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Jeudi 27 mars 2025, retrouvez Thaïs Batista (Gérante Crédit spécialisée dans les marchés émergents, Arkéa AM) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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00:00Le dernier quart d'heure de Smartboard, chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:14Le thème ce soir, c'est celui des émergents et je vous propose de faire un tour d'horizon
00:18des enjeux de quelques grands pays émergents dans l'environnement actuel.
00:23Donald Trump aux commandes, bien sûr, côté américain.
00:25C'est Thais Batista qui est à mes côtés en plateau, gérant de crédit spécialisé
00:28dans les marchés émergents chez Arkea Asset Management.
00:31Bonsoir Thais.
00:32Bonsoir Thais.
00:33Commençons peut-être par les enjeux chinois, avec d'un côté une Chine qui est à la relance.
00:39Les mesures se sont accumulées depuis plusieurs mois maintenant.
00:42Les dernières annonces en date, mi-mars, ciblaient le consommateur chinois en premier
00:49lieu et puis bien sûr, de l'autre côté, la menace Trump avec déjà des tarifs mis
00:55en place sur un certain nombre de produits chinois importés.
00:59Comment est-ce que tout ça s'équilibre dans les perspectives économiques qu'on
01:03peut avoir sur la Chine et les perspectives de marché également sur la Chine sur les
01:07prochains mois, Thais ?
01:09Alors, les tarifs des 20% qui ont été mis, ils sont plus bas qu'attendu.
01:15On avait dans l'idée, même jusqu'à 60% dans certains produits, alors c'est plutôt
01:24des nouvelles positives.
01:25On voit que les gouvernements chinois sont en train d'attendre que l'impact de ces
01:31tarifs commence à vraiment apparaître dans l'économie pour faire des lancements budgétaires
01:38plus importants.
01:39Alors, on voit que la trade balance de la Chine a fait de plus en plus de récord jusqu'à
01:47février.
01:48Alors, jusqu'à maintenant, on ne peut pas vraiment voir l'effet.
01:52Même ça, les gouvernements chinois ont fait, le 16 mars, un plan spécial pour incentiver
02:01la consommation.
02:02Alors, c'est clair qu'ils vont chercher dans la consommation, dans l'économie locale,
02:07ce qu'ils ont besoin pour compenser l'effet potentiel des tarifs, pour continuer avec
02:17une croissance proche des 5%, et c'est le but de la Chine.
02:22Sachant que la Chine, aujourd'hui, a quand même eu le temps de se préparer à Trump
02:262.0 par rapport à la première administration Trump.
02:29C'est une Chine qui est moins dépendante, directement en tout cas, du commerce avec
02:33les Etats-Unis.
02:34Exactement.
02:35Alors, les Etats-Unis, aujourd'hui, représentent moins du commerce chinois, c'est 17%, même
02:42si une partie de ce commerce est fait d'une manière mandiate, la Chine n'est que sur
02:49des pays comme le Vietnam pour contourner les tarifs, mais c'est moins dépendant des
02:57Etats-Unis, ils exportent beaucoup plus aux autres pays émergents.
03:00Et on voit qu'il y a, par exemple, les Mexiques et les Canadas, ce nombre est entre 70% et
03:0880%.
03:09Alors, des tarifs de 25% pour les Mexiques et les Canadas, si ça se passe, ça peut être
03:14beaucoup plus important que 20% pour la Chine dans 17% de ses exportations.
03:21Et après ça aussi, on a eu les faits diptyques.
03:26Oui.
03:27À la fin janvier…
03:28Les esprits animaux chinois qui se sont réveillés.
03:31Exactement.
03:32C'était un game changer.
03:33Ça a beaucoup fait monter toute la partie tech au marché, aux eight shares.
03:40Si on voit MSCI China, c'est au-delà de 16% cette année.
03:46Des actions tech sur les eight shares, elles sont montées 26%.
03:52Alibaba, la plus importante.
03:54Et maintenant, la question des investisseurs, ce n'est pas si c'est la Chine oui ou non,
04:01mais si c'est eight shares au lieu de eight shares.
04:03Je comprends.
04:04Parce que les eight shares sont plutôt flat, year-to-date, et les gens sont en train de
04:07se dire, est-ce qu'on va faire une rotation sur les eight shares maintenant ?
