• le mois dernier
Retrouvez L 'Affaire dans l'affaire, tous les samedis de 12h et 13h sur les ondes de Sud Radio, en partenariat avec la revue Affaire criminelle de McSkysz.

Avec Me Daniel Picotin, avocat de Charles-Henri et Christine de Védrines.
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##L_AFFAIRE_DANS_L_AFFAIRE-2024-11-23##

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Transcription
00:00Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Jean-Marie Bordry, Victor Lefebvre.
00:05Bonjour à tous et bienvenue à vous sur Sud Radio, dans l'affaire dans l'affaire.
00:08La toute nouvelle émission de Sud Radio, émission réalisée en partenariat avec la revue Affaire Criminel de Max Keys,
00:15l'homme aux 2 millions d'abonnés sur YouTube.
00:18Alors chaque semaine, nous vous racontons une affaire qui nous a marqué et nous répondons aux questions qu'elle soulève.
00:25Aujourd'hui, nous allons parler de l'affaire des reclus de Montflanquin.
00:30Les reclus de Montflanquin, c'est une affaire hors norme, qui dépasse l'entendement.
00:34Pendant 10 ans, de 1999 à 2009, une famille d'aristocrates du Sud-Ouest a vécu sous l'emprise d'un véritable gourou.
00:43Thierry Thilly, condamné en appel à 10 ans de prison pour escroquerie, extorsion de fonds,
00:48abus de faiblesse et séquestration accompagné d'actes de torture ou de barbarie.
00:53L'homme est parvenu à extorquer près de 5 millions d'euros à la famille de Védrine,
00:58retranchée dans le château familial de Martel à Montflanquin, dans le Lot-et-Garonne.
01:03Pour en parler, nous sommes accompagnés, vous l'avez entendu, de Victor Lefebvre.
01:06Bonjour Jean-Marie.
01:07Vous êtes journaliste enquêteur, je le rappelle, et rédacteur en chef de cette revue Affaire Criminel.
01:12Nous sommes également avec Adrien Pelletier. Bonjour à vous.
01:14Bonjour Jean-Marie.
01:15Conseiller en communication, spécialiste de la Veille Média et des stratégies éditoriales.
01:19Dans quelques minutes, nous retrouverons en ligne Maître Daniel Picotin,
01:22qui est avocat de Charles-Henri et Christine de Védrine.
01:25Mais tout de suite, commençons par les faits et écoutons le récit de cette stupéfiante affaire.
01:32Victor Lefebvre, racontez-nous, expliquez-nous le déroulé des faits.
01:37Comment Thierry Thilly, dirigeant d'une société de nettoyage industriel à Paris,
01:41est parvenu à manipuler 11 membres d'une famille de notables bordelais, bien sous tout rapport ?
01:47L'affaire commence véritablement en 1997.
01:50Thierry Thilly, 33 ans à l'époque, est à la tête d'une société de nettoyage industriel à Paris,
01:55née à Bois-Colombes, dans les Hauts-de-Seine.
01:57L'homme arbore un visage ordinaire, presque enfantin.
02:00Des lunettes fines, une raie de côté sagement brossée.
02:04Professionnellement, il ne rencontre toutefois pas un grand succès.
02:07Les cinq sociétés qui la géraient ont été placées en liquidation judiciaire.
02:11En 1997, Thierry Thilly fait la connaissance de Guylaine de Védrine, épouse marchand.
02:17Elle est à la tête d'une école de secrétariat pour jeunes filles de bonne famille à Paris.
02:22La rencontre avec Thierry Thilly se fait avec sa société de nettoyage et elle est donc d'abord professionnelle.
02:27Guylaine de Védrine désire faire rénover son école.
02:30Un ami lui recommande l'entrepreneur.
02:33Petit à petit, Thilly devient le véritable bras droit de Guylaine de Védrine,
02:37qui décide de le nommer directeur adjoint de son établissement.
02:41Rapidement, Thierry Thilly transforme l'établissement en camp retranché avec vidéosurveillance et vigile.
02:47Ce n'est pas tout.
02:48L'homme assure être un agent secret de l'OTAN et un attaché de la Blue Light Fondation,
02:53une curieuse fondation québécoise qui servirait prétendument des causes humanitaires.
02:59Guylaine de Védrine n'y voit toutefois que du feu.
03:02La respectable mère de famille se laisse persuader qu'elle appartient à une élite contre laquelle se trame, je cite,
03:08un complot des francs-maçons, des rose-croix, des collabos et des pédophiles.
03:12Rien que ça.
03:13Elle ne se rend pas compte.
03:15En fait, elle mettra même plus de dix ans à s'en apercevoir.
03:18Mais Thierry Thilly tisse sa toile et construit son emprise.
03:22Du jour au lendemain, Guylaine de Védrine se met à porter des lunettes noires en permanence,
03:27imagine que des véhicules blancs la suivent, voit des hommes suspects avec des oreillettes la surveiller.
03:32La paranoïa la guette.
03:34On comprend que tout part d'un mensonge.
03:36Mais comment Thierry Thilly va parvenir à embarquer le reste de la famille de Védrine dans ce mensonge ?
03:41Auprès des Védrines, Thierry Thilly se fait passer d'abord pour un gestionnaire de patrimoine.
03:45Il prétend par ailleurs être investi d'une mission sacrée qui tendrait à recréer l'équilibre du monde
03:51afin de rendre ses lettres à la noblesse.
03:54Et aussi improbable que cela puisse paraître, son verbiage trouve un écho chez certains membres de la famille de Védrine.
04:01Les Védrines sont issus d'une lignée de vieille noblesse protestante du Lot-et-Garonne.
04:06En tout, onze membres de la famille se laissent, embrigadés par Thierry Thilly.
04:11La grand-mère d'abord, Guilmette de Védrine, née en 1912, ses trois fils et filles âgées de 51 à 61 ans à l'époque,
04:19ses deux bruts et ses cinq petits-enfants âgés de 24 à 32 ans à l'époque.
04:23Des individus cultivés, éduqués.
04:25Philippe de Védrine est cadre dans l'industrie pétrolière.
04:28Il a une soixantaine d'années au moment des faits et vit avec Brigitte Lauriot-Martin, sa compagne.
04:33Charles-Henri de Védrine est quant à lui obstétricien à Bordeaux
04:36et a été candidat en 1995 aux élections municipales sur la liste d'Alain Juppé, en position non éligible.
04:42Il a eu trois enfants avec Christine, documentaliste de profession.
04:46Tous deux sont âgés d'une quarantaine d'années en 2000.
04:49Guilaine de Védrine a quant à elle épousé un journaliste économique, Jean Marchand.
04:54Retenez bien ce nom.
04:56La famille n'est pas à plaindre financièrement.
04:58Elle possède le château de Martel à Montflanquin dans le Lantais-Garonne,
05:02une belle bâtisse du XVIe siècle,
05:04des terres, des appartements sur le bassin d'Arcachon et à Bordeaux.
05:08Au total, 11 personnes, cultivées et actives.
05:11Pour parvenir à ses fins, Thierry Tilly joue avec les rivalités,
05:14les petites rancœurs, les jalousies, les inimitiés familiales
05:17et les rivalités successoriales qui déchirent les membres de la famille.
05:21Tour à tour confident, conseiller et gestionnaire de patrimoine auprès des Védrines,
05:25l'homme parvient à gagner leur confiance.
05:28Le 7 septembre 2001, tout bascule.
05:31Jean Marchand, que Thierry Tilly fait passer pour sectaire et pervers,
05:35est écarté du cercle familial.
05:37C'est le seul à avoir émis des réserves concernant le récit de Thierry Tilly
05:41et à douter de ses intentions.
