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  • 03/03/2025
Avec Xenia Fedorova, journaliste russe

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##LE_FACE_A_FACE-2025-03-03##

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News
Transcription
00:00SUD RADIO BERKOV DANS TOUS SES ÉTATS
00:04LE FACE-A-FACE
00:06Alors, je reçois aujourd'hui, je vais vous dire, une bannie, une marginalisée, une...
00:14je ne dirais pas marquée du sceau de l'infamie, mais qu'on a traité de tous les noms pendant quelques temps,
00:21agent de Poutine, voilà, directrice du chien étrangère, etc., etc.
00:28Xenia Fedorova, bonjour.
00:30Bonjour André.
00:31Vous avez fondé RT France, que vous avez dirigée pendant 5 ans, c'est bien ça ?
00:36C'est bien ça.
00:37Et vous écrivez un livre, Bannie, Bannie, B-A-N-N-I-E, le bannissement,
00:43et le sous-titre c'est Liberté, l'expression sous conditions, ça paraît chez Fayard,
00:49et c'est un livre très intéressant parce que vous racontez d'abord votre parcours,
00:53vous êtes née en Russie, et puis on raconte l'Autriche, et puis Paris, 1er Paris, l'Allemagne, Berlin, etc.
00:59Et puis, évidemment, ce qui est le cœur du livre, cette aventure de RT France,
01:05qui vous a valu et qui a eu beaucoup de problèmes dès le départ,
01:10et qui s'est soldée, je crois que c'est en 2022.
01:14Sanctionnée 2022 et liquidée en 2023.
01:16Et liquidée en 2023, c'est ça.
01:19Et je voulais savoir d'abord, justement, parce qu'il y a une actualité très très récente,
01:25que deux chaînes, C8 et NRJ12, ont été supprimées de la TNT, complètement,
01:34et il y a eu des bruits qu'il y a eu, il y a eu moins de bruit pour vous,
01:38mais enfin on en reparlera, mais qu'est-ce que ça vous inspire ?
01:41Honnêtement, ça m'a fait...
01:44Je suis très triste pour eux, parce que c'est une façon de déjà-vu, pour moi.
01:48Une chaîne qui est fermée, plus qu'ils s'en taient, en fait, pour C8,
01:53c'est 400 des salariés qui sont en chômage.
01:59Tout ça, ça me rappelle la fermeture de RT France, cette tristesse, cette douleur,
02:06mais aussi la fermeture qui était sous silence.
02:10En fait, pas beaucoup de journalistes ont parlé de cette fermeture comme si c'était normal.
02:20Aujourd'hui, c'est C8, mais qui sera demain ?
02:24Et justement, cette fermeture, vous la racontez, je parle de RT France,
02:32mais alors, d'emblée, on va quand même poser des questions,
02:35on dit oui, mais vous comprenez, Xénaphé de Roivaz, C8, Énergie douce,
02:39ce sont des Français, c'est Bolloré, Énergie douce, c'est Baudecrouffe, etc.
02:44Et vous, vous étiez quand même une chaîne financée par un État, la Russie.
02:50Est-ce que c'est normal qu'en France, des chaînes ou des médias soient financées
02:56par des pays ou des institutions étrangères ?
03:00Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
03:01Je pense que si on suit ces logiques, il faut dans ces cas fermer
03:04toutes les chaînes qui sont financées par l'État étranger.
03:08Il y en a beaucoup ?
03:09Oui, regardez, déjà si on commence par la France 24, il y a BBC World,
03:15il y a Deutsche Welle, Al Jazeera, etc.
03:19Donc on peut parler de ça, et si on suit ces logiques,
03:22il faut fermer aussi les chaînes quand il y a une guerre.
03:24Par exemple, CNN n'était pas fermée quand les États-Unis ont envahi l'Irak.
03:29Donc là, déjà, RT France n'a jamais caché le financement.
03:33En fait, c'était une chaîne qui était créée en France avec les journalistes françaises,
03:38avec les cartes de presse, avec la licence de l'ARCOM, à l'époque le CSA,
03:43qui était hyper survie.
03:45Vous avez eu la licence pendant 5 ans, il faut le rappeler.
03:47En fait, on a eu une rénovation des licences.
03:49Vous avez eu une rénovation, oui aussi.
03:51Un renouvellement.
03:52Un renouvellement, pardon.
03:53Et en fait, on n'était jamais sanctionné.
03:56Il y a eu les tentatives, il y a eu une mise en demeure,
03:59mais RT France n'était jamais sanctionnée par l'ARCOM.
04:02Vous n'avez jamais eu ni mise en demeure, ni sanction.
04:06Une mise en demeure pour une erreur technique, les images, la traduction sur la série.
04:11Mais en fait, la traduction n'était pas tranquille, c'était vrai.
04:14Donc pour moi, il faut rappeler aux auditeurs,
04:21je voulais dire aux auditeurs,
04:23qu'en fait, la chaîne RT France était fermée par l'Union Européenne.
04:26C'était Ursula von der Leyen qui annonçait qu'elle va fermer la chaîne
04:30après, je pense que c'était le lendemain du début du conflit en Ukraine.
04:35Oui, c'était une semaine après l'opération spéciale, comme disent les Russes,
04:39l'invasion, comme disent les autres.
04:41Exactement, mais en fait, sans aucune base légale.
04:44Plus de centaines de journalistes français étaient mis en chômage.
04:47On a tenu un petit peu jusqu'à 2023 et finalement, on a été liquidés.
04:52Donc je pense que c'est déjà très dangereux pour la liberté d'expression.
04:57Mais c'est qu'elle est du but.
04:59Ils ont commencé par nous parce qu'il y a une prétexte,
05:01parce que c'était une chaîne financée par la Russie.
05:03En fait, c'était une chaîne qui dirigeait beaucoup plus avant 2022.
05:08Si vous vous souvenez, Emmanuel Macron interdit les journalistes de RT France
05:13l'accréditation pour la LSE.
05:15En fait, il nous a appelés les propagandistes.
05:18Mais comme c'est possible qu'en fait, l'Arkhom n'a jamais trouvé une raison de nous actionner.
05:22En revanche, on a été discriminés.
05:25Et finalement, sous le prétexte de guerre en Ukraine, la chaîne a été fermée.
05:29Aujourd'hui, on voit assez vite et malheureusement.
05:32Mais c'est le tribunal.
05:33Alors juste pour comprendre bien techniquement Xenia Fedorova, c'est le tribunal.
05:38Parce que Ursula von der Leyen peut dire qu'elle ferme RT France,
05:41mais ce n'est pas elle qui ferme techniquement RT France.
05:44C'est le tribunal de commerce.
05:45C'est quoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
05:46En fait, Ursula von der Leyen a annoncé.
05:49Il y a eu les sanctions contre RT France.
