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André Bercoff et Céline Alonzo reçoivent Sabrina Nouchi, Mila Amoros, Laurent Dave

Retrouvez La culture dans tous ses états tous les vendredis avec Céline Alonzo et André Bercoff à partir de 13h.

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##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2024-11-28##

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News
Transcription
00:30Je ne vais pas faire tout un drame pour quelque chose dont je ne me rappelle pas.
00:34Je peux te poser plainte pour viol.
00:36Je ne sais pas ce qu'on fait ici.
00:38Donc de l'espoir.
00:40Tu dois être quoi ? Un robot ?
00:42On n'est pas des robots.
00:44Si votre fille était en train de dire la vérité,
00:46est-ce que vous l'accompagneriez ?
00:48Non, je n'étais pas consentante.
00:50Mais je n'ai peut-être pas été assez claire.
00:52Parce que quand c'est un viol par surprise,
00:54c'est jusqu'à 15 ans de réclusion criminelle.
00:56Voilà.
00:58À la fin du film, ça arrive, André Berkoff,
01:00qui est sorti hier en salle.
01:02Cette fiction de Sabrina Nucci
01:04traite avec force et justesse
01:06du fléau des violences sexuelles,
01:08André, qui ne cesse de prendre de l'ampleur.
01:10Et pour les victimes,
01:12effectivement, il faut le dire, depuis Me Too,
01:14presque rien n'a changé, André.
01:16D'abord, je voudrais dire quelque chose
01:18qui, moi, me scandalise.
01:20Lundi, c'était la journée internationale
01:22pour l'élimination de la violence faite aux femmes.
01:24Mais qu'est-ce que ça veut dire, une journée ?
01:26Je veux dire, il faut arrêter sur un certain nombre de choses.
01:28Ah, aujourd'hui, c'est la journée de...
01:30Avant, c'est très content, on fait son petit truc.
01:32Et puis, voilà. Non.
01:34Non, c'est un combat permanent.
01:36Encore une fois, le film le montre.
01:38Et puis, on va en parler.
01:40C'est un combat permanent.
01:42Il faut en parler, dès que possible,
01:44tout le temps, parce que, voilà,
01:46une femme ture deux a déjà subi une violence sexuelle.
01:48On va rappeler rapidement les chiffres.
01:50En 2023, 114 000 victimes
01:52de violences sexuelles ont été enregistrées
01:54par les services de sécurité en France.
01:5674 % ont subi ces violences
01:58en dehors du cadre familial ou conjugal,
02:00soit près de 84 000 victimes.
02:02Encore un chiffre.
02:04On dit, oui, mais la plupart des choses, ça se passe en famille.
02:06Non, c'est pas vrai.
02:08Ça se passe pas en famille, la plupart des temps.
02:10Et les trois quarts des violences sont,
02:12voilà, violences physiques,
02:14viols, tentatives de viols, etc.
02:16Rappelez aussi que
02:18la grande majorité des victimes sont des femmes.
02:2085 %, alors que
02:22les victimes les plus utilisées en cause sont le plus souvent des hommes.
02:24Voilà, il faut rappeler tout ça.
02:26Et les enfants.
02:28160 000 enfants sont victimes
02:30de violences sexuelles par an.
02:32Ça veut dire que c'est quelque chose,
02:34il faut le dire, le répéter, le réitérer, taper,
02:36c'est que c'est quelque chose
02:38qui est là, c'est notre paysage.
02:40Alors évidemment, on n'a pas envie d'en parler,
02:42c'est la face noire,
02:44c'est l'ombre.
02:46Eh ben non, l'ombre,
02:48il faut faire de la lumière sur l'ombre
02:50et on contribue de quelque manière que ce soit
02:52par un film, par une émission,
02:54par des colloques,
02:56par quoi que ce soit, en tout cas par les témoignages,
02:58par la défense, il faut en parler.
03:00Et oui, on va en parler dans un instant
03:02sur Sud Radio, alors restez avec nous.
03:04La culture dans tous ces états, c'est dans un instant,
03:06à tout de suite.
03:08Sud Radio,
03:10la culture dans tous ces états.
03:12André Bercoff, Céline Alonso.
03:14Attendez madame, moi je l'ai pas violée.
03:16Je sais pas, c'est elle qui me demande
03:18de la frapper là, de l'étrangler,
03:20de lui mettre des fessiers.
03:22C'était un jeu, moi je l'ai pas violée.
03:24Je l'ai rentrée dans son délire, c'est tout.
03:26Ok, je l'ai forcée,
03:28mais elle était consentante,
03:30elle le voulait.
03:32Genre, consentement forcé.
03:34C'est concret ou pas ?
03:36Non, c'est pas concret je pense, il va falloir m'expliquer
03:38un peu plus c'est quoi consenti-forcé.
03:40L'autre est consentante,
03:42il faut le forcer.
03:44Mais nous deux, on sait que c'est OK.
03:46Il y a bien un moment où vous n'avez plus été d'accord
03:48puisqu'elle vous accuse de viol.
03:50Donc quand on joue, il faut comprendre les règles.
03:52A un moment donné, vous n'aviez plus les mêmes règles, non ?
03:54A un moment donné, il faut entendre la limite.
03:56On peut jouer, mais il faut connaître la limite monsieur.
03:58Y avait pas de règle de jeu.
04:00C'est elle, je la claque, c'est elle.
04:02Comment ?
04:04C'est moi la victime dans le truc là.
04:06D'où vous dire par surprise ?
04:08C'est inventé ça.
04:10Je sais pas, non ?
04:12Non ?
04:14Comment ça 15 ans de réclusion de criminel ?
04:16Je sais pas quoi là.
04:18J'ai rien fait moi, bordel.
04:20Mais non, j'ai rien fait.
04:22Ca arrive, un film coup de poing André Bercoff
04:24sur le violence sexuelle.
04:26Consentement forcé, c'est beau ça.
04:28Il invente le consentement forcé.
04:30Il sait pas ce qu'est le consentement,
04:32il sait pas ce que veut dire forcer.
04:34Il sait rien.
04:36Et oui, je le disais, cet extrait que vous venez d'entendre,
04:38c'est un extrait du film Ca arrive
04:40qui est sorti hier en salle.
04:42Un film réalisé par Sabrina Anucci
04:44qui nous fait le plaisir aujourd'hui
04:46d'être notre invitée sur Sud Radio.
