• l’année dernière
Avec Loïc Hervé, Sénateur de la Haute-Savoie, Trina Mac Dinh, annecienne, claude moniquet expert en contre-terrorisme et co-fondateur de Centre européen pour le renseignement stratégique et la sécurité (ESISC), Fabrice Galatiotode Unité SGP Police FO, Thibault de Montbrial, avocat, Virginie Duby Muller députée de Haute-Savoie, Pierre-Marie Sève directeur de l'Institut pour la Justice et Philippe Fontana, auteur de "La vérité sur le droit d'Asile"

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##LE_FAIT_DU_JOUR-2023-06-08##

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News
Transcription
00:00 Sud Radio, Bercov dans tous ses états, midi 34h, Philippe David.
00:09 Édition spéciale vu la tragédie à Annecy, ouvert 9h40, 6 personnes dont 4 enfants d'environ 3 ans.
00:17 Les enfants de crèche ont été poignardés au parc du Paquet, c'est un parc qui se situe entre les bords du lac d'Annecy et la mairie.
00:25 4 des victimes, a priori, seraient en urgence absolue. Le suspect a été interpellé par la police, il y a des vidéos qui circulent déjà de lui sur les réseaux sociaux.
00:35 Il s'agirait d'un réfugié syrien. Nous sommes en compagnie de Loïc Hervé, sénateur de la Haute-Savoie. Bonjour Loïc Hervé.
00:42 Bonjour.
00:43 On imagine que vous devez être particulièrement ému.
00:47 Oui, c'est très émouvant d'abord d'apprendre ce matin ce qui s'est passé et puis ensuite d'avoir le nombre de messages qu'on peut recevoir de solidarité, de soutien.
01:00 Il s'agit d'enfants en très bas âge, il s'agit d'un endroit de la ville d'Annecy qui est un lieu extrêmement connu, touristique, où évidemment personne n'aurait imaginé qu'un tel drame puisse se produire.
01:11 Et puis plein de questions qui sont pour l'instant sans réponse sur les motivations d'un tel acte. Donc voilà, oui, une très grande émotion ressentie par les Hauts-Savoiers et un sentiment d'effroi.
01:27 Loïc Hervé, est-ce que vous auriez pu imaginer un jour qu'on s'attaque à des enfants de 3 ans ?
01:35 On sait que la situation sécuritaire d'une part et le risque terroriste dans notre pays existe. Je ne sais pas si c'est un attentat, mais on le saura dans les heures qui viennent maintenant si le parquet s'en saisit.
01:47 Le fait de s'attaquer à des enfants, on sait que c'est un risque qui existait, malheureusement. Et le fait que ça arrive dans notre département Hauts-Savoie, c'est extrêmement difficile à vivre.
02:00 C'est incompréhensible. Les Français et les Hauts-Savoiers en particulier sont très affectés par le fait qu'on puisse s'attaquer à des personnes vulnérables, et notamment à des tout-petits-enfants.
02:13 Annecy, vous connaissez beaucoup mieux Annecy que nous, vous qui êtes Hauts-Savoieurs. Annecy, ce n'est pas une ville avec des quartiers difficiles, c'est une ville théoriquement, on peut dire relativement, voire très paisible, non ?
02:26 C'est l'image qu'a l'image d'Annecy. En tout cas, c'est une ville extrêmement ouverte, une ville touristique, une ville aussi où il y a une certaine richesse économique liée à notre économie propre et liée aussi à la proximité de la Suisse.
02:46 Ce qui est certain, c'est que même si cette ville est riche, il peut y avoir aussi dans cette ville-là des personnes qui sont plus pauvres, qui sont en difficulté.
02:58 Mais je ne suis pas sûr que ce soit le profil de la personne qui a commis cet acte. On a quelques éléments pour l'instant qui sont extrêmement lacunaires.
03:07 Donc il faudrait, je pense, attendre quand même que Madame le procureur, que le préfet et que la Première Ministre aient mis à l'intérieur, puis qu'ils soient mis sur place.
03:17 Ça me paraît plus prudent d'attendre avant d'avoir la moindre conclusion politique et de lancer la moindre polémique, bien évidemment.
03:28 Alors justement, je le rappelle, la Première Ministre Elisabeth Borne est attendue à Annecy et on attend dans quelques minutes une conférence de presse avec notamment le procureur, le préfet, etc.
03:40 Le suspect intercepté a été arrêté en quatre minutes. Il a un profil, a priori, ce serait un réfugié syrien.
03:51 Est-ce qu'on est quand même obligé de se poser la question, puisqu'on parle vrai sur Sud Radio, c'est pas la première fois qu'un réfugié attaque quelqu'un.
03:59 On se rappelle dans votre région, au Verne-Rhône-Alpes, Timothy, 19 ans, assassiné par un réfugié afghan en 2019.
04:05 Est-ce que ça ne pose pas de questions sur le contrôle des personnes venant de pays dangereux qui demandent l'asile en France ?
04:11 Non, mais je connais bien Sud Radio, il m'arrive d'intervenir régulièrement sur vos ondes et j'aime bien votre côté cash.
04:17 Alors je vais être tout à fait cash avec vous. Les tweets et les réactions qui sont antérieures à toute communication des services de l'État et des services judiciaires sont indécents.
04:27 Donc vous ne m'entendrez jamais faire de commentaire sur l'immigration en France, la politique de l'asile politique, avant qu'on soit certains de ce qui se passe.
04:35 On ne sait pas si c'est un attentat ou pas. On n'a aucune idée des motivations.
04:40 Je ne vais pas faire du zémour à votre antenne, qui a déjà fait un tweet sur le sujet en disant que les enfants français étaient en danger de mort.
04:50 Je trouve que ce tweet est indécent. Par honnêteté intellectuelle et aussi par déontologie, par la déontologie du parlementaire que vous avez sur vos ondes à l'instant,
05:01 c'est d'attendre avec une forme de dignité et de respect. On est encore dans la crise médicale de ce qui se passe. On est encore sous le choc et sous la gestion d'une crise.