05:52Donc Inter France a interdit la diffusion en France et en Europe.
05:59Et sous ce prétexte, c'était en fait sanctionné.
06:02Et on a tenu juste un petit peu.
06:04Et finalement, c'était le tribunal de Nanterre qui annonçait la liquidation.
06:08Donc c'est un peu comme ça.
06:10Malheureusement, on a essayé de contester cette décision.
06:14On était à Luxembourg avec nos avocats.
06:18Et en fait, on a demandé.
06:20Mais montrez-nous.
06:21Pourquoi ? Quelle est la base légale ?
06:23En fait, ils ne pouvaient pas nous donner un exemple.
06:25Ils ont juste dit.
06:26Ils ont parlé beaucoup de la propagande russe, évidemment.
06:29Finalement, ils ont juste dit.
06:31On ne peut pas permettre en chaîne comme RT France d'exister
06:36au moment où les opinions des Européennes
06:39sont en train de s'efformer sur le conflit en Ukraine.
06:43Ils ont absolument lié ça au conflit dans le ruisseau ukrainien.
06:47La motivation, c'était de façon préventive.
06:50Alors justement, dans votre livre, vous racontez ce qui s'est passé.
06:55Et vous vous dites aussi qu'il y a eu quand même certaines choses.
07:00C'est-à-dire que le contenu de RT France a pu gêner un certain nombre de gens.
07:05Vous parlez de l'épisode du gilet jaune.
07:08Je parle de deux grands épisodes, évidemment.
07:10Le gilet jaune et le Covid.
07:12Puisque c'était évidemment en pleine période.
07:16Et ce que vous dites, effectivement, c'est que votre traitement
07:20par rapport à beaucoup de chaînes, que ce soit les gilets jaunes
07:24et que ce soit le Covid, ont gêné une certaine pensée dominante.
07:28En tout cas, c'est ce que vous dites, ce que vous écrivez.
07:30Absolument.
07:31Le gilet jaune, c'est connu qu'au début de ses mouvements,
07:36les médias généralistes sont vraiment faits en sous-couverture.
07:40C'est-à-dire qu'ils ne sont pas suffisamment couverts.
07:42Cette grande mouvement, qui était énorme.
07:45Chaque samedi, on a vu ça.
07:47Et donc, il y a eu un delay de couverture.
07:50Je pense que c'était un delay qui était imposé par les journalistes eux-mêmes
07:55à eux-mêmes en façon de haute censure.
07:58Ils ne voulaient pas donner la parole aux gilets jaunes
08:00parce qu'ils pensaient que c'était soit assez important, soit dangereux.
08:04Mais en même temps, on est journaliste, on doit donner les faits.
08:07On doit permettre aux spectateurs, en général, à gens de regarder pour eux-mêmes,
08:15de réfléchir pour eux-mêmes.
08:16Il faut arrêter vraiment d'essayer d'infantiliser les Français et les Européens.
08:22Ils ont le droit de choisir quelle source d'information on peut regarder.
08:26Finalement, ils peuvent décider de ne pas regarder de tout.
08:28– Et puis de toute façon, s'il ne vous plaît pas, vous tournez le bouton.
08:31– Exactement.
08:32– Vous dites, je ne veux pas voir RT France,
08:34ou je ne veux pas voir telle ou telle chaîne.
08:36Et puis voilà, vous ne la regardez pas.
08:38– Avec les gilets jaunes, c'était ça.
08:39Parce que RT France a fait une couverture factuelle et juste de ces mouvements.
08:44C'est-à-dire qu'on a réalé tous les points de vue,
08:46mais aussi on a invité les experts et ceux qui expliquaient ce qu'est ce mouvement.
08:51Et les gilets jaunes aussi étaient sur nos plateaux.
08:54C'est ça ce qui n'est pas plé à un média généraliste à l'époque.
08:57Ce n'est pas plé à l'ARCOM, le CSA,
09:00qui voulaient que cette couverture soit plus basse, plus minimisée.
09:06Et pour Covid, c'est un peu la même chose.
09:09Là, on a été obligés de traiter cette information très factuelle.
09:13Mais je vois comment, à chaque fois, on a invité un expert
09:17qui mise en question comment cette crise sanitaire était gérée par l'État.
09:23Tout de suite, on a été attaqué par les journalistes mainstream, par les médias connus.
09:28Et en fait, c'est vraiment très dangereux.
09:31Parce que qui décide de quoi parler ?
09:35Qui décide ce qu'on doit voir ou pas ?
09:38Exactement. Il faut vraiment être beaucoup plus divers et équilibrés sur la couverture.
09:43Et c'est la même chose avec le conflit en Ukraine.
09:45Si on regarde aujourd'hui, RT France,
09:48bien sûr qu'on a réléé la pointe de vue de la Russie,
09:50mais également la pointe de vue de l'OTAN, de l'Union européenne, la France, etc.
09:55C'est ce que les journalistes font.
09:57Et maintenant, depuis 2022 et jusqu'à maintenant,
10:01là, c'est en train de changer.
10:03Mais la couverture des conflits était vraiment juste de l'un côté,
10:07en narrative de l'OTAN, plutôt.
10:09Oui, c'est vrai. Maintenant, évidemment, les choses sont en train de changer
10:12depuis un mois, un mois, deux mois.
10:14Grâce à Trump.
10:15Mais oui, il faut le dire parce qu'il voit autre chose.
10:19Et je me dis, on va un peu creuser tout ça.
10:22Et effectivement, c'est intéressant, dans votre livre,
10:25l'hostilité que vous avez rencontrée pratiquement dès le départ.
10:29Et vous racontez. C'est ça qui est aussi très intéressant.
10:31Mais auparavant, Xenia Fedorova, on va parler un peu de vous,
10:35de votre enfance, d'où vous venez, etc.
10:37Et oui, oui. Et c'est important, ça.
10:39Parce que, justement, vous êtes arrivée ici.
10:41Et comment ? On en parle tout de suite après cette petite pause.
10:44A tout de suite. Nous sommes avec Xenia Fedorova.
10:47Et si vous voulez nous appeler, 0 826 300 300.
10:52Nous, sous une liberté d'expression sous condition.
10:56Une liberté surveillée.
10:58N'oubliez jamais, vous savez, c'est presque une banalité de base
11:02que sur tous les frontons de la République, c'est liberté, égalité, fraternité.
11:08Mais alors, ce mot de liberté, oui, il est partout.
11:10Mais dans la réalité, comment s'exerce-t-il ?
11:14Parlons avec Xenia Fedorova, qui a écrit Bani, B-A-N-I-E,
11:18encore une fois, je le redis, aux éditions Fayard.
11:21Xenia Fedorova, vous avez 44 ans, 43 ans, c'est ça ?
11:2644.