04:48On va aussi en parler avec
04:50Laurent Dave, officier de police judiciaire
04:52à la division de la criminalité organisée
04:54spécialisée à Marseille
04:56qui a été consultant sur le scénario de cette fiction
04:58et Mila Amoros, survivante
05:00d'un viol au couteau
05:02qui a décidé de sortir du silence
05:04après avoir vu ce long métrage.
05:06Elle nous racontera André dans un instant sur Sud Radio
05:08son histoire, son agression.
05:10Alors bonjour à vous tous et merci d'être avec nous
05:12sur Sud Radio.
05:14Alors Sabrina Anucci, qu'est-ce qui vous a poussé
05:16à faire un film sur ce sujet ?
05:18Alors c'est un film que j'ai envie
05:20de faire depuis que j'ai commencé
05:22à réaliser, donc vers mes 22-23 ans.
05:24Ça date d'il y a 13 ans
05:26déjà je pense. Et à l'époque
05:28je me souviens avoir rencontré un acteur
05:30producteur qui m'avait dit... C'était un film sur la
05:32pédophilie que je voulais faire au départ.
05:34Il m'avait dit non, c'est pas vendeur.
05:36Bon, après évidemment...
05:38Voilà, ça en disait long.
05:40Donc j'ai fait d'autres films aussi avec
05:42d'autres sujets où il y avait toujours
05:44de la violence qui était abordée sexuelle
05:46mais j'ai pas détaillé.
05:48Et là comme je me produis seule
05:50ce film m'est revenu
05:52pendant que j'étais...
05:54Je suis ma propre productrice et distributrice.
05:56Comme ça je dis ce que je veux.
05:58Du coup là
06:00j'étais en cours, j'ai une école qui s'appelle
06:02La Fabrique de l'Acteur et il y avait une des élèves
06:04qui jouait un rôle de composition d'une travailleuse
06:06du sexe. Et d'un coup
06:08alors que l'impro n'avait rien à voir, je me suis dit
06:10j'aimerais bien voir comment cette femme serait reçue
06:12si elle avait été violée.
06:14Et finalement j'ai eu envie
06:16de voir d'autres portraits et donc j'ai été voir
06:18ma co-scénariste Catherine Sorolla en lui disant
06:20que je voulais écrire là-dessus. Et voilà.
06:22Et l'action se déroule
06:24dans un commissariat du 1er arrondissement
06:26de Marseille où trois enquêteurs de la brigade
06:28des mœurs font face aux récits
06:30de victimes de viols perpétrés quotidiennement
06:32dans la cité phocéenne.
06:34Une quinzaine d'affaires sont traitées.
06:36Elles sont toutes d'une violence inuit.
06:38Sabrina, pouvez-vous nous en raconter
06:40quelques-unes ? Est-ce que je peux, juste une question
06:42je sais qu'on va la poser plus tard
06:44parce que vous avez dit
06:46que vous étiez votre propre productrice.
06:48J'aimerais savoir, ce film vous a coûté combien ?
06:50Ce film nous a coûté
06:52135 000 euros officiellement.
06:54Oui, c'est une paille
06:56par rapport à un certain budget.
06:58Voilà, alors donc, oui
07:00justement, racontez-nous.
07:02Alors, on a voulu traiter
07:04malheureusement on n'a pas pu tout mettre dans le film
07:06donc on a créé une campagne de sensibilisation sur TikTok
07:08sur la page ça arrive le film où on a mis vraiment
07:10tous les témoignages
07:12et les histoires qu'on voulait mettre.
07:14Dans le film, il a fallu faire des choix.
07:16Donc on a essayé de représenter toutes les catégories sociales
07:18tous les genres
07:20et de faire des portraits
07:22assez différents.
07:24On a abordé
07:26le viol
07:28pardon
07:30le viol d'une femme
07:32sous soumission chimique
07:34qui avait un jeu à la base
07:36avec ce garçon
07:38qui a mal tourné.
07:40On a abordé le viol homosexuel.
07:42On a abordé le viol
07:44sur mineur mais qui dépose plainte
07:46quand il est adulte.
07:48Toutes histoires vraies ?
07:50Toutes histoires vraies ?
07:52Vous êtes partis ?
07:54Nous on est partis sur de la fiction
07:56et on a montré l'histoire de quelqu'un
07:58parce qu'on a imaginé ces histoires
08:00mais on est tellement bercé dans les violences sexuelles
08:02depuis la nuit des temps
08:04que c'était assez simple de faire des rapprochements
08:06avec les gens qu'on connaissait, les victimes qu'on connaissait
08:08donc ça a été malheureusement
08:10assez simple d'agir là-dessus
08:12mais on était sûr que ça tomberait juste pour quelqu'un
08:14et d'ailleurs il y a, comme je le dis
08:16assez souvent, il y a trois semaines je regardais
08:18le média dormir au courant
08:20et il y avait une femme
08:22une vieille dame agressée sexuellement
08:24elle a volé ses bijoux un peu comme cette vieille dame
08:26comme celle du film
08:28elle est bouleversante cette femme
08:30je l'explique parce que je le raconte plus tôt
08:32lors de la confrontation avec son agresseur
08:34on a vraiment le sentiment, elle le reconnait
08:36mais elle veut pas dire oui c'est lui
08:38en fait elle le reconnait
08:40sans le reconnaitre
08:42comme elle l'a vu que de dos c'est difficile
08:44et comme il lui fait de la peine sur le moment ce qui est vrai
08:46elle a peur de faire une injustice
08:48et donc elle préfère dire
08:50que c'est pas lui dans le doute
08:52parce qu'elle est pas sûre à 100%
08:54et dans certaines affaires c'est vrai qu'il est quand même
08:56très difficile de départager
08:58les responsabilités
09:00je veux parler de cette personne en situation de handicap
09:02abusée par son éducateur
09:04oui alors ça c'est la seule histoire
09:06qui est vraie
09:08dont ma co-scénariste connait
09:10cette personne et c'est une histoire
09:12vraie, c'est une personne en situation
09:14de handicap léger
09:16qui n'était pas sous tutelle, qui avait un travail
09:18le permis, etc
09:20son propre appartement
09:22de déficience
09:24mais très légère
09:26elle pouvait être autonome complètement
09:28et elle vivait sa vie complètement autonome
09:30et c'était en réalité
09:32une vraie histoire d'amour
09:34et les faits l'ont montré
09:36ils ont eu deux ans d'échanges, d'sms
09:38d'un couple normal
09:40ils ont aussi
09:42des témoins de quand ils se disputaient
09:44comme un couple normal où elle venait taper en disant
09:46je t'aime, tu m'ouvres, ce genre de choses
09:48et en fait on voulait poser la question de voilà
09:50pourquoi ce serait interdit d'aimer
09:52une personne en situation
09:54de handicap léger en tout cas, bien sûr qu'il faut pas
09:56je parle pas d'handicap sévère
09:58etc, de vulnérabilité
10:00mais cette personne là était tout à fait
10:02impliquée dans cette relation
10:04alors vous l'avez dit sur tiktok
10:06vous avez lancé une campagne de sensibilisation
