Depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, 59 enquêtes de l'IGPN ont été ouvertes contre des policiers. Des sanctions à l’étude contre la BRAV-M. Avec Alexandre Langlois ex-agent des renseignements policiers.
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00:00 *Cris de la foule*
00:07 Et oui, vous l'entendez tous les jours, depuis quelques jours,
00:11 les ping-pong de la police, ou des ambulances,
00:16 les sirènes des ambulances,
00:19 les grenades, le lacrymogène,
00:23 les tirs de mortier, quelquefois, et puis, et puis, et puis,
00:27 une nouvelle arme létale qui est entrée dans l'arsenal, les casseroles.
00:30 Ça n'arrête pas. Et puis, quand même, très sérieusement,
00:34 il y a des problèmes de tous les côtés, on sait,
00:37 il y a les casseurs, il y a les black-blancs, il y a les gens qui ne viennent que pour ça,
00:41 vraiment, pour casser, de manière complètement irréfléchie, imbécile,
00:45 voire criminel, et puis il y a certains membres de la police,
00:50 surtout la brave M, la fameuse brave M,
00:54 qui est chargée de réprimer les manifestants les plus violents,
01:00 et bien, il y a un problème. Il y a un problème parce que
01:03 Agnès Thibault-Lecuivre, qui est la directrice des polices,
01:07 la fameuse IGPN, comme vous le savez,
01:10 et bien a déclaré que 59 enquêtes ont été ouvertes
01:14 depuis le début de la contestation, il y a trois mois,
01:17 contre la réforme des retraites. 59 enquêtes ouvertes par la police des polices,
01:21 pas par des avocats gauchistos, etc.
01:26 Non, non, la police des polices. Alors qu'est-ce qui se passe ?
01:29 Et bien on va en parler avec quelqu'un qui a été dans la police pendant très longtemps,
01:33 on va peut-être le redevenir. Bonjour Alexandre Langlois.
01:36 - Bonjour. - Bonjour.
01:39 Écoutez, ça fait longtemps qu'on ne vous a pas entendu,
01:42 on est heureux de vous entendre. Je rappelle rapidement que vous avez été
01:45 membre du syndicat Alliance Police Nationale, avant de rejoindre la CGT
01:50 le secrétaire général, vous avez été du syndicat policier Vigie,
01:54 vous me corrigerez si je me trompe, vous avez longtemps tenu
02:00 un discours critique sur une certaine organisation de la police,
02:03 en 2019, en juillet, vous avez été suspendu de vos fonctions
02:08 pour une période de 12 mois, dont 6 avec sursis,
02:11 Christophe Castaner était alors ministre de l'Intérieur,
02:14 ensuite, quand il y a eu les affaires de violence policière
02:17 Michel Zecler, le 27 novembre 2020, vous avez demandé vous-même,
02:22 Alexandre Langlois, une rupture conventionnelle pour quitter la police nationale.
02:25 Et vous avez dit "je quitte la police nationale pour les mêmes raisons
02:29 que je suis rentré, la défense des libertés individuelles et de l'intérêt général",
02:33 et j'en termine en disant que le 12 mars 2021, vous avez été notifié
02:38 de votre révocation de la police nationale suite à un tract
02:42 qui est en train de se faire en la haute hiérarchie, et puis le 16 avril 2021,
02:46 puisqu'il faut le préciser aussi, décision suspendue par le tribunal administratif de Versailles
02:51 au motif qu'il existe un doute sérieux quant à la légalité de la sanction.
02:55 Juste Alexandre Langlois, où en êtes-vous aujourd'hui ?
02:58 Alors depuis, il y a eu le Conseil d'État qui est passé,
03:01 qui a confirmé la décision de suspension, c'était en décembre de l'année dernière,
03:06 et après il y a eu un jugement sur le fond en première instance
03:09 qui reconfirme effectivement que le ministre de l'Intérieur n'a pas le droit
03:12 de virer les gens selon son bon plaisir.
03:14 Donc pour le moment, il a fait appel, donc c'est toujours en panotage,
03:19 et ce qui se joue c'est la rupture conventionnelle ou pas.
03:22 Je comprends.
03:23 Alors Alexandre Langlois, on va parler du fond justement,
03:26 et vous êtes aussi bien placé que tous pour en parler.
