• il y a 17 heures
André Bercoff et Céline Alonzo reçoivent Sabrina Van Tassel réalisatrice du film documentaire "Les Disparues" sur les féminicides dont sont victimes les Amérindiennes aux Etats-Unis et Sarah Barukh, écrivaine, présidente de "125 et après", une association qui lutte contre les violences intra familiales

Retrouvez La culture dans tous ses états tous les vendredis avec Céline Alonzo et André Bercoff à partir de 13h.

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##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2025-03-13##

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Transcription
00:003 Amérindiennes sur 5 sont victimes de viols. Dans certaines communautés, c'est quasiment 100% des femmes.
00:13Ce travail que nous menons vient de notre cœur, de notre âme. Aujourd'hui, nous rendons hommage à nos sœurs disparues ou assassinées.
00:32Nous prions pour les familles qui espèrent le retour d'être chères. Et nous demandons à tous ceux qui voient ces photos de nous aider à nous battre.
00:43Le système colonial qui permet à des étrangers de venir violer nos femmes n'a jamais disparu.
00:52Les disparus, un documentaire choc, André Berkhoff signé Sabrina Van Tassel, qui est déjà sorti aux Etats-Unis et qui sera diffusé le 19 mars prochain André, sur Canal+.
01:03À 21h, c'est ça.
01:0421h, et oui, ce film révèle une tragédie terrible André, qui touche les réserves amérindiennes en Amérique du Nord.
01:12Moi, si vous voulez, on a tous entendu parler et connu, évidemment, les premiers occupants de ce territoire américain, les Indiens.
01:23On sait ce qu'il y a eu comme exactions, comme massacres, comme disparitions, après les réserves, l'alcool, la destruction lente.
01:33Mais très franchement, moi, j'ignorais à quel point il y avait eu ce problème du viol des assassinats des Amérindiennes.
01:41Et justement, on a vu, Céline a vu, Céline Alonso l'a vu, moi aussi, le document de Sabrina Van Tassel.
01:49Et c'est vraiment un document, écoutez, le 19 mars, ne le ratez pas, ne le manquez pas.
01:55C'est très important et c'est très bouleversant, on peut le dire.
01:59Mais alors justement, je mets au conditionnel, parce que quand on entend une Amérindienne sur trois serait assassinée ou disparaîtrait, une sur deux serait violée.
02:08On parle de 7000 disparitions officielles ces dernières années, que les réserves seraient presque un repère de, presque non, pas un repère de séries alquilaires.
02:18On se dit, mais qu'est-ce que ça veut dire ? Est-ce que c'est dramatique ?
02:23Mais je vais vous dire, et quand on revient en France, et qu'on voit que la situation, c'est pas chez les Amérindiens ça, c'est chez les Français.
02:31Tous les deux jours et demi, une femme est assassinée par son compagnon ou ex-compagnon.
02:35Au 1er mars, la dernière, 23 féminicides étaient répertoriés depuis le 1er.
02:42Sarah Baruc, donc, qui va être avec nous, se bat contre ce fléau depuis cinq ans, on va en parler de cette association, 125 et après.
02:51En fait, c'est une bataille sur tous les fronts.
02:54C'est quand même hallucinant qu'encore aujourd'hui, on le sait, vous savez, on dit toujours ça, c'est facile, les mots.
03:00Et puis on voit ce qui se passe en Syrie, on voit ce qui se passe au Proche-Orient, on voit ce qui se passe en Ukraine, on voit ce qui se passe ailleurs.
03:07Et on se dit, mais ça continue encore et encore, et on ne peut pas être d'accord, d'accord, justement, avec tout ça, Céline.
03:13Et oui, la cause des femmes et des enfants maltraités en France et dans le monde entier.
03:18On va en parler dans un instant sur Sud Radio avec nos deux invités, Sabrina Van Tassel et Sarah Baruc.
03:25Sud Radio, la culture dans tous ses états. André Berkhoff, Céline Alonso.
03:31On est dans la réserve indienne de Tulalip.
03:36C'est sur cette route que Mary Johnson Davis a été vue pour la dernière fois.
03:44Fire Trail Road.
03:49Elle a disparu il y a deux ans, le 25 novembre 2020.
03:57Des témoins l'ont vue marcher sur ce tronçon.
04:05Elle faisait de l'autostop et il est tout à fait envisageable que quelqu'un l'ait prise et l'ait emmenée loin d'ici.
04:14Près des disparus, le nouveau film documentaire de Sabrina Van Tassel qui révèle une triste réalité.
04:20André Berkhoff, celle des Amérindiennes qui disparaissent et sont assassinées à un rythme alarmant en Amérique du Nord.
04:26Bonjour à vous, Sabrina Van Tassel, et merci d'être avec nous sur Sud Radio pour parler de votre film.
04:33Votre film est vraiment bouleversant, poignant.
04:36Il a été primé dans de nombreux festivals, notamment en France et en Pologne.
04:40Il est déjà vendu et diffusé aux Etats-Unis.
04:43Comment avez-vous eu connaissance du sort de ces femmes ?
04:47Ça remonte à 2013.
04:50À l'époque, je travaillais pour une émission de reportage qui s'appelait « L'effet papillon » sur Canal+.
04:56On s'intéressait à des sujets aux Etats-Unis, enfin un petit peu partout dans le monde.
05:02Je vois passer une vidéo de femmes amérindiennes, c'était pendant la présidence de Barack Obama,
05:07qui disait « Pourquoi nous, les femmes amérindiennes, nous n'avons pas les mêmes droits que toutes les autres femmes aux Etats-Unis ?
05:13Pourquoi nous avons le droit d'être assassinées, nous avons le droit d'être violées ? »
05:17Je me suis intéressée au phénomène et je me suis rendue compte que dans les réserves amérindiennes,
05:22la police amérindienne n'a pas le droit d'arrêter les non-amérindiens.
05:28Et que le bruit s'est propagé, que les prédateurs sexuels le savent,
05:35et que le bruit s'est dit en prison.
05:39Juste un mot Sabrina, c'est déjà quand même énorme.
05:42L'Amérique est censée être le pays de la liberté, des droits de l'homme, du First Amendment, des compagnies.
05:47Comment il se fait que la police dans les réserves indiennes, c'est bien ça, n'a pas le droit d'arrêter un non-indien ?
05:56Même s'il commet des méfaits.
05:59Même s'il connaît donc un crime.
06:01Parce qu'en fait on leur a donné une police, on leur a donné une cour tribale,
06:08mais ils n'ont pas le droit de condamner à une peine plus forte qu'un an de prison.