05:43Jean Marchand est donc purement et simplement chassé de Montflanquin par sa propre famille.
05:48Ses enfants, ses beaux-frères et sa belle-mère le chassent du domaine.
05:51Ses comptes bancaires sont vidés.
05:53Le début du cauchemar pour les Védrines commence.
05:56Plus rien ne retiendra Thierry Tilly de tirer les ficelles.
05:59Comment Thierry Tilly a pu contraindre cette famille à rester cloîtrée dans ce château de Montflanquin ?
06:04Du jour au lendemain, les Védrines ne sortent plus de chez eux ou presque.
06:08Ils sont persuadés que tous les habitants du petit village de Montflanquin
06:11sont eux-mêmes des francs-maçons, des satanistes s'adonnant à des partouses et à des messes noires.
06:16A partir du printemps 2001, Thierry Tilly n'apparaît plus.
06:20Il se contente de donner des ordres à distance par téléphone ou par e-mail.
06:24Il se sert des uns pour surveiller les autres, voire pour les punir.
06:28Tous les ponts avec les proches des Védrines sont coupés.
06:31Ils ne payent même plus leurs impôts.
06:33En 2003, le fisc saisit tous les meubles de la propriété.
06:36Les Védrines sont contraints de déménager à quelques kilomètres de Montflanquin
06:40où l'un des fils possède une demeure.
06:42Là encore, le lieu est ultra protégé et les reclus ne sortent que lorsqu'ils y sont obligés.
06:47Et à partir de 2006, les Védrines rejoignent Thierry Tilly à Oxford en Angleterre
06:51où ils abandonnent tout.
06:53Charles-Henri, le médecin, devient jardinier.
06:56Christine, elle, s'improvise cuisinière chez un traiteur.
06:59Leur salaire est automatiquement reversé à Thierry Tilly.
07:02Entre la vente des biens de la famille et le siphonnage méticuleux de leurs comptes en banque,
07:07le total des sommes versées aux gourous atteindrait 4 à 5 millions d'euros.
07:11C'est incroyable !
07:12Comment les Védrines sont parvenus à s'extirper de l'emprise de Thierry Tilly ?
07:16La réclusion infligée aux Védrines a parfois confiné à la torture psychologique, voire physique.
07:21Christine de Védrine, qui a eu le malheur de nourrir des doutes sur Thierry Tilly avec les années,
07:25se voit infliger des supplices physiques d'une rare cruauté.
07:29Elle est attachée sur un tabouret pendant deux semaines, privée de sommeil par ses propres parents,
07:34que Tilly a persuadé qu'elle leur cachait un trésor, soi-disant confié par les rois de France.
07:39Christine de Védrine finit par s'enfuir grâce à l'aide de son propre patron,
07:43un traiteur français installé à Oxford.
07:45Elle laisse mari et enfant en Angleterre.
07:48C'est sa plainte, en mars 2009, qui permet au juge Bordelais de lancer un mandat d'arrêt européen contre Tilly.
07:55Ce dernier est interpellé en octobre de la même année à Zurich, en Suisse,
07:59au cours de l'un de ses nombreux passages pour déposer de l'argent sur les comptes de la fameuse
08:03Blue Light Fondation, sa pseudo-association humanitaire québécoise.
08:08Les deux représentants de cette fondation, Jacques Conant et Jacques Gonzalez,
08:11deux complices de Thierry Tilly, seront à leur tour écroués quelques mois plus tard.
08:16Mais alors même que leur gourou a été interpellé, les Védrines restent enfermées dans leur prison mentale,
08:21persuadées que l'arrestation est orchestrée par une organisation secrète.
08:25Il faudra l'intervention de Maître Daniel Picotin, spécialiste des dérives sectaires et de l'emprise mentale,
08:30avocat de Christine Védrine, pour réussir à les faire exfiltrer,
08:34les derniers membres de la famille restés à Oxford en décembre 2009.
08:38A leur sortie, les reclus sont au comble du malheur, runés, épuisés.
08:43C'est une histoire stupéfiante. Merci à vous Victor Lefebvre.
08:46Dans un instant, nous allons continuer à parler de l'affaire des reclus de Montflanquin,
08:49et nous évoquerons surtout les ressorts psychologiques de cette emprise mentale avec nos invités.
08:55Nous allons venir notamment sur le parcours tortueux de Thierry Tilly, avant et après les faits.
09:01A tout de suite sur Sud Radio.
09:03Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Jean-Marie Bordry, Victor Lefebvre.
09:08De retour sur Sud Radio, nous revenons sur cette stupéfiante affaire des reclus de Montflanquin.
09:14Pour en parler, nous sommes avec Victor Lefebvre, journaliste Adrien Pelletier, spécialiste de La Veille Média,
09:19et nous a rejoint en ligne sur Sud Radio, Maître Daniel Picotin. Bonjour à vous.
09:24Bonjour.
09:25Et bienvenue sur Sud Radio. Avocat de Charles-Henri et Christine de Védrine,
09:30Maître, une première question pour vous. Comment on peut expliquer rationnellement
09:34le processus d'emprise et de manipulation mentale qui a été opéré par Thierry Tilly auprès de tous les Védrines
09:40et qui semble avoir marché comme un sortilège ?
09:43Écoutez, les systèmes de manipulation mentale et d'emprise mentale ne sont pas nouveaux.
09:48Ils existent partout dans le monde, y compris en France, assez fréquemment.
09:54L'originalité de ce dossier, c'est que Tilly a réalisé un genre de prouesse négative,
10:00à savoir qu'il a assujetti 11 membres de la même famille.
10:04Et je ne connais qu'un cas en Europe occidentale, c'est en Russie,
10:08où il y avait 11 personnes qui étaient tombées également sur le poison gourou.
10:11Donc il est rare d'avoir réussi finalement à mettre sous la coupe tant de personnes de trois générations.
10:19Alors, votre premier contact dans cette affaire se fait avec Jean Marchand,
10:22l'époux de Guylaine de Védrine, exclu du cercle familial,
10:26comme le monton noir qui ne voulait pas rentrer dans le sortilège,
10:29parce qu'il avait perçu, lui, la personnalité mythomane de Thierry Tilly.
10:33Est-ce que vous, vous avez senti, quand vous intervenez d'emblée,
10:38que l'affaire devait être prise au sérieux ?
10:41Ah oui, oui, tout à fait, parce que lorsque j'ai vu l'étendue des dégâts,
10:45le fait qu'11 personnes, dont certaines étaient très connues à Bordeaux,
10:49puisque je suis avocat bordelais,
10:51Charles-Henri avait été candidat aux élections municipales avec Alain Juppé,
10:54il était présenté pour le conseil général,
10:56Christine devait présider une association de Bordeaux Accueil,
11:00enfin, tous ces gens-là, toutes ces personnes étaient de bon niveau intellectuel,
11:03les jeunes comme les plus anciens,
11:05et ils étaient tout à fait insérés dans la vie.
11:08Bon, donc, on a vu que le fait de se retirer comme ça socialement...
11:13Ça faisait combien de temps, Maître, quand vous intervenez,
11:16que vous rencontrez M. Marchand ?
11:18Ça fait combien de temps que toute cette famille,
11:20qui avait manifestement une vie sociale très riche, s'est coupée du monde ?
11:24Alors, ils sont coupés du monde à partir pratiquement de 2000.
11:27Et moi, je suis rentré dans l'affaire, il me semble, en tout début 2004.
11:32Et ce qui fait que je suis allé, d'ailleurs, rencontrer à l'époque, avec Jean Marchand,
11:36le procureur général du tribunal de la Cour d'appel d'Agen,
11:41pour tenter de faire démarrer l'affaire au plan judiciaire.