03:30 Alors qu'est-ce qui se passe ? Effectivement, on a vu depuis quelque temps
03:34 une espèce de tension, plus que de tension, on a vu des images,
03:38 alors on discute des images, oui, vous voyez telles images
03:41 qui montent des exercitions de la part de la police ou de la Bravem,
03:44 notamment, mais vous ne voyez pas l'image d'avant, l'image d'après, etc.
03:48 Bon, au-delà de ça, est-ce qu'il y a eu, d'après vous,
03:52 un durcissement des instructions données à la police
03:56 par rapport aux manifestations diverses et variées qui continuent,
03:59 d'ailleurs plus que jamais, on l'a vu à Célestin, on l'a vu en Grand Range,
04:03 on l'a vu ailleurs, et qui n'arrêtent pas, et puis on sait que le 1er mai,
04:07 ça ne va pas être d'un pacifisme absolu.
04:12 Alors, qu'est-ce qui se passe selon vous ?
04:15 Alors, effectivement, il y a eu un durcissement, mais c'est pas d'aujourd'hui.
04:19 Aujourd'hui, on est sur l'aboutissement d'un processus de détournement,
04:22 en tous les cas, par le pouvoir politique des forces de police.
04:25 Ça avait commencé sous M. Manuel Valls, il y a eu toutes les manifestations
04:29 des quinquennats précédents, c'est-à-dire qu'on a eu les manifestations
04:32 pour le mariage pour tous, les manifestations loi de travail,
04:35 les manifestations écologiques, les manifestations gilets jaunes,
04:38 et à chaque fois, la réponse politique s'est transformée en réponse,
04:41 justement, on envoie la police, on ne répond pas.
04:43 Et ça avait été avoué et assumé par le gouvernement d'Emmanuel Macron,
04:46 par la voix de Mme Sibeth Ndiaye, qui avait déclaré
04:49 quand elle était porte-parole du gouvernement,
04:51 "s'il provoquait de la violence pour les réformes pour lesquelles
04:54 on a été élus, enfin, on provoque de la violence, je l'assume".
04:57 Carrément, elle a dit ça comme ça, dans ces termes ?
05:01 – Je l'ai dit, dans les termes exacts, c'est si la mise en œuvre des réformes
05:06 pour lesquelles on a été élus provoque de la violence, je l'assume,
05:09 c'était sur BFMTV quand elle était porte-parole du gouvernement.
05:12 – D'accord.
05:13 – Ce qui veut dire assumer quelque chose, ça veut dire que, par exemple,
05:15 il y a eu un sondage du Point récemment qui disait
05:17 "qui est la source des violences aujourd'hui ?"
05:19 31% des Français ont quand même répondu le gouvernement,
05:22 mais en fait, il n'y a même pas besoin de faire de sondage.
05:24 Quand un coupable a avoué et assume parfaitement ses actes, c'est fait,
05:27 je veux dire, le gouvernement assume de provoquer de la violence.
05:30 Donc la source de la violence est identifiée et assumée.
05:33 Après, qu'est-ce qui se passe ?
05:34 Derrière, c'est les consignes qui sont données.
05:36 – Pardon, Alexandre Langlois, je ne veux pas me jouer l'avocat des manifestants,
05:40 vous savez très bien que parmi les manifestations,
05:42 il y a des gens qui viennent uniquement pour casser,
05:45 je les nomme les Black Blocs, par exemple, et d'autres, ils existent.
05:50 – Alors, il y a des gens, ils existent parfaitement,
05:52 mais en fait, c'est ça où il y a deux choses, c'est que, un,
05:55 si jamais les réformes n'étaient pas contestées de façon majoritaire par les Français,
05:58 il n'y aurait pas autant de manifestations monstres.
06:01 Ce qui fait que ces gens-là qui viennent commettre des actes délictuels et criminels
06:04 n'auraient pas l'occasion de venir parce que ces gens-là sont des lâches,
06:08 il faut quand même le dire, si jamais ils ne peuvent pas se cacher
06:11 derrière des victimes innocentes, ils ne viennent pas.
