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Retrouvez L 'Affaire dans l'affaire, tous les samedis de 12h et 13h sur les ondes de Sud Radio, en partenariat avec la revue Affaires Criminelles de McSkysz.

Avec Michel Bourlet, procureur du roi et Néguineva Momeni, l'une des victimes de Jean-Michel Desbordes.
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##L_AFFAIRE_DANS_L_AFFAIRE-2025-03-22##

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TV
Transcription
00:00Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
00:04Bonjour à tous, bienvenue pour votre rendez-vous du fait divers, du fait de société avec l'actualité
00:10des grandes affaires.
00:11Une émission que nous réalisons en partenariat avec la revue Affaires Criminelles et avec
00:16moi aujourd'hui, Jade Serrano, journaliste d'investigation.
00:20Bonjour Stéphane Simon.
00:21Et Jade, félicitations, vous publiez une enquête passionnante dans cette revue Affaires
00:26Criminelles sur les couples criminels.
00:27On va en parler aujourd'hui.
00:29Nous allons vous parler de ce sujet qui fait la une de la revue, les couples criminels
00:34unis pour tuer.
00:35Car Jade, cela existe ce compagnonnage dans l'abomination.
00:40Oui, on connaît bien sûr l'œuvre criminelle émanant d'un individu marginalisé et seul,
00:47mais finalement les binômes, même les trios et les réseaux, existent aussi dans la criminalité.
00:52Alors, nous allons vous parler aujourd'hui de deux affaires en particulier, l'affaire
00:56de l'ogre de Charleroi, Marc Dutroux, et sa compagne Michèle Martin, ce couple qui
01:02a traumatisé la Belgique et la France.
01:04Le nom de Marc Dutroux est tristement célèbre évidemment.
01:07Sa femme, Michèle Martin, surnommée la servante du diable, l'est nettement moins.
01:13Et pourtant ce couple a agi ensemble et a organisé la séquestration et le viol d'au
01:18moins sept fillettes dans les années 90.
01:20Seules deux d'entre elles auront la vie sauve.
01:23Vous allez voir que le rôle de Michèle Martin n'est pas tout à fait celui d'une femme
01:27soumise et qu'elle a joué un vrai rôle aux côtés de Marc Dutroux.
01:31Et puis nous parlerons dans la deuxième partie de l'émission du violeur Jean-Philippe
01:35Desbordes, ce journaliste professeur d'aïkido qui a pu martyriser ses belles-filles avec
01:41la complicité de sa compagne.
01:43C'est une interview exclusive que nous vous proposerons tout à l'heure, celle de Neguineva,
01:48dont l'adolescence a été massacrée par le journaliste Jean-Philippe Desbordes.
01:52Ce sera dans la deuxième partie de l'émission, mais tout de suite, parlons de Marc Dutroux,
01:56de sa compagne Michèle Martin, un couple criminel uni pour tuer.
02:00Dans un instant, nous allons retrouver le procureur du roi qui a supervisé l'enquête
02:06sur Marc Dutroux.
02:07Mais si vous le voulez bien, commençons par rappeler les faits.
02:09C'est un récit de Jade Serrano.
02:14Le nom de Marc Dutroux, l'ogre belge, est tristement célèbre, mais celui de sa femme
02:18et complice Michèle Martin l'est nettement moins.
02:21Pourtant, ce duo infernal a organisé la séquestration et le viol de sept fillettes dans les années 90.
02:27Contrairement à son ex-mari, Michèle Martin est libre depuis plus de dix ans.
02:31Celle dépeinte par la presse comme la servante du diable, l'était-elle vraiment ?
02:39Michèle est la fille unique d'Auguste Martin, employé postal et de Henriette Puers, comptable.
02:45A l'instar de Marc Dutroux, dès sa naissance, la petite Michèle est choyée.
02:50Bonne élève à l'école, son entourage la décrit comme une enfant au comportement exemplaire.
02:55Une seule ombre au tableau.
02:57A l'âge de six ans, son père, Auguste Martin, meurt dans un accident de la route.
03:02Michèle Martin est donc élevée seule par sa mère, mais d'après ses dires, n'a jamais manqué de rien.
03:07Bien au contraire, elle grandit dans un environnement sécurisant et aimant.
03:12Vers l'âge de 17 ans, la surprotection d'Henriette, sa maman commence à lui peser.
03:16Michèle veut découvrir le monde, mais cette dernière l'en empêche farouchement.
03:21Alors, quand à 23 ans, elle rencontre Marc Dutroux et part vivre avec lui,
03:25Henriette le considère responsable de l'enlèvement de sa fille.
03:28Elle déteste Dutroux et s'oppose à leur relation.
03:32Michèle n'est pas la première compagne de Marc, il a déjà deux enfants
03:36quand il la rencontre d'une précédente union avec Françoise Dubois,
03:40qu'il rencontre à la patinoire en 76.
03:42A cette époque, son casier judiciaire n'est pas vierge.
03:45Dutroux est connu des services de police comme un simple délinquant,
03:48il vole des voitures et a déjà été incarcéré plusieurs mois pour ce motif.
03:53Sa première épouse, Françoise Dubois, ne fait pas état dans leur relation intime
03:57de déviance sexuelle particulière, ni même de fantasmes en lien avec la violence,
04:01encore moins la pédophilie.
04:03En 83, quand il rencontre Michèle Martin, c'est le coup de foudre immédiat.
04:08Pour elle, il quitte sa femme et ses deux enfants.
04:12Aux côtés de Michèle Martin, Marc devient Dutroux.
04:16Elle sera son fer valoir vers le crime, il sera son roc face au monde.
04:26A l'époque, leur mode opératoire criminel se dessine.
04:30Ensemble, ils sillonnent les routes belges à la recherche de proies juvéniles,
04:35vierges selon les volontés de Dutroux.
04:37Michèle conduit, Marc enlève.