11:2844. Vous êtes née, ça va, vous êtes jeune.
11:31Vous êtes née donc en Russie.
11:33Vous avez vécu quelque temps votre enfance en Russie.
11:37Puis vous êtes allée en Autriche, vous racontez ça dans votre livre.
11:39Mais c'est intéressant, avec une mère qui était, comment dire, une mère courage,
11:44qui s'occupait de ses enfants et les faisait vivre,
11:49parce que votre père est mort, vous étiez très jeune.
11:52Et vous racontez comment vous avez fait un certain nombre d'études,
11:55que la diplomatie vous a tiré, mais que le journalisme vous a tiré plus que ça.
11:59Et vous racontez comment vous avez commencé à RT à Moscou.
12:03Et puis après, effectivement, on vous a proposé RT France,
12:07que vous êtes venue à Paris, vous étiez déjà venue en 2014, je crois, c'est ça ?
12:13Vous êtes revenue en 2017 et vous lancez tout cela en 2018.
12:17Mais alors dites-moi, comment ça s'est passé, pourquoi ?
12:20Je voulais savoir, alors, qu'est-ce que vous avez senti ?
12:22Vous êtes allée voir Olivier Chramek, qui dirigeait à l'époque la Haute Autorité.
12:26Non, le CSA.
12:28Le CSA, oui, la Haute Autorité, c'était avant, ça ne me rajeunit pas.
12:32Le CSA. Et vous dites, dans votre livre, que vous avez senti...
12:37Déjà, il y a eu une sorte de méfiance quand vous vous faisiez passer à l'examen.
12:42On ne peut pas dire que c'était extrêmement chaleureux, c'est le moins que l'on puisse dire.
12:47Absolument. Non, non, c'était juste...
12:50Je pense que c'était juste après le Maïdan, la situation en Crimée.
12:54Ah oui, 2014, oui.
12:562014, donc.
12:57Bien, tout a changé en Crimée.
12:59On peut le dire aujourd'hui, organisé par la CIA, Victoriani, Hollande et compagnie.
13:03En tout cas, moi, je le dis, encore une fois, je ne suis ni pro-Trump, ni pro-ceci, ni pro-cela.
13:08Mais on sait très bien comment était organisé Maïdan.
13:10Mais passons.
13:11Donc, c'était après Maïdan.
13:12En fait, ce que vous touchez est très important de dire.
13:15C'est vrai que personne n'en parle aujourd'hui, sauf vous, André.
13:19D'autres, oui.
13:20Moi, il y a, oui, un peu de gens, mais c'est peu discuté.
13:26Mais oui, les États-Unis ont joué un énorme rôle en 2014.
13:31Ils ont installé des ministres.
13:33Je voudrais juste dire à l'intention des auditeurs qu'il faut savoir que la personne
13:37qui a parlé le plus de ça et le plus précisément, c'est Jeffrey Sachs,
13:42un très grand géopolitologue américain qui a connu toute cette région.
13:46Et c'est lui qui a rétabli, en tout cas, qui a établi toute l'histoire de ce qui s'est passé
13:52dans les années 2005, 2014, jusqu'à Minsk.
13:55Je dis ça en passant pour qu'on sache que ça ne vient pas du ciel.
13:58Le contexte, voilà.
13:59Donc, je suis arrivée en France et la première chose que je me suis dit,
14:03si on s'installe en France, il faut absolument respecter toutes les règles,
14:07toutes les lois, donc il faut absolument que je demande une licence
14:10auprès des organes qui surveillent.
14:15Les organes de conformité, donc le CSA en l'occurrence.
14:19Le CSA, donc exactement.
14:21À l'époque, je parlais très peu français, donc j'ai pris une traductrice avec moi.
14:26On a un cabinet d'avocats qui m'a aidée à préparer le dossier.
14:30Et on se trouve pas seulement en face d'Olivier Schramm,
14:33mais c'était en fait en façon de tribunal.
14:36Il y a eu plein de gens.
14:37– Ah oui, il y avait combien de personnes à peu près ?
14:40– Je pense que c'était full, full.
14:42La première ligne, c'était peut-être dix personnes.
14:45Derrière eux, il y a eu peut-être quinzaine de personnes en plus.
14:49C'est ça, en tous les cas, c'est comme ça, je me souviens.
14:52Et j'étais interrogée sur tous les sujets.
14:54On a parlé de l'Ukraine, les Crimées, du financement.
14:58J'étais hyper transparente.
14:59Je raconterai tout ce qu'on a préparé.
15:03Et je pense qu'à l'époque, ils n'ont pas trouvé en raison de les refuser.
15:08C'était vraiment, c'était encore tout autre.
15:11– Mais vous sentiez qu'ils avaient envie ?
15:13– Bien sûr.
15:14– Comment vous les sentiez ?
15:15C'est par les questions qu'ils vous posaient ?
15:17– Absolument.
15:18Les questions, c'était plutôt genre de questions-accusations.
15:21Donc encore une fois, je ne travaille…
15:23– Mais par exemple ?
15:24– Par exemple, je ne suis pas la représentante de l'État russe.
15:27Je suis journaliste.
15:28Mais les questions étaient, pourquoi vous avez envahi l'Ukraine ?
15:33Pourquoi vous avez annexé les Crimées ?
15:36Donc ce genre de questions qu'il ne faut pas poser aux journalistes.
15:40Il faut poser peut-être à l'ambassadeur.
15:42– Oui, sauf qu'effectivement, tout le problème était là.
15:45Vous étiez financé par l'État russe.
15:48– Mais cet modèle économique, ça existe déjà et a existé avant Nartey.
15:52Ça existe avec l'Allemagne.
15:54Ça existe avec la France.
15:55Ça existe avec les États-Unis, Qatar.
15:57Il y a plein de chaînes qui sont…
15:59– Ou les pays d'Algecira par exemple.
16:01– Exactement.
16:02Donc personne n'a banni Algecira en tous les cas.
16:05– Donc ils vous posent des questions.
16:07– Ils me posent des questions.
16:08– Comme si vous étiez le représentant de Poutine.
16:11– Et c'était toujours le cas en fait.
16:13Je précise que je suis journaliste,
16:15mais je suis appelée, même toujours, en agent des Kremlin.
16:19Vous savez, ma page Wikipédia a été changée le lendemain
16:23quand j'ai annoncé que j'avais fait une série de petits documentaires
16:26sur C8, sur les églises orthodoxes.
16:28Et tout de suite, je suis résignée en agent des Kremlin.
16:32– Ah oui, c'est ce que vous faites en ce moment.
16:34– Exactement.
16:35– Et sur Wikipédia, ils vous ont remis…
16:37– Ils sont changés, oui, tout de suite.
16:39Parce qu'il ne faut pas parler des églises orthodoxes.
