• l’année dernière
Avec Samuel Comblez

Retrouvez Brigitte Lahaie du lundi au vendredi à partir de 14h sur Sud Radio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
-
________________________________________

Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

________________________________________

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100063607629498
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos de Brigitte Lahaie : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDTwSwAdULSG7Mr2gvFiyJvq

##BRIGITTE_LAHAIE-2023-09-25##
Transcription
00:00:00 CAM4.fr, le plus grand site de webcam live réservé aux adultes.
00:00:04 14h-16h, Brigitta et Sud Radio.
00:00:09 Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio.
00:00:13 Nous allons parler de harcèlement, aujourd'hui en compagnie de Samuel Comblez,
00:00:16 qui pourra nous expliquer pourquoi il est de plus en plus fréquent.
00:00:20 Évidemment, on imagine que les réseaux sociaux ont largement leur part de responsabilité, certes,
00:00:26 mais peut-être que le manque d'éducation a aussi sa grande part de responsabilité,
00:00:31 puisque notre société est de plus en plus narcissique,
00:00:34 elle produit donc des enfants qui ne sont pas vraiment aptes à faire preuve d'empathie.
00:00:39 Ce "moi, moi, moi" devient un petit peu le langage unique dans les classes.
00:00:44 Samuel Comblez va nous aider à décoder les phénomènes d'emprise sur Internet
00:00:49 et le harcèlement qui lui est lié, mais surtout il va nous indiquer quels sont les signes
00:00:54 qui pourraient permettre de voir qu'un adolescent est peut-être au bord du suicide.
00:00:58 Alors vous avez sûrement envie de réagir, de témoigner et bien sûr de poser vos questions.
00:01:03 Alors je vous invite à nous rejoindre et pour ça vous appelez le 0 826 300 300.
00:01:09 Bonjour Samuel Comblez.
00:01:10 Bonjour Brigitte, bonjour à tous.
00:01:12 Alors vous êtes psychologue, psychothérapeute, spécialiste de l'enfance et de l'adolescence,
00:01:17 vous êtes directeur des opérations de l'association e-enfance
00:01:20 et je rappelle qu'on peut appeler d'ailleurs le 30 18,
00:01:24 c'est un numéro d'aide aux victimes de violences numériques.
00:01:28 Ça c'est pour bien vous présenter.
00:01:29 Donc vous êtes, si je puis dire, au cœur de ce sujet de harcèlement
00:01:33 qui semble-t-il aujourd'hui est enfin moins tabou,
00:01:37 puisque même notre président de la République, je crois, on en a parlé hier dans son allocution.
00:01:41 Mais quelque part ça a toujours existé le harcèlement, non ?
00:01:46 Alors ça a existé, c'est vrai qu'en France on est un peu en retard pour prendre en compte ce phénomène.
00:01:52 Ça fait seulement, je dirais, une grosse dizaine d'années
00:01:55 que le ministère de l'éducation nationale s'est emparé de ce sujet
00:01:58 et ça fait vraiment une quarantaine d'années qu'on a commencé à avoir les premiers écrits sur le sujet.
00:02:04 Donc les pays du nord de l'Europe, le Canada, sont beaucoup plus en avance que nous,
00:02:09 à tel point d'ailleurs que notre ministre de l'éducation nationale
00:02:11 est allé rencontrer justement un certain nombre de représentants des pays du nord de l'Europe
00:02:16 qui sont bien plus avancés pour parler des émotions, par exemple, aux jeunes, aux enfants,
00:02:20 pour parler d'empathie, pour mieux gérer la frustration,
00:02:23 parce que je pense que ça a aussi une part de l'explication de ce harcèlement qui est en augmentation,
00:02:29 avec, c'est vrai, des enfants qui ont du mal à supporter la frustration qui les envahit
00:02:34 et à pouvoir, je dirais, la gérer et la tolérer.
00:02:37 Alors c'est vrai que, vous l'avez dit, les réseaux sociaux ont certainement donné une autre dimension au harcèlement.
00:02:43 Le harcèlement a toujours existé à partir du moment où, de toute façon,
00:02:45 il y a deux personnes en relation, d'ailleurs on parle de relation d'emprise,
00:02:49 ça montre bien qu'il faut qu'il y ait une relation pour qu'il y ait emprise.
00:02:53 Eh bien, ce phénomène a toujours existé.
00:02:56 Aujourd'hui, il est mieux connu, c'est vrai, on le comprend mieux, il est mieux accompagné aussi.
00:03:02 Il faut reconnaître qu'il y a eu un certain nombre d'efforts de fait, il y en a encore beaucoup à faire
00:03:06 et malheureusement, je dirais, l'actualité nous le prouve quand on voit que,
00:03:11 48 heures après la rentrée scolaire 2023, un jeune Nicolas de Poissy a mis fin à ses jours
00:03:17 parce qu'il était harcelé, que avant les vacances, la jeune Lindsay a fait la même chose,
00:03:22 une jeune adolescente aussi harcelée par plusieurs élèves de son collège.
00:03:27 Et puis on pourrait remonter comme ça les cas depuis ces derniers mois.
00:03:30 Et c'est vrai que c'est quand même très préoccupant que dans notre pays,
00:03:35 avec tous les moyens qu'on a, parce que quoi qu'on en dise, on en a,
00:03:39 on en soit encore amené à avoir comme statistique d'avoir à peu près l'équivalent d'une classe
00:03:44 qui se suicide chaque année à cause du harcèlement à l'école.
00:03:47 C'est pas rien, c'est entre 25 et 30 élèves par an.
00:03:51 Et c'est vrai que je pense qu'il faut qu'on en parle,
00:03:55 c'est bien que l'émission d'aujourd'hui puisse permettre de mettre des mots sur ce phénomène
00:04:00 parce qu'on se rend bien compte à l'association e-enfance que quand on parle dans des médias comme le vôtre,
00:04:07 ça déclenche des appels sur notre ligne d'écoute sur le 30-18
00:04:09 parce que les victimes se reconnaissent au travers des témoignages qu'on va peut-être entendre cet après-midi.
00:04:15 Parce que quand on est une victime de harcèlement,
00:04:17 la première des choses que l'on fait, c'est exactement l'inverse de ce qu'il faudrait faire,
00:04:21 à savoir de parler.
00:04:23 On se sent coupable et on se retrouve bien sur soi-même.
00:04:25 - Il y a 15 jours, j'ai eu Jean-Michel Guilleneuve qui était là
00:04:30 et qui disait que de toute façon l'adolescent qui est harcelé n'en parle pas à ses parents.
00:04:36 Donc c'est aux parents de faire attention et il nous donnait différents indices
00:04:41 que vous pouvez peut-être nous donner parce que j'imagine que vous les connaissez toutes aussi bien que lui.
00:04:45 - Alors il y a une chose d'abord à avoir en tête,
00:04:49 c'est qu'un jeune qui ne va pas bien change de comportement.
00:04:52 C'est vrai que c'est une des premières alertes.
00:04:55 Alors on peut changer de comportement parce qu'on a une rupture amoureuse,
00:04:58 parce qu'on a une contraindicaté à l'école, etc.