05:12 On va attendre de ce qui se passe. Est-ce que le parquet terroriste va se saisir ?
05:16 Et après on verra bien. Vous savez, c'est des sujets qui ne me font pas peur, les sujets sécuritaires.
05:21 C'est des sujets sur lesquels je bosse énormément au Sénat. Donc on aura largement le temps de s'occuper de ces questions-là.
05:25 Mais aujourd'hui, lancer une politique polémique, avant même que la première ministre ait mis le pied à Annecy, avant même que le procureur ou le préfet aient donné les moindres éléments,
05:35 ça me paraît d'une indécence crasse.
05:38 Une dernière question. Est-ce que vous avez des informations sur l'état de santé des victimes ?
05:43 Non. Les éléments qu'on a, c'est que plusieurs pronostics vitaux sont engagés. Ça veut dire que la situation est très grave.
05:50 A priori quatre.
05:51 C'est très grave pour les enfants et pour des adultes. Et donc oui, évidemment, la situation sur un plan médical me paraît extrêmement difficile.
05:59 Merci beaucoup Loïc Hervé, sénateur de la Haute-Savoie, d'avoir été à l'antenne avec nous en direct sur Sud Radio pour commenter cette tragédie.
06:07 Je le rappelle à Annecy, où vers 9h40, six personnes, dont quatre enfants âgés d'environ trois ans, ont été poignardées au parc du Paquiez. Merci à vous.
06:17 Merci.
06:18 Tout de suite, on a Claude Moniquet avec nous, spécialiste du terrorisme et expert en contre-terrorisme, cofondateur du Centre Européen pour le Renseignement Stratégique et la Sécurité.
06:29 Bonjour Claude Moniquet.
06:31 Bonjour.
06:32 Est-ce que, alors le sénateur Loïc Hervé a dit qu'il ne fallait pas tirer de conclusion pour le moment, tant que l'enquête n'allait pas plus loin.
06:39 Est-ce que pour vous, le modus operandi, c'est-à-dire une attaque au couteau, n'a pas quand même, qu'on peut dire, qu'on ne peut pas supputer que ça pourrait être une attaque terroriste ?
06:50 Alors oui et non. L'attaque au couteau, effectivement, c'est une signature de certains groupes djihadistes, entre autres, essentiellement du groupe éthéiste amérique et de ses sympathisants.
07:02 Mais on a aussi assisté, ces dernières années, à des attaques au couteau, à l'arme blanche, qui étaient dues à des gens qui étaient plus dans un état délirant, qui avaient des problèmes psychiatriques ou autres.
07:13 Ce n'est pas quelque chose qui serait totalement impossible à imaginer. Donc je pense effectivement qu'il faut être extrêmement prudent pour le moment.
07:26 Il faut être extrêmement prudent. Cependant, ça fait très longtemps, il y a quelques temps maintenant qu'il n'y a plus d'attentats en France et en Europe, a priori, sauf erreur de ma part.
07:36 On disait que Daesh avait disparu et que Daesh a très durement frappé la France, notamment en 2015 et 2016. Est-ce qu'il y a encore un risque d'attentats islamistes en Europe ?
07:48 Oui, ça c'est très net. D'ailleurs, ça a été rappelé par Gérald Darmanin à New York il y a quelques semaines. Ça a été rappelé il y a une dizaine de jours par les services de renseignement des Pays-Bas, dans un rapport qu'ils ont rendu public, une évaluation du risque qu'ils ont rendu public.
08:05 Effectivement, on assiste à une restructuration de certains réseaux de l'État islamique. Il y a d'ailleurs eu ces derniers mois, depuis janvier, il y a eu plusieurs arrestations, parfois même de réseaux constitués, entre autres en Belgique ou dans d'autres pays européens, qui étaient liés à l'État islamique.
08:26 Il y a une situation internationale qui, effectivement, est tendue, que ce soit en Afghanistan ou plus près de chez nous au Sahel. Donc oui, effectivement, les conditions semblent remplies pour avoir un risque qui est en train de remonter.
08:42 Maintenant, on ne sera sans doute pas en face d'attaques très structurées, comme celle qu'on a connue le 13 novembre 2015, au spel du 6 janvier, 7 janvier, contre Charlie Hebdo. Mais on a le risque, effectivement, de passage à l'acte d'individus radicalisés.
08:59 Lucien, Monsieur Gasparic. L'assaillant avait obtenu son statut de réfugié en Suède. La coopération internationale est essentielle pour résoudre les problèmes d'insécurité liés à l'immigration. Mais comment la France travaille-t-elle avec d'autres pays pour aborder ces questions ?
09:12 Alors, sur la lutte antiterroriste, les échanges entre services de renseignement, d'abord, il faut souligner quand même, parce qu'on a dit beaucoup de choses en 2015 à ce sujet-là, ces échanges ont toujours été extrêmement, extrêmement denses, même avant 2015.
09:30 On n'a pas attendu les attentats de janvier 2015 ou de novembre 2015 pour que la coopération internationale fonctionne. Mais il est très clair que depuis 2015, cette coopération s'est intensifiée.
09:42 Et aujourd'hui, il y a un flux d'informations, un flux de renseignements qui est parfois quotidien ou pluriquotidien entre les services de renseignement en fonction de ce qui est détecté par chaque service dans chaque pays.
09:54 Les liens internationaux, l'existence d'une menace d'abord, les liens internationaux possibles entre cette menace et d'autres pays, donc ça, ça fait l'objet de discussions, d'échanges d'informations quasiment en temps réel.
10:08 Maintenant, pour ce qui est du passage à l'acte individuel et pas en réseau, le réseau est toujours plus facile malgré tout à détecter, même si on n'est pas arrivé en 2015. Pour ce qui est du passage à l'acte individuel, cette coopération internationale, évidemment, a des limites certaines.
10:26 Les loups solitaires, il paraît que ça n'existe pas, Claude Moniquet. C'est vrai ou ce n'est pas vrai ?
