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Retrouvez L 'Affaire dans l'affaire, tous les samedis de 12h et 13h sur les ondes de Sud Radio, en partenariat avec la revue Affaires Criminelles de McSkysz.

Avec Jade Serano, journaliste police-justice et Harold Cobert auteur du livre « Le procès Mein kampf » paru aux éditions les Escales.
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##L_AFFAIRE_DANS_L_AFFAIRE-2025-02-01##

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News
Transcription
00:00Sud Radio. L'Affaire dans l'Affaire. Stéphane Simon.
00:05Bonjour à tous. Bienvenue dans l'Affaire dans l'Affaire.
00:08Une heure de décryptage de l'actualité judiciaire.
00:10Une émission en partenariat avec la revue Affaire Criminelle.
00:14Une heure que nous allons avoir le bonheur de partager avec Jean-Marie Bordry.
00:17Bonjour mon cher Stéphane.
00:19Et oui. Et Jade Serrano également, journaliste spécialiste d'investigation.
00:23Bonjour Jade.
00:24Bonjour Stéphane.
00:25Nous accueillons ensemble aujourd'hui Harold Kober, écrivain romancier
00:30et auteur d'un livre formidable que je vous recommande qui vient de sortir
00:34qui s'appelle Le Procès Mein Kampf aux éditions Escale.
00:38Ensemble, nous allons remonter le temps aujourd'hui
00:42et vous parler d'un procès qui aurait pu changer la face du monde.
00:45Ce procès a eu lieu à Paris en 1934.
00:48Il s'agit du nom du procès, du nom du livre Le Procès Mein Kampf.
00:52Mein Kampf, vous connaissez, c'est le livre programme écrit par Adolf Hitler
00:57quand il est en prison, où il expose sa vision pour le Reich.
01:01A l'intérieur de ce pavé, sa vision pour le Reich,
01:04mais aussi pour l'avenir de l'Europe et l'exposer de sa haine des Juifs.
01:08Ce livre a été publié en 1925 en Allemagne.
01:12Mais curieusement, jusqu'en 1934, il n'est pas traduit ni publié
01:17alors qu'il renseigne sur les destins funestes du Führer.
01:20Et en 1934, ce n'est plus le livre d'un illuminé en détention,
01:24mais c'est le livre programme du nouveau chancelier arrivé au pouvoir il y a quelques mois.
01:28Ce livre, Adolf Hitler ne souhaite pas le voir publié en France
01:32car il redoute que cela éveille les politiques sur ses funestes intentions
01:36et il a besoin de gagner du temps pour réarmer son pays.
01:40Quelques hommes courageux venus de tous les bords politiques
01:43vont décider de passer outre la volonté du dictateur
01:46et publier une version clandestine mais intégrale de Mein Kampf.
01:50Adolf Hitler entre dans une colère noire.
01:53Il veut à tout prix faire interdire ce livre
01:56et il va s'appuyer sur le droit français pour y parvenir.
02:00C'est cet incroyable procès que vous racontez à Harold Kober.
02:05On va y venir dans un instant.
02:07Mais on pourra même se demander si 90 ans plus tard,
02:10si les tribunaux avaient débouté Hitler de ses revendications,
02:13est-ce que la France et ses alliés auraient connu le même sort ?
02:17Est-ce qu'on aurait pu contrecarrer les dessins terribles du Führer ?
02:20On va se poser toutes ces questions dans un instant.
02:23Quelle leçon tirer du procès Mein Kampf ?
02:25Et surtout, quelle résonance ce procès a aujourd'hui ?
02:27Nous allons en parler mais tout de suite je vous propose de revenir sur les faits.
02:35Nous sommes le 17 février 1934.
02:38Le journal Le Petit Parisien vient d'arriver à l'ambassade d'Allemagne
02:42et passe de main en main.
02:44Un entrefilet non signé en page 3 a mis le personnel diplomatique sur le qui-vive.
02:49Le voici.
02:50Les nouvelles éditions latines, passant outre l'interdiction de l'auteur,
02:54publient une traduction intégrale et très soignée du livre Mein Kampf.
02:59Il est écrit dans le journal que ce livre est extrêmement révélateur
03:03de la psychologie de Hitler, de ses conceptions politiques
03:06et ses visées en politique extérieure.
03:09Il est encore écrit par Le Petit Parisien.
03:12« Il est bon que la Bible du Troisième Reich devienne accessible à tout Français soucieux
03:17d'être renseigné sur la personnalité, les tendances et les intentions du Führer. »
03:22Mais l'article rappelle aussi l'opposition d'Adolf Hitler à toute édition française de Mein Kampf.
03:30Un télégramme est écrit et expédié le jour même à 13h15 à Berlin.
03:35À la chancellerie allemande, toute une mécanique se met en place.
03:39Le Führer est mal pris les choses.
03:42Des ordres clairs ont été donnés, un budget a été alloué pour financer la riposte.
03:48Max Hahnemann et son responsable juridique, Rolf Reinhardt, seront envoyés à Paris.
03:55Max Hahnemann est un ennemi intime de Hitler.
03:58Il a participé au putsch de 1923 et a été emprisonné à Landsberg comme le Führer.
04:05Depuis, il est devenu directeur des éditions Heer et il est aux commandes de l'organe de presse du parti nazi.
04:12Après 1933, il est l'un des acteurs centraux de la propagande allemande
04:16en tant que président de la chambre de la presse du Reich.
04:20C'est que l'affaire est très sérieuse.
04:23Depuis des semaines, des mois, Hitler s'ingénue à donner des entrevues à la presse française
04:29où le chancelier se veut rassurant, aussi rassurant que souriant
04:34quant à l'amitié qu'il porte à la France et le grand dessein qu'il a pour la paix entre les deux peuples.
04:40Cette publication de Mein Kampf tombe le mal, pourrait tout ruiner, Hitler le sait.
04:47Le chancelier vient de donner notamment une grande interview qui fait la une du journal le matin.
04:52Hitler, il disait justement sur les rapports entre la France et l'Allemagne
04:56« La question n'est pas ce que j'ai pu écrire à l'emporte-pièce dans Mein Kampf,
05:00mais de quelle manière réaliser un véritable rapprochement entre pays voisins et égaux endroits.
05:07Je suis prêt à tout entendre, à tout comprendre, à tout entreprendre. »
05:12Mais quel crédit accordé au sourire de M. Hitler.
05:15Ce chancelier qui quitte dans le même temps la Société des Nations, l'ancêtre de l'ONU
05:20et la Conférence de Genève, et qui a écrit les pires horreurs dans son journal de combat.
05:25Mein Kampf, le livre-programme qu'Hitler a écrit en prison en 1923 et en 1924,
05:32se pavait au style lourd et clair sur sa vision de l'avenir parfaitement.
05:38Mein Kampf a été publié en 1925 en Allemagne, mais n'est toujours pas traduit en France.
05:45Le 17 février 1934, les nazis sont donc informés du coup de force des nouvelles éditions latines.
05:52Cet éditeur est dirigé par un certain Fernand Sorlo, qui revendique de publier une contrefaçon manifeste.
06:00« Nous avons pensé qu'il était d'intérêt national de passer outre le refus d'Adolf Hitler
06:05de laisser publier Mein Kampf en français, quelles que puissent être pour nous-mêmes les conséquences de notre initiative.
06:11Nous publions donc sous notre entière responsabilité la traduction complète de l'ouvrage doctrinal de Hitler. »
06:19Sorlo n'ignore rien, et il ignore notamment rien de ce qu'il fait.
06:25Il viole la violation du droit d'auteur, et c'est une contrefaçon manifeste
06:30qui constitue à la fois un délit pénal et une faute civile.