16:43Je pense qu'il y a toujours eu ces intérêts,
16:46cette lobby atlantiste qui était vraiment anti-russe,
16:50on peut dire russophobe.
16:52Mais RT France, ce n'était pas une chaîne russe-russe.
16:55Moi je suis russe évidemment, mais…
16:57– Vous ne foniez pas du matin au soir la propagande de la Russie.
17:01– Non, on a embauché les journalistes français
17:03avec les cartes des presses qui sont décidées
17:05chaque matin quel sujet à traiter.
17:07On n'a jamais reçu les appels de Moscou
17:10pour traiter les sujets en France.
17:12Mais oui, depuis le début, on était interdits d'aller liser.
17:16Et Emmanuel Macron fait ça très clair.
17:19Je parle de ça dans mon livre,
17:21le fameux jour à Versailles où il était avec Vladimir Poutine,
17:24à côté de Vladimir Poutine,
17:25où je pose des questions sur ce bannissement des journalistes.
17:30Il répond d'une façon très violente
17:32qui est en fait marquée toutes les prochaines années.
17:34Je pense qu'Emmanuel Macron a cherché une façon de nous interdire.
17:39Mais comme c'était compliqué, c'est en base légale,
17:41et comme je vous ai dit, on n'était jamais sanctionnés,
17:44alors qu'on n'a jamais trouvé une raison de nous sanctionner,
17:46ils ont essayé mais ils ne l'ont pas trouvée,
17:48c'était finalement le prétexte, c'était la guerre en Ukraine,
17:51l'Union européenne qui l'a fait pour lui.
17:53– C'est ça, par Rousseau, la von der Leyen interposée.
17:56Mais il y a quelque chose, vous parlez dans votre livre,
17:58qu'est-ce qui a fait, ça m'intéresse aussi Xenia Fedorova,
18:02qu'est-ce qui a fait que sans tant cette opposition,
18:06sans tant cette hostilité, mesurant le rapport de force,
18:10vous vous en parlez, vous évoquez ça,
18:12pourquoi vous ne vous êtes pas installé en Suisse, en Belgique,
18:15en Autriche ou ailleurs, en disant,
18:17enfin voilà, je ferai un peu de France mettons…
18:19– Même à Moscou ?
18:20– Oui, ou même à Moscou, même disons dans un pays européen
18:23où vous n'auriez pas eu les mêmes problèmes,
18:26mais même si vous êtes dans un pays francophone,
18:29qu'est-ce qui a fait que vous vous êtes dit,
18:31non, non, non, je veux qu'on reste là, je veux qu'on…
18:34– Il y a un mélange, franchement, je pense qu'il y a un mélange
18:38de ma naïveté à l'époque, parce que je pensais que la France,
18:42votre pays est le pays des libertés, des libertés d'expression,
18:46je n'ai jamais pensé, parce que je travaillais en Allemagne
18:49juste avant de venir en France,
18:51et franchement je n'ai jamais senti ce genre de censure,
18:54ce niveau de censure que je sentis en Allemagne,
18:58bon en Allemagne ce n'était pas extraordinaire non plus,
19:01mais quand même…
19:02– Vous voulez dire que la censure en Allemagne n'était pas aussi forte
19:04que ce que vous avez senti en France ?
19:06– Exactement, à l'époque ce n'était pas aussi forte,
19:08peut-être qu'aujourd'hui c'est plus forte qu'il y a en France,
19:10je ne sais pas, mais à l'époque ce n'était pas,
19:12et la deuxième, probablement la première raison pour moi,
19:15c'était d'installer une chaîne vraiment en France
19:18pour qu'on puisse toucher les sujets français,
19:20parler en français, embaucher les journalistes français,
19:23parce qu'embaucher les journalistes français pour venir à Moscou,
19:27il faut comprendre qu'il y a…
19:28– C'est plus compliqué, oui.
19:29– C'est plus compliqué, même si on peut trouver les journalistes
19:31qui sont prêts à déménager, ce ne sont pas les mêmes journalistes,
19:34vous voyez, et donc je ne pense pas qu'il y ait Frédéric Tédy
19:36qui travaillait pour nous en toute liberté,
19:40il pouvait déménager à Moscou, je ne pense pas.
19:43Donc on a eu cet accès aux journalistes, aux experts,
19:47on s'est installés juste à côté de chez vous,
19:49on était à Boulogne-Bilanco.
19:51– Vous étiez à Boulogne, oui.
19:52– Exactement, donc on voulait vraiment faire tout ce qui est,
19:56ça sera une chaîne française et que les français respectent,
20:00parce qu'avoir une chaîne en Moscou qui diffuse en français,
20:03c'est quand même autre chose.
20:05– Oui mais vous auriez pu être en Europe, enfin encore une fois,
20:07en Belgique, en Suisse, en France, pardon, en Belgique ou en Suisse.
20:11– Exactement, mais finalement je pense qu'après 2022,
20:16tous les pays européens, sauf la Suisse, la Suisse n'a jamais entardi RT,
20:20et même aujourd'hui RT est visible en Suisse.
20:23Ce que je dois dire, bravo à Suisse,
20:25même s'ils ont copicolé toutes les sanctions contre la Russie,
20:28là sur la liberté d'expression, ils sont restés forts.
20:31– Ah oui, la Suisse n'a pas banni RT.
20:34On va continuer d'en parler, ce qui s'est passé, racontez-nous tout cela.
20:39Effectivement, l'histoire de la censure et de l'auto-censure,
20:42ça nous concerne tous, et si vous avez des questions,
20:44si vous avez des interventions, 0 826 300 300.
20:48À tout de suite.
20:50Sud Radio Bercoff, dans tous ses états, midi 14h, André Bercoff.
20:55– Avec Zenia Federova, qui a présidé, qui a fondé RT France,
21:01qui a été, comme vous le savez, interdit d'antenne,
21:04interdit de fonction en France depuis 2023.
21:09Et on parlait justement de ce problème de la liberté d'expression.
21:14Au fond, on est toujours dans ce problème-là,
21:17où elle s'arrête, où elle va, et je rappellerai sincèrement,
21:22et que nous sommes tous d'accord, quand une radio, une télévision,
21:26un média diffuse des paroles de haine et d'appels aux meurtres,
21:29au racisme etc., évidemment qu'il faut sanctionner.
21:33Mais la loi est là, la loi est là pour sanctionner.
21:35En revanche, les opinions différentes,
21:38eh bien écoutez, c'est ça la liberté.
21:41Comme disait Voltaire depuis toujours, la liberté, je me battrai,
21:45même si on n'est absolument pas d'accord avec vous,
21:47je me battrai jusqu'à la mort pour que vous puissiez le dire.
21:50Donc, parlons un peu, il y a la censure, mais il y a aussi,
21:54vous l'avez vu justement par votre activité de présidente de RT France,
22:00Guénard Fédorova, l'autocensure.