11:45Et là, j'expose très clairement qu'il y a un truc,
11:48et je donne au procureur général plusieurs systèmes possibles.
11:52J'ai pensé aux souvenirs induits,
11:54enfin, plusieurs systèmes d'emprise mentale qui pouvaient, comme ça, attraper toute la famille.
11:59À l'époque, c'était compliqué, l'histoire,
12:01parce que la loi Abou Picard, qui stigmatise l'abus de faiblesse,
12:05et donc l'emprise mentale, n'est que de juin 2001.
12:09Déjà, cette loi ne couvre même pas les faits qui se sont passés en 2000.
12:12Il n'y a pas de jurisprudence non plus encore.
12:14On essuie les plâtres.
12:15Donc, l'avocat général n'a pas voulu entamer, suite à la plainte qu'on avait déposée,
12:22il n'a pas voulu entamer une instruction pour abus de faiblesse.
12:26Il a estimé, à l'époque, qu'il fallait attendre qu'une personne sorte de l'emprise,
12:34pour qu'elle puisse elle-même déposer plainte, mais directement.
12:38– Et tant que personne ne sortait de cette emprise,
12:41le gourou pouvait, comme ça, continuer à exercer en toute liberté.
12:44– C'est ce qu'il a fait, d'ailleurs.
12:46Et finalement, il a fallu attendre, je crois que c'est 2008, en mars 2008,
12:50pour que Christine de Védrine s'échappe, dans des conditions rocambolesques d'Angleterre,
12:55arrive en France pour qu'elle dépose plainte.
12:57Il faut savoir, quand même, que la justice avait évolué, mais très lentement.
13:00Il y a une jurisprudence, en 2008, dans un dossier qui s'appelle « La gourelle de Lisieux »,
13:04de Caen, qui avait permis aux familles de déposer plainte,
13:09sans attendre la sortie, qui pouvait durer des années.
13:11– Maître, dans ce laps de temps, entre le moment où vous emparez du dossier,
13:15est-ce qu'il y a encore une possibilité de communication, de contact,
13:18avec ceux qu'on appelait les reclus ?
13:20Ou alors, est-ce que les ponts sont totalement coupés ?
13:22– Non, non, les ponts sont coupés.
13:24Et quelques tentatives qui ont pu être faites par certains de nos confrères journalistes,
13:29ou par certaines personnes, des amis ou autres,
13:32lorsqu'ils venaient frapper au volet, ou à la porte, ou téléphoner,
13:35ça renforçait le paranoïa du groupe.
13:37Donc, non, non, il n'y avait aucune possibilité de contact.
13:40– Et donc, au moment où vous intervenez, vous l'expliquiez tout à l'heure,
13:44vous avez organisé vous-même l'exfiltration de la famille Desvedrines
13:47dans leur résidence d'Oxford.
13:48Est-ce que vous pouvez un peu nous raconter comment vous vous y êtes pris,
13:51comment ça s'est passé, cette opération ?
13:54Vous avez été aidé de thérapeutes, je crois ?
13:57– Disons que, d'abord nous nous sommes intervenus qu'après l'arrestation de Thilly,
14:02avant l'arrestation du complice Gonzales,
14:07donc on avait quand même avancé dans le procès, si vous voulez,
14:10on bénéficiait déjà des écoute-téléphones, etc.
14:12Donc moi, dès que j'ai rencontré Jean Marchand,
14:14je me suis dit dans un dossier aussi complexe,
14:16ça ne suffit pas d'être avocat, il faut absolument utiliser des méthodes
14:20d'un peu de pointe, à l'instar des États-Unis.
14:22Car je savais, comme militant anti-secte, qu'aux USA,
14:26l'exit-counseling était pratiqué, ce qui n'est pas le cas en Europe.
14:29Donc j'ai effectivement eu le temps, à bas bruit, entre 2004,
14:34plainte à agent, et 2008, sortie de question,
14:38de constituer une équipe constituée de psychanalystes,
14:41psychologues-cliniciens qui connaissaient les méthodes américaines
14:44de sortie de secte, et également détectives privées
14:49qui avaient aussi une formation d'éducateurs.
14:52Donc ça veut dire qu'il y avait en gros une cellule de choc mont-flanquin
14:55qui était prête à intervenir pour le jour où le sortilège se dissiperait.
14:59Exactement, c'est ce qui s'est passé.
15:01Je me souviens très bien, je me souviens très précis par rapport à ça.
15:04Christine est arrivée dans mon bureau fin mars 2008,
15:08genre, je ne sais pas, je dirais, mettons peut-être le 24 mars,
15:11quelque chose comme ça.
15:12Le 27 mars, elle a été entendue par le juge immédiatement,
15:14parce qu'un agent avait quand même saisi le parquet financier
15:17pour le blanchiment d'argent.
15:19Il n'y avait donc aucune instruction d'ouverte malgré tout.
15:21Donc nos efforts n'avaient pas été vains, si vous voulez, à cet égard.
15:24Et on a pu voir le juge d'instruction chargé de cette affaire
15:26assez rapidement à Bordeaux.
15:28Et je me souviens très bien que j'avais dit à Christine,
15:29écoutez, dès lundi, c'était un vendredi le 27 mars,
15:31dès lundi, vous êtes chez la psychanalyste pour commencer à travailler.
15:34Elle avait été surprise, mais elle a absolument joué le jeu.
15:36Et c'est comme ça qu'on a pu travailler efficacement.
15:39Et nous sommes intervenus finalement pour le premier exit counseling.
15:42Là, je vous dis ça de tête, on est partis une semaine là-bas,
15:45mais on a eu de réussite avec Guillaume,
15:49qui est le premier à être sorti le 11 novembre 2009.
15:52Alors vous parlez d'exit counseling.
15:54Est-ce qu'on peut le traduire en français et décrire à peu près à quoi ça ressemble ?
15:57C'est le conseil de santé d'emprise mentale.
15:59Donc nous, on n'intervenait pas nous-mêmes,
16:01on intervenait pour accompagner Christine,
16:02qui était la seule à visiter, s'il voulait aller chercher ses proches.
16:06On s'était quand même assorti le concours des autres membres de la famille
16:09qui étaient là.
16:11Et puis toute l'équipe, si vous voulez, spécialisée,
16:13qui avait quand même travaillé très en amont pendant des mois,
16:15pour comprendre.
16:16Il s'agit donc un petit peu de tailler une clé pour la bonne serrure.
16:23Voilà, c'est ça.
16:25Mais une clé qui est psychanalytique, si vous voulez.
16:27Donc ce n'est pas moi, bien sûr, qui faisais ça,
16:29c'est sur les psys, qui ont été capables,
16:31avec le concours des membres de la famille de Védrine,
16:34qui étaient à l'extérieur, Jean Marchand de côté,
16:38Philippe de Védrine, sa conjointe, Mme Brigitte Martin,
16:42qui était elle-même dans les reclus autrefois,
16:44qui était sortie un an avant, plus Christine qui s'était échappée.
16:47C'est eux qui ont pu un petit peu donner une vue complète
16:52du tableau psychologique et de ce qu'ils voyaient de Thilly,
16:55de ce qu'ils voyaient de la famille.
16:57Et donc le 11 novembre, sur le lieu de son travail,
17:01la psychologue clinicienne principale a pu intervenir.
17:04Intervenir en tout cas, et elle était prête.
17:07On va revenir sur la...
17:08Si vous le permettez, Maître,
17:09on va revenir un petit peu plus tard
17:10sur l'aspect de la manipulation mentale,
17:12parce qu'il y a deux ou trois éléments
17:14sur lesquels on aimerait revenir avec vous tout de suite.