04:10Et ainsi Jinping qui s'est un peu rabiboché avec la tech chinoise, contrairement à ce
04:15qu'on vivait il y a 3-4 ans maintenant, où Jack Ma disparaissait, etc.
04:21Là, l'ambiance a complètement changé et on remet à l'honneur l'entrepreneuriat
04:25chinois à travers diptyque, et même Jack Ma est de retour, etc.
04:30Jack Ma, il est déménagé au Japon pour monter son family office là-bas, il a disparu.
04:35Et finalement, il a été invité par Xi Jinping pour aller dans cette meeting et les actions
04:41d'Ali Baba ont commencé à monter juste après ça.
04:43Tout a changé en quelques années en Chine.
04:46Vous évoquiez le Mexique, effectivement, qui est confronté très directement aux menaces
04:51commerciales de Donald Trump, et une nouvelle présidente, Claudia Sheinbaum, je dois dire
04:55qu'elle est assez impressionnante dans la manière dont elle traite Donald Trump.
05:00C'est une ingénieure, elle a été membre du VIEC et elle semble avoir bien compris
05:05comment il faut discuter avec Trump.
05:08Oui, elle est une excellente négociatrice, elle était très pragmatique et elle a été
05:14la première à accepter et à négocier avec Trump.
05:18Je ne sais pas si vous vous rappelez les moments où Trump a annoncé les premières, la réponse
05:26de Trudeau c'était confrontational.
05:29Et Claudia Sheinbaum, on s'est appelé, une longue discussion au téléphone, constructive,
05:34je lui ai expliqué comment ça fonctionnait, pourquoi les échanges à travers la frontière
05:39c'était important, etc.
05:41Et à ce moment-là, Trudeau il a vu, il a fait un truc, j'ai appris quelque chose,
05:46il a fait sa part et maintenant ça commence une négociation entre les trois pays.
05:49Mais Xi Jinping, il n'a jamais négocié.
05:53Mais pour le Mexique, l'espoir de la négociation est un espoir qui va être permanent avec
06:00ces menaces tarifaires qui restent toujours suspendues au-dessus de la tête ?
06:07C'est quand même difficile pour les Mexiques.
06:09On a une prévision de peut-être baisse des PIB pour cette année et il y a plusieurs
06:15raisons, pas seulement les tarifs, l'impact direct des tarifs mais aussi l'impact indirect
06:21parce que si on a en Etats-Unis qu'il va y avoir peut-être une récession, on met
06:26à 40% maintenant les probabilités de récession aux Etats-Unis, ça, ça va impacter aussi
06:31indirectement le Mexique parce que le Mexique est très proche des Etats-Unis.
06:36Il y a aussi toute la partie de l'immigration, si Trump contrôle l'immigration, ça va
06:43faire une différence dans les PIB parce que tous les transferts, il y a beaucoup d'argent
06:50qui est envoyé des Etats-Unis au Mexique et c'est une partie importante de PIB et
06:56ça, ça peut diminuer aussi et sinon, il y a toute la partie aussi budgétaire du Mexique
07:01qu'il faut que Claudia mette en ordre cette année et ça peut baisser aussi un peu la
07:06demande interne.
07:07Un pays que vous connaissez bien, Thais, c'est le Brésil, grand pays émergent.
07:14Alors intéressant le Brésil, je ne sais pas quel est l'angle économique qui vous
07:19intéresse.
07:20Moi, je me souviens d'une banque centrale du Brésil qui a très bien lu la réserve
07:24fédérale américaine avant que la Fed ne commence à monter ses taux en 2022, la banque
07:29centrale du Brésil avait déjà anticipé ce mouvement et elle a d'ailleurs commencé
07:34ensuite à rebaisser un petit peu ses taux, sauf que là, maintenant, la banque centrale
07:38du Brésil est en train de remonter à nouveau ses taux, Thais.
07:41C'est la banque centrale les plus roquiches du monde.
07:43Oui, les taux réels les plus élevés du monde, c'est ça au Brésil.
07:47Exactement, c'est à 14,25% maintenant et ça va monter jusqu'à 15,25% dans les prochains
07:53mois, jusqu'à juin.
07:54Ils ont commencé en première, après l'inflation gênée par la Covid-19 en 2021, alors avril
08:012021, c'était la première hausse des taux au monde.