06:13Et ils n'ont pas le droit d'arrêter aucun non-amérindien et seulement pour des crimes mineurs.
06:20Donc c'est au FBI d'enquêter, et évidemment le FBI n'est pas du tout fait pour ça,
06:25et le FBI ne sait pas faire ça, et donc ils ont un nombre d'agents assez réduit.
06:30Et donc, ça se sait, ce sont devenus des zones de non-droit.
06:35Mais c'est carrément une zone de non-droit ?
06:37Mais carrément des zones de non-droit.
06:39Tous les ans on trouve des corps au printemps, dans les forêts.
06:43Ce sont des zones rurales, les filles disparaissent à une vitesse incroyable,
06:49et en prison, déjà en 2013, on savait que les violeurs multirécidivistes se disaient
06:56« Si tu veux être tranquille, tu vas dans une tribu amérindienne. »
07:04Et parfois même, il y avait des situations ubuesques,
07:07où les prédateurs arrivaient avec une carte de la tribu,
07:13et se trompaient d'une rue.
07:15En fait, ils n'étaient pas dans la tribu, ils se faisaient quand même arrêter.
07:18Ils disaient « Mais non, vous pouvez pas m'arrêter, parce que je suis dans la tribu. »
07:22Et on leur disait « Mais pas de chance, tu n'es pas dans la tribu, la tribu est 500 mètres plus loin. »
07:28Donc la plupart des crimes sont commis par des non-autochtones ?
07:32Exactement.
07:34Je me rends compte de ça en 2013, je fais un reportage là-dessus,
07:39et l'envie de faire un documentaire sur le sujet est très forte,
07:45je vais mettre 10 ans à le faire.
07:48Après le succès de mon dernier documentaire « L'état du Texas contre Mélissa »,
07:53dont vous aviez parlé, qui était sur une femme condamnée à mort à tort au Texas,
07:59on m'a demandé « Qu'est-ce que tu veux faire maintenant ? »
08:02et immédiatement j'ai dit « Je veux faire un film sur la disparition des femmes autochtones,
08:07des femmes amérindiennes aux Etats-Unis. »
08:09Et je suis partie, et même moi ça me paraissait lunaire ces chiffres.
08:15Je vous le disais, c'est pas possible.
08:17Une femme sur trois...
08:19Non mais je veux dire, actuellement, aujourd'hui, avec la transparence...
08:22Et le premier jour de tournage, je vais dans un Powwow,
08:27qui est donc une compétition de danse amérindienne,
08:31il y a des centaines de personnes,
08:33et une personne s'adresse à la salle en disant que
08:39toutes les personnes qui ont une femme disparue ou assassinée se lèvent,
08:43et il y a toute la salle qui se lève.
08:45Et ça, ça va être vraiment mon tournage.
08:49Pendant sept mois, il n'y a pas eu une famille,
08:53une personne que j'ai interviewée,
08:55où on ne me disait pas « C'est arrivé à ma tante, à ma sœur, à ma grand-mère...
08:58On vient de retrouver les ossements de ma sœur qui est disparue depuis 30 ans... »
09:02Et je me suis rendue compte que ça n'était pas du tout enquêté,
09:05et que c'était un désastre.
09:06Oui, c'est-à-dire qu'il n'y a aucune recherche
09:08quand une famille prend contact avec la police.
09:13Aucune recherche n'est faite par ces structures.
09:16C'est incroyable !
09:17Déjà, c'est pas la police, c'est le FBI.
09:18Oui, c'est le FBI.
09:19Déjà, bonne chance.
09:20Le FBI n'est pas fait pour ça.
09:22Le FBI s'est fait pour enquêter sur des affaires de terrorisme.
09:26Ou pour protéger le laptop de Hunter Biden.
09:29Exactement.
09:30Ça occupe beaucoup de FBI.
09:31Ils ne savent pas faire des enquêtes de voisinage.
09:33C'est pas ça qu'ils font.
09:34Juste un mot, Sabrina.
09:37Les représentants, les sénateurs, les représentants...
09:41Il n'y en a pas eu qui se sont élevés...
09:43Ça fait des années !
09:45Ça dure depuis des années et des années, des décennies.
09:47Moi, je dirais que ça dure même depuis des siècles.
09:49Mais bon...
09:50C'est-à-dire qu'il y a toujours eu des femmes amérindiennes
09:52qui disparaissaient et qui étaient assassinées.
09:55Oui, parce qu'il faut dire qu'effectivement,
09:56quand on vous dit que ça dure depuis des siècles,
09:58en fait, vous le racontez, cette tragédie,
10:01elle remonte pratiquement au XVIIe siècle,
10:04dès l'arrivée des premiers colons européens.
10:07Absolument.
10:08Absolument.
10:09Dès l'arrivée des premiers colons,
10:10il va y avoir des femmes qui disparaissent,
10:11des femmes qui sont violées.
10:14Et puis, voilà, des massacres.
10:17Jusqu'à arriver sur la côte ouest,
10:20où on va, vers 1855, faire des traités
10:24et donner des réserves.
10:25Et dans ces réserves, on leur donne,
10:27on leur dit que ce sont des nations souveraines,
10:29mais elles n'ont pas le droit...
10:32Elles ont le droit à une police,
10:33mais elles n'ont pas le droit
10:34d'arrêter les non-amérindiens.
10:35Elles ont le droit à une cour tribale,
10:36mais elles n'ont pas le droit
10:37de condamner les non-amérindiens.
10:40Et donc, ça va devenir, ça continue, en fait.
10:42Et oui, et le but, effectivement,
10:44des colons, à l'époque,
10:45était vraiment d'éradiquer,
10:46de détruire l'esprit indigène.
10:49Totalement.
10:50D'ailleurs, moi, je parle totalement,
10:53dans mon film,
10:54du traumatisme transgénérationnel
10:56qui date des premiers pensionnats amérindiens.
11:02Donc, vers 1870-1880,
11:05on crée les premiers pensionnats amérindiens
11:07qui sont faits pour désindianiser,
11:09quelque part, la population autochtone.
11:12On leur enlève leur langue,
11:14on va les mettre,
11:15on kidnappe les enfants
11:16à partir de l'âge de 5 ans,
11:18et ils vont mourir.
11:21On les force à aller à cette école-là.
11:23On les force.
11:24Si jamais ils n'y vont pas,
11:25les parents vont en prison.
11:28Et la plupart ne reviendront pas.
11:32Alors, justement,
11:33à propos, effectivement,
11:34de cela, de ces enfants
11:36qui étaient maltraités et abusés,
11:38placés dans des pensionnats,
11:39vous avez, effectivement,
11:40interviewé des descendants
11:42de survivants de pensionnats
11:43dans votre documentaire.