06:14 C'est-à-dire qu'ils viennent perturber toutes les manifestations au nom de la démocratie,
06:17 mais ne respectant pas justement le délai et les mots d'ordre démocratique
06:21 des organisateurs de quelles que soient les manifestations de ces dernières années.
06:25 Donc, une fois qu'on a fait, pourquoi il y a des manifestations ?
06:27 Parce qu'il y a un problème politique qui n'est pas résolu.
06:30 Donc ensuite, ça permet d'engraigner des choses à côté.
06:32 Et après, on dit, attendez, il y a des casseurs.
06:34 Oui, il y a des casseurs, ils sont connus des services de renseignement,
06:36 la vraie question, c'est pourquoi les ordres ne sont pas donnés pour les interpeller à temps,
06:39 pour éviter qu'ils viennent commettre des exactions,
06:42 et pourquoi ils ne sont pas présentés à la justice derrière ?
06:44 Donc, il y a tous ces problèmes-là.
06:46 Et ce n'est pas en mettant des nouvelles unités, comme les Brave M, par exemple,
06:50 que ça va résoudre le problème.
06:52 Le problème, déjà, quand on crée une nouvelle unité, c'est de la communication,
06:55 c'est qu'on prend des fonctionnaires d'une autre unité pour les mettre dans celle-ci.
06:58 Et après, deuxième chose, c'est que le matière de l'ordre,
07:00 c'est quelque chose de très particulier, de très précis.
07:02 Et en France, il me semblait que nous avions des unités, comme les CRS,
07:06 qui avaient toute cette vocation et qui avaient le savoir-faire.
07:09 Pourquoi plutôt que de créer une nouvelle unité,
07:11 pourquoi n'avoir pas renforcé les gens qui savent faire ?
07:13 Ça demande du temps de former un CRS, effectivement,
07:15 on ne devient pas CRS du jour au lendemain,
07:17 mais on a les capacités en France de former des gens correctement.
07:19 Donc, il y a ce côté, on va utiliser des unités qui ne sont pas prévues pour ça,
07:23 et on va entendre des images de violence,
07:25 et des gens qui ne sont pas forcément compétents,
07:27 ou qui n'ont pas acquis la compétence.
07:29 Deuxième chose aussi, sur ces unités de Bravem qui posent problème,
07:32 c'est qu'il y a certaines unités de police, par exemple,
07:34 qui nécessitent de l'aplomb et du sang-froid, pour prendre leur aide.
07:38 On ne peut pas rentrer au RAID si, en général, on n'a pas 30 ou 40 ans,
07:42 on n'est pas père ou mère de famille,
07:44 parce que les recruteurs cherchent aussi des gens qui sont stables,
07:47 qui ne vont pas être des chiens fous lâchés.
07:49 Et dans les Bravem, le recrutement ne se fait pas de la même façon.
07:52 C'est volontaire, et le profil qui a été envoyé,
07:54 le message qui a été envoyé par le gouvernement,
07:56 c'est plutôt un profil de fonctionnaires plus jeunes,
07:59 donc qui ne seront pas forcément bien encadrés,
08:01 et qui vont vraiment faire le coup de main.
08:03 Donc il y a une volonté politique de mettre des policiers en difficulté,
08:06 avec des conséquences graves pour les manifestants.
08:08 - Et vous parlez même, Alexandre Langlois, au début de votre intervention,
08:11 vous dites "on a des..." pas seulement,
08:13 maintenant le pouvoir politique a détourné ce que devait être la fonction,
08:18 enfin le fond de la police, quoi.
08:22 - Oui, parce qu'en fait, c'est ce qu'on a pu voir,
08:24 il n'y a pas de réponse politique.
08:25 A chaque fois, la réponse politique, le dialogue politique,
08:27 est de plus en plus fermé.
08:29 Et là, on arrive à un aboutissement où il n'y a plus de dialogue tout court.
08:32 Et je repense à ce mot de Philippe Bas,
08:34 qui était président de la Commission des lois au Sénat,
08:36 au moment de l'affaire Benalla,
08:38 et qui était venu tenir une conférence,
08:40 enfin qui participait à une conférence l'année dernière,
08:42 au printemps des barreaux de France, de Paris.
08:44 Il avait dit, très justement,
08:47 "Aujourd'hui, il n'y a plus de moyens pour les Français de s'exprimer.