22:02Donc l'autocensure de journalistes, l'autocensure d'un certain nombre de gens.
22:06Et décrivez-nous ce que vous avez entendu et vu, dont vous parlez dans votre livre.
22:10Vous savez, l'autocensure, c'est peut-être même plus dangereuse
22:14que la censure de l'État par exemple.
22:17Parce que l'autocensure, c'est les idées que les journalistes ont
22:20sur les sujets sensibles.
22:22Et des temps en temps, les journalistes se disent,
22:24bon, ce sujet est trop touchy, trop sensible,
22:27et soit elle ne touche pas, soit elle touche,
22:29mais des côtés mainstream pour juste être confortable,
22:32être sûre n'est pas être attaquée.
22:34Et moi, je veux ça sur, en fait, sur tous les sujets à commencer.
22:38Donnez-nous des exemples un peu, oui, par exemple.
22:40Voilà, à Covid, par exemple, le traitement de crise sanitaire,
22:43les Gilets jaunes, mais aussi le sujet sur le crène.
22:47J'ai même vu ça parmi mes journalistes
22:50à tous les débuts du lancement de RT France,
22:53comme on était en équipe très nouveau, on ne s'y connaissait pas.
22:57Donc il y a les journalistes qui sont venus des médias différents.
23:00Il y a eu ceux qui ont travaillé sur BFM,
23:02il y a eu ceux qui ont travaillé dans les presses écrites.
23:05En tous les cas, ils ont tous un background différent.
23:09Et je me souviens qu'il y a eu une décision qui était prise par un journaliste
23:13de ne pas couvrir les manifestations à Moscou contre Poutine.
23:19Et moi, je me suis dit, mais pourquoi pas ?
23:22Et il m'a regardée comme ça, en fait.
23:24Il s'est dit, ah oui, elle est là,
23:26elle ne va pas vouloir qu'on parle de la Russie,
23:28des manifestations anti-Poutine.
23:31Exactement, parce que je l'ai expliqué qu'en fait,
23:33il faut absolument parler de ces sujets.
23:36Ce qui n'est pas les parler, c'est ça, en fait,
23:38ce qui va attirer l'attention et dire,
23:40mais vous faites la censure d'un sujet important,
23:42finalement, vous faites la couverture factuelle.
23:44C'est ça, notre travail de journaliste.
23:46Donc on n'a pas eu les sujets qui étaient interdits.
23:49Et cette haute censure, malheureusement, ça existe.
23:52Mais notre problème, je pense que vous connaissez peut-être,
23:56mais en fait, l'information, d'où vient l'information ?
23:59Ça vient de l'agence des presses.
24:01En France, c'est AFP.
24:03Il y a un réflexe de journalistes qui travaillent surtout pour les télés,
24:06mais probablement aussi par d'autres médias,
24:09de prendre, on dépêche des AFP, le copier-coller,
24:12on peut changer et voilà, vous avez quelque chose.
24:14Mais en fait, attention, parce que c'est juste un point de vue.
24:17Il faut regarder un minimum d'eau,
24:19mais mieux trois sources d'information pour faire un sujet.
24:23Donc oui, il y a plein d'échanges pour les journalistes.
24:26Autocensure, c'est hyper, hyper important.
24:29Et autocensure, à votre avis, quand vous regardez,
24:31parce que vous avez aussi vu les autres journaux,
24:33vous fréquentiez évidemment les gens.
24:36Est-ce qu'à votre avis, c'est quoi ?
24:38Ils ont peur du chef, du directeur-chef, certains,
24:42de l'actionnaire, de quoi ?
24:44Parce qu'évidemment, il faut gagner sa vie, disent-ils.
24:47Mais alors, je ne dis pas, il y a des journalistes
24:49qui font formidablement leur boulot, il faut toujours le dire.
24:51Je n'ai jamais de généralisation imbécile, abusive.
24:54Il y en a qui font très bien leur boulot,
24:56qui font des enquêtes formidables.
24:58Et puis d'autres, effectivement.
25:00Et à votre avis, c'est quoi ?
25:02C'est à quel niveau ?
25:04C'est au niveau de se dire, comme chez vous,
25:06ils se sont dit, tiens, Xenia Fedorava,
25:08on ne va pas évidemment parler de sujets qui fâchent en Russie.
25:11Donc on ne va pas en parler.
25:12Vous lui disiez non.
25:13Mais par exemple, vous l'avez senti sur les gilets jaunes,
25:17sur votre travail sur la gestion du Covid ?
25:22Exactement, sur les gilets jaunes.
25:25Comme je l'ai dit, moi, depuis le début,
25:27j'ai expliqué à mes journalistes qu'il n'y a pas de tabou.
25:30On peut discuter tout, on peut faire la couverture.
25:32Mais ce que je veux parmi les confrères
25:35qui travaillent pour les autres chaînes,
25:37je pense que c'est plutôt la peur d'avoir des problèmes
25:41avec le management.
25:43Et après, il y a aussi les journalistes
25:45qui ne veulent pas avoir un point de vue qui challenge,
25:52qui est différent, en fait.
25:54Ils sont convoqués.
25:55Que du point de vue mainstream, que du point de vue dominant.
25:57Exactement.
25:58Et pour eux, tous les autres points de vue sont inexistables.
26:02Ils n'ont pas le droit d'exister, en fait,
26:05parce qu'ils sont convaincus.
26:06Et en fait, ce n'est plus le journalisme,
26:08c'est une opinion, finalement.
26:10Et ça, ce qui m'a beaucoup surprise en France,
26:15c'est qu'il y a beaucoup d'opinions.
26:17Et ce n'est vraiment pas trop factuel.
26:19De temps en temps, c'est vraiment une opinion.
26:21C'est l'opinion qui l'emporte sur le factuel.
26:24Ce qui m'intéresse, ce n'est pas la réalité,
26:26c'est mon point de vue sur la réalité.
26:28Et mon point de vue, c'est le bon.
26:30On peut regarder la visite d'Emmanuel Macron aux Etats-Unis
26:33et comment c'était couvert par les médias mainstream
26:36et comment c'était couvert par les médias américains
26:38et par les médias en général, partout.
26:40C'est très différent.
26:41Donc, je pense que le journaliste voit ce qu'il veut voir,
26:44attend ce qu'il veut attendre,
26:46sans garder l'esprit ouvert, sans poser des questions
26:50et de temps en temps, c'est très compliqué
26:52de penser contre nous-mêmes, en s'eux-mêmes.
26:56Et ça, c'est ce qu'il faut faire.
26:58Penser contre soi-même, c'est fondamental.
27:00Et se dire là, oui, j'ai eu tort, ou je me suis trompé, etc.
27:04C'est clair.
