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Avec Sandie BOULANGER

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##BRIGITTE_LAHAIE-2025-01-29##
Transcription
00:00:00Brigitte Lahaye, Sud Radio.
00:00:02Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio.
00:00:06Nous allons aborder aujourd'hui un sujet délicat mais un sujet qui nous concerne ou nous concernera tous plus ou moins.
00:00:13Et je remercie d'ailleurs mon invité Sandy Boulanger de l'aborder avec nous
00:00:17parce que c'est un sujet qu'on ne pourrait peut-être pas aborder avec n'importe quel invité.
00:00:21Mais après tout, c'est un sujet qui parle avant tout d'amour.
00:00:26On va voir comment on peut accompagner ses parents ou même ses grands-parents dans leur fin de vie.
00:00:31Alors il y a la maladie, les accidents de la vie, la dépendance et puis il y a également le très grand âge
00:00:37où là c'est difficile de pouvoir vivre seul et on a besoin de ses proches même lorsqu'on se retrouve dans un EHPAD.
00:00:45Parce qu'il y a une époque pas si lointaine que ça où c'était l'un des enfants, la plupart du temps une fille d'ailleurs,
00:00:51qui avait la mission de rester auprès des parents afin de leur servir, on pourrait dire d'infirmière en quelque sorte.
00:00:56Aujourd'hui les choses ont bien changé et je crois que bon nombre d'entre nous ne sont absolument pas préparés
00:01:01pour savoir comment réagir quand la question se pose.
00:01:04Je crois d'ailleurs qu'on ne le sait pas vraiment, c'est face à la situation que chacun, chacune va réagir comme il peut j'aurais envie de dire.
00:01:11Pourtant peut-être qu'en en parlant un peu plus en amont, peut-être que si la société était plus apte à en parler
00:01:17ce serait facile de prendre la bonne décision, en tout cas celle qui nous convient le mieux.
00:01:21Parce qu'une fois les parents qu'ils sont partis, les remords, les regrets et même la culpabilité risquent de nous habiter fort longtemps
00:01:29et justement de nous rendre très malheureux.
00:01:31Donc c'est un sujet délicat qu'on aborde avec Sandy Boulanger et je vous invite évidemment à témoigner si c'est votre cas
00:01:37ou à venir poser des questions.
00:01:39Notre numéro 0 826 300 300.
00:01:43Merci vraiment. Sandy Boulanger c'est un sujet, je l'ai dit donc délicat, mais en même temps ça va nous concerner tous
00:01:51parce qu'on est tous amenés à voir nos parents vieillir et partir, et puis nos grands-parents si on est un peu plus jeunes.
00:01:58Vous travaillez-vous en soins palliatifs, vous travaillez aussi avec des personnes qui sont atteintes de cancer
00:02:05donc vous voyez ce qui se passe pour celui qui est malade mais aussi pour ceux qui sont proches ?
00:02:12Oui, je vous remercie aussi d'oser aborder ce sujet parce que c'est vrai que c'est très délicat
00:02:18mais c'est pas parce qu'on ne l'aborde pas qu'il n'existe pas.
00:02:20Je pense que ça peut aider énormément de personnes de pouvoir justement ouvrir la parole.
00:02:27Qu'est-ce qu'il est bon de faire, de ne pas faire et surtout de pouvoir accueillir cette souffrance en fait légitime
00:02:34d'accompagner un être cher dans une période de fin de vie.
00:02:38La fin de vie ce n'est pas spécialement les derniers jours, c'est ce que vous dites aussi,
00:02:41c'est dans toutes ces maladies maintenant neurodégénératives où on peut avoir Alzheimer
00:02:47où l'autre n'est déjà plus ce qu'il était.
00:02:50Et comment est-ce qu'on peut continuer à maintenir un lien qui est souvent teinté de culpabilité
00:02:56mais parce que derrière tout ça il y a surtout du chagrin.
00:02:59Comment est-ce qu'on peut continuer à nourrir ce lien sans se perdre soi-même,
00:03:05sans donner toute son énergie et son plasma ?
00:03:09Je pense que c'est quelque chose de fondamental.
00:03:11Et plus on envisage la fin de vie, mieux on vit la vie.
00:03:16Bien sûr, bien sûr.
00:03:17Alors j'ai eu aussi l'idée de ce sujet parce que j'ai reçu ce livre
00:03:20et on aura l'auteur en ligne tout à l'heure,
00:03:22D'une vie à l'autre, c'est aux éditions Larousse.
00:03:25Eric Dudoit est psychologue, il travaille donc en cancérologie
00:03:30et je crois que vous l'avez rencontré.
00:03:34Son livre est vraiment formidable, on en parlera tout à l'heure avec lui.
00:03:37Ce qui m'a donné aussi envie d'aborder ce sujet,
00:03:41c'est parce que là on est vraiment dans l'agapé, c'est-à-dire dans l'amour inconditionnel.
00:03:45Normalement, en tant qu'enfant, on a un amour inconditionnel pour ses parents, ses grands-parents.
00:03:50Et en même temps, cet amour inconditionnel ne doit pas nous faire perdre notre couple, par exemple.
00:03:57Donc il faut trouver le juste équilibre entre l'aide, l'amour, le soin,
00:04:03et puis se respecter aussi dans sa vie.
00:04:09On ne peut pas non plus tout sacrifier comme le faisaient peut-être les filles au siècle dernier.
00:04:15C'est parce que c'est une nouvelle posture qui émerge dans notre société.
00:04:21Cette posture, c'est celle de l'aidant.
00:04:24Ça n'existait pas avant, il y avait une personne dédiée à cela.
00:04:28Ou alors on était plutôt en famille, et donc c'était les frères et sœurs qui vieillissaient ensemble aussi beaucoup.
00:04:33Aujourd'hui, on n'a plus cette configuration-là possible.
00:04:36Et cet amour inconditionnel, c'est intéressant de pouvoir en parler,
00:04:40parce que justement, il est souvent très contrasté.
00:04:43On peut recevoir beaucoup de personnes, beaucoup de patients,
00:04:48qui sont très contradictoires par rapport aux sentiments qu'ils peuvent nourrir,
00:04:52par rapport à leurs parents ou à leurs grands-parents,
00:04:54dans tous les manquements qu'ils puissent avoir,
00:04:56toutes les blessures qu'on puisse vivre.
00:04:59Et c'est comme si, d'accompagner vers la fin,
00:05:02il y avait cette urgence à régler ça aussi, à pouvoir apaiser.
00:05:07Et parfois, l'autre vieillissant n'est pas capable de comprendre ces enjeux-là aussi.
00:05:13C'est là où il faut comprendre déjà qu'on va aider notre vieux.
00:05:21Mais il ne faut pas attendre forcément quelque chose,
00:05:23parce qu'il n'est peut-être pas capable de nous le donner.
00:05:26Et donc, il y a parfois beaucoup d'ambivalence dans cette relation qui se termine,
00:05:33mais qui ne se terminera peut-être pas comme on aimerait qu'elle se termine.
00:05:36Non, vous mettez le doigt dessus avant de recevoir Eric Dudoit,
00:05:40mais c'est surtout pour soi qu'on le fait.
00:05:43On est souvent à se dire, je le fais pour l'autre,
00:05:46mais c'est beaucoup une image sociale aussi,
00:05:48de ne pas abandonner son parent vieillissant.
00:05:50Mais tout ça, c'est pour soi-même, pour être au clair avec soi-même,
00:05:55pour être le plus en paix, justement,
00:05:57avec ce qui est devenu tout à fait insupportable dans notre société,
00:06:01c'est-à-dire mourir.
00:06:02Ça a beau arriver à des gens très bien, c'est quelque chose qu'on n'accepte pas.
00:06:06Oui, oui.
00:06:08Et puis, j'allais même dire, le grand âge, on le met à l'écart.
00:06:12On les met en EHPAD, les vieux, et puis on ne s'en occupe plus beaucoup.
00:06:16Moi, j'étais assez étonnée pour avoir été aller voir ma mère régulièrement en EHPAD,
00:06:22comment les gens sont très très peu visités.
00:06:26Alors après, chacun fait comme il peut.
00:06:30C'est difficile d'aller voir son parent en EHPAD,
00:06:33parce qu'on voit ce qu'on n'a pas envie de devenir, soyons clairs.
00:06:37Donc c'est difficile et on en sort toujours.
00:06:39À chaque fois, chaque jour, on en sort un petit peu pas bien.
00:06:44Mais en même temps, après, si on a fait le travail, on ne se sent pas coupable,
00:06:49sinon ça peut nous ravager tout le reste de notre vie.
00:06:51Et surtout, on peut se sentir non coupable de ne pas y être en permanence,
00:06:55parce que c'est ça aussi la question.
00:06:57On a des vies qui sont quand même très prenantes aujourd'hui.
00:06:59On ne peut pas se permettre d'un coup de dégager comme ça.
00:07:02On n'est pas souvent toujours très proche non plus de l'EHPAD.
00:07:05Il y a la distance, bien sûr.
00:07:06Ou même du lieu où vivent nos parents.
00:07:09Donc ça prend énormément de temps.
00:07:12Et aussi, ça prend énormément d'énergie à être dans cette conscience
00:07:17de ce que je fais, pour qui, pourquoi.
00:07:20Avec ce sentiment quand même,
00:07:22parce que ça fait 15 ans que j'accompagne la fin de vie, du coup l'amour,
00:07:26c'est de se dire, qu'est-ce qu'il va rester de cela ?
00:07:31C'est pour ça que je dis que c'est pour soi qu'on le fait.
00:07:33Parce que ça aide soi-même à comprendre la préciosité de la vie,
00:07:38la fragilité du lien.
00:07:39Et jusqu'au bout, il y a quelque chose qui peut venir continuer de se tisser.
00:07:43Parce que quand quelqu'un part, il y a surtout ce qui reste.
00:07:47Bien sûr.
00:07:48On va en parler ensemble avec vous.
00:07:500826 300 300.
00:07:52Quoi que vous ayez envie de nous raconter,
00:07:54de nous dire ou de poser comme question à Sandy Boulanger,
00:07:57vous êtes les bienvenus sur Sud Radio.
00:08:00Sud Radio.
00:08:01Parlons vrai.
00:08:02Parlons vrai.
00:08:03Sud Radio.
00:08:04Parlons vrai.
00:08:05Brigitte Lahaye.
00:08:06Sud Radio.
00:08:07C'est avec Sandy Boulanger que nous abordons la question de l'aide à ses parents,
00:08:12ses grands-parents.
00:08:13Et je pense qu'on va avoir des témoignages très différents
00:08:15parce que c'est un sujet très, très vaste.
00:08:18On n'a pas parlé d'ailleurs dans l'intro de la maladie,
00:08:22notamment du cancer,
00:08:23qui est aussi quelque chose de...
00:08:25Enfin, vous êtes sur...
00:08:27C'est votre quotidien, si je puis dire.
00:08:29Iris, bonjour.
00:08:31Oui, bonjour Brigitte.
00:08:32Bonjour Cindy.
00:08:33Bonjour Iris.
00:08:34Bonjour Iris.
00:08:35On vous écoute Cindy.
00:08:36Iris, racontez-nous.
00:08:37Quelle est votre situation, vous ?
00:08:40Alors moi, j'ai plutôt une fin heureuse.
00:08:42Donc ça sera peut-être plégé, léger, dans les interventions ce quatre-midi.
00:08:49J'ai eu mon père qui est arrivé il y a un an et demi dans notre famille,
00:08:53qui était en Provence,
00:08:55qui a eu un problème cognitif à un moment donné
00:08:58et qui a été hospitalisé.
00:09:02Pas très, très, très bien, on va dire, pris en charge.
00:09:05Peu de moyens dans les hôpitaux, dans les petits hôpitaux, dans les petites villes.
00:09:09Du coup, on a vu qu'à un moment, ce n'était plus possible de continuer.
00:09:12Donc, je ne sais pas trop poser de questions.
00:09:15Donc, il est venu habiter chez vous, c'est ça ?
00:09:17Exactement.
00:09:18D'accord.
00:09:19Et il a quel âge, votre père ?
00:09:2185.
00:09:22Hyper autonome.
00:09:23Très bien.
00:09:24Donc, on a découvert un peu qu'il avait des problèmes de santé
00:09:26dû au fait qu'il ne s'alimentait pas correctement.
00:09:30Et puis, un problème cardiaque à un moment,
00:09:33qui a été résolu assez vite.
00:09:35Mais voilà, ça a été la première alerte,
00:09:37alors que c'était quelqu'un de tout à fait autonome
00:09:39et que ça se passait très bien.
00:09:41Quand on allait le voir le week-end, ça se passait très bien.
00:09:43Jusqu'au moment où il y a eu cette problématique-là.
00:09:45Et voir quelqu'un qu'on connaît quand même depuis toujours
00:09:50et qui arrive dans une maison avec une organisation
00:09:53et qui avait lui-même son organisation, son autonomie
00:09:56et qui, d'un seul coup, doit composer avec aussi nos obligations.
00:10:01Donc, vous, vous avez votre conjoint ?
00:10:05Tout à fait.
00:10:06D'accord. Des enfants ?
00:10:07Enfin, non, ils sont grands, je suppose.
00:10:09Mais avec effectivement aussi à prendre en compte
00:10:12leurs problématiques de vie aussi à certains moments.
00:10:17Donc, organisationnelles, affectives et aussi financières.
00:10:21Et puis, ce parent qui arrive
00:10:23et qu'on découvre complètement
00:10:25comme quelqu'un à qui on doit apporter de l'aide
00:10:28alors que jusqu'à maintenant, il y a eu effectivement une autre relation.
00:10:31Donc, c'est aussi cette prise de conscience-là qui a été très violente.
00:10:35C'est-à-dire qu'à un moment, les choses s'inversent
00:10:38et qu'il faut s'organiser.
00:10:39Et est-ce que, justement, lui, il accepte cette dépendance ?
00:10:44Il ne l'acceptait pas. Du tout.
00:10:46C'était ça mon questionnement.
00:10:48Ça a été très violent.
00:10:51Il se sentait, lui, complètement prisonnier.
00:10:55Donc, l'aide n'était pas bien accueillie, forcément.
00:10:58Et du coup, après, il a fallu trouver une nouvelle équipe de soignants.
00:11:02Parce qu'étant à 300 km, il a fallu se réorganiser sur ça.
00:11:07Compliqué, parce qu'il n'y a pas beaucoup de place,
00:11:10parce qu'il y a des démarches énormes à faire.
00:11:15Donc, au bout de six mois, ça a été.
00:11:17En attendant, il a fallu le gérer.
00:11:22Maintenant qu'il est chez vous, vous êtes en couple
00:11:27et vous avez votre père qui est là.
00:11:30Donc, c'est un tiers qui s'introduit dans le couple.
00:11:33Comment ça se passe pour vous ?
00:11:35Parce que c'est ça aussi, Sandy Boulanger.
00:11:38C'est pour ça qu'il y a très peu de gens qui peuvent prendre leurs parents chez eux.
00:11:42Parce que ça peut mettre le couple en danger.
00:11:45Visiblement, d'après votre témoignage, on a l'impression que tout se passe bien.