08:04C'est ça, c'est avril 2021, en fait c'est mars 2022 si je ne dis pas de bêtises.
08:09Exactement.
08:10Et la banque d'Angleterre, ça doit être décembre 2021 pour la première banque G7.
08:15Alors Campos Netto, qui était le président à cette époque, il est vraiment très prestigieux
08:21au Brésil à cause de ne pas avoir peur d'être très orthodoxe et faire la politique monétaire
08:29comme il faut pour continuer l'inflation.
08:31Les Brésiliens, ils ont toujours peur de l'inflation.
08:34J'ai vécu avec l'inflation dans les années 80-90, alors il y a toute une génération
08:38qui est…
08:39Encore marquée et traumatisée par ça.
08:42Alors ça, c'est une raison, on a cette inflation qui est super élevée, mais la
08:47croissance du Brésil a continué à monter, sauf les dernières trimestres qui étaient
08:53un peu en déçu, mais l'année passée c'était des 3,4% la croissance du PIB, et les années
09:00antérieures aussi, et tout ça grâce au lancement budgétaire.
09:05Alors on a un équilibre entre les monétaires et les budgétaires.
09:08C'est un polysémique, c'est effectivement un peu particulier, il y a de la relance budgétaire
09:11à côté, et une banque centrale qui elle, plutôt, serre la vis.
09:15Et finalement ça coûte très cher, et ça impacte la partie fiscale énormément, et
09:20c'est ça le problème pour le Brésil à ce moment, c'est de limiter la dette, parce
09:24que la dette sur le PIB c'est des 76%, mais ça peut dépasser 80% l'année prochaine,
09:33et tous les investisseurs, principalement les locaux, les locaux ils sont sur Paris
09:37tout le temps, qui sont en train de dire, on a un problème fiscal, il faut avoir un
09:45private surplus, un excédent primaire.
09:50Avant le remboursement de la dette, il faut qu'on génère des excédents.
09:54Exactement, pour changer la trajectoire de la dette, mais sans penser qu'en fait la
09:59dette elle est en train de grandir énormément aussi avec les intérêts qui sont super élevés.
10:04Un mot rapide de l'Inde aussi, alors qu'elle a été le pays émergeant darling de ces
10:09dernières années, notamment quand la Chine était moins désirable, pour dire les choses
10:14Thaïs.
10:15Là on a l'impression que le marché indien, l'économie indienne, accuse un peu le coup
10:19depuis quelques temps.
10:20Oui, l'Inde s'est bénéficiée de toute cette tendance, la Chine est non investissable,
10:27maintenant c'est un peu le contraire, qu'est-ce qu'il se passe ?
10:29C'est un marché de report en fait.
10:31On a quitté la Chine et on se disait, je trouve un autre grand émergeant et ce sera
10:36l'Inde.
10:37Oui, mais si on pense à long terme, on a beaucoup d'espoir, parce que c'est les
10:44pays avec une population plus grande, une croissance énorme.
10:48Une dynamique démographique très forte.
10:50Oui, et les PIB étaient en train de grandir plus de 7%, maintenant ils grandissent un
10:55peu moins qu'attendu, surtout à cause de la partie budgétaire, parce qu'on a dépassé
11:00les élections qui ont été faites l'année dernière, alors maintenant les gouvernements
11:05sont en train de dépenser moins d'argent.
11:08Il y a aussi toute la partie des infra qui était la plus importante pour contribuer
11:16avec la croissance des PIB et qui maintenant s'est diminuée un peu, à cause aussi des
11:21investisseurs qui sont en train de sortir de toute cette thématique des rénovables
11:27indiens.
11:28Ils ont apporté des investisseurs énormes, Adia, GIC, Temasek, tout le monde était
11:34investi là-bas et maintenant ils sont en train de commencer à faire marche arrière.
11:38Alors, je ne mets pas en question l'Inde à long terme, mais à short terme, ça peut
11:44être un peu…
11:45Un peu plus compliqué pour l'Inde aujourd'hui.
11:48Merci beaucoup Thais.
11:49Merci pour ce tour d'horizon des enjeux de ces grands pays émergents, Chine, Brésil,
11:54Inde, Mexique qu'on a pu évoquer avec vous, Thais Batista, gérant de crédit spécialisé
11:57dans les émergents chez Arkea Asset Management.

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