27:06Mais est-ce que vous avez eu, quand vous avez,
27:08alors justement, parlons-en,
27:10parce que vous citez d'ailleurs Emmanuel Macron
27:13qui a dit qu'une couverture qui était très suivie
27:17sur les Gilets jaunes, c'était celle de RT France.
27:19Vous dites que c'est même Macron qui l'aurait dit.
27:21Oui, il a dit, en face des journalistes,
27:23il a dit quelque chose comme, regardez,
27:25c'est plus BFM qui dévance, c'est Russia Today.
27:29Et en fait, il a fait une référence
27:32sur le succès que RT France a eu sur les réseaux sociaux.
27:36Vous étiez à combien ?
27:37Vous étiez suivie à l'époque ?
27:39Ah oui, on était plus qu'une million,
27:41assez vite sur Youtube, de followers,
27:44mais des millions et des millions de vues.
27:46En fait, c'était un peu notre modèle
27:49parce qu'on était entardis, même sur le côté de diffusion,
27:53même avant la guerre en Ukraine.
27:55Les seuls distributeurs qui nous ont accueillis,
27:59tous les débuts, c'était en fait Free,
28:01qui était assez petite.
28:03Et après un an, je pense, ou un an et demi,
28:06on a signé avec Canal+.
28:08Et je suis très reconnaissante parce que Canal+,
28:10c'est une plateforme assez grande.
28:12Oui, bien sûr, importante.
28:13Mais on était obligés un peu de s'adapter.
28:15Donc on a développé nos réseaux sociaux
28:17et c'est comme ça qu'on est devenus visibles.
28:19Et c'est aussi grâce à Gilets jaunes,
28:22parce qu'on a fait la couverture en direct,
28:24que les Français ont reconnu.
28:27Ça fait la connaissance avec notre contenu.
28:30Oui, c'est ça.
28:31Effectivement, à l'époque des Gilets jaunes, c'est clair.
28:34Et à l'époque du Covid, est-ce qu'on vous a reproché
28:36d'avoir interviewé ou reçu tel ou tel professeur
28:41qui n'était pas dans la mouvance
28:43ou tel ou tel épidémiologue ou tel ou tel chercheur ?
28:46Oui, absolument.
28:47Je me souviens très bien qu'on a fait la référence,
28:50on l'a cité, au professeur Raoul.
28:52Et là, on a été attaqué un peu par tous les côtés.
28:56Et c'était très compliqué, cette période.
28:59Je pense que c'était très challenging,
29:01beaucoup de choses pour tous les journalistes en général.
29:05Comment on peut traiter cette information
29:07sans tomber dans les désinformations ?
29:09Mais finalement, il y a eu les extrêmes énormes.
29:11Par exemple, c'était impossible de parler
29:13d'autres vaccins qui existaient sur le marché.
29:16Et il ne faut absolument pas parler de vaccins russes,
29:20il ne faut pas parler d'autres vaccins, pardon.
29:23Et aussi, les masques et tout ça.
29:27Donc, je me souviens qu'on s'est permis de citer les experts,
29:31on s'est permis de faire un petit débat.
29:33Mais évidemment que nous aussi,
29:35on était obligés de suivre,
29:37comme on était très surveillés par la Rome.
29:41De suivre des chemins balisés.
29:43Un peu les chemins balisés, exactement.
29:45Et ça, c'était vraiment difficile et triste.
29:48Je crois que Maud Kofler, nous avons un appel.
29:51Un appel de Richard, qui appelle de Toulouse.
29:53Oui, bonjour Richard.
29:55Oui, bonjour à vous André.
29:57En tout cas, heureux que vous soyez cet invité de marque.
30:02Je voulais juste intervenir pour dire qu'en France,
30:06au-delà de l'autocensure,
30:08il y a un formatage de base des journalistes
30:11qui se fait à l'école du journalisme.
30:14Dans les écoles de journalisme, oui.
30:16Je connais quelqu'un qui a fait les premières années,
30:19mais qui en est parti, qui ne s'est pas retrouvé.
30:21Parce qu'elle avait déjà une forme d'ouverture d'esprit.
30:24Elle a collé avec ce formatage.
30:26Mais l'autre point, c'est que Xéna Federba
30:30s'est retrouvée au milieu d'une guerre.
30:33La guerre culturelle de reformatage des populations européennes
30:39pour les amener vers une immigration massive,
30:42vers une gouvernance plus mondiale,
30:44en particulier avec le Covid.
30:46Et toute réaction qui était,
30:48ou tout élément qui pouvait aller contre
30:50cette anthropomie massive
30:54supportée par l'équipe Baïdès et ses supports,
30:58se sont retrouvées en première ligne.
31:01Ce que je veux dire, c'est que les huit ans de RT,
31:04en particulier avec l'arrivée de Taddeï,
31:06c'était un coup de maître,
31:08ça a ouvert des esprits.
31:10Et aujourd'hui, ils sont là.
31:11Ils ne sont pas très visibles,
31:12mais j'en croise de plus en plus,
31:14et de gens qui continuent de vous suivre sur le net,
31:18parce qu'on cherche de l'info un peu partout.
31:21En tout cas, je ne peux que vous remercier
31:24de tout ce que vous avez pu nous apporter
31:27en ouverture dans cette période.
31:29Et on est au moment de vérité aujourd'hui,
31:31où on voit qu'on est au basculement.
31:34Mais en tout cas,
31:36vous faites partie vraiment, pour nous, des résistants.
31:41Des moins résistants.
31:42Eh bien Richard, vous voyez Xenia,
31:44il ne faut jamais désespérer.
31:46Merci beaucoup.
31:47Je suis tout à fait d'accord avec vous
31:49sur les côtés de formation.
31:50En fait, je veux ça,
31:52les journalistes qui sont venus juste après les écoles,
31:54ils étaient déjà fermés dans un sens.
31:57Et c'était compliqué pour eux,
31:58parce que j'étais obligée de les apprendre les choses à nouveau.
32:02Vraiment, il faut traiter certaines informations.
32:05Mais c'est un vrai problème.
32:06Et pour RT, il n'y a plus RT France.
32:09C'est vrai que RT, la groupe a relancé la chaîne en français.
32:13Cela dit, peut-être un jour, ça peut revenir.
32:15Franchement, je suis plutôt pessimiste sur ces sujets.
32:19Vous pensez que la page est tournée ?
32:22Je pense que pour les dirigeants du groupe Moscou,
32:26je ne vois pas comment ils peuvent faire confiance aux autorités françaises
32:32après qu'on a investi beaucoup d'argent.
32:35Parce qu'on a installé, on a acheté l'équipement, installé le studio,
32:38on a ouvert les postes de travail pour les journalistes français.
32:42Et en fait, quand notre chaîne a été sanctionnée,
32:45on avait encore de l'argent sur les comptes.
