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Avec Samuel Dock

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##BRIGITTE_LAHAIE-2024-11-26##
Transcription
00:00:0014h16, Brigitte Lahaye, Sud Radio.
00:00:04Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio.
00:00:09Alors, on a tous connu des blessures d'enfance, elles sont plus ou moins douloureuses.
00:00:14Mais la blessure d'abandon, on l'a forcément tous connue, même si on ne peut pas s'en souvenir,
00:00:19puisque ce fut lors de notre naissance et qu'il fallut quitter le monde paradisiaque
00:00:24pendant les neuf mois durant lesquels nous étions nourris, logés, aimés et je ne sais quoi d'autre encore.
00:00:31Mais par la suite, on est nombreux à avoir connu des abandons,
00:00:34alors ils sont plus ou moins douloureux, plus ou moins violents,
00:00:37avec le plus souvent pas vraiment des adultes pour nous comprendre
00:00:42et nous aider à affronter justement la souffrance de ce que c'est que l'abandon.
00:00:46Samuel Dock est avec nous et je vous propose qu'on revienne ensemble sur cette blessure d'abandon
00:00:51et on verra tout particulièrement en quoi elle nous handicape en amour.
00:00:55Parce que par peur d'être abandonné, on a peur d'aimer bien sûr, on a peur de s'engager
00:01:00ou pire encore, on va quitter celui ou celle qu'on aime parce qu'on a peur qu'il nous quitte
00:01:05alors que peut-être il ou elle ne nous aurait jamais quittés.
00:01:09Si vous avez envie de mieux comprendre en quoi justement votre blessure d'abandon vous handicape,
00:01:14je vous invite à venir nous rejoindre et pour ça vous faites le 0 826 300 300.
00:01:20Samuel Dock, merci d'être avec nous, bonjour.
00:01:23Merci beaucoup de me recevoir, merci Brigitte.
00:01:25Alors vous êtes docteur en psychopathologie, vous êtes également en psychanalyse,
00:01:30vous travaillez beaucoup avec vos patients et vous avez écrit notamment
00:01:34Les chemins de la thérapie aux éditions Flammarion.
00:01:37L'enfant-thérapeute c'est votre dernier livre aux éditions Plon dans lequel vous parlez
00:01:41de votre enfance difficile avec bien sûr aussi ce sentiment parfois d'être seul,
00:01:49abandonné, c'est un sentiment que je crois qu'on a tous connu plus ou moins violemment,
00:01:55plus ou moins profondément et c'est important peut-être à un moment donné
00:01:59de se poser la question de où on en est avec notre blessure d'abandon
00:02:03parce que bien sûr elle ne guérit pas forcément mais elle peut cicatriser.
00:02:08Absolument Brigitte et c'est ce que je trouve remarquable dans votre introduction,
00:02:12c'est que vous questionnez l'aspect universel de cette blessure-là.
00:02:17On aborde souvent ce sujet en ayant le sentiment que tout le monde n'est pas concerné
00:02:21par cette blessure, qu'il faut avoir été abandonné.
00:02:23Mais ce n'est pas vrai et d'ailleurs vous parlez de la naissance,
00:02:25la naissance c'est l'abandon d'un certain univers et ça je crois qu'on est tous nés jusqu'à maintenant
00:02:30et cette première séparation va marquer en fait notre empreinte au monde
00:02:35et un rapport en réalité commun au manque, à la perte, à l'arrachement et bien sûr à l'abandon.
00:02:42Toute notre vie n'est qu'une succession de deuils et cet abandon va résonner dans la vie de tout un chacun
00:02:48parce que justement nous avons dû abandonner l'univers maternel lorsque nous étions tout petits, tout bébés.
00:02:53C'est une séparation qui nous met au monde et ce sont les séparations aussi qui nous font grandir si je puis dire.
00:02:59Même si, et là aussi je vous rejoins, l'abandon peut être dans le domaine amoureux
00:03:03mais même d'ailleurs dans le domaine tout simplement du quotidien,
00:03:05un véritable handicap, une source de souffrance lorsqu'on n'a pas réussi justement à comprendre
00:03:10pourquoi on était si sensibles à cet abandon, à cette blessure-là.
00:03:14Oui et peut-être qu'il faudrait parler aussi de la sécurité qu'on a de soi, en soi
00:03:23ou ce sentiment que même notre corps nous abandonne, même notre esprit nous abandonne
00:03:29et c'est peut-être la première piste que j'ai envie de donner à ceux qui nous écoutent.
00:03:34Où est-ce qu'on en est de sa capacité à s'abandonner ou de rester toujours dans un contrôle
00:03:41par peur justement à cause de cette blessure d'abandon profonde ?
00:03:45Oui effectivement et moi je reçois beaucoup de patients qui souffrent de la blessure d'abandon
00:03:51principalement parce que souvent ils ont lu le livre que vous avez cité, c'est-à-dire l'Enfant Thérapeute
00:03:55où je parle de mes propres blessures d'abandon et surtout celles de ma mère
00:03:59et je me rends compte qu'en réalité leur crainte d'être abandonnée par l'autre parle de leur rapport à eux-mêmes
00:04:06et j'espère que les auditeurs qui nous appelleront aujourd'hui pourront emprunter ce chemin avec nous
00:04:10et s'interroger sur cette peur de perdre un fragment d'eux et peut-être aussi sur la structure même de leur personnalité
00:04:18c'est-à-dire la consistance de leur vie psychique.
00:04:21Parce que plus on est assis narcissiquement, plus on a une colonne vertébrale identitaire édifiée
00:04:26et plus on a en capacité de supporter tous les deuils qu'implique une existence humaine.
00:04:32Parler de notre rapport à la perte, c'est parler de notre histoire intime, c'est parler de notre vie familiale
00:04:37et même du rapport à la culture.
00:04:39Vous voyez qu'on est aussi dans une société qui a du mal à lâcher, à se défaire de ses objets, de ses soutiens
00:04:44une société consumériste, donc matérialiste.
00:04:47Tout ça parle encore une fois de la possibilité, comme vous dites, de s'abandonner, de se défaire
00:04:52de se défaire des autres pour justement les reconnaître dans leur singularité, dans leur identité
00:04:57mais se défaire aussi de certaines de nos conduites.
00:05:00On a besoin d'abandonner, on a besoin aussi parfois de savoir, comme vous l'avez dit, s'abandonner
00:05:06et de savoir aussi lâcher.
00:05:08En fait, savoir supporter la perte, c'est pas être complètement rassuré et se dire
00:05:13« bon, voilà, je suis à l'aise et je suis prêt à perdre ».
00:05:15Non, non, c'est être flexible, c'est être flexible puisque de toute façon on ne peut pas perdre
00:05:19il faut accepter de renoncer à une certaine forme de contrôle.
00:05:22Et moi, c'est une chose que je travaille beaucoup avec mes patients
00:05:24qui souvent, lorsqu'ils ont peur d'être abandonnés, développent des stratégies de contrôle absolument terribles.
00:05:30Je pense à une patiente que je recevais hier qui me disait qu'elle a besoin que son copain
00:05:33lui envoie des messages réguliers pour pouvoir la sécuriser.
00:05:35Ça ne marche pas, ça renforce le problème parce que ça ne lui apprend pas à supporter son absence
00:05:41absence qui est consubstantielle de notre vie, on ne peut pas vivre tout le temps avec les autres.
00:05:45On doit apprendre cette capacité à être seul.
00:05:48Alors, je sais que vous n'êtes pas contre l'astrologie.
00:05:51Samuel Dock, je voulais juste faire un petit rappel comme ça, j'allais dire un peu drôle.
00:05:59Il y a quatre éléments en astrologie, le feu, l'air, la terre et l'eau.
00:06:04Et évidemment, l'abandon c'est en rapport avec l'eau puisque je parlais de notre séjour dans l'utérus de maman
00:06:14où on est complètement dans l'eau et c'est paradisiaque.
00:06:17Et je crois que j'invite ceux qui nous écoutent comme ça à faire une petite réflexion sur leur rapport à l'eau.
00:06:26Est-ce qu'ils préfèrent prendre des douches rapides ou au contraire se délasser dans un bain ?
00:06:29Est-ce qu'ils sont ravis quand ils peuvent aller se baigner dans la mer ?
00:06:33Et je trouve que notre rapport à l'eau est assez symboliquement intéressant par rapport justement à la blessure d'abandon.
00:06:41Et puis, on pourrait parler des trois autres éléments, mais pourquoi pas ce sera le propos d'une autre émission.
00:06:46Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:06:47C'est intéressant, ça me fait penser à une grande psychanalyste qui s'appelait Phyllis Greenacre
00:06:51qui expliquait justement que certaines personnes qui ont vécu cette blessure d'abandon
00:06:55recherchent à retrouver des sensations embryonnaires à travers les bains.
00:06:59Elle parlait aussi du traitement des psychoses.
00:07:01Vous savez, on met les personnes psychotiques dans des grands packs humides et chauds.
00:07:05Donc, il y a toute cette manière de se restaurer à travers l'eau.
00:07:08Donc, vous voyez, l'astrologie rencontre la psychanalyse et c'est plutôt pas mal.
00:07:11Ça, ça ne me surprend pas beaucoup et je vous raconterai pourquoi hors antenne.
00:07:15Samuel Dock est avec nous. Vous avez envie de bavasser avec nous sur cette blessure d'abandon.
00:07:21Promis, on ne vous abandonnera pas. On est là jusqu'à 16h. 0826-300-300. A tout de suite.
00:07:36Samuel Dock est avec nous et nous évoquons la blessure d'abandon.
00:07:39Qu'est-ce que ça signifie ? Comment vous la gérez ?
00:07:42On commence avec vous, Nadia. Bonjour, merci d'être avec nous.
00:07:45Bonjour Brigitte, merci de m'accueillir et je suis ravie de repasser à l'antenne.
00:07:51Ça fait très longtemps que je ne suis pas intervenue et je suis ravie de passer avec Samuel.
00:07:57Bonjour Nadia, ça fait bien plaisir.
00:08:00Moi, la blessure d'abandon, je crois que je l'ai vécue très tôt et puis très longtemps.
00:08:07J'avais déjà évoqué mon histoire, mais je suis issue d'un couple mixte.
00:08:13Mon père est algérien et mon père nous a enlevés, mon frère et moi, à l'âge de 12 ans en Algérie, pendant 6 ans.
00:08:21Mais j'avais déjà, je crois déjà, le sentiment d'abandon aussi du côté de ma mère qui n'était pas très maternelle,
00:08:30pas très maternante et quand j'avais besoin parfois d'attention ou autre, elle n'était pas présente, voire elle m'envoyait carrément balader.
00:08:39Donc cette blessure a été bien marquée par notre enlèvement et elle s'est traduite pendant longtemps par un grand contrôle de ma part
00:08:50que je n'ai pas encore réussi à régler complètement. Il y a eu beaucoup de choses de faites, mais ce n'est pas complètement réglé.
00:08:58Qu'est-ce que vous contrôlez tout particulièrement ?
00:09:01Il faut que j'ai une vision sur mon emploi du temps, comment est-ce que je vais le faire, alors que je peux faire des choses au dernier moment,
00:09:14mais j'ai quand même besoin d'être sécurisée par le passé.
00:09:17Vous n'aimez pas l'imprévu ?
00:09:19Et pourtant j'arrive à m'y adapter très facilement, mais non, de prix d'abord, ce n'est pas ce que je préfère.
00:09:26J'aime bien quand les choses sont un peu organisées.
00:09:29Oui, et surtout que je le comprends, chère Nadia, en vous écoutant, puisque quand on a vécu un trauma aussi grave que le vôtre,
00:09:36un enlèvement, l'imprédictibilité peut faire peur, l'imprévu peut faire peur, et c'est pour ça qu'on édifie des stratégies de réassurance et de contrôle.
00:09:44Et vous avez vécu quelque chose de terrible, dites-moi.
00:09:47Oui, je m'en suis remise, ça va aujourd'hui.
00:09:51Oui, parce que c'est à la fois, on vous éloigne de votre mère, mais on vous éloigne aussi de vos racines, de votre pays d'origine.
00:10:00Et j'imagine, sans trop vous expliquer, sans trop...
00:10:05Oh non, du tout.
00:10:07Du tout, qu'il y ait eu un double abandon, puisque mon père, que j'adorais, bon déjà il y avait la trahison, bien sûr,
00:10:13puisqu'il ne nous a pas dit qu'on allait en Algérie, on était censés aller en Espagne.
00:10:16Mais c'est surtout que là-bas, il nous a aussi abandonnés, puisqu'il nous a confiés aux bons soins, entre guillemets, de ma belle-mère.
00:10:23Et on n'était là que pour apporter de l'argent au foyer, et je n'avais plus de relation avec lui.
00:10:31Et est-ce que cette belle-mère, justement, elle était très différente de votre mère ?
00:10:38Vous voyez, non, parce que pour le coup, on n'avait pas d'amour, et elle faisait beaucoup de différence avec ses enfants.
00:10:45Mais en fait, je pense que j'ai aussi fantasmé ma mère, quand j'étais là-bas, en me disant que si j'avais ma mère, elle serait comme ci, elle serait comme ça.
00:10:53Mais ça c'est bien, c'est plutôt une force, Nadia.
00:10:57Contrairement à ce que vous pouvez penser, ça vous a certainement beaucoup aidé.
00:11:01L'imaginaire est une manière de se sauver d'une réalité qui ne nous convient pas.
00:11:08Absolument.
00:11:09Qu'est devenu votre père ?
00:11:12Alors mon père, quand on a pu rentrer en France, je ne lui ai pas parlé pendant 20 ans, ou 30 ans, je ne sais plus.