00:11:49Non, ça n'a pas été le cas.
00:11:51On s'est fait beaucoup aider.
00:11:52J'ai eu une équipe économique qui m'a aidée à appréhender ça.
00:11:55Il y avait un psychiatre qui a fait un gros travail,
00:11:57parce qu'il tourmentait pour lui toutes les choses qu'il n'avait pas gérées.
00:12:00En tant qu'adulte, il ne l'avait pas gérée.
00:12:04Il y a des choses qu'il n'avait pas dû gérer dans sa vie qui sont ressorties.
00:12:08Il faut porter un peu tout ça.
00:12:10Donc, on a géré ça.
00:12:11Aujourd'hui, il n'est plus à la maison.
00:12:13Il a son petit logement à côté.
00:12:16On se voit régulièrement, mais dans de bonnes conditions.
00:12:19Mais ça a été excessivement...
00:12:21D'accord, donc il n'est plus chez vous.
00:12:23Oui, parce que ça me paraissait assez...
00:12:25Il est juste à côté.
00:12:27Bien sûr, juste à côté, mais plus chez vous.
00:12:30Parce qu'on a beau dire, à moins d'avoir vraiment une capacité d'habitation grande,
00:12:39et puis du personnel, etc., c'est quand même très compliqué.
00:12:42C'est compliqué, aujourd'hui, d'avoir ses parents...
00:12:44C'est invisible.
00:12:46Merci de le dire, Iris.
00:12:48Non, c'est pas du tout visible.
00:12:51Surtout quand, effectivement, vous mettez des choses en place.
00:12:54Parce qu'on ne vit pas au même rythme.
00:12:56Et puis qu'on n'a pas des appartements immenses aussi.
00:12:58Et puis ce que vous disiez, Iris, c'est fondamental aussi,
00:13:02c'est qu'il y a beaucoup de choses qu'il n'a pas réglées de sa vie qui remontent.
00:13:06Parce que ça, c'est un fait qu'il faut vraiment prendre en considération.
00:13:10C'est-à-dire que tout au long de notre vie, nous avons cette capacité à retenir,
00:13:15dans notre contrôle inhibiteur, justement,
00:13:17tout un tas d'informations qu'on n'a pas traitées,
00:13:19de sentiments, d'émotions, d'événements difficiles.
00:13:22Mais quand on grandit en âge, ça se relâche, en fait, ce contrôle inhibiteur.
00:13:27Des fois, on peut se dire que le parent est sans filtre.
00:13:31Oui, il a moins de filtre.
00:13:33Et sans filtre, il y a beaucoup de choses qui vont remonter.
00:13:36C'est ça.
00:13:37Et c'est effectivement difficile d'avoir à gérer.
00:13:40C'est très violent.
00:13:41Oui, parce que ce n'est pas ce qu'on imagine, justement, qu'on doit faire.
00:13:45Et vous voyez, dans cette posture-là, on peut se dire, légitimement,
00:13:48qu'on devient le parent de son parent.
00:13:50C'est complètement ça.
00:13:51Mais ce n'est pas la question du tout.
00:13:52Alors, au final, on fait les mêmes actes,
00:13:54mais on ne devient pas le parent de son parent.
00:13:57On reste l'enfant de son parent.
00:13:59Et on le voit, justement, comme un adulte.
00:14:02Et ça, c'est fondamental dans une relation.
00:14:04C'est-à-dire que plus on grandit en âge,
00:14:06et plus il est intéressant d'avoir une relation d'adulte à adulte avec ses parents.
00:14:12Quand on n'a pas fait ça, parce que ça demande aussi...
00:14:14Et avec ses enfants.
00:14:15Et du coup, on fait la même chose avec nos propres enfants.
00:14:18Mais ça, c'est valable.
00:14:19Sandy, je suis d'accord avec vous, évidemment.
00:14:21Mais ça, c'est valable uniquement si on a vraiment fait un travail sur soi,
00:14:23ce qui ne semble pas être le cas du père d'Iris.
00:14:26Non, mais Iris, vous saurez faire ce boulot.
00:14:28Iris, elle l'a fait.
00:14:29Et puis, elle a été obligée de le faire à vitesse grand V, là, visiblement.
00:14:33Félicitations, parce que vous auriez pu mettre ça sous le tapis aussi.
00:14:36Mais là, vous rendez un grand service à vos enfants aussi.
00:14:38Oui, ce n'était pas possible.
00:14:39Mais c'est vrai que moi, j'ai eu l'expérience d'avoir mon grand-père,
00:14:42de vivre avec mon grand-père jusqu'à l'âge de 9 ans.
00:14:44Vous le voyez tous les jours.
00:14:46Je pense que ça, ça m'a beaucoup aidé.
00:14:48Beaucoup aidé à comprendre les choses.
00:14:49Mon père est quand même dans la partie.
00:14:51Il était en psychiatrie aussi.
00:14:52Donc, c'était d'autant plus virulent,
00:14:54parce qu'il savait très bien qu'il avait des problèmes cognitifs,
00:14:57en fait, dus à un problème de sodium qui n'avait pas lâché.
00:15:00Et heureusement, on avait un jeune médecin
00:15:02qui a fait des examens avec le correspondant.
00:15:05Et ça a été génial, parce que du coup,
00:15:07on s'est aperçus que ce n'était pas irréversible.
00:15:11Là où on s'y était resté en province,
00:15:13alors avec peu de temps,
00:15:15surtout, ce n'est pas le Gif des provinces Paris,
00:15:17ce n'est pas le sujet,
00:15:18mais il y a eu le temps qui a été pris pour faire ces analyses-là.
00:15:21Et donc, du coup, sinon,
00:15:23quelqu'un qui serait passé à côté de ça,
00:15:25il serait dans un centre psy aujourd'hui, c'est sûr.
00:15:29Là où il travaillait avant.
00:15:30Donc, c'était complètement paradoxal.
00:15:31Donc, c'est là où c'est assez étonnant.
00:15:33Et comment vous avez vécu ça avec votre conjoint,
00:15:36du coup, votre mari, aujourd'hui, toutes ces épreuves ?
00:15:39Je le remercie beaucoup.
00:15:41C'est qu'à un moment, il m'a complètement kidnappé
00:15:44à un moment pour partir en vacances,
00:15:45parce qu'il m'a dit, c'est pas possible,
00:15:46tu ne peux pas rester comme ça.
00:15:47Donc, on s'est organisé avec des gens.
00:15:49Et vous l'avez entendu ?
00:15:51Totalement, parce que j'étais épuisé.
00:15:53Oui, mais ça, ce n'est pas non plus facile
00:15:56d'accepter, d'entendre que l'autre vous dise,
00:15:59maintenant, stop.
00:16:00Il faut que tu prennes soin de toi,
00:16:01il faut qu'on prenne soin de nous.
00:16:04Oui, c'est ça.
00:16:05Oui, mais il a su, oui, vous...
00:16:08J'allais presque dire, vous imposer
00:16:11une plage de tranquillité,
00:16:14de respiration.
00:16:15Oui, de respiration.
00:16:16Ce qui n'a pas fait pour ses propres parents, lui.
00:16:18C'est ça qui est paradoxal.
00:16:20C'est qu'il a accepté de m'accompagner dans ça.
00:16:22Et lui, c'est une de ses sœurs qui avait ça.
00:16:24Donc, comme vous disiez, c'est souvent féminin,
00:16:26il y a un siècle, c'est toujours féminin.
00:16:29J'ai beaucoup d'amis qui sont dans cette situation
00:16:31et elles sont seules.
00:16:32Oui, mais c'est féminin parce que...
00:16:35Oui, bien sûr, et ça sera féminin.
00:16:37Parce que c'est sociétal.
00:16:39Je ne suis pas sûre.
00:16:41Je pense que, quand même, la nature fait les choses
00:16:44avec un peu de bon sens.
00:16:47C'est nous qui portons les enfants,
00:16:50c'est nous qui les mettons au monde.
00:16:52On a cette capacité à être
00:16:57en symbiose avec l'autre et qui souffre.
00:17:01Je pense que c'est quand même plus...
00:17:03Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des hommes
00:17:05qui en sont capables.
00:17:06Et ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des femmes
00:17:07qui se comportent très très mal avec leurs parents.
00:17:09Attention.
00:17:10Mais je pense que c'est, en tout cas,
00:17:12symboliquement féminin.
00:17:14Ce qui ne veut pas dire...
00:17:15Je pense aussi que la notion de sacrifice
00:17:17est beaucoup plus importante que le masculin.
00:17:19Alors, aussi, je pense.
00:17:21Cette notion de je fais un sacrifice
00:17:23pendant un certain temps sur un certain nombre de choses
00:17:26et de repos, de sublimité...
00:17:28Ça se lâche pas au même endroit, du coup.
00:17:30L'homme va toujours le faire sur le professionnel,
00:17:32faire beaucoup de sacrifices dans son...
00:17:34Mais pas parce que ça va le...
00:17:36Mais ça, c'est sociétal, je suis d'accord.
00:17:38Donc, ce contrôle inhibiteur,
00:17:40parce qu'il est toujours question de ça,
00:17:42le sacrifice, c'est comment est-ce que
00:17:44je vais me frustrer d'un moment
00:17:46en me mettant des contraintes
00:17:48pour avoir une satisfaction plus tard.
00:17:53Je pense que les sacrifices sont répartis
00:17:55très différemment, ou l'étaient, en tout cas,
00:17:57dans notre société.
00:17:58C'est beaucoup en train de changer aussi, quand même.
00:18:00Mais parfois, quand on vit soi-même cette situation
00:18:02et quand votre mari vit ça avec ses parents,
00:18:04c'est parfois tout aussi difficile
00:18:08de le vivre, de le traverser.
00:18:10Et du coup, c'est l'autre,
00:18:12le compagnon qui permet
00:18:14d'extraire et de faire voir les choses.
00:18:16Donc, on peut être très soutenant.
00:18:18Votre mari a été très soutenant pour vous
00:18:20dans cette situation,
00:18:22mais ça ne veut pas dire qu'il peut gérer
00:18:24de la même façon de son côté.
00:18:26En tout cas, vous êtes en paix
00:18:28avec vous-même et en paix
00:18:30avec votre père, Iris, c'est ça qui compte.
00:18:32Même si, évidemment,
00:18:34on entend bien que...
00:18:36Ça a été très très rude.
00:18:38Merci de ce témoignage.
00:18:40J'ai eu des jeux de vie professionnels,
00:18:42physiques, ça a été très très rude.
00:18:44Ça a duré combien de temps,
00:18:46entre aujourd'hui et le moment où vous avez commencé
00:18:48d'être obligé de vous occuper de votre père ?
00:18:50Un an et demi.
00:18:52C'est pas beaucoup, pourtant.
00:18:54Et on entend tout ce que vous avez dû traverser.
00:18:56Merci Iris,
00:18:58merci beaucoup.
00:19:00On fait une petite pause, on se retrouve avec notre love conseil,
00:19:02notre rage en amour.
00:19:04Comment accompagner ses parents
00:19:06ou ses grands-parents dans leur fin de vie ?
00:19:08Nous en parlons aujourd'hui avec Sandy Boulanger,
00:19:10somatothérapeute.
00:19:12Venez apporter votre témoignage, 0826 300 300.
00:19:18Brigitte Ley, Sud Radio,
00:19:20le love conseil.
00:19:22Alors Sandy Boulanger,
00:19:24notre rage en amour.
00:19:26Je propose un petit test,
00:19:28que vous pouvez d'ailleurs proposer à votre partenaire.
00:19:30Voilà quatre phrases,
00:19:32et vous choisissez celles qui correspondent
00:19:34le mieux à votre vision de l'amour.
00:19:36Donc, il y a cette phrase
00:19:38bien connue, l'amour dure trois ans.
00:19:40Il y a cette phrase,
00:19:42le quotidien est le pire, tue l'amour.
00:19:44Et à cette phrase,
00:19:46mon partenaire n'a pas le pouvoir de me changer.
00:19:48Et puis cette phrase,
00:19:50la tendresse est le meilleur moyen de faire durer son couple.
00:19:52Bon, vous choisissez
00:19:54la phrase qui vous semble convenir le mieux.
00:19:56Votre premier choix va indiquer
00:19:58une tendance à voir l'amour tel l'enfant
00:20:00qui croit que l'autre est là pour le satisfaire.
00:20:02La seconde
00:20:04proposition, elle correspond à l'adolescence.
00:20:06Vous avez besoin d'intensité
00:20:08et vous avez tendance à vous lasser rapidement.
00:20:10La troisième proposition,
00:20:12enfin, vous êtes adulte
00:20:14avec la capacité à être vous-même
00:20:16et à accepter votre partenaire sans tenter
00:20:18de le changer. Enfin,
00:20:20en quatrième position,
00:20:22vous êtes peut-être un petit peu vieux,
00:20:24vous manquez peut-être un peu d'ouverture
00:20:26et d'envie de surprise.
00:20:28Voilà, donc
00:20:30choisissez, l'amour dure trois ans,
00:20:32le quotidien, pire, tue l'amour,
00:20:34mon partenaire n'a pas le pouvoir de me changer
00:20:36et la tendresse, le meilleur moyen
00:20:38de faire durer son couple. Choisissez
00:20:40votre phrase et vous saurez
00:20:42que vous êtes adulte en amour,
00:20:44ça veut dire mon partenaire n'a pas le pouvoir
00:20:46de me changer. Je ne suis pas sûre
00:20:48qu'il y ait grand monde qui ait choisi cette phrase justement.
00:20:50Oui, parce que c'est très paradoxal
00:20:52justement, on espère toujours de se dire
00:20:54je vois l'autre tellement magnifique
00:20:56que forcément il va devenir comme ça
00:20:58mais ce n'est pas ça l'histoire.
00:21:00C'est qu'on a surtout envie de changer l'autre.
00:21:02Oui, je vous rassure,
00:21:04j'ai longtemps cru que l'amour ne durait
00:21:06que trois ans et ça m'allait bien.
00:21:08Laurence, bonjour.
00:21:10Bonjour Brigitte,
00:21:12bonjour Sandi. Bonjour Laurence.
00:21:14Merci de témoigner Laurence.
00:21:16Je vous en prie.
00:21:18Donc moi
00:21:20j'ai eu la spécificité
00:21:22d'avoir à affronter avec ma soeur
00:21:24simultanément le départ de mon père
00:21:26et celui de ma mère. Mon père est parti
00:21:28en cinq mois d'un cancer qui n'avait
00:21:30pas été diagnostiqué.
00:21:32On lui a fait faire du kiné pendant deux ans
00:21:34et puis il avait en fait des métastases osseuses,
00:21:36un cancer du poumon. Et ma mère
00:21:38deux ans plus tard partait d'une démence
00:21:40frontotemporale.
00:21:42Et alors le point commun de ces pathologies
00:21:44c'est que ce sont des pathologies qui font le vide autour de vous.
00:21:46Le cancer
00:21:48parce que tout le monde ne peut pas
00:21:50affronter de voir un ami
00:21:52complètement partir
00:21:54de cette façon là
00:21:56et l'émence
00:21:58parce que la maladie mentale
00:22:00fait encore plus peur.