11:45Écoutons un extrait.
11:46Des enfants ont été enlevés à leur foyer,
11:49laissés sans soins,
11:50enfermés, battus.
11:55Quand des parents s'opposaient
11:57à ce qu'on envoie leurs enfants
11:58en pensionnat,
12:00on les mettait en prison.
12:06L'objectif n'était pas seulement
12:09de détruire l'âme indienne.
12:11La devise était,
12:13pour sauver l'homme,
12:14tuer l'Indien.
12:16On la doit à Richard Pratt,
12:18le fondateur du premier pensionnat
12:20aux États-Unis.
12:23Cette histoire a été étouffée
12:25volontairement par le gouvernement
12:26américain.
12:28Et puis, bien sûr,
12:30il y a les récits d'abus sexuels.
12:35C'est un traumatisme
12:36qui s'est transmis.
12:39Il existe un lien entre le viol
12:41des femmes indiennes
12:42et les pensionnats.
12:44Parce que la disparition des enfants
12:47fait partie de notre culture.
12:49Et oui, ces pensionnats,
12:50Sabrina Van Tassel,
12:51vous m'avez dit qu'ils étaient,
12:52enfin, qu'ils avaient disparu
12:54dans les années 1930.
12:56Mais après, quel a été le sort
12:58de ces enfants ?
12:59Il a été violent par la suite.
13:01Oui, il a été très violent.
13:03D'abord, ils ont été massivement violés.
13:05Donc, ils ont ramené, quelque part,
13:07le viol dans la tribu.
13:10Moi, par exemple,
13:11la femme dont j'enquête
13:15la disparition,
13:17Marie-Hélène Johnson Davis,
13:18je sais que toutes les femmes
13:19dans sa famille ont été violées
13:20sur quatre générations.
13:22Donc, voilà, on a ça.
13:24Et puis, après,
13:26il y a les services sociaux
13:28qui massivement prennent les enfants
13:30dans les tribus
13:31dès qu'il y a le moindre problème
13:33et les placent dans des familles blanches
13:35et où ces enfants se retrouvent
13:37aussi violés par des parents,
13:39voilà, où ils sont placés.
13:41Enfin, on est vraiment
13:42dans une espèce de catastrophe.
13:44Moi, j'ai vraiment découvert,
13:46sur place, pendant mon tournage,
13:47le traumatisme transgénérationnel,
13:49le fait que, justement,
13:51ça ne date pas d'hier.
13:54Et quelque part,
13:56aujourd'hui,
13:57ces femmes qui disparaissent,
13:58elles portent les stigmates
13:59de la victime.
14:00Et les prédateurs sexuels le savent.
14:14L'alcool, la drogue,
14:16ça vient toujours de quelque part.
14:18Et on sait que l'alcool
14:19a beaucoup aidé à la déstructuration,
14:21effectivement,
14:22de la culture indienne.
14:24L'alcool est arrivé dans les tribus
14:26quand on leur a pris leurs enfants.
14:28Ah oui, en même temps.
14:30C'est-à-dire,
14:31quand on a pris tous les enfants
14:33à partir de l'âge de 5 ans
14:34dans certaines tribus,
14:36c'est à ce moment-là, en fait,
14:38que l'alcool est vraiment arrivé
14:40massivement.
14:41Et encore une fois,
14:42juste parce qu'on n'a pas...
14:44Moi, ce qui m'a aussi stupéfié,
14:46c'est que,
14:48à l'époque,
14:50et ça n'excuse rien, bien sûr,
14:52mais ça explique l'époque,
14:54et puis c'était aussi l'époque
14:56de l'apartheid, de la discrimination,
14:58etc.
14:59Mais depuis, quand même,
15:01les choses ont changé aux Etats-Unis.
15:03Comment, encore une fois,
15:05comment il se fait qu'il n'y ait pas un représentant,
15:07pas un sénateur, pas...
15:09Je veux dire, c'est pas possible.
15:11Il y a eu des protestations,
15:12mais peut-être qu'elles ont été étoffées.
15:13Mais même pas la presse,
15:14parce que ce féminicide de grande ampleur,
15:17on ne peut pas dire qu'il ait fait la une de la presse
15:19aux Etats-Unis.
15:20Absolument pas.
15:21Absolument pas.
15:22Et même, il y a une enquête
15:24qui a été mise en place l'année dernière,
15:26pour la première fois.
15:28C'est-à-dire que...
15:29Pour la première fois ?
15:30Oui, pour la première fois.
15:32C'est la première femme...
15:33Qui parle hallucinant, quand même.
15:34La première femme amérindienne,
15:35élue sous Biden,
15:36secrétaire à l'intérieur des Etats-Unis,
15:38a mené une enquête
15:40sur la disparition des femmes amérindiennes
15:42et sur ce qui s'est passé dans les pensionnats.
15:45Et Biden a fait ses excuses
15:48au mois de novembre 2024,
15:50aux Amérindiens.
15:51Donc en fait, on est vraiment dans une omerta incroyable.
15:53Et c'est vraiment une première, ça ?
15:54Oui.
15:55Ces excuses-là, c'est une première ?
15:56C'est une première.
15:57Ah oui.
15:58Et le pape, il y a deux ans aussi ?
16:00Alors, le pape,
16:01oui, au Canada.
16:03Comme si jamais, évidemment,
16:05la même chose ne s'était pas passée aux Etats-Unis.
16:07Oui, parce que c'était aussi bien au Canada qu'aux Etats-Unis.
16:09Évidemment.
16:10Les pauvres qui sont arrivés,
16:11et voilà, ça a été massif.
16:13Trudeau a dit pardon il y a dix ans, par exemple.
16:16Déjà, au Canada.
16:17Donc en fait, on était vraiment dans une omerta.
16:20Je pense qu'aujourd'hui, on en parle
16:22parce que la société a changé,
16:24qu'il y a eu énormément de mouvements féministes
16:28post-MeToo aux Etats-Unis.
16:29Et qu'on se dit,
16:30ah bon, on n'a pas parlé du sort des Amérindiennes.
16:32Et que tout d'un coup,
16:33on commence à visibiliser les Amérindiennes.
16:37Lily Gladstone,
16:39l'actrice de Killers of the Fairy Moon de Scorsese,
16:42a été la première femme à avoir un Golden Globe l'année dernière.
16:45Et puis Sachin Littlefeather.
16:47On commence à en parler.
16:48Et puis, il faut se rappeler,
16:49c'était il y a trente ans,
16:50l'épisode de Marlon Brando,
16:51qui recevait son Oscar.