10:32 Alors c'est ce que j'ai toujours dit. Le loup solitaire n'existe pas, c'est très clair, parce que quand on est en face d'un acte terroriste caractérisé, qui est commis par quelqu'un qui est entre guillemets "saint d'esprit", parce que je pense quand même que pour ne pas merder les gens dans la rue, il ne faut pas être tout à fait fini de l'intérieur, il ne faut pas être tout à fait saint d'esprit,
10:52 mais quelqu'un qui est structuré intellectuellement, en général, quand il passe à l'acte, il y a derrière lui des gens qui l'ont aidé, qui l'ont encouragé, qui l'ont recruté, qui l'ont motivé, qui l'ont parfois fourni des armes. Donc dans ce sens-là, on peut avoir un acteur individuel qui passe à l'acte, mais il y a des gens derrière lui.
11:07 Maintenant, effectivement, quand on est en face de quelqu'un qui est ou pas radicalisé, mais qui souffre de problèmes psychiatriques, là on peut effectivement avoir des gens qui sont de purs solitaires, et qui, seuls dans leurs coins, dans leurs délires psychotiques, vont se perçeder qu'ils sont des soldats du djihad, uniquement sous l'influence de l'actualité, sans que personne ne leur ait soufflé le tas dans l'oreille.
11:32 - Vous avez parlé de ceux qui n'étaient pas des loups solitaires. Quels sont les modes de recrutement ?
11:38 - Alors les modes de recrutement, grosso modo, cela, on assiste très clairement depuis les périodes de confinement qu'on a connues, et c'est vrai pour l'ensemble des mouvances terroristes, qu'elles soient d'extrême droite, d'extrême gauche ou djihadistes, c'est celle-là qui est la plus dangereuse, évidemment, aujourd'hui.
11:54 Ça passe en partie par la propagande online, bien sûr, ça passe assez massivement par la propagande online, mais on a toujours du recrutement qui se fait dans les quartiers, dans les écoles.
12:06 Je dis dans les écoles, ce n'est pas par hasard, parce que ce qu'on voit aussi depuis quelques années, c'est un rajeunissement quand même des terroristes potentiels avec des gamins qui peuvent avoir 16, 17 ou 18 ans et qui sont par exemple en train de préparer des explosifs dans la cave de leurs parents, ou qui sont en train de planifier un attentat contre une cible juive ou chrétienne ou n'importe quoi dans la rue.
12:32 On a réellement un recrutement qui peut se faire partout avec une cible très claire qui est la jeunesse.
12:42 – Une chose, comme vous êtes fondateur expert en contre-terrorisme, vous avez parlé des attentats du 13 novembre 2015 où il y avait une logistique énorme, etc. Aujourd'hui, vu toutes les précautions qui ont été prises par les services de contre-terrorisme, que vous connaissez bien par les services de renseignement,
13:00 est-ce que ce type d'attaque est impossible et que les terroristes en sont réduits à faire, vous me passerez l'expression, ce qu'on appelle du terrorisme low-cost pour des actions à un endroit précis avec une personne ?
13:14 – Alors effectivement, ce qu'on voit depuis quelques années maintenant, c'est ce qu'on peut rappeler du low-cost ou du do-it-yourself, vraiment quelqu'un qui passe à l'acte avec ses propres moyens et parfois des moyens très limités, ça peut être une voiture, ça peut être un marteau, ça peut être un couteau.
13:30 Mais je n'irai jamais jusqu'à dire qu'on ne verra plus de réseaux structurés passer à l'acte parce que je risquerais d'être démenti dans les heures, les semaines ou les mois qui viennent.
13:39 Le risque a baissé, ce risque-là a baissé parce que ce qui avait permis les attentats de 2015, c'est le fait que l'État islamique avait une territorialité, il contrôlait un vaste territoire entre la Syrie et l'Irak,
13:50 il pouvait attirer des djihadistes européens, les entraîner et les reprojeter vers l'Europe. Aujourd'hui, ça n'existe plus. Mais un réseau peut se structurer.
13:58 On a démantelé en Belgique, il y a un peu plus d'un mois, on a démantelé un double réseau avec une cellule qui était à Anvers et une cellule qui était à Bruxelles,
14:07 qui préparait des attentats, qui étaient déjà à un niveau assez avancé de préparation et qui comptait 8 personnes. Donc on était vraiment en face d'un embryon de structure, d'un embryon de réseau structuré.
14:20 Donc oui, ça peut se produire et c'est très clair que le fait que la situation s'aggrave au Sahel depuis que la France en a été chassée, on peut dire chassée effectivement malheureusement,
14:30 ça pourrait peut-être produire à terme les mêmes effets que ceux que nous avons connus avec le terrain irako-syrien.
14:38 - Lucien ? - Oui, Claude Moniquet. Est-ce que l'on peut aller encore plus loin dans les mesures pour lutter contre ces attaques au couteau ou c'est un problème insoluble ?
14:45 - Je pense que c'est un problème insoluble. Il n'y a pas de problème insoluble mais c'est quand même très très difficile à résoudre.
14:51 On a aujourd'hui, on a eu quand même un empilement de lois successives en France en particulier ces dernières années pour la lutte contre le terrorisme, pour la lutte contre la radicalisation, la lutte contre le séparatisme, etc.
15:03 Donc on va quand même très loin. On détecte les choses très en amont. Il y a des signalements qui sont sur les comportements de radicalisés par exemple dans les écoles ou les entreprises.
15:14 En face de quelqu'un qui est convaincu, qui est recruté ou pas, qui se convainc tout seul ou qui est convaincu par des tiers et qui va simplement aller s'acheter un couteau au bon marché et égorger des gens dans la rue,
15:30 franchement je ne pense pas qu'on puisse aller beaucoup beaucoup plus loin parce qu'on est en face de gens... On peut aller beaucoup plus loin sur la réseau structuré mais on est déjà très loin.
15:38 Sur la détection des achats d'armes, sur la détection des... Il y a par exemple l'obligation pour les magasins de bricolage de signaler l'achat de certains produits à partir du moment où on atteint certaines quantités.