00:22:02Donc je crois qu'il reste
00:22:04de cette histoire de l'accompagnement.
00:22:06L'accompagnement de mon père
00:22:08il s'est fait rapidement.
00:22:10Il venait nous voir comme il voulait.
00:22:12Nous avions toutes les deux, ma soeur et moi, trois enfants
00:22:14qui étaient petits.
00:22:16Ça s'est étalé entre 5 et 13 ans
00:22:18pour toutes les deux.
00:22:20Donc une disponibilité relative.
00:22:22On était à 70 km de chez eux.
00:22:24Il faut s'occuper d'abord
00:22:26de ses enfants évidemment.
00:22:28Il y a des choix
00:22:30qui arrachent le coeur.
00:22:32Il faut quand même garder un minimum d'énergie.
00:22:34Ce que je garde
00:22:36de cette période là, c'est le mot
00:22:38solitude. C'est le mot intense
00:22:40solitude parce que le mot aidant il est magnifique.
00:22:42Il est très joli. On l'a inventé. C'est magnifique.
00:22:44Pour moi c'est un élément de langage
00:22:46parce que l'aidant c'est avant tout celui
00:22:48qu'on abandonne. C'est celui qui
00:22:50est seul avec une maman qui devient
00:22:52violente et pour qui
00:22:54le médecin, pourtant le voisin, ne se
00:22:56déplace pas pour venir calmer
00:22:58la personne. C'est celui qui doit
00:23:00signer...
00:23:02On pense qu'on n'est pas aidant
00:23:04mais qu'on a besoin d'aide en fait.
00:23:06Et je crois que c'est ça qui doit être repensé.
00:23:08Parce que l'aide
00:23:10par la famille, elle se fera
00:23:12comme on peut, avec ce que l'on est.
00:23:14Par contre, l'aide que l'on
00:23:16peut apporter aux familles, elle est totalement
00:23:18impensée en France. Elle n'existe pas.
00:23:20Que vous soyez loin d'une grande ville,
00:23:22il n'y a plus rien.
00:23:24Parce qu'on refuse d'admettre que
00:23:26de plus en plus avec
00:23:28le rallongement de la durée de vie
00:23:30et l'augmentation des pathologies,
00:23:32bien sûr que
00:23:34nous avons de plus en plus de
00:23:36personnes dont il faut prendre soin avec
00:23:38des éloignements géographiques. Et que ça,
00:23:40ça fait très peur. Parce que la question
00:23:42est vraiment d'accepter
00:23:44la finitude. A partir de ça aussi,
00:23:46il y a beaucoup de choses qui vont pouvoir se mettre en place.
00:23:48Mais il y a beaucoup de choses qui se mettent en place déjà.
00:23:50Mais ce sont des pathologies qui restent
00:23:52quand même tellement lourdes
00:23:54que quand on est voisin ou quand on
00:23:56est assez éloigné même dans la famille,
00:23:58c'est quelque chose de terrifiant
00:24:00de voir qu'on peut finir sa vie
00:24:02comme ça, très malade
00:24:04ou en perdant la tête. Ce sont des choses
00:24:06qui sont effrayantes.
00:24:08Donc c'est clair que ça crée des éléments...
00:24:10En ce qui me concerne,
00:24:12envisager ma fin de vie,
00:24:14je l'ai fait. C'est-à-dire que je ne veux
00:24:16en aucun cas que mes enfants aient à vivre ça
00:24:18et j'espère avoir la force, si un diagnostic
00:24:20du type de celui de ma mère,
00:24:22parce que son frère est mort de la même chose,
00:24:24donc on peut se dire qu'il y a quand même
00:24:26un point commun familial.
00:24:28J'espère avoir le courage
00:24:30de me jeter sous un train ou de me faire nuler
00:24:32dans la rue.
00:24:34J'espère que d'ici là, la loi sera votée, Laurence.
00:24:36C'est très violent tout ça.
00:24:38Laurence, vous êtes très en colère,
00:24:40je crois. Et cette colère-là,
00:24:42il faut que vous alliez un peu la partager
00:24:44avec quelqu'un qui va vous entendre
00:24:46et qui va vous permettre de vous en libérer.
00:24:48Parce que je crois que sinon,
00:24:50elle va vous faire du mal.
00:24:52A côté de ça, je suis sereine par rapport
00:24:54à mes parents, tout à fait.
00:24:56Je suis certaine que vous avez fait tout ce que vous avez pu
00:24:58et que vous n'avez absolument pas du tout
00:25:00de culpabilité, mais vous avez
00:25:02de la colère contre la société.
00:25:04Oui, mais parce que
00:25:06cet abandon, je le retrouve pour tout le monde
00:25:08autour de moi, je le retrouve pour les parents
00:25:10d'enfants handicapés, je le retrouve à tous
00:25:12les niveaux. La personne
00:25:14faible est abandonnée,
00:25:16donc c'est
00:25:18une colère qui est plus générale, c'est une colère de citoyens
00:25:20autant qu'une colère personnelle.
00:25:22Oui, j'entends bien,
00:25:24mais c'est quand même une colère et il ne faut pas
00:25:26être en colère. On agit
00:25:28toujours mieux quand on n'est pas en colère.
00:25:30Même si, en effet, je comprends
00:25:32qu'il y a de quoi être en colère et je suis d'accord
00:25:34avec vous, mais si je fais cette émission
00:25:36aujourd'hui, c'est aussi parce que j'ai conscience
00:25:38de l'urgence de notre société.
00:25:40Vous voyez,
00:25:42je vais vous donner...
00:25:44Vous savez, Laurent,
00:25:46j'ai eu une discussion très récemment
00:25:48avec quelqu'un qui me parlait
00:25:50des futurs robots qui vont être
00:25:52dans les EHPAD, etc. Et ma première
00:25:54réaction a été
00:25:56c'est horrible qu'on
00:25:58soigne les gens avec des robots.
00:26:00Et la personne, qui est quelqu'un de
00:26:02formidable, m'a dit, tu sais, c'est mieux un
00:26:04robot qu'une personne qui n'est pas
00:26:06bienveillante vis-à-vis de
00:26:08quelqu'un qui est en EHPAD. Et là, je me suis
00:26:10dit, oui, en effet, on en est là,
00:26:12on a besoin de robots. Parce que les personnes
00:26:14sont tellement mal payées que c'est difficile
00:26:16de trouver du personnel compétent.
00:26:18Donc c'est toute une société
00:26:20qu'il faut changer, qu'il faut revoir,
00:26:22qu'il faut revisiter. C'est fini, l'époque où,
00:26:24en effet, d'abord, on vivait
00:26:26beaucoup moins longtemps et puis il y avait
00:26:28les familles restées soudées. Ce n'est plus le cas.
00:26:30Et c'est vrai que souvent, cette colère
00:26:32qui est légitime et qu'on peut
00:26:34très très bien partager,
00:26:36elle est
00:26:38nécessaire d'être passée
00:26:40sous le filtre de l'alchimie.
00:26:42C'est-à-dire que cette colère, elle puisse être
00:26:44aussi pour vous le moteur d'un
00:26:46engagement, d'une posture,
00:26:48d'une prise de décision,
00:26:50je ne sais pas, de pouvoir justement,
00:26:52à travers votre vécu, en faire
00:26:54quelque chose de plutôt porteur et de positif
00:26:56pour contrebalancer.
00:26:58Parce que vous êtes dans la puissance.
00:27:00Ça a été le moteur
00:27:02de mon acte
00:27:04d'écriture, parce que j'écris des articles
00:27:06sur ces choses-là et je connais bien le dossier.
00:27:08Plutôt au niveau des
00:27:10enfants, parce que
00:27:12c'est mon corps de métier,
00:27:14je suis enseignante, donc n'ayez crainte,
00:27:16j'en ai fait quelque chose d'utile et de relativement
00:27:18apaisé. Maintenant,
00:27:20il y a un fond
00:27:22où je ne vois pas.
00:27:24C'était il y a quand même 10-12 ans.
00:27:26Et je vois que rien n'a avancé.
00:27:28Ça bouge,
00:27:30ça bouge, Laurence, mais ça bouge très très lentement,
00:27:32bien sûr. Mais ça bouge, je trouve.
00:27:34Je trouve que ça bouge.
00:27:36Mais encore une fois,
00:27:38c'est compliqué parce que
00:27:40chacun
00:27:42n'a pas envie de voir,
00:27:44parce que ce sont des choses qui ne sont pas faciles à voir,
00:27:46et on ne les voit que quand on est confronté
00:27:48à la situation, comme vous,
00:27:50comme Iris,
00:27:52et beaucoup de gens qui nous écoutent,
00:27:54là, peut-être, grâce à cette émission,
00:27:56vont tout d'un coup peut-être prendre conscience,
00:27:58grâce à votre témoignage, parce qu'on entend
00:28:00tout ce que ça
00:28:02a signifié pour vous, ce que vous avez traversé.
00:28:04Et puis c'est cette gestion
00:28:06de la solitude qui est très difficile aussi.
00:28:08C'est ça aussi qui peut mettre beaucoup dans la
00:28:10colère, de sentiments
00:28:12de ne pas pouvoir être soutenus
00:28:14quand soi-même on soutient.
00:28:16Et pourtant, c'est à ça
00:28:18qu'il est nécessaire aussi de faire face
00:28:20de soi à soi, cette solitude,
00:28:22cette incompréhension, cette injustice
00:28:24et ces douleurs.
00:28:26Moi, j'ai eu la chance d'avoir ma sœur.
00:28:28C'est un trésor énorme, et une amie de jeunesse
00:28:30de ma mère, qui a été là jusqu'au bout
00:28:32et qui a été formidable.
00:28:34Donc c'est quand même un trésor d'avoir ces deux personnes.
00:28:36C'est une chance.
00:28:38Oui, parce que vous le méritez aussi.
00:28:40Et ce qui est très difficile dans la démence
00:28:42et vous en avez un peu parlé aussi,
00:28:44c'est la violence que l'on peut subir
00:28:46parce que l'autre n'est plus lui-même.
00:28:48Et ça, c'est déjà un deuil insupportable.
00:28:50Ça s'appelle un deuil blanc.
00:28:52C'est-à-dire qu'on fait le deuil d'une personne
00:28:54qui n'est pas encore décédée, mais qui n'est déjà plus
00:28:56elle-même. Et ça, c'est une grande
00:28:58violence. C'est beaucoup de chagrin.
00:29:02Oui, absolument.
00:29:04Et c'était très conscientisé de ma part
00:29:06parce que je le formulais exactement comme ça.
00:29:08Je disais, je n'ai plus que
00:29:10l'emballage de ma mère.
00:29:12Mais vous voyez, Laurence, vous vivez un chagrin
00:29:14inconsolable, en fait. Je pense que
00:29:16on est tous amenés à vivre...
00:29:18On a une piscine de chagrin
00:29:20inconsolable à l'intérieur de nous.
00:29:22Quoi qu'on en dise, même si notre société
00:29:24nous refuse d'être vulnérables,
00:29:26cette piscine de chagrin étant
00:29:28inconsolable, notre seul travail
00:29:30est de faire en sorte qu'on ne s'y baigne pas.
00:29:32Je crois, Laurence, que
00:29:34on traversera
00:29:36tous, dans notre vie, des moments
00:29:38difficiles et qui sont
00:29:40même inacceptables.
00:29:42Parce que c'est inacceptable ce que vous avez traversé
00:29:44dans le sens rationnel
00:29:46du terme.
00:29:48Et à un moment donné, il faut aussi se dire
00:29:50que c'est grâce à ce qu'on traverse
00:29:52d'inacceptables que l'on devient humain.
00:29:54Et à partir de ce moment-là,
00:29:56on comprend ce que
00:29:58c'est que notre humanité.
00:30:00Et c'est pour ça que je crois qu'il faut vraiment laisser de côté
00:30:02votre colère.
00:30:04Parce que...
00:30:06Mais j'en suis certaine.
00:30:08J'en ai fait quelque chose d'utile.
00:30:10J'en ai fait quelque chose d'utile.
00:30:12Mais quand je vous entends dire que je vais me jeter sous un train,
00:30:14je ne peux que relever
00:30:16que vous êtes en colère.
00:30:18Et c'est cette phrase-là qui, moi, m'a...
00:30:20Je suis soucieuse pour mes enfants.
00:30:22C'est-à-dire que je vois se dégrader tout ce qui est
00:30:24hôpital public, tout ce qui est aide aux autres.
00:30:26Donc je me suis dit, pour moi,
00:30:28ça a été déjà difficile. Qu'est-ce que ça sera
00:30:30si dans 10 ans, il m'arrive la même chose
00:30:32qu'à ma mère ? Et je ne veux pas
00:30:34leur faire porter ce poids-là.
00:30:36Bien sûr, mais ça ne sera pas plus simple pour eux
00:30:38que vous vous jetiez sous un train.
00:30:40C'est une mort très, très violente.
00:30:42Vous vous rendez compte la culpabilité que vous allez leur laisser porter
00:30:44si vous vous jetez sous un train ?
00:30:46En même temps, on en a parlé.
00:30:48Parce qu'ils ont vécu aussi
00:30:50le départ de leur grand-mère et de leur grand-père.
00:30:52Est-ce qu'ils vous ont dit, oui, t'as raison,
00:30:54mais toi, t'as raison, va te jeter
00:30:56sous un train ? C'est ça qu'ils vous ont répondu, Laurence ?
00:30:58Soyons sérieux.
00:31:00Non, non, non.
00:31:02Non, mais par contre, ils comprennent tout à fait.
00:31:04Parce qu'ils se souviennent très bien de cette époque.
00:31:06Donc,
00:31:08ils comprennent tout à fait.
00:31:10J'espère que la fin de vie sera
00:31:12plus au point, mais
00:31:14j'ai en doute Julie Nercy.
00:31:16D'abord,
00:31:18vous êtes en vie, et pour l'instant,
00:31:20vous n'êtes pas... Oui, ça, tout va bien.
00:31:22Tout va bien.
00:31:24On peut toujours être
00:31:26très surpris,
00:31:28moi qui travaille dans la fin de vie depuis 15 ans,
00:31:30parfois aussi,
00:31:32on peut être très surpris de comment
00:31:34on peut être accompagné et soutenu
00:31:36à des moments difficiles
00:31:38de sa vie.
00:31:40Il y a des cas où c'est horrible,
00:31:42épouvantable, et justement, je trouve que
00:31:44quand on a cette capacité à se dire
00:31:46que ce n'est pas dans la violence
00:31:48que nous-mêmes nous souhaitons finir,
00:31:50c'est un sacré
00:31:52chemin
00:31:54de compréhension, d'amour,
00:31:56et mourir, c'est beaucoup d'amour, en fait.
00:31:58C'est beaucoup d'amour.