06:34Fernand Sorlo est un personnage d'ailleurs curieux.
06:38L'homme s'inscrit dans la mouvance d'une droite radicale.
06:42Il présente publiquement son putsch éditorial comme un acte de pur patriotisme.
06:47Mais la véritable signification de son geste est plus équivoque.
06:52C'est un éditeur qui ne regarde pas trop la couleur de l'argent.
06:55Dans le catalogue d'ailleurs des nouvelles éditions latines, on trouve des livres de tous bords.
07:00Comme s'il publiait poison et contrepoison.
07:03C'est un éditeur rusé qui aime l'argent.
07:07L'éditeur s'est appuyé par ailleurs sur des personnalités de tous horizons aussi
07:12qui veulent, tous au nom de l'intérêt supérieur de la France,
07:16voir Mein Kampf publié pour alerter l'opinion et infléchir la politique de la République
07:23vers plus de fermeté avec le nouveau maître de Berlin.
07:26Il y a parmi eux le plus brillant des avocats de l'époque, Philippe Lamour.
07:31Mais aussi des militaires anciens de Verdun traumatisés par la Première Guerre
07:36comme le général Lacaze qui s'inquiète du réarmement possible de l'Allemagne.
07:40Des royalistes de l'action française qui considèrent que le nazisme n'est plus socialiste que nationaliste.
07:46Un traducteur patriote juif qui s'est illustré par sa bravoure pendant la Première Guerre mondiale,
07:52Maurice Vanikoff est aussi de l'équipée.
07:55Et le président de la Ligue K, l'ancêtre de la Ligra, Bernard Lecache.
08:00La Ligue internationale contre l'antisémitisme a d'ailleurs préacheté 5000 exemplaires à l'éditeur
08:07et a donc rendu ainsi l'opération possible pour ce petit éditeur aux reins fragiles.
08:13C'est un drôle d'attalage donc qui compose ce coup d'état éditorial.
08:18Hitler, lui, ne veut pas subir la pression de l'opinion publique française ou anglaise
08:23et rester maître de son calendrier immédiatement.
08:26Il demande donc à l'ambassade d'Allemagne et à Otto Betz de faire pression sur le gouvernement français
08:31qui est fragilisé déjà par l'affaire Stravinsky et ne saura rien refuser au nouveau chancelier.
08:37Mais le Führer agit aussi discrètement en donnant l'ordre de faire un procès commercial
08:43à l'éditeur sur la base du droit d'auteur bafoué.
08:47Le débat devient public et certains journalistes, prêts déjà à revêtir l'uniforme nazi,
08:52reprochent à l'éditeur Sorlo d'une part une parution inutile car même si à la porte des révélations
08:58les idées maîtresses de Mein Kampf sont déjà connues,
09:01ce qui n'est évidemment pas le cas pour l'écrasante majorité des français,
09:05et par ailleurs reprochent à l'éditeur de ne pas voir que l'accession au pouvoir de Hitler
09:11la adoucit, une pensée écrite des années auparavant ne correspond plus à l'humeur du moment du nouveau chancelier.
09:19C'est une grave erreur, répond Sorlo. Non, Hitler ne s'est pas assagi.
09:24Et l'avenir lui donnera raison.
09:31Le 5 mars 1934, le premier acte de procédure est pratiqué.
09:34Il s'agit d'une saisine pour contrefaçon de tous les ouvrages fabriqués sans le consentement de l'ayant droit.
09:40Le commissaire de police du quartier Odeon s'en charge.
09:43Mais le résultat de la saisie est bien modeste.
09:46Seulement 28 livres sont placés sous scellés.
09:48Tous les livres ont déjà été écoulés.
09:50Pour discréditer l'entreprise de l'éditeur Sorlo,
09:53les avocats d'Hitler rappellent l'attachement de la France au droit d'auteur
09:57et le respect des conventions internationales en la matière.
10:00Comble de l'ironie, les avocats d'Hitler n'hésitent pas à évoquer le traité de Versailles de 1919,
10:06qui n'est plus un instrument d'un honteux avilissement du peuple allemand,
10:10mais qui fonde sur l'article 286 du traité pour rappeler le rétablissement au profit des Allemands
10:16de la convention internationale de Berne du 9 septembre 1886.
10:20Et c'est de là que Hitler tient son droit pour revendiquer son assimilation en France aux auteurs français.
10:27Et le droit, effectivement, plaît dans sa faveur.
10:30Le droit d'auteur est sacré en France.
10:33Mais le droit doit-il être respecté à la lettre en toute circonstance ?
10:38La justice française ne pourrait-elle pas rappeler aussi au chancelier ce qu'il dit lui-même dans ses discours ?
10:44Le droit, c'est ce qui sert le peuple.
10:47L'injustice, c'est ce qui lui porte préjudice.
10:51Pour gagner du temps, les avocats de la défense tentent d'obtenir un report de l'audience.
10:57Mais le président du tribunal de commerce, Maurice Piketty, refuse.
11:01Qu'à cela ne tienne, Philippe Lamour trouve un nouvel argument à faire valoir.
11:06Il fait remarquer que Hitler n'apparaît pas directement dans la procédure.
11:10Le chancelier se fait représenter par son éditeur.
11:13Lui-même est épaulé par un bataillon de conseils.
11:17Ils sont nombreux donc à représenter l'auteur, mais ce dernier n'est pas là.
11:21C'est le défaut de qualité à agir qui est opposé aux allemands.
11:25Lamour rappelle que nul ne plaide par procureur.
11:29C'est un principe de droit.
11:31Lamour conteste le fait qu'Herr, l'éditeur d'Hitler, n'ait jamais reçu la propriété littéraire de Hitler.
11:37Ce n'est qu'un fauné du dictateur.
11:40L'argument fait mouche.
11:42A Berlin, le Führer est contraint de confirmer par écrit qu'il a cédé les droits à son éditeur
11:46et envoyé en urgence ce document à Paris.
11:49Et le juge finit par confirmer que les demandes de l'éditeur allemand sont donc bien fondées.
11:55En vérité, il est fort peu probable qu'Hitler ait cédé à l'éditeur ses droits de traduction.
12:00Peut-être a-t-il cédé ses droits pour imprimer le livre en Allemagne,
12:03mais il paraît improbable qu'il ait abandonné à quiconque le soin de décider à sa place
12:07des zones géographiques dans lesquelles sa pensée serait dévoilée.
12:11Nouvelle bataille perdue, donc, pour Lamour et Sarlow.
12:14Mais la guerre juridique n'est pas finie.
12:16Un autre argument va agiter le prétoire.
12:18Cela tient en une question subtile.
12:21Qu'est-ce que Mein Kampf ?
12:23Les nazis soutiennent qu'il s'agit d'une œuvre personnelle pour prétendre à la protection du droit d'auteur.
12:29Mais l'éditeur Sarlow et son conseil Philippe Lamour soutiennent qu'il s'agit en fait d'un programme politique,
12:36donc libre de droit.
12:38Et c'est là qu'un tournant se joue.
12:44Le tribunal de la Seine ne va pas saisir l'occasion malheureusement de jouer contre Hitler.
12:48En refusant de voir le caractère politique et programmatique,
12:52le tribunal va sceller le sort du procès.
12:55Le pays de Victor Hugo va refuser de réduire Mein Kampf à un manifeste politique.
13:00Selon lui, l'ouvrage témoigne tout de même d'un effort de création.
13:04Eher, l'éditeur, et complice d'Hitler, l'emporte donc.
13:08Le 18 juin 1934, le jugement est rendu.
13:12Et condamne Sarlow pour contrefaçon.