00:05:00 Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, si on veut vraiment accompagner son jeune,
00:05:04 je pense que de poser la question du harcèlement doit faire partie des questions,
00:05:08 peut-être pas quotidiennes qu'on doit poser à son enfant,
00:05:09 mais quand on sent que quelque chose ne va pas bien,
00:05:11 de questionner cette histoire du harcèlement peut amener à un début de quelque chose.
00:05:17 Les jeunes aussi qui étaient plutôt enjoués d'aller à l'école,
00:05:22 qui tout d'un coup refusent d'y aller.
00:05:23 Des jeunes qui étaient sur les réseaux sociaux,
00:05:25 qui tout d'un coup désinvestissent complètement cette sphère numérique.
00:05:29 Des jeunes qui avaient plutôt un bon sommeil,
00:05:34 qui d'un coup aussi ont des difficultés pour s'endormir ou qui ont des réveils nocturnes.
00:05:39 Tout ça doit nous alerter et doivent être l'occasion,
00:05:43 ces différents signes de pouvoir échanger avec le jeune
00:05:47 parce qu'on ne se livre pas spontanément comme ça en totalité quand il s'agit de harcèlement
00:05:52 parce que souvent il y a de la culpabilité associée à cette situation.
00:05:56 Je dirais que toute la stratégie du harcèleur,
00:05:59 c'est de laisser croire à sa victime que ce qui lui arrive c'est de sa faute.
00:06:03 Un peu comme dans l'emprise, dans les relations amoureuses,
00:06:07 dans les couples qui se déchirent et qui se font du mal.
00:06:10 Évidemment on va essayer petit à petit, avec cette relation d'emprise,
00:06:14 de laisser croire à l'autre qu'on agit comme ça parce que c'est l'autre qui nous provoque.
00:06:20 Du coup c'est difficile de sortir de cette situation
00:06:22 parce qu'on a l'impression que ce qui nous arrive c'est normal,
00:06:25 que ce qui nous arrive on en est le responsable
00:06:28 et de pouvoir s'ouvrir à une tierce personne est en général un bon début pour s'en sortir.
00:06:34 Même pas à son meilleur ami, son camarade.
00:06:37 Il paraît qu'en tant que parent on peut poser la question aux parents du meilleur ami
00:06:42 qui parfois lui peut savoir.
00:06:44 Exactement.
00:06:44 Et alors s'agissant en plus du harcèlement,
00:06:46 je vais parler du harcèlement des jeunes qui a lieu souvent à l'école ou sur les réseaux sociaux,
00:06:51 il y a toujours des témoins et ça il ne faut jamais perdre de vue
00:06:55 qu'heureusement il y a beaucoup plus de témoins
00:06:56 et donc beaucoup plus de personnes qui peuvent donner l'alerte,
00:06:59 qui sont des sentinelles qui peuvent justement aller chercher de l'aide auprès des parents,
00:07:04 auprès des forces de l'ordre, auprès des responsables d'un établissement scolaire
00:07:08 et qui peuvent soutenir la victime très simplement.
00:07:11 Donc de pouvoir chercher peut-être quelques indices auprès de l'entourage émical,
00:07:15 ça peut être une bonne solution.
00:07:16 Mais ce qui me paraît moi personnellement un petit peu aberrant,
00:07:19 c'est qu'on se dit mais quand même au lycée, à l'école,
00:07:23 on doit se rendre compte quand même qu'un gamin ou une gamine est harcelé.
00:07:27 Eh ben non.
00:07:28 Ça paraît fou.
00:07:29 Eh non parce que justement le phénomène d'emprise et le harcèlement,
00:07:32 c'est un phénomène très insidieux, très surnoi.
00:07:34 Évidemment on ne harcèle pas sa victime en plein milieu de la cour.
00:07:37 Et les réseaux sociaux sont très pratiques pour ça, si je peux me permettre de le dire comme ça,
00:07:42 parce que souvent les réseaux sociaux,
00:07:43 on les utilise quand on est un adolescent dans l'intimité de sa chambre,
00:07:47 sans en parler à ses parents,
00:07:49 parfois les parents ne sont même pas au courant qu'on est inscrit sur certains réseaux pour les plus jeunes.
00:07:53 Et donc tout le principe va être justement d'isoler la victime.
00:07:57 Ça fait partie aussi de la stratégie ou de la méthode du harceleur,
00:08:01 c'est de pouvoir faire en sorte que ce harceleur ne puisse pas trouver une écoute attentive,
00:08:06 une main tendue qui lui permettra justement de sortir de cette relation.
00:08:09 Et donc non, ce n'est pas si évident que ça.
00:08:14 Et je dirais qu'en plus pour pouvoir sortir de cette relation d'emprise,
00:08:19 souvent il faut que quelqu'un nous donne un peu l'impulsion.
00:08:22 C'est-à-dire que c'est une personne extérieure, un témoin,
00:08:25 qui va nous dire "mais ce que tu es en train de vivre là, ce n'est pas normal,
00:08:27 ce que tu es en train de vivre c'est un délit, il faut le rappeler,
00:08:29 le harcèlement c'est un délit et il faut que tu puisses t'en sortir".
00:08:32 - Et finalement c'est un petit peu comme un couple,
00:08:35 lorsqu'un des membres du couple vit sous l'emprise,
00:08:38 et le harcèlement et l'humiliation quotidienne,
00:08:42 on finit par trouver ça normal,
00:08:44 parce que c'est ta petite dose et ça augmente un petit peu
00:08:47 comme une sorte de poison qu'on insinue.
00:08:52 - Exactement, qu'on accepte.
00:08:53 Et puis je dirais que l'acceptation de la situation
00:08:56 fait partie aussi de la manière pour la victime
00:08:59 de supporter quelque chose d'intolérable.
00:09:01 C'est-à-dire que si vous êtes tous les jours en opposition
00:09:03 à une situation qui vous est insupportable,
00:09:05 ça devient déjà énergivore.
00:09:08 Il faut tous les jours se mettre dans la disposition de "on va lutter contre".
00:09:12 Si à partir du moment où vous commencez à,
00:09:15 d'une certaine manière, accepter cette situation,
00:09:18 ça peut être une forme de stratégie de défense,
00:09:20 de se dire "je normalise ce qui m'arrive"
00:09:23 et du coup ça devient plus supportable.
00:09:24 Ce qui est évidemment compliqué à comprendre quand on n'en est pas sujet,
00:09:29 mais beaucoup de victimes nous le disent.
00:09:30 "J'ai fini par accepter ce qui m'arrivait,
00:09:32 parce que sinon de toute façon je ne pouvais pas m'en sortir".
00:09:34 Et c'était intolérable tous les jours.
00:09:36 En normalisant la situation, en banalisant ce qui m'arrive,
00:09:39 je rends ma situation plus acceptable, plus supportable.
00:09:44 - En tout cas, Samuel Combles est avec nous.
00:09:46 Vous avez des questions à lui poser,
00:09:47 vous avez besoin de ses conseils.
00:09:50 Je rappelle que vous êtes spécialiste de l'enfance et de l'adolescence
00:09:53 et directeur des opérations de l'association e-enfance.
00:09:56 Donc vous êtes, si je puis dire, dans le cœur de la cible.
00:10:00 Donc n'hésitez pas, vous appelez le 0 826 300 300
00:10:03 et Samuel Combles se fera un plaisir de vous conseiller.