08:49 Tous les contre-pouvoirs ont été verrouillés."
08:51 La parole des Français, il n'y avait plus...
08:53 Avant, il y avait les syndicats.
08:54 Macron a dit, "Je ne parle plus aux syndicats,
08:56 les corps intermédiaires, je n'en veux pas."
08:57 Le Sénat qui a essayé de faire quelque chose,
08:59 au fur et à mesure, tous les contre-pouvoirs ont été verrouillés.
09:01 Sa conclusion, ce qui est assez logique de toute façon,
09:04 il a dit, "La prochaine fois que les gens descendront dans la rue,
09:06 ce sera très violent, parce qu'en fait,
09:08 ils n'auront pas été écoutés, ils auront été méprisés."
09:10 Et c'est ce côté, des fois, les gens ne demandent même pas, en fait,
09:13 d'aboutir à quelque chose, ils demandent juste déjà d'être écoutés.
09:16 De s'exprimer et d'être écoutés.
09:18 Et on a eu un aboutissement récemment.
09:21 Emmanuel Macron avait mis en place la possibilité
09:24 de signer des pétitions sur le site de l'Assemblée nationale.
09:26 En tous les cas, c'est son gouvernement,
09:28 précédemment, au moment de l'aéroport de Paris, la privatisation.
09:31 Donc très bien.
09:32 Ces pétitions doivent être examinées si elles reçoivent 500 000 signatures,
09:35 ce qui n'est pas rien sur le site de l'Assemblée nationale,
09:37 vu qu'on doit se connecter par France Connect,
09:39 donc donner des données personnelles très précises pour éviter les doublants.
09:42 Et le 5 avril dernier, par exemple, une pétition demandant la dissolution des Bravem
09:47 a été classée sans suite par la commission des lois.
09:50 Ce qui veut dire qu'en fait, ils disent, même ça,
09:52 on vous donne des moyens de vous exprimer,
09:53 même les moyens que nous-mêmes on vous a donnés,
09:55 on ne les utilise pas.
09:57 En fait, ça veut dire qu'il y aurait eu un examen,
09:59 ce qui veut dire, vu la majorité actuelle de l'Assemblée nationale,
10:01 il y avait quand même peu de débats sur l'issue
10:04 qui auraient été donnés à cette pétition,
10:05 mais il y aurait eu un débat autour d'elle.
10:07 Là, il y a même juste refus du débat.
10:10 Le débat n'a pas eu lieu, ne pouvait pas avoir lieu.
10:12 Enfin, n'a pas eu lieu, oui, c'est ça.
10:14 - N'a pas eu lieu, et ce qui veut dire qu'en fait,
10:15 il y a une frustration auprès des personnes qui vont dans la rue.
10:18 Il y a des frustrations des gens.
10:19 Comment on peut s'exprimer ?
10:20 On veut utiliser les moyens légaux ?
10:21 On nous dit non.
10:22 On nous dit que si on fait une manifestation,
10:24 on ne doit pas déranger, on ne doit pas faire de bruit.
10:26 Si on veut faire une pétition, on nous dit non.
10:27 En fait, à chaque fois, les représentants aujourd'hui
10:29 ne représentent plus les Français, malheureusement,
10:32 qui sont élus à l'Assemblée nationale.
10:34 - Enfin, en tout cas, s'ils ne représentent plus,
10:37 ils sont en tout cas très contestés par une partie de la population
10:40 qui n'y croit plus.
10:41 Et c'est très préoccupant, d'ailleurs,
10:43 parce qu'effectivement, ne plus croire à un pouvoir législatif ou autre,
10:48 et comme vous dites, si on a l'impression
10:52 que le pouvoir exécutif occupe tout le champ du pouvoir,
10:55 évidemment, Montesquieu pourrait se retourner dans sa tombe dix fois.
10:58 Mais alors, qu'est-ce qui fait, à votre avis,
11:01 qu'on est arrivé aujourd'hui, non pas à un paroxysme,
11:04 mais enfin à quelque chose qui est très tendu,
11:06 que un ministre, un président ne peut plus se déplacer
11:11 sans qu'il y ait de façon régulière ?