13:15Mais, mais, mais, en rendant son jugement le 18 juin 1934,
13:20le tribunal va se montrer néanmoins clément pour l'éditeur français.
13:24Certes, il condamne l'éditeur pour contrefaçon,
13:27mais il réduit les demandes d'indemnité.
13:29Plutôt qu'une instreinte de 1000 francs par livre contrefait,
13:33le tribunal annonce une instreinte de 100 francs.
13:36Et pour le préjudice moral, le tribunal décide de n'accorder que le franc symbolique.
13:41Hitler l'emporte donc sur le principe, parce que la contrefaçon est reconnue,
13:46mais ce jugement ménage la chèvre et le chou.
13:49D'ailleurs, personne ne va faire appel.
13:52Pour Sarlow, la condamnation au franc symbolique pourrait être révisée
13:55et la condamnation plus lourde.
13:57L'éditeur d'Hitler, lui, ne veut pas faire appel, ayant gagné.
14:01Reste des questions.
14:03La justice a été utilisée par l'Allemagne à des fins peu reluisantes.
14:08Hitler a montré comment retourner la liberté comme un gant
14:11pour contrôler la lecture de son programme politique.
14:14Et le tribunal ne l'aura pas empêchée.
14:17Adolf Hitler s'est employé à retourner le droit contre l'état de droit lui-même.
14:22Le Führer aura brandi le droit pour ruser, avoir le temps de réarmer l'Allemagne
14:28et exiger bientôt la restriction des libertés publiques partout en Europe.
14:32Et ce n'est que le début.
14:34Bientôt, Hitler se retrouvera maître du destin tragique de l'Europe.
14:386 millions de juifs vont périr.
14:40Et le bilan total entre civils et militaires fait état de 50 à 60 millions de morts
14:46durant la Deuxième Guerre mondiale.
14:49Est-ce que tout cela ne valait pas une petite entorse aux droits d'auteur ?
14:59La Seconde Guerre mondiale aurait-elle pu être évitée ?
15:02Qui sont ceux qui ont décidé de défier le dictateur ?
15:05Quel a été le rôle de la presse à l'époque ?
15:08L'affaire dans l'affaire revient tout de suite sur Sud Radio
15:11avec notre invité Harold Cobert.
15:14Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
15:18De retour dans l'affaire dans l'affaire, une émission en partenariat
15:22avec la revue Affaire Criminelle, avec Jean-Marie Bordry.
15:25Avec plaisir Stéphane Simon.
15:27Chate Serrano est avec nous, bonjour à tous les deux.
15:29Et avec nous aujourd'hui, nous avons la chance d'accueillir Harold Cobert,
15:33auteur du livre Le Procès Mein Kampf, aux éditions Les Escales.
15:38Nous parlons aujourd'hui d'un procès oublié.
15:40Un procès pourtant qui a une importance incroyable.
15:43Et au regard de ce qui allait advenir, évidemment.
15:47C'est celui de Mein Kampf.
15:49En résumé, nous sommes en 1934.
15:51Hitler va s'opposer à la publication de son livre-programme, son propre livre.
15:55Il ne veut pas que son propre livre soit publié en France,
15:58certainement pas en intégralité.
16:00Et évidemment, on comprend pourquoi.
16:03En le lisant, Mein Kampf dévoile tous les destins funestes
16:07que le chancelier Adolf Hitler a pour l'Europe
16:10et en particulier pour les Juifs.
16:13Alors, il faut quand même revenir un instant sur le contenu de ce livre,
16:17Mein Kampf, et puis sur le contenu de votre livre, Le Procès Mein Kampf.
16:21D'ailleurs, c'est intéressant parce qu'en publiant votre livre,
16:25vous me disiez hors antenne que parfois,
16:27le simple fait de mettre Mein Kampf peut poser un problème.
16:30Oui, ça a posé un problème sur certaines plateformes de vente en ligne
16:33où ils ont cru que peut-être vous rééditiez Mein Kampf.
16:36Je refaisais ce que faisait Hitler, ce qui n'est absolument pas le cas.
16:38C'est plutôt un livre à charge contre lui et contre son livre à lui.
16:41Mais il n'y avait que le format Kindle qui était possible.
16:44Ils avaient peut-être peur qu'après, le livre se répande en papier
16:47comme une espèce de peste brune.
16:49Et il y a en tout cas une enseigne en France
16:51qui ne veut pas le mettre en rayon
16:53parce qu'il y a le mot Mein Kampf dedans.
16:55Je ne fais pas l'apologie de Mein Kampf, loin de là.
16:59Loin sans faux, d'ailleurs.
17:01Il faut dire que vous racontez, mais de façon assez factuelle.
17:05C'est assez palpitant, d'ailleurs.
17:07Vous racontez vraiment les choses de façon chronologique.
17:10Le procès nous tient en haleine.
17:12Et évidemment, ça part de la base, c'est-à-dire la publication de Mein Kampf
17:17dont je rappelle qu'il est écrit en prison par Adolf Hitler en 1923 et 1924
17:21et publié en Allemagne en 1925.
17:23Simplement, le contenu est fou.
17:25Le contenu est fou et il faut en dire un mot.
17:27On comprend dans Mein Kampf la haine qu'il a contre les démocrates,
17:32la haine des hommes de couleur, des tiganes, des bolcheviques,
17:35des communistes, des francs-maçons, des pacifistes, des handicapés
17:38et bien sûr, des juifs.
17:42Hitler déteste à peu près tout le monde, à part une certaine race aryenne.
17:45Vous venez de donner une date très importante.
17:47Je trouve qu'il est toujours bon de le rappeler.
17:501925-2025.
17:52Ça fait un siècle que Mein Kampf est paru.
17:55Et c'est intéressant, et c'est intéressant à plusieurs titres.
17:58Notamment parce que lundi dernier, nous fêtions les 80 ans
18:01de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau.
18:03Il y a 20 ans qu'ils séparent ces deux événements.
18:06Mein Kampf est l'ouvrage qui permet d'aller jusqu'à Auschwitz.
18:11Et ce procès se situe pile en plein milieu.
18:1410 ans, 10 ans.
18:16Je pense que c'est intéressant de voir que,
18:19si on veut comprendre d'où vient Auschwitz
18:21et éviter que ça se répercute,
18:23de revenir à l'origine du mal qui est ce texte-là.
18:26Ce texte, on y lit des choses qui sont abominables.
18:29Évidemment, sur les juifs, on va s'en dispenser.
18:33Le mot juif est celui qui revient le plus souvent dans le livre.
18:36Trahissant, évidemment, d'une véritable obsession.
18:38C'est tout le temps associé à la notion de parasite,
18:41d'infection, de tuberculose, de peste noire.
18:44Le juif est à l'origine de tous les mots.
18:46Pour lui, les juifs sont l'origine du mal.
18:50Ce livre, on comprend aussi en le lisant,
18:54ce livre Mein Kampf,
18:56que le premier des pays à abattre, c'est la France.
18:59La France, c'est le mot français.
19:00C'est le mot qui revient en rang 2 après les juifs.
19:05On sait très bien qu'Hitler n'a pas digéré ni la défaite,
19:08ni le traité de Versailles,
19:10qui a d'ailleurs humilié tout un peuple,
19:12et qu'il a promis qu'un jour l'Allemagne prendrait sa revanche.
19:15On y lit, notamment,
19:17« On rassemblera toute notre énergie
19:19pour une explication définitive avec la France.