00:10:06 Samuel Combles est avec nous.
00:10:12 Nous parlons aujourd'hui du harcèlement.
00:10:14 Vous avez des questions à lui poser.
00:10:15 Vous pouvez nous appeler au 0 826 300 300.
00:10:18 Et bien sûr, venez témoigner.
00:10:19 Comme ça, on comprendra encore mieux ce qui se passe
00:10:22 grâce à votre témoignage, vous le savez.
00:10:24 C'est vous qui faites cette émission.
00:10:26 Bonjour Charles.
00:10:27 - Bonjour Brigitte et bonjour Samuel.
00:10:29 Merci de m'accueillir dans votre émission
00:10:31 et merci pour ce que vous faites surtout.
00:10:33 - Merci.
00:10:33 - Merci à vous de témoigner Charles.
00:10:35 C'est votre fille qui a subi du harcèlement.
00:10:37 - Exactement.
00:10:38 Et je me suis reconnu dans l'introduction,
00:10:40 dans ce qu'a dit Samuel, c'était tout est dit.
00:10:43 Clairement, c'est insidieux.
00:10:44 Les enfants qui s'isolent dans la chambre,
00:10:46 c'était exactement ça.
00:10:48 Mon témoignage, en fait, ça va être ma fille.
00:10:51 Oui, à l'âge de 13 ans, aujourd'hui, elle a 19 ans,
00:10:54 mais à l'âge de 13 ans, à peu près, 12-13 ans,
00:10:57 elle débute au collège.
00:10:59 Et ce n'est pas à l'intermédiaire des réseaux,
00:11:01 c'est toujours par là que ça commence, on a l'impression.
00:11:04 Mais moi, je confirme ça, c'est-à-dire qu'il s'inscrive
00:11:07 sur Facebook alors qu'il faut 18 ans normalement.
00:11:09 Et en fait, il ment sur leur âge.
00:11:13 Ça a permis d'avoir des contacts.
00:11:14 Nous, on avait été...
00:11:16 Moi, j'avais été muté dans une nouvelle région,
00:11:18 ce qui fait qu'on ne connaissait pas vraiment grand monde.
00:11:22 Ses meilleures amies, elle les avait quittées.
00:11:23 Donc, elle était toujours en relation avec une de ses meilleures amies
00:11:26 qui habitait dans la région de départ, en fait.
00:11:31 - Donc, c'est presque pour rester en contact avec elle
00:11:35 qu'elle s'est inscrite sur Facebook, c'est ça ?
00:11:38 - Oui, peut-être que ça y est joué, je ne suis pas sûr.
00:11:41 Peut-être que oui, les réseaux, ils en ont besoin clairement
00:11:45 pour rester en liaison.
00:11:46 Donc, j'imagine que ça peut faire partie
00:11:48 d'un des moyens de rester en contact.
00:11:53 Et donc, elle s'inscrit sur Instagram,
00:11:56 sur tous les réseaux qu'on peut trouver.
00:11:58 Je ne sais plus ce qu'ils en ont d'autres encore.
00:12:00 Et c'est vrai qu'on la voyait un peu s'isoler.
00:12:05 Et un jour, elle me demande...
00:12:07 Moi, j'étais pris dans une turbine au niveau du travail.
00:12:10 Je suis excité un petit peu parce que...
00:12:11 On va dire, pourquoi le père ne le voit pas ?
00:12:13 Oui, il y a la routine du travail, la nouvelle affectation,
00:12:17 donc un nouveau travail, beaucoup de choses à apprendre.
00:12:19 - Et puis, il y a six ans, on en parlait très peu,
00:12:21 donc vous n'étiez pas au courant.
00:12:23 Enfin, je veux dire, peut-être qu'aujourd'hui,
00:12:24 les parents sont plus attentifs, peut-être ?
00:12:27 - On y était plus ou moins alertes, mais peut-être...
00:12:31 Nous, peut-être un peu naïfs aussi.
00:12:33 Voilà les raisons, maintenant, on sait qu'il y a vraiment un danger,
00:12:35 mais un peu aveuglés par tout ce qui nous tourmentait.
00:12:40 Et les enfants, je ne vais pas dire qu'on les met de côté,
00:12:42 mais on fait moins attention.
00:12:45 Clairement, c'est ça.
00:12:46 Et un jour, ma fille me demande,
00:12:49 "Mais papa, est-ce que je peux changer de numéro de téléphone portable ?"
00:12:52 "Bon, si tu arrives..."
00:12:54 "Ouais, un type, ça ne va pas."
00:12:56 "Bon, on change, il n'y a pas de problème."
00:12:59 Et là, il y a son amie qu'on reçoit avec ses parents un été,
00:13:06 et puis elle décide de sortir.
00:13:09 Donc voilà, sans trop savoir ce qui se passait.
00:13:14 Enfin, moi, je l'ai vraiment découverte.
00:13:16 Je dois l'avouer, je l'ai découverte il n'y a que deux mois.
00:13:19 Elle me l'avouait qu'il n'y a que deux mois,
00:13:21 parce que cette personne, elle m'a expliqué
00:13:23 qu'en fait, elle lui a montré sa poitrine.
00:13:25 Au début, c'était ça.
00:13:26 Après, peut-être d'autres choses, elle m'a peut-être pas tout dit.
00:13:28 - À qui elle a montré sa poitrine ?
00:13:30 - À un gars qu'elle a rencontré en local ici, dans la Nouvelle Région.
00:13:35 - Grâce aux réseaux sociaux ?
00:13:39 - Grâce aux réseaux sociaux.
00:13:40 Et c'est grâce à cette nouvelle amie,
00:13:44 enfin, son amie qui était venue un été,
00:13:46 qu'elle a réussi à casser l'emprise.
00:13:49 Mais il y a vraiment cette emprise où elle dit
00:13:51 "J'ai fait des captures d'écran, des screenshots, comme disait le gamin,
00:13:55 et en fait, tu es pris au piège."
00:13:58 Donc elle continue dans ce mauvais jeu quelque part.
00:14:00 Et c'est presque insoutenable, parce que clairement,
00:14:04 nous, on ne le voit pas tout ça.
00:14:05 - Vous voulez dire que donc, elle a envoyé des photos de ses seins, c'est ça ?
00:14:14 - Non, même pas.
00:14:15 En fait, ils sont en cam' là, en caméra interposée.
00:14:20 Donc voilà, ils discutent avec la vidéo.
00:14:22 Et en fait, ils lui demandent de faire ça, puis faire ça.
00:14:25 Et en faisant ça, si vous voulez, l'autre, il fait des captures d'écran.
00:14:30 Donc voilà, après, il y a une impression.
00:14:32 - Et après, il la fait chanter, d'accord.
00:14:33 - Et après, il la fait chanter, c'est ça.
00:14:35 C'est exactement ça.
00:14:37 On ne le voit pas.
00:14:39 Si elle ne m'en avait pas parlé il y a deux mois, là,
00:14:42 je ne le savais pas aujourd'hui, elle a 19 ans, comme je disais.
00:14:45 - On sent d'ailleurs que ça vous émeut beaucoup d'en parler.
00:14:49 - Ah ouais, mais c'est terrible.