15:50 Ce sont des produits qui peuvent être des précurseurs de fabrication d'explosifs. Mais qu'est-ce que vous voulez faire contre quelqu'un qui achète un marteau ou un couteau ?
15:57 C'est clair. Merci beaucoup Claude Moniquet. Je rappelle que vous êtes expert en contre-terrorisme et co-fondateur du Centre européen pour le renseignement stratégique et la sécurité.
16:06 Avec nous une voix de Sud Radio, Trina Magdine. Bonjour. On ne va pas parler voyants aujourd'hui parce que vous êtes Anne-Céenne. Anne-Etienne.
16:14 Anne-Etienne pardon, excusez-moi. Et que c'est le parc, vous connaissez très bien ce parc. Vos parents vous y amenaient lorsque vous étiez enfant.
16:21 Oui, c'est un parc qui existe depuis très très très longtemps puisque moi j'y jouais étant enfant et j'ai 41 ans.
16:26 Mes parents qui sont nés dans les années 50 y jouaient eux aussi quand ils étaient enfants.
16:31 C'est un parc qui est juste à proximité d'une école maternelle qui s'appelle le Quai Jules Philippe où ma grand-mère était à l'école.
16:37 Ça a toujours existé, ça a toujours été comme ça. Bien sûr le parc a été réaménagé depuis, etc. Mais il a toujours été là.
16:44 C'est un parc qui a ouvert 24h/24 dans lequel on peut rentrer comme on veut. Je veux dire il y a certains parcs, notamment à Paris par exemple, où c'est surveillé.
16:51 Il y a des gens devant qui surveillent, qui sont là pour ça. Là-bas non.
16:55 C'est très grand, c'est un parc de plus de 7 hectares.
16:57 C'est très très grand et moi je jouais là-bas tout le temps. Je suis extrêmement choquée et vraiment je tiens bien sûr à manifester mon soutien aux victimes et à leur famille.
17:07 Vous avez encore de la famille à Annecy ?
17:09 Oui, j'ai toute ma famille. J'étais encore là-bas il y a quelques jours pour mon anniversaire et je me baladais encore dans ce parc.
17:14 Je veux dire il y a des enfants tout le temps, comme c'est ouvert 24h/24, il y a tout le temps des enfants avec des parents dans ce parc-là.
17:21 C'est très fréquenté.
17:23 Vous avez eu votre famille au téléphone depuis cet intentat ?
17:25 Comment est-ce qu'ils réagissent ? On imagine la sidération.
17:29 Oui, je pense que c'est le mot.
17:31 La sidération parce qu'un attentat à Annecy, on ne s'y attend pas. Vous me direz, on en a bien eu à Trèbes, qui est beaucoup plus petit qu'Annecy.
17:37 Comment est-ce que les gens réagissent ?
17:39 Alors bien sûr c'est la sidération. Mon téléphone n'arrête pas de sonner évidemment.
17:42 Et on est sidéré déjà par l'acte en lui-même évidemment, mais aussi parce qu'il faut savoir qu'il y a eu une hausse de la délinquance à Annecy en 2022 par rapport à 2021 de 16%.
17:53 C'est énorme.
17:55 Oui, c'est quand même énorme et qu'Annecy en termes d'insécurité est classée numéro 2 des villes de Haute-Savoie, juste derrière Annemas.
18:00 Mais je ne parle que des villes de Haute-Savoie.
18:03 Sinon Annecy est classée 154ème ville la plus sûre de France.
18:07 Donc c'est quand même une ville sûre.
18:09 Et à ce que je sache, on n'a jamais connu un attentat, enfin en tout cas une attaque au couteau à Annecy.
18:15 Ça n'est jamais arrivé. Donc on est évidemment tous sous le choc bien sûr.
18:18 Est-ce que vous auriez pu imaginer, parce que là ça dépasse tout ce qu'on peut imaginer, d'attaquer, parce que c'est des enfants de crèche a priori,
18:26 attaquer au couteau des enfants de 3 ans qui représentent, moi je suis très ému en en parlant parce que j'ai ma petite fille qui a 3 ans, l'innocence absolue.
18:34 Ah oui, mais bien évidemment. Je veux dire, personne ne peut ne pas être choqué par ça.
18:40 S'en prendre à des enfants, c'est innommable.
18:43 On ne peut pas mettre de terme là-dessus. Ça ne devrait pas exister quelque chose comme ça. Ce n'est pas possible.
18:49 Restez avec nous Trina, on a Fabrice Galatioto, délégué régional Unité SGP Police FO d'Auvergne-Rhône-Alpes qui est en notre compagnie.
18:57 Bonjour Fabrice.
18:59 Bonjour.
19:00 Quelles sont les dernières informations que vous pouvez nous donner en direct sur Sud Radio ?
19:05 Alors sur le déroulement de l'enquête, je ne pourrais pas vous en donner bien plus parce que je ne suis pas certain que l'auteur ait encore été entendu.
19:12 Sur les faits ?
19:14 Sur les faits, comme vous avez pu le dire, avec tous ces enfants qui ont été agressés, un passant aussi qui a essayé d'interpeller l'auteur des faits.
19:26 Voilà l'intervention rapide de mes collègues, les scènes d'horreur, parce que comme j'entendais précédemment, s'attaquer à des enfants et arriver sur des enfants blessés,
19:36 c'est une ignominie absolue, c'est affreux, avec des points de compression à faire. Voilà la scène.
19:43 Je rappelle qu'un point de compression pour les auditeurs, c'est un point pour arrêter une hémorragie.
19:47 C'est ça, tout à fait. Dans une poussette. J'imagine des choses affreuses qu'ont pu vivre les personnes témoins de cette scène.
19:56 Vos collègues sont évidemment sur place, l'auteur a été interpellé. A priori, il s'agit bien d'un réfugié syrien âgé d'environ 45 ans, aux infos que l'on aurait.