00:11:19Il est revenu une fois en France, mais c'était trop difficile, je n'avais pas encore fait suffisamment de travail sur moi
00:11:26pour pouvoir être en mesure de communiquer avec lui, de revivre cette blessure que j'avais.
00:11:34Aujourd'hui, on parle beaucoup de mémoire traumatique, mais c'était ça que j'avais mis de côté.
00:11:38Et il est mort, je ne vais pas dire seul, parce qu'il avait ses autres enfants, sa famille, mais il est mort dans la solitude et la tristesse de ne pas avoir renoué avec nous, et surtout avec moi.
00:11:53Mais aujourd'hui, j'ai envie de vous dire qu'il est quand même près de moi, et j'ai fait ce travail de pardon qui avance, et je le sens de plus en plus à mes côtés.
00:12:03Ça c'est bien, c'est toujours important parce que vous êtes forcément aussi le fruit de cet homme.
00:12:08Je suppose que votre mère avait fait une des démarches pour pouvoir vous récupérer, c'est comme ça que vous êtes revenue ?
00:12:16Oui, tout à l'avance.
00:12:17Et vous êtes revenue avec votre mère à quel âge ?
00:12:21Je suis partie il y a 12 ans et je suis revenue à 18 ans.
00:12:24Ah oui, donc il y a quand même 6 ans.
00:12:26Costaud.
00:12:27C'est sur l'adolescence en plus, un moment de mutation où on questionne ses origines, où on revient à la question de sa filiation, donc c'est très très dur.
00:12:34La question que j'ai envie de vous poser aussi, c'est celle de la manière que vous avez d'habiter votre personnalité, puisque vous le dites extrêmement bien Nadia, toute blessure d'abandon finalement est aussi une blessure narcissique.
00:12:45Est-ce qu'aujourd'hui vous êtes en paix avec vous-même ?
00:12:48Pas complètement.
00:12:49Je sais que pendant longtemps j'ai réfuté et repoussé cette part de moi qui venait de là-bas.
00:12:57Pour moi, il ne fallait pas m'en parler, non non.
00:13:00J'étais la fille de Jacqueline et pas du tout de Lounès.
00:13:05J'étais française et née en France.
00:13:07Et là aussi, j'ai cheminé et aidé aussi de différentes personnes.
00:13:12Je comprends que je ne peux pas me défaire de cette autre partie de moi.
00:13:17Oui, c'est très bien dit.
00:13:19Et pour le coup, j'ai aussi, comme je suis beaucoup dans le contrôle, j'ai compris aussi que, par exemple, j'ai fait de l'hypnose et tout, et moi j'ai l'impression que je m'endors.
00:13:28Que soit je résiste, soit je m'endors.
00:13:31Et j'ai découvert une pratique, c'est du breastwork, on l'appelle le rebirth ou la respiration l'otropique.
00:13:38Moi je l'ai fait avec une psychologue clinicienne.
00:13:42Et pour le coup, j'ai trouvé cette technique incroyable, puisqu'en passant par le corps, et Sabre-Égide vous en avez souvent parlé de passer par le corps,
00:13:51c'est qu'en passant par le corps, j'ai été obligée à un moment donné de lâcher.
00:13:56Et quand là, j'ai lâché, même si une partie de moi continuait à observer, à essayer de contrôler, j'ai senti, j'ai compris, mon corps a lâché, j'ai énormément pleuré, mon cœur s'est ouvert.
00:14:10Et d'être passée par cette technique qui est corporelle, m'a permis aussi de lâcher prise à ce moment-là, et de comprendre à quel bien cela pouvait apporter de baisser les bras, lâcher les armes.
00:14:26Oui, bien sûr.
00:14:27Je vais juste me permettre, Nadia, de dire quelque chose.
00:14:31Pourquoi je parle toujours du corps ?
00:14:33Parce qu'on ne peut avancer vraiment sur soi que par les ressentis, à la fois certes corporels, mais également émotionnels.
00:14:42Et tant qu'on reste dans quelque chose qui est dans la tête, dans la parole, dans le langage, au fond, on ne ressent pas réellement, et c'est en ressentant réellement les souffrances qu'on a eues quand on a traversé des moments difficiles,
00:15:00qu'on peut les élaborer, qu'on peut les digérer, les intégrer et en faire quelque chose.
00:15:06Sinon, c'est parce que mon père m'a abandonnée que ça ne fait pas avancer.
00:15:13C'est un premier pas de comprendre, mais ça ne fait pas avancer en soi.
00:15:18Et là, on entend bien, Nadia, tout ce travail intérieur que vous avez fait, qui fait que vous avez mûri, que vous avez grandi, que vous êtes plus en paix avec vous-même.
00:15:27Parce que finalement, j'ai envie de dire, la seule personne qu'on ne doit jamais abandonner, c'est soi-même.
00:15:34Oui, mais je l'ai aussi parfois abandonné.
00:15:39Mais bon, on revient et le chemin est long et n'est pas terminé.
00:15:45En général, quand on l'abandonne, soi-même, notre corps se manifeste à nous.
00:15:50Il sera à nous, oui.
00:15:51Soit par un accident, soit une maladie, soit une addiction.
00:15:55L'anxiété, la mélancolie, bien sûr.
00:15:58Tout à fait.
00:15:59Sur le contrôle, un petit conseil comme ça, très pratico-pratique, c'est aussi une question cognitive, une manière de traiter l'information.
00:16:05Ce que vous pouvez faire pour ouvrir ce fameux seuil d'imprédictabilité, c'est-à-dire la capacité à accueillir l'inconnu,
00:16:12c'est lister tout ce sur quoi vous essayez d'avoir le contrôle et de mettre une note à chaque item, 9 sur 10, 2 sur 10, en fonction de l'intensité de la recherche de contrôle,
00:16:20et de prendre les deux plus faibles et de céder sur ces deux plus faibles.
00:16:25Pourquoi ? Parce que votre cerveau va ainsi comprendre que ce n'est pas dangereux de lâcher le contrôle.
00:16:29Et à partir de ces deux choses les plus faibles, vous allez vous rendre compte que vous pouvez céder sur des choses un peu plus difficiles.
00:16:35C'est une méthode qui vient des thérapeutes cognitivo-comportementales, mais qui marche très bien, qui a fait ses preuves.
00:16:39C'est chouette, un petit pas avant un grand pas.
00:16:41Absolument.
00:16:42Il ne faut jamais essayer de céder le contrôle sur des grosses choses en premier.
00:16:44Il faut toujours commencer par des petites.
00:16:46Et c'est tout un réapprentissage, comme des poupées russes, en partant de la plus petite vers la plus grande.
00:16:51Vous verriez faire ça, Nadia ?
00:16:54Oui, tout à fait.
00:16:55J'en suis ravi, ça me fait très plaisir.
00:16:57Très content de l'entendre.
00:16:58Tous les conseils sont toujours bons à prendre, et ça nous permet d'avancer.
00:17:03C'est la théorie des petits pas, avant de commencer sur quelque chose d'énorme.
00:17:07Exact.
00:17:08Voilà, un petit pas.
00:17:10Merci en tout cas, Nadia.
00:17:11Merci pour vos conseils et votre écoute.
00:17:13Je vous en prie.
00:17:14On se retrouve pour notre Love Conseil.
00:17:16Décodez vos peurs, d'aimer, à tout de suite.
00:17:19Vous avez souffert d'une blessure d'abandon qui a pu avoir des conséquences dans votre vie amoureuse.
00:17:24On en parle avec Samuel Dock, psychanalyste.
00:17:27Vous souhaitez participer à l'émission ? Appelez-nous au 0826 300 300.
00:17:40On va décoder nos peurs d'aimer, Samuel Dock.
00:17:44Bien sûr, on sait que la peur de souffrir fait que parfois on ne va pas s'engager dans une histoire.
00:17:52Et notamment lorsqu'on a eu une grande souffrance après une séparation, on peut ne pas vouloir se réengager.
00:18:00Et c'est dommage parce que les histoires ne se répètent pas tellement finalement.
00:18:05Oui, c'est très vrai, c'est très juste.
00:18:08Ensuite, il y a les peurs dues à une enfance insécurisée.
00:18:11Quand l'amour n'a pas été suffisamment sécurisant durant notre enfance, comment croire à l'amour ?
00:18:17Donc là, il faut analyser évidemment ces blessures d'enfance.
00:18:20Il y a la peur d'être quitté, la peur de perdre son indépendance.
00:18:25C'est aussi des peurs qu'il faut comprendre.
00:18:30Et puis, je vais ajouter la peur du sexe parce qu'être à deux, c'est évidemment se confronter à une sexualité plus fréquente,
00:18:38voire une sexualité qui n'est peut-être pas ce qu'on a envie.
00:18:42Il y a des êtres qui ont peur de la sexualité.
00:18:47Il y a la peur de ne pas réussir à maintenir son couple.
00:18:50Et ça, ça peut venir du fait qu'on avait des parents qui se sont aimés toute leur vie
00:18:56et qu'on a mis la barre très haut.
00:18:59On a l'impression qu'il faut s'engager, que c'est pour la vie,
00:19:02que si on n'arrive pas à tenir toute la vie, on aura échoué.
00:19:07Il y a la haine de l'autre sexe ou la peur de l'autre sexe, la peur des hommes, la peur des femmes.
00:19:13Là, généralement, ça signifie une mauvaise estime de son identité sexuelle.
00:19:18La peur de perdre le contrôle de son existence.
00:19:21Ça, c'est plus valable pour les personnes qui n'ont pas suffisamment confiance en elles
00:19:25et qui vont se reposer sur l'autre et l'autre va décider à leur place.
00:19:30Et puis, je vais terminer par la peur de décevoir son ou ses enfants.
00:19:35C'est pour des gens qui ont déjà eu des enfants avec quelqu'un d'autre
00:19:38et qui se sentent liés à leurs enfants et qui n'osent pas refaire leur vie.
00:19:45Il y a plusieurs peurs qui peuvent se croiser, évidemment,
00:19:48mais je trouve que c'est toujours intéressant le développement personnel
00:19:52parce que quand on est bien dans son amour vis-à-vis de soi-même,
00:19:56on est généralement un petit peu mieux à deux.
00:19:59Et puis surtout, je dis souvent que c'est quand même dans la relation à l'autre
00:20:03qu'on se découvre et qu'il ne faut pas passer à côté de l'amour.
00:20:07C'est magnifique ce que vous dites.
00:20:09Et puis, c'est un risque et un vertige.
00:20:11On s'attache à quelqu'un qui n'est pas de notre sang,
00:20:14qui est hors de notre famille, bien sûr,
00:20:17et on va constituer avec cette personne sa propre famille
00:20:20qui va devenir le dépositaire de tous nos sentiments, de tous nos affects
00:20:23et qui peut mourir, peut nous laisser, peut disparaître
00:20:27entraînant avec lui tout ce qu'on lui aura confié.
00:20:29C'est un énorme vertige, ça.
00:20:31Ça a quelque chose comme ça d'engloutissant de se dire
00:20:34tiens, je pourrais souffrir de la perte.
00:20:36On ne peut pas aimer sans accepter de courir ce risque de la blessure, de l'arrachement.
00:20:41Ça fait partie du deal.
00:20:43On ne peut pas aimer sans cette crainte.
00:20:44Sinon, c'est qu'on est dans autre chose que de l'amour.
00:20:46On est dans la possessivité, de l'obsession, une forme de paranoïa, que sais-je encore,
00:20:49mais pas l'amour véritable.
00:20:50L'amour véritable, c'est flirter avec le risque de perdre l'autre.
00:20:53On peut le perdre et aimer, c'est accepter ça.
00:20:56Je vous rejoins sur chacun de ces items, absolument.
00:20:59C'est important parce que parfois, c'est des peurs un peu mélangées.
00:21:02Ce n'est pas toujours facile de comprendre
00:21:04qu'est-ce qui fait qu'on a peur d'aimer, qu'on ne s'engage pas.
00:21:07Mais c'est en faisant ce travail-là qu'on peut...
00:21:10Parce qu'une peur qui est inconsciente, qui n'est pas reconnue,
00:21:14elle reste là.
00:21:17Ce n'est qu'en la repérant qu'on peut éventuellement la faire disparaître.
00:21:21Et en considérant aussi que ça vaut le coup quand même,
00:21:24que c'est un risque constant, mais que ça vaut le coup de le vivre.
00:21:27C'est exactement comme l'existence humaine.
00:21:28Oui, elle se termine un jour, mais il faut quand même la vivre.
00:21:31Cette relation amoureuse, vivons-la.
00:21:33On continue avec Audrey, qui nous rejoint.
00:21:35Bonjour Audrey.
00:21:36Bonjour Brigitte.
00:21:38Merci de témoigner.
00:21:40Alors, racontez-nous.
00:21:41Merci de m'accueillir.
00:21:42Bonjour Samuel.
00:21:44Bonjour Audrey.
00:21:47Moi, je connais bien la blessure d'abandon
00:21:50parce que quand j'étais petite, j'ai découvert
00:21:53que ma maman devait se faire avorter.
00:21:56Elle est allée jusqu'en Hollande et ça ne s'est passé.
00:22:00Du coup, j'ai vécu toute ma vie avec cette sensation d'abandon.
00:22:05C'est de vous qu'elle voulait avorter, c'est ça ?
00:22:08Oui.
00:22:09Et comment vous l'avez su ?
00:22:11Par hasard, je pense, des discussions avec d'autres personnes
00:22:16et j'ai découvert que c'était de moi dont elle parlait.
00:22:20Ça, c'est assez lourd quand même.
00:22:24On sait que parfois, les enfants le ressentent
00:22:26sans réellement avoir eu l'information.