00:14:51 - Mais vous savez Charles, si elle vous en a parlé plus longtemps après,
00:14:55 même qu'elle a confiance en vous,
00:14:57 et qu'elle vous en a parlé quand elle a été capable d'en parler,
00:15:00 je pense qu'elle devait certainement être très mal avec tout ça, jusqu'à maintenant.
00:15:06 - Clairement. Et moi, je me pose la question, pourquoi est-ce qu'elle vous en a parlé six ans après ?
00:15:09 C'est certainement parce qu'elle ne voulait, au moment où ça s'est passé, ne pas vous inquiéter.
00:15:15 Ça, c'est quelque chose qu'on entend très souvent de la part des victimes,
00:15:17 c'est "j'en parle pas à mes parents parce que je veux pas les embêter",
00:15:20 et en particulier peut-être dans un moment de changement dans votre vie professionnelle et autre.
00:15:24 Et ça, c'est une caractéristique aussi, parce que les victimes, en fait,
00:15:28 elles ne vont pas chercher de l'aide, parce qu'elles savent très bien que,
00:15:31 narcissiquement, elles ont été attaquées, qu'elles se sentent très affaiblies,
00:15:36 qu'elles se sentent très dévalorisées, et du coup, pour retrouver, je dirais,
00:15:40 un peu de capacité à agir, de pouvoir agir,
00:15:42 elles se mettent dans la tête qu'elles vont s'en sortir toutes seules.
00:15:45 Évidemment, elles n'y arrivent pas toujours, bien souvent pas du tout d'ailleurs,
00:15:49 et en fait, c'est ça qui explique aussi cette solitude,
00:15:53 c'est qu'on ne va pas chercher de l'aide pour ne pas avoir l'impression
00:15:56 qu'on est encore plus victime que ce qu'on pourrait penser dans un premier temps.
00:16:02 Et je me demande si aujourd'hui, maintenant qu'elle a 19 ans,
00:16:05 donc 6 ans après ce qui s'est passé,
00:16:08 elle ne vous en parle pas parce qu'elle se dit qu'aujourd'hui,
00:16:12 vous n'allez plus vous inquiéter, encore que si,
00:16:14 on entend qu'il y a, comme disait Brigitte, encore de l'émotion dans votre voix,
00:16:17 et ce qu'on peut totalement comprendre,
00:16:19 mais j'ai l'impression qu'elle vous semble peut-être plus capable aujourd'hui
00:16:23 de supporter l'annonce de ce qui s'est passé sans vous inquiéter,
00:16:26 sans s'inquiéter même pour elle-même,
00:16:29 puisque j'imagine que la situation est maintenant terminée,
00:16:31 qu'elle n'a plus de contact avec cette personne.
00:16:33 Ma situation de couple a changé,
00:16:38 donc il y a beaucoup plus d'écoute, ce que j'avais moins,
00:16:41 quand ma compagne était encore avec moi,
00:16:44 ce qui fait que je n'avais pas le monopole de l'écoute,
00:16:49 mais disons que je n'avais aucune confiance,
00:16:52 je n'apprenais pas les choses,
00:16:54 il y avait toujours l'emprise de mon ex-compagne,
00:16:57 qui disait "toi tu ne sais pas parler, c'est moi qui vais y aller",
00:17:00 donc effectivement, moi je suis tombé élu,
00:17:04 clairement quand elle m'a annoncé ça,
00:17:06 c'était la chape de plomb qui me tombe dessus.
00:17:09 Si je peux me permettre un commentaire Charles,
00:17:12 et ce n'est pas du tout négatif ce que je vais dire,
00:17:14 mais l'histoire que vous nous racontez est d'une banalité extrême,
00:17:17 c'est-à-dire que ce qui est arrivé à votre fille,
00:17:20 nous sur notre ligne d'écoute le 30-18,
00:17:23 où on a justement la charge d'accompagner les victimes de violences numériques,
00:17:26 et notamment de cyber harcèlement,
00:17:29 je peux vous dire que des situations comme celles que vous nous avez expliquées,
00:17:32 on en reçoit des dizaines chaque semaine,
00:17:34 c'est ce qu'on appelle de la sextortion, du chantage sexuel,
00:17:37 l'idée c'est d'essayer de séduire plus ou moins une jeune fille,
00:17:42 d'entretenir une relation un peu décontractée avec elle par visioconférence,
00:17:46 on se déshabille, on se met un petit peu à l'aise,
00:17:48 et puis une fois que cette période de séduction est passée,
00:17:53 on va prendre du pouvoir sur elle,
00:17:56 et comme vous l'avez très justement dit,
00:17:58 à un moment on est tellement avancé qu'on ne peut plus faire marche arrière,
00:18:01 on se sent coincé, et on ne peut aller que de l'avant,
00:18:04 parce que le harceleur va de plus en plus être menaçant,
00:18:07 montrer qu'il a vraiment cet empris, ce pouvoir sur la victime,
00:18:11 et on va être amené à faire des choses que peut-être 6 ans après,
00:18:15 et c'est peut-être ce qui explique aussi que votre fille en parle aujourd'hui,
00:18:18 c'est que 6 ans après, elle se rend compte qu'elle n'aurait pas dû le faire,
00:18:21 mais à l'époque, et ce n'est pas de son fait,
00:18:25 c'est encore une fois la construction de la relation avec le harceleur
00:18:28 qui a permis qu'elle puisse faire des choses qui dépassent l'entendement,
00:18:32 qui dépassent même sa propre morale,
00:18:36 et sa propre façon habituelle de réagir,
00:18:40 et tout ça, et ça va m'en construire,
00:18:43 et malheureusement ça arrive vraiment tous les jours,
00:18:46 d'où l'importance de pouvoir en parler, et merci pour votre témoignage,
00:18:49 parce que j'espère que d'autres parents vous écoutent,
00:18:51 et se diront "tiens, peut-être que ça, ça pourrait aussi arriver à ma fille",
00:18:54 et 6 ans après, je peux vous dire que des situations comme ça,
00:18:57 il y en a quotidiennement, et de pouvoir expliquer que
00:19:00 quand on commence comme ça à proposer des images un petit peu dénudées,
00:19:04 un peu sexualisées, ça peut être après une espèce d'engrenage qui ne s'arrête pas,
00:19:09 c'est la meilleure des préventions, et c'est la meilleure manière
00:19:12 de faire en sorte que ces jeunes filles ne tombent pas dans les pièges.
00:19:15 - Merci, merci vraiment Charles de votre témoignage.
00:19:18 - Merci.
00:19:19 - On fait une petite pause, et vous aussi, vous pouvez témoigner,
00:19:21 poser vos questions à Samuel Comblez, 0 826 300 300, à tout de suite.
00:19:26 14h16, Brigitte Lahaie, Sud Radio.
00:19:31 14h16, Brigitte Lahaie, Sud Radio.
00:19:34 - Samuel Comblez est avec nous, nous parlons du harcèlement,
00:19:37 vous êtes directeur des opérations de l'association e-enfance,
00:19:40 et je rappelle ce numéro, le 30 18, aide aux victimes de violences numériques.
00:19:45 Alors Samuel Comblez, on va donner la parole à Stéphane, qui témoigne également,
00:19:49 je crois qu'il faudrait rappeler qu'en effet, il y a plus de filles que de garçons
00:19:54 qui sont harcelées, notamment à cause de leur physique ?
