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Avec Jean Sévillia, historien, écrivain

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##LE_FACE_A_FACE-2025-01-27##

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Transcription
00:00SUD RADIO BERKOV DANS TOUS SES ÉTATS
00:04LE FACE-A-FACE
00:07Alors est-ce que c'est fini ? Est-ce que c'est joué ? Est-ce que le wok a gagné ? Est-ce que la cancel culture a gagné ?
00:13Est-ce qu'au fond, on ne peut plus dire un certain nombre de choses sans se faire traiter ?
00:19Allez, au mieux de siéger à droite d'Adolf Hitler et au pire d'être véritablement une espèce de, mais même pas de réactionnaire, de sulfureux saboteur des valeurs de la République.
00:32Ben non, c'est plus compliqué que ça, mais il y a quelqu'un qui vient d'écrire et d'ajouter et de doubler son livre.
00:39Un livre, Jean-Sébillard, bonjour. Vous aviez écrit il y a 20 ans, un peu plus de 20 ans d'ailleurs, le Terrorisme intellectuel.
00:47Entre autres livres, vous avez écrit beaucoup d'ouvrages et intéressants.
00:52Et là, vous avez, en utilisant la première partie du titre d'un livre fameux de Simon Leys, Les habits neufs du terrorisme intellectuel.
01:04Alors, ces habits neufs, on va en parler, mais peut-être rappelons cela en deux mots, si j'ai bien lu votre livre.
01:12Il y a eu depuis, allez, on peut dire 50 ou 60 ans même, peut-être 80.
01:18Aujourd'hui, on a fêté les 80 ans de la libération du camp d'Auschwitz.
01:23Et on sait qu'il y a eu le parti des fusillés, le parti des... Est-ce que ça ne date pas de ça d'ailleurs ?
01:30Le parti des résistants, de ceux qui ont vécu le nazisme et le parti de ceux qui ont collaboré, pour faire très schématique.
01:36Et puis, cette espèce de choses qui a duré, où vous racontez très bien dans la première partie de votre livre
01:43qu'effectivement quiconque osait accuser l'URSS, le pays qui a vaincu les Allemands, le pays l'Inde,
01:50qui a vaincu les Allemands, d'avoir des camps de travail, on était vraiment marqués au saut de l'infamie.
01:58Et puis, vous avez continué votre livre, vous avez écrit un nouveau, enfin c'est un nouveau livre qui contient
02:04en première partie ce que vous avez déjà écrit, mais en seconde partie totalement inédit, c'est plus de la moitié du livre,
02:11où vous racontez ce qui s'est passé depuis 1920, jusqu'à aujourd'hui, donc 25 ans de combats ou de terrorisme.
02:22Oui, alors le terrorisme intellectuel, c'est un système en effet, que vous venez de le rappeler, merci André Bercoff,
02:27qui s'est mis en place après la guerre, au moment où le parti communiste était à une position hégémonique
02:32dans le monde intellectuel, et où il y a eu une sorte d'opération de manipulation des esprits,
02:37du fait que le communisme avait vaincu, l'URSS avait vaincu l'Allemagne nazie, ce qui en soi était une bonne chose évidemment,
02:46eh bien on a mis l'URSS dans le camp du bien, et donc le communisme est dans le camp du bien,
02:52et donc le parti communiste, en France notamment, s'est mis lui-même dans le camp du bien.
02:56Alors une opération, une première opération de manipulation des esprits, parce que Dieu sait si les crimes du nazisme
03:03ont été horribles, Dieu sait s'il fallait vaincre le système nazi, mais enfin malheureusement le système salinien
03:09ne valait guère mieux, et a lui-même commis ses propres crimes, sur lesquels on ne sait guère étendu,
03:13et encore aujourd'hui ça ne s'est pas étendu.
03:16— Enfin il y a eu Solzhenitsyn et compagnie.
03:19— Oui, mais Solzhenitsyn qui a été mal accueilli à gauche, je vous le rappelle,
03:22et qui encore aujourd'hui peut peintre élu. Il y a comme une sorte de surmémorisation des crimes nazis,
03:29ce qui est normal, mais de sous-mémorisation des crimes communistes.
03:33Enfin ce système s'est mis en place après la guerre, et s'est perpétué.
03:37Alors qu'une idéologie qui a changé, c'est-à-dire le monde intellectuel, le monde médiatique,
03:42le monde de la culture, le monde de la recherche scientifique, le monde associatif,
03:47globalement, sociologiquement, en France penche à gauche.
03:50Alors sur un plan, je dirais, des opinions personnelles de ces citoyens français que sont les chercheurs aujourd'hui,
03:55ils auraient bien le droit d'avoir leurs opinions.
03:57Mais quand toute une profession, enfin on a pas mal d'études qui montrent que 70 à 80% des journalistes votent à gauche,
04:03là encore une fois, c'est leur droit à titre personnel,
04:05cette orientation aussi massive ne peut pas avoir d'incidence sur la façon dont l'information est globalement traitée en France.
04:13Donc il y a un système qui s'est mis en place après la guerre et qui s'est perpétué.
04:17Alors avec une idéologie dominante qui a changé.
04:19Après-guerre, c'était le stalinisme, on n'y en est plus là.
04:22Dans les années 60, c'était le tiermondisme, on adorait Fidel Castro, Mao, Ho Chi Minh.
04:27Ensuite ça a été la pensée des 68, ensuite dans les années 80, c'était l'antiracisme, l'antifascisme.
04:32Dans les années 90, c'était le droit de l'homisme, on croyait à la mondialisation heureuse, etc.
04:38Donc toute l'idéologie dominante a changé, c'est ce que j'ai raconté dans la première édition de mon livre paru en 2000.
04:44Mais enfin le système s'est maintenu, à savoir qu'un petit milieu, essentiellement parisien,
04:50qui se trouve au confluent de la politique et du monde médiatique,
04:53se donne le droit de décerner des bons points ou des mauvais points,
04:57de dire ce qu'il faut dire ou ne pas dire, de dire comment il faut voter.
05:01Et il y a une sorte de décalage entre ce milieu et l'opinion.
05:05L'opinion d'ailleurs, qu'elle soit de gauche ou de droite.
05:07Évidemment, le terrorisme intellectuel est massivement, je dirais, orienté à gauche,
05:11parce qu'en France, pour des raisons sociologiques et historiques,
05:14comme je le disais tout à l'heure, le monde intellectuel est orienté à gauche.