00:22:29Mais là, en plus, vous l'avez eu, l'information, ça a dû...
00:22:33Vous savez vers quel âge vous avez découvert ça ?
00:22:36Je devais être très jeune, je dirais entre 7 et 10 ans.
00:22:41Pourquoi est-ce qu'elle voulait avorter ? Vous le savez ?
00:22:44Parce qu'elle avait déjà 5 enfants
00:22:46et je suis arrivée 7 ans après mon frère
00:22:48et ce n'était pas prévu.
00:22:51D'accord, elle avait tourné la page.
00:22:54Pour elle, c'était fini d'être mère et d'avoir des enfants
00:22:57et là, vous arrivez 7 ans après.
00:22:59Oui, elle n'avait pas eu la fibre maternelle
00:23:01donc je pense que ça faisait l'enfant de trop, peut-être.
00:23:04Ce qui montre, et c'est quelque chose que je vous aurais dit
00:23:07si vous aviez été une de mes patients,
00:23:09c'est que vous êtes un petit miracle.
00:23:11Vous ne deviez pas naître.
00:23:12Parfois, on disait, je ne suis pas désirée.
00:23:14Vous êtes un petit miracle.
00:23:15Ça ne devait pas être là.
00:23:16Elle avait déjà eu 5 enfants.
00:23:17Brigitte a nommé cette question de la fibre maternelle.
00:23:20Vous êtes un miracle.
00:23:21Vous vous êtes arrachée à ces contingences,
00:23:23à cette fatalité-là,
00:23:24à cette non-naissance qui était prévue pour vous
00:23:27et vous êtes quand même parmi nous
00:23:29et vous appelez aujourd'hui
00:23:30et vous ouvrez la voie
00:23:31pour d'autres auditeurs qui nous appelleront.
00:23:33Vous vous rendez compte, Audrey ?
00:23:34Un petit miracle.
00:23:35Voilà ce que vous êtes.
00:23:36Oui, je ne le vois pas toujours comme ça, malheureusement.
00:23:38Il faut le voir comme ça.
00:23:40C'est quelque chose de très dur à vivre
00:23:43et j'ai souvent l'impression de ne pas être désirée
00:23:47Oui, mais dans ces cas-là,
00:23:48quand la psychologie fait défaut,
00:23:50cette spiritualité, c'est la question du sens
00:23:52qu'on constitue sur notre existence
00:23:54et comment est-ce qu'on fait de quelque chose,
00:23:56de cette toile blanche initiale,
00:23:58de cette blessure initiale.
00:24:00Et je suis sûr que vous faites quelque chose de votre vie.
00:24:02Et puis Audrey, il y a une chose aussi que j'ai envie de vous dire.
00:24:05OK, votre mère a essayé de ne pas vous avoir,
00:24:09mais ça ne veut pas dire que quand elle vous a eues,
00:24:11elle ne vous a pas aimées.
00:24:12Non, elle ne m'a pas aimée,
00:24:13mais elle n'avait pas la fibre maternelle.
00:24:15Donc elle n'a pas montré beaucoup d'affection.
00:24:18Et du coup, ça a pris une grosse paille.
00:24:22Mais vous arriviez quand même dans une famille nombreuse,
00:24:27si je comprends bien.
00:24:28Vous aviez cinq frères et sœurs.
00:24:30Il y a peut-être quand même eu des frères et sœurs
00:24:34qui vous ont aimés.
00:24:36Est-ce que vous avez vraiment eu le sentiment
00:24:38d'être le vilain petit canard boiteux
00:24:40qui arrive et qui embête tout le monde ?
00:24:43Qu'est-ce que vous diriez ?
00:24:45Un peu des deux.
00:24:46Au niveau de mes sœurs,
00:24:49beaucoup d'affection,
00:24:50mais comme elles étaient plus grandes,
00:24:51elles ont envie de quitter le nid familial.
00:24:54Et après, au niveau de mon grand frère,
00:24:57aussi moins vilain petit canard.
00:25:00Mais vos sœurs, vous aviez quel âge
00:25:03quand la dernière est partie ?
00:25:07Elle a dix ans de plus que moi, la dernière.
00:25:12Elle est partie quand vous aviez déjà un petit peu d'âge.
00:25:18Vous avez quand même eu dans votre enfance
00:25:20quelqu'un de féminin qui a peut-être...
00:25:25Je crois qu'il faut aussi aller voir
00:25:27quels ont été vos tuteurs, si je puis dire.
00:25:31C'est mes sœurs.
00:25:32Oui, donc ce n'est pas rien.
00:25:34Je crois que c'est important
00:25:35parce que j'entends quand même dans votre témoignage
00:25:39qu'il y a quelque chose de définitivement raté.
00:25:44Mais non, je crois qu'il faut aussi voir...
00:25:46Parce que c'est ça le miracle aussi des enfants.
00:25:49C'est que parfois, c'est un chien, un arbre
00:25:54qui permet de se sentir relié, aimé et pas abandonné.
00:25:58Et là, vous avez vos sœurs.
00:26:02Là, actuellement, elles ne sont pas très présentes.
00:26:05Le lien s'est un peu coupé.
00:26:07Oui, mais là, vous êtes adulte, Audrey.
00:26:09Oui, mais c'est quelque chose que je traîne encore aujourd'hui.
00:26:13Oui, on en revient tout le temps au temps des origines.
00:26:17Et au-delà de cette naissance non désirée par votre mère,
00:26:22ce qui est intéressant, c'est que vous parlez du manque de soins par la suite.
00:26:25Et ça, ça crée justement cette fragilité face à l'abandon,
00:26:27face à la perte, le manque de confiance en soi.
00:26:29On n'est pas lesté narcissiquement de cette sécurité,
00:26:32de ce soutien, de ces bons soins primaires.
00:26:34Et c'est très difficile, je suis d'accord avec vous,
00:26:36de les reconstituer pour soi par la suite et de trouver d'autres appuis.
00:26:39Pourtant, c'est ce qu'il faudrait parvenir à faire,
00:26:42c'est-à-dire trouver ce qui vous porte dans la vie,
00:26:44quels sont les autres assez chaleureux, assez contenants pour vous,
00:26:47sur qui vous pouvez compter,
00:26:49pour constituer quelque part une sorte de néo-famine
00:26:51qui vous apportera ce souffle.
00:26:53Moi, Brigitte a rappelé mon livre, L'Enfant Thérapeute.
00:26:55Moi, j'ai beaucoup souffert des blessures d'abandon de ma mère,
00:26:58du fait qu'elle investissait massivement ma sœur
00:27:01quand j'étais notamment adolescent.
00:27:03Et ça a été vraiment quelque chose que j'ai trimballé avec moi.
00:27:05Et il a fallu que je me rende compte que ce lest affectif,
00:27:08je le trouvais auprès de mes amis, je le trouvais ailleurs.
00:27:10Vous voyez, l'amour, on le trouve tout le temps.
00:27:12Où que nous soyons.
00:27:14J'ai déménagé et je me retrouve toute seule, en fait,
00:27:16dans une région avec ma fille.
00:27:18Et j'ai vraiment l'impression d'être seule au monde.
00:27:22Inscrivez-vous peut-être dans un groupe de paroles,
00:27:24dans un groupe de lecture,
00:27:26dans un groupe d'art.
00:27:28Sortez, constituez-là cette vie sociale pour vous.
00:27:30Constituez-vous ce tissu, ce lien.
00:27:32Non ?
00:27:35Oui, je suis tout à fait d'accord.
00:27:37Ça vous ferait du bien. Je vois que vous avez une voix chaleureuse.
00:27:39Je suis sûr que ça pourrait intéresser plein de gens
00:27:41dans un groupe de paroles, mais il ne faut pas rester isolé.
00:27:43D'accord.
00:27:45C'est-à-dire qu'Audrey,
00:27:47on a toujours, ok, c'est le passé,
00:27:50mais on est libre d'en faire quelque chose de négatif
00:27:53ou de positif de notre passé.
00:27:55Et là, quelque part, vous pensez que parce que,
00:27:57oui, vous avez subi quelque chose de difficile,
00:28:01je crois que personne ne va dire le contraire,
00:28:04mais ce n'est pas parce que vous avez subi quelque chose de difficile
00:28:06qu'il faut toute votre vie croire que ça va être difficile.
00:28:10Au contraire, c'est parce que vous allez vous dire
00:28:13j'ai connu ça de difficile et je suis en vie.
00:28:17Donc ça veut dire que, quoi qu'il arrive,
00:28:19je suis en vie, je suis capable d'être en vie.
00:28:21Vous voyez, on peut aussi voir le côté positif
00:28:23de quelque chose qui a été difficile.
00:28:25Oui, là, c'est difficile parce que je me suis séparée
00:28:28il y a un mois de mon compagnon avec qui je m'entendais très bien
00:28:32et qui me donnait beaucoup d'amour.
00:28:35Sauf qu'il avait une addiction à l'alcool
00:28:37et il n'était pas capable d'en sortir actuellement.
00:28:40Et donc, du coup, j'ai de nouveau cette sensation d'abandon
00:28:43qui est revenue.
00:28:45Oui, bien sûr.
00:28:46Toute situation de séparation vient réveiller
00:28:49les deuils précédents et les premiers abandons.
00:28:51Donc là, vous êtes dans vos blessures.
00:28:53Tout est réactualisé.
00:28:55C'est ça.
00:28:56Et j'ai l'impression que le schéma va se reproduire indéfiniment
00:28:59et que ça ne va jamais s'arrêter.
00:29:01Non, non, non, ça s'arrête au bout d'un moment.
00:29:03Ça s'arrête si on fait ce qu'il faut.
00:29:05C'est-à-dire que, pourquoi vous avez choisi cet homme
00:29:09qui, certainement, était encore plus fragile que vous ?
00:29:13Vous voyez, ce n'est pas inintéressant aussi à comprendre ça.
00:29:17Oui, mais là, je vais démarrer une thérapie pour pouvoir...
00:29:20Ah, bravo.
00:29:22Bravo.
00:29:24C'est un chemin de vie que vous devez faire, une vie,
00:29:26une valeur à accorder à votre existence.
00:29:28Parce que là, je pense, dans votre cas,
00:29:30qu'il vaut mieux choisir quelqu'un de positif
00:29:33et qui va vous aider à avancer du côté clair de la vie,
00:29:39tandis que lui, il vous a ramené dans...
00:29:41Et vous avez certainement eu raison, d'ailleurs, de le quitter.
00:29:44Mais il vous a ramené dans quelque chose
00:29:46dont il faut que vous sortiez.
00:29:48Oui.
00:29:50Puis vous avez votre fils, j'ai bien compris, quand même.
00:29:53Oui.
00:29:55Bon, là, c'est joyeux, là. On est d'accord.
00:29:59Et si, au départ, moi, c'est ce que je dis souvent
00:30:03pour les femmes qui sont mères,
00:30:06si vous ne le faites pas pour vous, au départ,
00:30:08faites-le pour votre fille.
00:30:10Après, il faudra le faire pour vous,
00:30:12mais le premier pas, parfois, il est plus facile
00:30:14à faire pour sa fille que pour soi.
00:30:16D'accord.
00:30:17Et puis après, une fois que vous l'aurez fait pour votre fille,
00:30:19vous le ferez pour vous.
00:30:21Oui, j'ai bien compris.
00:30:23Je compte bien finir la deuxième partie de ma vie
00:30:25plus heureuse que la première.
00:30:27Mais là, ce que vient de vous dire Brigitte est vraiment clé,
00:30:29parce que c'est à la condition que vous puissiez suivre cela
00:30:31que vous ne transposerez pas vos blessures d'abandon
00:30:33sur votre fille.
00:30:34Vous voyez ? Il y a une vraie clé.
00:30:36Vous n'êtes pas toute seule.
00:30:37D'accord.
00:30:38C'est pour ça que là, ce que vous a dit Brigitte, retenez-le.
00:30:40Oui, je vais le retenir.
00:30:43Merci, Robert.
00:30:44Merci beaucoup.
00:30:45Merci.
00:30:46Bonne journée. Au revoir.
00:30:47On continue, bien sûr, sur cette blessure d'abandon
00:30:50qui, comme on le sait, provoque beaucoup de souffrance.
00:30:52Et on en parle avec Samuel Dock qui est avec nous
00:30:54et avec vous sur Sud Radio.
00:31:04Samuel Dock est avec nous.
00:31:06Je rappelle votre dernier livre,
00:31:08L'Enfant Thérapeute, c'est aux éditions Plon.
00:31:10On parle de la blessure d'abandon
00:31:12avec Nathalie qui nous rejoint.
00:31:13Bonjour, Nathalie.
00:31:14Merci de prendre la parole.
00:31:16Oui, bonjour.
00:31:17Bonjour, Brigitte.
00:31:18Bonjour, Samuel.
00:31:19Merci de me recevoir.
00:31:20Je voulais témoigner, en fait, c'est que...
00:31:23Bon, moi, j'ai 51 ans maintenant,
00:31:25mais quand j'étais toute petite, petite,
00:31:28en fait, j'ai ressenti très, très tôt le...
00:31:33sinon l'abandon, en tout cas, le rejet.
00:31:36En fait, j'ai appris plus tard que mes parents voulaient un garçon.
00:31:40Et donc, je l'ai ressenti.
00:31:43Donc, je me suis conformée à ce qu'on voulait que je sois.
00:31:46Donc, j'ai observé comment agissaient les garçons
00:31:50et je me suis comportée en garçon.
00:31:52Et en fait, pendant toute ma vie,
00:31:55j'ai été hyper vigilante aux signes de colère
00:32:00ou de désapprobation de mes parents.