00:19:57 - Oui, alors c'est vrai que statistiquement, c'est indéniable,
00:20:00 les victimes principales c'est les filles, pour des raisons liées souvent à leur poids,
00:20:05 leur surpoids, à leur silhouette, à leur goût vestimentaire.
00:20:10 - Bon là c'est facile, d'harceler quelqu'un qui n'est déjà pas bien dans son corps,
00:20:15 on sait à quel point les jeunes filles sont souvent pleines de complexes.
00:20:18 - Exactement, la puberté nous donne un corps qui n'est pas forcément définitif,
00:20:22 donc les choses vont évoluer et on n'est pas forcément très à l'aise avec ce corps.
00:20:25 Et c'est vrai que c'est un peu facile, c'est même complètement facile et très lâche
00:20:31 d'attaquer quelqu'un pour son poids, parce qu'on ne peut pas forcément le réguler comme on le veut,
00:20:36 et puis c'est quoi un poids idéal, c'est quoi une silhouette idéale ?
00:20:39 Il y a une intolérance totale dans tout cela.
00:20:41 Et chez les garçons, ce qui est souvent mis en avant, c'est l'orientation sexuelle,
00:20:46 véritable ou supposée, exactement.
00:20:49 - Les filles qui sont un peu efféminées risquent fort d'être harcelées.
00:20:52 - Exactement, et puis aussi tous les marqueurs de virilité, les muscles, la façon de se comporter,
00:20:58 une espèce de courage qu'on aurait ou qu'on n'aurait pas.
00:21:01 - En fait, rien n'a changé depuis la nuit des femmes.
00:21:04 - Non, le harcèlement reste le harcèlement, après comme on le disait au début de l'émission,
00:21:07 la façon dont il va se répandre a un peu évolué, notamment avec les réseaux sociaux,
00:21:11 mais les êtres humains restent ce qu'ils sont.
00:21:14 - Et peut-être qu'en tant que parent, il faut comprendre qu'un enfant,
00:21:18 il est à un âge où il a envie de découvrir la vie,
00:21:22 donc prêt peut-être à faire des expériences qu'il ne faudrait pas faire,
00:21:26 avec une sorte de pulsion comme ça.
00:21:28 - Tout à fait, et avec une forme de naïveté, et c'est aussi comme ça qu'on apprend,
00:21:32 c'est aussi en faisant des expériences de ce type qu'on peut apprendre, découvrir, etc.
00:21:38 - Ça n'a rien à voir, ce que je voudrais dire juste,
00:21:41 ça n'a pas grand chose à voir avec l'éducation que l'enfant a eue,
00:21:44 il y a des enfants très téméraires qui croient que rien ne peut leur arriver,
00:21:48 déculpabilisons aussi notamment Charles qui a réagi tout à l'heure.
00:21:52 - Oui, et je vais aussi déculpabiliser les parents de harceleurs,
00:21:56 parce qu'on parle souvent des victimes et des témoins,
00:21:59 mais on oublie parfois de parler aussi des harceleurs.
00:22:02 On peut être un excellent parent, mais vraiment le meilleur parent du monde,
00:22:06 et avoir pour autant un enfant harceleur.
00:22:08 - Justement par opposition à un parent trop bien.
00:22:12 - Oui, et puis parce que bien sûr que la façon dont on va être éduqué
00:22:17 va conditionner un certain nombre de choses,
00:22:20 mais ce serait, je dirais, faux de penser que les harceleurs
00:22:24 ne sont que des enfants mal élevés, que des enfants méchants,
00:22:27 qui n'ont pas de cadre, etc., qui ne sont pas élevés avec des règles et des consignes,
00:22:33 et qui n'arrivent pas à respecter, c'est pas du tout ça,
00:22:35 c'est malheureusement beaucoup plus complexe que ça.
00:22:38 Et d'ailleurs, souvent, ce qui est à l'origine d'une situation de harcèlement,
00:22:41 c'est de la discrimination ou de la différence.
00:22:44 Il y a une différence entre le harceleur et sa victime,
00:22:47 et c'est ça qui va générer un début de l'envie, de l'emprise, de la jalousie, des choses.
00:22:52 Et donc dans les meilleures familles du monde, avec les meilleurs parents du monde,
00:22:55 il peut y avoir une forme de discrimination et de différence.
00:22:58 - C'est l'humanité. - Exactement, on n'est pas tous égaux, il faut le supporter.
00:23:01 - C'est bien, Samuel Conglès, de dire tout ça,
00:23:04 parce que c'est vrai qu'on a toujours tendance à aimer mettre les choses dans des cases.
00:23:07 Malheureusement, la complexité humaine est bien plus...
00:23:11 - Et ce qui explique aussi, pour revenir sur le témoignage de Charles,
00:23:14 c'est qu'on peut avoir l'impression, et certainement c'est ce qu'il a fait,
00:23:16 d'avoir parfaitement bien accompagné ses enfants,
00:23:18 mais justement c'est surnoi, c'est beaucoup plus complexe,
00:23:21 et du coup, on peut parfois passer à côté de certaines situations,
00:23:24 et il ne faut pas s'en vouloir, je crois.
00:23:26 - Stéphane est avec nous maintenant. Bonjour Stéphane.
00:23:29 - Bonjour Brigitte, bonjour Samuel. - Bonjour Stéphane.
00:23:32 - Oui, moi, mes expériences sont que...
00:23:36 Moi j'ai deux garçons hyperactifs,
00:23:39 qui ont été décelés très tard,
00:23:41 parce qu'ils avaient toujours des gros problèmes
00:23:44 par rapport au fait de s'adresser aux autres, surtout,
00:23:48 parce qu'ils n'avaient pas le comportement approprié,
00:23:52 et c'est vrai que... Alors je ne pense pas que ce soit du harcèlement,
00:23:55 mais leur difficulté à communiquer avec les autres,
00:23:58 ça les a souvent mis de côté.
00:24:01 - C'est-à-dire qu'ils communiquaient de manière un petit peu trop impulsive ?
00:24:06 - Disons que moi j'ai mon grand, c'était plutôt...
00:24:09 Il avait du mal à interpréter les...
00:24:15 Comment on appelle ça ?
00:24:17 - La communication non-verbale peut-être ?
00:24:19 - Je veux dire, si quelqu'un venait un peu trop brusquement sur lui pour déconner,
00:24:24 lui, on venait l'agresser, donc il tapait facilement.
00:24:28 - D'accord. Donc il était très impulsif, en effet.
00:24:31 - Oui, il n'aimait pas. Puis à un moment, il s'est rendu compte que...
00:24:35 Enfin, de lui-même, que de toute façon, son appréciation de la situation
00:24:41 était toujours erronée, donc il se mettait tout seul en retrait.
00:24:45 Il voulait toujours être plus à l'écart pour ne pas avoir d'histoire.
00:24:48 Et donc, bon, ça s'est amélioré avec le temps, mais c'était assez compliqué.
00:24:53 Je sais que quand il arrivait au secondaire, donc au collège,
00:24:58 les autres faisaient exprès de le titiller parce que lui se mettait seul.
00:25:03 Il venait l'embêter à plusieurs pour justement l'embêter.