32:48Les comptes étaient gelés.
32:50De l'argent a été pris par l'État.
32:52Et en fait, ils sont utilisés en partie pour licencier les journalistes.
32:57Le reste, je n'ai aucune idée.
32:59Je ne vois pas.
33:00Oui, en fait, vous n'avez pas été licenciée
33:02parce que vous étiez en cessation de paiement ou tout ça.
33:05Ce n'était pas votre problème.
33:07Non, mais exactement.
33:09On n'était pas bankrupt, comme on dit en français.
33:13On avait toujours de l'argent.
33:15On pouvait tenir encore un minimum six mois avec notre chaîne.
33:18Et voilà, c'est pour ça, je pense, qu'on était aussi arrêtés.
33:21Et alors, à votre avis, est-ce que vous vous sentez aujourd'hui ?
33:25Xénia, vous vivez en France.
33:27En tout cas, vous n'êtes pas retournée en Russie.
33:29Vous continuez à vivre en France.
33:31Et ça va, vous êtes bien en France.
33:33Écoute, je ne peux pas dire que je suis bien
33:35parce que le niveau d'érosophobie après 2022 est vraiment incroyable.
33:40Vous vous sentez aujourd'hui dans la vie quotidienne,
33:42avec ce qui se passe, tout ce qui se passe ?
33:44Écoutez, pour moi, je pense que la situation devient un peu mieux.
33:48Mais comme moi, j'étais la patronne des RT France,
33:51journaliste russe et personne un peu publique,
33:54je pense que c'est peut-être différent pour moi.
33:56Mais toujours, sur les réseaux sociaux,
33:59je reçois chaque jour des messages pas très gentils
34:03du côté des gens pro-ukrainiens, des Français
34:06qui pensent qu'il faut absolument aller en guerre
34:08pour mettre l'économie de la Russie en genoux, etc.
34:11Après, je parlais avec des amis russes.
34:16Ceux qui ont vécu, c'était difficile pour eux
34:20parce que même ceux qui ne sont pas travaillés du tout pour RT,
34:24mais qui ont habité en France depuis des années,
34:2620 ans, 30 ans, leurs comptes étaient fermés
34:30pour les prétextes...
34:32– Leurs comptes étaient fermés.
34:34– Même s'ils n'étaient pas sous sanctions exactes.
34:37Je pense qu'ils fermaient les comptes.
34:39Et après, il y a eu les situations...
34:41Non mais c'est compliqué.
34:43C'est difficile pour moi à comprendre comment c'est possible.
34:46Je pense que c'est à cause des médias, les couvertures,
34:49mais comment les gens deviennent assez agressifs.
34:54Je ne sais pas ce que je voulais écrire cette livre,
35:08je voulais les publier.
35:10Je ne voulais pas tourner la page tout de suite
35:14parce que je sentis que c'était pas fini.
35:16Cette histoire n'est pas finie.
35:18Je peux évidemment retourner à Moscou,
35:21continuer à travailler pour la Groupe,
35:23avec Stabilité, avec les amis autour de moi.
35:26C'est un problème.
35:28Je faisais un chemin un peu plus compliqué
35:30parce que je pense que c'est absolument important
35:32de parler de ce qu'on a vécu en tant que journaliste.
35:36Finalement, on verra si cette livre va plaire aux Français.
35:42Je dis que ce n'est pas un livre contre la France.
35:45J'aime beaucoup la France.
35:47Je suis russe et je veux juste partager mon expérience.
35:53Peut-être, je l'ai déjà dit à l'époque,
35:56que nous sommes les premières,
35:58il y aura les autres.
36:00Aujourd'hui, on voit qu'il y a des problèmes, c'est vite.
36:02Est-ce que CNews sera la prochaine ?
36:04Je ne sais pas, j'espère que non.
36:06Mais la direction qui était prise, c'est ça malheureusement.
36:09C'est vraiment la question qu'on peut absolument se poser.
36:12On va continuer à en parler avec vous, Zinef.
36:16Fais des revoirs avec nos auditeurs.
36:19Ils peuvent t'appeler au 0826-300-300.
36:22Merci.
36:24...
36:37Ça nous concerne tous.
36:39...
36:41Sud Radio Bercoff, dans tous ses états, midi 14h.
36:44André Bercoff.
36:46Eh bien, pas seulement André Bercoff,
36:48mais vous, auditeurs et résistants de Sud Radio,
36:52et Xenia Fedorova, pour son livre
36:55« Liberté d'expression sous conditions »
36:57banni aux éditions Fayard qui viennent de paraître.
37:00Et c'est vraiment une expérience, Xenia Fedorova,
37:02que vous racontez.
37:04On peut quand même se dire, oui d'accord, très bien,
37:06c'est effectivement ce qui s'est passé.
37:09On ne peut pas dire que ce soit enthousiasmant.
37:11Vraiment, c'est le moins qu'on puisse dire
37:13de fermer un média comme ça, justement,
37:15sans sanction, enfin, pardon,
37:18sans leur avoir reproché quoi que ce soit
37:20de précis et de terrible.
37:22C'est le moins que l'on puisse dire.
37:24Mais enfin, quand même, Xenia Fedorova,
37:26en Russie, on ne peut pas dire que ce soit
37:29la démocratie la plus totale.
37:31Alors, je veux bien qu'il y ait des journaux d'opposition, etc.
37:33Mais on sait quand même
37:35comment ont été traités certains opposants.
37:37On sait très bien que c'est plus compliqué.
37:39Et puis, je ne veux pas parler de l'Union soviétique.
37:41Évidemment, on n'est plus en Union soviétique.
37:43Enfin, quand même,
37:45il y a une espèce de tradition autocrate
37:47qui a été très forte en Russie.
37:49Alors, est-ce que, vraiment,
37:51ce n'est pas non plus, pour vous, deux poids, deux mesures ?
37:53En fait, c'est intéressant
37:55qu'ils vont me parler de l'Union soviétique
37:57parce que je pense que l'idée
37:59que la Russie est toujours
38:01en façon de l'Union soviétique,
38:03il y a une idée ici, en Europe, en France.
38:05Moi, je tenais à l'Union soviétique.
38:07Évidemment que je ne me souviens pas trop
38:09de cette époque.
38:11Vous aviez 10 ans au moment
38:13de l'effondrement de l'URSS.
38:15Oui, exactement.
38:17Je pense que j'avais 10 ans, peut-être pas encore 10 ans.
38:19Mais la problématique,
38:21en fait,
38:23ce que je pense
38:25est vrai,
38:27c'est que les Russes sont un peu vaccinés
38:29contre la propagande
38:31et la désinformation
38:33grâce à cette période soviétique.
38:35Et je vais revenir sur
38:37la liberté d'expression aussi.
