux, on est prêt à rajouter
08:43ce premium pour le côté sécurité.
08:45Et c'est là où MIPS, je pense, a été très malin depuis le départ.
08:49Et eux, alors eux, ils sont vraiment dans le cadre de l'entreprise suédoise qui est
08:53développée à l'international.
08:55Aujourd'hui, la moitié des ventes sur les casques vélos, c'est aux États-Unis.
08:59Donc, il y a encore une grosse partie qui peut être développée en Europe.
09:03Et si on regarde sur la partie développement, en fait, donc ils ont commencé avec les
09:07vélos de route, les TP, BMW.
09:11Toute la gamme quoi, ok, bien sûr.
09:14Et après, ils ont continué dans le sport avec les casques de ski.
09:18Oui, bien sûr.
09:19Donc, là, même aujourd'hui, en 10 ans, sur les stations, globalement, les gens s'équipent.
09:24Et s'ils l'ont fait au bon moment, enfin, parce que pour avoir skié depuis longtemps
09:29sans casque, j'ai vu l'avènement du casque sur les pistes de ski.
09:34Alors, il y a eu le moment Schumacher, comme je l'appelle.
09:37Non, mais ça a sans doute joué.
09:39Aujourd'hui, plus personne n'irait skier sans casque, enfant comme adulte, j'ai envie
09:45de dire.
09:46Alors, les enfants, je pense que…
09:47Les enfants, je crois qu'il n'y a plus de doute là-dessus.
09:48Mais s'ils sont arrivés à ce moment-là sur ce marché, effectivement, ça a dû être…
09:53C'est vraiment, ils étaient au bon moment.
09:54Et après, c'est la même logique, le ski reste un loisir de luxe.
09:58Et du coup, ceux qui vont s'équiper en casque sont prêts à payer sous 15 de plus
10:04pour avoir une meilleure protection.
10:05Donc, ça, ça a été un deuxième axe très fort.
10:07Et ils sont en train de développer la suite, donc les casques de moto, les casques de
10:12chantier.
10:13Et en fait, tant qu'il y aura des opportunités dans ce milieu de la protection, ils ont la
10:21capacité à continuer à croître.
10:24Intéressant, sur MIPS, on avait quand même eu une période où 2020-2021, mobilité douce,
10:31énorme traction.
10:32Et donc là, ils ont eu un rallye très, très marqué.
10:352022-2023, il y a eu vraiment, et surtout 2023, l'ajustement des stocks, l'ajustement
10:42du post-Covid.
10:43Donc là, le titre a souffert, la société continuait à performer.
10:49Et là, 2024, il y a vraiment cet effet de base et donc on repart sur des bases assez
10:55saines.
10:56C'était Franck Sabat, le directeur du développement de Berenberg, qui était avec nous dans le
11:04quart d'heure thématique de Smart Bourse ces derniers jours.
11:06Voilà pour cette édition.
11:07A retrouver en replay sur bsmart.fr, en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées
11:12et dès demain à 17h en direct sur Bsmart for Change.
11:19Au revoir.
11:20Au revoir.

Recommandations