00:32:00Vous avez fait beaucoup de choses,
00:32:02vous avez accepté tout ce que vous avez
00:32:04traversé, et effectivement, il reste
00:32:06quand même ce petit fond de colère
00:32:08qui est dommage, parce que
00:32:10c'est un cadeau, votre témoignage,
00:32:12vous êtes une belle personne, il y a quelque chose de vraiment chouette
00:32:14chez vous, et aussi cette colère, je pense,
00:32:16c'est une épine
00:32:18que vous conservez encore un peu dans votre
00:32:20coeur, et vous ne méritez pas ça,
00:32:22ni vos enfants, d'ailleurs.
00:32:24Merci en tout cas de ce témoignage, Laurence.
00:32:26C'était un cadeau, en effet. On fait une petite pause,
00:32:28on continue dans un instant sur Sud Radio.
00:32:40C'est en compagnie de Sandy Boulanger,
00:32:42sommat thérapeute, que nous
00:32:44évoquons la fin de vie de nos
00:32:46parents, de nos grands-parents, voire de nos
00:32:48arrière-grands-parents, parce que parfois très jeunes,
00:32:50on va être amené à avoir
00:32:52un arrêt, enfin,
00:32:54puisque la vie maintenant
00:32:56dure plus longtemps, ce qui ne veut pas dire
00:32:58que la mort n'arrive pas, évidemment.
00:33:00Et puis vous êtes également
00:33:02autrice de l'Art du toucher aux éditions de la Musardine,
00:33:04parce que je sais que vous tenez beaucoup
00:33:06à ce qu'on se touche jusqu'à
00:33:08la fin, et ça c'est vrai que c'est
00:33:10important, et ça fait partie aussi des choses qui manquent
00:33:12beaucoup dans les soins,
00:33:14notamment dans les soins palliatifs.
00:33:16David est avec nous, bonjour David.
00:33:18Bonjour Brigitte,
00:33:20et bonjour Sandy.
00:33:22Bonjour David.
00:33:24J'ai une expérience,
00:33:26j'ai perdu mes deux parents, mais
00:33:28on n'a pas vécu ensemble
00:33:30une fin de vie liée
00:33:32à la dépendance de mon grand-père,
00:33:34et donc avec le choix des EHPAD
00:33:36ou du placement en famille. Par contre,
00:33:38si je peux remercier mes parents
00:33:40de m'avoir mis au monde et puis de m'avoir élevé,
00:33:42je pense que les deux m'ont fait
00:33:44un autre cadeau, c'est-à-dire que sur la fin
00:33:46de vie, sur la mort,
00:33:48ou sur la perte d'autonomie,
00:33:50enfin cette perception-là,
00:33:52ils exprimaient des choses assez claires
00:33:54sur leur volonté,
00:33:56et par exemple,
00:33:58sur le fait qu'ils ne souhaitaient surtout pas
00:34:00d'avoir la charte de mort thérapeutique, c'est le jour
00:34:02où ils étaient confrontés à ça,
00:34:04ils préféraient justement
00:34:06partir différemment,
00:34:08que sur ma maman, qui pourtant
00:34:10est d'une culture espagnole,
00:34:12donc dans cette culture espagnole,
00:34:14elle reste en famille,
00:34:16et l'aîné,
00:34:18le patriarche ou la maman,
00:34:20elle reste dans la famille
00:34:22quoi qu'il arrive,
00:34:24elle qui vient de cette culture-là a toujours eu
00:34:26comme expression qu'elle ne voulait surtout pas
00:34:28si elle était en perte
00:34:30d'autonomie,
00:34:32d'aller
00:34:34chez ses enfants.
00:34:36J'ai deux sœurs,
00:34:38je suis le frère,
00:34:40et elle le disait, je dirais,
00:34:42en toute lucidité, et pas pour fanfaronner,
00:34:44c'était vraiment une vraie conviction en elle,
00:34:46un vrai choix de vie.
00:34:48Voilà, et je dirais
00:34:50que la douleur
00:34:52est toujours là sur le départ, la douleur est toujours
00:34:54là sur la maladie,
00:34:56l'avantage, c'est que
00:34:58l'aspect culpabilité
00:35:00disparaît un peu
00:35:02dans ce cadre-là,
00:35:04puisque, je dirais, si
00:35:06en tant que
00:35:08parent, on n'exprime pas clairement
00:35:10les choses, on peut laisser penser aux enfants
00:35:12qu'ils pourraient le faire différemment, mieux,
00:35:14plus fort, et donc vraiment,
00:35:16je les remercie de ça, et même
00:35:18leur attitude face à la mort, parce que
00:35:20ils sont morts de maladie,
00:35:22et en gros, comme je crois que la majorité
00:35:24des personnes en France, c'est plutôt dans une dernière année
00:35:26qu'on a une santé qui décline suite
00:35:28à une maladie, et eux sont partis
00:35:30en moins d'un an,
00:35:32je dirais que leur
00:35:34confrontation à cette mort,
00:35:36ils n'étaient pas gais non plus,
00:35:38mais ils avaient vraiment
00:35:40un courage
00:35:42de l'affronter,
00:35:44et donc, ne pas ressentir
00:35:46je dirais un désarroi total
00:35:48de leur part, en fait, une acceptation,
00:35:50je dirais qu'en tant qu'enfant,
00:35:52j'étais très triste, et c'était un
00:35:54grand bouleverseur, mais il n'y a pas
00:35:56eu de malheur sur le malheur,
00:35:58je n'ai pas eu à gérer de surémotionnalité
00:36:00là-dessus, je trouve.
00:36:02C'est beaucoup de chance, David, mais je crois que
00:36:04tout simplement, vous aviez des parents
00:36:06qui sont des gens
00:36:08adultes, qui ont réfléchi sur ce qu'était
00:36:10la vie, la mort,
00:36:12et qui ont
00:36:14peut-être avancé
00:36:16un peu plus en conscience que la majorité
00:36:18des gens.
00:36:20C'est assez intuitif, parce que
00:36:22ma maman n'était pas du tout intellectuelle,
00:36:24elle m'apprenait à lire, mais elle ne savait pas lire elle-même,
00:36:26donc je dirais que c'était
00:36:28un choix intérieur,
00:36:30elle réfléchissait pas à elle-même.
00:36:32La philosophie n'est pas
00:36:34le propre des gens
00:36:36éduqués,
00:36:38au contraire, c'est celle qui tient le mieux
00:36:40quand il y a les pires des tempêtes
00:36:42autour.
00:36:44Moi, ce que j'entends aussi beaucoup dans ce que vous
00:36:46dites, c'est qu'ils ont
00:36:48bien vécu leur vie et
00:36:50vous permettent de bien vivre la vôtre,
00:36:52parce qu'ils ont envisagé leur mort.
00:36:54Ça a été quelque chose, alors après,
00:36:56on ne sait jamais comment on va finir,
00:36:58mais dans cette peur et en même temps
00:37:00cette acceptation, bien sûr
00:37:02que vous, ce qu'ils vous ont offert,
00:37:04c'est de n'avoir que du chagrin,
00:37:06et c'est précieux.
00:37:08Exactement,
00:37:10et alors moi...
00:37:12Et puis c'est un modèle
00:37:14qu'ils vous ont donné, qui certainement va vous aider
00:37:16aussi quand ce sera votre tour.
00:37:18Complètement, et qui rejoint
00:37:20aussi autre chose, c'est que
00:37:22je suis un enfant un peu tardif,
00:37:24ils m'ont eu quand j'avais
00:37:2640 ans, et donc moi
00:37:28toute ma vie, en tout cas toute la vie
00:37:30de mes enfants, j'étais très en conscience que mes parents
00:37:32allaient partir un peu plus tôt que les autres parents
00:37:34de mes copains, et surtout que je n'avais pas de grands-parents.
00:37:36Donc il y avait une sorte de vide.
00:37:38Donc toute ma vie, je me suis préparé à ça,
00:37:40et ma réponse à ça
00:37:42a été à chaque fois de prendre
00:37:44comme cadeau de les avoir avec moi pendant ce temps-là,
00:37:46qui allait être plus court que
00:37:48le chemin noir traditionnel,
00:37:50où on perd ses parents à 40-50 ans,
00:37:52etc. Moi je pensais qu'il y en avait fait,
00:37:54et mon père est mort quand j'avais 28 ans.
00:37:56Je prenais
00:37:58son culpabilité et son même
00:38:00vouloir retenir à tout prix.
00:38:02J'avais ma propre vie, mais régulièrement
00:38:04avoir ça en tête aussi,
00:38:06pour justement apprécier. Et ce qui est étonnant,
00:38:08c'est que, bien sûr, j'ai pleuré au moment de leur décès,
00:38:10mais il est arrivé quand j'étais adolescent.
00:38:12Par exemple, j'avais croisé par hasard
00:38:14à Paris, alors que ce n'était pas tout programmé
00:38:16qu'on se rencontre à Paris. Mes parents
00:38:18et mon oncle et ma tante m'ont
00:38:20tourné hasard, j'ai eu 2 millions d'habitants.
00:38:22Et là,
00:38:24quand j'étais rentré le soir, à avoir 16 ans,
00:38:26j'avais pleuré en me disant
00:38:28ça ne m'arrivera plus jamais, j'aurai le plaisir
00:38:30de pouvoir les croiser tous,
00:38:32parce qu'un jour ou l'autre, ils sont déjà un peu âgés,
00:38:34et les 4 ne vont pas rester là tout le temps.
00:38:36Donc j'avais, je dirais,
00:38:38ce sang-froid, qui n'était pas un sentiment
00:38:40morbide, mais une pression.
00:38:42Ce qui fait que, quand j'avais l'occasion
00:38:44de les voir, ou d'être avec eux, ou de les appeler,
00:38:46je n'y manquais pas, sans être
00:38:48dans une frission totale, et de voir les
00:38:50accaparer à tout prix, ou moi-même.
00:38:52C'est magnifique ce que vous partagez,
00:38:54parce que je pense que c'est vraiment une ligne
00:38:56de conduite qui peut servir
00:38:58de fil d'Ariane, en fait,
00:39:00dans nos dédales de la vie.
00:39:02C'est que, quand on accepte
00:39:04la conscience fine de la vie,
00:39:06c'est-à-dire que la mort existe,
00:39:08de vivre avec du vide,
00:39:10tout en étant plein
00:39:12d'énergie, d'avoir du chagrin,
00:39:14mais qui, du coup,
00:39:16ne laisse pas l'espace à la culpabilité,
00:39:18c'est vraiment
00:39:20précieux. Vos parents vous ont
00:39:22confié ce cadeau, vous-même,
00:39:24vous allez le confier
00:39:26à tous ceux qui sont autour de vous.
00:39:28Vous le partagez aujourd'hui,
00:39:30vous êtes comme Elyse, vous pouvez rentrer au village.
00:39:32Oui, mais David, voyez ce que
00:39:34votre témoignage m'inspire,
00:39:36et on l'entend dans votre voix,
00:39:38c'est qu'on peut être à la fois
00:39:40joyeux et triste, et qu'il n'y a
00:39:42pas de problème avec ça.
00:39:44Ce sont deux émotions tout à fait
00:39:46compatibles. Vous êtes triste
00:39:48parce que vos parents ne sont plus là,
00:39:50et puis qu'ils ne seront jamais plus là,
00:39:52mais en même temps, comme ils vous ont donné
00:39:54des cadeaux merveilleux,
00:39:56vous en êtes joyeux.
00:39:58Oui, tout à fait, et surtout de trouver du sens aux choses.
00:40:00Je crois que c'est ça qui est
00:40:02assez essentiel. Par exemple,
00:40:04pour mon papa,
00:40:06il est décédé, je crois,
00:40:08trois mois après l'avenir de mon fils.
00:40:10Je ne dirais jamais assez
00:40:12merci à la vie de m'avoir permis, quand même,
00:40:14de partager ce moment-là avec lui.
00:40:16Je pourrais à la fin dire
00:40:18que j'ai eu parfois aussi ce sentiment,
00:40:20plus tard, de voir mes deux
00:40:22grands-fils. C'est dommage,
00:40:24ils n'ont pas connu leur grand-père
00:40:26et je ne pourrais pas passer du bon moment avec.
00:40:28Le simple fait d'avoir eu, quand même,
00:40:30cette capacité,
00:40:32à peu de hasard, ce n'était pas calculé,
00:40:34je n'ai rien fait pour exprès,
00:40:36mais de me dire, tiens,
00:40:38quand même, on a pu aller au bout de ça,
00:40:40il a pu voir son petit-fils et me voir
00:40:42moi-même devenir père, c'était quand même
00:40:44un appétissement.
00:40:46Votre témoignage,
00:40:48ce qu'il faut vraiment, et je vais insister
00:40:50sur ce que je dis, parce que je pense que ça peut aider
00:40:52tous ceux qui nous écoutent, votre témoignage prouve
00:40:54que vous êtes en paix avec la vie et avec
00:40:56la mort. Et ça, ce n'est pas si facile,
00:40:58ce n'est pas si simple. Sans doute
00:41:00que vos parents avaient cette sagesse-là
00:41:02qu'ils vous ont montrée
00:41:04et donc vous l'avez intégrée en vous.
00:41:06Alors après, est-ce que
00:41:08à la fin de votre vie
00:41:10vous aurez cette sagesse-là encore ?
00:41:12C'est jamais sûr,
00:41:14c'est jamais signé, mais en tout cas
00:41:16dans votre témoignage, on l'entend, cette paix.
00:41:18Et c'est ça qui...
00:41:20Et c'est peut-être, si notre émission
00:41:22peut aider tout le monde à être un petit peu plus
00:41:24en paix, on aura fait du bon boulot,
00:41:26ça me dit. – Oui, je pense aussi, oui.
00:41:28C'est un beau témoignage, en tout cas, merci.
00:41:30– Pas merci à vous. – Non, non,
00:41:32merci à vous.
00:41:34Et puis, on va continuer
00:41:36pendant cette deuxième heure, avec peut-être
00:41:38des témoignages plus difficiles,
00:41:40mais je crois que c'est...
00:41:42– Chacun fait ce qu'il peut. – Exactement,
00:41:44c'est l'acceptation de ce mille-feuille émotionnel,
00:41:46de la souffrance, de la culpabilité,
00:41:48de la joie,
00:41:50plus on peut vivre d'émotions en même temps
00:41:52et plus on grandit
00:41:54en souplesse et en flexibilité, oui.
00:41:56– Et puis, on recevra
00:41:58également dans cette deuxième heure, Eric
00:42:00Dudoit, qui nous parle de ce livre
00:42:02« D'une vie à l'autre ».
00:42:04À tout de suite. – Avec Sandy Boulanger,
00:42:06aujourd'hui, nous parlons de l'accompagnement
00:42:08de nos parents dans leur fin de vie.
00:42:10Si vous souhaitez participer à l'émission,
00:42:12appelez-nous 0 826 300 300.
00:42:22Sandy Boulanger est avec nous,
00:42:24vous êtes sommatérapeute,
00:42:26vous travaillez sur la fin de vie,
00:42:28avec des gens qui sont en fin de vie,
00:42:30cancers,
00:42:32toutes les maladies, évidemment,
00:42:34qui nous attendent, si je puis dire,
00:42:36presque tous.
00:42:38Et puis, vous avez donc
00:42:40la possibilité de répondre
00:42:42peut-être à ceux qui nous appellent
00:42:44et qui connaissent cette situation.