04:41Mais comme les jeunes filles peuvent se débattre,
04:43le couple décide de payer une connaissance pour aider Marc
04:46à monter ses victimes dans la camionnette.
04:48Une fois dans leur filet, Michèle Martin reprend la route,
04:52direction Marcinelle, leur maison commune.
05:00Oui, Marc Dutroux et Michèle Martin vont finir par être arrêtés.
05:03Mais dix ans plus tard, tous les deux, ils feront au moins sept victimes.
05:10Le 15 août 1996, la Belgique va découvrir l'impensable.
05:15Un homme de 40 ans, déjà connu et condamné pour enlèvement et viol sur mineurs,
05:20vient d'être arrêté avec sa femme.
05:22Ce couple, c'est Marc Dutroux et Michèle Martin.
05:27Il serait coupable de l'enlèvement, de viol, de torture avec acte de barbarie
05:31et d'assassinat commis sur six jeunes filles,
05:34toutes disparues et recherchées activement depuis des mois.
05:38Anne, Effieux, Julie, Mélissa, Sabine et Laetitia.
05:43En garde à vue, Marc Dutroux, Michèle Martin et deux complices
05:47avouent l'horreur aux enquêteurs.
05:50Le monstre de Charlevoix va même leur faire une confidence.
05:54Deux jeunes filles prises au piège dans sa maison de Marcinelle,
05:57une ville wallonne de 24 000 habitants, y sont encore.
06:01Arrivés sur les lieux, les forces de l'ordre n'en croient pas leurs yeux.
06:05Dutroux les conduit à la cave.
06:08Face à un mur plein d'étagères en acier,
06:11il tire sur la première planche et déploie sa macabre invention.
06:15Derrière le faux établi, une cache, un trou, des escaliers
06:20et un silence de mort.
06:23Au fond recroquevillé se trouvent bien les deux petites filles.
06:28Il s'agit de Sabine, 12 ans, disparue depuis 79 jours, et de Laetitia.
06:34A la télévision, leurs parents avaient suscité l'émoi,
06:37implorant de retrouver leurs enfants.
06:40L'image de leur sauvetage et des retrouvailles avec leur famille font le tour du monde.
06:44Elles vont devenir les héroïnes de la Belgique.
06:47Marc Dutroux, lui, devient le monstre de Charlevoix.
06:51Le 17 juin 2004, la voix de Jean-Denis Lejeune,
06:54le père de Julie enlevée, violée et tuée par Marc Dutroux,
06:57résonne dans la salle d'audience du tribunal pénal d'Arlon.
07:01Ce n'était pas une série télévisée, mais une histoire vraie.
07:05Face à la cour pénale, le couple diabolique va expliquer leurs liens.
07:10Marc Dutroux, d'abord.
07:12Avec Michel, c'était différent.
07:14Une connivence différente des autres, si on veut.
07:17Je ne sais pas expliquer.
07:19Je suis très attachée à Michel. C'est celle qui compte.
07:22J'ai enfin pu faire ma jeunesse avec elle.
07:25Et à Michel Martin d'ajouter.
07:28Marc m'avait fait part d'enlever des jeunes filles.
07:30Il m'a aussi évoqué un, voire plusieurs viols d'auto-stoppeuses.
07:33Ainsi que ses idées d'inceste concernant notre seule fille, Céline.
07:36Il était obnubilé par l'idée d'avoir des filles vierges.
07:39Il ne voulait pas passer après d'autres.
07:41Et je le savais.
07:43Marc Dutroux et Michel Martin vont écoper
07:45de 30 ans de réclusion criminelle à perpétuité.
07:48Mais 8 ans plus tard, coup de tonnerre.
07:53Michel Martin bénéficie d'une libération conditionnelle.
07:56La voilà libre.
07:58Elle n'aura réalisé qu'un peu plus de la moitié de sa peine.
08:01Et aura déjoué tous les rouages judiciaires.
08:04En se faisant passer pour la femme manipulée par le monstre de Charles Roy.
08:09Et emplie de remords.
08:11Pourtant, les experts psychiatres sont formels.
08:14Michel Martin est insensible au mal qu'elle cause.
08:17A ses yeux, seule elle et sa famille comptent.
08:20Quant à Marc Dutroux, lui, il est toujours en prison.
08:24Encore soumis à l'isolement près de 30 ans après son incarcération.
08:32Merci Jade Serrano.
08:34Alors nous sommes en ligne avec Michel Bourlet, procureur du roi.
08:38C'est-à-dire qu'il a dirigé l'information judiciaire.
08:42Michel Bourlet, bonjour.
08:45Alors comme le veut le droit belge,
08:47vous avez reçu tous les mois pendant la totalité de sa peine, soit 8 ans,
08:51Michel Martin, que vous avez auditionné.
08:54On a envie de vous demander, qui est-elle ?
08:56Est-ce que c'est une psychopathe comme son mari ?
08:59Quelle évolution vous avez pu constater ?
09:02Oui, vous vous rappelez, en Belgique,
09:05une dénonciation préventive doit être confirmée tous les mois.
09:09C'est un petit peu évolué depuis.
09:11Mais enfin ici, en 96, c'était le cas.
09:16Et tous les mois, tous les inculpés qui étaient sous mandat d'arrêt,
09:21en l'occurrence, tous au départ,
09:25et puis Dutroux, Martin, Lelievre, jusqu'à la fin,
09:29donc jusqu'en 2003,
09:34de l'arrêt de renvoi sous les liens du mandat d'arrêt devant la cour d'assises
09:38par la Chambre des ministères de l'Eglise.
09:40Donc nous avons dû confirmer le mandat d'arrêt
09:46avec chaque fois le rapport du juge d'instruction.
09:49Les réquisitions du procureur de droit
09:53et les défenseurs, évidemment, qui plaidaient.
09:57Martin n'a jamais plaidé.
09:59Elle consentait à comparer les détenus.
10:07Bon, l'instruction a duré relativement longtemps puisque...