00:32:03Je faisais très, très attention à ça.
00:32:07Je me suis complètement oubliée.
00:32:09En fait, quand j'étais petite,
00:32:11j'en suis arrivée à être persuadée
00:32:13que j'avais fait quelque chose de très, très mal.
00:32:15Oui.
00:32:16Dans des vies avant ou dans ma vie tout court
00:32:19et qu'il fallait que j'explique.
00:32:21Donc, je me suis dit, arrête de vouloir être heureuse.
00:32:24Mais ça, c'est...
00:32:25Nathalie, excusez-moi, je vous coupe.
00:32:27Oui, pardon.
00:32:28C'est parce que je veux transmettre le message à tout le monde.
00:32:30En tant qu'enfant, la manière dont nos parents nous traitent,
00:32:34c'est toujours de notre faute.
00:32:35C'est comme ça que ça fonctionne, un enfant.
00:32:37Absolument.
00:32:38Et c'est vrai que le premier travail qu'on devrait tous faire
00:32:42aux alentours de 21 ans,
00:32:44j'aime bien cet âge parce que sur le plan astrologique,
00:32:47il est symbolique,
00:32:48on devrait tous comprendre que nos croyances d'enfant,
00:32:51il faut les mettre de côté.
00:32:55Oui, alors ce n'est pas facile.
00:32:57Non, je n'ai pas dit que c'était facile.
00:33:01Parce qu'on sait que ça engage.
00:33:03Mais en tout cas, j'ai grandi avec cette idée
00:33:07que j'étais un vase vide, vide d'amour.
00:33:10Et c'est très, très douloureux.
00:33:14Et en fait, grâce à mon fils,
00:33:16quand j'ai accouché,
00:33:18il y a eu une dissonance cognitive qui s'est opérée en moi
00:33:21et je me suis dit, mais en fait, je ne suis pas un garçon.
00:33:24Et oui.
00:33:25Et alors là, tout a explosé.
00:33:29J'ai suivi une analyse pendant 17 ans.
00:33:33Et là, je suis une femme heureuse et joyeuse.
00:33:36Ah bah, bravo.
00:33:37Mais alors, comment en tant que garçon,
00:33:39vous avez pu être enceinte et porter pendant 9 mois un enfant ?
00:33:42C'est ça, c'est cette dissonance cognitive
00:33:45qui a pris naissance à ce moment-là.
00:33:47Mais vous savez Brigitte, dans mon fort intérieur,
00:33:50je souhaitais être une fille.
00:33:52J'étais une princesse.
00:33:53Je me couchais tous les soirs.
00:33:55Je m'imaginais avec une belle robe
00:33:58et je me disais, un jour, je serais heureuse.
00:34:01Ah oui, il y avait ce rêve qui vous portait.
00:34:04Oui, oui, exactement.
00:34:06Et donc, il y avait un côté qui était garçon.
00:34:10Vous n'aviez pas abandonné la petite fille ?
00:34:13Non, non, jamais, jamais.
00:34:17Et je suppose que cette analyse que vous avez faite
00:34:20vous a permis de rendre à vos parents
00:34:22les blessures qui leur appartenaient
00:34:24et à dire stop, n'est-ce pas ?
00:34:25Oui, exactement.
00:34:27Et le dialogue a été très libre avec ma mère
00:34:30et on en a parlé et elle s'en est voulue.
00:34:34Je lui ai dit, écoute, t'as fait avec ce que tu pouvais.
00:34:36On fait tous avec ce qu'on peut
00:34:38et on fait tous de notre mieux.
00:34:39Et ça a pacifié beaucoup, beaucoup la relation
00:34:42et elle, elle en a été heureuse aussi.
00:34:46Bravo Nathalie, parce que vous avez fait le chemin.
00:34:48Comme on dit, c'est bien.
00:34:51Et alors, quel homme vous avez choisi en tant que garçon ?
00:34:57Justement, un homme qui m'aimait en tant que garçon.
00:35:01Et quand j'ai changé radicalement après mon accouchement
00:35:04où je me suis transformée en fille, super sophistiquée,
00:35:07il s'est éloigné et on a fini par se séparer.
00:35:11Bon, ça fait l'air d'être pensée en tout cas.
00:35:14Oui, c'est intéressant parce qu'en fait,
00:35:17il y a réellement eu une métamorphose
00:35:20grâce à la naissance de votre fils.
00:35:22Ah oui.
00:35:23Oui, et puis vous montrez aussi que l'abandon,
00:35:26comme on le disait en introduction à cette émission,
00:35:28ne concerne pas que les personnes,
00:35:29mais aussi les concepts abandonnés,
00:35:31quelque part une sorte de genre comme ça
00:35:33qui ne nous appartiendrait pas.
00:35:35Voilà, il y a eu ce travail d'élaboration
00:35:37qui vous a permis de devenir vous.
00:35:38Et quand on accepte l'abandon,
00:35:40et c'est un peu ce que je trouve dans le propos de Brigitte,
00:35:42on est un petit peu plus soi-même.
00:35:44Là, j'entends une quête d'authenticité de vous-même, non ?
00:35:47Oui, exactement.
00:35:49Mais tellement.
00:35:51En fait, j'ai toujours été un petit peu particulière
00:35:55et je me souviens très bien arriver au lycée
00:35:58avec des bretelles fluo, une rose, une verte
00:36:01et une chaussure orange et une chaussure rouge.
00:36:05C'est intéressant, parce que sur le plan symbolique,
00:36:07ça veut bien dire qu'il y a toujours eu en vous,
00:36:09certes, ce garçon à qui vous vouliez ressembler,
00:36:13mais cette fille que vous savez que vous étiez.
00:36:15Et je suis sûre qu'au fond de vous,
00:36:17vous avez toujours su que vous étiez une fille,
00:36:18sinon vous n'auriez pas pu être enceinte,
00:36:20vous n'auriez pas pu désirer un enfant.
00:36:24Et c'est ça qui est intéressant,
00:36:26parce que grâce à votre analyse,
00:36:28je suppose que vous avez fait la part des choses,
00:36:30mais ce qui est formidablement bien,
00:36:33moi ce que j'ai vraiment envie de relever,
00:36:35c'est qu'on a tous en nous, de toute façon,
00:36:37une part masculine et une part féminine.
00:36:39Alors après, le dosage va dépendre de chacun.
00:36:42Mais c'est quelque part,
00:36:45en faisant le lien entre ces deux parts,
00:36:49qu'on devient soi, vraiment qu'on devient soi.
00:36:51Et ceux qui croient qu'ils ne sont que garçons ou que filles,
00:36:54de toute façon, ne sont pas complètement unifiés.
00:36:59Oui, et je me sens tellement libre.
00:37:02Je peux jurer comme un charquier,
00:37:04je peux être en robe de soirée le lendemain,
00:37:07parer de tous mes plus beaux atours,
00:37:10et je me sens tellement libre.
00:37:13C'est un jeu. L'identité n'est jamais qu'un jeu.
00:37:15Alors on voudrait croire aujourd'hui dans notre société
00:37:17qu'il y a une rigidité, qu'il faut être de tel genre ou tel genre,
00:37:20ou être ceci ou être cela.
00:37:21Non, c'est un jeu.
00:37:22Amusons-nous avec nos multiples identités.
00:37:25Soyons vivants, soyons multiples, ne soyons pas...
00:37:28Voilà.
00:37:29Vous avez remarqué, Nathalie, moi ce que j'ai envie de dire,
00:37:31c'est que vos parents vous ont fait un magnifique cadeau
00:37:33en vous disant qu'ils voulaient un garçon.
00:37:35Parce que vous imaginez le chemin que ça vous a permis de faire
00:37:39et cette liberté que vous avez acquise
00:37:41grâce justement à cette souffrance.
00:37:44Et c'est quand même ce que j'aime toujours
00:37:47à signaler à ceux qui nous écoutent.
00:37:49La souffrance, quand on la dépasse,
00:37:51eh bien ça devient un cadeau.
00:37:54Oui, je remercie tous les soirs tous mes aïeux
00:37:57de cette histoire qui m'est arrivée.
00:37:58Des soirs, peut-être pas, quand même.
00:37:59Oui, mollo.
00:38:00Si, en m'endormant.
00:38:01Si, c'est vrai.
00:38:02Si, si, je le fais en m'endormant.
00:38:04Je les remercie.
00:38:05Oui, parce que pour rien au monde,
00:38:07je vivrais une autre vie maintenant.
00:38:09Ça, c'est rare d'entendre ça.
00:38:11C'est superbe.
00:38:12Oui, bravo.
00:38:13Bravo à vous.
00:38:14C'est un message d'espoir pour tous les gens qui souffrent.
00:38:16Bravo.
00:38:17Ça fait plaisir à entendre.
00:38:19Vous avez bien montré à votre fils que c'était un garçon ?
00:38:23Ah oui, oui, oui.
00:38:24J'ai toujours respecté leur identité, j'ai deux garçons.
00:38:27La seule chose qui m'ennuie, c'est que mon aîné est né trop tôt
00:38:32et donc je lui ai transmis quelques souffrances de manière inconsciente.
00:38:36On en a discuté, j'ai mis des mots dessus,
00:38:39mais ça n'empêche pas qu'elle soit ici.
00:38:42Oui, puis né trop tôt.
00:38:43Là, on parle du sens encore.
00:38:45Pas sûr, pas sûr.
00:38:46Les choses arrivent parfois avec une certaine sérénité.
00:38:49Elles n'arrivent pas totalement par hasard.
00:38:51Certes, mais je le vois souffrir et ça me fait mal au cœur.
00:38:54Mais il souffre de quoi ?
00:38:56Qu'est-ce qui vous fait mal au cœur ?
00:38:58D'abandon, parce que son père l'a abandonné en nous quittant.
00:39:03Et hop, l'histoire se répète.
00:39:06Ça me fait tellement mal au cœur.
00:39:08Mais il faut qu'il traverse sa propre souffrance pour évoluer.
00:39:11Il le voit, son père ?
00:39:13Il le voit.
00:39:14Il le voit de temps en temps, oui, bien sûr.
00:39:16Il a choisi d'habiter chez lui une fois qu'il a eu 15 ans.
00:39:20Mais ça n'a pas empêché qu'il court après l'amour de son père
00:39:25encore et encore.
00:39:27Et ça me fait tellement, tellement mal au cœur.
00:39:31Mais on en discute, on a un dialogue.
00:39:33Il en est conscient.
00:39:34Il a quel âge aujourd'hui ?
00:39:36Aujourd'hui, il a 23 ans.
00:39:38Oui, c'est normal.
00:39:39Il n'a pas encore cheminé suffisamment.
00:39:41Oui.
00:39:42Je veux dire, il se sent bien en tant que garçon, de toute façon.
00:39:47Oui, ça n'a pas d'incidence sur son genre.
00:39:50Mes garçons sont des garçons.
00:39:52Bon, donc ça va faire son chemin.
00:39:54Vous savez, à 23 ans, qui n'a pas des souffrances ?
00:39:57De toute façon, parce qu'on a tous des enfances
00:40:00où il y a des choses qui n'ont pas été comprises.
00:40:02Donc, il a cette souffrance-là.
00:40:05Vous l'apercevez bien parce que vous avez fait beaucoup de travail sur vous.
00:40:10Donc, vous êtes très apte à être à l'écoute des autres.
00:40:13Mais je veux dire, il n'a pas d'addiction.
00:40:17Il travaille à l'école.
00:40:19Dans sa vie professionnelle, ça va ?
00:40:22Oui, ça va.
00:40:24Donc, il n'y a aucun symptôme qui laisse à penser
00:40:27que ce sont des souffrances qui ne seront pas surmontables.
00:40:29Absolument.
00:40:30Alors, il a choisi son métier en fonction de ce qu'aimait son père.
00:40:33Je ne suis pas sûre que ce soit un vrai choix.
00:40:35Il peut y avoir une identification sans que ça soit forcément un problème.
00:40:39Oui, tout à fait.
00:40:41De toute façon, désormais, c'est son choix.
00:40:44On dialogue ensemble.
00:40:46L'essentiel, c'est qu'il soit heureux.
00:40:49Et pour l'instant, il a l'air heureux.
00:40:52Donc là, vous êtes un peu en train de projeter votre propre parcours sur lui.
00:40:57Mais j'ai l'impression, dans ce que vous dites,
00:40:59qu'il n'y a rien d'alarmant.
00:41:01Franchement.
00:41:02D'accord.
00:41:03Merci de ce regard extérieur.
00:41:05Oui, soyez paisibles avec ça.
00:41:08Je pense que ça va l'aider aussi.
00:41:11D'accord.
00:41:12Super.
00:41:13Il me semble.
00:41:14Absolument d'accord.
00:41:15Je pense qu'il est sur un chemin de vie.
00:41:16Et surtout, vous êtes très sensible à la question de la psychologie,
00:41:20à la question de la transmission, au langage.
00:41:22Il a quand même une maman qui est éveillée à ces choses-là.
00:41:25Et ça, c'est un grand privilège.
00:41:27Oui, puis le dialogue est ouvert.
00:41:29Ça, c'est très important aussi.
00:41:30Absolument.
00:41:31Je peux tout entendre.
00:41:32C'est très précieux.
00:41:33Et puis, il fera son histoire aussi avec son père.
00:41:35Vous, la difficulté, je pense,
00:41:37ce sera de réussir à laisser faire son père d'un côté,
00:41:40sans trop le critiquer,
00:41:41sans fragiliser le lien que votre fils peut avoir avec lui.
00:41:44Parce que ça, ça fragilisera l'identité narcissique de votre enfant.
00:41:47Ce sera le plus dur.