10:08contre les violences sexuelles et sexy
10:10donc elle met en scène d'autres histoires
10:12terribles racontées par les acteurs de votre film
10:14écoutons à présent Julie
10:16qui raconte celle de Solène
10:18enceinte de son violeur
10:20qui l'a agressée alors qu'elle était sous anesthésie générale
10:22en fait je devais
10:24rentrer à l'hôpital pour me faire opérer des dents de sagesse
10:26et
10:28et donc j'ai été violée
10:30sous anesthésie générale
10:32par un membre du personnel de l'hôpital
10:34que je ne connais pas
10:36je m'en serais pas rendu compte
10:38si j'avais pas découvert
10:40que j'étais enceinte plus tard
10:42à ce moment là j'ai personne dans ma vie
10:44j'ai pas de partenaire sexuel
10:46donc je mets du temps
10:48à m'en rendre compte
10:50mais je commence à avoir des symptômes
10:52un peu inhabituel
10:54j'ai des nausées
10:56j'ai beaucoup de nausées
10:58du coup je vais voir ma gynécologue
11:00et en fait elle me fait une échographie
11:02et c'est là qu'elle m'annonce que je suis enceinte
11:04donc je comprends pas trop
11:06parce que
11:08j'ai pas de relation, j'ai pas de partenaire
11:10donc je suis choquée, je comprends pas ce qu'il se passe
11:12et en fait c'est quand elle me donne la date de conception
11:14que là je comprends
11:16et que je fais le lien avec mon opération
11:18et donc à ce moment là je comprends
11:20que j'ai été violée
11:22pendant que j'étais sous anesthésie générale
11:24donc je porte plainte contre X
11:26je porte plainte contre l'hôpital
11:28et
11:30ce jour là
11:32il y avait 4 hommes
11:34il y avait un anesthésiste
11:36un chirurgien et 2 infirmiers
11:38qui se relayaient pendant que j'étais en salle de réveil
11:40et
11:42du coup ils ont été entendus tous les 4
11:46et
11:48là j'attends
11:50en fait là j'attends de savoir
11:52qui est mon violeur
11:54mais qui aussi est le père de mon enfant
11:56parce que quand j'ai su que j'étais enceinte
11:58c'était 9 jours
12:00après la date maximum
12:02pour se faire avorter
12:04donc j'ai porté pendant 9 mois
12:06l'enfant de mon violeur
12:10Sabrina Anucci
12:12ce témoignage est
12:14terrifiant. Comment avez-vous eu connaissance
12:16de cette affaire ?
12:18C'est une affaire que ma co-scénariste
12:20connait
12:22d'il y a une quinzaine d'années
12:24et bon après ce sont des histoires
12:26qu'on a aussi fictionnées un petit peu
12:28mais donc voilà
12:30c'est une affaire qu'elle a connue
12:32à l'époque. Alors Laurent Dèv
12:34vous êtes policier depuis 24 ans
12:36et officier de police judiciaire depuis 9 ans
12:38cette réalité sordide
12:40c'est votre quotidien à Marseille ?
12:42Alors moi je suis dans un service spécialisé
12:44alors effectivement
12:46ce type d'affaires
12:48qui sont relatées dans le film
12:50je n'en avais pas connaissance
12:52mais effectivement
12:54dans notre service ça peut arriver
12:56de recevoir des histoires similaires
12:58et effectivement d'avoir à les traiter
13:00et de les donner connaissance à la justice
13:02Alors vous avez été consultant sur le film
13:04de Sabrina Anucci
13:06quel est votre rôle précis ?
13:08Alors il a été déjà d'apporter mon expérience
13:10alors je ne vais pas dire expertise parce que c'est mes supérieurs
13:12qui en jugeront
13:14mon expérience en tant qu'officier de police judiciaire
13:16et enquêteur dans un service spécialisé
13:18partager mon expérience
13:20sur des thématiques de violences
13:22sexuelles et sexistes
13:24Je voudrais demander
13:26quand vous avez comme tous les policiers
13:28enfin les officiers de police judiciaire
13:30que vous avez des affaires
13:32les affaires que vous avez
13:34et c'est vous qui êtes au premier plan
13:36avec des drames
13:38on va d'abord à la police
13:40avant d'aller au juge
13:42c'est vous qui transmettez
13:44est-ce que
13:46comment on fait la part
13:48du sentiment
13:50parce qu'on a tous des réactions humaines, citoyennes
13:52face à certaines horreurs
13:54qu'on entend
13:56et en même temps
13:58on doit se conformer à la loi
14:00au règlement en vigueur
14:02est-ce que ça se passe toujours assez
14:04je dirais pas
14:06normalement
14:08dans un univers pour résumer
14:10où il n'y a pas de normalité
14:12comment on peut se comporter de manière normale
14:14alors ce que je voudrais dire
14:16c'est que déjà c'est une matière
14:18où la violence est à tous les niveaux
14:20elle est violente déjà
14:22parce qu'a vécu
14:24la victime, la personne
14:26qui vient libérer sa parole
14:28donc la libération de la parole
14:30c'est quelque chose de violent
14:32le policier qui doit recueillir le témoignage
14:34c'est encore de la violence
14:36et ensuite il y a tout le processus
14:38des constatations médicales
14:40des examens psychologiques
14:42la décision de justice
14:44qui parfois peut être mal comprise
14:46parce que ce sont des faits anciens et qu'on n'a pas réussi
14:48à établir
14:50prescription etc
14:52tout ça parfois c'est mal compris
14:54ça peut être effectivement violent
14:56alors nous
14:58la police nationale
15:00nous sommes formés
15:02déjà tous les policiers
15:04de France sont formés
15:06formation spécifique sur les violences faites aux femmes
15:08il y a un module
15:10obligatoire pour tous les policiers
15:12en ligne, ensuite
15:14lorsque nous sommes affectés en services spécialisés
15:16il y a encore un cursus sur les violences
15:18conjugales, les violences intrafamiliales
15:20le profil des auteurs
15:22et ensuite si on veut aller encore plus
15:24loin, la police nationale nous permet
15:26de participer à un diplôme universitaire
15:28avec
15:30l'université de Paris VIII
15:32dirigée par Edouard Durand et
15:34Anne-Erstine Roné, qui nous permet
15:36d'aller encore plus loin sur la connaissance du psychotrauma
15:38la mémoire traumatique
15:40les phénomènes de dissociation
15:42on vous permet d'aller
15:44plus loin dans l'exploration
15:46de ce qui se passe, tout à fait
15:48pour améliorer la prise en charge
15:50l'accueil, de manière à ce que
15:52ces femmes soient, ces femmes ou ces hommes
15:54même si, comme vous l'avez dit,
15:56ils sont un peu moindres
15:58mais les accueillir dans les meilleures conditions possibles
16:00et avoir un recueil du témoignage qui soit vraiment
16:02efficient. Est-ce qu'il y a des modes opératoires
16:04chez les agresseurs ?