17:16D'abord, ce complice de Thilly, Jacques Gonzalès,
17:19vous l'avez mentionné, qu'est-ce qu'il fait maintenant ?
17:22Et est-ce qu'il était, comme on a pu le dire par moments,
17:25dans le cadre du dossier, le cerveau de cette affaire ?
17:28Alors non, ça a été écarté, ça,
17:30notamment par le docteur Zalguri,
17:32dans lequel j'ai une grande confiance.
17:33Car Daniel Zalguri est un expert
17:35dans la cour de cassation psychiatre,
17:37un des meilleurs de France.
17:39Et lui a estimé,
17:41après avoir vu l'ancien dossier,
17:44entendu l'ensemble des vedettes, etc.,
17:48qu'il n'y avait pas de place,
17:50qu'il pensait qu'il n'était pas possible
17:52pour le marionnettiste d'être lui-même une marionnette.
17:55Donc Thilly ne pouvait pas être manipulé par quelqu'un d'autre.
17:59Parce que là, que faisait ce complice ?
18:01Quel était son rôle à Jacques Gonzalès ?
18:03Thilly est un type très particulier.
18:05Vous savez, c'est un gourou,
18:07c'est un gars qui est à la fois un mélange de surdoué
18:10et de garçon extrêmement fragile,
18:12pour ne pas dire atteint psychiatriquement
18:14quand il est sorti de prison.
18:15Donc il a besoin, pour réaliser ce prodige,
18:17de tenir des gens pendant dix ans,
18:20de les tenir vraiment en main.
18:22Il a besoin d'un soutien, d'un étayage.
18:25Quelque part, s'il voulait, en fait,
18:27Gonzalès, c'est un jeu de rôle,
18:30celui du patron, celui du père,
18:32celui de l'épaule sur laquelle vous devez vous appuyer.
18:34Il a un besoin pour réaliser son travail.
18:36Et Gonzalès en profitera.
18:38Ardemment, Gonzalès n'a pas les épaules
18:41pour faire une telle manipulation.
18:43Mais alors, qu'est-ce qu'il fait dans cette histoire ?
18:44Parce qu'après tout, il n'est lui-même pas dans le manoir,
18:46par exemple, M. Gonzalès.
18:47Donc quel est son rôle très concret ?
18:49Non mais Thilly, en plus, n'est pas dans le manoir.
18:51Thilly, c'est une manipulation internaute,
18:53téléphonique internaute.
18:54Aujourd'hui, on n'a pas besoin d'être auprès d'eux.
18:56Il a très peu vu physiquement au départ.
18:59C'est important de le rappeler, d'ailleurs,
19:00parce que tout le monde imagine que la famille
19:02s'était enfermée avec le gourou dans ce manoir,
19:04alors que pas du tout.
19:05Absolument.
19:06Dans la commune de Montflanquin, d'ailleurs,
19:07les gens n'y croyaient pas trop.
19:08Parce qu'on disait, on ne l'a jamais vu, ce gourou.
19:10Et donc, concrètement, dans la vie de tous les jours,
19:12qu'est-ce qu'il faisait, ce M. Gonzalès ?
19:14Il allait chercher de l'argent, il rapportait des meubles,
19:16il faisait des courses.
19:17Qu'est-ce qu'il faisait ?
19:18Non, non, Gonzalès, il était censé,
19:21avant de monter avec Thilly,
19:24une organisation, une ONG.
19:26Oui, la fameuse Blue Light Fondation.
19:28Il n'avait rien fait, à part collecter de l'argent,
19:30s'il voulait.
19:34Finalement, il achetait des biens,
19:37pas seulement pour lui, etc.
19:39Ils ont bien pris un siège de fondation,
19:41mais tout était bidon, s'il voulait.
19:43Tout était absolument bidon.
19:44La fondation a servi surtout à l'alimenter à lui.
19:47Il a pompé 1,5 million, Gonzalès, environ,
19:49ce qu'on a pu retracer.
19:51Ce qui est loin, quand même, des 5 millions,
19:53d'ailleurs, de 4,5 millions, quand ils ont été captés.
19:55Donc, c'est pas lui qui a la majorité de l'argent, déjà.
19:56Oui, mais en tout cas, ça fait des sommes considérables
19:58et ça donne une idée de la profondeur
20:00de la manipulation qui a été opérée.
20:02Restez avec nous, Maître Picotin.
20:03On va se retrouver dans quelques instants.
20:05Vous allez, dans un instant, nous raconter
20:06l'exfiltration de cette famille de Védrine,
20:08depuis leur résidence d'Oxford, en Angleterre.
20:12Vous allez nous raconter comment vous êtes intervenu.
20:14Et puis, on va revenir sur les autres aspects
20:16de cette histoire.
20:17A tout de suite, sur Sud Radio.
20:19Sud Radio, l'affaire dans l'affaire.
20:21Jean-Marie Bordry, Victor Lefebvre.
20:23De retour sur Sud Radio, l'affaire dans l'affaire.
20:25Émission aujourd'hui consacrée à l'affaire
20:27des reclus de Montflanquin.
20:29Du nom de cette famille, victime pendant dix ans
20:32d'un véritable gourou manipulateur, Thierry Thivy.
20:35Pour en parler, nous sommes avec Victor Lefebvre,
20:37journaliste Adrien Peltier, spécialiste de La Veille Média
20:40et Maître Daniel Picotin, avocat de deux membres
20:43de la famille de Védrine.
20:45Daniel Picotin, on le disait, cette exfiltration
20:49de la famille de Védrine, depuis leur résidence d'Oxford,
20:53vous avez pu y participer, vous allez nous le raconter.
20:56Mais avant ça, revenons sur la première à avoir brisé
20:59ce cercle et à être sortie d'elle-même.
21:01Comment ça s'est passé ?
21:03Qu'est-ce qui a fait qu'elle a réussi à s'exfiltrer
21:07de ce manoir ?
21:09Alors, c'est pas tout à fait vrai.
21:11Les premiers exfiltrés, ceux qui sont sortis les premiers,
21:14ce n'est pas Christine, c'est son beau-frère,
21:17Philippe de Védrine, qui est l'aîné de la famille,
21:20et sa conjointe, Brigitte Martin, ils sont sortis un an avant.
21:23Ils sont sortis épuisés, déboussolés, un peu paranoïaques.
21:27Donc, ils n'étaient pas en état de pouvoir agir
21:29pour leur famille qui était restée là-bas.
21:31Ils ne sont pas sortis du manoir.
21:33Lorsqu'ils sont sortis, tous, le gourou les avait entraînés,
21:36les avait exilés en Angleterre et précisément à Oxford.
21:40Alors, en ce qui concerne Christine, qui est donc celle
21:43qui a donné l'alerte et qui a surtout été allée récupérer
21:45avec nous tous, avec notre équipe, récupérer sa famille,
21:49ses enfants, son mari, etc.
21:52En fait, elle avait subi quelques temps avant,
21:57quelques mois avant, une horrible torture
22:01qui était d'être obligée de donner des comptes bancaires
22:06qui n'existaient pas en fait, un trésor qu'elle n'avait pas.
22:09Et donc, elle est restée sur un siège face à un mur,
22:14ne buvant que du thé et quelques petits biscuits secs
22:17pendant des jours et des jours.
22:18Sur ordre de qui ?
22:20Oui, ça s'appelle la paix des braves et c'est fait par la famille
22:23qui nient comme un chien autour d'eux pour un peu les exciter.
22:28Donc, il faut qu'on s'arrête sur cette image
22:31parce qu'elle est stupéfiante.