05:17Il y a y compris des gens de gauche qui trouvent que les intellectuels eux-mêmes ne traitent pas bien la réalité.
05:23Sur un sujet, par exemple, en grand débat de société, qui est la question migratoire, la question des migrations,
05:28quand on fait des études, on s'aperçoit que 70% au moins des Français pensent qu'il y a trop d'immigrés en France.
05:35Mais on s'aperçoit que cette opinion est massivement partagée à droite,
05:40mais elle est aussi majoritairement partagée à gauche, pas à l'extrême-gauche,
05:44mais enfin 51% ou 52% des électeurs socialistes le pensent aussi.
05:48– Alors justement, Jean-Cyril, je voudrais...
05:50Il y a quelque chose qui court, c'est pas le nom dit,
05:53mais que j'ai trouvé en ligne rouge et qui serait peut-être l'objet d'un autre livre.
05:59Mais pourquoi justement sur tous ces sujets, vous avez énuméré décennie par décennie,
06:03vous racontez dans votre livre tous ces sujets où effectivement la doxa vient de la gauche,
06:09ce qu'on appelle le progressisme, mais pourquoi ?
06:12Et je voudrais avoir votre avis parce que vous n'êtes visiblement pas de ce camp ultra-progressiste.
06:18Qu'est-ce qui fait que la droite a été sidérée à ce point ?
06:22Qu'est-ce qui fait ? Parce qu'il y a quand même quelque chose,
06:24on dirait que la droite, c'est un fakir qui regarde le cobra et qui est totalement paralysé,
06:29à part encore une fois quelques-uns, on connaît les exceptions qui confirment la règle,
06:34glorieuses exceptions ou tendanceuses exceptions,
06:37mais quand même, il y a quelque chose qui a été encore, jusqu'à aujourd'hui, je parle de la France,
06:42quelque chose qui est, alors que politiquement, la droite gagnait les élections,
06:47la droite remportait les municipalités, la présidence de la République,
06:52le Sénat, la Chambre, l'Assemblée Nationale,
06:55mais intellectuellement, mais pas seulement médiatiquement,
06:59qu'est-ce qui faisait quand même qu'il y avait une droite, je dirais,
07:02oui, en état de sidération, c'est-à-dire en état de défense.
07:05Ah non, non, je vous assure, je ne suis pas réactionnaire, je ne suis pas fasciste,
07:09non, non, je vous assure. Comment vous expliquez cela ?
07:11– Je l'explique parce que je viens de décrire qu'il y a une sorte de complexe de droite
07:15qui s'est instauré après la guerre. La gauche, c'est le camp du bien,
07:18la droite, c'est le camp du mal, schématiquement.
07:20Alors, il y avait tout l'arrière-plan de Vichy, la collaboration,
07:23où la droite a été nombreuse, mais on a gommé le fait qu'il y avait aussi
07:26des collaborateurs qui venaient de gauche, qu'il y avait aussi des résistants
07:29qui venaient de la droite et même de la droite de l'extrême, de la droite de la droite,
07:33enfin bon, tout ça, on a simplifié. Enfin, il y a un complexe qui s'est instauré,
07:36et puis la gauche des années 60, la gauche de la Ve République,
07:40les lutins du gaullisme triomphant, au fond, ne s'intéressaient pas beaucoup au camp des idées,
07:43il y avait les intellectuels, il y avait Morel-Roux, bien sûr,
07:46il y avait Raymond Aron, mais enfin, schématiquement, la droite était gestionnaire,
07:50elle s'occupait d'économie, elle s'occupait de géopolitique,
07:53mais enfin, elle pensait que la culture, au fond, d'abandonner ça à la gauche,
07:57ça n'avait pas grande importance. Et en fait, on a abandonné tout ce qui façonne
08:01les mandalités à des réseaux qui sont des réseaux progressistes
08:04et qui ont incisé, infusé cette mentalité, et ce qui fait que la droite est complexée.
08:10On est dans un système culturel où le paradigme, c'est, il est bien d'être de gauche,
08:14il est mal d'être de droite, il est acceptable d'être d'extrême gauche,
08:18c'est un péché de jeunesse, et en revanche, d'être d'extrême droite,
08:21c'est un péché impardonnable, on ne sera jamais pardonné.
08:24Donc on est dans ce schéma-là, et la droite, au fond, l'a intégrée, cette idée-là.
08:28– Mais c'est ça qui est intéressant, parce que pourquoi elle l'a intégrée à ce point ?
08:34– Par faiblesse intellectuelle, parce qu'il n'y a pas beaucoup d'intellectuels de droite,
08:38comme je le disais, la droite ne s'est pas beaucoup intéressée aux idées,
08:41alors il y a, depuis les années 2010-2020, un renouveau de pensée de droite conservatrice,
08:47je ne sais pas quelle est la bonne étiquette, on pourrait en trouver tant d'autres,
08:50mais enfin, il y a un renouveau, globalement, longtemps,
08:54il y a une sorte d'hégémonie de la gauche sur le monde des idées,
08:59et donc il y a une certaine faiblesse à droite,
09:02la droite est politiquement peu armée intellectuellement,
09:05philosophiquement, historiquement, pour répondre souvent à la gauche.
09:10– Ce qui est intéressant, en tout cas, elle est plutôt,
09:13avec toutes les variations qu'on a connues depuis 60 ans et autres,
09:17elle est plutôt bien armée sur le plan électoral,
09:19elle s'est pas mal débrouillée sur le plan électoral.
09:21– Mais c'est le paradoxe, c'est le paradoxe, en effet,
09:23c'est que la droite a gagné les élections, mais par ailleurs,
09:27dans le monde médiatique, dans le monde de l'éducation nationale,
09:31dans le monde de la culture, les idées du progressisme se diffusaient,
09:37et ce progressisme mettait en accusation la droite,
09:40c'est-à-dire que la droite a souvent gouverné,
09:42mais en se laissant auto-accuser dans des institutions,
09:44qui sont des institutions publiques, payées par l'argent des contribuables,
09:48les contribuables de droite payent des gens qui crachent sur la droite en permanence,
09:53c'est une sorte de paradoxe.