10:11Mais on a envie de vous demander quel genre de femme c'est,
10:15parce qu'évidemment, vous avez pu...
10:18C'était une femme qui était éduquée.
10:21Elle était enseignante.
10:25Donc ce n'était pas un Carmonte.
10:29Elle avait vécu sous l'emprise quand même de sa mère.
10:36Et lorsqu'elle a connu Dutroux dans sa jeunesse,
10:41elle est déjà tombée assez rapidement dans la délinquance
10:46puisque, comme vous le savez, en 85, dans les années 80,
10:50ils ont été condamnés tous les deux
10:53par la Cour d'appel de Mons à de lourdes peines de prison
10:57pour l'enlèvement, la séquestration et le viol de plusieurs mineurs.
11:02Et elles ont été laissées vivantes.
11:05Absolument, et ça n'a été que le début, je vais dire la continuation de leur amour
11:09puisqu'ils vont avoir trois enfants ensemble.
11:11On va continuer à en parler avec vous, Michel Burlet.
11:14Je rappelle que vous êtes procureur du Roi, vous étiez en charge de l'enquête.
11:17L'Affaire dans l'Affaire revient tout de suite sur Sud Radio
11:19pour vous parler des couples criminels.
11:22Sud Radio, l'Affaire dans l'Affaire, Stéphane Simon.
11:26De retour dans l'Affaire dans l'Affaire,
11:28une émission en partenariat avec la revue trimestrielle Affaires Criminelles.
11:33Je suis avec Jade Serrano, journaliste enquêtriste.
11:37Rebonjour, Jade.
11:38Rebonjour, Stéphane Simon.
11:39Nous parlons aujourd'hui de ce qu'il fait la une de notre partenaire.
11:44Nous parlons aujourd'hui des couples criminels,
11:46ce qu'on appelait autrefois les amants diaboliques.
11:49Nous sommes en train d'évoquer cette absolue affaire criminelle terrible.
11:55Marc Dutroux et sa compagne Michel Martin.
11:57Et nous sommes avec le procureur du Roi, Michel Burlet,
12:00que nous remercions d'être avec nous.
12:02Que les auditeurs comprennent bien, vous avez enquêté sur les crimes de Marc Dutroux.
12:06Vous êtes aujourd'hui à la retraite et vous avez retrouvé votre liberté de parole.
12:10Alors quand on se penche sur les agissements pédocriminels de Marc Dutroux,
12:14il y a quelque chose de saisissant, c'est de constater que dès le début,
12:17finalement, Michel Martin connaît tout ce que fait son compagnon.
12:21On ne peut pas dire qu'elle a un jour découvert par surprise
12:25la trappe qui menait à la pièce où il séquestrait les enfants.
12:28En fait, elle sait tout et elle consent à tout.
12:31N'est-ce pas ?
12:32Oui, elle participe d'ailleurs, puisque moi je n'ai pas traité évidemment
12:36les dossiers qui étaient déjà jugés une fois que j'ai eu en charge l'affaire Laetitia
12:40et donc la deuxième arrestation du couple.
12:43Mais elle, de ce que je sais, sur le premier dossier pour lequel
12:48ils avaient été tous deux largement condamnés,
12:51elle participait à la séquestration, elle filmait d'ailleurs les viols
12:57que son mari exerçait sur les victimes.
13:02En tout cas, elle n'ignorait rien du tout.
13:05Et puis bon, par après, on s'est aperçus lorsqu'on les a arrêtés en 1996,
13:13l'exploitation des... Au début, Dutroux disait,
13:18je me rappelle la première comparution devant la chambre du conseil le vendredi
13:24qui a suivi son arrestation, il a été arrêté le mardi,
13:27donc on devait le confirmer dans les cinq jours.
13:31Il m'a postroplé dans les couloirs du palais de justice.
13:35Il m'a dit, Monsieur Pouguerreau, vous allez faire probablement un compte-rendu,
13:40une conférence de presse sur la chambre du conseil.
13:44Je vois bien que vous disiez que ma femme est en dehors de tout l'effet que j'ai commis.
13:51Mais il la protège en fait, Michel Bourrelet, quand il dit ça ?
13:55Au départ, en tout cas, c'est ce qui m'a semblé.
13:57J'ai d'ailleurs répondu, je ferai mention que vous m'avez dit ça,
14:01mais ça ne m'empêchera pas de demander la confirmation de son mandat d'arrêt à elle,
14:06qui a d'ailleurs été confirmée, puisqu'il a été confirmé jusqu'à la fin.
14:10Donc, en tout cas, au départ, il voulait vraiment la mettre en dehors des histoires.
14:16On a vu, on a assez rapidement, comment dirais-je ?
14:21J'ai lucidé, en tout cas, obtenu ses aveux concernant la mort de Julie Mélissa,
14:26puisque lorsqu'elle était, lorsque Dutroux a été arrêtée au mois de novembre 1995,
14:32pour une autre affaire, une affaire d'ailleurs qui a été jugée en même temps à la cour d'assises,
14:36la séquestration de trois majeurs, deux hommes et une femme, au show d'hiver,
14:44troisième nom, je l'ai oublié.
14:48Et, comment dirais-je, elle était chargée de nourrir les enfants.
14:53Ce qu'elle n'a pas fait.
14:54Ce qu'elle n'a pas fait.
14:55Elle l'a fait à moitié, à moitié, la porte s'est défaite.
15:00Et quand l'autre est sorti au mois de mars, donc il avait été arrêté au mois de novembre,
15:08quand il est sorti au mois de mars, il a retrouvé les choses.
15:12Elle était en aveu là-dessus.
15:15Alors, on sait qu'elle...
15:17Pour vous donner un autre indice de sa complicité,
15:21lorsqu'on a exploité les cassettes, les vidéos...
15:28Qu'elle filmait.
15:29...donc quand elle s'est mise chez eux, on s'est aperçu d'une vidéo
15:32où elle est en train de filmer Dutroux qui est en train de construire la cachette.