20:06 Sur l'âge, je ne sais pas. Sur le fait qu'il soit réfugié syrien, oui. Sur le fait que, comme j'entendais précédemment, Annecy est réputée pour être plutôt calme,
20:18 c'est de moins en moins vrai, dans le sens où mes collègues me font remonter une pression migratoire qui est de plus en plus forte dans ce secteur.
20:26 Certainement due aux routes de l'immigration, et ce qui engendre un surplus d'activité pour l'effort de l'ordre.
20:34 Est-ce que vous, en tant que policier, parce que c'est la question que tout le monde se pose ici, vous auriez imaginé qu'on puisse attaquer des enfants de 3 ans ?
20:44 Est-ce que vous auriez imaginé ça, vous, en tant que policier ? Fabrice Galatioto.
20:48 Malheureusement, avec les profils qui circulent, on peut s'attendre au pire, mais c'est vraiment pas la chose à laquelle on s'attend le matin quand on prend son service.
20:57 Mais évidemment non, c'est affreux. Sur quelle piste on est ? Est-ce qu'on est sur du terrorisme ? Est-ce qu'on est sur un déséquilibré ? Voilà les questions qu'on se pose.
21:08 Vraie question. Évidemment, l'enquête va être théoriquement rondement menée puisqu'on attend la première ministre Elisabeth Borne à Annecy.
21:17 Elle devrait y arriver théoriquement dans quelques minutes et on attend une conférence de presse qui devait avoir lieu à midi et demi.
21:23 On devait la faire en direct, elle a été décalée à 13h30. On va suivre ce site très près, puisque je vous le rappelle, nous sommes évidemment, vu les circonstances, en édition spéciale sur Sud Radio.
21:35 On se retrouve dans quelques instants. Merci beaucoup Trina. Merci.
21:39 Pour Rémi André.
21:40 Édition spéciale, l'horreur à Annecy, ouvert 9h40. 6 personnes, dont 4 enfants d'environ 3 ans, ont été poignardées.
21:58 L'individu interpellé s'appelle Abdelmassih Achilat, 31 ans, c'est un réfugié syrien qui avait un statut de réfugié en Suède.
22:07 Nous sommes en compagnie de Virginie Dubimulaire, députée LR de Haute-Savoie. Bonjour Virginie Dubimulaire.
22:13 Bonjour.
22:15 On imagine que vous devez avoir énormément d'émotions, puisque même si Annecy n'est pas, je crois, votre circonscription, c'est évidemment très proche de chez vous.
22:23 Oui absolument. Annecy, ça reste le chef lieu de la Haute-Savoie. Ça s'est passé sur le paquet, j'ai envie de dire, c'est un site emblématique de la ville d'Annecy.
22:32 C'est la carte postale au bord du lac. Vous avez le pont des Amours à côté de ce square.
22:36 Donc c'est un endroit sur lequel on n'imagine absolument pas un drame d'une telle ampleur.
22:41 L'attaquant, l'assaillant, s'en est pris à des enfants en très bas âge, vous venez de le rappeler.
22:46 Et moi, je suis évidemment bouleversée par cette ignominie, cette barbarie.
22:51 Et mes premières pensées vont à l'endroit des familles, de ses enfants, des accompagnants et des victimes qui sont en ce moment même à l'hôpital d'Annecy et pris en charge.
23:01 Est-ce que vous auriez imaginé, parce que la question se pose qu'un jour on puisse s'attaquer à des enfants de 3 ans, des enfants de crèche au couteau ?
23:08 Non, pour moi c'est inimaginable, c'est un des actes barbares les plus ignominieux.
23:15 J'ai toujours du mal à comprendre, on est encore sous le choc, sous l'état de sidération.
23:23 Il faut en savoir plus sur les motifs de cette personne.
23:27 Mais évidemment, on ne pense pas que certaines personnes sont prêtes à s'en prendre à des enfants de cet âge.
23:37 C'est-à-dire qu'ils sont sans défense, qu'ils étaient dans un square, ils jouaient.
23:42 Et malheureusement, cette personne s'est prise à des "cibles" faciles.
23:50 Vous avez eu de la famille ou des amis présents sur place ?
23:54 Non, je n'ai pas eu de témoignages de personnes sur place.
23:58 J'ai vu des personnes qui sont intervenues sur les antennes télé et radio.
24:04 Mais pour l'instant, je n'ai pas eu de retour direct de la part de mes connaissances.
24:08 Annecy, a priori, c'est une ville relativement calme, théoriquement.
24:13 Oui, c'est une ville...
24:15 Même si la criminalité a augmenté, la délinquance a augmenté, ce n'est pas la pire ville de France.
24:19 Voilà, c'est une ville quand même réputée pour sa sécurité, surtout sur ce site,
24:24 qui est d'ailleurs situé à proximité du commissariat.
24:28 Comme dans d'autres villes moyennes, nous avons des problèmes de stupéfiants, de cobriolage, de violence intrafamiliale.
24:34 Mais jamais nous n'avons connu une attaque méthodique, comme celle qui s'est passée ce matin,
24:40 à l'endroit, je le rappelle, d'enfants qui jouaient dans un square.
24:46 Merci beaucoup Virginie Duby-Muller. Je rappelle que vous êtes députée Les Républicains de la Haute-Savoie.
24:52 Un dernier mot avec vous Trina. Vous, vous avez eu votre famille au téléphone.
24:56 Vous avez vu beaucoup de monde. A priori, l'émotion dépasse tout ce qu'on peut imaginer.
25:00 Bien évidemment. Comme je le disais tout à l'heure, c'est absolument innommable.
25:04 Oui, moi j'ai évidemment toute ma famille qui est là-bas, mes amis qui sont là-bas.
25:08 C'est là-bas que je suis née, c'est là-bas que j'ai passé la plus grande partie de ma vie.
25:12 Et c'est un endroit quand même vraiment sûr.
25:16 Et comme le disait la députée juste avant, c'est vraiment...
25:20 On ne peut pas se douter déjà qu'à Annecy, il arrive ce genre de choses.