19:22C'est alors seulement qu'on pourra mettre un terme
19:25à la lutte interminable qui nous oppose à la France,
19:28à la condition que l'Allemagne ne voit dans l'anéantissement de la France
19:32qu'un moyen de donner enfin à notre peuple
19:35toute l'extension dont il est capable. »
19:37Alors, en lisant ces lignes,
19:39on comprend que dix ans avant le déclenchement
19:41de la seconde guerre mondiale,
19:43on comprend que quelques Français,
19:45dont on va revenir sur qui sont-ils dans un instant,
19:48on comprend que ces Français comprennent
19:50qu'il faut publier ce livre
19:52pour que tout le monde réagisse finalement.
19:55Ces Français-là se disent « Tiens, c'est étrange,
19:57Hitler est au pouvoir, qui est-il vraiment ? »
19:59En même temps, on commence à parler du parti nazi
20:01depuis les années 1929.
20:03Avec la crise, ils ont commencé à avoir
20:05une grande audience en Allemagne
20:07et puis Hitler devient chancelier.
20:09Donc on se dit « Quelle est son idée ? »
20:11Et tiens, Hitler a écrit un livre.
20:13Allons voir dedans,
20:15sachant que la presse allemande ne cesse de dire
20:17« Si vous voulez savoir ce que Hitler va faire,
20:19lisez Mein Kampf. »
20:21Le parti nazi a un grand intérêt
20:23à ce que le livre se vende
20:25dans les caisses du parti, etc.
20:27Hitler s'achète comme ça, d'ailleurs,
20:29son fameux nid d'aigle grâce aux droits d'auteur.
20:31Parce qu'il faut bien avoir en tête
20:33qu'entre 1925 et 1933,
20:35le livre se vend un coup 8000,
20:37un coup 12000, un coup 15000,
20:39ce qui sont déjà des ventes très intéressantes
20:41pour cette époque-là, mais en 1933,
20:43c'est plus de 900 000 exemplaires d'un coup.
20:45Au moment où on parle, il a vendu un million d'exemplaires.
20:47Oui, exactement.
20:49C'est quand même colossal.
20:51Il serait intéressant qu'on s'y penche.
20:53Il se met le nez dedans
20:55et il se dit que,
20:57entre ce que Hitler n'arrête pas de dire
20:59sur la scène internationale qui est
21:01« Mais je veux la paix avec la France, soyons amis,
21:03je me bats, je vous tends la main,
21:05pourquoi ne la prenez-vous donc pas ? »
21:07Et bien, il se dit qu'il y a quelque chose
21:09qui ne va pas, Hitler nous ment.
21:11Avec un paradoxe encore plus fort
21:13et qui est flagrant quand on regarde l'histoire
21:15à postérior, il sait que le réarmement allemand
21:17commence extrêmement vite.
21:19Là, on est en 1934.
21:21Un an plus tard, l'Angleterre signe
21:23un traité avec l'Allemagne dans le dos de la France
21:25sans qu'elle soit consultée qui permet d'augmenter
21:27le tonnage de la marine allemande au mépris de tous les traités internationaux.
21:29Et le reste du réarmement va suivre
21:31à l'encan sans que ça ne pose de problème
21:33et que ça ne détonne avec
21:35le discours public du Führer.
21:37Tout le monde laisse faire.
21:39On le sait,
21:41l'esprit municois ne commence pas
21:43à Munich, il commence bien à l'avant.
21:45Déjà là, il est en germe.
21:47Parce que tout le monde a peur.
21:49Personne ne veut voir.
21:51Ils veulent tout ce qu'on appelle l'autruche.
21:53On se met la tête dans le sable
21:55pour ne revenir.
21:57On dit non, Hitler il a changé.
21:59Il a écrit ça en prison, il était plus jeune, plus énervé.
22:01Maintenant, il a des responsabilités.
22:03Il va se calmer.
22:05Dans un instant, on va se demander si l'issue de ce procès
22:07s'il avait été différente, aurait pu changer
22:09les plans de Hitler. Dans un instant,
22:11la suite du procès Mein Kampf,
22:13on va regarder qui étaient aussi ces hommes
22:15qui ont décidé de s'opposer à Hitler
22:17en 1934. Et puis, on va se demander
22:19pourquoi si peu de gens ont eu la curiosité
22:21de lire Mein Kampf.
22:23C'est tout de suite avec notre invité sur Sud Radio.
22:25Sud Radio. L'affaire dans l'affaire.
22:27Stéphane Simon.
22:29De retour dans l'affaire dans l'affaire.
22:31Votre rendez-vous du samedi midi
22:33sur Sud Radio pour regarder l'actualité
22:35judiciaire à la loupe.
22:37Même si aujourd'hui, nous remontons
22:39dans le temps, justement.
22:41Un rendez-vous en partenariat avec la revue
22:43Affaires Criminelles, en compagnie
22:45de Jean-Marie Bordoye. Toujours avec plaisir.
22:47Et de la journaliste d'investigation
22:49Jade Serrano. Bonjour Stéphane.
22:51Notre invité aujourd'hui
22:53est Harold Kober, auteur du livre
22:55Le Procès Mein Kampf, aux éditions
22:57Les Escales, que je vous recommande.
22:59On parle aujourd'hui archives judiciaires,
23:01on parle d'un procès oublié,
23:03un procès pourtant très important,
23:05un procès que le chancelier Adolf Hitler,
23:07via son éditeur,
23:09va faire à un autre éditeur français,
23:11celui-là, Fernand Sorlo,
23:13qui a pris l'initiative de publier,
23:15contre son gré, le livre Mein Kampf,
23:17traduit intégralement en français.
23:19Tout cela pour alerter
23:21l'opinion publique des dessins
23:23terribles d'Adolf Hitler.
23:25Hitler s'y oppose catégoriquement, car
23:27on l'a vu, il ne souhaite pas que soient dévoilés
23:29ses arrières-pensées sur la France, sur les Juifs.
23:31Et ils vont invoquer
23:33le respect du droit d'auteur pour
23:35interdire et faire saisir les exemplaires
23:37déjà imprimés. Hitler, au pays
23:39de la protection littéraire, va obtenir
23:41d'ailleurs gain de cause, n'est-ce pas ?
23:43Mais ces français qui ont
23:45décidé de défier Hitler et de publier
23:47cette édition pirate de Mein Kampf,
23:49qui sont-ils à rôle de cobert ?
23:51Alors c'est un attelage un petit peu étrange.
23:53Ça commence avec des anciens combattants,
23:55qui sont plutôt d'obédience
23:57à l'action française, certains antisémites,
23:59et qui se disent,
24:01et qui ont une germanophobie,
24:03qui ont une sacrée langue contre
24:05l'Allemagne post-1870
24:07et 1914,
24:09et ils disent, bon, Hitler nous ment,
24:11il faut qu'on fasse traduire ce livre-là,
24:13parce que personne ne voit le mal qui vient.
24:15Le problème, c'est que leur idée
24:17aussi, c'est de faire publier ce livre et de l'envoyer
24:19à tous les leaders d'influence,
24:21les hommes politiques, les sénateurs, les journalistes,
24:23des prêtres, des universitaires,
24:25pour qu'ils puissent en faire le relais dans
24:27l'opinion publique pour alerter.
24:29Sauf que, en faisant cela,
24:31il faut trouver un éditeur qui publie à perte,
24:33donc ils vont trouver tout de même, effectivement, Ferdinand Sorlo,
24:35qui leur dit, oui, très bien, mais je ne suis pas
24:37philanthrope. Et à partir de là,
24:39il faut trouver de l'argent pour financer
24:41ces 5000 exemplaires qui sont à publier.
24:43Et là, dans le réseau
24:45des anciens combattants,
24:47ils vont trouver Maurice Vanikoff,
24:49un personnage très important,
24:51même dans l'histoire
24:53de France, en fait, qui fait partie de ces
24:55très grands oubliés, qui est
24:57un juif immigré russe qui s'est engagé volontairement
24:59dans la guerre de 1914 et qui,
25:01depuis la fin du conflit, se bat
25:03pour la reconnaissance de l'apport du peuple juif
25:05à la victoire de 1914.