15:36D'accord.
15:37Donc elle était parfaitement au courant de la cachette.
15:40Elle est au courant de la cachette où il séquestre les mineurs,
15:43mais par ailleurs, elle participe aussi aux enlèvements.
15:46C'est elle qui conduit la camionnette, qui arrête la...
15:49Alors, pas dans un...
15:51Pas tout de suite.
15:52Pas lors des faits pour lesquels nous nous avons condamnés.
15:57Oui, c'est pas pour Julien Métissia, pas pour Sabine et Laetitia,
16:01mais pour en tout cas la première condamnation dans les années 80,
16:04c'est bien elle qui conduisait.
16:06Pour Elisabeth, Axel, etc.
16:08Oui, ça oui.
16:10Mais pas pour les autres faits.
16:13D'accord.
16:14Alors, on peut quand même se demander quel genre de perversion est à l'œuvre là,
16:18parce que, est-ce qu'elle est dans une forme de voyeurisme,
16:21c'est-à-dire qu'elle se complaît à voir la toute-puissance de Marc Dutroux
16:25qui persécute ses victimes ?
16:27Comment vous qualifieriez ça ?
16:29C'est assez singulier quand même.
16:31Quelle jouissance elle peut retirer de cette participation ?
16:36Est-ce que c'est simplement de la passivité vis-à-vis de son compagnon
16:41ou il y a quelque chose qui l'anime ?
16:47Ecoutez ça, je m'en remets aux rapports psychiatriques.
16:51Elle était quand même sous l'emprise de ce son d'emprise,
17:01mais avec une volonté quand même de participer
17:04puisqu'il y a eu une récidive après une situation.
17:08Elle aurait pu certainement éviter le pire.
17:12Remettez-vous au moment où Dutroux est en prison, en novembre 1995,
17:18alors que les deux petites Julie et Melissa sont séquestrées.
17:22Elle le dénonce.
17:25Elle devient une héroïne pratiquement.
17:28Elle ne l'a pas fait.
17:30Elle ne l'a pas fait parce qu'elle a laissé mourir.
17:33Bien sûr.
17:35Alors on peut se dire qu'elle aurait pu profiter de cette période-là
17:42pour prendre ses distances avec Marc Dutroux, mais pas du tout.
17:46C'est certainement un épisode qui a marqué les jurés,
17:56sur lequel, bien sûr, j'ai insisté et qu'on peut charger toute la page des choses.
18:03Puisqu'à partir de ce moment-là,
18:05si nous faisons exception de l'enlaissement et de la mort des deux grandes Anne et Fieu,
18:11l'affaire est résolue.
18:14Avant, les deux petites diégeoises Julie et Melissa sortent meurtries, mais vivement.
18:22On vous a perdu et c'est tout à fait dommage,
18:25parce que nous avions encore beaucoup de questions à vous poser.
18:29Bien sûr, on va retrouver tout de suite Michel Bourlet, procureur du Roi,
18:34qui a enquêté sur l'affaire Dutroux.
18:36On se retrouve dans un instant pour continuer à parler de ce couple criminel.
18:41Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
18:45Retour dans l'affaire dans l'affaire sur Sud Radio,
18:47une émission en partenariat avec La Revue Affaires Criminelles.
18:50La Revue trimestrielle avec Max Keys.
18:53Je suis avec Jade Serrano, journaliste d'investigation,
18:57qui a signé une très grosse enquête sur les couples criminels unis pour tuer.
19:02Nous parlons aujourd'hui de l'affaire du monstre de Charleroi,
19:04Marc Dutroux, comme on l'a appelé à l'époque,
19:07et des relations qu'il entretenait avec sa femme, Michèle Martin.
19:11On l'a vu avec le procureur Michel Bourlet,
19:14qui a enquêté sur cette affaire et que nous remercions de sa participation.
19:18Il est malheureusement perdu au téléphone.
19:20Il est là, il est de retour.
19:22On me dit qu'il est de retour. Bon, parfait.
19:24Alors, Michel Bourlet, vous êtes parti à la retraite, je crois, en 2009.
19:28Mais le dossier, il y avait à l'époque un dossier BISS qui était encore ouvert.
19:33Alors, je rappelle ce que c'est que ce dossier BISS concernant Marc Dutroux.
19:37On a retrouvé dans la cage de Marc Dutroux, à Marcinelle,
19:41des dizaines de traces d'ADN.
19:43Donc, il est vraisemblable qu'il y ait eu d'autres victimes passées entre ses mains.
19:47Ce dossier, est-ce qu'il est encore ouvert ?
19:50Je me souviens qu'il y avait de nombreux notables auxquels il avait été auditionné.
19:54Mais où en est cette affaire ?
19:56Bon, c'est un dossier qui a été ouvert à la suite d'un devoir que j'ai demandé
20:01et qui a été refusé par le juge d'instruction.
20:03Et c'était l'analyse des cheveux qui avait été saisie dans la cage
20:07et dans le véhicule qui avait fait nos enlèvements.
20:10La chambre des mises en accusation devant laquelle j'étais en appel
20:15de l'ordonnance du juge qui refusait cette voie,
20:17m'a donné raison et m'a demandé de faire un état des lieux,
20:25si vous voulez, des pistes qui n'étaient pas la piste
20:29qui menait à la condamnation des quatre principaux inculpés
20:35et qui pourraient concerner éventuellement d'autres personnes subsonnées.
20:41Alors j'ai fait un état des lieux d'une trentaine de pistes
20:44et j'ai dit, une fois qu'on aura eu les résultats des cheveux
20:52dont vous allez ordonner l'examen et qu'on aura les ADN,
20:58on pourra comparer éventuellement avec ces personnes suspectes
21:01pour lesquelles on continue les enquêtes de façon périphérique.