09:54– Oui, on le voit dans le service public ou autre, par exemple,
09:58oui, pour cet exemple-là, et justement, de ce point de vue-là,
10:02est-ce que, vous en parlez dans votre livre, Jean Sevilla,
10:05il y a quand même certains, je ne dirais pas revirements ou retournements,
10:09parce que ce n'est pas un retournement de veste,
10:11ce n'est pas des opportunistes, que ce soit des Finkielkraut
10:15ou des Onfray à des degrés d'hiver ou autres,
10:17qui viennent de la gauche et qui sont aujourd'hui
10:21beaucoup plus réservés sur un certain nombre, on le voit,
10:24et ils l'écrivent, et ils se font évidemment vitupérer,
10:28mais regardez par exemple, je vais prendre un exemple très précis,
10:32c'est intéressant d'entendre un Julien Dré aujourd'hui,
10:35et Julien Dré fondateur de SOS Racisme, vous en parlez, il y a 40 ans,
10:40comment vous expliquez cela ?
10:42– J'écris par le choc du réel, en effet, on a assisté à partir de,
10:46schématiquement, de la fin des années 90, et d'ailleurs il y a un essayiste,
10:50Daniel Lindenberg, qui avait consacré en 2002 un livre qui s'appelait
10:55Le rappel à l'ordre, dans lequel il fustigeait, c'était un homme de gauche,
10:59il fustigeait tous ces gens qui venaient de la gauche,
11:01qui se mettaient, selon lui, à tenir un discours conservateur,
11:04alors c'était Finkielkraut, c'était déjà Onfray, etc.
11:08Et en fait, je pense que c'est le choc du réel qui a compté,
11:11c'est-à-dire qu'on ne peut pas éternellement dire que l'éducationnal,
11:15tout va bien, quand le niveau de l'école s'effondre,
11:17on ne peut pas éternellement dire qu'il n'y a aucun problème sur le plan migratoire,
11:22quand tout le monde sait qu'il y a un problème,
11:24on ne peut pas éternellement dire qu'il n'y a pas d'insécurité en France,
11:27quand toute femme qui se promène dans la rue, le soir, se sent en insécurité.
11:31Donc il y a le choc du réel, qui a fait qu'en effet,
11:34on a commencé à voir, à partir des années 2000, des gens qui autrefois étaient à gauche,
11:38et le phénomène s'est accéléré, en effet, des gens qui venaient de la gauche,
11:42qui tiennent un discours qui n'est plus un discours de gauche,
11:44et Julien Drey est un cas extrêmement typique, en effet,
11:48c'est ce fondateur de SOS Racisme, maintenant,
11:51un discours assez réservé sur le phénomène migratoire,
11:55prône un rétablissement de l'autorité,
11:58prône un rétablissement d'un certain contrôle,
12:01prône la vertu de l'intégration, sinon de l'assimilation,
12:06c'est un discours, en effet, qui ne tenait pas il y a 30 ans.
12:08– C'est pour ça que c'est très intéressant,
12:10on va inventorier tout ce que vous racontez,
12:13enfin tout, il nous faudrait des heures,
12:15mais en tout cas un certain nombre de choses,
12:17de faits que vous rappelez,
12:19et cette espèce de savoir si ce terrorisme-là joue toujours le même rôle,
12:24ou il est en train d'être, je ne dirais pas détruit, mais ébranlé.
12:29On va en parler tout de suite, après cette petite pause,
12:32nous sommes avec Jean Sevilla, et nous parlons de la bataille des idées,
12:35très importante, disait un certain Gramsci.
12:39Sud Radio Bercoff, dans tous ses états, midi 14h, André Bercoff.
12:45– Jean Sevilla, les amis neufs du terrorisme intellectuel,
12:48chez Perrin, effectivement un livre à lire,
12:51parce qu'il raconte très bien l'histoire
12:53de quelque chose qui en France quand même reste,
12:55et ça c'est plutôt heureux, fondamental,
12:58c'est ce choc des idées, comment ça se passe,
13:00la mamie, vous savez c'est Gramsci qui parlait de la bataille intellectuelle,
13:05la bataille des idées qui est tellement importante,
13:07et qui reste, et c'est plutôt heureux ça.
13:13Mais Jean Sevilla, justement, par rapport,
13:17est-ce que vous trouvez justement, je vais parler du livre de 2020,
13:22que l'on retrouve là, et de tout ce que vous avez ajouté,
13:25de 13 chapitres que vous avez ajoutés,
13:27et c'est pour ça que ce livre est totalement d'actualité,
13:30et à lire, par rapport à la version 2020,
13:34que vous avez revue et corrigée.
13:36Est-ce qu'on peut dire, et qu'est-ce qui aurait changé,
13:40entre les batailles des années 45, 55, 60,
13:45les Sartre, l'État moderne, contre Haron,
13:49enfin etc., qui était camarade normal,
13:52enfin vous le savez aussi bien que moi,
13:55et les disputes d'aujourd'hui par rapport aux sociétales,
13:59c'est-à-dire que jusqu'aux années 70, 80,
14:03disons, à partir du moment où il y a eu l'IVG,
14:07la pilule, le mariage pour tous,
14:10la manif pour tous, etc.,
14:14et puis le woke, la cancel culture, etc.
14:17Est-ce qu'à votre avis, c'est l'historien que vous êtes,
14:20est-ce que les discussions, le temps de discussion,
14:23étaient les mêmes, mais tant que les sujets ne sont plus complètement les mêmes ?
14:27– Alors les sujets ne sont plus tout à fait les mêmes, en effet.
14:31Dans les années 50, 60, 70, on avait des débats politiques et idéologiques
14:35qui étaient très forts, mais qui étaient sur l'organisation de la société.
14:38En effet, à partir des années 2000, fin des années 40, 2000,
14:42ça a commencé avec la question du Pax,
14:44on est passé à des débats assez forts.
14:46Alors je sais bien qu'il y a eu le débat sur l'avortement dans les années 70,
14:49on a récemment fêté la loi Veil,
14:51enfin, c'est revenu très fort.
14:53Je pense que c'est un effet induit, avec retard, mais de la pensée 68.
14:58La pensée 68 a créé, a érigé l'individu en valeur suprême.
15:02Avant mai 68, on pensait que l'individu devait quelque chose à la société,
15:07à partir de mai 68, on s'est mis à penser que c'est la société
15:11qui doit quelque chose à l'individu, l'individu à l'air suprême.
15:14Dès lors que l'individu devient l'air suprême,
15:16ça veut dire qu'il se construit son propre système de valeur,
15:18sa propre façon de vivre, etc.
15:19Donc ça découle de cet individualisme philosophique,
15:23ça découle du comportement sociétal d'aujourd'hui,
15:25où chacun va vouloir se construire son système, sa sexualité, son genre, etc.