25:07Il a d'ailleurs créé un organe de presse qui s'appelle
25:09Le Volontaire Juif. Et dans
25:11ces connaissances et amis,
25:13il y a Bernard Lecage, qui vient de
25:15fonder la LICA,
25:17l'ancêtre de la LICRA.
25:19On rappelle que c'est la Ligue Internationale
25:21contre le racisme et l'antisémitisme.
25:23D'ailleurs, c'est incroyable
25:25de voir ces gens-là arriver
25:27autour de ce combat pour la parution
25:29de ce livre à faire cause commune avec des membres de l'Action Française,
25:31dont un paquet sont antisémites.
25:33Je crois que Lecage n'était pas tout à fait d'accord.
25:35Puis après, il a compris que les enjeux étaient
25:37beaucoup plus grands.
25:39Et très étrangement, je pense qu'on
25:41pourrait même se dire qu'en vrai,
25:43les militaires sont patriotes
25:45qui défendent la France, mais
25:47les juifs
25:49défendent aussi la France. Pourquoi ?
25:51Parce que d'où vient cette fameuse expression
25:53« heureux comme un juif en France ».
25:55Ça vient de la Révolution Française.
25:57Nous avons été le premier pays à faire des juifs,
25:59des citoyens, comme les autres.
26:01Ça veut dire que nous avons donné aux juifs le droit
26:03à l'indifférence.
26:05Le droit à l'indifférence est sans doute le plus beau
26:07de tous les droits. Ne pas être accusé de quoi que ce soit
26:09ou dégradé pour ce que l'on est.
26:11Et là, il y a quand même
26:13quelque chose qui m'a fait sourire aujourd'hui.
26:15Les deux hommes qui ont vraiment pesé
26:17dans la balance pour ça, c'est Mirabeau et Robespierre.
26:19Certaines personnes citent
26:21Robespierre à tour de bras,
26:23en ayant tout de même des attitudes un peu antisémites.
26:25Peut-être devraient-ils se poser des questions.
26:27On cite moins Mirabeau d'ailleurs, c'est moins à la mode.
26:29Alors, je voudrais qu'on revienne
26:31sur cet avocat incroyable
26:33qui s'appelle Philippe Lamour,
26:35qui est une jeune star de l'époque.
26:37C'est lui qui va défendre
26:39cet éditeur français, Sorlo,
26:41des nouvelles éditions latines.
26:43Je le dis, c'est l'avocat le plus brillant
26:45de l'époque. Mais il faut savoir qu'au début,
26:47il n'a pas envie de se mêler de cette affaire.
26:49Et même mieux que ça, il serait
26:51plutôt enclin, lui,
26:53parce qu'il a un plan de carrière,
26:55il serait plutôt enclin à défendre
26:57Hitler au début.
26:59Ah, défendre Hitler, peut-être pas,
27:01parce qu'il aime beaucoup la France
27:03et on sait que depuis le début,
27:05il se méfie de Hitler. Simplement,
27:07il pense que ce n'est pas son combat.
27:09Il me semble qu'il ne prend pas
27:11Hitler au sérieux. Il est un peu comme
27:13tous les Français, au fond, ils disent
27:15« Bon, Hitler a écrit ça, sans doute. En plus,
27:17il n'a pas lu Mein Kampf. Mais maintenant,
27:19la réalité du pouvoir va nécessairement
27:21le transformer. Et puis, comme c'est un jeune
27:23avocat, brillant, il a
27:25sa carrière, il pense d'abord à lui.
27:27Et puis, quand il découvre vraiment le fond
27:29de cette affaire-là, le danger que
27:31ça représente, il se dit que, peu importe sa
27:33propre carrière, que c'est aussi
27:35l'affaire d'une vie, qu'il peut peut-être se battre pour quelque chose
27:37de plus grand que lui. Et donc, au mépris
27:39d'aperdre, d'ailleurs. Parce que ce qui est
27:41incroyable, c'est qu'il va au procès
27:43en sachant très bien que le droit
27:45d'auteur est très protégé. Enfin, les auteurs
27:47sont très protégés en France. Et qu'il va
27:49vraisemblablement, le droit va...
27:51Enfin, pardon, mais la
27:53justice va laisser la force
27:55au droit, entre guillemets.
27:57Et donc, il va vraisemblablement perdre.
27:59Donc, il sait qu'il y va, mais
28:01il y va courageusement.
28:03Et puis, il est malin. Il a
28:05des stratégies, quand même, pour faire avancer sa cause.
28:07Il a des stratégies pour essayer de
28:09faire durer le procès le plus longtemps possible.
28:11Éventuellement, en plus, parce que là,
28:13ils ne sont qu'au tribunal de commerce.
28:15Parce que Hitler,
28:17comme vous l'avez très bien dit, passe par
28:19la voie commerciale, par la voie de
28:21contrefaçon, parce qu'il ne se voit
28:23pas du tout attaqué
28:25en son nom propre. Et surtout,
28:27parce que s'il fait ça, il est au pénal.
28:29Il doit être présent. Et un chancelier allemand
28:31ne va quand même pas s'abaisser
28:33au rang du commun des mortels.
28:35C'est quand même Adolf Hitler.
28:37Donc, il passe par cette voie-là. Mais Philippe Lamour
28:39espère pouvoir faire requalifier
28:41cette affaire-là pour aller au pénal et lui donner
28:43encore plus de voix
28:45et de lumière. Mais, malheureusement,
28:47il échoue à cela.
28:49Mais il va se battre jusqu'au bout
28:51et
28:53il se dit aussi que, parfois, pour pouvoir gagner,
28:55ce qu'il y a à gagner,
28:57c'est la prise de conscience
28:59et que ça vaut bien une petite défaite judiciaire
29:01et une entorse à son grand succès.
29:03Et c'est exactement d'ailleurs la stratégie qu'avait employée Hitler
29:05lors de son procès à la suite de sa tentative de
29:07putsch. C'est-à-dire que c'est son procès dont il avait
29:09fait une tribune qui lui avait permis
29:11de gagner la sympathie de beaucoup d'Allemands. Mais quel est le retentissement
29:13dans l'opinion publique française
29:15de ce procès Mein Kampf
29:17à ce moment-là ? Puisqu'on parle de prise de
29:19conscience, mais combien d'oreilles ça touche ?
29:21Malheureusement, très peu,
29:23je crois. Mais le procès, on en parle
29:25beaucoup. La presse en fait l'écho
29:27énormément. D'abord parce qu'effectivement, ça parle
29:29d'Adolf Hitler et parce qu'effectivement,
29:31Philippe Lamour est vraiment devenu une star
29:33du barreau. Notamment depuis qu'il a
29:35fait un procès
29:37retentissant contre le grand avocat Henri
29:39Thorez, qui est donc à l'origine avec
29:41Bernard Lecage de la création de l'ICA.
29:43Mais on voit que c'est une super star,
29:45que c'est un jeune homme très très doué.
29:47Et puis, il avait
29:49été l'avocat de Céznec
29:51aussi. On disait de lui que c'était
29:53le nouveau Zola.
29:55Donc il a une notoriété
29:57énorme qu'il met au service de cette cause-là.
29:59Malheureusement,
30:01il y avait déjà un esprit
30:03qui était capitulaire. On ne voulait pas
30:05voir. On espérait que la
30:07paix dure finalement, que la raison
30:09l'emporte. D'ailleurs, à ce titre,
30:11le jugement de Piketty, il y a une phrase
30:13très très belle dedans.