00:42:46Jean-Charles, bonjour. – Bonjour.
00:42:48– Merci d'être avec nous.
00:42:50– Déjà, félicitations pour vos émissions
00:42:52et bonjour aussi à votre invité.
00:42:54– Bonjour Jean-Charles.
00:42:56– Alors en fait, c'est un témoignage
00:42:58pour aider, si je peux me permettre
00:43:00de prendre une minute pour raconter.
00:43:02En fait, moi je vis le contraire
00:43:04d'un deuil blanc, que vous avez dit
00:43:06à l'instant.
00:43:08C'est-à-dire que j'ai une mère qui est
00:43:10dentiste, chirurgien-dentiste
00:43:12à la retraite, parce qu'elle aura
00:43:1490 ans le 25 mars.
00:43:16Et en fait, ce qui s'est passé,
00:43:18c'est qu'elle a fait une fuite,
00:43:20un humérus, suivi d'un cancer
00:43:22du pancréas,
00:43:24en janvier 2024,
00:43:26avec une chignot qui lui a duré
00:43:28jusqu'à juin environ.
00:43:30Et puis,
00:43:32on lui a dit, écoutez, cette chignot
00:43:34ne fait plus rien pour vous,
00:43:36donc on a décidé
00:43:38de ne plus rien vous faire.
00:43:40Donc, il y avait soit le choix de prendre
00:43:42une nouvelle chignot
00:43:44qui la met à l'heure et du jour
00:43:46au lendemain, je ne la reconnais plus,
00:43:48ou de faire ça comme ça.
00:43:50Évidemment,
00:43:52tout ce que je vais dire,
00:43:54moi ça me nourrit et ça me donnera
00:43:56des souvenirs, mais il faut aussi
00:43:58que les familles qui écoutent cela
00:44:00puissent avoir le temps
00:44:02et l'énergie.
00:44:04Depuis un an,
00:44:06ma mère était chirurgien dentiste,
00:44:08moi j'ai du temps, je suis magicien
00:44:10professionnel, et en fait
00:44:12je passe toutes mes soirées
00:44:14avec elle, j'y vais de 18h
00:44:16jusqu'à 20h30.
00:44:18On a choisi une hospitalisation à domicile.
00:44:20J'ai eu des rapports
00:44:22un peu compliqués avec ma soeur
00:44:24au début, dans le sens où
00:44:26elle s'occupe de tout ce qui est médical
00:44:28et je m'occupe de tout ce qui est présentiel.
00:44:30Et en fait,
00:44:32j'aurais voulu que tout le monde
00:44:34soit à mon niveau,
00:44:36j'ai réfléchi à la chose et je sais
00:44:38en plus qu'une relation mère-fille
00:44:40n'est pas du tout
00:44:42celle de mère-fils.
00:44:44Et donc j'ai travaillé
00:44:46sur moi, et aujourd'hui
00:44:48nous sommes en bonne symbiose avec ma soeur
00:44:50même si nous ne sommes pas d'accord sur tout
00:44:52parce que quand on parle,
00:44:54on prend en compte notre mère.
00:44:56Alors, ce qui se passe aussi,
00:44:58vous parliez aussi
00:45:00de prendre soin de soi.
00:45:02Moi, je voyage beaucoup
00:45:04normalement pour le plaisir.
00:45:06Vous avez quel âge aujourd'hui Jean-Charles ?
00:45:08Alors j'ai 63 ans.
00:45:10D'accord.
00:45:12J'ai failli vous appeler mille fois pour des problèmes sentimentaux
00:45:14mais là je pense que
00:45:16c'est important que mon témoignage arrive.
00:45:18Allez-y, il est très bien
00:45:20votre témoignage. Excusez-moi, c'était juste pour
00:45:22constituer mieux votre âge, c'est tout.
00:45:24Pas de problème. Et donc pour dire que
00:45:26les gens doivent aussi s'occuper
00:45:28d'eux-mêmes, il se trouve
00:45:30qu'en juin, j'habite du côté de Montpellier,
00:45:32au nord de Montpellier, dans un village, moi
00:45:34ex-parisien, qui ai tenu
00:45:36un magasin d'agieux à Paris
00:45:38pendant 15 ans, je vis
00:45:40dans un village. Et je me suis dit,
00:45:42un jour, Jean-Charles,
00:45:44c'est pas en pleurant
00:45:46la mort de ta mère que
00:45:48ça ira mieux. Et en fait,
00:45:50je suis allé
00:45:52à la recherche d'un appartement
00:45:54parce que j'ai un peu les moyens en ce moment
00:45:56et j'ai trouvé une bombe
00:45:58d'appartement. Pourquoi je vous dis ça ?
00:46:00Parce que depuis 6 mois, je traine
00:46:02ma mère pour qu'elle
00:46:04m'aide à choisir la cuisine
00:46:06et vas-y,
00:46:08si je mettais une verrière là et tout, je l'emmène
00:46:10au restaurant. Même quand on va faire
00:46:12les courses, elle se sert
00:46:14du caddie comme d'un
00:46:16déambulateur. Elle a donc
00:46:18une infirmière, parce qu'elle a eu un
00:46:20énorme bobo, un œdème à la jambe,
00:46:22elle vit maintenant
00:46:24les jambes bandées, donc elle marche
00:46:26aujourd'hui avec une canne, mais elle a toute sa tête.
00:46:28Elle m'a fait hier soir une petite rillette
00:46:30de sardine qui était délicieuse,
00:46:32mais ça devient de plus
00:46:34en plus compliqué. Pourquoi ? Et c'est là
00:46:36où je vais mettre un petit
00:46:38tac à tout ce qui est médical.
00:46:40C'est qu'en fait, au bout
00:46:42de 7-8 mois, c'est-à-dire en novembre
00:46:44là, elle a dit,
00:46:46je vois que tout le monde m'oublie
00:46:48de la jante médicale,
00:46:50je veux faire un scanner,
00:46:52je veux savoir où j'en suis. Bon,
00:46:54je lui dis, maman t'es sûre que c'est une bonne idée,
00:46:56parce que si on t'apprend des mauvaises nouvelles,
00:46:58je veux le faire, c'est un bélier,
00:47:00je sais pas si vous connaissez les femmes béliers, mais c'est un enfer.
00:47:02Elle a fait ce scanner,
00:47:04qui lui ont dit, incroyable, mais vrai, parce que
00:47:06tous les infirmiers ont dit,
00:47:08mais madame, vous êtes une exception,
00:47:10un cancer du pancréas, comme ça, 3-4 mois,
00:47:12y'a plus personne, elle a fait un an.
00:47:14Ils lui ont dit la chose suivante,
00:47:16ils lui ont dit, votre cancer du pancréas,
00:47:18mais vous avez des métastases
00:47:20au poumon,
00:47:22au rein,
00:47:24aux péritones, bref, bon, voilà quoi.
00:47:26Et surtout, là où je trouve que
00:47:28les gens n'ont pas été terribles,
00:47:30c'est que l'infirmier, attends, c'est pas l'infirmier,
00:47:32j'ai noté, il vient,
00:47:34il vient, il lui dit, alors,
00:47:36madame, votre fin de vie, vous la voulez à la maison
00:47:38ou à l'EHPAD ?
00:47:40Conclusion, moi, le soir, quand j'arrive,
00:47:42je la récupère en vrac. Alors moi, je veux pas
00:47:44lui parler de sa fin de vie, parce que moi,
00:47:46je considère que ça me nourrit
00:47:48d'être là. Depuis un an,
00:47:50écoutez, je pars plus en Thaïlande,
00:47:52je pars plus rien, j'ai plus de vie intime,
00:47:54j'ai plus rien, mais je me regarde dans la glace
00:47:56et quand on me dit, mais Jean-Charles,
00:47:58vas-y, pars une semaine en Thaïlande, je lui dis, tu rigoles,
00:48:00si jamais je pars là-bas,
00:48:02qu'il arrive quelque chose, je pourrais pas me regarder
00:48:04dans la glace. Et vous savez ce que j'ai fait, il y a une
00:48:06semaine, j'ai un très bon ami
00:48:08à moi, qui est magicien professionnel aussi,
00:48:10qui est en sclérose en plaques, en fauteuil,
00:48:12du côté de Caen, et bien j'ai quitté
00:48:14ma mère pour aller passer
00:48:16trois jours avec lui, et sa femme,
00:48:18et ça m'a nourri. Et c'est ça
00:48:20que je veux à travers ce témoignage,
00:48:22c'est dire que, être à côté
00:48:24de ses proches, et encore une fois, je le dis,
00:48:26il faut avoir le temps...
00:48:27Non mais Jean-Charles, votre témoignage
00:48:29prouve que grâce à ce que vous êtes en train
00:48:31de traverser, vous êtes dans l'amour, l'amour
00:48:33l'agapé, quoi, l'amour,
00:48:35le véritable amour, c'est-à-dire
00:48:37que vous êtes là,
00:48:39et ce que vous
00:48:41traversez, qu'on entend bien
00:48:43que ce n'est pas si facile que ça,
00:48:45malgré votre témoignage qui est très positif et très beau,
00:48:47vous avez découvert
00:48:49l'amour au sens profond
00:48:51du terme, et
00:48:53merci de donner,
00:48:55de le transmettre à tous ceux
00:48:57qui nous écoutent.
00:48:59Voilà, c'est ça, et je voulais savoir aussi si le fait
00:49:01de faire ça,
00:49:03j'ai pas besoin
00:49:05de psychothérapie, quelque part,
00:49:07je me regarde dans la glace,
00:49:09je fais des apéros avec elle tous les soirs,
00:49:11vous verrez,
00:49:13vous verrez après, peut-être qu'après,
00:49:15vous aurez besoin, mais pour l'instant, vous n'en avez pas besoin,
00:49:17bien sûr, vous êtes dans l'instant,
00:49:19et elle vous
00:49:21nourrit comme vous la nourrissez, au sens
00:49:23de l'amour, justement.
00:49:25Oui, alors c'est déjà un peu compliqué, parce que quand vous voyez
00:49:27votre histoire de douleur, c'est très compliqué,
00:49:29quoi, je dirais. Et moi, ce que
00:49:31je voudrais demander à Sandy,
00:49:33j'ai une question, c'est
00:49:35le fait que je ne veuille
00:49:37pas entendre parler de sa mort,
00:49:39j'allais vous en parler,
00:49:41c'est quoi votre question ?
00:49:43J'allais vous en parler, oui, c'est quoi votre question ?
00:49:45C'est-à-dire que, par exemple, quand il y a des rendez-vous médicaux,
00:49:47qu'il y a le médecin qui se déplace,
00:49:49comme là, par exemple, elle a trop mal,
00:49:51elle prend du spas-fond, elle a des gaz dans le ventre,
00:49:53et tout, tous les soirs, donc moi,
00:49:55toute la journée, elle continue ses activités,
00:49:57je la récupère.
00:49:59C'est quoi votre question ? Allez-y.
00:50:01La question, c'est juste,
00:50:03à mon sortie
00:50:05de la tête,
00:50:07la question,
00:50:09c'est, est-ce que...
00:50:11C'était par rapport à la mort,
00:50:13Jean-Charles, votre question.
00:50:15Vous ne voulez pas entendre le corps médical
00:50:17parler de la fin de vie
00:50:19de votre mère, parce que pour le moment,
00:50:21vous êtes complètement dédié
00:50:23à son présent,
00:50:25et effectivement,
00:50:27vous faites bien quand même d'oublier de poser cette question
00:50:29qui vous sera fondamentale,
00:50:31c'est d'accepter que cela va
00:50:33prendre fin. Donc là, vous y consacrez
00:50:35toute votre vie, vous le dites,
00:50:37je ne menais plus d'intimité,
00:50:39vous vous octroyez trois jours,
00:50:41vous faites ce choix, mais il y a
00:50:43aussi un moment où il va falloir accepter
00:50:45qu'elle va partir,
00:50:47même si...
00:50:49Je l'accepte tout à fait, depuis un an, je le sais maintenant.
00:50:51Chaque jour qui passe, c'est un jour de gagné.
00:50:53Je l'ai emmené ce matin chez son audioprothélie...
00:50:55Oui, mais ça, c'est votre guerre à vous,
00:50:57mais qui, quelque part, est perdue d'avance.
00:50:59Mais oui, je sais très bien
00:51:01qu'elle est perdue d'avance. Mais si j'ai
00:51:03demandé aujourd'hui, c'est pour dire
00:51:05à quel point le fait d'être
00:51:07présent pour une personne qui vous a apporté
00:51:09et que vous aimez, peut vous nourrir.
00:51:11Bien sûr, parce qu'en plus,
00:51:13du coup, vous vous organisez pour.
00:51:15Et effectivement,
00:51:17tous ces jours que vous collectez
00:51:19depuis un an, qui sont du bonus,
00:51:23vous aideront quand elle ne sera
00:51:25plus là. Mais aussi,
00:51:27c'est parce que...
00:51:29Je suis en train de refaire complètement
00:51:31ce que je l'emmène pour voir.
00:51:33Je l'installe sur le canapé face à la mer.
00:51:35Franchement, je fais tout
00:51:37pour la sortir de ces problèmes.
00:51:39Oui, mais Jean-Charles,
00:51:41ce que je pense veut dire Sandy
00:51:43à demi-mot, c'est que
00:51:45le jour où elle part,
00:51:47il va y avoir un tel vide que là, vous aurez peut-être
00:51:49besoin d'être un tout petit peu...
00:51:51Oui, je l'entends.
00:51:53S'il faut que je fasse une analyse
00:51:55pour régler deux, trois problèmes, je le ferai.
00:51:57Évidemment, c'est gentil à Sandy
00:51:59de prendre soin de moi
00:52:01pour le post-mortem.
00:52:03Mais je vous remercie.
00:52:05Mais franchement,
00:52:07c'est bien d'avoir fait cette émission.
00:52:09Franchement, je suis tombé par hasard dessus.
00:52:11Je me suis dit, je vais tenter le coup
00:52:13parce que je pense que
00:52:15mon témoignage est positif.
00:52:17Avec tout l'amour que j'ai.
00:52:19Et aussi, faire attention
00:52:21que ça peut partir vite en vrille
00:52:23avec des membres de la famille.
00:52:25Il faut faire très attention à ça.
00:52:27Très attention.
00:52:29L'écoute et la compréhension
00:52:31que l'autre s'investit.
00:52:33Elle s'investit d'une manière différente.
00:52:35Mais Jean-Charles,
00:52:37vous êtes un magicien de la vie,
00:52:39donc il n'y a pas de problème.
00:52:41Je suis un bon manipulateur,
00:52:43mais un bon magicien de la vie, je ne sais pas.
00:52:45Je ne pense pas que je sois un bon magicien.
00:52:47Sinon, j'aurais fait apparaître
00:52:49une très jolie femme à mon bras.
00:52:51Mais bon, c'est un autre sujet.
00:52:53Il faut peut-être que maman s'en aille
00:52:55et une très jolie femme arrive, Jean-Charles.
00:52:57Oui, j'en ai eu, j'en aurai d'autres.