16:06Alors effectivement, un mode opératoire qui revient
16:08de plus en plus souvent
16:10c'est la vulnérabilité chimique et la soumission
16:12chimique, puisque maintenant on fait bien la différence
16:14Oui,
16:16quelle différence, vulnérabilité et soumission ?
16:18La vulnérabilité chimique, c'est quand
16:20je me mets dans la position d'une victime
16:22je consomme de l'alcool, je consomme
16:24de la drogue ou j'ai un traitement médicamenteux
16:26et l'agresseur
16:28va profiter de mon état de vulnérabilité
16:30pour
16:32une attaque sexuelle, une agression, etc.
16:34La soumission, c'est différent.
16:36C'est-à-dire que là, on me réduit à l'état d'objet
16:38c'est-à-dire que là, je n'ai pas forcément
16:40conscience de ce qui va
16:42m'arriver. Là, on le voit dans l'actualité
16:44judiciaire
16:46le problème de la soumission chimique
16:48et effectivement, ces thématiques
16:50sont très difficiles
16:52à mettre en herzègue
16:54et à démontrer
16:56parce que ce sont souvent des substances qui ont
16:58des demi-vies très courtes et au niveau des analyses
17:00ça disparaît très rapidement.
17:02Vous avez vu l'histoire ?
17:04Regarde, le viol de Mazan
17:06où un type a livré sa femme
17:08à 50 personnes en lui administrant à chaque fois
17:10elle a été violée par 50 personnes
17:12elle lui administrait à chaque fois
17:14des substances chimiques
17:16donc elle était inconsciente et il invitait les gens
17:18à s'y filmer
17:20il y a eu des réquisitions
17:22et ça, ça
17:24ça rappelle l'horreur
17:26Myla Amoros, vous êtes projectionniste
17:28dans un cinéma de
17:30Agré-Houlébin précisément
17:32le film ça arrive y a été projeté
17:34le 9 novembre dernier et suite à la projection
17:36vous avez décidé pour la
17:38première fois de raconter
17:40votre agression en public
17:42une agression dont vous avez été
17:44victime, donc une victime de viol
17:46le 16 janvier 2021
17:48ce soir-là, qu'est-ce qui vous a poussé
17:50à sortir du silence ?
17:52Sabrina et son travail
17:54parce que le film est d'une justesse
17:56incommensurable
17:58parce qu'il est travaillé, il n'est pas dans
18:00le pathos, il n'est pas lourd
18:02il est juste dans la vérité de ce qu'on vit
18:04quand on va déposer plainte
18:06dans comment les choses sont traitées
18:08parce qu'il permet la parole
18:10là où, je sais, c'est dur pour les gens
18:12d'écouter ce qu'on a à dire
18:14c'est dur d'écouter ce qu'on a vécu
18:16mais si nous on l'a vécu, vous pouvez très bien l'entendre
18:18et je pense que ce film-là
18:20il donne les armes, en fait
18:22pour pouvoir réagir
18:24parce qu'il y a une victime
18:26qui subit le viol, l'agression
18:28mais il y a tout un entourage
18:30qui se fait éclabousser par la violence de ce qu'on vit
18:32par les procédures, par la répétition
18:34de notre histoire
18:36si moi j'ai voulu parler pour Sabrina
18:38c'est pour continuer la prise de parole
18:40qu'elle a donnée à ses personnages
18:42elle a illustré 15 affaires qui sont
18:44banales, en fait
18:46on arrive à l'heure d'aujourd'hui, en 2024
18:48à tous avoir dans notre entourage
18:50une femme qui a été victime
18:52c'est-à-dire que les personnages du film de Sabrina
18:54on les connaît toutes et tous
18:56et c'était important d'en parler
18:58parce que je pense que
19:00on n'a pas à avoir honte de ce qu'on a vécu
19:02c'est à eux d'avoir honte
19:04et ça, ça ne peut se passer que par la prise de parole
19:06alors Mila Amoros, effectivement
19:08votre histoire, votre agression
19:10vous allez tout nous raconter dans un instant
19:12sur Sud Radio
19:14vous allez nous raconter cette descente
19:16aux enfers que vous avez vécu
19:18et surtout comment vous en êtes sortie
19:20alors restez avec nous, à tout de suite, on revient dans un instant
19:41Eh oui, cette aigle noire
19:43que chante Barbara Andrévercoff
19:45eh bien c'est son père qui avait abusé d'elle
19:47dès l'âge de 10 ans
19:49vous Mila Amoros, vous aviez 23 ans
19:51le 13 janvier 2021
19:53quand vous avez été violée
19:55en plein confinement
19:57que s'est-il passé, racontez-nous
19:59Ok
20:01en fait j'étais étudiante
20:03on vivait dans une résidence universitaire
20:05donc on était dans des colocations
20:07c'était un principe de bénévolat
20:09c'est-à-dire qu'on avait une remise sur notre loyer
20:11et en échange on donnait des heures de bénévolat
20:13et ce qui s'est passé
20:15c'est que le confinement
20:17la première vague a été assez dure
20:19pour nous en tant qu'étudiants
20:21la seconde a été encore plus dure
20:23et en fait les prédateurs
20:25de nos âges qui étaient en liberté
20:27se sont retrouvés confinés avec nous
20:29et ce garçon-là
20:31du coup avait déjà entamé sa chasse
20:33avant qu'on soit confiné
20:35donc il avait déjà repéré ses victimes
20:37et donc j'ai été la première à me faire agresser
20:39mon colocataire avec qui je vivais
20:41était parti
20:43parce qu'il était interné
20:45dans un hôpital de Toulouse
20:47un hôpital psychiatrique
20:49et en fait il a utilisé l'excuse de venir le voir
20:51et il m'a agressée
20:53et il m'a agressée
20:55c'est mon colocataire
20:57qui a été l'oreille attentive
20:59de ce qui s'est passé
21:01c'est lui qui m'a aidée
21:03et lui a mis fin à ses jours quelques semaines après
21:05voilà
21:07et après je me suis
21:09j'ai rien dit
21:11j'ai gardé le silence
21:13parce que ça avait déjà entraîné la mort de mon coloc
21:15alors il fallait pas que je parle
21:17et quelques mois après
21:19j'ai reçu un appel
21:21d'une des filles avec qui on habitait dans la résidence
21:23elle m'a dit
21:25qu'elle s'était fait violer
21:27il y a deux semaines par le même gars
21:29et qu'il avait crié mon prénom
21:31donc elle savait ce qui m'était arrivé
21:33et du coup
21:35pour elle, on est allé
21:37déposer plainte
21:39on a cherché sur internet comment ça se passait
21:41on n'avait pas trop d'informations
21:43on s'est dit qu'il fallait qu'on aille
21:45dans le commissariat central de Toulouse
21:47et là
21:49on n'a pas du tout été accueillis
21:51comme il fallait
21:53c'est-à-dire de quelle façon avez-vous été accueillis ?