30:15C'est le président du tribunal de la Seine, pardon.
30:17Qui explique, il dit,
30:19dans un pays civilisé, une phrase commence comme ça.
30:21On ne peut pas, donc,
30:23aller contre le droit.
30:25Et c'est tout le
30:27problème entre nous,
30:29et puis l'Angleterre et d'autres, où nous sommes
30:31des vraies démocraties à cette époque-là,
30:33et où Hitler est en train de mettre en place
30:35un état racial barbare.
30:37Donc est-ce que le fait d'être civilisé
30:39tient contre... C'est ça l'incroyable leçon de ce
30:41procès aussi, c'est que Hitler
30:43à longueur de discours dit que
30:45finalement le droit c'est le service du peuple
30:47et que tout ce qui va contre les
30:49intérêts du peuple, eh bien c'est
30:51injuste. Et donc, c'est cet
30:53homme-là qui se sert du droit en
30:55France pour, lui,
30:57empêcher l'apparition de Mein Kampf.
30:59C'est quand même une ironie incroyable.
31:01Et éradiquer un peuple entier en plus.
31:03Mais est-ce qu'on peut dire, à la lecture de votre livre,
31:05que, eh bien,
31:07si
31:09entre guillemets, le droit avait été
31:11un petit peu moins respecté,
31:13le cours de l'histoire aurait peut-être changé ?
31:15Le cours de l'histoire ?
31:17Peut-être pas, parce qu'il me
31:19semble que, malheureusement, cet esprit
31:21jusqueboutiste, dans le
31:23pacifisme, dans la volonté que la paix
31:25perdure, aurait laissé
31:27à Hitler le temps d'eux.
31:29Mais, malgré tout, si
31:31effectivement le juge...
31:33On est quand même en
31:351934, je le rappelle, il va
31:37commencer à réarmer progressivement.
31:39Mais on n'est pas en 1939.
31:41On lui laisse 4 ans.
31:43Si on avait, dès le départ,
31:45pris la mesure du danger que représentait
31:47Hitler, la France aurait pu commencer
31:49à se réarmer. Je rappelle que la France
31:51commence à se réarmer simplement en
31:5336 avec le Front Populaire.
31:55Mais ça pose beaucoup de problèmes, parce que vous avez aussi
31:57une organisation des usines avec la semaine de
31:5940 heures, donc on perdra beaucoup de temps. Dans le fait,
32:01la défaite de la France est complètement
32:03improbable, quand on regarde le point d'où on part
32:05et le point d'où on arrive, mais il se trouve
32:07malgré tout que vous avez une espèce d'enchaînement implacable
32:09qui fait qu'on aurait eu
32:11beaucoup de mal à l'empêcher.
32:13Dans votre livre, ce qui est merveilleux aussi, c'est que c'est une fresque
32:15de l'époque, évidemment, et on croise
32:17le personnel politique de l'époque.
32:19Vous les faites parler,
32:21c'est bien mené tout ça, et ils
32:23veulent tous le minimum d'emmerdes.
32:25On est dans le pas de vaguisme avant l'heure.
32:27Oui, parce que
32:29ils se disent, non, on ne veut pas énerver
32:31Hitler, il faut absolument trouver une solution.
32:33Non, ça n'est pas possible. En plus, il nous dit
32:35qu'il veut faire la paix.
32:37Donc non, non, non, non, il faut absolument
32:39que tout ça s'aplanisse et s'oublie,
32:41si possible.
32:43Pourtant, les discours du Führer, ils ont un certain retentissement
32:45en France.
32:47Oui, mais j'ai l'impression que personne ne voit
32:49la décorrélation entre ce qu'il
32:51ose dire sur la scène internationale
32:53et tous les discours
32:55qu'il dit en Allemagne.
32:57Il se demande si ce n'est pas juste quelque chose pour électriser
32:59son peuple ou quoi.
33:01Ce qu'on ne veut pas voir, c'est dire qu'on est dans un pays
33:03qui est traumatisé. Vous avez la crise économique et chaque
33:05famille de France est endeuillée. Chaque famille.
33:07Vous le voyez sur les numéros en morts 20 ans avant
33:09par la guerre, on n'a pas envie que ça recommence.
33:11Alors, dans un instant, on va parler un peu
33:13de ces gens, des partisans de
33:15Maurras, ces royalistes qui vont s'opposer
33:17à Hitler. C'est très inattendu, ça.
33:19Très, très inattendu. Mais ça me
33:21fait penser à
33:23l'équipage, les premiers équipages de gens
33:25qui partiront avec le général de Gaulle.
33:27On a, a posteriori,
33:29réécrit un peu l'histoire en disant que les militants
33:31communistes étaient rentrés en résistance
33:33tôt. Mais ce n'est pas vrai.
33:35C'est les premiers à résister.
33:37Ce sont les gens
33:39de l'Action Française. On va voir qu'ils ont
33:41eu un rôle important dans
33:43cet attelage pour
33:45faire sortir, malgré l'opposition
33:47d'Hitler, ce livre.
33:49On va parler, évidemment,
33:51d'un autre livre qui est sorti un peu plus tard.
33:53Hitler m'a dit.
33:55Et dans un instant, vous avez compris,
33:57on parle du procès Mein Kampf,
33:59qui aurait pu changer quand même la face du monde.
34:01A tout de suite sur Sud Radio.
34:03Sud Radio. L'affaire dans l'affaire.
34:05Stéphane Simon.
34:07De retour dans l'affaire dans l'affaire.
34:09Une émission en partenariat avec la revue
34:11Affaires Criminelles, en compagnie de
34:13Jean-Marie Bordry et de la journaliste enquêterite
34:15Jade Serrano. Rebonjour à tous les deux.
34:17Rebonjour. Notre invité
34:19aujourd'hui est Harold Kober, auteur du
34:21livre Le Procès Mein Kampf.
34:23Aux éditions Les Escales, un procès
34:25qui a eu lieu à Paris en 1934
34:27mais que nous avons évidemment
34:29oublié. Et pourtant, c'est un procès
34:31qui aurait pu, je le disais, changer
34:33peut-être le cours de l'histoire
34:35si on avait pris au sérieux
34:37l'initiative de ces Français
34:39qui ont voulu contre
34:41la volonté d'Hitler. C'est quand même dans l'histoire
34:43assez rare de voir un auteur s'opposer
34:45à la parution de son propre livre.
34:47De mémoire, mais peut-être que je me trompe,
34:49je crois que c'est le premier cas. Je crois qu'il y en a eu un autre
34:51mais c'est le premier cas historiquement.
34:53On rappelle qu'Adolf Hitler ne veut
34:55surtout pas qu'on publie Mein Kampf en France
34:57parce qu'évidemment, à l'intérieur, il y a
34:59tous ces projets pour, d'abord
35:01contre les Juifs, évidemment,
35:03dont on sent la haine au fil des pages
35:05et évidemment aussi
35:07son grand projet qui est aussi
35:09d'en finir aussi avec la France.
35:11Donc on comprend pourquoi il s'acharne et il s'appuie sur le
35:13droit français parce qu'il a trouvé ça dans le droit commercial
35:15avec son éditeur pour
35:17empêcher la parution de ce
35:19livre. Alors, on le disait,
35:21c'est un drôle d'équipage
35:23qui va passer outre
35:25la volonté du Führer et qui va
35:27publier l'édition intégrale.
35:29Ce qui est amusant, c'est qu'ils font
35:31traduire, y compris
35:33les pages les plus
35:35lointaines de l'intérêt des Français
35:37et les pages les plus lourdes.
35:39Ils font vraiment un travail
35:41d'exactitude
35:43pour sortir ce livre
35:45afin d'être absolument irréprochable.