16:52Racontez-le, c'est très intéressant.
16:54C'est en 1973, effectivement,
16:56l'actrice Sachin Littlefeather,
16:58je vous laisse raconter ça.
17:00Qui, à la demande de Marlon Brando,
17:04va recevoir son Oscar.
17:06Et qui se fait huer.
17:10Et où John Wayne veut aller lui casser la gueule.
17:13Sauf que Brando a été formidable.
17:15Parce que c'est lui qui l'a envoyé,
17:16qui a dit, le Oscar, je ne le prends pas.
17:18J'envoie et je rappelle ce qui s'est passé avec les Indiens d'Amérique.
17:21Ça montre, en fait, à quel point le sujet était tabou
17:24et à quel point on n'en parlait pas.
17:26Donc, en fait, c'est vraiment un phénomène presque nouveau,
17:28même d'en parler tout court.
17:30Mais le mot génocide, alors,
17:32on parle de ce génocide amérindien.
17:34C'est un vrai débat, actuellement.
17:37On n'en parle pas aux Etats-Unis, par exemple.
17:40Le mot n'est jamais employé.
17:42Mais comment, est-ce que ce génocide,
17:44que faire aujourd'hui ?
17:45Parce que vous portez, effectivement,
17:47c'est votre nouveau combat, Sabrina Van Tassel.
17:50Aujourd'hui, vous allez essayer de vous battre
17:53pour que ce génocide soit reconnu, en quelque sorte.
17:56Qu'allez-vous faire ? Que comptez-vous faire ?
17:58Moi, je me bats surtout pour visibiliser
18:01le sort de ces femmes.
18:03Et pour que la loi change,
18:05que les polices, dans les bleds,
18:08autour des tribus, puissent enquêter.
18:12C'est surtout sur ça que je me bats.
18:14Je me bats sur ça, je me bats sur le fait
18:16qu'on reconnaisse, en fait, le traumatisme
18:19qu'ils ont eu dans les pensionnats amérindiens.
18:21Je pense que ce n'est qu'une fois
18:23qu'on reconnaît, on va dire,
18:25un traumatisme de cette sorte,
18:27de gigantesque comme celui-là,
18:29qu'on peut s'en sortir.
18:31Voilà.
18:32En tout cas, oui, parce que après,
18:34se battre sur le mot génocide ou pas,
18:36ce n'est pas le problème.
18:37Le vrai problème, c'est que ça améliore
18:40complètement la condition de ces femmes
18:42et de ces hommes, de ces réserves.
18:44C'est ça qui est...
18:45Il faut en parler, en fait.
18:46Tant qu'il y a une omerta,
18:48tant qu'on n'en parle pas, les choses continuent.
18:50À partir du moment où c'est su,
18:52il y a de plus en plus de films
18:54qui traitent de ça aux Etats-Unis.
18:56J'espère qu'il y aura de plus en plus
18:58de documentaires comme le mien.
18:59Je suis contente qu'il ait été acheté
19:01par une grande plateforme de streaming aux Etats-Unis.
19:03Vraiment, ça va être massif.
19:04Et même en France, et même partout dans le monde,
19:07il faut que ça se sache.
19:08À partir du moment où ça se sait,
19:10on n'est plus dans l'omerta,
19:12on n'est plus dans un tabou,
19:13et les choses peuvent changer.
19:15Tourner dans des tribus indiennes,
19:18ça n'a pas dû être facile ?
19:20Ce n'était pas du tout facile,
19:21parce qu'on est un peu quand même
19:23considérés comme l'ennemi.
19:25Mais moi, j'étais,
19:27depuis mon premier tournage en 2013,
19:30dans la tribu Tulalip.
19:32Je connaissais l'activiste Débora Parker,
19:34qui est devenue ma productrice exécutive sur ce film,
19:37qui était membre de Tulalip
19:40et l'ex-vice-présidente de la tribu.
19:43Et c'est elle qui m'a fait rentrer.
19:45Et le fait d'être française aussi,
19:47c'était très important.
19:49Ils étaient quand même assez honorés
19:50que je puisse venir de si loin,
19:52m'intéresser à leur sort.
19:54On va en parler,
19:56on va continuer de parler des féminicides,
19:58et ce n'est pas qu'en Amérique que ça se passe.
20:00On va se retrouver dans un instant sur Sud Radio
20:02avec Sabrina Van Tassel,
20:03et on recevra aussi Sarah Baruch,
20:05une femme dont vous soutenez le combat.
20:07Sabrina a été victime de violences conjugales
20:09pendant 10 ans,
20:11et depuis 5 ans,
20:13elle se bat avec force
20:15contre les violences intrafamiliales.
20:17A tout de suite, restez avec nous
20:19pour écouter son témoignage,
20:21qui est vraiment terrible.
20:23Sud Radio, la culture dans tous ses états.
20:25André Berkoff, Céline Alonso.
20:28Ma soeur était dans ce casino
20:29quand elle a disparu.
20:34On l'a vu le 30 septembre 2018,
20:38et personne ne l'a revue ensuite.
20:45Quand j'ai voulu signaler sa disparition,
20:47on m'a ignorée,
20:49sous prétexte que ma soeur
20:51était alcoolique et droguée.
20:54On m'a dit qu'elle devait être défoncée
20:56ou bourrée,
20:58mais elle reviendra.
21:00Les disparus, ce documentaire
21:02coup de poing de Sabrina Van Tassel
21:04sur les féminicides dont sont victimes les Amérindiennes
21:06aux Etats-Unis,
21:08et je le rappelle, il sera diffusé sur Canal+,
21:10le 19 mars à 21h.
21:12Sabrina Van Tassel,
21:14vous soutenez l'association
21:16125 & Après, qui vient en aide
21:18aux femmes et aux enfants victimes de violences,
21:20et Sarah Baruch,
21:22la présidente vient de nous rejoindre
21:24sur Sud Radio. Bonjour à vous Sarah.
21:26Bonjour. Alors ce chiffre 125,
21:28vous ne l'avez pas choisi
21:30par hasard ? Non, c'est
21:32le nombre de féminicides
21:34officiels chaque année
21:36en France. Évidemment c'est un chiffre
21:38qui est faux, puisqu'il est très en deçà de la réalité.
21:40Il ne tient pas compte
21:42des suicides forcés,
21:44qui sont reconnus comme des féminicides
21:46depuis 2020 par la loi. Si on les ajoute,
21:48on arrive direct à une femme
21:50qui meurt chaque jour en France.
21:52Il ne tient pas compte...