11:14 Est-ce que c'est parce que, justement, il n'y a plus d'intermédiaire,
11:16 il n'y a plus de place ou de surface pour l'expression,
11:20 que ça devient tellement tendu ?
11:23 On l'a vu à Sélesta, on l'a vu à La Grange,
11:25 aujourd'hui, il y a effectivement, après Sainte-Soline, il y a Vendine, etc.
11:31 C'est quoi ? C'est devenu, en fait, un mode d'expression ?
11:36 C'est la manifestation puisqu'il n'y a rien d'autre ?
11:39 En fait, c'est un retour à ce qu'avait fondé, par exemple, la Troisième République,
11:44 où un député, Louis Blanc, avait déclaré le bulletin de vote
11:47 à remplacer la violence dans les rues,
11:49 parce que, justement, on arrive à trouver un consensus
11:51 au niveau de la représentation nationale.
11:53 Et la Troisième République a fait des lois qui sont toujours en vigueur,
11:57 qui, malheureusement, on essaye de les détricoter aujourd'hui,
11:59 comme la loi sur la séparation de l'Église et l'État, la législative,
12:01 il y a plein de lois qui ont été votées à l'époque,
12:03 qui sont toujours en vigueur, parce que, justement,
12:05 il y a eu un consensus qui a été créé à cette époque autour de ces lois.
12:08 C'est-à-dire que ce n'était pas l'idéal pour tout le monde,
12:12 mais c'était acceptable pour tous ceux qui voulaient faire partie.
12:14 Ça faisait consensus, on était d'accord là-dessus.
12:16 Ça faisait consensus, c'est-à-dire qu'on n'était pas d'accord sur tout,
12:19 ce n'était pas l'idéal, mais on se disait,
12:21 ce n'est pas aussi pire que ce qu'on pourrait…
12:22 et sur d'autres sujets, j'aurais gagné de cause.
12:24 Aujourd'hui, justement, on retourne à l'ancienne méthode.
12:27 Comme il n'y a plus de consensus au niveau de l'Assemblée nationale
12:29 et des représentants, les gens reprennent les anciennes méthodes
12:32 de la force dans la rue.
12:33 Donc là, on est sur la première étape,
12:35 mais si on continue, ce sera de plus en plus de violence.
12:37 Et ce qui avait fait fonder notre modèle démocratique
12:39 est en train de se fissurer, parce qu'il y a cette déconnexion
12:42 entre les attentes populaires et ce que font nos politiques.
12:45 Et en fait, c'est ça la difficulté.
12:47 Si jamais il y avait une discussion, il y avait des possibilités,
12:49 il n'y aurait pas besoin de se cacher quand un président ou des élus se déplacent.
12:52 Et en plus, particulièrement pour la police,
12:55 on n'est pas aidé au niveau de la police par M. Darmanin,
12:58 qui, je rappelle, peut se moquer des victimes de personnes
13:03 qui ont été victimes de violences policières,
13:04 dans le terme où là, il y a eu une faute professionnelle,
13:06 c'était l'époque de Cédric Chouviat,
13:08 quelqu'un qui a été tué pour une plaque d'immatriculation sale.
13:11 Et à l'époque, M. Darmanin avait dit "je m'étouffe
13:13 quand j'entends parler de violences policières".
13:15 Mais où sommes-nous ?
13:16 Je veux dire qu'on est rendu à se moquer des gens
13:18 qui sont de victimes innocentes,
13:19 parce que j'ai beaucoup aimé la distinction
13:21 que vous avez faite au début de l'émission,
13:23 c'est qu'effectivement, il y a des fois,
13:24 la violence policière est nécessaire.
13:26 Et quand on parle, par exemple,
13:27 est-ce que les policiers ont bien fait de tirer sur le terroriste
13:29 qui a tué Samuel Paty ou au Bataclan,
13:32 la réponse est unanimement oui.
13:33 Donc c'est nécessaire.
13:34 Mais il y a des cas où malheureusement, il y a des erreurs.
13:37 Les erreurs, on peut les pardonner, les expliquer.
13:40 Mais par contre, on ne peut pas se moquer des victimes.
13:42 Ça ne va pas dans ce sens-là.
13:43 - Bien sûr.