35:47Ah oui, tout à fait. Et même le tribunal
35:49dans sa décision
35:51note que
35:53la fiabilité de la traduction ne peut être
35:55mise en cause. Ils ont vraiment traduit avec un...
35:57L'un des deux traducteurs, André
35:59Calmette, est un polytechnicien
36:01germaniste distingué et il
36:03est vraiment ultra calé.
36:05Il le traduit très bien et le but du jeu
36:07c'est que les Français aient accès à l'intégralité
36:09du texte qui leur a été refusé
36:11notamment et surtout par son auteur
36:13jusqu'alors. Dans cette
36:15équipée, il y a ce fameux avocat
36:17Philippe Lamour qui est la jeune
36:19star du barreau à l'époque
36:21mais il y a aussi des partisans de
36:23Maurras. Et là, évidemment, on a
36:25peine à y croire. Des royalistes
36:27qui s'opposent à Hitler
36:29quand on sait plus tard que Charles Maurras
36:31va soutenir Pétain. C'est assez
36:33inattendu mais ça fait
36:35écho quand même, je le disais à quelques
36:37instants, à ceux qui sont partis avec
36:39le général de Gaulle. Il y a eu une
36:41résistance très précoce
36:43chez les royalistes
36:45contre Hitler.
36:47Oui, parce qu'ils sont
36:49nationalistes et patriotes donc ils ont tout de suite
36:51voulu se dresser contre Hitler.
36:53Et anti-allemand souvent à l'époque aussi.
36:55Ça aide à l'époque.
36:57D'ailleurs, il y a dans plusieurs textes
36:59malheureusement son nom m'échappe
37:01mais il est raconté que lorsque
37:03certains d'entre eux arrivaient
37:05sur le tarmac à Londres
37:07la première question que le général de Gaulle
37:09posait c'était « avez-vous voulu Mein Kampf ? »
37:11et les gens disaient souvent non. Ils disaient « il va falloir commencer par ça
37:13pour comprendre qui est notre adversaire. »
37:15Mais en tout cas c'est intéressant
37:17parce que vous racontez bien ces personnages
37:19et on s'aperçoit
37:21que l'histoire c'est tout le contraire
37:23de la vision manichéenne de l'histoire.
37:25Il n'y a pas d'un côté le camp du bien et
37:27de l'autre côté le camp du mal.
37:29C'est plus compliqué que ça et parfois
37:31il y a des gens de tous les camps qui ont la même
37:33cause commune.
37:35Des deux côtés d'ailleurs.
37:37Après ils ont la même cause commune mais ils n'ont peut-être pas les mêmes
37:39motivations pour pouvoir servir
37:41cette cause mais ce qui est très intéressant
37:43c'est que quand on compare à
37:45l'époque actuelle, aujourd'hui on
37:47cherche toujours le plus grand diviseur commun
37:49histoire qu'on se tape tous dessus
37:51tout le temps au lieu de chercher
37:53notre plus petit dénominateur commun.
37:55Et David Koubi
37:57un jeune avocat français aussi
37:59brillant, très brillant, dont on se souvient
38:01dans l'affaire Kerviel et qui a
38:03un petit côté Philippe Lamour
38:05d'ailleurs par son insolence au sens français
38:07du terme, avait écrit
38:09un livre il y a quelques années qui s'appelait
38:11Une contestation française et il avait cette théorie là
38:13que plutôt que de vouloir toujours chercher tout ce qui
38:15nous rassemble, on devrait s'allier sur nos
38:17contestations compatibles
38:19disait-il. C'est-à-dire
38:21être d'accord sur ce sur quoi on
38:23n'est pas d'accord et que peut-être
38:25ça pourrait nous aider à avancer dans le bon sens.
38:27Alors vous, vous parlez de cet avocat
38:29Philippe Lamour et de
38:31son pendant aujourd'hui David Koubi
38:33il y a une question
38:35que l'avocat Philippe Lamour pose au tribunal
38:37et au président
38:39Piketty dans votre livre
38:41c'est est-ce qu'il n'y a pas au-dessus du droit
38:43positif un droit naturel
38:45qui pourrait s'imposer
38:47quand le droit positif finalement
38:49échoue à accomplir ce qui est
38:51juste ? C'est toute la
38:53question de la tragédie d'Antigone
38:55qui veut enterrer son frère mais son frère
38:57a bafoué les lois alors que quand même son autre
38:59frère etc. et qui revendique
39:01un droit naturel non écrit par rapport au
39:03droit dit positif qui est donc le droit écrit
39:05mais ça c'est une vraie question c'est-à-dire que
39:07jusqu'à quel point
39:09les normes juridiques peuvent être décorrélées
39:11des mœurs et souvent on a du mal à comprendre
39:13il me semble les décisions
39:15judiciaires parce que nous, simples citoyens
39:17nous jugeons toujours en morale
39:19voire lorsque nous ne sommes pas très très en forme
39:21en moraline tandis que
39:23la justice elle juge en droit. C'est pas la
39:25même chose. Mais est-ce qu'on aurait pas pu à un moment ou un autre
39:27plaider la liberté d'informer tout simplement
39:29un journal hostile
39:31à Hitler ou au nazisme aurait pu
39:33publier les bonnes feuilles d'autorité
39:35d'un livre en expliquant
39:37nous devons vous informer, vous lecteurs
39:39de ce que nous réserve le nouveau
39:41Mais il aurait fallu que ce soit un journal qui le fasse
39:43mais dans ces conditions. Même dans Citation à la haine
39:45aussi. Mais je pense qu'à cette époque
39:47nous aurons manqué d'un
39:49Georges Clemenceau qui lui sans doute fait lui
39:51mais à cette époque là il semble pas qu'il y ait
39:53de personnalité ni politique
39:55ni journalistique de cette envergure.
39:57Alors on découvre dans votre livre que le tribunal de la Seine
39:59bah c'est pas le tribunal de l'histoire
40:01donc ce sont quand même des juges
40:03qui sont un peu sous influence
40:05ils rencontrent le personnel politique
40:07ils rencontrent aussi Philippe Lamour
40:09ça tripatouille pas mal
40:11quand même l'époque.
40:13Oh je suis pas sûr que ce soit très différent aujourd'hui
40:15entre vous et moi. Pour revenir précisément
40:17à notre ami David
40:19David Kuby, il me semble que certains juges
40:21du parquet financier pendant l'affaire
40:23Kerviel ont peut-être pu recevoir quelques pressions
40:25de notre classe politique. Vous avez raison de dire
40:27qu'il y a beaucoup de
40:29parallèles et de passerelles entre cette époque
40:31et l'époque que l'on traverse.
40:33C'est vrai. Et oui et
40:35notamment dans l'instabilité politique parce que ce qui était
40:37caractéristique de cette époque là, la Troisième
40:39République, c'était cette instabilité
40:41gouvernementale permanente avec laquelle
40:43nous avons hélas renoué depuis
40:45un certain temps. Et puis
40:47il y avait cet antisémitisme
40:49admis. C'est-à-dire qu'on pouvait
40:51se dire humaniste mais anti-juif.
40:53Tout ça c'était tout à fait normal.
40:55Avant de donner la parole à Jade Serrano
40:57qui va nous parler d'un autre livre qui a tiré
40:59la sonnette d'alarme à l'époque qui
41:01s'appelle Hitler Madi, qui a eu un certain
41:03retentissement quand même. Je voudrais qu'on
41:05dise un mot sur Mein Kampf parce que
41:07à l'époque, en 1934,
41:09il y a déjà un million d'exemplaires
41:11qui se sont écoulés. Vous rappeliez que
41:13les Allemands achètent ça
41:15à tour de bras pour savoir ce
41:17qu'on leur réserve.