21:54Qu'est-ce que vous appelez les féminicides
21:56forcés ? Les suicides forcés,
21:58c'est quand une femme subit des violences
22:00terribles, qu'elle est persuadée qu'elle va mourir
22:02et que la société ne pourra rien pour elle.
22:04Et d'ailleurs, on parle souvent de Marie Trintignant,
22:06on oublie Christina Aradi, la première
22:08femme de Bertrand Cantat, qui est le premier
22:10cas qui a permis
22:12de parler de ce phénomène,
22:14et de le faire reconnaître de manière juridique.
22:16Par désespoir et par...
22:18Exactement. En fait, elles savent qu'elles vont mourir.
22:20Et parfois, dans le livre 125
22:22et des milliers auquel a participé Sabrina,
22:24justement, il y avait plusieurs histoires
22:26comme ça, celle de Christina Aradi, mais aussi
22:28celle de Céline qui s'est jetée par la fenêtre avec son
22:30bébé de quelques semaines, parce que
22:32son conjoint lui avait dit, j'arrive
22:34et je vais te défoncer. Enfin, je cite.
22:36Voilà. Et elle ne
22:38voulait pas que ce soit lui qui les tue.
22:40Et il y en a, en moyenne,
22:42270,
22:44275 par an. Évidemment,
22:46il n'y a pas d'enquête systématique à chaque fois
22:48qu'une femme se suicide, c'est-à-dire que c'est
22:50officiellement quand il y avait déjà
22:52eu des dépôts de plaintes, etc.
22:54Ce chiffre ne tient pas compte non plus
22:56des co-victimes,
22:58c'est-à-dire quand l'homme arrive et puis
23:00qu'il tue la maman qui héberge sa fille,
23:02l'enfant, etc.
23:04Et enfin, il n'y a aucune étude qui
23:06mesure l'impact sur la santé
23:08des violences conjugales au quotidien.
23:10Sauf que quand on subit...
23:12Les traumatismes et tout ce que...
23:14Ce genre de stress, en fait, on développe
23:16déjà des maladies type
23:18du diabète, etc.
23:20Mais aussi le développement, voire l'accélération
23:22de certains cancers, des maladies cardiovasculaires,
23:24etc. Et ça fait mourir tout ça.
23:26Ah oui. Vous, Sadra Baruc,
23:28il faut le préciser, effectivement,
23:30pour nos auditeurs, vous menez
23:32ce combat avec force depuis
23:345 ans parce que vous-même, vous avez
23:36été victime. Pendant 10 ans,
23:38vous avez subi des violences
23:40conjugales. Qu'est-ce qui
23:42fait que vous avez attendu aussi
23:44longtemps pour partir ?
23:46Alors, c'est tout l'enjeu,
23:48cette question de la reconnaissance
23:50et d'ailleurs, c'est une loi
23:52qui est en discussion actuellement au Sénat,
23:54de ce qu'on appelle le contrôle coercitif.
23:56C'est-à-dire qu'on ne
23:58demande plus aux victimes
24:00pourquoi tu es restée, mais qu'est-ce que ton
24:02agresseur a mis en place pour que tu restes ?
24:04Et ce qui fait qu'on reste,
24:06je dirais que c'est multifactoriel,
24:08c'est la peur, déjà.
24:10Quelles vont être les conséquences si je m'en vais ?
24:12Et puis, partir très bien, mais pour
24:14aller où ? Bien souvent,
24:16un couple, c'est un
24:18équilibre, les dépenses sont
24:20communes, l'endroit
24:22où on vit, c'est commun. Et puis,
24:24s'il sait où je vais, il va venir me chercher.
24:26Moi, j'ai essayé
24:28des centaines de fois de partir,
24:30sauf que je n'ai jamais réussi.
24:32Donc, voilà.
24:34Qu'est-ce qui fait que vous avez réussi à partir ?
24:36Quel a été le déclic ?
24:38Il y en a eu plusieurs. Il y a eu plusieurs déclics.
24:40Je dirais,
24:42essentiellement, la naissance de ma fille.
24:44Parce que, soudain, je me suis
24:46mise à regarder ma situation à travers
24:48ses yeux à elle.
24:50Si vous voulez, ce que j'acceptais pour moi,
24:52je me suis mise à ne plus l'accepter pour mon
24:54enfant, et je me suis dit très rapidement
24:56mais, en fait, si elle a comme
24:58idée de ce qu'est la normalité,
25:00quelqu'un qui menace de mort s'il reste une
25:02miette de pain sur une planche à découper,
25:04forcément, plus tard,
25:06elle va rechercher ça, puisqu'on cherche
25:08ce qu'on a connu. Donc, elle va se définir
25:10par la violence, et ça, je n'y
25:12n'y arrivais pas.
25:14Sabrina Van Tassel, effectivement,
25:16vous avez participé à l'écriture de
25:18ce livre collectif
25:20que Sarah a dirigé
25:22qui s'intitule 125 et des
25:24milliers, et qui raconte effectivement
25:26Juste un mot sur ce mot.
25:28Il y avait 125 personnalités,
25:30c'est ça ?
25:32Expliquez les 125.
25:34Alors, j'ai
25:36fini par m'enfuir en pleine nuit avec mon bébé
25:38qui avait 16 mois. J'ai été recueillie
25:40chez mes parents pendant plusieurs mois aussi, et là,
25:42vraiment, je me sentais
25:44totalement humiliée parce que j'avais l'impression,
25:46ayant fait de hautes études, etc.,
25:48que je m'excluais d'emblée des femmes
25:50potentiellement victimes de violences, et
25:52le terme, si vous voulez,
25:54je l'ai accepté quand la policière l'a écrit
25:56sur la plainte qu'elle m'a obligée à déposer.
25:58Et donc, j'ai cherché à comprendre, en fait,
26:00si j'étais la seule à être...
26:02En cas désespérée, ou s'il y en avait d'autres, des comme moi,
26:04si les violences pouvaient concerner
26:06n'importe qui. Et donc, je me suis mise à
26:08enquêter pour retrouver
26:10125 familles qui avaient été touchées
26:12par un féminicide, 125 étant la
26:14moyenne officielle. Je voulais incarner
26:16les statistiques. Et je me suis retrouvée
26:18avec des heures d'enregistrement.
26:20Vous avez enquêté, vous êtes allée rencontrer
26:22à la rencontre de ces gens ?