00:41:48Parce que si vous avez souffert de cet abandon,
00:41:50il pourrait y avoir des représailles inconscientes à l'égard de votre ex.
00:41:53Et ça, ce sera difficile.
00:41:54Ça s'observe beaucoup dans la clinique.
00:41:56Oui, mais je fais très, très attention
00:41:58à ne pas justement le mettre en porte-à-faux entre son père et moi.
00:42:02Félicitations, j'aimerais entendre ça plus souvent en séance.
00:42:05En tout cas, merci de ce témoignage particulièrement positif, beau.
00:42:10Et franchement, merci Nathalie et bravo.
00:42:13Une petite devinette avant les infos.
00:42:15De quoi aurions-nous besoin pour apprendre à compter les uns sur les autres ?
00:42:19Samuel, vous avez le temps des infos pour trouver la réponse.
00:42:24Aujourd'hui avec Samuel Dock, nous parlons de la blessure d'abandon.
00:42:28Vous voulez réagir à l'émission ou apporter votre témoignage ?
00:42:31Appelez-nous au 0 826 300 300.
00:42:36Vous voulez parler à Brigitte Lahaie ? 0 826 300 300.
00:42:4214h16, Brigitte Lahaie, Sud Radio.
00:42:45Samuel Dock est avec nous et on va revenir bien sûr sur la blessure d'abandon.
00:42:50Mais d'abord, je voudrais la réponse à ma devinette.
00:42:52De qui aurions-nous besoin pour nous apprendre à compter les uns sur les autres ?
00:42:56Je ne sais pas, j'aurais dit de crédulité, mais ce n'est pas de qui, c'est de quoi ?
00:43:00De qui ? On aurait besoin d'un professeur de mathématiques pour compter les uns sur les autres.
00:43:04C'est pas mal.
00:43:05Samuel Dock, forcément.
00:43:09La blessure d'abandon, on a déjà vu avec les témoignages de la première heure
00:43:13qu'elle se manifeste tellement de manière différente
00:43:17et c'est parfois très complexe pour arriver à la dépasser.
00:43:22Mais ça peut aussi, lorsqu'on la dépasse, être un élan de vie extraordinaire.
00:43:28Absolument, et il faut dire à nos auditeurs,
00:43:30mais on l'entend un peu dans les témoignages qu'on a reçus,
00:43:32c'est que c'est un chemin qui prend beaucoup de temps.
00:43:34Vous avez donné l'exemple de l'enfant-thérapeute.
00:43:35Moi, il m'a fallu des années pour comprendre ce qui s'était passé dans la vie de ma mère
00:43:39et pour pouvoir guérir de cette blessure.
00:43:41Et quand aujourd'hui, on m'appelle, on me dit que le livre que j'ai écrit ouvre cette voie à d'autres,
00:43:45je suis ravi.
00:43:46Je trouve ça magnifique de voir que ces blessures-là, on peut les ouvrir.
00:43:50Et c'est un peu les témoignages aussi qu'on a reçus.
00:43:51Il y a une vraie volonté de partage, de vaincre ensemble.
00:43:54Absolument, et on retrouve Frédéric maintenant.
00:43:57Bonjour Frédéric.
00:43:58Oui, bonjour.
00:44:00Merci de témoigner à votre tour.
00:44:02Oui, bonjour.
00:44:03Bon, je vous écoute, allez-y.
00:44:05Oui, écoutez, moi j'ai été placée à 12 ans en foyer famille d'accueil.
00:44:14Donc j'ai perdu toute ma famille à ce moment-là, tous mes repères.
00:44:19Bien sûr.
00:44:20Placée en famille d'accueil, donc j'imagine que vous étiez dans une famille toxique.
00:44:24Oui, tout à fait, oui.
00:44:26D'accord.
00:44:27Mais alors c'est intéressant parce que de la manière dont vous formulez cela,
00:44:30ça montre que même dans une famille toxique,
00:44:33quand on est arraché à cette famille, on en souffre.
00:44:36Oui.
00:44:37Même si j'imagine que c'était pour vous sauver.
00:44:41Et ça je trouve que je tiens vraiment à le relever,
00:44:45parce que je crois qu'un enfant de toute façon aime ses parents,
00:44:50même s'ils ne sont pas de bons parents.
00:44:52Exact, et c'est très complémentaire Brigitte,
00:44:54avec ce que vous avez dit un peu plus tôt dans l'émission,
00:44:56quand vous disiez qu'un enfant considère que tout ce qui lui arrive,
00:44:58c'est parce que ses parents l'ont voulu et que c'est pour une bonne raison,
00:45:00ça va avec.
00:45:01Un enfant est totalement interdépendant de la représentation de ses parents.
00:45:05Donc oui.
00:45:06Oui, d'où il en ressort la culpabilité aussi.
00:45:08Absolument.
00:45:09L'enfant se dit qu'il a fait quelque chose de mal.
00:45:12Et pourquoi je mérite qu'on me m'arrache à ma famille ?
00:45:19C'est ça.
00:45:20Oui, oui, oui.
00:45:21Parce que ça dure des années.
00:45:22Comme vous le disiez juste à l'instant,
00:45:24c'est un travail de toute une vie.
00:45:26Je pensais, avec des thérapies, pouvoir passer le cap.
00:45:32Mais je me rends compte que c'est un travail de toute une vie.
00:45:35Et au moins, c'est des blessures qui marquent.
00:45:38Pour mon père, qui marqueront à jamais.
00:45:41Et en quoi cette blessure d'abandon, qu'on comprend bien Frédéric,
00:45:46vous handicape ?
00:45:47Qu'est-ce que ça provoque comme angoisse, comme peur chez vous ?
00:45:51Aujourd'hui, je suis maman.
00:45:54Donc déjà, par rapport à mon enfant,
00:45:57il y a une peur de reproduire, une peur de pas aller aussi,
00:46:03une peur qu'elle suit ça aussi.
00:46:07Elle a quel âge votre fille ?
00:46:09Un abandon dans la vie.
00:46:11En dehors de l'entourage familial, quoi.
00:46:14Elle a quel âge votre fille, Frédéric ?
00:46:16Elle va avoir 3 ans.
00:46:173 ans, oui.
00:46:18Déjà, vous ne l'avez pas abandonnée ?
00:46:21Non, non, non.
00:46:22Bon, et vos peurs font que vous êtes certainement
00:46:25deux fois plus vigilante qu'une maman normale.
00:46:28Oui, tout à fait.
00:46:29Et puis après, dans mes relations aussi avec les autres,
00:46:31c'est compliqué.
00:46:33Vous souffrez d'angoisse ?
00:46:35Angoisse, non pas.
00:46:37Je ne dirais pas angoisse, mais je reste sur ma réserve.
00:46:41Je me protège beaucoup par rapport aux autres.
00:46:44Et il y a une tristesse en vous ?
00:46:46Oui.
00:46:49Ça, on l'entend.
00:46:50On l'entend.
00:46:51On l'entend, Frédéric.
00:46:52Votre famille d'accueil,
00:46:54c'était une famille qui était opérationnelle
00:46:58ou est-ce qu'elle était quand même aimante ?
00:47:00En revanche, il y en a eu plusieurs.
00:47:03D'accord.
00:47:04Oui.
00:47:05C'est très dur parce que ça réitère évidemment
00:47:07la blessure d'abandon dont on parle.
00:47:09C'est très, très dur.
00:47:10Tout à fait.
00:47:11Excusez-moi si vous n'avez pas envie de répondre,
00:47:14vous ne répondez pas.
00:47:15Votre famille d'origine, quel était le problème ?
00:47:20Mon beau-père qui a abusé sexuellement de ma soeur et de moi.
00:47:25D'accord.
00:47:27Notre génitrice ne nous a pas cru et est restée avec lui.
00:47:34On entend bien dans ce mot génitrice
00:47:37comment vous avez rejeté votre mère.
00:47:40Oui.
00:47:41Ça, c'est peut-être un travail quand même qu'il va falloir faire.
00:47:44C'est-à-dire que vous avez le droit de l'appeler votre génitrice
00:47:47et vous avez le droit de ne plus l'aimer.
00:47:50Mais il faut quand même que vous compreniez
00:47:52que malgré tout, vous l'avez aimée
00:47:54et que malgré tout, ce que vous êtes, c'est un petit peu d'elle.
00:48:00J'ai fait ce travail un petit peu.
00:48:02J'ai commencé, oui,
00:48:03parce que je me suis dit que la colère n'était pas bonne.
00:48:07Elle n'est jamais bonne.
00:48:10J'ai essayé de pardonner,
00:48:12mais peut-être que c'était un peu trop...
00:48:14Je suis peut-être un peu trop loin parce que pardonner, c'est...
00:48:16Pardonner, c'est pas...
00:48:17C'est un peu compliqué.
00:48:18Non, non, vous n'êtes pas obligée de lui pardonner.
00:48:20Non, absolument pas.
00:48:21Et qu'est-ce qu'elle est devenue ?
00:48:23Toujours pareil.
00:48:24Elle est toujours avec ce monsieur.
00:48:26Oui.
00:48:27Voilà.
00:48:28Vous avez des contacts avec elle ou pas du tout ?
00:48:30Aujourd'hui, très peu.
00:48:32Vous n'avez pas envie ?
00:48:33Non, je n'ai plus trop envie, non.
00:48:34Elle s'intéresse à ce que vous devenez ou pas du tout ?
00:48:37Oui, oui, justement.
00:48:38Elle voudrait, mais...
00:48:40Ah, elle regrette, c'est ça ?
00:48:42Oui, je pense qu'elle essaie un petit peu de se racheter, mais...
00:48:45Si elle reste avec cet homme qui vous a abusé sexuellement,
00:48:49ce ne sont que des mots.
00:48:50Oui.
00:48:51Il faut des actes.
00:48:52D'autant plus depuis juste ce moment, en fait, je...
00:48:54Vous comprenez, vous avez du mal à...
00:48:57Oui, j'ai du mal à comprendre.
00:48:58Bien sûr, bien sûr.
00:48:59C'est plutôt bon signe que vous ayez du mal à comprendre.
00:49:02Ça veut dire qu'intellectuellement, ça vous paraît impossible de comprendre
00:49:07et ça montre que vous avez une éthique un petit peu meilleure
00:49:12sur le plan de la morale, etc.
00:49:16Vous avez une sœur aussi, si j'ai bien compris.
00:49:18Oui.
00:49:19Et avec elle, ça va ?
00:49:20Oui, ça va.
00:49:21Oui, oui.
00:49:22Donc vous êtes quand même reliée à elle.
00:49:24Et vous étiez placées toutes les deux dans les mêmes familles d'accueil ou pas ?
00:49:27Non, on a été séparées parce qu'il y a un jugement, donc...
00:49:30On a été séparées, oui.
00:49:32Donc là, vous êtes engagée dans un travail thérapeutique,
00:49:37si je comprends bien, depuis pas très longtemps.
00:49:40Ça vous fait du bien ?
00:49:41Ça vous permet de repenser votre place dans cette famille, dans votre existence ?
00:49:45Oui, oui.
00:49:46Alors, ça a été un peu difficile.
00:49:48Une séparée étape.
00:49:49J'ai fait deux thérapies.
00:49:50Bien sûr, bien sûr.
00:49:51Une de MDR et j'ai coupé le MDR parce que c'était trop douloureux.
00:49:57Et là, je reprends et je reprends autre chose.
00:50:01Je vais vous dire, le MDR...
00:50:03Les thérapeutes font un travail souvent remarquable,
00:50:06mais sur des histoires familiales qui sont aussi complexes, aussi meurtries,
00:50:11qui demandent d'aller à petits, petits pas, d'être dans le langage,
00:50:14ce n'est pas toujours l'approche thérapeutique la plus adaptée.
00:50:17C'est là, à mon sens, que la psychanalyse est vraiment adaptée
00:50:19puisqu'on va s'intéresser vraiment en profondeur à l'enfance,
00:50:22à tout ce qui nous constitue, à l'arrachement, au désir.
00:50:27Et ça, c'est précieux.
00:50:28Là, pour le coup, la psychanalyse, je pense, est totalement irremplaçable.
00:50:30Donc, je vous invite à y réfléchir.
00:50:32Et votre géniteur, c'est qui ?
00:50:38C'est quoi ?
00:50:39Mon papa est décédé il y a bientôt deux ans.
00:50:42Je l'ai retrouvé en foyer.
00:50:45Il l'avait abandonné.
00:50:48À l'époque où ils se sont séparés, il l'avait abandonné.
00:50:52Il ne s'est pas battu pour nous revoir.
00:50:56Il est parti quand votre génitrice...
00:51:01Il l'a quitté pour le beau-père monstrueux.
00:51:06Je l'ai retrouvé à 15 ans.
00:51:09Et vous aviez quel âge quand il part ?
00:51:12Quand il part, j'avais 4 ans.
00:51:14C'est terrible, parce que c'est un âge en plein Neudippe.
00:51:18J'en avais aucun souvenir.
00:51:20Oui, bien sûr, aucun souvenir, c'est normal.
00:51:22Avant 3 ans, 4 ans, on n'aura pas de souvenirs.
00:51:25C'est d'ailleurs toute la difficulté.
00:51:28Forcément, ça a été un premier abandon.
00:51:32C'est certainement important à assimiler aussi.
00:51:37Parce que vous vous êtes abandonné par l'homme de votre vie.
00:51:42Ensuite, vous vous êtes laissé entre les mains d'une femme plutôt sorcière.
00:51:53Malveillante, néfaste.
00:51:57Peut-être qu'il faut travailler là-dessus aussi.
00:52:01C'est vrai que je ne pense pas à cet abandon-là.
00:52:03Mais c'est déjà un premier abandon.