00:52:59Mais vous serez face à la mère.
00:53:01Oui, la prochaine,
00:53:03elle vivra avec moi face à la mère.
00:53:05Elle sera toujours là, la mère.
00:53:07Oui,
00:53:09j'ai plus ma mère,
00:53:11mais j'aurai la mère M.E.R.
00:53:13en face de moi, pour pleurer.
00:53:15Merci.
00:53:17Merci de ce témoignage, Jean-Charles.
00:53:19Merci beaucoup.
00:53:21Au revoir, mesdames.
00:53:23À l'instant, avec vous, bien sûr, toujours sur Sud Radio.
00:53:33On continue avec vous
00:53:35à évoquer la fin de vie
00:53:37avec Sandy Boulanger qui est avec nous.
00:53:39Je vous remercie d'être là,
00:53:41Sandy, parce que je crois
00:53:43qu'on a besoin
00:53:45de votre présence.
00:53:47Je rappelle également que vous avez un site,
00:53:49le lien au coeur du soin.com
00:53:51et peut-être trouver aussi
00:53:53des réponses ou des pistes.
00:53:55Evelyne, bonjour.
00:53:57Bonjour.
00:53:59Boulanger, Evelyne.
00:54:03J'ai essayé
00:54:05de vous joindre pour vous parler
00:54:07parce que je suis
00:54:09auxiliaire de vie sociale,
00:54:11donc dans la qualité de vie des personnes
00:54:13âgées ou des personnes handicapées.
00:54:17J'ai 25 ans de carrière
00:54:19et j'ai vu
00:54:21l'accompagnement de Sandy
00:54:23plus ou moins long
00:54:25ou plus ou moins court
00:54:27sur différentes facettes.
00:54:29Je l'ai vécu personnellement
00:54:31avec mon papa et ma tante
00:54:33et je l'ai vécu
00:54:35avec, comme je disais, mes patients
00:54:37et je le vis aujourd'hui
00:54:39puisque je suis à la retraite,
00:54:41je le vis aujourd'hui avec une personne âgée
00:54:43de 87 ans
00:54:45que j'ai adoptée
00:54:47depuis 15 ans puisqu'elle est
00:54:49abandonnée de tous.
00:54:51D'accord. C'est une personne avec qui
00:54:53vous n'avez pas de lien de parenté
00:54:55mais qui vit
00:54:57avec vous, c'est ça ?
00:54:59Elle vit pas avec moi, elle vit chez elle,
00:55:01moi je vis chez moi,
00:55:03mais je suis présente
00:55:054 jours dans la semaine
00:55:07et je fais
00:55:09en sorte qu'elle garde une certaine
00:55:11autonomie puisqu'elle n'a
00:55:13pas de réel problème de santé
00:55:15si ce n'est que l'usure du temps
00:55:19et que
00:55:21elle se déplace en déambulateur.
00:55:25Vous m'entendez ?
00:55:27Oui, on vous entend.
00:55:29Et par rapport à ça,
00:55:31ce que je voulais
00:55:33exprimer, ce qui n'est pas évident,
00:55:35c'est garder le lien, garder
00:55:37le contact, rester
00:55:39connecté avec
00:55:41les membres de sa famille
00:55:43ou les personnes qu'on aide,
00:55:45c'est pas une chose évidente
00:55:47parce qu'il y a la personnalité,
00:55:49le caractère de la personne
00:55:51qui doit être pris en compte
00:55:53et aussi
00:55:55l'état affectif,
00:55:57ça c'est extrêmement important aussi.
00:55:59Oui, on entend
00:56:01que vous êtes là beaucoup pour les autres,
00:56:03pour cette personne
00:56:05que vous adoptez
00:56:07dans votre cœur.
00:56:09Je suis dans
00:56:11le socialisme humanitaire depuis
00:56:1345 ans.
00:56:15Et vous, vous vous êtes bien entourée ?
00:56:17Vous avez des proches
00:56:19qui vous donnent cet amour-là aussi, à vous ?
00:56:21Je vous entends très mal.
00:56:23Est-ce que vous avez,
00:56:25vous, des personnes
00:56:27qui sont proches, qui sont
00:56:29aimantes, justement ?
00:56:31Non, moi je suis une enfant
00:56:33de la DAS.
00:56:35D'accord. Et vous avez des amis ?
00:56:37Je suis...
00:56:39Oui, oui, bien sûr.
00:56:41Mais vous avez des amis,
00:56:43la question de Sandi,
00:56:45c'est, est-ce que vous,
00:56:47quand vous aurez 90 ans,
00:56:49vous aurez aussi
00:56:51la chance d'avoir quelqu'un comme vous
00:56:53auprès de vous, en gros ?
00:56:55Alors moi j'ai un fils, j'ai une fille,
00:56:57qui vient de perdre,
00:56:59donc je viens de perdre mon ex-conjoint,
00:57:01donc mon fils vient de perdre son père,
00:57:03suite à la maladie de Parkinson,
00:57:05parce que son traitement
00:57:07qui devait durer 15 ans
00:57:09a été écrasé
00:57:11avec l'histoire du Covid,
00:57:13et donc
00:57:15il est parti prématurément,
00:57:17et mon fils a très mal vécu
00:57:19cet épisode-là,
00:57:21et depuis
00:57:23le décès de mon ex-mari
00:57:25et donc du père de mon fils,
00:57:27mon fils
00:57:29s'est éloigné de moi.
00:57:31Peut-être ça lui fait peur,
00:57:33si jamais il continue de vous aimer,
00:57:35de vous perdre, vous aussi ?
00:57:37Absolument.
00:57:39C'est tout à fait ce que j'en ai déduit.
00:57:41Parce qu'il n'a rien
00:57:43de particulier à vous reprocher,
00:57:45ou il vous reproche quelque chose ?
00:57:47Non,
00:57:49ce qu'il aurait à me reprocher,
00:57:51c'est que
00:57:53j'ai toujours été peut-être
00:57:55trop présente,
00:57:57trop présente,
00:57:59et que
00:58:01quand mon papa à moi
00:58:03était à l'hôpital,
00:58:07mon fils était petit,
00:58:09je l'ai levé tout seul,
00:58:11et
00:58:13il fallait prendre l'avion pour aller voir mon père,
00:58:15je l'avais au téléphone
00:58:17tous les deux jours,
00:58:19papa s'est étiolé,
00:58:21et je n'ai pas voulu que mon fils
00:58:23vive ça,
00:58:25fasse connaissance de son grand-père
00:58:27dans cet état-là,
00:58:29puisqu'il ne l'avait jamais connu,
00:58:31et mon fils
00:58:33m'en veut un peu de ça,
00:58:35parce que pour lui,
00:58:37je n'ai pas fait le bon choix.
00:58:39C'est-à-dire que vous avez laissé votre fils
00:58:41à la garde de quelqu'un, de proche,
00:58:43pour aller voir votre père, c'est ça ?
00:58:45Oui.
00:58:47Pendant combien de temps ?
00:58:49Quand j'allais voir mon père,
00:58:51puisque j'allais le voir dans le nord,
00:58:53moi je suis dans le sud,
00:58:55j'y allais deux jours.
00:58:57Oui, c'est quand même pour deux jours,
00:58:59c'est que dans ce lien
00:59:01que vous pouvez maintenir avec les proches
00:59:03que vous avez,
00:59:05c'est des fois des choses qui peuvent être
00:59:07un peu difficiles, délicates,
00:59:09et ce rôle d'aidante
00:59:11que vous donnez
00:59:13auprès de cette personne que vous avez prise
00:59:15en affection,
00:59:17c'est je pense aussi certainement
00:59:19un besoin viscéral pour vous
00:59:21d'être en lien d'amour avec
00:59:23les autres ?
00:59:25Absolument.
00:59:27Donc ça je l'ai traduit.
00:59:29Mais vous voyez,
00:59:31Evelyne, on parlait tout à l'heure avec Laurence
00:59:33qui trouvait que la société
00:59:35n'était pas du tout adaptée.
00:59:37Votre témoignage me fait penser à une chose
00:59:39qui paraît un peu évidente,
00:59:41on sait combien des personnes qui sont
00:59:43un peu à la retraite, s'ennuient,
00:59:45ont l'impression d'être seules,
00:59:47etc., mais elles pourraient
00:59:49justement être des
00:59:51aidants pour des gens
00:59:53qui sont un petit peu plus vieux,
00:59:55parce que quand on est à la retraite,
00:59:57quand on a 65 ans,
00:59:59on est encore tout à fait apte
01:00:01à aller faire les courses pour quelqu'un de
01:00:0392 ans, etc. Donc il y aurait
01:00:05des choses à faire,
01:00:07comment, pourquoi,
01:00:09j'en sais rien, moi je ne suis pas quelqu'un
01:00:11qui fait de la politique, mais
01:00:13c'est...
01:00:15Oui, je pense qu'il y a vraiment
01:00:17quelque chose,
01:00:19je trouve qu'il y a
01:00:21des entraides qui seraient vraiment
01:00:23difficiles, il faudrait lancer une sorte
01:00:25de, non pas de resto du cœur, mais quelque chose
01:00:27comme ça, et je pense que ça serait
01:00:29très facile
01:00:31parce que beaucoup de gens seraient capables
01:00:33de donner un peu de leur temps
01:00:35pour d'autres personnes.
01:00:37Oui, parce que c'est ça la qualité de vie,
01:00:39c'est garder le lien.
01:00:41Mais bien sûr,
01:00:43on est des êtres humains et on a besoin de lien,
01:00:45si on n'a pas de lien,
01:00:47on s'aigrit,
01:00:49on se dessèche,
01:00:51donc voilà,
01:00:53et puis donner aux autres,
01:00:55ça nous fait du bien.
01:00:57C'est très très important,
01:00:59c'est que mamie,
01:01:01je lui fais sa douche,
01:01:03je lui fais le brushing,
01:01:05je lui fais la manucure,
01:01:07et ça lui amène du sourire,
01:01:09ça délie la langue parce que c'est
01:01:11des instants particuliers,
01:01:13et c'est ça qu'il faut instaurer
01:01:15en fin de compte, parce que
01:01:17le bien vieillir, c'est
01:01:19vivre en fin de compte.
01:01:21Et c'est le lien.
01:01:25Qu'est-ce que vous en pensez, Sandi,
01:01:27de mon idée comme ça ?
01:01:29Ça existe en fait, c'est en train
01:01:31de se développer de plus en plus,
01:01:33je pense sur la région parisienne,
01:01:35ça s'appelle Visitatio,
01:01:37ce sont effectivement
01:01:39beaucoup de bénévoles qui vont visiter
01:01:41les personnes très âgées
01:01:43à domicile, les petits frères des pauvres
01:01:45aussi font beaucoup ça,
01:01:47donc vous avez une
01:01:49personne que vous allez visiter.
01:01:51Pourquoi on n'en parle pas plus ?
01:01:53Je suis sûr qu'il y a plein de gens qui nous écoutent
01:01:55et qui ne sont pas au courant.
01:01:57Oui, mais parce qu'on est au courant
01:01:59de beaucoup de choses dramatiques et des
01:02:01failles du système, et on a
01:02:03des difficultés à pouvoir recevoir
01:02:05les informations plutôt positives.
01:02:07Et donc si bien sûr que ça existe
01:02:09depuis longtemps maintenant,
01:02:11il s'agit simplement
01:02:13de toujours comprendre et de sentir
01:02:15qu'est-ce qu'on vient chercher
01:02:17quand on fait soi-même ça,
01:02:19qu'est-ce qu'on vient prendre
01:02:21quand on donne,
01:02:23et c'est toujours intéressant
01:02:25de se dire
01:02:27ce que vous apportez à cette mamie,
01:02:29en plus vous l'appelez mamie,
01:02:31je ne sais pas si c'est en un seul mot ou en deux mots,
01:02:33mais toute cette affection,
01:02:35ça parle aussi beaucoup de vous,
01:02:37de ce dont vous avez besoin et de cette douceur-là,
01:02:39jusqu'à laver l'autre,
01:02:41c'est une intimité magnifique.
01:02:43C'est du toucher.
01:02:45Et je vous souhaite vraiment
01:02:47d'avoir en retour autour de vous
01:02:49des gens qui puissent
01:02:51prendre soin de vous comme vous le faites pour l'autre.
01:02:53Merci beaucoup Evelyne
01:02:55de votre témoignage. Dans un instant,
01:02:57on va donner la parole à Eric Dudoit,
01:02:59auteur de ce livre,
01:03:01D'une vie à l'autre.
01:03:03Venez apporter votre témoignage
01:03:05et réagissez à l'émission en appelant
01:03:07dès maintenant le 0 826
01:03:09300 300.
01:03:1114h16,
01:03:13Brigitte Laé, Sud Radio.
01:03:15Je crois que vous le connaissez Eric Dudoit,
01:03:17Sandy Boulanger.
01:03:19Je vous laisse vous dire bonjour.
01:03:21Merci de prendre un peu de votre temps.
01:03:23Vous êtes psychologue,
01:03:25vous travaillez
01:03:27en cancérologie.
01:03:29J'arrive jamais à dire l'autre mot, je suis désolée.
01:03:31C'est pas grave.
01:03:33Et vous êtes l'auteur de ce livre,
01:03:35D'une vie à l'autre, aux éditions Larousse.
01:03:37Vous racontez 15 histoires
01:03:39de personnes
01:03:41qui avaient le cancer.
01:03:43Franchement,
01:03:45c'est un livre magnifique
01:03:47qui m'a beaucoup touchée
01:03:49et dans lequel vous abordez des choses
01:03:51extraordinaires qui ne sont pas forcément
01:03:53d'ailleurs tristes.
01:03:55Par exemple, il y a quelque chose qui m'a
01:03:57beaucoup parlé et je vais
01:03:59le dire à tous ceux qui nous écoutent.
01:04:01Vous dites quand on perd ses parents, on devient
01:04:03orphelin, quand on perd son enfant,
01:04:05notre statut n'a pas de nom.
01:04:07Et je me suis dit, mais c'est fou ça,
01:04:09c'est vrai et ça montre bien
01:04:11à quel point c'est innommable.
01:04:13Oui, c'est vrai.
01:04:15Oui, bonjour Eric.
01:04:17Du coup, nous on s'était rencontré autour du Point Rose
01:04:19avec Nathalie.
01:04:21Et c'est vrai que pour le coup,
01:04:23Nathalie développe justement
01:04:25ce vide sémantique
01:04:27en étant des paranges.
01:04:31C'est ça, ce qu'elle dit,
01:04:33des paranges, mais pour l'instant c'est pas
01:04:35encore entré bien dans le dictionnaire
01:04:37de tous les
01:04:39docteurs en thérapie.
01:04:41Oui, oui. Alors c'est
01:04:43une des histoires
01:04:45les plus drôles,
01:04:47tristes,
01:04:49émouvantes.
01:04:51Et à un moment vous dites aussi
01:04:53les silences angoissent.
01:04:55Et c'est vrai que dans ce rôle
01:04:57vous vous dites
01:04:59passeur d'âme,
01:05:01vous vous dites
01:05:03aux thérapeutes,
01:05:05parler aux proches qui sont
01:05:07en train de perdre une adolescente,
01:05:09puisque je crois qu'elle avait 15 ans, Léa,
01:05:11quand elle meurt du cancer.