21:07Et pour ne pas que le dossier principal, c'était dans les années 2000-2001,
21:16ça dure encore trop longtemps, donc il y avait quand même 5 ans
21:20qui duraient avec des détentions préventives qui étaient toujours en cours,
21:24ils ont monté un dossier 10 qui pourrait survivre, si vous voulez,
21:30à l'arrêt de la cour d'assises pour les personnes qui n'étaient pas
21:34poursuivies et condamnées par la cour d'assises.
21:40En 2004, j'ai donc obtenu la condamnation des 4 personnes
21:44qui étaient poursuivies devant la cour d'assises
21:47et il s'agissait à ce moment-là de poursuivre le dossier.
21:52Et alors où en est-il ? Vous faites durer une suspense.
21:55L'analyse des cheveux a duré assez longtemps,
21:58il y avait des cheveux qui étaient expertisés un peu partout en Europe jusqu'en Turquie
22:03et pour finir, je suis parti à la retraite un peu avant qu'il ne soit terminé,
22:08j'ai d'ailleurs fait des réquisitions la veille de partir à la retraite
22:13pour terminer ce dossier-là et pour terminer en tout cas le devoir,
22:20les résultats sont rentrés.
22:22Ce que je sais, c'est que se sont ajoutés au ADN inconnu de la cache
22:29que nous avions déjà depuis le début,
22:31qui n'était pas de provenance capillaire mais qui était de provenance de micro-traces
22:37du style salive, peau, sang, sueur, sperme, etc.
22:44Se sont ajoutés, je ne saurais pas vous dire le nom
22:50puisque moi je n'ai plus accès au dossier,
22:52mais se sont ajoutés quelques autres inconnus,
22:56se sont confirmés d'ailleurs les inconnus qui n'étaient déjà pas identifiés
23:02mais qui étaient déjà marqués dans le dossier initial.
23:08Alors je ne sais pas s'il s'agit d'auteurs ou de victimes.
23:14Bien sûr, mais est-ce que cette affaire est classée aujourd'hui
23:17ou elle est toujours en cours ?
23:19Le dossier a fait l'objet de ce qu'on appelle un non-lieu,
23:23c'est-à-dire qu'il est en dormance.
23:25Ce qui veut dire que si, à la Banque de Données de l'INCC,
23:32qui est l'Institut National de Criminologie et de Criminalistique,
23:36il s'avère qu'un ADN pour une autre affaire
23:40qui arrive dans la Banque de Données depuis encore maintenant,
23:45et qu'il s'agit d'un ADN qui peut correspondre...
23:50Qui peut matcher.
23:52Qui matche avec ceux que vous avez dans le dossier.
23:59Le dossier pourra être ouvert.
24:03Ce qui veut dire que pour l'instant, personne n'enquête.
24:07Alors qu'ils pourraient le faire, on est d'accord,
24:09ils pourraient continuer l'enquête.
24:12Oui, on pourrait continuer l'enquête sur base, par exemple,
24:19de demande d'une partie civile,
24:21il y a toujours des parties civiles qui sont dans le dossier,
24:23qui viseraient un élément nouveau qui n'était pas dans le dossier
24:29au moment où l'arrêt de non-lieu a été rendu.
24:32Un élément nouveau qui permettrait de relancer l'enquête.
24:36On peut élargir le concept d'éléments nouveaux.
24:45Moi je plaide individuellement, intellectuellement,
24:50puisque je n'ai plus aucun pouvoir,
24:52pour que par exemple l'évolution, les progrès de la science
24:55qui ont été faits au niveau de la recherche de l'ADN,
24:58et ceux qui sont actuellement,
25:01c'est beaucoup plus élaboré de ce qu'il était à l'époque
25:08où on était en charge du dossier.
25:11Je comprends, mais est-ce que vous nous expliquez...
25:13Ce que vous nous expliquez, pardonnez-moi,
25:18c'est que tout n'a pas été encore complètement dit dans cette affaire
25:23et qu'il est possible qu'il y ait des nouveaux rebondissements,
25:26mais on a quand même l'impression qu'en balance de ça,
25:28avec beaucoup de précaution, vous nous dites quand même
25:30qu'il n'y a pas beaucoup de curiosités déployées.
25:33Non, à part l'une ou l'autre partie civile,
25:39je crois savoir qu'il n'y a personne qui travaille sur ce dossier.
25:44D'accord.
25:45Bon, écoutez, on se tiendra évidemment informés
25:49avec d'éventuels rebondissements dans cette affaire du trou.
25:52Je voudrais vous remercier d'avoir participé avec nous.
25:55Merci beaucoup.
25:56Merci beaucoup Michel Bourlet.
25:58Excellente journée à vous.
25:59Je voudrais qu'on continue à parler de ces couples criminels
26:02qui font l'objet aujourd'hui de cette publication,
26:06Affaires criminelles, et nous allons enchaîner sur une autre affaire.
26:10Un autre couple dont j'aimerais parler,
26:13de relations étranges qu'entretenait Jean-Philippe Desbordes
26:17avec sa compagne Sylvie, 49 ans, mère de famille,
26:20divorcée de trois enfants.
26:22Et il se trouve que cette mère de famille
26:26était aide-soignante dans un EHPAD
26:29et au moment de leur rencontre,
26:31Jean-Philippe Desbordes fait rencontre
26:34les trois filles âgées de 16, 14 et 9 ans.
26:37Souvenez-vous de cette affaire Jean-Philippe Desbordes,
26:39du nom de ce journaliste et professeur d'Aïkido,
26:41dont nous avons déjà parlé dans notre émission.
26:44Eh bien, on a pu retrouver Néguineva, la fille aînée.
26:47Et avant de la rejoindre, je voudrais vous rappeler
26:49quelques éléments clés pour bien tout comprendre.
26:52Le procès de Jean-Philippe Desbordes a lieu en novembre dernier,
26:55à Foix, devant la cour d'assises de l'Ariège.
26:57L'homme a été jugé pour viol et acte de torture et de barbarie.