00:25:06 - Donc il a quand même subi un peu de harcèlement, visiblement.
00:25:09 - C'est ça. Mais à chaque fois, bon, moi, je me déplace à l'école
00:25:11 parce que le problème, ça tournait dans le sens inverse.
00:25:14 Il se retrouvait à être accablé par tout ce qu'était le corps professoral
00:25:18 parce qu'étant seul, il arrivait quand même à avoir le dessus sur plusieurs.
00:25:23 - Oui, il ne s'occupait pas trop.
00:25:26 - Et bien, c'était lui, parce que vous vous rendez compte, il a tapé.
00:25:30 Il se retrouve à trois ou quatre autour de lui.
00:25:33 Il a eu le dessus, mais il était quand même bien en situation de harcèlement.
00:25:39 Alors on me dit, ah non, non, non, c'est pas du harcèlement.
00:25:42 En plus, à l'époque, je ne sais pas si c'est cette année, c'était il y a cinq ans en arrière,
00:25:47 il ne fallait surtout pas parler d'harcèlement à l'école
00:25:49 parce qu'alors là, ce n'était pas la mode, ce n'était pas le truc.
00:25:53 Non, non, non, ce n'est pas du harcèlement.
00:25:55 - Pas chez nous. - Ce n'est pas vrai.
00:25:56 - Pas de vagues, surtout pas de vagues.
00:25:58 - Ah bien, j'ai dit si, bien sûr que si. C'est du harcèlement.
00:26:00 Donc ça a fini qu'il a fallu que mes enfants ont été retirés du public pour aller en privé.
00:26:06 Et là, ça s'est passé super bien.
00:26:08 Ils avaient un directeur qui connaissait très bien le handicap en général
00:26:14 et savait lui s'adapter au cas par cas par rapport aux enfants.
00:26:19 Moi, il savait que mon gamin pouvait avoir des excès de colère sur l'injustice.
00:26:23 Pour lui, quand il était puni, il y avait toujours une injustice, toujours.
00:26:27 Alors il dit, bon, écoute, je te laisse te calmer et puis on en reparlera quand ça ira mieux.
00:26:31 Et ça pouvait même être le lendemain, il le convoquait.
00:26:35 Et pareil, il dit, tu comprends bien que ton comportement n'était pas approprié quand je te l'ai demandé.
00:26:40 Bon, aujourd'hui, tu as eu le temps de la réflexion. On va en reparler et tu auras la sanction appropriée.
00:26:45 Et il acceptait ses sanctions. Les sanctions, elles étaient toujours justifiées.
00:26:49 Et ça se passait bien. Ça se passait très bien.
00:26:51 Et une fois, mon fils est rentré de l'école, joyeux d'avoir été puni.
00:26:57 J'ai dit, mais qu'est-ce qui s'est passé ? Il dit, oui, parce que à chaque fois que j'étais puni,
00:27:01 c'était toujours moi, alors que ce n'était pas de ma faute.
00:27:03 Là, on était deux fautifs, on a été punis tous les deux. Je suis content.
00:27:07 Au moins, il y avait une justice. Lui qui était sensible à cela,
00:27:12 au moins, il reconnaissait qu'on peut être puni pour avoir fait des bêtises.
00:27:15 Ce que je trouve intéressant dans ce que vous nous expliquez, c'est qu'il y a un apprentissage des émotions
00:27:20 et de la manière de les gérer. Et quand on est comme ça soumis à des problèmes d'hyperactivité,
00:27:26 c'est vrai que ça fait partie aussi du travail thérapeutique de pouvoir mieux les canaliser,
00:27:30 de pouvoir faire en sorte de mieux les comprendre, pour pouvoir en faire quelque chose
00:27:33 qui ne se retourne pas contre nous. Et c'est certainement ce que ce principal de collège a su faire.
00:27:40 Je trouve que de pouvoir revenir sur une situation dans l'après-coup, au moment où l'enfant est disponible
00:27:45 pour pouvoir en parler et le faire progresser comme ça, je pense que c'est une bonne méthode.
00:27:50 En tout cas, ça a fonctionné avec votre fils. Et bravo, parce que c'est tout simple,
00:27:53 mais il faut avoir ce réflexe-là de ne pas gérer le problème au moment où il survient,
00:27:59 et surtout avec des enfants qui, dans ces cas-là, ne sont pas en capacité de pouvoir écouter.
00:28:02 Donc ça, bravo à lui. Qu'est-ce qu'ils sont devenus aujourd'hui, vos enfants ?
00:28:06 Maintenant, ils sont grands. Lui, justement, il a 20 ans, donc il est dans la logistique,
00:28:12 et puis il s'éclate. Lui, il aime tout ce qui est fort. Il fait de la musculation, il fait tout ça.
00:28:18 Donc c'est vrai que déjà, quand il était petit, il faisait une tête de plus que tous les autres,
00:28:22 et puis il avait déjà facilement le plus de cul pour les autres.
00:28:25 Là, aujourd'hui, il est dans son élément. On n'a pas envie de l'attaquer, je crois.
00:28:30 C'est ça. Déjà, à l'époque, je ne comprenais même pas que les autres allaient l'embêter,
00:28:34 puisqu'il avait toujours le dessus, en plus. Je pense que c'était une façon de se challenger par les autres,
00:28:41 mais lui, ça le blessait vraiment beaucoup, parce que ce n'est pas ce qu'il souhaitait, lui.
00:28:46 Il savait que son comportement n'était pas forcément le meilleur.
00:28:50 Sa protection à lui, c'était de se mettre en retrait et en mettant vraiment l'embêté.
00:28:54 Peut-être, Stéphane, on le sait, sa difficulté à mettre des mots et à utiliser le langage
00:29:01 fait qu'à ce moment-là, on utilise les coups. C'est quelque chose qu'on entend souvent.
00:29:05 C'est sûr. Pourtant, il faut bien comprendre, nous, on est vraiment très à l'écoute de nos enfants,
00:29:13 parce qu'on sait que c'est très compliqué. Mais on n'en doute pas, Stéphane.
00:29:16 Et comment dire, en plus, il y a une chose que je ne comprends pas,
00:29:20 c'est que j'ai des enfants qui sont plus que corrects et même attentionnés,
00:29:25 parce que nous, on a eu dans notre entourage des gens qui n'osaient même plus sortir,
00:29:29 parce qu'ils avaient des enfants prisomiques. On dit, viens à la maison.
00:29:33 Oui, mais non, mais en plus, avec tes enfants. Mais je dis, mais les miens, ils sont tolérants.
00:29:39 Ils jouaient, ils ne voyaient même pas la différence. Ils jouaient ensemble.
00:29:42 Et quand on sortait à l'extérieur, ils disaient, mais non, tu te rends compte, dehors, mais tu es avec nous.
00:29:47 Ils jouaient avec nos enfants. Il n'y a aucun problème. Et nous, nos enfants, il n'y a jamais eu de problème.
00:29:51 Ils ont toujours protégé ceux qui avaient un handicap.
00:29:55 Mon deuxième garçon aussi a subi un peu. Quand il s'est retrouvé sur la filière professionnelle,
00:30:00 ses meilleurs copains, c'est des gens sur qui on se serait moqué.