21:55on est allé à l'accueil
21:57on a dit qu'on voulait déposer plainte pour viol
21:59la fille avec qui j'étais
22:01son prénom s'appelle Erika
22:03a demandé à être reçu par une femme
22:05moi j'avais pas le choix donc j'étais avec un homme
22:07on a attendu et je suis allée
22:09dans le bureau avec ce monsieur
22:11à côté il y avait une dame qui portait plainte parce qu'on lui avait
22:13volé ses jambes de voiture et il m'a dit
22:15racontez, par contre je vous préviens vous êtes mon cinquième
22:17viol de la journée donc on va aller rapide
22:19et du coup
22:21j'ai pas osé parler
22:23il m'a dit vous voulez un peu plus d'intimité
22:25donc on est allé dans un autre bureau
22:27il m'a demandé de décrire
22:29la pire plainte déposée
22:31c'est à dire qu'il y avait
22:33outre les fautes d'orthographe il y avait des temporalités
22:35qui allaient pas, il y avait des
22:37traces, il y avait des vocaux où il disait
22:39qu'il avait envie de moi et qu'il
22:41s'en fichait si j'étais d'accord ou pas
22:43donc je lui fais écouter
22:45il réagit, il donne son propre avis
22:47il comprend pas vraiment
22:49il est pas très attentif
22:51on signe, on sort
22:53Erika me raconte qu'elle, elle avait été
22:55humiliée par
22:57la flic qui lui a dit mais pourquoi
22:59t'as pas gardé ta robe
23:01ah oui mais t'avais bu donc en même temps
23:03donc on était un peu dévasté de ce qui
23:05venait de se passer
23:07mais en fait il nous fallait le dépôt de plainte
23:09pour qu'on puisse dire au Crous
23:11aidez nous
23:13faites le partir, on pouvait pas rester
23:15dans cette résidence, on le croisait absolument
23:17tous les jours. Et est-ce qu'on vous a aidé ?
23:19Pas du tout, le Crous nous a dit
23:21qu'il pouvait nous reloger nous mais
23:23que comme il y avait la trêve hivernale ça suffisait
23:25pas un dépôt de plainte pour le virer
23:27donc moi je suis partie
23:29je suis partie chez ma mère
23:31mais je suis aussi bien partie en cacahuète
23:33ça a été très dur
23:35parce que du coup
23:37on supporte plus son corps
23:39on supporte plus de se laver
23:41on supporte plus de s'habiller
23:43c'est compliqué tous les jours
23:45elle, elle pouvait pas partir
23:47donc elle est restée enfermée
23:49Erika, vous parlez d'Erika
23:51Erika elle pouvait pas partir donc elle restait dans son appartement
23:53le problème c'est que
23:55dans les immeubles Crous
23:57tous les appartements se ressemblent
23:59donc en fait son appartement c'était la palcopie
24:01de là où elle s'est fait violer
24:03donc c'était très dur
24:05elle dormait dans le salon
24:07et moi j'avais ses nouvelles mais on
24:09arrivait pas l'une et l'autre à parler
24:11on était complètement pétrifiés
24:13et là du coup l'enquête par les enquêteurs de Tournefeuille
24:15a débuté en janvier
24:17ils ont été juste extraordinaires
24:19ils ont repris mot par mot
24:21tous nos dépôts de plaintes
24:23ils ont été attentifs, ils ont entendu toutes les victimes
24:25c'était compliqué
24:27parce que presque toutes les semaines on avait un appel
24:29ou alors des gens qui disaient
24:31on a été convoqué
24:33ensuite du coup il y a eu
24:35la première
24:37la mise en garde à vue
24:39du coup de l'accusé
24:41il a pas su se défendre
24:43donc en fait il avait zéro argument
24:45Vous avez reconnu ou vous avez demandé de reconnaître
24:47tout de suite ? Non
24:49Nous on a pris une avocate
24:51et ce qu'on nous a dit par contre
24:53ce que le commissariat nous a dit
24:55de Tournefeuille, l'enquêteur
24:57c'est que possiblement on aurait une confrontation
24:59dans un premier temps pour les victimes
25:01donc pour moi et Erika c'était très compliqué
25:03de s'imaginer le voir
25:05rien que son odeur moi ça me terrifiait
25:07et en fait en y réfléchissant
25:09on s'est dit que ça pouvait apporter un bénéfice au dossier
25:11qu'on était stable et qu'on allait y arriver
25:13Et comment c'est
25:15raconté nous cette confrontation
25:17avec votre agresseur ?
25:19D'abord on est passé devant la juge d'instruction
25:21ensuite il y a eu la confrontation
25:23donc lui il est amené par
25:25les policiers
25:27il est déféré dans le bureau de la juge d'instruction
25:29et moi
25:31c'était pas tellement son visage
25:33qui m'a le plus terrifié c'était son odeur
25:35elle était juste omniprésente
25:37il était filmé mais pas nous
25:39et la juge était
25:41de notre côté, ça se voyait
25:43parce qu'elle lui disait
25:45elle lui posait des questions et lui il était
25:47complètement à côté de la plaque
25:49et je me souviens qu'elle lui a demandé
25:51et alors depuis qu'est-ce qui vous arrive ?