00:52:05Oui, c'est un premier abandon.
00:52:07Mais en même temps, il faut toujours voir le côté positif des choses qu'on traverse.
00:52:11En même temps, il a été là pendant les 4 premières années de votre vie.
00:52:16Peut-être qu'il a été plus aimant et plus sécurisant que vous ne pouvez peut-être l'imaginer.
00:52:24C'est peut-être quelque chose qu'il faut voir.
00:52:26Si vous avez des photos avec lui en tant qu'enfant, ça peut être intéressant de regarder.
00:52:33Quel regard il porte sur vous, comment vous vous ressentez.
00:52:37Je n'en avais pas.
00:52:39C'est drôle, moi aussi je pensais aux photos pour retracer cette histoire.
00:52:42C'est exactement le conseil que j'allais vous donner.
00:52:44Je suis content que Brigitte l'ait fait.
00:52:46Comment réussir à articuler toute une histoire sur soi.
00:52:49Constituez-vous là cette histoire pour vous.
00:52:52Même avec votre actualité des photos contemporaines.
00:52:54Retissez ce fil qui a été brisé il y a si longtemps.
00:52:57Et peut-être écrivez une lettre à ce père.
00:53:01Qu'est-ce que vous lui diriez ?
00:53:03Ça va vous aider à peut-être créer un lien solide, même s'il est imaginaire.
00:53:08Un premier lien solide qui va vous permettre peut-être aussi d'être plus en sécurité.
00:53:15Et plus enraciné dans vos origines.
00:53:18Ça, ça peut être intéressant quand même.
00:53:20Oui, l'écriture, oui.
00:53:22Et un lien à vous-même aussi.
00:53:24Un lien à vous-même en vous disant, waouh, j'ai survécu à ça, je suis vivante.
00:53:27J'ai même donné la vie.
00:53:29Retissez le lien avec vous, soyez fiers de vous.
00:53:32Parce que vous vous rendez compte de tout ce à quoi vous avez survécu ?
00:53:35C'est quand même extraordinaire.
00:53:37Moi je vous écoute et je me dis, mais quelle force de résilience.
00:53:40J'ai plus qu'à dire le contraire.
00:53:43Bah oui, quand même, Frédéric.
00:53:46C'est pas tout le monde qui traverse tout ça et qui appelle et qui peut en parler avec beaucoup de lucidité.
00:53:53Parce que vous êtes lucide sur votre parcours.
00:53:55Et ça, ça prouve que quoi qu'il en soit, vous avancez et vous êtes sur le chemin.
00:54:00Il va y avoir de temps en temps encore des nuages qui vont passer,
00:54:06mais de temps en temps, il y a des rayons de soleil quand même.
00:54:08Oui, heureusement.
00:54:10Merci.
00:54:12Merci beaucoup.
00:54:14On fait une petite pause et c'est Christophe qu'on retrouve dans un instant.
00:54:18Comment avoir et rester dans une sexualité positive ?
00:54:22Comment améliorer sa libido et la maintenir au top ?
00:54:25Demain, Yves Salty, sexologue, répond à vos questions.
00:54:28Appelez-nous dès maintenant au 0826 300 300.
00:54:41Samuel Doc est avec nous.
00:54:43Vous êtes psychanalyste et on parle de la blessure d'abandon.
00:54:47Je rappelle qu'on a tous des blessures d'abandon.
00:54:49Après, c'est ce qu'on en fait qui compte.
00:54:52On va voir ce qu'on a fait Christophe.
00:54:54Bonjour Christophe, merci d'être avec nous.
00:54:56Bonjour Brigitte, bonjour Samuel.
00:54:58Bonjour Christophe.
00:55:00Pour ma part, j'ai perdu ma mère d'une longue maladie alors que j'avais simplement 6 ans.
00:55:09Situation compliquée.
00:55:11Contrairement à ce qui pourrait se faire aujourd'hui, aucun accompagnement, aucun travail de deuil.
00:55:17Rien n'a été fait de ce côté-là par mon père qui restait le seul des deux parents.
00:55:25En plus, c'est une longue maladie.
00:55:27Vous avez vu votre mère souffrir.
00:55:30J'ai des souvenirs de ça malheureusement.
00:55:33J'imagine bien.
00:55:36Les conséquences, je peux en parler aujourd'hui.
00:55:40Sur ma vie familiale, ça a été de rester dans une relation pas forcément équilibrée au fil du temps.
00:55:54Et de me satisfaire d'une relation qui était complètement déséquilibrée et pas satisfaisante.
00:56:05C'est-à-dire que vous avez choisi de vivre avec quelqu'un qui ne vous apporte pas non plus la sécurité affective qu'on aspire quand on vit avec quelqu'un.
00:56:15Au départ, si.
00:56:17Ça a clairement été le cas.
00:56:20Mais par la suite, la relation s'est déséquilibrée.
00:56:23Et de ne pas avoir le recul nécessaire de se satisfaire d'une relation pour, je pense indirectement, pas revivre ce que j'avais déjà vécu.
00:56:35Vous rencontrez une femme, vous vous engagez, etc.
00:56:41Au bout de combien d'années, ça commence à aller mal ?
00:56:45Ça s'est installé progressivement.
00:56:48Et après, pour être complètement transparent, elle voulait légitimer la relation qu'elle avait avec un amant sous le coup d'être un couple libre.
00:57:06L'idée n'était pas spécialement celle-ci pour elle.
00:57:09C'est simplement qu'elle avait un amant et elle souhaitait légitimer.
00:57:16Moi, le déclic de me dire qu'il faut faire quelque chose, c'est qu'elle était intimement convaincue que j'accepterais cet état de faite.
00:57:27Oui, tellement elle pensait que vous étiez dépendant d'elle.
00:57:30Absolument.
00:57:31C'est complètement ça.
00:57:32Vous avez évoqué votre maman et sa longue maladie.
00:57:35Je fais un retour en arrière.
00:57:37Est-ce que vous avez, indépendamment des souvenirs de sa maladie, le souvenir de ses bons soins envers vous, de sa tendresse, de sa chaleur ?
00:57:44Est-ce qu'il y a eu des moments câlins ? Est-ce qu'il y a eu une douceur ?
00:57:47J'ai très peu de souvenirs de ce genre, parce que je n'avais que 6 ans.
00:57:56Mais il y en a eu ?
00:57:58Il y en a eu, oui.
00:57:59Vous le savez ?
00:58:00Oui, bien sûr.
00:58:01Vous voyez, c'est très précieux de pouvoir avoir de la prime enfance un vestige de toute cette amour, de toute cette tendresse qu'elle a essayé de vous transmettre.
00:58:13Je pense que c'est extrêmement précieux et que rien ne peut remplacer cela.
00:58:17D'autant que, encore une fois, bien sûr que vous avez vécu l'abandon, mais elle n'a pas voulu vous abandonner.
00:58:26C'est aussi une chose très différente que quand une mère vous abandonne.
00:58:32Et vous avez des frères et sœurs ou pas ?
00:58:34Oui, une sœur également.
00:58:37Aînée ? Cadette ?
00:58:39Aînée.
00:58:41Qui a plus connu votre maman ?
00:58:43Exactement.
00:58:44Et qui peut vous en parler un peu ?
00:58:46Oui, on en a parlé.
00:58:50Elle a combien d'années de plus que vous ?
00:58:544 ans.
00:58:56Ce n'est pas anodin du tout.
00:59:00C'est quand même une figure féminine, si je puis dire, qui reste là malgré la perte de votre mère.
00:59:10C'est important ce que vous dites parce que je pense aux écrits de Julia Kristeva qui dit qu'une mère transmet à son enfant dans les premières années de la vie un affect d'existence.
00:59:19Qu'est-ce que ça veut dire ?
00:59:20Ça veut dire qu'elle aime son enfant, elle lui donne corps et elle ancre sur cette planète sa volonté d'exister, de vivre et de s'aimer soi-même.
00:59:29Et c'est vraiment important quand il y a de l'amour sur les premières années de la vie.
00:59:32Cet amour-là, vous l'emmenez avec vous quand bien même vous ne vous en souvenez pas.
00:59:36Bien plus encore que la maladie qui dévaste, qui tue, qui fait souffrir.
00:59:40Vous emmenez avec vous cette petite trace de l'amour.
00:59:43Et si ça vous fait souffrir et si c'est douloureux, c'est bien parce que c'était tellement important pour vous à une certaine époque de votre vie.
00:59:48Vous voyez, il y a ce souvenir dans le corps et c'est ça qu'il faut.
00:59:52Et quand Brigitte tout à l'heure parlait du corps et disait que c'est fondamental de prendre soin de son corps, elle a raison.
00:59:56Mais c'est aussi un lieu de la trace.
00:59:59On retrouve dans le corps des sensations, un héritage des toutes premières interactions de l'enfant.
01:00:06Donc vous voyez, votre mère quelque part est toujours là.
01:00:08Mais ce qui est intéressant dans ce que vous nous racontez par rapport à votre histoire relationnelle de couple,
01:00:16c'est qu'au fond, en quittant cette femme, vous avez peur de revivre l'abandon de votre mère.
01:00:23Je pense que c'est ça.
01:00:27Et moi le déclic, ça a été de réaliser qu'effectivement,
01:00:32c'est ce que je vous disais tout à l'heure,
01:00:34elle était convaincue que j'accepterais toute sa part.
01:00:41Je me suis dit qu'en termes d'amour propre, d'égo, c'est pas possible.
01:00:47Il faut réagir, c'est pas possible d'être...
01:00:53N'oubliez pas Christophe que ce que vous avez vécu quand vous aviez 6 ans était horriblement douloureux.
01:01:00Ce que vous allez vivre en tant qu'adulte en quittant cette femme, vous êtes aptes à le supporter.
01:01:07Au contraire, ça va certainement aider à réparer un petit peu cette blessure d'enfance,
01:01:13même si je ne dis pas que ça ne va pas être douloureux.
01:01:16Mais c'est quelque part un cadeau que vous allez vous faire aussi en refusant
01:01:22de rester dans une situation qui est dysfonctionnelle sous prétexte que vous avez peur de souffrir.
01:01:29Je l'ai compris et c'est vrai qu'aujourd'hui je m'accroche essentiellement à ce que vous rappelez très régulièrement.
01:01:36Je vous remercie que quoi qu'il arrive, la personne la plus importante dans sa vie, ça reste soi-même.
01:01:40C'est soi, avant tout c'est soi. Je garde ça aujourd'hui chevillé au corps.
01:01:45Ce qui implique de savoir fixer des limites aux autres, Christophe.
01:01:48Et de ne pas trop encaisser.
01:01:50C'est le problème dans la relation, j'apprends à fixer des limites.
01:01:56Vous verrez Christophe, de vous respecter et de vous considérer comme le plus important dans votre vie,
01:02:04ça va renforcer votre estime de vous-même et votre confiance en vous.
01:02:09Je vous souhaite bon courage. On sait que le courage vient du cœur.
01:02:14Vous êtes sur la voie et je vous remercie de votre témoignage.
01:02:19Merci beaucoup de votre soutien dans tous les cas.
01:02:23Je vous en prie.
01:02:24Une petite pause, on se retrouve pour le Sexe au Conseil.
01:02:26Souvenir, souvenir, tout de suite.
01:02:38Alors, Samuel Dock, souvenir, souvenir.
01:02:41C'est vrai qu'une histoire à deux, généralement ça démarre par une sexualité assez forte.
01:02:46C'est généralement, enfin c'est à espérer en tout cas.
01:02:52Se rémémorer ses souvenirs sexuels communs, c'est un bon moyen de relancer sa libido.
01:02:59Et vous pourriez même organiser un petit rendez-vous
01:03:05pour vous remettre dans les conditions qui ont été ces bons moments sexuels.
01:03:10Pourquoi pas un petit pèlerinage sur le lieu où vous avez fait l'amour la première fois.
01:03:16Réécouter ensemble pourquoi pas religieusement la chanson de vos amours.
01:03:20Revoir le film qui vous a marqué quand vous étiez fou amoureux
01:03:23à tel point que vous vous embrassiez malgré tout pendant le film.
01:03:27Bref, communiquer aussi ensemble sur vos premières impressions
01:03:30quand vous vous êtes rencontrés sexuellement.
01:03:32Qu'est-ce qui vous a étonné, dont la manière dont il vous a ou elle vous a fait l'amour.
01:03:37Qu'est-ce qui vous a vraiment plu, qu'est-ce qui vous a un petit peu inquiété ou fait peur.
01:03:43Bref, en évoquant ces moments heureux, joyeux, sexuels,
01:03:49vous allez mettre du positif dans votre libido.
01:03:52Et parfois ça permet de bien la relancer la libido.
01:03:55C'est un super conseil, je vais l'appliquer très vite.
01:03:58Je trouve ça génial.
01:03:59Ça marche, je peux vous assurer.
01:04:00J'en suis convaincu, absolument.
01:04:02La mémoire des corps, la mémoire des âmes qui doivent communier évidemment.
01:04:06Vous le dites je crois à chaque émission, notre meilleur organe sexuel c'est notre cerveau.
01:04:11Et le cerveau c'est déjà la mémoire.
01:04:14Bravo.
01:04:15Marie est avec nous maintenant.
01:04:18Bonjour Marie, merci de témoigner.
01:04:20Bonjour Brigitte, bonjour Samuel.
01:04:22Bonjour Marie.
01:04:24On vous écoute, allez-y, qu'est-ce que vous avez envie de nous dire ?
01:04:32J'avais appelé il y a quelques mois pour tout ce qui était les blessures de l'abandon.
01:04:37Et puis du coup, ce qui s'est passé suivant les événements, ça s'est encore passé là.