01:05:13C'est compliqué
01:05:15de trouver les mots.
01:05:17En fait,
01:05:19si on fait silence
01:05:21en soi, un vrai silence
01:05:23tout beau, tout sain,
01:05:25les mots arrivent.
01:05:27C'est lorsqu'on laisse
01:05:29la peur nous gagner que les mots ne viennent plus.
01:05:31Ou lorsque le silence
01:05:33est trop glauque,
01:05:35parce qu'on pense qu'on peut dire des bêtises.
01:05:37Mais si on est
01:05:39assez tranquille, on s'aperçoit que
01:05:41les mots viennent tout seuls.
01:05:43Et là, il y a des choses qui peuvent se passer
01:05:45qui sont assez extraordinaires
01:05:47mais qui ne dépendent pas du
01:05:49moi. Peut-être du sujet, mais pas du moi.
01:05:51Est-ce que ça ne dépendrait
01:05:53pas du lien aussi, alors,
01:05:55de ce courage que l'on a
01:05:57à être en lien avec l'autre
01:05:59dans son chagrin, dans son expérience,
01:06:01en étant avec,
01:06:03sans en être dévasté ?
01:06:05Oui, c'est
01:06:07quelque chose qui a à voir avec
01:06:09le... J'aime pas forcément
01:06:11le mot lien, parce qu'on
01:06:13ligote quelqu'un. Mais le mot amour,
01:06:15ça a à voir avec l'amour.
01:06:17Oui, mais
01:06:19l'amour, c'est ce qui nous relie.
01:06:21Et qui parfois nous attache, d'ailleurs.
01:06:23Vous avez raison.
01:06:25Ce n'est pas péché comme mot, le propre
01:06:27attachement de base.
01:06:29Oui, vous êtes un peu
01:06:31taquin, vous jouez sur les mots.
01:06:33Ah ben, je sais pas pour rien que je suis
01:06:35péché.
01:06:37Mais vous vous soignez.
01:06:39Oui, je me soigne.
01:06:41On a galvaudé un peu le mot lien.
01:06:43Et on a mal aimé
01:06:45le mot amour.
01:06:47Aux étudiants, je leur dis,
01:06:49il faut que vous aimiez vos patients.
01:06:51C'est quelque chose
01:06:53d'important, mais sans lien.
01:06:55Je ne sais pas.
01:06:57Moi, en tout cas, je fais le même métier
01:06:59que vous, et quand on me dit
01:07:01comment tu peux faire ça,
01:07:03j'ai une dimension très corporelle aussi,
01:07:05donc je touche beaucoup
01:07:07les patients, et je réponds
01:07:09toujours, c'est beaucoup d'amour.
01:07:11C'est vrai,
01:07:13c'est beaucoup d'amour.
01:07:15Bien sûr, bien sûr.
01:07:17Je suis d'accord avec vous.
01:07:19Dans ce livre, d'une vie à l'autre, aux éditions Larousse,
01:07:21Eric Dudoit,
01:07:23vous vous êtes un peu agacé à un moment donné
01:07:25dans une histoire, parce que
01:07:27Lola, pour la citer,
01:07:29elle pose la question
01:07:31à quoi ça sert ce
01:07:33cancer que je traverse,
01:07:35et qui me fait mal, etc.
01:07:37Et ça vous agace aussi,
01:07:39quand on essaye trop de donner du sens
01:07:41à ce qui nous arrive ?
01:07:43Oui, je pense que
01:07:45après dix ans de psychanalyse,
01:07:47je suis guéri
01:07:49du sens qu'on veut donner,
01:07:51du sens qu'on a.
01:07:53J'ai vraiment l'impression qu'on se raconte
01:07:55des petites histoires pour continuer
01:07:57des choses, alors qu'on n'a pas besoin
01:07:59de ces petites histoires.
01:08:01Pourtant, ça fait tenir un peu debout par moment, non ?
01:08:03Le sens.
01:08:05Oui, mais ça nous empêche aussi
01:08:07d'être dans notre corps.
01:08:09On est dans notre tête.
01:08:11Voyez, c'est dans ce sens
01:08:13où j'étais avec Lola,
01:08:15je lui disais d'être dans son corps,
01:08:17plus souvent que dans sa tête.
01:08:19Elle a des peurs,
01:08:21elle a des peurs qui viennent aussi
01:08:23de notre atavisme,
01:08:25et c'est bien des fois
01:08:27de revenir au corps
01:08:29et de trouver des choses.
01:08:31Oui, mais quand ça fait vraiment sens,
01:08:33notre corps nous le dit,
01:08:35il me semble.
01:08:37Oui, oui.
01:08:39Donc on est d'accord, oui.
01:08:41Mais il ne faut pas que ce soit du sens qu'on se met dans la tête.
01:08:43Il ne faut pas que ce soit
01:08:45simplement du sens pour du sens.
01:08:47On raconte beaucoup d'histoires avec notre tête.
01:08:49C'est du sens qu'on doit ressentir.
01:08:51Oui.
01:08:53Puisque vous aimez jouer avec les mots.
01:08:57En tout cas,
01:08:59c'est vraiment un...
01:09:01Il y a aussi, je ne sais plus qui,
01:09:03mais il y a cette histoire
01:09:05où c'est un homme,
01:09:07il est en guerre contre son cancer,
01:09:09et ça, ça vous agace aussi un peu,
01:09:11Eric Duval.
01:09:13Oui, c'est ça, oui, je crois.
01:09:15Mais oui,
01:09:17parce que c'est notre culture.
01:09:19On est soit en guerre
01:09:21ou soit
01:09:23il faut qu'on devienne...
01:09:25Tout le discours médical
01:09:27est un discours kéri,
01:09:29une stratégie thérapeutique.
01:09:31Il faut prendre des positions.
01:09:33Et si on avait un discours plus pacifique,
01:09:35peut-être que ça changerait un peu
01:09:37de choses pour nous, à l'intérieur de nous.
01:09:39Ça ne changerait pas le réel,
01:09:41ça c'est évident.
01:09:43C'est notre posture par rapport à celui-ci.
01:09:45D'ailleurs vous dites, face à la maladie,
01:09:47il ne faut pas être Napoléon,
01:09:49il faut être Gandhi.
01:09:51Oui.
01:09:53C'est vous qui l'avez écrit.
01:09:55Des fois je ne sais même pas ce que j'écris.
01:09:57Non, vous étiez inspiré,
01:09:59vous gardiez vos meilleurs ennemis
01:10:01le plus proche possible, mais pas à l'intérieur.
01:10:03C'est ça.
01:10:05Je pense qu'à l'intérieur
01:10:07de nous,
01:10:09c'est un peu ce que disait l'ami
01:10:11de Milan, le père Jésus.
01:10:13À l'intérieur de nous, il faut vraiment faire le ménage.
01:10:15Mais pas un ménage
01:10:17dogmatique, un ménage amoureux.
01:10:19Pour que ça soit tout propre et tout beau
01:10:21comme on a envie qu'il soit.
01:10:23Et puis évidemment, vous en parlez dans
01:10:25je ne sais plus non plus quelle histoire et qu'importe,
01:10:27réussir sa vie,
01:10:29c'est apprendre et il n'est jamais trop tard.
01:10:31Et évidemment que
01:10:33la maladie,
01:10:35c'est une grande leçon.
01:10:37Oui, je pense
01:10:39que la maladie
01:10:41nous pousse à aimer encore plus.
01:10:43Et moi, j'adore tout ce qui pousse à aimer encore plus.
01:10:45Je trouve
01:10:47qu'il y a toujours
01:10:49un point de jonction
01:10:51entre, les anciens
01:10:53le disaient, il y avait la petite mort et la mort.
01:10:55La petite mort, c'est la jouissance
01:10:57et la mort, c'est la mort physique.
01:10:59Mais je pense qu'il y a vraiment un lien
01:11:01et qu'on peut relier ces deux choses-là.
01:11:03Et pas en faire
01:11:05simplement de la mort
01:11:07quelque chose à redouter.
01:11:09Ça peut être quelque chose de
01:11:11doux, de bon.
01:11:13Et apprendre parce que c'est bon
01:11:15de partir en voyage.
01:11:17C'est revenir en fait
01:11:19aux ancêtres,
01:11:21justement aux cultures
01:11:23ancestrales où on ne pouvait
01:11:25bien vivre sa vie qu'en envisageant
01:11:27sa mort.
01:11:29Oui, c'est très vrai ça.
01:11:31Oui, ça l'est d'autant plus encore
01:11:33aujourd'hui. Je pense que
01:11:35nous allons dans ça aussi
01:11:37accepter de mourir.
01:11:39C'est d'abord avoir senti qu'on est vécu.
01:11:43Je pense qu'on
01:11:45meurt
01:11:47tranquillement lorsqu'on a
01:11:49vécu tranquillement.
01:11:51Le tranquillement,
01:11:53il ne renvoie pas
01:11:55à quelque chose
01:11:57de la norme sociale.
01:11:59C'est vraiment à l'intérieur de soi.
01:12:01Oui, d'ailleurs, vous faites beaucoup
01:12:03de méditation
01:12:05et vous parlez
01:12:07aussi à un moment donné de la pleine
01:12:09conscience avec un de vos
01:12:11patients.
01:12:13Vous dites
01:12:15qu'il ne faut pas préparer les gens
01:12:17à la mort, il faut les préparer à vivre encore.
01:12:19Qu'est-ce que vous avez envie de transmettre
01:12:21là à ceux qui nous écoutent
01:12:23Eric Dudoit
01:12:25avant qu'on vous laisse
01:12:27à votre travail ?
01:12:29J'aurais envie de
01:12:31leur dire
01:12:33n'ayons plus
01:12:35peur, osons.
01:12:37Osons vraiment, c'est une vraie thérapeutique.
01:12:39Osons jouir,
01:12:41osons désirer, osons vivre.
01:12:43Oui.
01:12:45Je suis bien d'accord avec vous.
01:12:47On signe, on adore.
01:12:49On a signé, je crois.
01:12:51Oui.
01:12:53En tout cas, c'est vraiment un livre
01:12:55formidable. Il y a une préface de
01:12:57Marie de Haenzel, bien sûr, mais c'est aux éditions
01:12:59La Rousse, d'une vie à l'autre.
01:13:0115 histoires inoubliables d'un passeur d'âme.
01:13:03Merci Eric Dudoit.
01:13:05Je le conseille à tous ceux qui
01:13:07peut-être en ce moment traversent
01:13:09cette épreuve. Vous pourrez y trouver
01:13:11peut-être la petite
01:13:13perle qui vous permettra
01:13:15de traverser cette épreuve
01:13:17avec la vie.
01:13:19Merci beaucoup Eric Dudoit.
01:13:21On fait une petite pause
01:13:23et puis on va se retrouver pour conclure.
01:13:2914h16,
01:13:31Brigitta et Sud Radio.
01:13:33Sandy Boulanger
01:13:35est avec nous. Vous êtes
01:13:37somatothérapeute et vous êtes également
01:13:39thérapeute.
01:13:41Vous pouvez évidemment consulter sur ces sujets.
01:13:43Je pense que vous êtes d'une aide
01:13:45précieuse. C'est aussi un moment
01:13:47où on a besoin de pouvoir
01:13:49parler à quelqu'un qui va nous écouter
01:13:51parce que ce n'est pas toujours simple
01:13:53les amis, de parler, qu'on est en train
01:13:55de perdre son père, sa mère
01:13:57et c'est peut-être important de rappeler
01:13:59que c'est aussi une occasion
01:14:01d'aller parler à un thérapeute.
01:14:03Nolwenn, bonjour.
01:14:05Bonjour Brigitte, bonjour Sandy.
01:14:07Moi je voulais
01:14:09revenir sur
01:14:11la fin de vie
01:14:13d'un proche, donc de mon père
01:14:15et quand quelqu'un vous fait
01:14:17promettre de ne pas le placer
01:14:19et qu'on est obligé de le placer parce que
01:14:21la vie est là
01:14:23et il faut sauver un des deux
01:14:25parce que ma mère était épuisée
01:14:27par cet accompagnement-là
01:14:29et vous êtes seule à prendre ces décisions-là
01:14:31parce que votre mère est pas bien aussi
01:14:33et donc c'est vrai que c'est des promesses
01:14:35qu'on ne tient pas et que
01:14:37c'est votre père qui vous avait
01:14:39fait promettre ça ?
01:14:41Oui.
01:14:43De ne jamais le placer
01:14:45parce qu'il a eu une maladie
01:14:47qui a été très rapide,
01:14:49il allait très bien et cancer de l'osophage
01:14:51donc impossibilité de manger
01:14:53il voulait finir
01:14:55sa vie chez lui, il ne voulait pas être placé.
01:14:57Il m'a dit
01:14:59tu ne me places pas, tu mets une balle dans la tête
01:15:01sauf que c'est compliqué.
01:15:03Il fallait le jeter sous un train ?
01:15:05Oui.
01:15:07Excusez-moi, c'est juste
01:15:09pour mettre un peu d'humour
01:15:11dans ce genre de...
01:15:13C'est terrible parce que là
01:15:15votre père ne se rend pas compte
01:15:17de la violence de ce qu'il vous dit mais quelque part
01:15:19c'est d'une violence terrible.
01:15:21C'était sa façon de vivre aussi
01:15:23c'était sa façon violente
01:15:25de se dire je n'ai pas envie
01:15:27qu'on me laisse mourir ou souffrir
01:15:29quelque part, tout ce qu'il ne voulait pas c'est souffrir.
01:15:31Et en fin de compte c'est vrai
01:15:33qu'en France on n'a pas
01:15:35ce moyen-là de se dire
01:15:37alors oui il n'y a pas
01:15:39d'acharnement thérapeutique effectivement
01:15:41mais sa seule volonté
01:15:43c'est quand on vieillit c'est quoi ?
01:15:45C'est bien manger, c'est profiter en fin de compte
01:15:47là vous ne pouvez plus manger
01:15:49vous ne pouvez plus profiter parce que vous êtes branchés
01:15:51à un estomac artificiel
01:15:53on vous nourrit artificiellement
01:15:55donc en fin de compte vous ne pouvez plus rien faire
01:15:57et la seule chose que vous voulez c'est de ne pas souffrir
01:15:59et vous ne pouvez pas en France quand c'est compliqué.
01:16:01C'est pour ça que
01:16:03la loi qui est en train
01:16:05d'être réfléchie
01:16:07il faut qu'on avance parce que
01:16:09c'est une liberté qu'on autorisera
01:16:11à certains mais qui n'obligera personne
01:16:13à mettre fin à sa vie
01:16:15s'il veut
01:16:17continuer à être en soins palliatifs
01:16:19longtemps, enfin je veux dire
01:16:21je pense que
01:16:23votre témoignage montre bien que si votre père
01:16:25peut-être avait pu
01:16:27il serait parti plus vite
01:16:29et c'était son souhait.