27:01L'homme a été condamné et son ancienne compagne, Sylvie,
27:06également pour complicité.
27:08Le récit de ces crimes reprochés a été très éprouvant.
27:11Près de 700 viols ont ainsi été recensés.
27:14A l'issue de ce procès, il a été condamné à 20 ans de prison
27:16pour viol et acte de torture.
27:18C'est l'une de ces filles de sa compagne
27:20qui porte le nom de Néguineva, qui a tout révélé.
27:23À la barre, elle a raconté comment elle a vécu
27:25dans la maison de l'horreur pendant de très longues années.
27:28On se retrouve dans un instant pour parler de l'affaire Jean-Philippe Desbordes.
27:32A tout de suite sur Sud Radio.
27:34Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
27:38Retour dans l'affaire dans l'affaire, une émission en partenariat
27:41avec la revue trimestrielle Affaires Criminelles.
27:43Qui fait sa une sur les couples criminels ?
27:45Avec moi, Jade Serrano, journaliste d'investigation qui m'accompagne.
27:49Nous revenons sur l'affaire Jean-Philippe Desbordes.
27:52Nous vous en avions parlé déjà ici, dans cette même émission,
27:55pendant près de deux ans.
27:57De 2017 à 2019, cette ancienne journaliste,
27:59devenue professeur de haïkido,
28:01a fait subir de très nombreuses tortures et maltraitances
28:04à ces belles filles, toutes mineures au moment des faits.
28:08Nous sommes en ligne avec l'aînée d'entre elles, Néguineva,
28:12qui a été violée par cet homme.
28:14Et en novembre dernier, l'homme a été condamné
28:16à 20 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de l'Ariège.
28:20Néguineva, bonjour.
28:24Bonjour.
28:25Merci d'avoir accepté d'abord de témoigner dans la revue Affaires Criminelles,
28:29mais également au micro de Sud Radio.
28:32Je voudrais vous commencer par une question toute simple.
28:34Est-ce que vous trouvez que la justice a fait son travail
28:37et a rendu un verdict à la hauteur ?
28:39Je crois que c'est la première des questions.
28:41Un verdict à la hauteur, évidemment que non.
28:44Parce que ce genre de personnes-là,
28:49à mon sens, il faudrait juste soit les enfermer toute leur vie,
28:55soit en tout cas s'assurer qu'elles ne ressortent jamais libres.
28:58Donc non.
28:59Après, je sais que de toute façon, avec les éléments qu'on avait,
29:03on ne pouvait pas demander plus que ce qui a déjà été prononcé comme tel.
29:07D'accord.
29:08Alors, je rappelle que votre mère a été condamnée également à 5 ans de prison,
29:12mais elle, elle est ressortie libre de l'audience.
29:15Elle a été présentée par sa défense comme dépressive, sous emprise.
29:20Est-ce que vous comprenez le verdict concernant votre mère
29:23et est-ce que vous diriez vous aussi qu'elle était certes sous emprise du journaliste,
29:30mais qu'on a volontairement un petit peu diminué sa responsabilité dans cette affaire ?
29:37Pour moi, il y a une première chose qui est évidente,
29:39c'est qu'en termes de responsabilité, on n'est pas sur du 50-50.
29:44Ma mère n'est pas tout autant responsable que Jean-Philippe de ce qu'il nous a fait subir.
29:48Maintenant, moi aussi, j'ai été sous emprise.
29:51Moi aussi, j'étais en dépression.
29:53Quand on était là-bas, tous les quatre comptes, on était à deux doigts de nous suicider toutes,
29:56que ce soit mes deux petites sœurs ou moi ou même ma mère.
30:00La seule différence, c'est que moi, j'ai pu protéger mes petites sœurs,
30:05là où ma mère, elle n'a absolument rien fait ni pour atténuer,
30:09ni pour empêcher qu'on nous fasse du mal.
30:12Je considère que, de toute façon, ce qui a été jugé,
30:16c'est que l'État a considéré qu'elle avait une responsabilité là-dedans.
30:21Je suis plutôt d'accord sur le fait qu'elle a une part de responsabilité.
30:24Maintenant, c'est à 50-50.
30:26D'accord. Alors, votre mère était évidemment aveuglée par cet homme.
30:30C'est votre mère qui vous a présenté, évidemment.
30:33Je rappelle quand même, et c'est important, que c'est un peu un huis clos qui se joue,
30:37parce que vous habitez dans une partie un petit peu en retrait, dans l'Ariège,
30:42et lui va profiter de cette situation.
30:45Vous n'avez pas beaucoup de passages à la maison,
30:47donc il va y faire régner un véritable climat de terreur, c'est ça ?
30:51Alors, pas tout à fait. En fait, de base, on habitait en ville.
30:55On habitait à Valence, dans la Drôme, en pleine ville.
30:58Il n'y avait aucune raison qu'on soit « exilé ».
31:02Par contre, c'est vrai que Jean-Philippe a tout fait, justement,
31:06pour emmener ma mère, d'abord elle seule, dans ce petit coin paumé
31:10qu'était le hameau de Cerlongues, pour ensuite nous ramener là-bas.
31:14Et c'est là où, vraiment, il a commencé toutes ces tortures,
31:18toutes ces gueules, toutes ces choses-là, qu'il les a commencées là-bas.
31:21Mais je pense qu'il avait prévu ça dans sa tête.
31:24Il avait prévu que, pour mettre en place tout ce qu'il comptait faire,
31:27il fallait de toute façon qu'on soit dans un endroit isolé,
31:30où il n'y a pas grand monde, pour venir vérifier ce qui se passe.
31:33De base, on n'y était pas, mais nous y étions.
31:35À quel moment vous avez compris que cet homme vous conduisait
31:40dans des relations qui étaient absolument anormales,
31:44entre une enfant et un adulte très âgé comme lui ?
31:50Comment vous avez pris conscience qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas ?
31:57En fait, ce qui s'est passé, c'est que j'ai pas pu réussir
32:04à aller à l'école sur les 2-3 premiers mois de ma terminale.