25:23 On en est arrivé d'ailleurs. Et encore moins à cet endroit-là, le Paquiez, le Pont des Amours, juste à côté.
25:29 C'est une ville qui est surnommée la petite Venise des Alpes.
25:31 En plus c'est magnifique, il y a les montagnes derrière le lac.
25:34 J'y étais encore il y a quelques jours et c'est tout le temps bondé de monde, du matin au soir, pendant la nuit, tout le temps.
25:40 Là, ce qui pose question aussi, c'est pourquoi des enfants ?
25:43 Pourquoi spécifiquement des enfants ? Parce que les enfants sont accompagnés des parents.
25:46 Oui, surtout à cette hache-là.
25:48 Merci beaucoup Trina, merci. Beaucoup d'émotions, on vous sent très touchée.
25:52 On est tous très touchés par ce drame.
25:54 À partir de 13h30, il devrait y avoir la conférence de presse qui a été prévue à midi et demi.
25:59 On la fera en direct sur Sud Radio.
26:01 Pour le moment, on va reprendre ce qui aurait dû être le fil de l'émission.
26:05 On a avec nous Abdelkrim Braninko, auteur avec Daniel Riolo de Caro Football Club,
26:09 histoire secrète du football français, publié chez Hugo Sport.
26:12 A tout de suite.
26:13 Édition spéciale.
26:15 Sud Radio, Bercov dans tous ses états, midi 34h, Philippe David.
26:22 Édition spéciale, avant de retrouver Abdelkrim Braninko pour son livre Caro Football Club.
26:26 On appelle suite à la tragédie de Annecy, où je le rappelle,
26:32 six personnes, dont quatre enfants d'environ trois ans, ont été poignardées,
26:35 dont trois, quatre sont en urgence absolue.
26:37 Nous sommes en compagnie de Thibaut Demond-Brial,
26:40 avocat et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure.
26:43 Bonjour maître.
26:44 Bonjour.
26:45 Vous avez tweeté émotion et désolation après l'abominable attaque au couteau
26:49 par un réfugié syrien contre des enfants à Annecy.
26:51 Et rappel important, la réflexion sur cette tragédie ne peut se limiter
26:54 à la question technique, étroite de la qualification pénale.
26:58 Oui, parce que j'entends depuis ce matin que tout le monde est très prudent,
27:03 en disant "est-ce que on ne sait pas si c'est du terrorisme ?"
27:05 Et moi je réponds que si on fait une analyse purement juridique,
27:08 effectivement on ne sait pas encore,
27:10 mais si on fait une analyse politique, c'est-à-dire que si on prend du champ
27:13 par rapport à ce qui s'est passé, on ne peut pas comprendre,
27:16 quand on réfléchit à l'avenir de notre nation, ce qui est en train de lui arriver,
27:20 si on n'a pas perçu que nous sommes depuis des années l'objet,
27:25 nous et l'Occident en général, d'une attaque islamiste,
27:29 qui est une attaque qui a vocation à détruire ce que nous sommes,
27:32 à détruire notre société, et que cette attaque passe en particulier,
27:36 et il y a beaucoup d'autres vecteurs, mais passe en particulier
27:38 par une influence, une incitation par un certain nombre de vecteurs,
27:42 envers des individus isolés, que je distingue de ceux qui sont liés
27:45 à des groupes terroristes, pour qu'ils passent de façon individuelle
27:50 à l'attaque en France et dans les pays d'Europe.
27:53 Et c'est manifestement ce qui s'est passé.
27:54 Alors les dernières infos qui tombent, il y a quelques instants,
27:56 l'agresseur est marié à une suédoise, père d'un enfant de 3 ans,
27:59 il est inconnu des services de police et n'a pas de trouble psychiatrique documenté,
28:04 et il s'est déclaré être un chrétien de Syrie, a priori il portait une croix
28:08 et un livre de prière chrétien.
28:10 Est-ce que ça ne pose pas quand même question sur le droit d'asile en France,
28:14 quand on pense par exemple, toujours en région au Verne-Rhône-Alpes,
28:17 aux jeunes Timothy, poignardés à 19 ans par un réfugié afghan,
28:20 qui avait été reconnu être victime de troubles psychiatriques.
28:25 D'une manière générale, ça fait un certain nombre d'années
28:28 qu'au Centre de réflexion sur la sécurité intérieure,
28:31 nous préconisons que les demandeurs d'asile, dont il est documenté depuis au moins 2015,
28:36 qu'ils ont servi de point de passage à un certain nombre de terroristes et de délinquants,
28:40 mais nous préconisons que les demandeurs d'asile,
28:44 qui ne peuvent pas être traités dans les pays d'origine,
28:46 pour des raisons évidentes, parce qu'ils les fuient,
28:48 soient face à l'objet d'une instruction de leur demande,
28:52 non pas en étant en liberté sur le territoire européen,
28:55 mais en étant dans des centres fermés, au sein desquels évidemment,
28:58 ils auraient accès à tout le droit auquel ils ont accès,
29:01 à des moyens de communication, les avocats, etc.
29:03 Mais sans pouvoir se balader sur le territoire national ou sur le territoire européen,
29:08 et donc sans qu'on perde leur trace.
29:10 Ainsi, une fois les demandes d'asile acceptées, ils seraient admis,
29:14 mais si les demandes d'asile étaient refusées,
29:16 nous aurions d'ores et déjà ces individus sous notre contrôle.
29:20 – Il vous reste très peu de temps, je crois, le temps qu'il vous reste,
29:23 est-ce qu'on ne va pas obligatoirement avoir une réflexion
29:26 sur le droit d'asile en France après cette affaire ?
29:28 – Vous savez, dans un monde normal, je vous dirais oui,
29:32 mais des actions qui mettent en cause des étrangers en situation irrégulière
29:35 ou des députés du droit d'asile qui ont commis comme ça des périples meurtriers,
29:39 qu'ils soient ou non directement d'inspiration islamiste,
29:42 eh bien, il y en a beaucoup, il y en a beaucoup depuis 8 ans,
29:45 et à chaque fois on tourne en rond.