15:31Donc c'est assez nouveau dans le paysage des idées,
15:35j'en parlais très peu dans la première édition de mon livre, en 2000,
15:38et maintenant c'est devenu un point important du terrorisme intellectuel,
15:42parce qu'on est opposant à la pensée dominante sur ce sujet-là,
15:45on se fait traiter de tous les noms.
15:47Ça c'est nouveau.
15:48Il y a d'autres nouveautés par rapport à cette époque,
15:51jusqu'aux années 80-90, on était dans un système assez formalisé
15:56sur le plan de l'information, il y avait les télévisions officielles,
16:01les grandes radios, etc.
16:03Aujourd'hui le système est complètement éclaté, si vous voulez,
16:06et tout le monde a dans sa poche un smartphone,
16:08qui est à la fois un téléphone, une radio, une télévision,
16:12et un ordinateur connecté au monde entier, Internet au monde entier.
16:16C'est-à-dire qu'il y a une surmultiplication et même démultiplication
16:20des canaux d'information, pour le meilleur et pour le pire.
16:24Pour le pire, parce que le terrorisme intellectuel a trouvé
16:28des milliers de nouveaux vecteurs, pour le meilleur,
16:31c'est parce que la pensée qui réagit au terrorisme intellectuel
16:34a aussi ses nouveaux canaux.
16:36Donc ça c'est un nouveau, il y a un éclatement du système.
16:39Je n'ai pas cité les réseaux sociaux qui s'ajoutent à ça,
16:43c'est une nouveauté qui joue un rôle tout à fait capital.
16:46Ça c'est nouveau.
16:48La nouveauté aussi, c'est qu'il y a eu, à partir des années 2000-2010,
16:54on a parlé à l'époque d'un moment conservateur,
16:58c'est l'époque où un personnage comme Éric Zemmour,
17:01avec ses best-sellers à commencer,
17:04qui est devenu un personnage médiatique à cette époque,
17:07donc c'était avant qu'il se lance dans la politique en tant que tel,
17:10a joué un rôle et on a parlé d'un moment conservateur,
17:12il y avait une droite d'idée qui commençait à trouver un espace de liberté,
17:16à pouvoir s'exprimer, ce qui n'existait pas auparavant.
17:19Ça a changé.
17:20Maintenant justement, le système du terrorisme intellectuel s'est senti un petit peu menacé.
17:24Il était tellement habitué à être seul au fond,
17:27à être en situation monopole,
17:30que le fait d'avoir une opposition l'a rédit.
17:34En quelque sorte, ça ne lui a pas plu,
17:36et le système s'est rédit.
17:39Un point très frappant aujourd'hui, que je trouve,
17:42c'est une sorte d'accélération de la judiciarisation des débats.
17:47C'est-à-dire que pour un mot de trop sur un réseau social,
17:51à la radio ou à la télévision,
17:53une phrase qui ne plaît pas aux vigilants,
17:56on peut se trouver menacé d'un procès.
17:58Parfois ça ne va pas toujours jusqu'au procès,
18:00mais au moins la menace est là.
18:02– Il y a une judiciarisation du débat.
18:06Il y a aussi ce qui est relativement nouveau,
18:10c'est la violence.
18:11La violence a toujours existé, la violence politique.
18:13Il y en avait pendant la guerre d'Algérie,
18:15il y en avait pendant les années 70, ça a toujours existé.
18:17– Et même il faut voir à l'ensemble de l'Assemblée nationale
18:20les orions et insultes qui s'envoyaient.
18:22– Bien sûr, bien sûr.
18:23Maintenant, il y a quand même une violence
18:26qui se manifeste sur certains sujets.
18:28Sur les questions sociétales, par exemple,
18:30il y a deux jeunes femmes qui ont publié l'année dernière un livre pour…
18:35– Transmania.
18:37– Pour mettre en garde cette mode du transgenre.
18:41Et les malheureuses se sont vraiment persécutées aujourd'hui.
18:45– On les avait reçues ici.
18:47– Et donc elles sont victimes de vraies violences.
18:49Si elles font une conférence, on menace de saboter la réunion, etc.
18:57Donc ça, ce sont des nouveautés.
19:00L'autre nouveauté aussi, c'est que d'une certaine manière, je le regrette,
19:04moi je trouve qu'il n'y a plus de grands intellectuels,
19:06et même de grands intellectuels de gauche.
19:08Je ne sais pas que Sartre n'était pas mon ami,
19:10mais moi c'était un homme qui avait une intelligence, une culture.
19:13– Il y avait un niveau quand même.
19:15– Aujourd'hui, je trouve que le niveau a singulièrement baissé.
19:18C'est aussi le mauvais côté des réseaux sociaux.
19:21Parce que c'est la petite phrase, c'est le tweet de 246.
19:26– Le buzz, comme on dit.
19:28– C'est comment exprimer une pensée profonde, nuancée
19:31sur des problèmes très complexes en 246.
19:33Moi je ne sais pas.
19:35Donc c'est aussi ce côté inflammable, aller vite, faire du buzz.
19:41C'est aussi le débat d'idées.
19:43Malheureusement, normalement, un besoin de recul,
19:45un besoin de profondeur.
19:47– Et de temps.
19:49D'écriture et de lecture.
19:51– Et là, le système technologique et médiatique actuel
19:55ne favorise pas ce temps et ce recul.
19:58– Alors justement, on va en parler de ce temps et de ce recul,
20:01parce qu'en même temps, on voit très bien ce paradoxe.
20:05Mais encore une fois, je vais revenir sur ce paradoxe, Jean-Cévilia,
20:09qu'il y avait de grands journaux qui étaient plutôt à droite,
20:12là on ne parle même pas des politiques et des électorats,
20:16et qui justement n'ont peut-être pas joué un rôle.
20:19Et justement, je voudrais parler aussi un peu plus de la baisse de niveau,
20:23aussi bien chez les politiques que chez les médiatiques, que dans l'élite.
20:26Pourquoi ?
20:27C'est très intéressant ce qui se passe là-dessus.
20:30À tout de suite.
20:32– Sud Radio Bercoff, dans tous ses états, midi 14h.
20:36André Bercoff.
20:37– Jean-Cévilia, les amis neufs du terrorisme intellectuel aux éditions Perrin.
20:43Jean-Cévilia, justement, vous énumérez tous ces faits sociétaux
20:48qui se passent et qui se sont passés.
20:51Je voudrais peut-être parler, on parlait un peu de la baisse de niveau,
20:58que ce soit d'ailleurs hors antenne, on en parlait chez les politiques,
21:02chez les médiatiques, même il faut dire chez la classe intellectuelle,
21:09toutes tendances confondues.