22:33Toute la famille se ligue contre l'une de ses membres
22:38sous l'ordre du gourou qui les regarde.
22:40Et on a l'une des membres qui est assise toute seule
22:43sur une chaise face à un mur avec seulement des biscuits
22:45et un peu d'eau à boire.
22:47Elle est presque tombée dans le coma à l'infantile
22:49depuis plusieurs jours.
22:51C'était surtout les adultes qui étaient chargés
22:53de cette basse besogne, eux-mêmes sous emprise.
22:56Elle était réveillée sans arrêt avec une technique d'anesthésiste
22:59puisqu'elle s'endormait, elle tombait,
23:01donc on lui tirait le lope de l'oreille si vous voulez,
23:04c'est une technique particulière.
23:06Donc, la pauvre femme est vraiment tombée à la mi-semaine
23:09ensuite à se refaire une santé dans une petite chambre, etc.
23:12Elle était vraiment brisée.
23:13Et c'est là d'ailleurs que Philippe est parti
23:15et Philippe, ça a quand même créé un trop-plein chez lui.
23:18Dans l'emprise mentale, il peut y avoir des trop-pleins.
23:20Une goutte d'eau de trop.
23:22Il a dit on n'est quand même pas des nazis.
23:24Et c'est là qu'il a quitté l'Angleterre,
23:26qu'il a réussi à s'échapper avec sa femme.
23:28Donc, il en est parti, mais ces deux-là, pour l'instant,
23:30n'étaient pas en mesure d'intervenir et d'organiser les secours.
23:33Donc, il reste Christine.
23:35Voilà.
23:36Et alors Christine, ce qui s'est passé,
23:38c'est que le gourou a commis une erreur.
23:40Il ne s'est pas trop corrompu, finalement.
23:42Jusqu'à maintenant, il n'avait plus de papier d'identité.
23:45Mais on ne peut pas rester improductif chez Tilly.
23:48Tilly, c'est un chancre, si vous voulez.
23:51C'est quelqu'un qui est un rapace.
23:53Donc, il faut que tout le monde fournisse de l'argent.
23:55Et quand on n'a plus d'argent, on se met à travailler.
23:57Et donc, il a mis toutes les vidrines
23:59qui étaient disponibles par la grand-mère au travail.
24:02Et il pompait 90 % des salaires de ces personnes.
24:05Donc, Christine, il décide de la faire travailler.
24:10Et on lui présente, à ce moment-là, un Français
24:13qui est un baron d'empire,
24:15le monsieur Pouget de Saint-Victor,
24:19et qui a des restaurants et des établissements
24:22de gastronomie à Oxford.
24:26Donc, on lui présente Christine.
24:29Il l'embauche comme cuisinière.
24:31Mais pour ça, il faut avoir les papiers d'identité.
24:33Donc, elle récupère sa carte d'identité.
24:35Ça va s'avérer extrêmement précieux,
24:37car c'est grâce à ça qu'elle pourra partir.
24:39Alors, en sortie d'emprise mentale,
24:43il faut un déclic.
24:45Et sans le savoir, monsieur de Saint-Victor
24:49a créé un déclic chez Christine
24:52en l'interpellant vivement,
24:54en disant qu'en fait, qu'est-ce que vous faites chez moi ?
24:56Vous êtes manifestement une femme d'aristocrate.
24:58Vous êtes vous-même une aristocrate.
25:00Vous êtes femme d'un chirurgien obstétricien à Bordeaux.
25:03Vous êtes une notable.
25:05Qu'est-ce que vous faites dans la cuisine de mon restaurant ?
25:08C'était une question légitime.
25:10Et là, il a su, si vous voulez, toucher un point important.
25:14Briser la glace.
25:16Christine lui a montré un site internet
25:19qui parlait de son histoire.
25:21Et c'est comme ça, si vous voulez,
25:23que l'employeur, finalement français,
25:26a pu faire ce déclic dans la tête de Christine.
25:31Et très rapidement, il a, cet homme-là,
25:34organisé la fuite de Christine.
25:36Il a tout de suite compris qu'elle était, en quelque sorte,
25:38prise en otage par ce gourou.
25:40Il l'a compris et il lui a fait prendre conscience.
25:43Et il a organisé son échappée.
25:46C'est-à-dire qu'un matin,
25:48Jean-Henri est venu amener sa femme au travail
25:50comme tous les matins.
25:52Et elle avait appris d'affaires.
25:54Je crois qu'elle avait pris très peu d'affaires
25:56pour ne pas donner l'éveil.
25:58Elle avait sa carte d'identité.
26:00Et là, un chauffeur de l'entreprise
26:02de M. Pouget de Saint-Victor
26:04est arrivé très rapidement à la gare Christine,
26:06qui avait pris contact avec sa sœur
26:08et avec de ses amis,
26:10pour partir, pour s'échapper.
26:12Et c'est là qu'elle m'a téléphoné, d'ailleurs.
26:14Elle m'a demandé un conseil avant de partir,
26:16qui était de savoir si elle déposait plainte
26:18à Scott Thietegaard
26:20ou si bien elle se réservait pour la France.
26:22Et je lui ai visiblement conseillé
26:24de ne rien faire en Angleterre et d'arriver en France,
26:26puisque moi, j'avais une instruction qui était quand même ouverte
26:28pour le branchement d'argent.
26:30Je savais qu'avec son témoignage,
26:32elle n'avait pas l'habitude de l'être.
26:34— Elle a essayé de partir avec d'autres,
26:36ou elle n'en a parlé à absolument personne
26:38en se disant qu'on les libérerait de l'extérieur ?
26:40— À personne.
26:42— Absolument personne. Dans quel état elle était
26:44quand elle est sortie ?
26:46— Pardon ?
26:48— Dans quel état vous l'avez récupérée
26:50quand elle est sortie ?
26:52— Écoutez, une femme quand même
26:54à la fois touchée,
26:56défaite,
26:58mais avec une extrême volonté
27:00et une grande conscience,
27:02une grande force qu'elle a eue,
27:04car elle était mue par son amour
27:06de la famille, de son mari, de ses enfants
27:08et du reste de sa famille, bien sûr,
27:10mais ses enfants lui tenaient particulièrement à cœur.
27:12Et quand elle est rentrée dans mon cabinet,
27:14elle voulait absolument les arracher de là-bas
27:16et elle a pensé que la voie judiciaire
27:18était la bonne. Ce qu'elle ignorait, c'est que j'avais monté
27:20cette équipe d'exit counseling
27:22qui était évidemment à son service et qui était prête
27:24et qui a pu démarrer.
27:26Elle travaillait le vendredi chez le juge
27:28et le lundi, elle était déjà au travail chez le spécialiste.
27:30— Quand on vous entend raconter ça,
27:32on peut imaginer qu'elle avait pris sa décision
27:34de partir et de faire...
27:36de libérer sa famille des mois
27:38avant de partir réellement.
27:40Elle était prête, mentalement en tout cas,
27:42à faire tomber le système.
27:44— Pas du tout, pas du tout. Elle ne pouvait être...
27:46Elle ne pouvait avoir conscience
27:48que du jour où son employeur lui a...
27:50lui a ouvert le...
27:52— Et donc il se passe combien de temps entre...
27:54— Il a dessiné. Avant, non, non, elle partait pas.
27:56— Et donc il se passe combien de temps
27:58entre le déclic avec son employeur
28:00et sa sortie, son évasion ?
28:02— Je crois que c'est allé assez vite. Je n'ai pas en tête,
28:04je ne peux pas vous le dire, mais à mon avis, quelques jours.