41:19Mais aujourd'hui encore, Mein Kampf
41:21se vend et se vend
41:23pas petitement.
41:25En plus, en vrai, Mein Kampf n'a jamais
41:27été interdit en France. Tout le monde pense que c'était
41:29un livre qui était interdit. Ça n'a jamais été interdit.
41:31C'est-à-dire, vous rappelez que
41:33en 1936, Fayard a récupéré
41:35les droits, je crois.
41:37Hitler a autorisé une traduction officielle
41:39en 36 qui a été publiée en
41:4138. Le texte est passé de mon combat à
41:43ma doctrine et a été déminué
41:45de moitié. Parce que Hitler,
41:47dans les 14 droits de traduction qu'il avait cédés
41:49en 33, sauf à la France,
41:51il le retranchait en fonction du pays
41:53où il publiait, ce qui pouvait
41:55éventuellement donner trop la puce à l'oreille
41:57sur ses ambitions internationales.
41:59Mais, en revanche, Mein Kampf... Hitler est mort
42:01mais pas son livre. Il a continué de vivre
42:03très très très longtemps.
42:05Et il a une double fonction, aujourd'hui, qui est très très
42:07étonnante. C'est d'abord
42:09le viatic idéal pour toutes
42:11sortes de haines. Il suffit de changer le mot juif
42:13par le mot que l'on veut
42:15pour désigner
42:17à la vindicte
42:19une minorité. Mais, l'un des endroits
42:21où il est le plus vendu, c'est
42:23en Turquie, au Pakistan,
42:25etc. Donc, c'est aussi
42:27l'une des meilleures boussoles. En Palestine aussi,
42:29paraît-il. Dans les territoires palestiniens.
42:31Exactement. Mais pourquoi ?
42:33Parce que je sais que
42:35on sait peu, en vrai,
42:37qu'on croit que tous les nazis sont partis
42:39en Amérique du Sud.
42:41Une grande partie sont partis dans les pays arabes.
42:43Et sous
42:45Nasser, l'un de ses conseillers spéciaux était
42:47un ancien dignitaire nazi,
42:49dont le premier acte a été de publier Mein Kampf
42:51en arabe.
42:55Aujourd'hui, je sais qu'en 2004,
42:57ça a été republié en Turquie. Et la première
42:59année, chez les 18-30 ans,
43:01il y a eu 50 000 exemplaires
43:03de vendus. C'est considérable.
43:05Antoine Wittgen, qui avait fait un excellent documentaire
43:07sur le sujet qui s'appelait Mein Kampf, s'était écrit.
43:09Il interviewait
43:11certains de ces jeunes qui avaient lu et aimé
43:13ce livre-là. Et leur réponse
43:15a été « Hitler a tout compris du problème juif ».
43:17Vous avez eu le même phénomène
43:19avec le protocole des sages de Sion qui a été
43:21republié à peu près partout dans le monde
43:23alors que c'était un faux antisémite.
43:25Et les protocoles des sages de Sion qui sont dans la charte
43:27du Hamas. Il faudrait quand même que l'on s'interroge aussi
43:29sur cela.
43:31Alors, Jade Serrano, il y a un autre
43:33livre qui a
43:35alerté à l'époque.
43:37Ça s'appelle Hitler Madi.
43:39Hitler Madi, écrit par Hermann
43:41Reuschning en 1939.
43:43Publié à Paris
43:45puisque qui est Hermann Reuschning ?
43:47C'est un homme politique et un écrivain
43:49politique qui faisait partie
43:51du parti socialiste,
43:53du parti nazi créé par Hitler
43:55de 1932 à 1934.
43:57En 1934,
43:59il se porte dissident
44:01et devient exilé politique
44:03aux Etats-Unis, en Angleterre, mais
44:05aussi en France. Et c'est en décembre
44:071939 qu'il décide d'écrire et de publier
44:09Hitler Madi.
44:11Ce seraient des confidences que le Führer
44:13lui aurait fait sur, notamment,
44:15ses dessins macabres
44:17à l'égard de la population chrétienne
44:19et non pas juive.
44:21On a énormément jeté
44:23le discrédit sur cet ouvrage,
44:25jusque dans les années 70, où tous
44:27les historiens se sont accordés pour dire
44:29que non, Hermann Reuschning
44:31n'avait jamais rencontré Hitler directement.
44:33Il l'avait vu à quatre reprises
44:35lors de réunions, d'assemblées,
44:37mais qu'ils ne s'étaient jamais rencontrés
44:39en face à face.
44:41Ça raconte un peu, finalement,
44:43mais c'est en 1939, c'est un peu plus tard.
44:45L'argument des historiens
44:47peut être contrecarré,
44:49se dire, lors des assemblées, peut-être que
44:51Hitler a parlé de projets
44:53concernant la chrétienté et son envie
44:55d'en découdre. Il est vrai que ces biographes
44:57s'accordent sur un point,
44:59Hitler rejette le catholicisme.
45:01Il croit en un dieu,
45:03un dieu unique, qu'il appelle la Providence,
45:05c'est son délire. Mais il est plutôt païen.
45:07Il est plutôt païen, mais surtout,
45:09n'oublions pas qu'après les Juifs,
45:11l'Holocauste concernait la population de Ziganes,
45:13éminemment chrétienne.
45:15Alors, merci de nous avoir
45:17rappelé cette autre
45:19actualité
45:21éditoriale.
45:23Harold Kober, Le Procès Mein Kampf,
45:25je rappelle que c'est publié
45:27aux escales. C'est un excellent
45:29ouvrage qui raconte vraiment,
45:31je dirais, au fil des jours
45:33ce procès incroyable
45:35qui aurait pu quand même
45:37permettre d'alerter l'opinion
45:39si le tribunal n'avait pas
45:41finalement donné
45:43raison à l'éditeur d'Hitler
45:45et décidé que l'on saisisse
45:47tous les exemplaires de Mein Kampf
45:49à l'époque. Et alors,
45:51très brièvement,
45:53curieusement, ce tribunal
45:55de Seine va rendre un
45:57jugement, mais vraiment
45:59mi-chèvre, mi-chou.
46:01Mi-chèvre, mi-chou, mais on peut d'ailleurs le
46:03comprendre comme si
46:05la justice française disait
46:07« Ok, nous sommes un pays civilisé, nous respectons
46:09le droit, en plus nous sommes le pays du droit,
46:11d'auteur, c'est nous. Mais nous ne sommes pas
46:13dupes, monsieur Hitler. » Absolument.
46:15Merci Harold d'avoir été avec nous.
46:17Merci à vous d'avoir reçu.
46:19Juste un mot pour dire que ce
46:21débat philosophique, on l'a eu aussi.
46:23Est-ce qu'un état civilisé doit
46:25se battre avec les armes du droit ou non contre une dictature
46:27ou la barbarie ? On a eu le même débat après
46:29les actes terroristes, lorsqu'il s'est agi
46:31ou non de remettre en cause l'état de droit. C'est exactement
46:33les mêmes débats et les mêmes termes.
46:35C'était un débat passionnant.
46:37Vous pouvez retrouver notre émission sur la chaîne Youtube
46:39de Sud Radio, évidemment. On se retrouve
46:41la semaine prochaine. Et tout de suite,
46:43c'est Alain Marti, changement de paysage
46:45qui nous amène sur les routes des vins de France.
46:47Notre patrimoine viticole, et lui, pour le
46:49coup, on l'aura toujours. Et à consommer avec
46:51modération. Bien sûr. Toujours.
46:53Allez, à tout de suite sur Sud Radio.

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