21:11Vous disiez, l'école a joué un rôle non négligeable
21:15dans cette termitiarisation, dans cette jivaroisation de la pensée.
21:20– Oui, malheureusement, il y a beaucoup d'indices,
21:22alors ils sont plus ou moins dissimulés,
21:24mais on a des indices qui sont des indices objectifs
21:26de la baisse du niveau scolaire en France depuis 30 ans, 40 ans.
21:30Et donc c'est la baisse de l'orthographe, c'est la baisse de la culture générale,
21:33ça s'accompagne avec, si on ne fait qu'un historique,
21:37de l'enseignement des matières, matière par matière,
21:39les matières de culture générale.
21:40On a eu une réduction de l'enseignement de l'histoire,
21:42c'est à la place de l'histoire.
21:43On a une réduction de l'enseignement de la littérature,
21:46d'ailleurs la littérature dans les petites classes est souvent remplacée.
21:49On fait apprendre aux enfants des poèmes un peu stupides
21:52ou on les fait travailler sur des textes concrets,
21:54je ne sais pas, une notice d'une machine à laver,
21:57des choses comme ça, je ne plaisante pas, je sais que ça existe.
22:01– Ah, vous faites travailler sur des brochures de machines à laver ?
22:04– Oui, j'ai eu ça.
22:06Donc, si vous voulez, il y a une baisse générale du niveau,
22:09et cette baisse touche toute la société,
22:12quel que soit le niveau social des gens,
22:14quel que soit le milieu social à qui elle appartient,
22:16tout le monde est touché.
22:17Et donc, ce qui est très frappant, c'est que les élites,
22:21le terme n'est pas bon, les élites culturelles d'aujourd'hui
22:25n'ont pas le même niveau d'autrefois, on le sait.
22:27Un bachelier d'aujourd'hui n'a pas le niveau d'un bachelier de 1970, etc.
22:32Et donc, cette baisse du niveau touche très profondément les élites
22:38parce que les élites ne sont plus des élites, si vous voulez,
22:40pour parler du milieu politique ou même du milieu journalistique.
22:44Enfin, moi je suis plus tout à fait 20 ans,
22:47donc moi j'ai connu des grands journalistes dans le début de ma carrière
22:50qui étaient des gens immensément cultivés.
22:52Je vois bien que dans les jeunes générations, il y en a.
22:55Mais enfin, le niveau n'est plus tout à fait le même.
22:58Et puis dans le monde politique, c'est quand même très frappant,
23:01il y a une baisse du niveau de culture générale.
23:03Mais on étudie aussi, tout ça est lié.
23:06Si vous étudiez, beaucoup de politiques sont passées par Sciences Po,
23:09puis ensuite vont à l'ENA.
23:10Mais à Sciences Po par exemple,
23:12l'enseignement de l'histoire est devenu très réduit aujourd'hui.
23:15Alors comment avoir une vision politique au sens noble du terme
23:19si on n'a pas une vision historique ?
23:21L'histoire explique tout, l'histoire contient tout,
23:23sans s'enfermer dans le passé.
23:25Donc le niveau a baissé.
23:27Et donc cette baisse du niveau a une incidence sur le langage,
23:33sur le vocabulaire qui est employé.
23:36Il y a des mots qui sont plus compris aujourd'hui.
23:40Avoir un langage trop riche est un danger,
23:44parce qu'il faut simplifier, sinon on ne se fait pas comprendre.
23:47– C'est même un objet de méfiance.
23:48– C'est un objet de méfiance.
23:50Donc c'est tout un patrimoine commun, je dirais, culturel qui a baissé.
23:57Jean Jaurès, il faut reprendre cet exemple,
24:00et Jean Jaurès c'est un homme de gauche, ce n'était pas ma famille d'idées,
24:03c'était un homme qui parlait le latin et le grec couramment,
24:05qui le lisait couramment.
24:07C'était un homme d'une immense culture,
24:09et en même temps c'était l'homme qui faisait les meetings devant les ouvriers.
24:13– Même Léon Blum, le Front populaire.
24:15– Bien évidemment, bien évidemment.
24:17Or, si vous regardez le niveau, on est passé,
24:20si je voudrais être un petit peu polémique,
24:22je dirais qu'on est passé de Jean-Jacques Rousseau à Sandrine Rousseau.
24:25On n'est pas là sur le même, on n'est pas dans le même style.
24:28– Le niveau monte, le niveau monte, comme disait Stablé Baudelot.
24:31Oui, c'est assez frappant ça.
24:35Mais alors comment vous expliquez justement aussi,
24:38parce que parlons un peu de ça qui est le terrorisme intellectuel,
24:42mais parlons aussi, comment dirais-je, des gens, je ne dirais pas de votre camp,
24:48mais des gens par exemple, vous parlez aussi de l'Église,
24:52parce que bon, le catholicisme étant ceci,
24:55on ne va pas faire l'histoire du catholicisme,
24:57enfin la France fut née de l'Église,
25:00et aujourd'hui on assiste à quelque chose d'assez étonnant,
25:04c'est par exemple les positions du pape en ce qui concerne un certain nombre de sujets sociétaux
25:08ou d'immigration du pape d'aujourd'hui,
25:11et on assiste à un silence presque assourdissant de la hiérarchie cléricale,
25:17pour ne parler que de la France, de la hiérarchie catholique par exemple,
25:20à part quelques exceptions effectivement.
25:23Qu'est-ce qui fait que, encore une fois,
25:25est-ce que c'est encore la sidération ou on reste dans le camp du bien ?
25:30Dans le cas du pape, je ne saurais pas l'expliquer,
25:33je le laisse expliquer lui-même,
25:35et puis je respecte au moins sa fonction, pas toujours le personnage,
25:39la hiérarchie ecclésiale aussi, je ne suis pas là pour la commenter,
25:43ce que je sais c'est qu'il y a une sorte d'ordre de décalage chez les jeunes catholiques
25:46qui ont une attente de spiritualité, de foi et de pratique,
25:50qui est souvent beaucoup plus exigeante que celle de la hiérarchie,
25:53c'est un paradoxe,
25:55et un pèlerinage de chartes qui réunit à la Pentecôte chaque année 20 000 jeunes,
26:01presque des gamins,
26:03dessus aujourd'hui pas très bien vu par la hiérarchie,
26:06parce que c'est un pèlerinage où se pratique la messe en atteinte,
26:09alors il y a un paradoxe, c'est la jeunesse qui aujourd'hui penche dans le sens de la tradition,
26:15et la hiérarchie freine, on a l'impression.