13:44 Et justement, je voulais juste dire que
13:48 0826 300 300, n'hésitez pas, prenez la parole,
13:53 s'il y a aujourd'hui, là, maintenant,
13:56 des auditeurs qui veulent parler avec,
13:58 dialoguer avec Alexandre Langlois,
14:00 et bien écoutez, faites-le.
14:01 Juste un mot, Alexandre Langlois.
14:03 Au fond, est-ce que par rapport au...
14:05 puisque vous l'avez vécu comme nous tous,
14:07 par rapport à ce qui s'est passé avec les Gilets jaunes,
14:11 la répression, les réactions, etc.
14:13 Est-ce qu'on est aujourd'hui dans la même phase
14:15 ou on est dans une autre phase ?
14:18 - Aujourd'hui, on va être dans la phase d'après.
14:20 Parce qu'en fait, malheureusement, les gens apprennent.
14:22 Et au moment des Gilets jaunes,
14:24 il y avait encore une force contenue.
14:25 Il n'y avait pas une volonté d'aller faire des actes violents
14:28 ou de la résistante plus agressive.
14:30 Il y avait une volonté de s'exprimer.
14:32 Et au fur et à mesure, la volonté politique, en fait,
14:35 a été de cette répression aveugle,
14:36 a fait que les gens plus pacifiques sont plus venus,
14:39 parce qu'ils avaient peur.
14:40 Et en fait, les cortèges se sont plus radicalisés.
14:43 Il n'y avait plus que ceux qui étaient déjà en bonne santé
14:45 qui pouvaient venir.
14:46 Les plus fragiles et les plus jeunes ne pouvaient plus venir.
14:48 Donc en fait, il y a eu toute une catégorie de personnes
14:51 qui étaient ciblées pour aller manifester.
14:53 Les autres ne pouvaient plus.
14:54 Quand on écarte les gens, effectivement,
14:55 après on dit qu'il n'y a plus personne.
14:56 Donc en fait, il y a déjà la première étape qui est passée.
14:59 Et en fait, déjà, les Gilets jaunes n'ont pas obtenu grand-chose.
15:01 Après, il y a eu toutes les autres manifestations depuis
15:03 qui n'ont rien donné.
15:04 Et ce pouvoir qui discute avec lui-même.
15:06 Donc en fait, la prochaine étape, ils disent aux gens,
15:08 voilà, on a acheté des grenades, on a acheté du matériel,
15:10 on a recruté des policiers, mais pas forcément la qualité.
15:13 Je rappelle que malheureusement, pour remplir le nombre de critères
15:16 au niveau quantité, on est descendu à 5 de moyenne
15:18 au niveau du recrutement.
15:19 Ce qui veut dire que ce n'est pas la même qualité.
15:21 - 5 de moyenne.
15:22 Et la moyenne avant, avant était de combien ?
15:24 - Ça descendait, ça dégringolait.
15:26 On était à 10, après 8, 5.
15:28 Et là, on est descendu à 5.
15:29 Voilà, mais après, ça dépend des années.
15:32 - Et c'est ce que vous dites, la bravème par rapport au CRS,
15:35 enfin de cette section créée récemment en 2019.
15:39 - Il y a la chose, c'est qu'en fait, c'est des jeunes.
15:42 Donc des jeunes, des fois, on n'a pas l'expérience de la vie.
15:44 On ne réagit pas de la même façon à 20 ans, 30 ans, 40 ans.
15:47 Donc ça, ça ne s'apprend pas.
15:48 Il faut encadrer les plus jeunes.
15:49 On voit d'abord, généralement, que quand il y a des bavures
15:52 ou des erreurs qui sont commises, en général, c'est déjà un défaut
15:54 d'encadrement sur le terrain de personnes qui ont plus d'expérience.
15:57 - C'est important de rappeler ça.
15:59 Oui, allez-y, allez-y.
16:00 - Voilà, la deuxième chose, c'est qu'après, dans les unités,
16:03 comme les CRS ou d'autres unités, il y a aussi des gens
16:05 qui discutent après, qui refont le match en disant
16:08 "on n'en resterait plus le temps d'intervenir comme ça, comme ça".