01:16:31La côté souffrance
01:16:33en plus vous avez cette culpabilité là
01:16:35que vous êtes obligé de le placer
01:16:37et après vous êtes obligé de le
01:16:39non vous le suivez encore deux fois
01:16:41plus au détriment de votre propre famille
01:16:43parce que vous n'avez pas tenu une promesse
01:16:45donc en fin de compte vous voulez aller le voir
01:16:47encore plus pour justement
01:16:49qu'il n'ait pas ce manque là et en fin de compte
01:16:51c'est votre propre famille à vous
01:16:53mais votre père aussi et votre famille aussi.
01:16:55Donc en fin de compte oui.
01:16:57Je vais vous dire quelque chose d'accord ?
01:16:59Vous m'entendez bien ?
01:17:01Je vais vous prendre la culpabilité
01:17:03que vous ressentez parce que vous êtes
01:17:05une fille extraordinaire. Vous êtes une
01:17:07bonne fille. Vous n'avez pas besoin de
01:17:09culpabiliser. Votre papa
01:17:11il a fait ce qu'il a pu, il a eu très peur et il vous
01:17:13a demandé quelque chose
01:17:15d'irréalisable.
01:17:17Oui c'est sûr. Et je voudrais la prendre
01:17:19cette culpabilité pour que vous arrêtiez de
01:17:21l'avoir. Vous ne
01:17:23pouvez pas respecter cet engagement.
01:17:25C'est énorme.
01:17:27On ne peut pas demander ça. C'est comme
01:17:29quand on confie une horrible violence
01:17:31et qu'on vous dit je t'en supplie
01:17:33ne le dis pas.
01:17:35Donc ne vous
01:17:37sentez plus coupable. Vous êtes vraiment
01:17:39une bonne fille pour vos parents.
01:17:41Oui oui.
01:17:43C'est vrai qu'au quotidien
01:17:45je trouve que...
01:17:47Je suis sûre
01:17:49qu'il vous a pardonné.
01:17:51Ah oui oui. Parce que
01:17:53sur les derniers jours c'est vrai que
01:17:55même s'il ne parlait plus, moi j'ai pu me confier
01:17:57donc voilà, j'ai fait un chemin
01:17:59jusqu'à la fin. Mais c'est vrai que
01:18:01on nous donne beaucoup
01:18:03de charges, nous les enfants, sur
01:18:05la fin de vie de nos proches alors que ça aurait été
01:18:07tellement simple de faire plus simple
01:18:09quelque part son souffrance.
01:18:11Oui et puis aussi c'est des fois
01:18:13la responsabilité des parents justement
01:18:15d'envisager la fin
01:18:17de leur vie, de préparer justement des papiers.
01:18:19Ce n'est pas seulement
01:18:21se décharger toujours aussi sur
01:18:23les enfants.
01:18:25C'est comme le partagé David aussi.
01:18:27Ça demande énormément
01:18:29de clairvoyance, de lucidité
01:18:31aussi en tant qu'adulte.
01:18:33De se sentir avancé dans l'âge.
01:18:35De se sentir parfois vulnérable
01:18:37parce que la maladie peut nous attraper alors que
01:18:39jusqu'ici tout allait très bien.
01:18:41Et c'est vrai que cet acte d'amour
01:18:43que vous a demandé votre père de ne pas le placer
01:18:45vous ne pouviez pas.
01:18:47Vous ne pouviez pas.
01:18:49Et bien sûr que du coup vous avez essayé de compenser
01:18:51d'y aller deux fois plus.
01:18:53Mais l'histoire en fait
01:18:55c'est vous en fait dans tout ça.
01:18:57On ne peut pas
01:18:59être le parent de ses parents.
01:19:01Ce n'est pas possible.
01:19:03Oui tout à fait.
01:19:05Et c'est vrai que
01:19:07c'est vrai
01:19:09que la génération
01:19:11d'après, nous,
01:19:13on y pense plus à la fin de vie
01:19:15que nos propres parents.
01:19:17Parce qu'on la traverse
01:19:19et qu'eux ne l'ont pas traversée
01:19:21puisqu'ils ont perdu leurs parents plus tôt.
01:19:23C'est toujours pareil.
01:19:25Les humains ont besoin
01:19:27de comprendre par l'expérience.
01:19:29Mais ce que je veux revenir
01:19:31sur ce que nous a dit Sandy plusieurs fois
01:19:33tout au long de l'émission
01:19:35on ne peut pas être les parents
01:19:37de ses parents.
01:19:39Et c'est important à comprendre grâce à votre témoignage
01:19:41Nolwenn. Quand on est parent
01:19:43et qu'on a son enfant en souffrance
01:19:45et en phase terminale
01:19:47en tant que parent on va aller jusqu'au bout
01:19:49on va l'accompagner jusqu'au bout parce qu'on est parent
01:19:51de son enfant et que c'est
01:19:53pour un parent
01:19:55c'est tellement inacceptable que de toute façon
01:19:57on va tout faire
01:19:59jusqu'au bout pour son enfant.
01:20:01Mais on n'a pas à le faire pour nos parents
01:20:03parce que justement on n'est pas parent
01:20:05de ses parents. Vous voyez la différence fondamentale ?
01:20:07Et c'est en ça
01:20:09qu'en tant que parent on n'a pas le droit
01:20:11de demander à ses enfants d'aller
01:20:13jusqu'au bout, jusqu'à
01:20:15lui tirer une balle dans la tête comme
01:20:17il vous le demandait. Parce que
01:20:19si on est parent on a des enfants
01:20:21pour eux et pas pour soi.
01:20:23Et je sais bien que
01:20:25vous n'en voulez pas à votre père mais
01:20:27il n'avait pas le droit de vous demander ça
01:20:29parce que c'était renverser
01:20:31les rôles et c'est ça
01:20:33qu'il faut que vous compreniez.
01:20:35Et donc je sais qu'il vous a pardonné
01:20:37mais il faut que vous lui pardonniez
01:20:39vous lui avez pardonné de vous l'avoir demandé
01:20:41mais surtout vous n'avez aucune raison de
01:20:43vous sentir coupable parce que s'il y en a un qui est coupable
01:20:45c'est lui dans l'histoire.
01:20:47Oui.
01:20:49Mais c'est important que je vous le dise
01:20:51et que tout le monde l'entende.
01:20:53Parce que sinon
01:20:55si on renverse tout
01:20:57notre société qui va déjà pas très bien
01:20:59elle va aller encore plus mal.
01:21:01Et ce qui est fondamental
01:21:03dans ce que vous dites aussi Brigitte
01:21:05c'est cette autorisation quand on est à sa place
01:21:07d'enfant justement de ne pas accompagner
01:21:09jusqu'au bout. On n'a pas besoin
01:21:11de se tuer à la tâche
01:21:13pour son parent.
01:21:15D'aller le voir encore et encore, de sacrifier
01:21:17c'est du coup un équilibre
01:21:19qui est biaisé à la base
01:21:21quand un parent nous met à la place du parent
01:21:23c'est biaisé.
01:21:25Donc on ne peut pas aller
01:21:27jusqu'au bout avec son parent parce que
01:21:29ce n'est pas notre place. Et des fois
01:21:31c'est utile de savoir partir.
01:21:33En tant qu'enfant on a volé de ses propres ailes
01:21:35et c'est comme ça qu'un parent est un bon parent
01:21:37en laissant l'enfant s'envoler de ses propres ailes.
01:21:39Donc on ne peut pas à un moment donné le ramener au nid
01:21:41et l'obliger à...
01:21:43Sinon ça s'appelle de l'emprise.
01:21:45Oui mais c'est quand même dur
01:21:47je pense que de laisser ses parents
01:21:49seuls, vieillir seuls, sans personne
01:21:51je trouve que c'est
01:21:53compliqué émotionnellement.
01:21:55Je crois qu'émotionnellement, bien sûr que c'est dur
01:21:57mais ce qu'il faut faire attention
01:21:59c'est tout ce qu'on va projeter par rapport à soi.
01:22:01C'est à dire qu'on se dit putain
01:22:03mais je ne veux pas vivre
01:22:05cette solitude, cette
01:22:07souffrance, cette déchéance
01:22:09et donc on se sent
01:22:11donc c'est important aussi de comprendre
01:22:13que c'est très dur
01:22:15pour nous aussi parce que ça nous renvoie à nous-mêmes.
01:22:17Oui c'est vrai.
01:22:19Et ça
01:22:21on n'y échappe pas
01:22:23attention, on n'y échappe pas
01:22:25mais soyons indulgents avec
01:22:27nous-mêmes et quand on comprend que c'est parce qu'on projette
01:22:29on pourra
01:22:31prendre un peu plus de distance.
01:22:33La juste
01:22:35distance, donc la juste
01:22:37proximité, ni celle
01:22:39trop éloignée, ni celle trop proche.
01:22:41Et c'est un équilibre instable.
01:22:43Ah oui c'est un équilibre
01:22:45à trouver entre sa propre famille
01:22:47ses propres enfants et puis ses parents
01:22:49et puis le vivre ensemble
01:22:51tout en étant chacun chez soi
01:22:53c'est vrai que c'est
01:22:55compliqué.
01:22:57C'est toujours pareil, la personne la plus importante c'est vous.
01:22:59Oui.
01:23:01C'est comme dans l'avion,
01:23:03les masques à oxygène en priorité c'est vous
01:23:05et après vous allez aider les autres.
01:23:07Oui c'est
01:23:09une belle image.
01:23:11C'est une belle image oui.
01:23:13Bon de toute façon vous avez vu
01:23:15elle l'a pris la culpabilité sans dire.
01:23:17Vous êtes libérée.
01:23:19Oui c'est sûr.
01:23:21Je pense que votre témoignage en libèrera
01:23:23quelques-uns parce que
01:23:25vous savez
01:23:27c'est ça que je disais
01:23:29tout en début d'émission
01:23:31qu'il faut faire ce qu'on a à faire
01:23:33pour justement ne pas se sentir
01:23:35coupable mais il ne faut pas se sentir coupable
01:23:37pour ce qu'on ne pouvait pas faire.
01:23:39Ah oui, de ne pas se sentir coupable
01:23:41pour ce que je n'ai pas pu
01:23:43tenir à quelque part
01:23:45la promesse.
01:23:47Je ne me sens pas coupable
01:23:49mais il y a une part
01:23:51qui reste de se dire
01:23:53parce que les médecins
01:23:55ne sont pas voyants
01:23:57donc ils ne peuvent pas dire
01:23:59quand ils me disent qu'il reste six mois à vivre
01:24:01c'est sûr qu'on se dit
01:24:03qu'on fait le maximum et qu'à la fin on ne peut plus.
01:24:05Donc on ne s'attendait pas
01:24:07à ce qu'ils vivent un an.
01:24:09C'est vrai qu'après la culpabilité
01:24:11vient dans le sens où j'aurais peut-être pu faire
01:24:13autrement si j'aurais su
01:24:15qu'il restait un an.
01:24:17Mais après...
01:24:19Il n'y a personne qui peut vous donner
01:24:21une date, on le sait,
01:24:23on le voit bien et puis après
01:24:25on tient,
01:24:27on fait mais il faut...
01:24:29Oui, chaque être est différent
01:24:31sur sa tenue
01:24:33face à la maladie.
01:24:35Bien sûr, souvent les médecins, parce que du coup
01:24:37je travaille avec eux, moi aussi je fais les protocoles
01:24:39d'annonce de soins palliatifs.
01:24:41C'est une question qui est
01:24:43systématiquement posée. Combien de temps ?
01:24:45D'ailleurs, on n'aime pas
01:24:47les médecins répondre
01:24:49nous ne savons pas.
01:24:51Il y a un laps de temps,
01:24:53parfois effectivement
01:24:55on peut avoir quand même en fonction de l'état
01:24:57quelque chose d'un peu plus fixe
01:24:59mais tout ça pour dire
01:25:01que oui, c'est un marathon
01:25:03en fait. Quand on commence
01:25:05à se dégrader et qu'on va vers une fin de vie
01:25:07c'est un marathon.
01:25:09On ne sait pas où est la ligne d'arrivée
01:25:11par contre ce qui est indispensable
01:25:13c'est de savoir repérer les ravitaillements
01:25:15sur le côté.
01:25:17Et les soignants
01:25:19sont souvent quand même des ravitaillements.
01:25:21Les associations
01:25:23sont des ravitaillements.
01:25:25Ca permet, parce que soi-même on est trop
01:25:27dans l'émotion, dans l'affect, dans l'emprise,
01:25:29dans la culpabilité, dans l'amour
01:25:31et d'avoir toujours des soutiens
01:25:33des îlots et vraiment il en existe
01:25:35beaucoup, beaucoup, beaucoup
01:25:37d'avoir des ravitaillements
01:25:39sur son chemin difficile et laborieux
01:25:41c'est précieux. Et vos témoignages.
01:25:43Mais c'est vrai que
01:25:45les médecins
01:25:47vous êtes déçus
01:25:49par certains mais il y en a toujours un qui vous relève
01:25:51en vous disant
01:25:53il y a toujours un soignant. C'est vrai que
01:25:55c'est des personnes importantes je trouve
01:25:57partout au parcours de notre vie
01:25:59et surtout sur la fin de vie
01:26:01ils sont encore là.
01:26:03Moi je l'ai dit en permanence
01:26:05on est dans le même bateau
01:26:07on est avec vous dans le même bateau.
01:26:09Et il faut se dire que la plupart des
01:26:11soignants quand parfois ils ont une réaction
01:26:13qui peut un peu nous
01:26:15choquer, nous blesser
01:26:17c'est parce qu'il faut aussi qu'ils se protègent
01:26:19c'est des métiers tellement difficiles
01:26:21mais c'est des métiers extraordinaires.
01:26:23Merci beaucoup Dolouane.
01:26:25Merci à tous de ces témoignages
01:26:27très variés
01:26:29Sandy Boulanger mais qui sont
01:26:31l'éclairage de ce que c'est
01:26:33que la mort, la fin de vie.
01:26:35C'est ça, toutes les facettes
01:26:37de ces tranches de vie qu'on est tous
01:26:39amenés à vivre un jour ou l'autre
01:26:41et comment est-ce qu'ensemble
01:26:43on peut se sortir de ces
01:26:45piscines de chagrin inconsolable.
01:26:47Bravo en tout cas pour ce que vous faites
01:26:49Sandy Boulanger. Je rappelle votre site
01:26:51le lien au coeur du soin
01:26:53en enselmo.com
01:26:55Tout de suite vous retrouvez
01:26:57Alexandre Dolouane pour C'est votre avenir
01:26:59et demain on sera avec Michel Oudoul
01:27:01et justement on va interpréter nos épreuves
01:27:03et peut-être qu'on pourra reparler du moment
01:27:05où notre père, notre mère
01:27:07décède. Comme par hasard
01:27:09c'est rarement un hasard justement.
01:27:13Avec Michel Oudoul, demain nous nous demanderons
01:27:15comment interpréter le sens de nos épreuves
01:27:17pour en faire quelque chose de
01:27:19positif. Venez partager avec
01:27:21nous les grandes dates ou les épreuves
01:27:23de votre existence. 0 826
01:27:25300 300

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