26:19Ça c'est les grands courants de l'histoire,
26:22mais c'est justement là où ce sont des signes d'espoir,
26:26je pense qu'on voit le vide, le vide crée non pas l'appel du vide,
26:31ça peut pousser au vide, mais on a envie de remplir ce vide,
26:34donc il y a tout un besoin, il y a aussi toute une jeunesse,
26:38pour contrebalancer ce que je disais tout à l'heure,
26:40il y a aussi une jeunesse qui réfléchit, qui pense, qui réagit,
26:43qui cherche à se former, avec les moyens d'aujourd'hui,
26:47moi je fais un livre qui est un livre d'alerte,
26:50pour avoir l'airé contre le terrorisme intellectuel,
26:52mais je ne suis pas un homme désespéré, si j'étais désespéré,
26:54j'essaierais d'écrire et je me retirerais sur mon laventin,
26:57à faire des mots croisés.
26:59Je crois que le combat n'est pas perdu,
27:01il y a des jeunes qui croient en la France,
27:04il y a des jeunes qui croient en la société,
27:06et encore une fois, ce n'est pas pour enfermer ça,
27:10moi je suis un homme de droite,
27:11mais ce n'est pas pour enfermer ça sur le clivage gauche-droite,
27:14parce qu'il y a beaucoup de gens de gauche qui sont paumés aujourd'hui,
27:17qui sentent bien qu'il y a quelque chose qui a lâché dans la société,
27:20qui ont envie d'ordre, qui ont envie d'autorité,
27:23qui ont envie qu'on puisse se sortir dans la rue sans risquer
27:26de se faire détrousser ou pire,
27:28il y a un besoin de ressaisie de la société,
27:33de ressaisie des fondements de fonctionnement de la société
27:35qui traversent tous les camps.
27:37– Et alors justement, que vous inspirent,
27:39encore une fois, c'est pour ça que les notions de gauche et de droite
27:43ont besoin d'être, à mon avis, secouées aujourd'hui,
27:45ou essorées, pour le moins,
27:47parce que que vous inspire l'exemple, par exemple,
27:50encore une fois, et je ne les prends pas comme modèles,
27:54d'un Poutine qui ramène l'église orthodoxe au milieu du village,
27:57que vous inspire, et qui parle du woke et de la cancel culture
28:01dans la moitié de ses discours,
28:03faisant écho à un Trump qui aujourd'hui aussi appelle la religion Dieu, etc.
28:11et en même temps dit, ça suffit, je ne subvence plus un centime
28:15aux enseignements wokes dans les universités,
28:19et qui renvoie, on l'a vu encore avec la Colombie hier,
28:23en disant, vous avez une heure pour reprendre aux immigrés,
28:26sinon il va se passer des choses au niveau de la douane,
28:29au niveau des visas, au niveau du commerce extérieur, etc.
28:34et en une heure, il obtient un gain de cause.
28:36Qu'est-ce qui se passe au niveau de Javier Milei en Argentine ?
28:40Je prends exprès les politiques, etc.
28:42que bouclez-les au Salvador, sur le fait qu'il dit,
28:45bon, ça suffit maintenant, les narcotrafiquants, ça va, c'est fini, etc.
28:51Est-ce que ça signifie pour vous, justement,
28:54que c'est peut-être déjà un équilibre différent
29:01par rapport à ce terrorisme intellectuel qui est aussi politique,
29:05il faut le dire, parce qu'on ne peut pas séparer les deux ?
29:07Oui, il y a une tectonique des plats qui joue dans le monde des idées,
29:11dans le monde politique, dans le monde géopolitique,
29:14qui est discrète, mais qui joue en effet.
29:16Il y a une sorte de décalage entre les attentes des peuples
29:21et la réalité de ce que sont les théoriquement élites politiques
29:26et socioculturelles, etc.
29:28et on s'aperçoit qu'il y a des pays, en effet,
29:31où les choses bougent sur ce plan-là.
29:33Alors en France, tout est un peu bloqué,
29:35bloqué par le système politique.
29:37Et pourquoi c'est bloqué en France comme ça ?
29:39C'est ce blocage que vous avez décrit dans votre livre.
29:43Pourquoi c'est aussi bloqué en France aujourd'hui ?
29:47En France, on a un problème qui est historique,
29:51c'est que dans terrorisme, il y a le mot terreur.
29:53Et terreur, ça nous rappelle 1793.
29:56Je veux dire, il y a la gauche en France,
29:59alors là, pour le coup, j'ai un propos engagé,
30:02mais la gauche en France traîne avec elle
30:09un héritage qui vient de la Révolution française.
30:13La Révolution française porte, contrairement à ce qu'on croit,
30:15une vision qui n'est pas une vision, à mon avis, pacificatrice.
30:18Elle contient cette idée qu'au fond, il y a des bons citoyens
30:21et des mauvais citoyens.
30:22Les bons citoyens sont ceux qui sont du bon côté de la balance,
30:25et les autres, au fond, il faudrait les écarter, les éliminer.
30:28Alors, en 1793, on les écartait par la guillotine,
30:31on leur coupait la tête, c'était simple.
30:32Aujourd'hui, on veut les écarter par le vote, par la politique,
30:35en les chassant, en leur bloquant leur ascension professionnelle,
30:41selon le milieu où ils sont.
30:43Nous, on est un pays...
30:47Si je poussais un peu plus loin, je dirais qu'on est un pays de guerre civile,
30:50la France, malheureusement.
30:51C'est un pays qui fonctionne.
30:52Oui, carrément.
30:53Oui, oui.
30:55Dieu merci, pas tous les jours, mais enfin, on est un pays où la violence politique...
30:59Nous sommes un pays qui n'aime pas la réforme,
31:01qui n'aime pas réformer.
31:02C'est un pays où tout débouche par l'évolution, par la force.
31:07Et donc, la gauche a enchaîné cette idée-là très très forte.
31:12C'est le camp du bien dont parlait Philippe Muray.
31:15Il y a des gens qui se sont persuadés d'accorder le camp du bien.
31:18Jean-Cévillia, avant la révolution du temps de la monarchie,
31:21vous aviez aussi les serfs et les gueux, qui étaient traités comme des chiens.
31:25Oui, il faudrait...
31:27On ne va pas faire ça.
31:29Le clergé, la noblesse et le tiers état.
31:32Je voudrais juste... Je crois que nous avons Claudia qui est en ligne.
31:37Bonjour, Claudia.