01:04:51Parce que du coup, avec mon mari on se sépare.
01:04:55D'accord, vous êtes en train de vous séparer de votre mari.
01:04:58C'est une décision commune ou pas ?
01:05:03Non.
01:05:04C'est lui ?
01:05:05Oui.
01:05:06D'accord.
01:05:07Donc ça réactive, si je puis dire, votre sentiment d'être à nouveau abandonné ?
01:05:12C'est ça.
01:05:13Oui, bien sûr.
01:05:14Et qu'est-ce qui fait que vous avez eu un sentiment fort d'avoir été abandonné dans votre vie, dans votre jeunesse ?
01:05:23Déjà parce que j'ai mon père qui est parti de lui-même, décédé de lui-même.
01:05:30Il est décédé de lui-même vous voulez dire ? Il s'est suicidé ?
01:05:33C'est ça.
01:05:34Décédé de lui-même.
01:05:35C'est une formule qui montre que c'est difficile pour vous de concevoir cet acte.
01:05:40Pour éviter le terme.
01:05:43Oui, bien sûr.
01:05:44Mais il faut nommer les choses.
01:05:46Bien sûr.
01:05:47C'est joliment dit mais...
01:05:49Mais ça tourne autour de l'acte, comme si c'était vraiment très douloureux pour vous.
01:05:53Vous aviez quel âge à ce moment-là ?
01:05:55Oui, il y a 4 ans.
01:06:00Et ce n'est pas fini parce que finalement il n'a pas été retrouvé.
01:06:05Il y a 4 ans qu'il s'est...
01:06:07Il n'a pas été retrouvé ?
01:06:08Non.
01:06:09Comment ça il n'a pas été retrouvé ?
01:06:11Il a fait ça du pont d'un pont et du coup...
01:06:15Oui, il s'est noyé et donc on n'a pas retrouvé son corps, c'est ce que vous voulez dire.
01:06:19Il a laissé une lettre disant qu'il se jetait du pont ?
01:06:21Oui.
01:06:22Ah, voilà.
01:06:23Et son camion qui a été retrouvé en haut aussi.
01:06:25Ah oui, d'accord.
01:06:27C'est vrai.
01:06:29On est sûr que c'est vrai.
01:06:30Oui, bien sûr.
01:06:32Ça, le fait que ma mère c'est pareil, ça fait plus de 10 ans que je ne lui parle plus.
01:06:39Pourquoi ?
01:06:40Parce qu'elle est...
01:06:44Pour protéger mes filles parce qu'elle est capable de se taper elle-même, d'accuser mon frère de l'avoir tapé
01:06:52alors qu'elle s'est tapée elle-même.
01:06:54Elle s'est tapée elle-même.
01:06:55Elle s'est frappée elle-même, vous voulez dire.
01:06:58Oui.
01:06:59Comment vous savez ça ?
01:07:01Parce qu'elle me l'a avoué récemment.
01:07:03Donc votre mère est dysfonctionnelle, de toute façon, si je comprends bien.
01:07:07Comment ?
01:07:08Votre mère est dysfonctionnelle.
01:07:10Oui.
01:07:11Ah oui, mais clairement.
01:07:12D'accord.
01:07:13Et puis jalouse et tout ça, et donc du coup...
01:07:16Enfin voilà.
01:07:17Oui, enfin voilà.
01:07:18Vous hésitez beaucoup.
01:07:20Je vous écoute et je vois beaucoup d'hésitation.
01:07:23Et je me demande si à travers ces innombrables hésitations que vous me transmettez aujourd'hui,
01:07:27s'il n'y a pas quelque chose qui parle de vous et de cette incertitude face à la vie.
01:07:32Vous doutez beaucoup.
01:07:35Oui, parce qu'en fait, on se dit qu'au final, on est l'enfant d'un...
01:07:40Vous voyez, hésitation, hésitation.
01:07:43Du malheur, quoi.
01:07:46Et au final, est-ce que ce n'est pas plus avantageux de nous abandonner que de rester...
01:07:55Que vous ayez traversé le malheur, ça c'est une chose.
01:07:59Maintenant, l'enfant du malheur, on n'en sait rien.
01:08:01Vous savez, il y a des gens qui sont très dysfonctionnels,
01:08:05mais qui, en donnant la vie, ont l'impression enfin de créer quelque chose.
01:08:09Je crois qu'il ne faut pas oublier que faire des enfants,
01:08:15c'est quand même une des choses les plus magiques qui puissent exister dans l'âme des gens.
01:08:22Même si, on est d'accord, il y a beaucoup de parents qui sont dysfonctionnels,
01:08:26et parfois il faudrait peut-être leur interdire de faire des enfants,
01:08:30parce que ça fait beaucoup de souffrance et de difficultés dans la société.
01:08:36Mais quand on est l'enfant de parents dysfonctionnels,
01:08:39il ne faut pas oublier que quand même, dans leur désir de mettre au monde un enfant,
01:08:46c'est un désir de puissance, c'est un désir de création, c'est un désir d'amour.
01:08:51Et ça c'est quand même quelque chose, Marie, qu'il faut peut-être que vous entendiez.
01:08:55Je crois que vous-même, si j'ai bien compris, vous avez des enfants,
01:08:59donc ça c'est quand même quelque chose que vous pouvez comprendre.
01:09:02Après, je sais que mes parents l'ont dit, qu'ils se sont séparés à cause de nous,
01:09:09parce que ma mère s'occupait trop de nous.
01:09:12C'est pour ça que j'utilise le terme...
01:09:15Comment on...
01:09:17De malheur.
01:09:18De malheur, quoi.
01:09:19Donc c'est de votre faute qu'ils se sont séparés, ou quoi ?
01:09:22Je fais exprès de dire...
01:09:23C'est pas un comportement de faute, mais...
01:09:26Oui, c'est parce qu'on était là que ma mère s'est plus occupée de nous que de mon père.
01:09:31Oui, mais ça veut dire quoi ?
01:09:33Ça veut dire que votre mère a des difficultés avec la sexualité et avec les hommes,
01:09:38comme pas mal de femmes en ce moment.
01:09:40Donc elle n'est pas...
01:09:41Voyez ce que je veux dire.
01:09:43C'est pas vous qui êtes responsable de quoi que ce soit.
01:09:46Une femme qui devient mère et qui ne sait plus être une femme,
01:09:50c'est son problème.
01:09:52C'est pas le problème des enfants.
01:09:55Oui, mais bon.
01:09:56C'est vrai que quand on nous dit qu'au final...
01:10:00C'est ce que vous avez compris quand vous étiez enfant,
01:10:03mais maintenant vous n'êtes plus une enfant.
01:10:05Donc maintenant il faut que vous arriviez à mettre de côté ces croyances
01:10:09et que vous en fassiez quelque chose.
01:10:11Absolument.
01:10:12Et pour valider ce que je dis, Brigitte,
01:10:14j'ajouterais que parfois il y a des parents qui sont totalement immatures et régressifs
01:10:17et qui disent n'importe quoi.
01:10:20N'importe quoi.
01:10:21Oui, oui.
01:10:22Parfois, c'est vrai.
01:10:24Les parents sont des personnes comme les autres
01:10:27et parfois elles disent n'importe quoi.
01:10:29Et quand j'entends ces innombrables hésitations dans votre propos,
01:10:32je me dis que c'est comme si vous aviez souffert
01:10:34de ne pas pouvoir vous appuyer sur la certitude d'une parole parentale
01:10:39et d'être complètement flottante,
01:10:41perdue entre tous ces énoncés,
01:10:43tout ce que vous avez entendu.
01:10:45Et c'est pour ça que ce que vous dit Brigitte est fondamental.
01:10:47N'oubliez pas que ce qui vous est adressé, c'est juste un discours.
01:10:50Et ce qui compte, c'est aussi votre manière de l'interpréter,
01:10:52de le recevoir, voire de le contredire.
01:10:54Cet homme qui vous quitte, vous êtes ensemble depuis combien de temps ?
01:10:5818 ans.
01:10:59Bon, 18 ans, ce n'est pas un chiffre par hasard.
01:11:02Il vous a quand même permis de vous appuyer sur lui.
01:11:07Et là, vous avez 18 ans et vous devenez majeure.
01:11:11Et Marie, vous allez enfin pouvoir vous occuper de vous
01:11:15et vous allez enfin pouvoir être la personne la plus importante pour vous.
01:11:19Il a été votre tuteur pendant ces 18 ans.
01:11:22Vous aviez certainement besoin de lui.
01:11:24Sinon, vous seriez peut-être écroulée.
01:11:26Maintenant, s'il s'en va, c'est que vous êtes capable de vivre seule.
01:11:30C'est comme ça que moi j'interprète votre destin.
01:11:33J'essaye.
01:11:35Il ne faut pas essayer, il faut y arriver.
01:11:37Vous en avez les moyens.
01:11:38Sinon, vous n'auriez pas appelé.
01:11:40Si vous appelez, c'est pour qu'on vous dise que vous êtes assez forte
01:11:43pour pouvoir vous ressortir.
01:11:45Pour ma part, en consultation, j'ai parfois eu des patients comme vous,
01:11:49très hésitants, très perdus.
01:11:51On a du mal à les suivre.
01:11:53Ils trouvent leur chemin parfois aussi dans les mots des autres,
01:11:55dans la littérature, dans le fait que la mise en récits vivante,
01:11:58on la trouve chez les auteurs.
01:12:00Peut-être lire, rêver, imaginer,
01:12:03constituer pour vous ce savoir dont vous semblez avoir tant besoin.
01:12:06J'aimerais bien que vous nous disiez, Marie,
01:12:10que votre père s'est suicidé il y a 4 ans.
01:12:12Est-ce que vous pouvez nous le dire ?
01:12:16S'il vous plaît.
01:12:19Même si ça fait mal.
01:12:21Du coup, oui, mon père s'est suicidé.
01:12:24Merci, merci Marie.
01:12:26C'est important.
01:12:28Parce que comme ça, vous allez pouvoir tourner la page.
01:12:30Parce que quelque part, je pense qu'il y a une part inconsciente de vous
01:12:33qui pensait qu'un jour vous pourriez le retrouver.
01:12:36Le jour où je tournerai la page,
01:12:38je pense que c'est le jour où il sera déclaré décédé,
01:12:41mais pas avant en fait.
01:12:43Non, ça vous voyez, c'est encore une construction.
01:12:45C'est à vous de faire les choses.
01:12:47C'est pour ça que Brigitte vous invite à nommer, à penser.
01:12:50C'est pour ça que je vous ai demandé de le dire.
01:12:52Parce que c'est une petite part consciente, déjà,
01:12:56qui accepte qu'il est parti.
01:12:58Pour de bon, pour de vrai.
01:12:59Mais il reste en vous, de toute façon.
01:13:01Cette part-là, vous ne la perdrez pas.
01:13:03Pour le meilleur et pour le pire.
01:13:05Mais c'est vrai, on le sait, quand il y a un avion qui disparaît,
01:13:08comment c'est difficile de faire le deuil quand on ne retrouve pas le corps.
01:13:12Un avion qui disparaît, ça disparaît, mais ça n'abandonne pas.
01:13:14Là, il a abandonné.
01:13:16Ecoutez, il n'a pas pu continuer à vivre.
01:13:20Vous savez, encore une fois...
01:13:22Oui, il a abandonné.
01:13:24En fonction du jugement.
01:13:26C'est un jugement un peu dur.
01:13:28Et si vous continuez, c'est parce que vous êtes en colère que vous dites ça, Marie.
01:13:31Vous êtes en colère contre lui.
01:13:33Parce qu'il vous manque.
01:13:34Et si vous êtes en colère, c'est parce que ce n'est pas, pour l'instant possible,
01:13:36pour vous d'être triste.
01:13:38Donc vous avez choisi d'être en colère.
01:13:40C'est les étapes du deuil, je le rappelle.
01:13:42Mais quand vous accepterez de le pleurer,
01:13:44vous ne serez plus en colère et vous commencerez à aller mieux.
01:13:48Et c'est un processus de deuil.
01:13:50Ça prendra le temps que ça prendra.
01:13:52Pour l'instant, vous lui en voulez de vous avoir abandonné.
01:13:54Mais ça, c'est la petite fille, ce n'est pas l'adulte.
01:13:58Bon, écoutez, on a bien avancé tous les trois.
01:14:00Quel boulot.
01:14:02Merci beaucoup.
01:14:04Ce n'est pas mal. Merci à vous.
01:14:06Merci Marie.
01:14:08Allez, on fait une petite pause et il est temps de conclure dans un instant.
01:14:10Déjà ?
01:14:12Vous voulez réagir et participer à l'émission ?
01:14:14Appelez-nous dès maintenant au 0 826 300 300.
01:14:16Vous pouvez aussi nous laisser un message
01:14:18sur le répondeur de l'émission
01:14:20pour apporter votre témoignage
01:14:22ou poser vos questions.
01:14:24Nous vous attendons, 0 826 300 300.
01:14:36Samuel Dock est avec nous
01:14:38et je rappelle votre dernier livre
01:14:40des enfants thérapeutes aux éditions Plon
01:14:42qui marche bien parce que malheureusement
01:14:44il fait écho à la souffrance de beaucoup de gens.
01:14:48On parle de cette blessure d'abandon
01:14:50qui nous concerne tous
01:14:52à plus ou moins grande échelle, évidemment.
01:14:54Et on va conclure avec Sabrina qui nous rejoint.
01:14:56Bonjour Sabrina, merci de prendre la parole.
01:14:58Bonjour Brigitte Lahaye.
01:15:00Bonjour Samuel Dock.
01:15:02Bonjour, bonjour.