25:53il dit bah je suis obligé d'aller voir un psy
25:55c'est pas facile
25:57et il dit mais pourquoi vous allez voir un psy apparemment vous avez rien à vous reprocher
25:59il dit ah mais non je parle de mon père
26:01je parle de mes problèmes
26:03donc c'était assez lunaire
26:05et après la confrontation
26:07quand je suis rentrée chez moi j'ai fait une tentative
26:09de suicide parce que je supportais pas le fait
26:11qu'on m'entende pas, qu'on m'écoute pas
26:13et que cette histoire
26:15j'en pouvais plus, ça faisait bientôt un an et demi
26:17que je la répétais toutes les semaines, c'était compliqué
26:19donc j'ai été moi placée
26:21en hôpital
26:23on m'a soignée, j'ai pris à bras
26:25le coeur la psychiatrie et les armes qui s'offraient
26:27à moi
26:29et quand je suis sortie j'ai décidé
26:31de combattre, d'être là
26:33vraiment et en fait
26:35on nous permet pas
26:37de sortir ce qui se passe, en fait on nous
26:39demande juste de relater des faits
26:41on les revit en même temps qu'on raconte
26:43et c'est vraiment
26:45c'est un crime où nous
26:47on se sent coupable et où lui
26:49se sent innocent, c'est complètement
26:51démesuré en fait
26:53mais la confrontation a quand même été
26:55en quelque sorte on peut dire
26:57utile pour vous, ça vous a permis
26:59de comprendre qui il était et pourquoi
27:01il vous avait agressé
27:03en fait on se tue au pourquoi
27:05on se tue au pourquoi pendant des mois
27:07on se demande pourquoi il a fait ça
27:09pourquoi moi, on se demande
27:11même si nous on l'a pas cherché
27:13peut-être qu'on s'est habillé de manière, peut-être qu'on l'a
27:15attiré, on est complètement
27:17c'est l'inversion accusatoire, la culpabilité
27:19qui se transfère, on dit c'est vous
27:21les coupables, juste une question
27:23Laurent Dave
27:25c'est intéressant
27:27parce que vous parlez de la formation
27:29des policiers et c'est vrai que
27:31ceux qui racontent Milamos
27:33c'est à même temps les enquêteurs
27:35ont été formidables et vous le dites
27:37à même temps, quelques fois
27:39on a eu des
27:41réactions
27:43de ce genre dans diverses émissions
27:45où on dit, on est quelques fois très bien reçu
27:47au commissariat et des fois on est reçu par des gens
27:49qui ont l'air de dire
27:51c'est mon cinquième
27:53témoignage
27:55de récits de viol
27:57c'est compliqué cette
27:59histoire d'accueil
28:01c'est assez tragique
28:03quand j'entends ça c'est vrai que c'est tragique
28:05et après ça ne peut pas
28:07être parfait, ce que je peux vous dire c'est que la police nationale
28:09forme et sensibilise
28:11au maximum
28:13ses effectifs
28:15nous dans les services spécialisés
28:17on est prêt à recevoir, dans les commissariats
28:19on a énormément de retours positifs
28:21c'est vrai que
28:23ça reste
28:25ponctuel
28:27c'est extrêmement grave
28:29ce que j'entends c'est extrêmement grave
28:31ça reste ponctuel
28:33et oui, il faut rappeler
28:3594% des affaires de viol sont classées
28:37sans suite
28:39vous Mila, il y a eu un procès
28:41en juin dernier, quel a été le verdict ?
28:43relax
28:45relax pour lui ?
28:47relax total ?
28:49relax pour doute, incroyable
28:51alors que c'est un serial violeur
28:53le doute c'est hallucinant
28:55le doute est toujours en faveur de l'accusé
28:57toujours
28:59oui, pour l'accusé
29:01la conviction du parquet
29:03le parquet
29:05il y avait un jury populaire ?
29:07non
29:09le procès c'est aussi
29:11en fait, si je suis là
29:13et si je soutiens Sabrina
29:15c'est aussi pour prévenir les victimes qui veulent parler
29:17que la procédure derrière elle fait mal
29:19qu'un dépôt de plainte
29:21c'est pas simplement
29:23on raconte notre histoire et c'est fini
29:25vous dites que c'est un traumatisme sur le traumatisme
29:27oui, le dépôt de plainte pour moi
29:29c'est le traumatisme
29:31mais après, quand j'ai organisé par exemple la soirée du 9 novembre
29:33j'ai rencontré Laurent
29:35et d'autres policiers
29:37de la MPF
29:39ou du CGFF, on en parlera après je pense
29:41qui sont du coup des organismes
29:43qui accompagnent les victimes
29:45et qui font en sorte que tout se passe bien
29:47et ça c'est très important de notifier
29:49c'est qu'on peut être aidé pour que ça se passe bien
29:51c'est important de le dire
29:53oui, et du coup
29:55le procès pour doute
29:57son témoin s'étant suicidé
29:59on n'a pas de témoignage
30:01et Erika du coup
30:03son témoin
30:05a témoigné mais s'est retirée
30:07donc on a dit le doute effectivement
30:09oui certes, mais il y a le doute
30:11il est aujourd'hui enregistré
30:13dans les fichiers des agresseurs sexuels
30:15oui, ça c'est certain
30:17et ça vous a fait quoi ?
30:19de fait que relax
30:21vous avez agi comment ?