00:30:04 Il y en a un qui parlait du nez. Il y en avait un autre qui était un petit peu enrobé.
00:30:08 C'était un clan. Ils étaient entre eux. Ils avaient leurs petits trucs à eux.
00:30:13 Et personne n'avait les embêtés. Ils étaient entre eux.
00:30:16 Et justement, j'avais une question à vous poser, Stéphane. Est-ce que quand vos enfants étaient plus jeunes,
00:30:20 ils étaient capables d'expliquer cette hyperactivité, ce diagnostic d'hyperactivité ?
00:30:25 Non. Non.
00:30:26 Parce que moi, je me demande aussi si les enfants n'ont pas réagi de manière très négative et avec violence,
00:30:32 parce que peut-être que le comportement de vos enfants avait quelque chose d'anxiogène pour eux.
00:30:37 C'est-à-dire que ce côté très spontané, très impulsif, ils n'arrivaient pas à le décrypter.
00:30:42 Et du coup, pour se protéger, ils agressaient parce qu'ils ne comprenaient pas.
00:30:47 Et je me demande si ça ne pourrait pas être aussi une part de l'explication.
00:30:52 Ça pourrait en tout cas.
00:30:53 Nous, on a été obligés de passer par un traitement pour arriver à les canaliser.
00:31:00 Mais oui, c'était ça plus d'autres choses. Parce que c'était vraiment très, très important.
00:31:08 Leur trouble, ils étaient vraiment, moi, mon grand, ils pouvaient se réveiller en pleine nuit avec des terroirs nocturnes.
00:31:13 Il y avait des gros problèmes.
00:31:14 Ils revivaient la nuit, toutes les agitations de la journée.
00:31:18 Donc, c'était très, très compliqué pour nous.
00:31:20 Mais quand on, donc, dans une première vie, je dirais, on a été voir du monde.
00:31:26 Parce que nous, c'était très, très difficile au quotidien.
00:31:29 On nous a toujours dit que nos enfants n'avaient rien du tout, que c'était un comportement peut-être qui,
00:31:34 alors on a été jusqu'à nous dire qu'ils reproduisaient ce qu'ils voyaient à la maison.
00:31:39 C'est agréable.
00:31:40 D'accord. Bon, OK.
00:31:42 Donc, c'est sur le tard.
00:31:44 C'était sur, je vais dire, mon premier, il devait être en CM1.
00:31:48 Donc, c'est tard qu'il a été diagnostiqué hyperactif sévère.
00:31:54 Et le médecin, donc, il a demandé à voir un petit peu tout l'historique de toutes les démarches que nous, on avait fait avant.
00:32:01 Il a dit mais on est en train de dire partout que vous étiez des mauvais parents.
00:32:05 Alors que je vois tout ce que vous avez fait.
00:32:07 Mais c'est immonde.
00:32:09 Mais ça, c'est un peu le problème.
00:32:11 C'est toujours la faute des parents.
00:32:13 Et puis, quand on ne connaît pas l'hyperactivité, on dit plein de bêtises.
00:32:15 Et vous en avez été la victime.
00:32:17 Parce que franchement, les enfants hyperactifs ne sont pas des enfants de parents qui ne savent pas accompagner leurs enfants.
00:32:23 C'est vraiment une maladie.
00:32:24 Il faut le dire comme ça.
00:32:25 C'est un trouble.
00:32:26 Il faut l'accompagner, le traiter.
00:32:27 On met le diagnostic peut-être un peu trop vite maintenant.
00:32:30 Mais quand il est posé, en tout cas, et surtout quand il y a un traitement médicamenteux en général, c'est que vraiment, c'est avéré.
00:32:36 Ça aide. Et le témoignage de Stéphane le prouve bien.
00:32:38 Merci beaucoup Stéphane.
00:32:40 Thierry va répondre à trois questions intimes.
00:32:42 Vous pourrez en poser une à Samuel Comblez.
00:32:45 D'abord, Thierry, bonjour.
00:32:47 C'est un peu le témoignage de Stéphane qui me fait penser à cette question.
00:32:50 Qu'est-ce qui vous met le plus en colère, Thierry ?
00:32:53 Ah, bonjour.
00:32:55 Merci de m'accueillir une fois de plus.
00:32:57 Je vous en prie.
00:32:59 Qu'est-ce qui me met le plus en colère ?
00:33:01 L'intolérance.
00:33:03 L'intolérance.
00:33:05 Ça me met un petit peu hors de moi.
00:33:08 Vous devez être assez souvent en colère alors.
00:33:10 Oui, c'est vrai.
00:33:13 C'est pas faux.
00:33:15 Qu'est-ce qui vous excite le plus ?
00:33:17 Au sens sexuel, pas au sens d'être en colère.
00:33:21 Oui, bien sûr.
00:33:23 Qu'est-ce qui m'excite le plus ?
00:33:25 Je ne suis pas quelqu'un de très sexuel.
00:33:29 Non, je ne suis pas quelqu'un de très sexuel.
00:33:32 J'ai vécu, d'ailleurs, ma compagne actuelle,
00:33:37 avec qui je fais un petit morceau de chemin,
00:33:39 ne me croit pas parce que j'ai été marié pendant 40 années.
00:33:43 Et pendant 40 années, je n'ai jamais trompé ma femme
00:33:47 et je n'ai jamais été sexuellement attiré par autre chose.
00:33:50 Donc, je ne suis pas très sexuel.
00:33:52 On ne peut pas tromper sa femme et être très sexuel.
00:33:56 Ce n'est pas incompatible.
00:33:58 Qu'est-ce qui vous excite dans votre compagnie actuelle ?
00:34:04 Ce qui m'excite, c'est ça.
00:34:09 Elle est très caline.
00:34:11 Vous fonctionnez à l'amour et à la tendresse, Thierry, c'est ça ?
00:34:14 À l'affectif.
00:34:16 C'est une bonne réponse.
00:34:20 Dernière question, quel serait votre plus grand défaut ?
00:34:28 Quand je suis avec quelqu'un, je veux que cette personne soit elle aussi avec moi.
00:34:34 Un peu possessif ?
00:34:36 La possession, oui.
00:34:39 On sait tout de vous, presque, Thierry.
00:34:43 Je vous laisse poser une question à Samuel Comblasi.
00:34:47 Je l'avais une, mais elle va être obsolète.
00:34:53 Je vais la poser quand même.
00:34:55 A l'heure actuelle, le harcèlement des jeunes est à la une.
00:35:03 Quelle est votre réaction là-dessus ?
00:35:06 Quelle est votre position là-dessus ?
00:35:08 Quel est votre ressenti ?
00:35:10 La question est très large.
00:35:12 Elle n'est pas du tout obsolète.
00:35:14 Le harcèlement, c'est un fléau.
00:35:17 Il faut que nous, les adultes, les enseignants, les coachs sportifs, les policiers, les gendarmes,
00:35:27 tous ceux qui sont présents aux côtés des jeunes au quotidien,
00:35:30 se mobilisent beaucoup plus contre ce fléau, contre le harcèlement.
00:35:35 Une façon de se mobiliser, c'est déjà de s'informer.
00:35:38 Souvent, ce qu'on entend de la part des victimes, c'est "je suis allé vers un adulte
00:35:42 parce que je pensais être un adulte de confiance, quelqu'un de compétent.