38:39C'est juste qu'aujourd'hui,
38:41je sens que les Russes sont
38:43beaucoup mieux informés
38:45que les Français, en fait.
38:47Ah bon, carrément ?
38:49Exactement, parce que les Russes,
38:51ils cherchent les sources d'informations différentes.
38:53Ils les trouvent et regardent.
38:55Ils ont Internet, ils ont les réseaux,
38:57ils ont tout ça.
38:59Et en plus, il y a les experts sur les plateaux.
39:01Ce que je vois, par exemple,
39:03une chaîne chez vous qui s'appelle LCI
39:05qui prend des petits extraits
39:07d'une talk show en Russie
39:09pour donner l'impression que
39:11toutes les médias russes sont ça.
39:13En fait, non. Il y a beaucoup de médias qui sont divers.
39:15Après, c'est vrai qu'il y a eu
39:17plein de médias qui étaient financés
39:19par les Américains,
39:21qui étaient opponents à Poutine.
39:23Tous ceux qui étaient présents
39:25sur les paysages audiovisuels russes
39:27décidaient de partir
39:29avec la loi, après le début
39:31de l'opération militaire,
39:33la loi qui interdit du fake
39:35contre l'armée,
39:37contre l'opération.
39:39Donc, ils sont pris en décision de partir.
39:41Ils continuent la diffusion en russe
39:43depuis les pays baltes.
39:45Ils sont toujours sponsorisés par les NGOs
39:47qui viennent des Etats-Unis,
39:49des fonds de Soros.
39:51Ils sont tous là pour contradictoire.
39:53– Vous dites que, quelque part,
39:55c'est intéressant ça, Xenia,
39:57puis on a des appels, évidemment,
39:59qui sont là.
40:01Vous dites qu'en fait,
40:03à cause de l'époque Pravda,
40:05l'époque Staline et autres,
40:07Brezhnev et compagnie,
40:09vous dites que le public russe,
40:11aujourd'hui, il est plus ouvert,
40:13il est vacciné contre la vérité révélée
40:15quelle qu'elle soit.
40:17– Exactement. Et je trouve que c'est très intéressant
40:19des paradoxales, en fait.
40:21Mais c'est comme ça.
40:23C'est comme ça, les Russes,
40:25ils ont un esprit, nous avons un esprit
40:27critique, que je pense qu'il est
40:29développé, qui est les européens.
40:31– Et les débats, par exemple,
40:33dans les chaînes russes
40:35ou dans les médias,
40:37il y a des débats contradictoires,
40:39on peut attaquer, franchement,
40:41on peut attaquer Poutine.
40:43– Poutine a été attaqué
40:45pour des années par les médias
40:47d'opposition, et rien
40:49n'est arrivé. Aujourd'hui,
40:51la situation particulière, il y a une loi,
40:53il y a une opération militaire qui est en train.
40:55Je pense que quand il est en guerre,
40:57je pense que la loi change un peu
40:59partout, pas seulement en Russie, mais en Europe aussi,
41:01aux Etats-Unis aussi, etc.
41:03Donc il y a les règles à suivre,
41:05évidemment, et ce que
41:07je peux vous dire de mon expérience en moi,
41:09je n'ai jamais vécu ce que j'ai vécu en France,
41:11en Russie. Et même
41:13après l'interdiction des RT France,
41:15il n'y aura pas,
41:17les journalistes
41:19français étaient toujours
41:21accrédités. Donc il y a eu
41:23un sujet avec, je pense,
41:25le journaliste Le Monde,
41:27et l'accréditation n'était pas
41:29renvelée, mais c'était en fait
41:31en mesure
41:33de miroir, comment dire,
41:35de réponse, pour un journaliste
41:37russe qui n'a reçu pas
41:39l'accréditation.
41:41Vous avez un appel de Patrick
41:43qui appelle de Paris. Oui, bonjour Patrick.
41:45Oui, bonjour.
41:47Voilà, donc moi je voulais
41:49en miroir
41:51au témoignage de votre invité
41:53parler de
41:55ce que je ne peux pas appeler
41:57autrement que la censure,
41:59sur ce qui se passe au Brésil.
42:01Ça fait six ans que j'essaie d'en parler.
42:03J'ai écrit à peu près à tous les journalistes,
42:05pas de français navards,
42:07mais je dirais à tous les journalistes
42:09qui peuvent, disons,
42:11relater ce genre
42:13de problème.
42:15Et bon, là je termine
42:17d'écrire un livre, mais personne
42:19ne veut entendre parler du Brésil.
42:21C'est absolument incroyable.
42:23Ecoutez Patrick, on ne va pas trop parler du Brésil,
42:25mais je vous promets qu'en votre livre,
42:27si votre livre est terminé, et même s'il n'est pas
42:29tout de suite publié, vous venez
42:31vous en parler, on en parlera ensemble,
42:33vous appelez Maud Koffler,
42:35et on en parlera ensemble.
42:37On prendra le temps de le faire,
42:39et je vous le promets.
42:41Je vous l'envoie la semaine prochaine.
42:43Formidable.
42:45Xélia Fedorova, on arrive
42:47au terme de cette émission, effectivement,
42:49votre livre, vous l'avez écrit parce que
42:51vous lui avez donné votre, effectivement,
42:53votre vérité, votre expérience,
42:55ce que vous avez vécu, et au fond,
42:57donc si je comprends bien,
42:59la liberté c'est un sport de combat.
43:01Ça doit se pratiquer tous les jours.
43:03Malheureusement, oui.
43:05Ce n'est pas absolu, et on a parlé
43:07un petit peu avant qu'aux Etats-Unis,
43:09c'est beaucoup plus facile
43:11de s'exprimer qu'en Europe, aujourd'hui.
43:13RT France n'est pas interdit aux Etats-Unis.
43:15En fait, RT, oui.
43:17RT America n'était pas interdit.
43:19Bon, il a eu un statut d'agent étranger,
43:21mais en fait, ils pourraient continuer
43:23leur travail, et c'est quand même
43:25révélateur.
43:27Ça montre le niveau
43:29des libertés qui sont aujourd'hui
43:31en Europe. C'est vrai. En tout cas,
43:33écoutez, censure, auto-censure,
43:35soyons clairs,
43:37nous sommes de toute façon contre
43:39les envoyeurs de censure,
43:41et les renvoyeurs d'ascenseur,
43:43mais c'est vrai que c'est
43:45quelque chose, quand même, dont il faut
43:47se prémunir, et il faut être
43:49extrêmement vigilant.
43:51Merci, Xénia Federova, merci de votre témoignage.
43:53Voilà, je rappelle, banni
43:55liberté d'expression sous condition,
43:57c'est paru chez Fayard,
43:59lisez-le, vraiment,
44:01on apprend beaucoup de choses.

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