01:15:04Je suis un peu stressée en fait.
01:15:06J'ai écouté votre émission
01:15:08sur la blessure d'abandon
01:15:10et je voulais témoigner
01:15:12parce que moi en fait
01:15:14ma maman a commencé à bord
01:15:16je devais avoir six ans
01:15:18et après
01:15:20c'est mon père qui a eu la garde
01:15:22et mon père a arrêté
01:15:24et est parti en prison.
01:15:26Et en fait
01:15:28mon père nous faisait très peur
01:15:30puisqu'on avait trois enfants
01:15:32et quand il est revenu
01:15:34alors contrairement à beaucoup
01:15:36d'enfants, j'ai pas été placée
01:15:38c'est moi qui ai décidé d'aller
01:15:40dans un foyer.
01:15:42Mais quand votre père part en prison
01:15:44vous êtes encore avec votre mère ?
01:15:46Ah non, en fait
01:15:48j'ai vécu toute seule avec mon frère.
01:15:50Mon frère venait d'avoir 18 ans
01:15:52et en fait
01:15:54il y avait une prise en charge
01:15:56avec les instances sociales qui venaient
01:15:58nous voir.
01:16:00Et vous avez quel âge quand votre frère a 18 ans ?
01:16:0212 ans.
01:16:04Et quand votre père revient
01:16:06vous demandez à être placée, c'est ça ?
01:16:08Donc un an en plus, j'avais 13 ans.
01:16:10Quelle maturité !
01:16:12Ah oui !
01:16:14Et quelle volonté de vous en sortir surtout !
01:16:16Oui, c'est pour ça que j'ai écouté
01:16:18votre émission et c'est vraiment
01:16:20super intéressant ce que vous faites
01:16:22ça fait du bien au coeur quand on écoute
01:16:24les autres témoignages, les gens
01:16:26et excusez-moi
01:16:28je suis vraiment émue quoi !
01:16:30Merci, merci
01:16:32Sabrina de m'offrir
01:16:34et d'offrir à Samuel
01:16:36votre vérité parce que
01:16:38nous aussi ça nous émeut de vous entendre
01:16:40émue. Vous savez
01:16:42ça prouve que vous parlez avec votre coeur
01:16:44et c'est ça la vérité.
01:16:46Oui.
01:16:48Mais oui, 13 ans
01:16:50c'est demander à être placée
01:16:52et vous aviez peur, c'est ça ?
01:16:54Peur qu'il vous frappe, peur qu'il...
01:16:56Ah oui, j'avais peur de lui en fait
01:16:58parce qu'en fait
01:17:00oui, en fait, je sais pas comment vous dire
01:17:02j'ai toujours su que mes parents m'aimaient, j'avais pas de soucis sur ça
01:17:04mais lui
01:17:06il était dur, il parait, il criait
01:17:08fort, il faisait peur à tout le monde en fait
01:17:12et là
01:17:14ma maman est décédée
01:17:16cette année
01:17:18et là mon père
01:17:20et là mon père
01:17:22il a 89 ans
01:17:24et la dernière fois
01:17:26j'ai téléphoné, j'ai voulu parler avec lui
01:17:28et du coup
01:17:30on a reparlé de ça
01:17:32et là il m'a dit
01:17:34qu'il était désolé de nous
01:17:36avoir laissé tout seul
01:17:38et là il m'a dit, mais pourquoi t'es parti ?
01:17:40Oh là là, il a toujours pas compris
01:17:42et alors, pourquoi est-ce qu'il a fait de la prison ?
01:17:46C'est des histoires
01:17:48d'argent
01:17:50Qui devait être très grave
01:17:52Oui, beaucoup d'argent
01:17:54Et
01:17:56c'était il y a
01:17:5830 ans
01:18:00Mais
01:18:02donc votre frère qui avait
01:18:0418 ans
01:18:06il était protecteur
01:18:08ou il était
01:18:10Ah ouais, il était très protecteur
01:18:12c'était moi pour moi mon frère
01:18:14c'est quand j'ai parti au foyer
01:18:16c'était vraiment un déchirement
01:18:18et moi je pensais vivre avec lui
01:18:20après
01:18:22Mais c'est ce qui vous a certainement aidé
01:18:24à avoir cette maturité à 13 ans
01:18:26justement pour fuir
01:18:28la violence du père
01:18:30et
01:18:32on peut comprendre aussi
01:18:34l'alcoolisme de votre mère
01:18:36si ce mari était aussi
01:18:38violent, parce que je suppose
01:18:40qu'il devait être assez odieux avec elle aussi
01:18:42Oui
01:18:44après avec l'alcoolisme
01:18:46j'ai écouté justement votre émission
01:18:48sur l'alcoolisme aussi
01:18:50C'est intéressant
01:18:52Avant le décès de votre maman cette année
01:18:54avez-vous pu parler avec elle ?
01:18:56Alors oui
01:18:58mais ma maman
01:19:00elle était
01:19:02comme sur une autre planète
01:19:04C'est-à-dire
01:19:06psychotique par exemple vous voulez dire ?
01:19:08Elle n'avait plus de contact avec la réalité ?
01:19:10Euh
01:19:12pas autiste mais
01:19:14psychotique
01:19:16quand on développe une pathologie psychique
01:19:18on peut par exemple délirer
01:19:20avoir des hallucinations
01:19:22Vous voyez ? La psychose
01:19:24Est-ce que vous pensez qu'elle était malade psychiquement ?
01:19:26Oui oui elle était malade
01:19:28psychiquement mais après
01:19:30elle était toute seule, elle n'avait pas d'amis
01:19:32Ah oui
01:19:34Et après des fois
01:19:36elle se faisait des films
01:19:38Elle manquait de bon sens évidemment
01:19:40Donc elle n'a pas pu vous apporter ces mots
01:19:42que vous auriez aimé qu'elle vous dise n'est-ce pas ?
01:19:44Oui
01:19:46Quand j'ai essayé de reparler de tout ça
01:19:48elle bloquait
01:19:50c'est comme si elle ne l'avait pas vue en fait
01:19:52Oui bien sûr
01:19:54Mais après dans ses yeux
01:19:56j'ai toujours vu qu'elle m'aimait
01:19:58Je reviens sur ce que vous disiez au début
01:20:00quand vous dites
01:20:02qu'au début
01:20:04elle nous donne de l'amour
01:20:06Je sais qu'elle m'a toujours aimée en fait
01:20:08C'est ça qui m'a aidée
01:20:10Oui
01:20:12elle vous a certainement aimée
01:20:14Quand on est
01:20:16alcoolique
01:20:18on fuit une réalité
01:20:20mais ça ne veut pas dire pour ça qu'on n'est pas capable d'amour
01:20:22et j'aime bien
01:20:24parfois rappeler que
01:20:26la foi ou le foi
01:20:28il y a un lien intéressant et quand on boit
01:20:30on abîme son foi
01:20:32parce qu'on ne peut plus avoir la foi
01:20:34Mais ce qui est important
01:20:36oui vous avez été aimée
01:20:38je pense que votre frère, votre grand frère
01:20:40vous a sécurisé aussi
01:20:42et puis
01:20:44vous avez su aussi vous aimer suffisamment
01:20:46pour vous sauver
01:20:48d'une situation qui aurait été peut-être
01:20:50difficile parce que 13 ans
01:20:52c'est un âge important
01:20:54pour une jeune fille
01:20:56c'est le moment où on commence
01:20:58et puis peut-être que
01:21:00dans les familles d'accueil
01:21:02vous avez trouvé quand même
01:21:04un peu de sécurité ou pas ?
01:21:06Ce n'était pas une famille d'accueil, c'était un foyer
01:21:08en fait on était 8 jeunes
01:21:10sur un groupe en fait dans une maison
01:21:12et il y a 4 éducateurs qui tournent
01:21:14c'est ce dont je parlais avec Brigitte
01:21:16hors antenne effectivement il y a vraiment des problèmes
01:21:18et
01:21:20après
01:21:22enfin oui voilà
01:21:24je crois
01:21:26Sabrina et on l'entend dans votre voix
01:21:28je ne sais pas quel âge vous avez, je n'ai pas envie de le savoir
01:21:30on s'en fout mais
01:21:32je pense que vous êtes devenue adulte très vite
01:21:34et
01:21:36c'est ça qui est intéressant
01:21:38vous avez grandi plus vite que la plupart des jeunes filles
01:21:40oui
01:21:42mais tout en gardant une grande vulnérabilité
01:21:44à l'égard de la perte bien sûr
01:21:46c'est-à-dire qu'on grandit trop vite mais on garde un coeur d'enfant meurtri
01:21:48oui c'est ça tout à fait
01:21:50des fois j'ai l'impression d'être une enfant en fait
01:21:52c'est mature sur certains points et très
01:21:54les enfants blessés sur d'autres
01:21:56hélas Sabrina
01:21:58oui c'est ça des fois j'ai facilement la larme à l'oeil
01:22:00et des fois j'ai l'impression d'être une enfant
01:22:02exactement
01:22:04accueillez ça Sabrina
01:22:06vous avez la force qu'il faut
01:22:08pour pouvoir l'accueillir maintenant
01:22:10c'était peut-être pas possible il y a 10 ans
01:22:12mais en plus
01:22:14votre mère est partie
01:22:16donc c'est un moment important de devenir
01:22:18vraiment la femme que vous devez être
01:22:20et cette femme là
01:22:22elle a une force en elle
01:22:24vous l'avez depuis
01:22:26l'âge de 13 ans
01:22:28maintenant il faut accueillir
01:22:30la part vulnérable qui est en vous
01:22:32qui n'est pas forcément une fragilité
01:22:34puisqu'il y a une force pour la soutenir
01:22:36oui
01:22:38et si vous pouvez pleurer
01:22:40que ce soit dans les bras d'une amie
01:22:42d'un amant ou contre un arbre
01:22:44ou avec un animal
01:22:46pleurez, pleurez, pleurez
01:22:48vous allez libérer
01:22:50tout ce besoin
01:22:54de vous libérer de cette souffrance
01:22:56et puis je crois qu'après
01:22:58vous serez ouverte à l'amour, le vrai
01:23:00celui qui fait du bien
01:23:02oui
01:23:04je rejoins totalement Brigitte, l'amour on peut le trouver
01:23:06Sabrina, on peut toujours le trouver
01:23:08cette chaleur, cette contenance, cette sécurité
01:23:10ce soutien qui a fait défaut, on peut le trouver
01:23:12ailleurs qu'auprès de ses parents
01:23:14oui, oui, après je suis mariée
01:23:16et je l'ai trouvé mais c'est vrai que c'est
01:23:18l'histoire en fait
01:23:20oui, vous l'avez
01:23:22trouvé mais à mon avis
01:23:24vous gardez une petite protection
01:23:26qui vous empêche d'être
01:23:28vraiment vous même
01:23:30oui
01:23:32et vous même c'est certainement
01:23:34une belle personne
01:23:36et je pense que ça vous apportera
01:23:38beaucoup plus de joie
01:23:40quand vous pourrez libérer un peu
01:23:42ce flot de souffrance
01:23:44et un rapport plus authentique aux autres
01:23:46de toute façon vous savez
01:23:48Sabrina, on garde toujours la petite fille
01:23:50ou le petit garçon qu'on a été
01:23:52ça c'est sûr, la différence c'est
01:23:54quand on peut l'accueillir
01:23:56avec beaucoup de
01:23:58beaucoup de
01:24:00joie et d'amour
01:24:02ou quand on ne veut pas trop l'accueillir
01:24:04parce qu'on a peur
01:24:06justement qu'il nous fasse pleurer
01:24:08oui, oui, oui
01:24:10parce que des fois ça m'arrive de pleurer
01:24:12et ça m'arrive de faire montrer
01:24:14aux gens et en fait
01:24:16on m'aperçoit, on me dit que je suis hyper sensible
01:24:18et des fois j'ai ce cri à l'intérieur
01:24:20et j'ai envie de leur dire mais vous connaissez pas la vie des gens
01:24:22oui mais
01:24:24ceux qui vous disent
01:24:26hyper sensible c'est ceux qui ont
01:24:28peut-être pas souffert ou qui sont
01:24:30fermés à leur souffrance
01:24:32donc ça parle d'eux, ça parle pas de vous
01:24:34nous on l'entend
01:24:36nous, Samuel et moi
01:24:38on l'entend et on l'accueille
01:24:40et vous aussi on peut vous donner le conseil
01:24:42le même conseil qu'à l'auditrice précédente
01:24:44c'est réussir à constituer des limites
01:24:48entre vous et ceux qui vous font du mal
01:24:50acceptez, imaginez que votre vie est une maison
01:24:52et que vous n'avez pas forcément envie d'y inviter n'importe qui
01:24:54invitez ceux qui vous respectent
01:24:56en tant que personne
01:24:58oui
01:25:00vous avez ce devoir en tout cas
01:25:02de prendre soin de vous
01:25:06et vous en êtes capable
01:25:08merci beaucoup
01:25:10merci beaucoup Sabrina
01:25:12merci à vous Sabrina
01:25:14on va se quitter Samuel
01:25:16je ne vous abandonne pas
01:25:18on se retrouve
01:25:20on se retrouvera très vite
01:25:22en tout cas je rappelle le titre de votre dernier livre
01:25:24l'enfant thérapeute aux éditions Plon
01:25:26demain on sera avec Yves Pslaty
01:25:28on va parler de la sexualité positive
01:25:30comment on améliore notre sexualité
01:25:32pour qu'elle soit définitivement positive
01:25:34et puis comment on aide notre partenaire
01:25:36à ce qu'elle soit plus positive, on en parle demain
01:25:38tout de suite vous retrouvez Alexandre Delovane

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