29:47 Donc j'espère que oui, j'espère que le tabou de l'attaque sur des très jeunes enfants
29:51 va faire sauter les freins psychologiques
29:53 qui entravent encore notre réflexion collective.
29:56 Et je rappelle simplement que le premier devoir d'un État,
29:59 c'est de protéger sa population.
30:01 Ce n'est pas de répondre à la misère mondiale, aussi dure soit-elle,
30:04 et ce n'est pas d'importer dans notre pays tous les conflits du monde entier.
30:07 – Merci beaucoup, Maître Thibaud de Montbrial, avocat et président
30:11 du Centre de Réflexion sur la Sécurité Intérieure.
30:15 Tout de suite, on repasse en édition spéciale Annecy,
30:19 où je vous rappelle, vers 9h40, 6 personnes, dont 4 enfants,
30:22 d'environ 3 ans, ont été poignardées au parc du Paquiez.
30:26 C'est situé sur les bords du lac d'Annecy, à côté de la mairie également.
30:30 4 des victimes sont en urgence absolue.
30:32 Nous sommes en compagnie de Philippe Fontana,
30:34 avocat, auteur du livre "La vérité sur le droit d'asile",
30:37 publié aux éditions de l'Observatoire.
30:39 Philippe Fontana, bonjour. – Bonjour.
30:42 – Alors, le profil du suspect, il a 31 ans,
30:47 il avait fait une demande d'asile en Suède,
30:51 comment a-t-il pu venir en France ?
30:54 – Bon, mais ça illustre bien la complexité des règles européennes
30:58 en matière d'asile.
31:00 On ne connaît pas exactement, avec certitude pour l'instant,
31:03 la situation administrative du mis en cause,
31:06 que ce soit en Suède ou en France.
31:08 Donc je ne peux que raisonner sur des hypothèses.
31:12 Soit il a obtenu l'asile en Suède, ou la protection subsidiaire,
31:17 et dans ces cas-là, il ne pouvait pas redemander l'asile en France,
31:23 en tout cas, il ne pouvait pas arriver au stade de l'OFPRA.
31:27 – C'est l'Office français pour les réfugiés et apatrites,
31:30 je l'explique pour les auditeurs.
31:32 – C'est ça. Donc on est quand même devant une situation
31:35 qui a l'air assez bluesque d'après les informations
31:38 qui nous ont été communiquées par les uns et par les autres.
31:41 – Alors, quand même, une question qui se pose,
31:44 il y a également Schengen ?
31:47 Est-ce que quelque part, ça ne pose pas la question
31:49 des contrôles aux frontières également ?
31:52 – Si vous posez la bonne question, il n'y a pas d'État sans frontières.
31:57 Schengen, à partir du moment où vous entrez sur le territoire national
32:01 d'un État membre de Schengen avec un visa,
32:04 vous pouvez circuler librement dans tous les autres États.
32:08 Donc ça facilite effectivement le transfert de personnes
32:14 dont la situation n'est pas extrêmement claire
32:17 d'un point de vue du séjour sur le territoire d'un État ou d'un autre.
32:23 – Est-ce qu'il y a, vous avez écrit un livre dessus,
32:25 "La vérité sur le droit d'asile", publié aux éditions de l'Observatoire,
32:29 y a-t-il beaucoup d'abus du droit d'asile en France ?
32:32 Philippe Fontana.
32:34 – Bon, énormément. Sur les 156 000 demandes présentées en 2022,
32:42 on sait, en considérant les chiffres des années précédentes,
32:48 60% des personnes touchées…
32:52 – Ah, attendez, ne bougez pas parce qu'on ne vous entend pas très bien.
32:56 Vous m'entendez ?
32:57 – Oui, oui, je vous entends.
32:58 – Là c'est bon, allez-y.
32:59 – Sur les 156 demandes, on sait que 60% des demandeurs
33:06 seront déboutés soit au stade de l'offre à 25%,
33:12 soit après un recours devant la CNDA à hauteur de 40%.
33:18 – C'est la Commission nationale du droit d'asile.
33:20 – C'est la Cour nationale du droit d'asile, pardon.
33:23 En fait, la plupart des gens qui demandent l'asile en France
33:28 ou la protection subléglaire se voient déboutés.
33:32 Donc effectivement, il y a un détournement ou un dévoiement
33:36 de la demande d'asile en France qui est entre-facilité
33:40 par le fait que la compétence partagée avec l'Union européenne
33:44 et d'autre part que la complexité des règles dédictées par l'Union européenne
33:49 rend la coopération entre les États, ce qu'on appelle le protocole
33:55 "règlement Dublin", extrêmement compliquée.
33:58 – Mais Philippe Fontana, vous dites que 60% des demandeurs de droit d'asile
34:01 sont déboutés.
34:03 Combien de pourcents sont réellement expulsés ?
34:06 Parce que les taux de réalisation de QTF
34:08 ne sont pas particulièrement brillants en France.
34:10 – Alors, le chiffre est très clair, c'est 5,6%.
34:15 – Oui, donc pas particulièrement brillants, on est bien d'accord.
34:18 En fait, il y a trois stades, soit le demandeur obtient l'asile
34:24 et il a un titre de résidence de 10 ans en France,
34:28 soit il obtient la protection sublimiaire,
34:30 qui est, on va dire, une somme édulcorée d'asile.
34:33 L'asile, c'est pour les personnes qui sont persécutées dans leur pays.
34:37 La protection sublimiaire, ce sont pour les personnes
34:41 qui peuvent être victimes de violences.
34:44 Par exemple, en Syrie, la violence liée à la situation de la guerre
34:51 fait qu'elles peuvent obtenir une protection sublimiaire
34:54 en France ou dans l'Union Européenne.
34:56 Et puis après, le temps de l'instruction de la demande,
35:01 il faut bien comprendre pour vos éditeurs,
35:04 qu'une personne qui rentre irrégulièrement sur le territoire français
35:08 à partir du moment où elle demande l'asile ou la protection sublimiaire,
35:13 voit son séjour devenir régulier sur le territoire national.