31:38Oui, bonjour, merci.
31:40Je suis tout à fait d'accord avec ce que dit votre invitée.
31:45Jean-Cévillia, oui.
31:46Oui, avec Jean-Cévillia, complètement.
31:48Et ce que je voulais dire et évoquer, c'est la perte des valeurs aussi.
31:53Et donc aujourd'hui, c'est peut-être...
31:56C'est un travail vraiment formidable, une mise en perspective
32:00de l'évolution de la pensée, entre guillemets, terroriste du bien-penser,
32:04du politiquement correct, d'accord, dans tous les domaines.
32:07Mais aujourd'hui, on sent bien que ça n'a plus cours.
32:11Regardez, la gauche, qui aurait dû normalement défendre des valeurs de paix et sociétales,
32:18eh bien, ils ont dit OK à la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
32:25Voilà, par exemple.
32:27L'Europe, on nous a vendu l'Europe de la paix et de la prospérité.
32:32Bon, je ferme vite la parenthèse.
32:35Donc ce que je veux dire, gauche-droite, aujourd'hui, n'a plus, à mon sens...
32:41Vous savez, puisqu'on vous dit que si vous vous opposez à quelque chose...
32:46Alors maintenant, vous allez voir qu'on ne va plus être des complotistes,
32:50mais on va être des trompistes, maintenant. Vous voyez ?
32:53– Qui va être une insulte, c'est ça ?
32:55– Presque, pratiquement.
32:57Donc c'est vrai qu'on met certains excès de langage...
33:02Donc aujourd'hui, il y a cette perte fondamentale des valeurs
33:07et ce non-raccordement vers l'unité et l'être global que nous sommes
33:14dans une pensée d'ouverture, je dirais.
33:17– Merci Claudia. Nous allons juste faire une petite pause
33:22et on se retrouve avec plusieurs personnes qui nous appellent.
33:26Et on se retrouve juste après cette petite pause.
33:29André Berkhoff dans tous ses états, midi 14h.
33:32André Berkhoff.
33:33– Oui Maud, je crois que nous avons des auditeurs.
33:35– Vous avez deux appels en attente, dont un Richard de Toulouse.
33:38– Bonjour Richard.
33:39– Oui, bonjour. En fait, j'avais une question.
33:43Si on n'arrive pas à avoir de réponse politique aujourd'hui
33:46à ce terrorisme qui s'incruste, on va dire, intellectuel,
33:52est-ce que ce n'est pas parce qu'il manque une offre politique ?
33:55C'est-à-dire que si on trace une croix en disant
33:57mais j'ai la droite, la gauche, j'ai le mondialiste
34:01et on va dire le plus nationaliste.
34:03Est-ce qu'il ne manque pas un cadran ?
34:05Ou c'est qu'on aurait une gauche nationale
34:07qui soit plus essentialiste ?
34:10C'est-à-dire on optimise nos institutions, nos organisations,
34:15on va dire au niveau du service public.
34:19Et on se ramène à ramener l'essentiel, l'hôpital,
34:22les choses, la sécurité.
34:24– Le régalien.
34:25– Voilà, tout à fait.
34:27Et bien sûr, on reste tourné vers l'économie
34:31et on va dire, les gens qui vivent de l'industrie
34:34restent attractifs.
34:36Mais on n'a pas d'offre dans ce cadran-là.
34:41– Oui, Jean Sevillia, ce n'est pas votre domaine, la politique,
34:45vraiment, enfin, vous êtes un citoyen, un animal politique
34:48comme nous tous.
34:49Est-ce qu'il y a un manque d'offres aujourd'hui ?
34:52– Il y a un manque d'offres, oui.
34:54Très souvent, les partis sont occupés par des questions court-termistes.
34:59Moi, je trouve qu'on manque d'un discours politique
35:01qui soit un discours politique au sens noble du terme.
35:04S'ils occupent des vrais enjeux du pays,
35:07les enjeux à long terme, les enjeux géopolitiques,
35:11les enjeux réels, non pas de savoir
35:13qui va gagner les prochaines élections.
35:15Ça n'est pas sans incidence, évidemment,
35:17mais enfin, on est confronté à des problèmes démographiques, économiques,
35:23aujourd'hui, qui sont des problèmes qui engagent
35:25l'avenir de toute notre société.
35:27Je viens de citer le mot démographie, par exemple,
35:30la démographie française chute vertigineusement.
35:36Ça a une incidence considérable sur le plan économique,
35:39sur le plan des retraites, sur le plan de notre puissance potentielle.
35:43Je veux dire, un pays qui a moins d'enfants,
35:45c'est un pays qui perd sa place, dont la place diminue.
35:48Mais personne n'en parle.
35:50Tout le monde se fiche de la démographie,
35:52parce que, de toute façon, la démographie,
35:54c'est des vœux courants longs, lents, c'est très complexe.
35:56Alors, on n'en parle pas. Et pourtant, c'est essentiel.
35:58– On se fiche du long terme, et c'est assez grave.
36:01– Un deuxième appel de Philippe de Caen.
36:03– Oui, bonjour Philippe.
36:05– Bonjour André, bonjour M. Sidia.
36:07J'ai deux justes remarques.
36:10Que pensez-vous, M. Sidia, de la situation générale
36:13de la formation des écoles de journalisme,
36:16et des modes de pensée des enseignants intervenants,
36:21et leur idéologie ?
36:23Si on prend des gens qui pourraient intervenir,
36:26c'est un exemple, comme Laurent Joffin, ou Edwidge Plenel,
36:30pour moi, ce sont plutôt des aïettes à la gauchiste,
36:33des gauchistes, des obligistes, d'inébriles,
36:35c'est pas terrible.
36:37Ça c'est une première chose, et seconde chose,
36:41que pensez-vous de la dépendance financière
36:44des différents journaux ou radios classés,
36:47on va dire à gauche, dans la bienséance
36:51que tous les Français paient à travers leur propre impôt ?
36:56– Leur redevance, oui.
36:58– Oui, alors, sur les écoles de journalisme,
37:01sauf une ou deux, elles sont toutes massivement orientées,
37:05dans le sens progressiste, ça fait partie du petit catéchisme
37:08qui est d'enseigner obligatoirement,
37:10et on sait qu'à chaque fois qu'il y a une élection parisienne et sociale,
37:13par exemple, on fait une enquête sur les choix des élèves journalistes,
37:20on a des scores pour Mélenchon par exemple,
37:23qui sont des scores considérables.
37:25– Des scores presque politiques.