16:10 La BRAVEM, en fait, du fait de sa non-sélection à l'entrée,
16:12 en disant "on prend tous les volontaires et ce qu'on a besoin de monde
16:14 pour le faire, avec quelques compétences", ça attire un certain profil.
16:19 Donc forcément, voilà.
16:21 Mais la dernière chose aussi, parce que ça, ça m'avait fait rire,
16:23 j'ai eu un débat récemment avec un collègue,
16:26 toujours collègue, lui, Bruno Attal, qui m'a dit "mais voilà,
16:28 mais ce n'est pas parce qu'on va enlever la moto au BRAVEM
16:30 que le policier va être bien ou pas bien".
16:32 Et il a raison.
16:33 C'est qu'en fait, les BRAVEM attirent un certain profil,
16:35 mais ce n'est pas ça derrière.
16:37 C'est pour qu'une police soit irréprochable, encore derrière,
16:39 il faut que les personnes qui commettent des fautes professionnelles
16:41 soient sanctionnées et non soutenues par le pouvoir en place.
16:44 Et c'est à partir de là que ça jette l'image.
16:46 - Alors nous avons un auditeur, Richard, qui nous appelle de Toulouse.
16:51 Bonjour Richard.
16:52 - Bonjour à vous.
16:54 - On vous écoute, Richard. Parlez avec Alexandre Langlois.
16:57 On vous écoute.
16:58 - Oui, bonjour. J'ai une question qui est un peu grave, en fait.
17:02 Je ne comprends pas pourquoi, au niveau de la police,
17:06 on ne dispose pas de contrôle d'alcoolémie
17:11 ou prise de stupéfiants de manière préventive,
17:15 comme ça se fait pour la gendarmerie.
17:20 - Vous voulez dire de contrôle, vous voulez dire que quelqu'un prend des stupéfiants, c'est ça ?
17:24 - Voilà. Donc aujourd'hui, c'est vrai que la police est plus en contact que d'autres avec des stupéfiants.
17:30 Elle dispose de la violence légitime.
17:33 Ils portent une arme.
17:35 Je pense qu'il faut une exemplarité.
17:38 - Vous pensez qu'il faudrait contrôler, que ça mérite d'être contrôlé, Alexandre Langlois ?
17:43 Est-ce que c'est vraiment un problème, ça, avec la police ? Ou une partie de la police ?
17:46 - Il y a eu un problème, il y a des années, il y a eu un problème effectivement avec l'alcool,
17:49 mais qui a été résolu.
17:51 Par contre, il y a un problème effectivement de suivi psychologique dans la police.
17:54 Parce qu'il y aurait besoin, vu les situations,
17:57 certains des fois peuvent tomber dans l'alcoolisme ou des choses comme ça,
18:00 mais en général, les gens ne sont plus sur la voie publique.
18:02 Mais du coup, il n'y a pas ce suivi.
18:04 Parce qu'en fait, dans la police, on a l'impression que quand on va voir un psychologue ou un psychiatre,
18:07 on passe pour un faible.
18:08 Alors par exemple, nos homologues, les Québécois, ont fait l'inverse.
18:11 Ils ont dit « bah voilà, maintenant, ce sera obligatoire pour tout le monde, tous les temps de temps ».
18:14 Et tout le monde passe voir le psychologue.
18:16 Si ça va bien, très bien, ça va bien, mais si ça ne va pas, ça permet de détecter en amont.
18:19 Parce que quelqu'un qui ne va pas bien, effectivement, comme a dit l'auditeur,
18:22 il y a des conséquences derrière.
18:23 Parce que les policiers sont armés, ils peuvent faire plein de choses.
18:25 Et je rappelle également que la cause de mortalité des policiers en France, c'est le suicide.
18:31 Ce qui veut dire que le ministère de l'Intérieur a su nous protéger des criminels et des délinquants,
18:36 mais pas de sa propre institution qui pousse les fonctionnaires au suicide.
18:39 C'est un vrai problème.
18:41 C'était un vrai problème à l'époque.
18:42 Alexandre Langlois, merci beaucoup.
18:44 Merci pour vos éclaircissements.
18:45 Vous avez remis en perspective ce qui se passe.
18:49 On va continuer à en parler avec vous et savoir comment cette tension peut vraiment s'apaiser.
18:56 Parce que là, ça devient très préoccupant.