35:17 Donc au bout d'un an, d'un an et demi, deux ans,
35:20 si elle n'obtient ni l'asile ni la protection sublimiaire,
35:23 à ce moment-là, elle se pose la question de son séjour en France.
35:28 Et comme il y a des difficultés à la reconduire dans son pays,
35:35 elle a toutes les chances de rester, si elle a fondé une famille,
35:38 si elle a des enfants, si elle travaille,
35:40 et dans ces cas-là, elle restera sur le territoire national.
35:43 Donc en fait, la demande d'asile est le meilleur moyen
35:47 pour obtenir un séjour régulier en France.
35:49 Merci beaucoup Philippe Fontana, avocat et auteur du livre
35:52 "La vérité sur le droit d'asile" publié aux éditions de l'Observatoire.
35:55 On retrouve Pierre-Marie Sèvres, directeur de l'Institut pour la Justice.
35:59 Bonjour Pierre-Marie Sèvres.
36:01 Oui, bonjour. Bonjour à tous.
36:03 Tout à l'heure, on avait l'avocat Thibault de Montbrial
36:06 qui disait qu'on ne pourrait pas échapper à une réflexion sur le droit d'asile.
36:10 Quelle est votre réaction, notamment après avoir entendu ces propos,
36:13 et ceux de Philippe Fontana ?
36:15 Alors ma réaction, tout d'abord déjà sur l'attentat qui est absolument ignoble,
36:20 surtout quand on est père de famille.
36:22 Je pense qu'il faut quand même bien le vocaliser,
36:25 cette émotion qui est très saine, que tout le monde devrait avoir
36:28 quand des enfants sont poignardés, visés, comme c'était le cas là.
36:33 Les vidéos sont absolument atroces.
36:35 D'ailleurs, je ne conseille pas de les regarder.
36:38 Donc c'est important, je pense, de rappeler cette émotion-là
36:40 qui est légitime et qui est saine dans un pays normal.
36:44 Deuxièmement, je rejoins les propos qui ont été dits auparavant.
36:47 Moi, c'est vrai que je pense au droit d'asile.
36:50 Le droit d'asile est aujourd'hui une prérogative essentiellement européenne.
36:55 L'Union européenne, tous les efforts sur l'immigration effectués par l'Union européenne
37:01 se concentrent sur le droit d'asile et sur l'immigration irrégulière.
37:04 Je rappelle par exemple que c'est grâce aux droits de l'Union européenne
37:09 que le délit de séjour irrégulier a été abrogé dans tous les pays membres.
37:13 Donc ça, c'est un premier point qui donne peut-être un petit peu un sens idéologique
37:18 au travail qui est fait par l'Union européenne.
37:20 Et puis, moi, je m'interroge.
37:22 Je pense que la question de la responsabilité doit reposer sur l'Union européenne.
37:28 Quand on voit par exemple que la Cour de justice de l'Union européenne,
37:31 depuis des années, condamne la Pologne, la Hongrie, la République tchèque,
37:35 voire d'autres pays, tout simplement parce qu'ils vont détenir,
37:40 alors je me souviens de la Hongrie, pardon,
37:43 qui avait été condamnée par la Cour de justice de l'Union européenne
37:45 parce qu'elle avait détenu pendant 3-4 jours un migrant illégal dans une zone de transit.
37:52 Donc je pense que ce travail de sable qui est fait par l'Union européenne
37:57 et par tout ce droit européen doit absolument être pointé du doigt
38:01 parce que c'est lui le responsable.
38:03 - Une question. Est-ce que vous auriez imaginé,
38:06 vous suivez de très près les problématiques de justice,
38:08 en tant que directeur de la SUP pour la justice,
38:10 qu'on pourrait s'attaquer un jour à des enfants de crèches,
38:13 des enfants de 3 ans ?
38:15 - Très sincèrement, ça paraît inhumain.
38:19 - Nous ici, c'est ce qu'on se dit, on n'imaginait pas que ça puisse arriver.
38:22 - Non, non, non, bien sûr. Ça paraît complètement inhumain.
38:25 Donc je pense qu'un cerveau normalement constitué
38:29 ne peut pas imaginer que des enfants de 3 ans puissent être visés.
38:32 On se dit que même les pires criminels, que même les plus fous,
38:35 les plus déséquilibrés ne vont pas penser à attaquer des enfants.
38:41 Mais pour autant, l'horreur va au-delà de ce qu'on peut imaginer
38:45 et ça doit nous servir de leçon.
38:48 J'ai beaucoup insisté sur l'émotion que ça doit créer,
38:51 il faut absolument ensuite une réaction rationnelle et saine
38:55 qui ait une réforme de tout ce droit d'asile.
38:58 - Il ne nous reste même pas une minute.
38:59 Est-ce que vous ne croyez pas que, comme d'habitude,
39:01 la réaction, ça va être des bougies, des marches blanches,
39:03 des larmoiements et derrière, rien ?
39:05 - Très certainement.
39:07 En tout cas, c'est la réponse facile que les politiciens vont vouloir nous apporter.
39:12 Maintenant, ça dépend que des citoyens français.
39:16 Si les citoyens français se font entendre,
39:18 et plus ils se font entendre, plus la pression va être difficile à résister pour les politiques.
39:22 Au bout d'un moment, les choses vont bien finir par changer.
39:26 Maintenant, c'est jusqu'à quand ?
39:27 Combien de meurtres, combien d'attentats on va devoir attendre
39:31 avant qu'enfin la loi change et arrête de permettre ce genre d'acte absolument ignoble ?
39:38 - Merci beaucoup Pierre-Marie Sèvres.
39:39 Je rappelle que vous êtes directeur de l'Institut pour la Justice,
39:42 édition spéciale qui s'arrête là-haut.
39:44 Retrouvez Brigitte Lahaie, mais on suivra bien évidemment l'actualité en direct sur Sud Radio.
39:49 Merci à vous.

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