30:23il y avait mon compagnon
30:25heureusement
30:27je suis descendue des marges du tribunal
30:29je me suis effondrée
30:31parce qu'on dit que
30:33le procès c'est pas la finalité
30:35que peu importe la charge qu'il aura
30:37nous on a gagné puisqu'on a
30:39libéré notre parole mais c'est un peu faux
30:41on a toujours ce sentiment de ne pas être légitime
30:43on a besoin d'une reconnaissance
30:45en tant que victime pour avancer
30:47on a besoin juste de comprendre pourquoi nous
30:49pourquoi il a fait ça
30:51est-ce que c'est juste on était là
30:53au mauvais moment, au mauvais endroit
30:55ou si on cherche ça
30:57si on attire ça, moi j'avais besoin de comprendre
30:59j'avais des questions à lui poser
31:01il avait aucune réponse à me donner
31:03parce que je pense que sincèrement
31:05comme son expertise psychiatrique l'a donné
31:07il est sociopathe
31:09il cherche la vulnérabilité
31:11chez les gens
31:13il avait un fétiche sexuelle
31:15autour du sang ce jeune homme
31:17il l'a ça
31:19le sentiment que vous avez eu
31:21en faisant, c'est une fiction
31:23je le rappelle mais encore une fois
31:25c'est une fiction, beaucoup peuvent se reconnaître
31:27la preuve c'est que Mila Mosse
31:29est reconnue et c'est pour ça qu'elle parle
31:31et j'en remercie de parler
31:33et je remercie à tous d'être témoigné
31:35parce que c'est très important
31:37est-ce que effectivement
31:39la plupart, vous vous en sortez
31:41en ayant fait ce film
31:43est-ce qu'il y a
31:45une espèce de profonde injustice
31:47de gens qui ont vécu
31:49ce qu'ils ont vécu
31:51ce qu'elles ont vécu
31:53et qui voient qu'au fond
31:55quelque part où il n'y a pas de sanctions
31:57où la sanction est pratiquement
31:59elle est incomplète, partielle
32:01est-ce que vous avez eu
32:03vous en tant que femme
32:05en tant que citoyenne, en tant que réalisatrice
32:07un certain nombre de frustrations
32:09par rapport à ce qu'il se passe dans cette société
32:11ah oui, moi je ne supporte pas
32:13l'injustice
32:15et évidemment j'en vois tous les jours
32:17partout, notamment
32:19dans les agressions sexuelles
32:21faites aux femmes, faites aux hommes
32:23faites aux enfants
32:25et on en parlait ce matin
32:27avec Laurent et on se disait
32:29oui, alors il y a
32:31la justice, il y a aussi
32:33les jurés, et dans les jurés
32:35il y a des gens lambda
32:37et ces gens lambda, c'est leur prisme
32:39leur expérience, leur empathie
32:41leur affection, peu importe
32:43leur perception
32:45et moi ça me fait bizarre
32:47ça me fait bizarre que ce soit des gens comme ça
32:49qui disent
32:51ok toi tu passes ta vie en prison, toi non
32:53parce que j'ai l'impression
32:55que c'est jamais, c'est subjectif
32:57mais vous préférez qu'il n'y ait pas de jury
32:59alors si je vous suis jusqu'au bout
33:01vous préférez qu'il n'y ait pas de jury populaire
33:03qu'il y ait simplement des juges
33:05je ne sais pas si ce serait mieux
33:07je ne sais pas parce que ça reste des humains
33:09en fait le problème c'est que tout est faillible
33:11parce qu'on est humain, parce qu'on est faillible
33:13les choses sont vraiment subjectives
33:15et elles sont construites
33:17de notre naissance jusqu'à aujourd'hui
33:19par nos expériences etc
33:21et c'est pour ça que je pense que ça ne sera jamais parfait
33:23Mila Amoros vous avez fait donc un travail
33:25de résilience
33:27vous avez notamment décidé de changer
33:29de prénom, en quoi ça vous aide
33:31ce changement de prénom aujourd'hui ?
33:33A plus
33:35entendre sa voix
33:37pendant les rémissances
33:39les rémissances c'est ce qu'on subit après un traumatisme
33:41quand on a un post-trauma
33:43on entend sa voix
33:45on subit encore
33:47dans nos cauchemars
33:49et moi son prénom
33:51le prénom qu'on m'a donné
33:53et celui qu'il répétait
33:55en boucle, je ne pouvais plus l'entendre
33:57donc
33:59j'ai voulu le changer
34:01parce que c'est mon droit et parce que si
34:03c'est dans une
34:05inidentité, je ne suis pas
34:07simplement ce que j'ai vécu
34:09c'est ce que j'ai survécu
34:11et ça c'était très important de l'affirmer par une nouvelle identité
34:13et aussi par le choix
34:15de pouvoir parler en ce nom là
34:17et pas être
34:19catégorisé comme sa victime
34:21à lui, être sa chose
34:23oui et vous avez été obligé
34:25de faire une reconstruction vaginale
34:27parce que votre agression a été
34:29d'une telle violence
34:31votre témoignage me bouleverse
34:33on a passé des heures ensemble, toutes les deux
34:35et vraiment merci d'être avec nous sur Sud Radio
34:37on va se retrouver dans un instant
34:39et on va écouter une autre
34:41histoire terrible qui fait partie
34:43de la campagne de sensibilisation
34:45menée sur TikTok
34:47par la réalisatrice donc Sabrina
34:49Kallos présente
34:51Sud Radio
34:53la culture dans tous ses états
34:55André Bercoff, Céline Alonso
34:57Je m'appelle Sofia et quand j'avais
34:597 ans, je suis allée à un goûter
35:01d'anniversaire avec ma meilleure amie Melody
35:03et j'ai été violée
35:05donc évidemment au début
35:07je n'ai pas mis les mots sur ce qui s'était passé
35:09on était dans la chambre avec tous les gosses
35:11sans surveillance
35:13et les mamas étaient sur la terrasse
35:15et là il y a
35:17deux frères qui sont arrivés de 8 et 10 ans
35:19et qui nous ont
35:21proposé de faire un jeu
35:23on devait se mettre les fesses à l'air
35:25et nous enfoncer des jouets dans l'anus
35:27des legos, des jantes
35:29de Barbie
35:31des Playmobil
35:33et ils faisaient des va-et-vient avec les jouets
35:35Melody c'est la seule qui a refusé de le faire
35:37mais elle assiste à tout
35:39et quand ça a été
35:41à mon tour, elle a essayé d'intervenir
35:43mais ils se sont ligués contre elle
35:45et ils l'ont menacée
35:47ils nous ont tous menacés d'ailleurs
35:49on devait surtout le dire à personne
35:51et on n'a rien dit
35:53mais un jour, Melody
35:55l'a dit à ses parents
35:57qu'elle avait refusé de le faire et que
35:59plein d'autres enfants étaient obligés de le faire
36:01donc ses parents ont appelé les miens
36:03ils ont appelé les autres parents
36:05et ils se sont réunis et ils ont conclu que
36:07c'était des bêtises d'enfants
36:09des bêtises d'enfants
36:11c'est terrible
36:13Andréa Strata
36:15André Bercoff, actrice dans le film
36:17ça arrive qui est sorti hier en salle
36:19elle raconte donc l'histoire de
36:21Sophia abusée à 7 ans par deux frères
36:23qui avaient été déjà signalés
36:25par leur maîtresse pour des faits similaires
36:27lors d'une sortie scolaire
36:29ce témoignage est vraiment glaçant
36:31comment votre film a-t-il été
36:33accueilli par des exploitants de salles
36:35en France ?