37:27– Oui, donc les écoles de journalisme forment des journalistes
37:30qui sont de gauche, c'est comme ça, ça fait partie de ce système-là.
37:34Il y a des écoles indépendantes, mais on peut réussir dans le journalisme
37:37sans avoir fait d'école de journalisme,
37:39par exemple, moi je n'ai jamais fait d'école de journalisme,
37:42donc c'est un métier dans lequel on peut entrer par d'autres portes.
37:46L'autre question, c'était…
37:50– Oui, la dépense financière.
37:52– La dépense financière, c'est-à-dire,
37:55disons que l'argent public sert beaucoup,
37:58enfin il y a beaucoup de médias publics,
38:01qui sont des médias mainstream,
38:03et donc la gauche profite largement,
38:05le milieu progressiste profite largement de l'argent public,
38:09parce qu'ils ont des canaux qui sont payés de toute façon par les contribuables.
38:13Tandis que les canaux plutôt en réaction contre le terrorisme intellectuel
38:18sont plutôt des canaux privés, où là il faut trouver des fonds.
38:20– Oui, sauf que, comment vous expliquez,
38:23que beaucoup de canaux privés tenus par des milliardaires,
38:26et pourquoi pas, ce n'est pas le problème,
38:29ont des subventions d'État, donc des contribuables,
38:32tout à fait intéressantes, de l'ordre de 16 à 20 millions, et vous le savez.
38:35– Oui, bien sûr, le problème c'est que la presse,
38:39ça coûte cher, c'est déficitaire.
38:41Donc soit on a des fanzines, des tout petits journaux
38:44qui sont totalement libres mais qui ont une diffusion très limitée,
38:47le problème c'est qu'aujourd'hui, la presse n'est pas une activité économique rentable.
38:54– C'est vrai, justement ça amène le terrorisme.
38:57Est-ce que cette presse-là, un peu brutalement je veux dire,
39:01n'est pas en train de mourir ?
39:03Est-ce que ce n'est pas, avec ses avantages et ses inconvénients,
39:06pour le meilleur et le pire, un certain journalisme citoyen
39:09dont on parle, qui est en train de naître ?
39:11Je m'explique, ça ne veut pas dire qu'on a besoin évidemment d'experts,
39:14il ne s'agit pas d'accepter que n'importe qui dise n'importe quoi,
39:17en tout cas il peut le dire, mais ce n'est pas ça qui fera
39:19effectivement avancer l'intelligence et la compréhension.
39:23Mais est-ce qu'il n'y a pas aujourd'hui une certaine presse,
39:26quelle qu'elle soit de gauche comme de droite,
39:28qui a passé son temps à dire ou à mentir par omission
39:33ou à ne pas vraiment aller au fond des choses,
39:36qui est en train justement de payer le tribut de ces mensonges par omission ?
39:40– Oui, c'est certain, d'ailleurs dans toutes les enquêtes d'opinion,
39:45le crédit apporté aux journalistes, aux médias est très très faible,
39:50malheureusement ça je le déplore, mais c'est le résultat en effet
39:54du fait que le système médiatique n'a pas collé à la réalité,
39:58qu'il y a beaucoup de citoyens français, du coup ça en détourne.
40:01Maintenant sur le journalisme citoyen dont vous parliez,
40:04moi je n'ai rien contre, mais enfin c'est un métier le journalisme,
40:10ça s'apprend aussi, je veux dire, n'importe qui ne peut pas s'improviser
40:14du jour au lendemain, même que n'importe qui ne peut pas s'improviser
40:17du jour au lendemain, analyste géopoliticien, analyste économique, etc.
40:20Il faut faire attention à ce que le journalisme citoyen ne vire pas
40:23au café de commerce, il faut aussi des compétences.
40:26– C'est clair, le vrai problème c'est que je crois que le journalisme
40:30à expérience peut profiter, mais je crois qu'il ne faut pas écarter
40:36disons les informations qui arrivent peut-être en vrac,
40:39c'est à nous de partager le bon grain de livret, au vrai sens du terme,
40:45et je crois qu'honnêtement, vous savez très bien que sans les réseaux sociaux
40:49nous n'aurions pas eu connaissance d'un certain nombre d'ensauvagements,
40:52de preuves d'ensauvagements, etc.
40:53– Je suis tout à fait pour, mais d'ailleurs franchement,
40:56je crois que ce serait un meuf oppressée, en général tous les groupes de presse
40:59sont très sensibles aux réseaux sociaux et ils savent qu'il y a des...
41:04tous les sites de presse ont leur propre site sur lequel les lecteurs écrivent
41:09et les journaux sont très sensibles, les rédactions sont sensibles
41:12à ce qu'on leur écrit.
41:14– C'est ça, à condition qu'elles soient vraiment libres.
41:16– Bien sûr.
41:17– Le problème est là.
41:18Et dernière chose, dernière question Jean-Cémilia,
41:20alors on combat le terrorisme intellectuel par un contre-terrorisme intellectuel
41:24ou on combat comment ?
41:25– On combat par la vérité, par la raison, par la vérité,
41:28il ne s'agit pas de répondre à un mensonge par un contre-mensonge,
41:31non, non, on combat la vérité par la vérité, le mensonge par l'erreur, par la vérité.
41:36Donc ça suppose beaucoup de travail, ça suppose du temps, de la réflexion,
41:41des lectures, de vérifier les chiffres que l'on donne,
41:44de vérifier ses sources, d'être honnête, d'essayer de ne pas être partisan,
41:49même si on a ses choix propres, c'est un exercice pas facile
41:54mais je crois que c'est celui qui est nécessaire.
41:56– Absolument, et vive la difficulté, je rappelle Jean-Cémilia,
42:00les amis neufs du terrorisme intellectuel, c'est très bien,
42:03c'est une bonne, on serait heureux que vous soyez pour,
42:06que vous soyez contre, vous avez des idées différentes,
42:08ce sont de bonnes armes qu'il faut fourbir,
42:12parce que le travail va être long, les batailles aussi.
42:16Merci.
42:17– Merci.
42:18– Et si vous souhaitez réécouter cet entretien,
42:20on vous rappelle que vous pouvez l'écouter comme tous les autres podcasts
42:23sur le site internet de Sud Radio, sur Youtube, sur Spotify,
42:27réécoutez tous ces entretiens, partagez et parlez-en autour de vous bien sûr.
42:30Et voilà, c'est tout ce que j'ai à dire.
42:32– Et à demain !
42:33– Et à demain !

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