28:06— Quelques jours ? — Quelques jours, parce que si vous voulez,
28:08tout pouvait changer. Imaginez qu'il change de position,
28:10qu'il donne doute, il aurait retiré
28:12le papier d'identité, c'était mort.
28:14— C'est incroyable. Incroyable, Victor Lefebvre.
28:16— Oui, d'ailleurs, on se demandait
28:18dans quel état psychologique la totalité
28:20de la famille de Védrine a été retrouvée
28:22parce qu'on suppose que ce n'est pas du jour au lendemain
28:24où il y a une prise de conscience
28:26de l'emprise mentale
28:28qu'ils ont subie. Comment est-ce que ce processus se fait ?
28:30Est-ce que c'est quelque chose qui se fait
28:32sur un temps très long, la prise de conscience
28:34de l'emprise mentale ? — Pas du tout.
28:36Là, vous êtes sur une idée reçue. Au contraire,
28:38le déclic peut se faire en une minute.
28:40En l'espèce, le déclic de l'ensemble
28:42de la famille, c'est
28:44l'équipe d'Exit Containing qui l'a provoqué.
28:46Alors, sur Guillaume, il y a eu une discussion,
28:48je crois qu'elle a duré une heure, quelque chose comme ça.
28:50Et pour les autres membres de la famille,
28:52on n'avait pas réussi
28:54à infiltrer la maison
28:56où ils se trouvaient, la majorité,
28:58parce que, malheureusement,
29:00Guylaine avait aperçu son beau-frère
29:02qui faisait 1m90, je crois,
29:04au fond de la rue. Donc, on est revenus un mois après.
29:06Comme c'est libre, on peut recommencer
29:08autant de fois que l'on veut. Donc, on est revenus
29:10un mois après. Et là,
29:12la psychologue a pu faire ouvrir la porte
29:14par Guylaine.
29:16La psychologue est restée à la maison 11 heures.
29:18Mais il y en avait quand même
29:20à l'époque encore
29:227 ou 8 à récupérer, si vous voulez.
29:24Et donc, ça s'est fait
29:26dans la journée. Mais en fait, ça va assez vite.
29:28Ça tient à peu de choses, en quelque sorte.
29:30En tout cas, la sortie de ce...
29:32C'est un déclic.
29:34Alors, un déclic, c'est le mot
29:36ou la phrase
29:38qui fait tomber
29:40le château de cartes, en quelque sorte.
29:42Exactement.
29:44On appelle ça dessiner.
29:46Un petit peu comme dans Racine.
29:48Si vous voulez,
29:50c'est un terme de faux-connerie.
29:52On ferme les yeux
29:54avec un fil. Vous tirez
29:56le fil.
29:58En faux-connerie, si vous voulez.
30:00Vous tirez le fil, et tout d'un coup,
30:02le regard...
30:04On a fait d'autres équipes comme ça,
30:06quand même beaucoup, avec mon équipe,
30:08après David Reed, puisque ça avait bien marché.
30:10Et une fois, ma psychologue clinicienne avait dit
30:12sur une jeune femme d'Arcachon
30:14qui avait été sauvée, si vous voulez,
30:16qui avait été reconnectée, pardon.
30:18Elle m'avait dit tout d'un coup...
30:20Elle s'est reconnectée au réel. On a vu une lumière dans ses yeux.
30:22Et vous rallumez, en quelque sorte,
30:24la lueur.
30:26Dans un instant, on va revenir sur la...
30:28C'est pas du tout un phénomène progressif.
30:30Alors, on peut y travailler avant.
30:32On peut, si vous voulez, faire céder
30:34les résistances psychologiques
30:36en faisant des petits assauts
30:38qui sont des encoches psychologiques,
30:40mais le déclic lui-même,
30:42si vous voulez, c'est une minute.
30:44Le problème, c'est qu'il faut arriver à le trouver.
30:46Le provoquer.
30:48Comme une aiguille dans une botte de foin mental.
30:50On va raconter notamment
30:52l'écho extraordinaire de cette affaire
30:54qui a stupéfié la France entière dans quelques instants
30:56avec Adrien. Avant ça, j'aimerais que vous nous racontiez
30:58très concrètement, puisque vous l'avez organisé
31:00vous-même, comment s'est passée l'exfiltration
31:02dans la résidence d'Oxford.
31:04C'est vous qui y allez, vous frappez à la porte
31:06avec des policiers ?
31:08Ça, c'est le travail des psys. Moi, je suis avocat, n'oubliez pas.
31:10Moi, en tant qu'avocat, si vous voulez,
31:12c'est organiser des équipes,
31:14trouver des financements, mettre tout le monde en route.
31:16Par contre,
31:18tout ce qui est le travail
31:20de discuter. Parce que vous pouvez être aussi,
31:22si vous n'avez pas les mots
31:24adéquats, vous pouvez faire l'inverse.
31:26Vous pouvez être contre-performant. Vous pouvez en renforcer
31:28les gens dans leur certitude.
31:30Comment ça va se passer concrètement ?
31:32Il y a des gens que vous envoyez ?
31:34La psychologue clinicienne. La première fois, c'est la psychanalyste
31:36que j'avais envoyée au front à la maison.
31:38Ça n'a pas marché. Elle n'a pas pu rentrer.
31:40La seconde fois, on a changé de personnage.
31:42C'était la psychologue clinicienne qui avait
31:44travaillé avec les médecins américains
31:46aux Etats-Unis, etc. Elle a frappé à la porte
31:48et elle a
31:50entamé le dialogue tout de suite
31:52avec Guylaine. Et Guylaine, elle la connaissait
31:54parfaitement. Parce que si vous voulez, elle avait tellement travaillé,
31:56la psychologue, avec les membres de la famille
31:58qu'on connaissait son tempérament
32:00qui était assez fort, etc.
32:02Elle savait comment lui parler, etc.
32:04C'est un peu le travail inverse.
32:06Le gourou,
32:08il faisait tout pour la visser,
32:10pour l'enfermer,
32:12pour la ficeler.
32:14Et vous, pour la libérer avec votre équipe, en tout cas, les psychologues.
32:16Donc, elle trouve les mots.
32:18Je ne vous dirai pas les mots
32:20parce que moi, je ne sais pas. J'étais dans une voiture.
32:22C'est un peu comme dans le roman policier.
32:24On avait loué une voiture
32:26à verre fumé
32:28et on était dans la rue
32:30avec quelques encablures de la maison.
32:32Quand je l'ai vue rentrer à la maison,
32:34je me dis que c'est chouette, ça va aller très vite.
32:36J'ignorais qu'elle allait rentrer, je ne sais pas,
32:38mais si, je sais, sur le coup de 10h du matin.
32:40Et ça a duré 11h.
32:42Donc, nous, on est rentrés à la maison, je crois que c'était à 22h ou à 12h30.
32:44Donc, ça a duré 11h
32:46avant que les membres de la famille
32:48ne commencent à sortir
32:50l'un après l'autre.
32:52En fait, ils ont été ficelés les uns après les autres
32:54par Tilly.
32:56L'expert Zachury
32:58avait dit qu'il avait fait un travail
33:00cousu main.
33:02C'est-à-dire qu'en fait, il ne s'est pas exprimé auprès de la petite Diane
33:04dans sa maison, comme auprès
33:06de la grand-mère d'Ademar dans son château
33:08de Montflanquin qui avait
33:1089 ans. Il a parlé à chacun
33:12avec ses mots, avec sa culture, vous voyez.
33:14Donc là, il était très fort pour ça, Tilly.
33:16Donc, le travail s'est fait à l'inverse
33:18par la psychologue. Et puis, il faut dire que c'était un peu compliqué
33:20parce que tout le monde n'était pas sur place.