32:09Donc, il a commencé à me faire travailler.
32:11J'ai travaillé dans les pads où ma mère travaillait.
32:14J'étais agent de service hospitalier.
32:17Et puis ensuite, comme il avait pour projet de faire venir davantage de jeunes,
32:22de jeunes à problème, selon ce que c'est de dire à lui,
32:27il m'a demandé de louer la maison qu'il y avait juste en face
32:30de là où, eux, ils habitaient.
32:32Et alors, je ne saurais pas vous dire pourquoi, comment,
32:34mais je me suis retrouvée un peu abandonnée dans cette maison
32:37avec interdiction de les voir ou de leur parler.
32:40Donc, j'ai continué à aller travailler.
32:45Mais la seule différence, c'est que du coup, j'avais de nouveau accès à mon téléphone
32:50puisque, du coup, j'étais abandonnée dans cette maison-là en face.
32:53Ce qui m'a permis de prendre contact avec un ami qui était au lycée avec moi.
33:01Il est venu une fois dans la maison que je louais, en secret, évidemment.
33:06Et puis, je ne lui ai pas dit grand-chose.
33:08Mais à ce moment-là, moi non plus, je ne savais pas ce qui se passait
33:11et à quel point c'était grave.
33:13Mais il est venu, il a vu qu'il y avait quelque chose de bizarre.
33:16Et au moment où il est venu, c'est vrai que Jean-Philippe me menaçait
33:19de me mettre à la rue parce qu'il avait, je crois, payé la caution de l'appartement.
33:24Et donc, il considérait que j'avais le droit de rester dans cette maison jusqu'au 15.
33:28Après quoi, il me prendrait et me mettrait dans le caniveau.
33:32Donc, du coup, j'en ai parlé à cet ami qui m'a dit
33:35« Écoute, si le 15, t'es à la rue, t'as qu'à venir avec nous. »
33:40Donc, je l'ai rejoint. Ils m'ont emmenée à Toulouse.
33:44Et à Toulouse, ensuite, j'ai demandé à avoir un psychologue à la mission locale
33:48parce que je pensais que j'étais folle, que c'était moi le problème,
33:51que j'étais peut-être un danger pour la société.
33:53Donc, je voulais avoir l'avis d'un professionnel.
33:55Et quand je lui ai raconté un petit peu ce qui se passait,
33:58là, le psychologue, Jérôme Garca, m'a tout de suite dit
34:03que, en fait, ce que je vivais, ça s'appelait des viols,
34:06que ce qui se passait, c'était très très grave.
34:08Et petit à petit, là, j'ai commencé à me rendre compte
34:10d'à quel point tout ce qui s'était passé était gravissime.
34:13Oui, ce qu'il faut rappeler pour nos auditeurs, pour qu'ils comprennent bien,
34:16c'est que cet homme vous forçait à des rapports sexuels non consentis.
34:21Il vous demandait des fellations.
34:23Il vous a violé entre 700 et 900 fois.
34:27C'est ce qui ressort de l'enquête, je crois.
34:31Donc, finalement, il avait installé entre vous, entre votre mère et lui,
34:39une espèce de climat de terreur dont il profitait quotidiennement, c'est ça ?
34:44Absolument, mais de toute façon, on ne vivait qu'à travers lui.
34:48La journée se passait bien si lui, il le décidait,
34:51mais ça se passait rarement très bien.
34:53Et pour tout ce qui est violence sexuelle et viol,
34:56ça s'est installé très très tôt.
34:59Et puis moi, n'ayant jamais eu aucune expérience sans rapprochant,
35:04j'étais complètement vierge, tout ça.
35:06Donc, ça a été très facile pour lui de me faire croire que c'était la normalité.
35:10Et puis, il avait une libido quand même assez débordante.
35:14Donc, c'était minimum deux ou trois fois par jour.
35:17Ça pouvait aller jusqu'à six en une journée,
35:19si il n'avait pas école, ou si c'était le week-end,
35:21ou s'il avait plus envie de tel jour ou tel jour.
35:24Et moi, à ce moment-là, je ne me rends pas compte.
35:27Et votre mère vous disait que pour le bien de toute la famille,
35:30finalement, il valait mieux vous soumettre à Jean-Philippe que d'essayer de lui résister.
35:34Je pense que quelque part, ma mère, au même titre que moi,
35:38quand je suis partie, je me suis demandé si ce n'était pas moi le problème.
35:41Je me dis peut-être que ma mère aussi, elle se posait la question,
35:45peut-être qu'elle croyait vraiment que Jean-Philippe faisait ça pour nous aider.
35:48Peut-être, en attendant, le fait est que oui, quand je suis allée lui demander des conseils,
35:52elle m'a dit de faire comme Jean-Philippe lui disait,
35:54donc à savoir de me donner à lui, etc.
35:57De me détendre, etc.
35:59Mais ça, qu'elle croit au mensonge qu'il lui a raconté ou pas,
36:02au bout d'un moment, je ne sais pas, moi, j'ai pu protéger mes soeurs.
36:06Je vois pourquoi elle, en tant que maman, elle n'a pas pu protéger ses propres enfants.
36:09Est-ce que vous pensez qu'elle avait peur de perdre Jean-Philippe ?
36:12Qu'elle avait peur de sa violence ?
36:14Parce que c'est quelqu'un qui vous soumettait aussi à un régime de violence.
36:18Quand vous ne filiez pas droit, vous aviez des punitions corporelles.
36:23Il y avait quand même une vraie violence physique.
36:27Bien sûr, que ce soit de la violence physique par des coups,
36:30ou de la violence psychologique par des insultes, des humiliations publiques.
36:34Si jamais on disait un truc de traverse, à tout moment, on dormait dehors.
36:38Ça, qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente, peu importe, ce n'était pas son problème.
36:42Ma mère, elle a passé plusieurs jours dehors avec interdiction de manger.