26:24Oui, et puis c'était très long, ça m'a pris presque 3 ans,
26:26parce qu'entre le moment où on lit
26:28Magali, entre parenthèses,
26:30pour les prénoms changés pour les besoins de l'enquête,
26:32et puis le moment où on
26:34rentre en contact avec la maman de Magali
26:36dont on a lu le prénom dans un article de journal,
26:38il y a beaucoup de temps, beaucoup d'étapes. Moi, je suis pas
26:40journaliste. J'avais passé 10 ans
26:42un peu dans une bulle isolée
26:44de tout le monde, donc j'ai appelé
26:46les pompes funèbres, j'ai appelé
26:48les hôpitaux, j'ai relevé tous les
26:50noms d'avocats que je lisais dans les journaux. Enfin voilà,
26:52ça m'a pris beaucoup de temps.
26:54J'ai enregistré tout en audio,
26:56et je me suis retrouvée avec des heures d'enregistrement
26:58ou témoignages écrits pour les familles
27:00qui ne voulaient pas parler, et je me suis dit
27:02que je ne vais jamais savoir me réinventer
27:04sur 125 portraits. Et c'est là
27:06que j'ai eu l'idée de confier ces
27:08enregistrements à 125 personnalités
27:10françaises, toutes impliquées
27:12quand même dans
27:14le féminisme, ou en tout cas la lutte contre les violences,
27:16et c'est à cette occasion que j'ai fait la
27:18connaissance de Sabrina, parce qu'on ne se connaissait pas
27:20en fait avant.
27:22Racontez-nous l'histoire de cette jeune femme que vous relatez
27:24dans le livre effectivement,
27:26dans le livre collectif de Sarah,
27:28c'est cette fameuse étudiante
27:30en médecine,
27:32Vanina Gallet.
27:34Une étudiante absolument
27:36brillante,
27:38qui était promise
27:40à un bel avenir,
27:42et qui fait une rencontre,
27:44une rencontre funeste en fait.
27:46Oui, c'est un carnage.
27:48C'est quelqu'un qui va la battre,
27:50la battre à mort,
27:52et c'est sa mère qui va
27:54la retrouver,
27:56et ça a été vraiment...
27:58Je pense souvent à elle en fait,
28:00parce que
28:02j'ai une fille, et que je me dis
28:04que ça pourrait arriver.
28:06Voilà, c'est ce genre de chose qui peut arriver.
28:08C'est terrible.
28:10C'est au cours d'une rencontre, ou avec quelqu'un
28:12avec qui elle vivait ?
28:14En fait c'était son premier petit copain,
28:16ce que m'avait raconté
28:18Noéline, la maman de Vanina,
28:20ainsi que sa sœur,
28:22alors elles vivent à La Réunion,
28:24moi je suis allée jusqu'à La Réunion quand même,
28:26en Guyane, etc.
28:28En fait c'était une jeune fille
28:30qui était assez timide,
28:32qui n'avait pas spécialement
28:34eu beaucoup d'aventures,
28:36et puis ça a été son
28:38amour de la fac.
28:40Et ça a mal tourné.
28:42Et ça a mal tourné, plus que mal tourné,
28:44il l'a décapité.
28:46C'est atroce.
28:48Oui, je voulais pas rentrer nécessairement
28:50dans les détails, mais oui, c'était terrible.
28:52Et ce qui est terrible, c'est que ce soir-là,
28:54le soir des fées, sa maman a tenté
28:56de trouver de l'aide auprès des forces
28:58de l'ordre, mais son appel
29:00n'a pas été pris en compte.
29:02C'est terrible.
29:04Vous qui rencontrez de nombreuses femmes
29:06victimes de violences, Sarah,
29:08c'est récurrent ce type de problème ?
29:10En fait,
29:12oui, c'est assez récurrent
29:14que les femmes ne soient pas encore suffisamment
29:16écoutées.
29:18Il y a un délai, mais même,
29:20quand on appelle le SAMU, il y a un écart
29:22d'à peu près de 30 minutes
29:24pour une intervention auprès de femmes
29:26qu'auprès d'hommes. C'est-à-dire qu'il y a
29:28une idée reçue que les femmes
29:30vont se plaindre plus facilement que les hommes.
29:32Qu'elles vont plus facilement
29:34dire qu'elles ont mal ou qu'elles sont en danger
29:36que les hommes.
29:37Dis-moi juste un mot, 30 minutes, c'est quand même pas
29:39hallucinant.
29:41Non, non, de différence de prise en charge.
29:43Ah, de différence de prise en charge, pardon.
29:45Non, non, de différence de prise en charge.
29:48Différence de prise en charge.
29:50Différence entre femmes et hommes.
29:52Oui, mais de la même
29:54manière, je veux dire, les médicaments
29:56ne sont jamais testés,
29:58les médicaments grand public ne sont jamais testés
30:00sur des femmes. C'est toujours, alors,
30:02parfois sur des animaux, mais sur des animaux
30:04mâles, ce qui fait que
30:06les femmes sont toujours
30:08peines, finalement, à être soignées davantage
30:10puisqu'il n'y a aucune prise en compte
30:12biologique du corps
30:14féminin dans les études,
30:16les ceintures de sécurité dans les voitures
30:18ne sont pas adaptées au corps des femmes.
30:20Tout est testé dans notre société
30:22pour un corps masculin.
30:24Alors, vous menez de nombreuses actions
30:26pour aider les femmes.
30:28Vous venez de lancer, effectivement,
30:30cette campagne Together.
30:32Sabrina aussi
30:34fait partie de cette campagne.
30:36Quelle est cette campagne, dites-nous ?
30:38Alors, le travail que j'essaye de mener,
30:40parce que là, j'ai l'air d'être un peu vindicative
30:42sur les différences de conditions, mais
30:44l'objectif, quand même, de mon féminisme,
30:46en tout cas, c'est de parvenir
30:48à plus d'harmonie dans les couples
30:50et que l'amour ne fasse plus mal.
30:52Ce n'est pas de mener une nouvelle guerre.
30:54Et il y a un chiffre qui m'a interpellée,
30:56c'est que 62% des
30:58plaignantes de violences conjugales
31:00sont salariées en Europe.
31:02Et que si on isole de ce chiffre
31:04les étudiantes et les retraités,
31:06on se rend compte qu'entre 70 et 75%
31:08des victimes de violences conjugales
31:10sont dans l'entreprise
31:12où elles ne sont pas sous la surveillance
31:14de leur agresseur et où elles passent les deux tiers de leur temps.
31:16Et donc, l'essentiel de mon travail,
31:18c'est vraiment d'agir en entreprise,
31:20en interne pour les collaboratrices
31:22et collaborateurs, mais aussi
31:24d'impliquer les entreprises
31:26pour que, finalement, leur activité puisse
31:28servir la cause. Et c'est ce qu'on a fait avec Bach
31:30et Sabrina a tout de suite accepté
31:32de se joindre à l'aventure.