36:37Très mal
36:39heureusement il y a Mila
36:41qui m'a laissé un message
36:43pour me dire à quel point le film l'avait touché
36:45il y a d'autres salles dans des patelins
36:47mais pas de grosses villes
36:49qui nous accueillent
36:51et qui jouent le jeu et qui prennent le risque
36:53sinon on a des exploitants qui nous disent
36:55qu'ils ne le regarderont même pas
36:57il y en a qui nous disent
36:59non on ne le regardera pas
37:01ça ne nous intéresse pas
37:03on a des exploitants qui nous disent que comme eux n'aiment pas
37:05ils ne le diffuseront pas
37:07et on a qui ne répondent pas
37:09carrément, donc à Marseille on a zéro salle
37:11et dans les grandes villes comme Lyon, Toulouse
37:13Bordeaux, etc. non plus
37:15Je veux dire quelque chose à nos éditeurs de Marseille
37:17nous avons beaucoup d'éditeurs
37:19à Marseille
37:21c'est absolument pas normal
37:23il faudrait que vraiment
37:25vous en parliez quand vous alliez au cinéma
37:27aux responsables de ciné
37:29parlez-en
37:31vous mettez des choses sur internet
37:33comment il se fait que ce film qui est bouleversant
37:35qui est vraiment à avoir
37:37il ne faut jamais se cacher
37:39la réalité, il ne faut pas
37:41avoir peur du réel
37:43on passe son temps et justement
37:45les pouvoirs quels qu'ils soient passent leur temps
37:47à vous masquer le réel, à raconter leur narratif
37:49non, il faut que vous
37:51un peu partout en France vous les écoutez
37:53dites pourquoi on ne peut pas
37:55voir ce film et pourquoi on ne le voit pas
37:57eh oui, il faut le préciser que ce film est
37:59pratiquement 100% marseillais
38:01vous êtes marseillaise, les comédiens aussi
38:03et le film a été tourné dans la Cité fosséenne
38:05et Laurent d'Aves
38:07officier de brigade
38:09policière est aussi
38:11marseillais, ce qui est terrifiant
38:13Laurent, qu'est-ce qu'il faut faire aujourd'hui
38:15quand on a été victime de violences sexuelles
38:17ou sexistes, dites-nous, quelles sont les démarches
38:19à y faire ?
38:21je vais vous l'étendre
38:23parce que je pense qu'on a tous notre rôle
38:25à jouer dans l'histoire, il n'y a pas que
38:27les victimes qui sont des acteurs
38:29essentiels mais il y a aussi tous les acteurs sociaux
38:31les voisins
38:33les témoins, les personnes
38:35de la famille, tout le monde a son rôle
38:37à jouer dans cette histoire
38:39faire le 17, bien entendu
38:41si vous entendez
38:43dans la rue ou votre voisine
38:45qui crie, effectivement, faire le 17 puisqu'il y a
38:47urgence, vous avez aussi la possibilité de vous rendre
38:49sur masecuriteinterieur.gouv.fr
38:51où tout est expliqué
38:53et effectivement
38:55masecuriteinterieur.gouv.fr
38:57où vous pouvez
38:59aussi chatter avec des policiers
39:01en direct et préparer
39:03votre plainte en ligne
39:05bien sûr, les services
39:07médicaux peuvent effectuer
39:09des signalements, en parler, ne serait-ce qu'à
39:11un professionnel de santé, un psychiatre, à partir du
39:13moment où vous n'êtes pas en mesure de vous défendre
39:15il a l'obligation d'en faire
39:17un signalement auprès du procureur de la République
39:19oui, c'est important ça
39:21Mila Amorossi, un conseil que vous pourriez donner aux victimes aujourd'hui
39:23oui, il y a pas mal d'associations
39:25qui sont actives, même en ruralité
39:27ne pas hésiter à se rapprocher
39:29des CDFF, qui sont des centres
39:31d'information pour la famille et les femmes
39:33qui ont des centres d'aide juridique
39:35et même des juristes
39:37qui peuvent vous accompagner dans le dépôt de plainte
39:39il y a des associations aussi
39:41qui peuvent vous proposer des hébergements
39:43d'urgence, si jamais vous pouvez pas
39:45vous rentrez chez vous en sécurité
39:47et aussi
39:49rien qu'il y ait un pharmacien
39:51peut être habilité à vous prendre en charge
39:53ne pas avoir peur de parler
39:55mais dire aux autres qu'il faut les écouter
39:57surtout
39:59Laurent Dave, aujourd'hui
40:01vous vous disposez de quel dispositif
40:03pour mettre ces victimes en sécurité
40:05aujourd'hui ?
40:07Alors, effectivement, nous
40:09nous nous en relatons dès que nous avons connaissance
40:11d'une infraction au procureur de la République
40:13nous avons appuyé à tout un arsenal pour protéger
40:15les victimes
40:17éventuellement
40:19par déjà la mise hors
40:21circuit des éventuels auteurs
40:23et puis au niveau des affaires familiales
40:25vous avez aussi les ordonnances de protection
40:27puisque maintenant le juge d'affaires familiales peut statuer en urgence
40:29sur la garde des enfants
40:31l'attribution du domicile
40:33pour toutes les femmes qui sont victimes
40:35de violences conjugales.
40:37Merci, merci à vous, vraiment merci à vous
40:39merci à Méla Moros, merci, courage
40:41merci à Sabrina Nouchi
40:43parce qu'il faut aussi du courage
40:45pour faire des vies pareilles
40:47on voit les hésitations
40:49merci à Laurent Dave
40:51chacun à sa manière
40:53doit contribuer à ce que le crime ne paye pas
40:55oui, et avant
40:57de rendre l'antenne André Bercoff
40:59j'aimerais signaler un événement important qui a lieu à Paris
41:01ce week-end, samedi et dimanche
41:03à la maison de la chimie à Paris
41:05c'est le festival des livres et des artistes
41:07beaucoup d'auteurs vont
41:09dédicacer leurs livres, notamment
41:11Adriana Carambeu qui, elle, a révélé
41:13dans un livre-choc avoir été
41:15violentée par son père quand elle était
41:17toute jeune, dès l'âge de 6 ans
41:19c'est un festival présidé par
41:21dont le président d'honneur est
41:23Michel de Ruquerre et qui est organisé par l'association
41:25Lecture pour Tous
41:27qui lutte contre l'illettrisme, André Bercoff
41:29merci à vous tous
41:31merci beaucoup
41:33et à vous toutes d'être venues sur Sud Radio
41:35chers auditeurs, allez voir
41:37ça arrive, un film à ne pas
41:39rater, tout de suite, vous retrouvez
41:41Brigitte Lahaye sur Sud Radio

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