36:46Jean-Philippe l'avait dit, et elle le faisait très bien.
36:50Je pense que ma mère avait peut-être peur, mais je pense surtout qu'elle y croyait.
36:56Qu'elle y croyait, au même titre que quand on rentre dans une secte,
37:00on va dire oui à tout ce que va proposer le gourou,
37:03parce qu'on y croit vraiment à 100%.
37:05Je pense qu'elle était un petit peu dans quelque chose comme ça.
37:08Jade Serrano, vous vouliez poser une question à Nagui Neva ?
37:11Oui, j'ai plusieurs questions, j'en ai trois exactement.
37:14Quand vous dites qu'elle croyait, elle croyait à quoi ?
37:17Qu'est-ce qu'il racontait pour justifier ses actes ?
37:20Je vous avoue que ça a commencé à être un peu lointain pour moi
37:23pour vous dire exactement les propos qu'il nous sortait.
37:26Mais le principe de sa manipulation, de son emprise,
37:31c'était surtout basé sur une thérapie cognitivo-comportementale,
37:34c'est comme ça qu'il l'appelait ça.
37:36C'est une thérapie qu'il a créée par l'aïkido
37:39et aussi par des séances de thérapie un peu comme on a l'habitude.
37:44Par exemple, moi demain je vais voir un psy,
37:46on est en face à face, on discute de plein de choses.
37:50Cette thérapie-là menait à être bien dans sa vie,
37:59être bien dans sa tête, être bien dans son corps,
38:02se révéler au monde.
38:04C'est un peu tout le bullshit que la plupart des sexes vont proposer.
38:08C'était principalement ça.
38:11Et ça, il s'en servait pour vous battre et vous violenter.
38:16Vous parlez d'humiliation publique.
38:19Est-ce que finalement il y a des adultes autour de vous
38:23qui ont pu voir des dérives comportementales
38:26et qui ne les ont pas signalées ?
38:28Et notamment dans le milieu du journalisme, je me demande ça.
38:31Je tiens d'abord à dire que moi je suis très reconnaissante
38:35à toutes les personnes qui ont témoigné,
38:37même si elles n'ont pas porté plainte.
38:39Il y a eu beaucoup de personnes qui ont témoigné après coup
38:41de ce qui s'était passé, tout ça.
38:43Et je leur en suis très reconnaissante pour ça
38:46parce que ça a été des témoignages qui ont été très importants.
38:48Par contre, il est vrai que toutes ces personnes-là,
38:50enfin pas toutes, mais certaines de ces personnes-là
38:52qui ont été témoignées après coup,
38:54elles étaient là quand nous on se faisait frapper,
38:56quand on se faisait insulter, quand on se faisait humilier.
38:58Elles voyaient qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
39:01Il y avait des adultes de tous les âges.
39:03Il y avait des journalistes parmi ces personnes ?
39:06Il y avait d'autres journalistes parmi ces personnes
39:08qui ont assisté à des scènes ?
39:10Je ne saurais pas vous dire s'il y a eu d'autres journalistes.
39:13Je ne saurais pas vous dire.
39:15Je ne me souviens pas de l'emploi.
39:17C'était des amis en fait ?
39:19Probablement des amis de Jean-Philippe.
39:22Moi ce que je veux dire c'est que pendant deux ans,
39:24on a côtoyé tellement d'adultes
39:26de tellement de niveaux différents,
39:28de tellement d'âges différents,
39:30et il n'y en a pas un seul qui a parlé.
39:32En tout cas peut-être qu'ils ont parlé
39:34mais qu'on n'a pas abouti.
39:36Le fait est que si moi je n'avais pas porté plainte,
39:38on y sera encore.
39:40On a quand même envie de vous demander
39:42comment on se sort d'une situation aussi terrible aujourd'hui Néguineva.
39:44Comment est-ce que vous arrivez à vous reconstruire ?
39:50Écoutez, j'aimerais bien vous faire un message d'espoir.
39:54Le problème c'est que
39:56les autres peuvent bien dire ce qu'ils veulent.
39:58Moi perso je ne me reconstruis pas.
40:00D'autant plus que
40:04ce qui m'a fait c'était tellement
40:06horrible et tellement trash
40:08et tellement hardcore
40:10qu'il y a de grosses parties
40:12que mon cerveau a préféré oublier.
40:16Est-ce qu'on peut guérir d'un traumatisme
40:18dont on ne se souvient pas,
40:20dont on n'a pas les images ? Je ne sais pas.
40:22Maintenant, écoutez,
40:24je tente d'avoir une vie à peu près normale,
40:28mon appartement,
40:30mes animaux de compagnie,
40:32faire les courses.
40:34Je fais tout ça, mais c'est vrai qu'il y a
40:36ce truc-là,
40:38il pèse toujours.
40:40Ça pèse encore.
40:42Je ne sais pas si ça se guérira un jour.
40:44Je ne sais pas si on oublie, si on se remet.
40:46Je ne sais pas.
40:48Je ne peux pas trop vous aider là-dessus.
40:50Bon, écoutez-nous.
40:52On vous souhaite beaucoup de courage.
40:54On est à vos côtés.
40:56Je vous remercie infiniment
40:58d'avoir témoigné Négui Néva.
41:00Vous pouvez retrouver
41:02votre témoignage aussi dans Affaires Criminelles.
41:04Merci encore.
41:06Je vous rappelle que vous pouvez
41:08retrouver notre émission sur
41:10la chaîne YouTube de Sud Radio
41:12et vous pouvez aller voir à quoi ressemble
41:14Affaires Criminelles sur le site
41:16de la revue. La semaine prochaine, on se retrouve
41:18samedi 12h-13h pour une nouvelle
41:20Affaires dans l'Affaires. Et tout de suite,
41:22c'est Alain Marty qui nous amène sur les routes
41:24des vins de France. A tout de suite
41:26sur Sud Radio. Merci à tous.

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