31:34Il y a effectivement ce T-shirt Together
31:36qui permet de lever des fonds
31:38puisque 100% des bénéfices sont reversés
31:40à mon association. Mais surtout,
31:42on a lancé une campagne de prévention en cabine
31:44d'essayage où est affiché
31:46le test que j'ai créé qui s'appelle
31:48« Suis-je victime de violences ? » qui a obtenu le soutien
31:50de l'Ordre des médecins et
31:52de beaucoup d'organisations
31:54qui ne s'impliquent pas dans ce genre de choses normalement.
31:56Donc, le test est affiché
31:58dans toutes les cabines avec un gentil petit mot.
32:00Toutes les cabines d'essayage ?
32:02Oui, parce que je considère que c'est un moment où les femmes
32:04sont bien souvent toutes seules, qu'elles ont un peu de temps
32:06de face à elles-mêmes. Et surtout,
32:08le personnel de vente a été formé
32:10par nos soins. Et vous avez ça
32:12dans beaucoup de magasins maintenant ?
32:14Tous les magasins de France et d'Europe.
32:16C'est une grande campagne d'impact.
32:18On a formé le personnel
32:20de vente à la réception de la parole
32:22et à la réorientation vers la communauté
32:24d'entraide que j'ai créée. Et évidemment,
32:26des solutions d'urgence si besoin.
32:28Mais voilà, c'est très important. Mais en quelques mots,
32:30comment savoir si on est victime ?
32:32Je vous invite à faire mon test « Suis-je victime de violences ? »
32:34En fait, en quelques mots, je dirais que
32:36en dehors des violences physiques
32:38qui sont assez évidentes, mais qui en réalité
32:40ne sont pas l'essentiel du quotidien
32:42des victimes, il y a un chiffre qui nous est donné
32:44par l'UNFF, l'Union Nationale
32:46des Familles de Féminicides, qui explique que
32:48dans 60% des cas de féminicide,
32:50la femme est morte au premier coup.
32:52Et que le point commun,
32:54ce sont les violences psychologiques,
32:56le contrôle coercitif.
32:58Et je dirais que pour les reconnaître,
33:00le dénominateur commun,
33:02c'est la peur. À partir de quand
33:04la peur de la dispute
33:06m'oblige à modifier mon comportement
33:08naturel ? À partir de quand,
33:10par peur de la dispute, je renonce à certaines
33:12sorties, je renonce à certains vêtements,
33:14je renonce à certains mots, je renonce à
33:16certaines habitudes qui me tenaient jusque-là
33:18à cœur, mais par
33:20mesure de sécurité, je change.
33:22Oui, et vous avez
33:24interpellé
33:26l'État
33:28pour que la cause des femmes
33:30avance. Est-ce que vous avez été entendu ?
33:32Vous avez mené une action coup de poing
33:34sur la place de la République lundi.
33:36Dites-nous ce qui s'est passé.
33:38Alors, c'est sur un point, je dirais,
33:40l'État, moi je considère qu'il ne peut pas tout.
33:42C'est pour ça que je fais un gros travail
33:44avec les entreprises. D'ailleurs, il ne doit
33:46pas tout. En revanche,
33:48il y a véritablement des
33:50lacunes à certains niveaux, notamment
33:52la formation des magistrates
33:54et magistrats à ce qu'est
33:56le contrôle coercitif, ainsi que
33:58les travailleurs sociaux. Et ils
34:00ont en réalité des parcours qui doivent cocher
34:02des cases, mais qui ne prennent en considération
34:04je dirais que
34:06le bien-être de l'enfant.
34:08En tout cas, qui va pouvoir assurer
34:10sa survie, les besoins
34:12familiaux, mais pas l'analyse
34:14de la structure familiale. Et du
34:16coup, beaucoup de mères se voient ce qu'on
34:18appelle désenfantées
34:20ou menacées de l'être, harcelées
34:22après même les ruptures
34:24l'ASE,
34:26l'ASE, etc. Il y a des vraies
34:28lacunes. Et c'est pour ça qu'on a mené
34:30cette action coup de poing, parce que moi,
34:32la moitié des femmes, je m'occupe
34:34actuellement d'environ 150
34:36femmes dans mon association,
34:38la moitié d'entre elles, après être
34:40parties, subissent encore
34:42du harcèlement de la part de leur
34:44ex-compagnon, mais elles sont
34:46totalement incomprises des institutions.
34:48Et elles vivent des situations
34:50absolument terribles.
34:52Cet événement coup de poing était en hommage
34:54à Clémence, qui a dû fuir
34:56à l'étranger, qui a en sept ans été
34:58convoquée plus de soixante fois
35:00devant les tribunaux et la police,
35:02qui a fait cinq
35:04gardes à vue de deux jours,
35:06à chaque fois pour rien. Ça a été
35:08les conclusions. Mais il faut le vivre, ça, en fait.
35:10Sarah Barouk et Sabrina Van Tassel,
35:12on va se retrouver dans un instant sur Sud Radio.
35:14Et on parlera, Sabrina, de
35:16Melissa Lucio, cette femme
35:18qui a échappé à la peine de mort au Texas,
35:20grâce à vous, grâce
35:22à votre film qui lui a été
35:24consacré, qui a été primé dans le monde
35:26entier, à tout de suite rester
35:28avec nous. On revient dans un instant sur Sud Radio.
35:30Veuillez accepter, mesdames, ces
35:32quelques mots comme un hommage
35:34à votre gente que j'admire qui crée en chaque homme
35:36un orage. Au cinéma ou dans la vie
35:38vous êtes les plus beaux personnages
35:40et sans le vouloir vous tenez nos cœurs
35:42et nos pensées en otage.
35:44Veuillez accepter, mesdames, cette déclaration
35:46comme une tentative honnête
35:48de réparation.
35:50Face au profond machisme de nos coutumes,
35:52dans le grand livre
35:54des humains, place au chapitre de la rupture,
35:56vous êtes infiniment plus
35:58subtile, plus élégante et plus classe
36:00que la gente masculine qui parle
36:02fort prend toute la place.
36:04Et si j'apprécie des deux yeux quand tu balances
36:06ton corps, j'applaudis aussi des
36:08deux mains quand tu balances ton porc.
36:10Grand corps malade sur Sud Radio qui rend
36:12un hommage poignant aux femmes
36:14Sarah Barouk. Si des
36:16femmes victimes de violences conjugales
36:18souhaitent rentrer en contact avec elles, comment
36:20peuvent-elles le faire ?
36:22Il y a plein de canaux d'entrée dans notre association
36:24et déjà sur les réseaux sociaux, sur Instagram
36:26et sur LinkedIn, c'est le compte
36:28125 et après.