33:22En réalité, Jean-Henri vivait dans une maison extérieure.
33:24Donc, il a fallu...
33:26Quand Guylaine a compris
33:28qu'elle s'était fait flouer
33:30pendant 10 ans, c'est elle-même
33:32qui l'a rappelé. C'est comme un jeu de domino.
33:34Tout est tombé comme un château de cartes, c'est ce qu'on disait.
33:36Elle est allée les chercher les uns après les autres.
33:38Donc, on a fait venir Jean-Henri.
33:40Sa fille, Guillaumette, était, je vous dis ça de mémoire,
33:42à Bristol.
33:44Donc, je crois que c'est notre chauffeur,
33:46notre éducateur,
33:48mince, oui, détective,
33:50qui est allé la chercher à Bristol
33:52parce qu'il ne fallait pas qu'il intervienne.
33:54Donc, il y a eu un briefing,
33:56un debriefing.
33:58Et l'un après l'autre, en tout cas, jusqu'à ce qu'il sorte.
34:00Je ne pourrais pas vous en parler.
34:02Moi, je suis sur une photo finale. Je ne sais pas si vous avez vu.
34:04On va le raconter justement dans un instant avec vous.
34:06Restez avec nous, Maître Picotin. On se retrouve dans quelques instants.
34:08La suite de l'affaire des reclus de Montflanquin
34:10et l'écho incroyable
34:12que cette affaire a eu. On va en parler avec vous tous
34:14à tout de suite dans l'Affaire dans l'Affaire.
34:16Sud Radio. L'Affaire dans l'Affaire.
34:18Jean-Marie Bordry. Victor Lefebvre.
34:20L'Affaire dans l'Affaire, ce matin consacrée
34:22à l'affaire des reclus de Montflanquin
34:24du nom de cette famille victime pendant 10 ans
34:26d'un véritable gourou manipulateur,
34:28Thierry Thilly. Alors, on est toujours avec
34:30Victor Lefebvre, journaliste.
34:32Adrien Pelletier, spécialiste de La Velle Média.
34:34On va revenir avec vous sur le retentissement
34:36de cette affaire. Et Maître Daniel Picotin,
34:38avocat de deux membres de la famille
34:40de Védrine. Adrien Pelletier,
34:42je me tourne vers vous parce que dans cette affaire
34:44des reclus de Montflanquin,
34:46à l'époque, les médias ont couvert
34:48la réclusion avant même qu'elle ne
34:50prenne fin. C'est assez spectaculaire.
34:52Exactement. En fait, l'affaire émerge
34:54progressivement, pas de manière brutale
34:56et retentissante comme ça peut être le cas
34:58avec une arrestation ou un crime.
35:00Là, effectivement, ils sont reclus
35:02depuis plus de 6 ans,
35:04sous l'emprise du gourou, tel qu'il a été décrit
35:06de manière unanime, quand quelques
35:08médias suivent l'affaire.
35:10Notamment, il faut attendre 2006,
35:12donc plus de 5 ans après
35:14leur réclusion. Ils y sont toujours.
35:16Lorsqu'ils sont
35:18barricadés au château, lorsque la presse
35:20régionale, La Dépêche,
35:22fait mention de cette affaire
35:24dans un article intitulé « La maison du silence »
35:26pour alerter sur ce qui se passe
35:28et ce que les voisins décrivent comme quelque chose
35:30d'assez inquiétant.
35:32Puis Libération, qui se rend sur place
35:34et qui sont les premiers à parler des reclus
35:36tels qu'ils seront qualifiés par la suite
35:38par l'ensemble des médias et du public.
35:40Pour autant, cette médiatisation
35:42qui arrive en 2006 ne met pas fin
35:44à l'emprise. Au contraire, Thierry Tilly
35:46s'en sert pour alimenter son argumentaire
35:48complotiste, dire « Voilà, vous voyez,
35:50effectivement, il y a cette théorie du complot. »
35:52Et
35:54c'est parfois sous l'impulsion de Jean Marchand
35:56que les médias se rendent sur place,
35:58font des reportages. Je pense notamment
36:00à 66 Minutes d'M6
36:02qui avait envoyé ces journalistes à Oxford.
36:04Donc là, ils étaient déjà partis du château,
36:06ils sont dans une petite maison. Et on les voit
36:08sous la fenêtre, puisque les reclus ne veulent pas leur ouvrir,
36:10en train de discuter avec Guylaine, qui leur dit
36:12« Non, non, Jean est un affabulateur, c'est une histoire
36:14d'argent, rien de plus. »
36:16On le rappelle, Jean Marchand, c'était la pièce rapportée de La Famille
36:18qui était partie dès le début, qui avait été exclue.
36:20Alors,
36:22quelle place, aujourd'hui, cette affaire occupe dans l'espace public ?
36:24Les reclus de Montflanquin, c'est un terme qu'on a tous
36:26entendu au moins une fois.
36:28Ça a laissé des traces.
36:30Effectivement, on peut dire au panthéon des grandes affaires,
36:32puisque toutes les grandes émissions de faits divers,
36:34ont consacré des numéros qui reviennent régulièrement.
36:36Néanmoins,
36:38pour une affaire hors normes comme celle-ci, c'est pas non plus
36:40connue de toute la France entière,
36:42comme ça peut l'être, de certains crimes.
36:44Il n'y a pas de meurtre dans cette affaire, c'est une affaire d'emprise psychologique.
36:46Et, effectivement,
36:48il y a
36:50une centaine de citations par an,
36:52mais pas plus. Néanmoins,
36:54il y a vraiment un intérêt pour les professionnels
36:56de l'information, que sont
36:58notamment l'industrie de l'édition,
37:00avec plusieurs livres,
37:02notamment celui récent de la journaliste
37:04du Figaro,
37:06Margot d'Ademar, Les reclus de Montflanquin et une famille sous-emprise,
37:08aux presses de la Cité,
37:10mais aussi des témoignages des
37:12membres de la famille, de Guylaine elle-même,
37:14de Jean Marchand, dans des livres,
37:16et aussi
37:18une attractivité cinématographique,
37:20puisqu'un téléfilm, avec
37:22Michel Larocque dans le rôle-titre,
37:24avait vu le jour, sous le nom
37:26de Diabolik, en 2015,
37:28et récemment, cette année même,
37:30en 2024, Canal+,
37:32a diffusé une série de reportages
37:34sur l'affaire. En un moment, on a parlé de cette affaire
37:36à l'étranger, même en dehors de l'Angleterre,
37:38où une partie de la scène s'est déroulée.
37:40C'est une affaire hors normes, comme le disait le maître.
37:42Est-ce que le profil singulier de ces victimes a retenu l'attention ?
37:44Oui, les deux profils
37:46ont retenu l'attention, à savoir les victimes,
37:48la famille et le gourou.
37:50La famille, par son côté aristocrate,
37:52on l'a beaucoup décrit,
37:54cette aristocratie qui a
37:56un grand patrimoine, qui est cultivée,
37:58comment la sidération des gens,
38:00de savoir que tous les membres avaient pu tomber sous la coupe
38:02de ce gourou, mais évidemment, Thierry Tilly,
38:04par cette personnalité trouble,
38:06comme on l'a dit, à la fois le côté manipulateur,
38:08très intelligent, très calculateur,
38:10mais aussi cette personne qui, au procès,
38:12a été décrite par tous les journalistes présents
38:14comme délirante,
38:16tenant des propos complètement mythomaniaques.
38:18Et voilà, et d'ailleurs...
38:20Et pourtant, il a été cru.