36:30125 et après, ça suffit ?
36:32Oui, vous recherchez
36:34125 et après sur Instagram, il y a aussi un site
36:36internet, et là c'est pareil
36:38contact.125etapres.org
36:40Voilà.
36:42Sabrina Van Tassel, j'aimerais qu'on revienne
36:44effectivement sur Mélissa Lucio
36:46Vous étiez venue sur Sud Radio
36:48en septembre 2021
36:50pour parler de votre film L'état du Texas
36:52contre Mélissa, un documentaire sur la première
36:54famille hispanique condamnée à mort aux Etats-Unis
36:56Elle a passé 17 ans
36:58dans le couloir de la mort et grâce à vous
37:00elle a été sauvée de son exécution
37:02à 48 heures près
37:04Comment avez-vous réussi
37:06à mener ce combat ?
37:08Eh bien, comment ?
37:10J'ai eu des milliers
37:12des millions d'anges, on va dire
37:14qui m'ont aidée sur ce chemin-là
37:16mais
37:18ce qui s'est passé, c'est le fait
37:20d'avoir martelé, que le film
37:22ait gagné beaucoup
37:24de prix, qu'il ait été massivement
37:26vu, à un moment donné il a été sur une
37:28très très grosse plateforme aux
37:30Etats-Unis de streaming
37:32et donc, les gens
37:34se sont emparés, on va dire, de
37:36cette histoire, ont vu justement
37:38qu'il y avait une erreur judiciaire
37:40qui était en train
37:42de se passer sous leurs yeux
37:44et quand elle a eu une date d'exécution
37:46je me rappellerai toujours, c'était
37:48le 5 janvier
37:502022
37:52elle devait être
37:54exécutée le 27 avril
37:56et là, en fait
37:58j'ai tout arrêté
38:00je suis vraiment partie, littéralement
38:02en guerre, sur les routes, au Texas
38:04on a fait des t-shirts
38:06qui disaient, voilà, libérez
38:08Mélissa, regardez le film, et on s'est
38:10servi du film, parce que souvent il n'y a pas de film
38:12pour dire aux gens
38:14qu'on croisait, regardez le film, vous pouvez le voir
38:16il est sur Amazon, il est sur Hulu, il est sur
38:18toutes les plateformes aux Etats-Unis, regardez le film
38:20et si vous n'êtes pas d'accord avec
38:22eh bien, vous signez la pétition
38:24et à un moment donné, une
38:26membre du congrès
38:28du Texas, a vu le film
38:30et a demandé à tous
38:32les membres du congrès de le voir
38:34et ils se sont massivement
38:36opposés à l'exécution et
38:3848 heures plus tard, il rendait une
38:40visite à Mélissa Lucieux dans le couloir de la mort, c'était sa première
38:42visite en 15 ans
38:44d'emprisonnement.
38:46Ses premiers contacts humains.
38:48Des congressmen
38:50et women sont allés, c'est ça.
38:52Et donc c'était très très impressionnant
38:54le Sénat a suivi
38:56de nombreuses personnalités
38:58ont suivi, Kim Kardashian
39:00a tweeté deux fois
39:02et puis tout d'un coup, de cette histoire
39:04texane, c'est devenu une histoire vraiment nationale
39:06et 48 heures
39:08avant l'exécution, l'exécution
39:10a été stoppée, moi j'étais là
39:12je devais assister à son exécution
39:14elle m'avait demandé
39:16je faisais partie des 5 personnes qui devaient assister
39:18à son exécution
39:20et c'était la guerre, vraiment dehors
39:22et je lui disais, mais tu ne seras pas exécutée
39:24qu'est-ce qui s'est passé depuis ?
39:26ça va ou non ?
39:28Depuis
39:30en avril dernier
39:32le nouveau procureur a décidé
39:34qu'il ne l'a
39:36il a
39:38abandonné toute charge contre elle
39:40et en novembre
39:422024
39:44il y a quelques mois
39:46le juge qui l'avait condamné
39:48à mort a dit que finalement
39:50c'était un accident et qu'elle devait être libérée
39:52donc là maintenant, on attend
39:54des nouvelles de la cour, elle est toujours
39:56dans le couloir de la mort, elle peut être libérée
39:58là maintenant, c'est une question
40:00de semaines
40:02où on attend sa libération
40:04je suis un peu sur les starting blocks
40:06il faut quand même rappeler
40:08parce qu'on a oublié de le rappeler
40:10c'est qu'elle était
40:12accusée d'avoir tué sa petite fille
40:14de 2 ans
40:16vous depuis le départ
40:18vous étiez persuadée qu'elle n'était pas
40:20coupable, mais elle était la coupable
40:22idéale en quelque sorte
40:24elle cochait toutes les cases
40:26elle était la coupable idéale et même moi au départ quand je l'ai rencontrée
40:28parce que c'était
40:30le biais d'un reportage
40:32au départ sur les femmes condamnées à mort
40:34j'étais persuadée qu'elle était coupable aussi
40:36c'est juste que quand je l'ai rencontrée
40:38et que j'ai rencontré sa famille
40:40il y avait plusieurs choses qui m'interpellaient
40:42j'ai eu
40:44un instinct qu'il y avait un problème
40:46et j'ai vraiment pour le coup
40:48épluché son dossier
40:50comme personne ne l'avait fait avant
40:52et je me suis rendu compte qu'il n'y avait rien
40:54qu'il n'y avait pas un seul témoin
40:56vraiment ça reposait
40:58sa condamnation reposait sur
41:00quasi rien et voilà ce qui s'est passé
41:02et je rappelle aux éditeurs
41:04aux résistants de Sud Radio que ça
41:06ça s'appelle aussi le journalisme
41:08c'est quoi le journalisme le vrai
41:10c'est ce que disait Albert Londres
41:12porter la plume dans la plaie ou la caméra dans la plaie
41:14ou le micro dans la plaie
41:16c'est ce que vous faites et c'est fondamental
41:18et oui merci à vous deux d'être venus
41:20sur Sud Radio, Sabrina Vantasel
41:22je rappelle donc que votre film
41:24L'état du Texas contre Mélissa
41:26est actuellement disponible en replay
41:28sur MyCanal, que votre nouveau documentaire
41:30Les disparus sera donc
41:32diffusé le 19 mars
41:34à 21h sur Canal+,
41:36Sarah Baru que votre livre
41:38125 et des milliers est paru
41:40chez HarperCollins et les bénéfices
41:42sont reversés à l'Union Nationale
41:44des Familles de Féminicides
41:46tout de suite sur Sud Radio
41:48vous retrouvez Brigitte Leher

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