38:22Effectivement, il a été cru, mais alors, ce qui est intéressant,
38:24c'est que cette affaire entretient une coïncidence
38:26avec l'émergence d'un terme.
38:28Alors lui a été associé à plusieurs
38:30qualificatifs, manipulateurs, gourous, escrocs,
38:32en prise, mais pervers.
38:34Et on voit émerger,
38:36alors c'est pas...
38:38ça veut dire que c'est une coïncidence,
38:40c'est pas la seule raison, mais le terme de pervers narcissique
38:42commence à émerger à partir de 2008,
38:44soit les révélations de l'affaire,
38:46avant ça existe de manière anecdotique dans les médias,
38:48à partir de 2012 et du procès,
38:50de plus en plus d'articles émergent,
38:52et depuis c'est des milliers d'articles par an sur ce phénomène
38:54de pervers narcissique dont on parle beaucoup.
38:56Et donc vous pensez que c'est cette affaire qui a
38:58mis le terme à la mode ?
39:00Non, elle n'est pas la seule à être responsable de cette mode,
39:02mais effectivement ça a coïncidé avec la médiatisation
39:04de cette affaire.
39:06Alors on va retrouver dans quelques instants Maître Picotin
39:08que le terme « gourou » est adéquat d'ailleurs,
39:10c'est une question que j'aimerais vous poser Maître Picotin.
39:12On a beaucoup parlé de « gourou »
39:14depuis le début de cette émission,
39:16parce que pour nous ça tombe sous le sens.
39:18Est-ce que le spécialiste de l'emprise sectaire
39:20que vous êtes confirme que
39:22M. Thilly était bien un « gourou » ?
39:24Absolument.
39:26Il a tous les stigmates du « gourou » total,
39:28il a parfaitement réussi son emprise,
39:30et il a tenu les membres sans faille
39:32pendant dix ans, pendant une toile d'araignée,
39:34et c'était très difficile à faire.
39:36Est-ce que ce qui est étonnant,
39:38c'est qu'il n'y avait pas de rites,
39:40il n'y avait pas non plus de sévices sexuels,
39:42on ne retrouve pas l'archétype classique d'une secte ?
39:44Attendez,
39:46là vous allez un peu vite.
39:48Il avait quand même inventé une histoire,
39:50il a tout dit mythologie.
39:52Gonzalès est un grand patron
39:54qui est au-dessus du gouvernement.
39:56Lui-même, il a un bureau sous les Invalides.
39:58C'est une organisation secrète,
40:00s'il voulait qu'il lutte contre
40:02les personnes difficiles,
40:04que sont les francs-maçons,
40:06les pédophiles,
40:08qui sont les ennemis.
40:10Il est à la tête
40:12d'une brigade secrète
40:14d'hommes armés
40:16qui contrôlent,
40:18on met des sécurités
40:20à toutes les fenêtres du château
40:22et des maisons.
40:24Mais quel était le moteur pour vous ?
40:26Il raconte des choses extraordinaires.
40:28Quand il raconte que Christine
40:30a hérité, parce qu'elle connaît de la minière,
40:32d'un trésor
40:34des Templiers, des Rois de France
40:36qui est caché, on ne sait où,
40:38en or, etc.
40:40Il y a quand même une histoire
40:42qui rappelle celle des gourous,
40:44véritablement.
40:46Lorsque la grand-mère a démarché,
40:48il y a eu des opérations
40:50qu'on appelait voler clos
40:52à Montflanc, au château de Tégaronne.
40:54Pourquoi ? Parce que les ennemis
40:56de la famille
40:58arrivaient avec des
41:00pistolets à infrarouge
41:02et pouvaient tirer dans la maison.
41:04C'est comme ça que Mme Desmarques,
41:06qui avait d'ailleurs un problème de cataracte
41:08avec un grillage sur les yeux,
41:10on a dit que c'est les ennemis qui lui ont
41:12abîmé les yeux.
41:14Quel était pour vous le moteur
41:16de M. Tilly ? Est-ce qu'il le faisait
41:18uniquement par appât du gain, par goût
41:20de la domination, par détestation
41:22peut-être de ses victimes ?
41:24Qu'est-ce qui le faisait courir ?
41:26Tout à la fois, en général.
41:28Détestation aussi de ses victimes.
41:30Le goût de la domination
41:32d'un aristocrate chez lui
41:34était aussi important
41:36que l'argent. L'argent n'était pas
41:38son moteur premier. Mais il faut quand même savoir
41:40qu'avant les Védrines, il avait
41:42fait pas mal de victimes.
41:44Le champagne Gosset avait perdu 150 000 euros.
41:46M. Gosset, je crois.
41:48Bien d'autres gens avaient déjà
41:50perdu pas mal d'argent.
41:52Une des victimes d'ailleurs
41:54qui a beaucoup influencé l'affaire,
41:56les médias n'ont pas du tout parlé,
41:58on a parlé au procès quand même,
42:00c'est un de mes confrères, M. David Vincent
42:02qui était, je crois, docteur en droit,
42:04un grand avocat de Montaigne à Paris,
42:06qui était l'avocat de Tilly. Et lui-même,
42:08le pauvre confrère a été sous son prise pendant quelques semaines.
42:10Au point d'ailleurs que cet avocat a fait
42:12une chose que personne ne fait, à savoir que
42:14lorsque Tilly avait été expropriée
42:16ou du moins avait effusé
42:18la porte d'un appartement
42:20qu'il ne payait pas, l'avocat
42:22l'a reçue chez lui pendant un mois.
42:24Et c'est Mme
42:26Vincent
42:28qui était la fille d'un
42:30grand industriel européen
42:32qui a dit que c'était mon ami, maintenant c'est lui ou c'est moi.
42:34Donc ça veut dire aussi que c'était un manipulateur
42:36hors pair.
42:38Et Tilly a quand même fait signer
42:40une reconnaissance de dette
42:42ou une caution, pardon, à l'avocat
42:44qui portait sur plus de 100 000 euros
42:46que les judiciaires sont venus chercher
42:48après son départ de l'appartement. Imaginez un grand avocat
42:50qui, d'ailleurs les plaidoiries bien sûr,
42:52il avait un sens
42:54de la manipulation presque magnétique.
42:56Charles-Henri lui
42:58m'a dit, s'il n'y avait pas eu
43:00cet avocat, David Vincent, qui fréquentait
43:02l'école de secrétariat de Guilaine
43:04en tant que parent d'élève, s'il n'y avait pas eu cet avocat
43:06qui était caution de Tilly
43:08mais caution sous emprise, je n'aurais pas marché.
43:10Vous voyez, il y a aussi ce phénomène de domino.
43:12C'est incroyable. C'est quand même un portrait
43:14absolument hors pair
43:16de manipulateur que de ce monsieur
43:18Tilly, je pense. Merci à vous
43:20Maître Picotin d'être intervenu
43:22sur Sud Radio. Je rappelle que vous êtes l'avocat
43:24de plusieurs membres de cette famille
43:26de Védrine et que vous avez participé
43:28très activement au sauvetage
43:30il faut bien l'appeler comme ça
43:32de toute cette famille. Merci à vous Victor Lefebvre.
43:34Merci Jean-Marie. Adrien Pelletier, merci à vous également.
43:36On se retrouvera un prochain samedi
43:38dans un autre numéro de l'Affaire dans l'Affaire
43:40toujours en partenariat avec la revue
43:42Affaire Criminel, la revue du
43:44youtubeur Max Keys. On vous laisse en compagnie
43:46d'Alain Marti sur Sud Radio
43:48juste après les informations.
43:50Toute l'actualité du vin et de nos terroirs
43:52avec modération bien sûr.

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