00:35:45 Je me suis rendu compte qu'il ne connaissait pas du tout le sujet,
00:35:47 qu'il ne savait pas comment m'accompagner.
00:35:49 Du coup, ma parole est tombée.
00:35:52 Il n'y a rien de pire pour une victime, pour la décourager de se faire aider,
00:35:58 que d'avoir quelqu'un qui est en face d'elle,
00:36:00 qui en plus a été identifié comme capable de pouvoir l'aider et qui ne peut rien faire.
00:36:04 Qui répond "ce n'est pas grave".
00:36:06 C'est un jeu entre enfants.
00:36:08 Les bêtises qu'on peut encore entendre aujourd'hui autour du harcèlement,
00:36:10 les idées reçues qui sont encore très fortement associées au harcèlement.
00:36:14 Pour moi, c'est vraiment un travail à faire.
00:36:18 De manière mondiale, ce qui a été prouvé, c'est qu'il y a moins de harcèlement
00:36:25 dans tous les pays du monde à partir du moment où la sphère politique,
00:36:30 à partir du moment où il y a un cadre juridique qui a été posé dans le pays
00:36:35 et qui a une vraie prise de conscience collective au niveau du pouvoir politique.
00:36:41 C'est ça qui fait baisser les situations de harcèlement.
00:36:44 Là aussi, on a fait beaucoup, mais je pense qu'il y a encore beaucoup de choses à faire.
00:36:47 En tout cas, on avance.
00:36:48 Merci beaucoup Thierry. On fait une petite pause.
00:36:50 On se retrouve dans un instant sur Sud Radio.
00:36:52 CAM4.fr, le plus grand site de webcam live réservé aux adultes.
00:36:57 14h-16h, Brigitte Lahaie, Sud Radio.
00:37:01 Nous continuons à évoquer le harcèlement avec vous bien sûr sur Sud Radio.
00:37:05 Et Samuel Comblez qui est avec nous et qui est donc directeur des opérations de l'association e-Enfance.
00:37:12 Bonjour Sophie.
00:37:13 Bonjour Brigitte. Bonjour Samuel.
00:37:16 Bonjour Sophie.
00:37:17 Donc, vous voulez que… J'ai hâte pour un petit peu raconter ce qui s'est passé par rapport à mon fils.
00:37:25 Donc, un peu dans la tranche d'âge similaire aux autres, puisqu'il avait 13 ans, il était en quatrième.
00:37:33 Et en fait, je vais vous expliquer.
00:37:36 Mais ce qui m'a le plus énervée dans l'histoire, c'est l'absence de réaction en fait,
00:37:41 que ce soit de l'établissement que du rectorat, parce que j'entends beaucoup parler du rectorat actuellement.
00:37:47 Et je tiens à dire que le rectorat, c'est une horreur.
00:37:50 C'est-à-dire que quand on veut y aller, la porte est close.
00:37:53 Vous n'avez pas de rendez-vous, on ne vous laisse pas rentrer.
00:37:56 Pour avoir un rendez-vous, j'en ai demandé, j'en ai jamais eu.
00:38:00 La personne de SES harcèlement, elle m'a rappelé… L'affaire était close en fait, j'avais réglé autrement,
00:38:07 je vous expliquerai comment, mais elle m'a rappelé quand même quatre mois après.
00:38:10 Un enfant qui vous parle suicide, il a besoin d'une réaction rapide.
00:38:14 Et donc, votre fils vous a parlé ? C'est-à-dire qu'il est venu vous raconter qu'il était harcelé, qu'il n'en pouvait plus ?
00:38:22 Oui, en fait, au bout de trois semaines de rentrée, il fait de l'allemand.
00:38:29 Et donc, la première année, ça allait, la deuxième à peu près,
00:38:33 parce qu'en fait, ils avaient fait une classe un petit peu avec que les bons élèves qui faisaient allemand, etc.
00:38:38 Et puis en quatrième, ils ont décidé de faire de la mixité.
00:38:42 Donc, ils ont mis, ce n'est pas une mauvaise chose en soi,
00:38:45 mais ils ont mis du coup des très bons élèves avec des très mauvais.
00:38:49 Parce qu'il n'y avait pas de moyens, en fait. Ils m'ont expliqué qu'il y avait des très bons et des très mauvais.
00:38:53 Et donc, les très bons, c'était sept de la classe allemande à être dans cette classe,
00:38:58 avec quinze élèves qui tournaient autour des deux, trois, quatre, cinq de moyenne,
00:39:04 alors que les sept germanistes avaient dix, dix neufs.
00:39:08 Au bout d'une semaine de rentrée, sur les sept germanistes, il y en a trois qui ont changé de classe.
00:39:15 Moi, c'est vrai que j'ai été à la traîne, je ne vais pas les nuire.
00:39:18 Bon, il était avec ses copains, je me suis dit, bon, voilà, je ne vais pas l'enlever,
00:39:23 alors que son meilleur copain, il en fait classe.
00:39:26 Et en fait, très rapidement, les quinze gamins qui restaient, sont pris aux quatre germanistes qui restaient là.
00:39:35 - Et là, encore une fois, Samuel, on voit de l'envie, la différence.
00:39:39 - Ah oui. - Toujours les mêmes éléments.
00:39:42 - Ah non, mais à tous les niveaux. D'abord, c'était les quatre bons de la classe.
00:39:45 Donc les autres, évidemment, les profs font cours pour les bons, ils ne font pas cours pour les mauvais.
00:39:49 Ensuite, c'était les seuls à avoir leur fourniture scolaire,
00:39:54 parce que les autres, les quinze, ce que je ne vous dis pas, c'est qu'ils sont...
00:39:57 Moi, je suis dans Paris-Intramuros, 13e arrondissement, mais on est encerclé par les cités HLM.
00:40:02 Mais ce n'est pas mal, moi, je suis pour la mixité, je suis la première à le prôner.
00:40:05 Seulement, ça, ce n'est pas de la mixité.
00:40:07 Quand il y a 15 mecs d'une cité HLM et quatre pauvres gars qui ne sont pas de la cité,
00:40:12 qui sont paumés, qui n'ont pas l'école et qu'on balance au milieu,
00:40:15 avec effectivement une différence à tous les niveaux,
00:40:19 une différence de revenus, une différence de niveau aussi scolaire,
00:40:24 ça ne peut pas bien se passer. Ce n'est pas vrai, c'est faux. La mixité, ce n'est pas ça.
00:40:28 Et là, en fait, au bout de trois semaines, mon fils est venu me dire que ça n'allait pas du tout,
00:40:35 qu'il se faisait insulter en cours, qu'il se faisait frapper pendant les cours de gym,
00:40:39 et que c'était en cours, devant les profs, et que les profs ne réagissaient pas.
00:40:44 Et pourquoi dépasser, Samuel Comblez ?
00:40:49 Oui, dépasser, souvent, c'est un peu ce que je disais tout à l'heure,
00:40:52 l'impression que ce n'est pas si grave que ça, le harcèlement,
00:40:55 que c'est des jeux entre enfants qu'il faut laisser faire,
00:40:58 qu'on y est tous passé, que ça n'a jamais tué personne, ce qui n'est pas vrai.
00:41:01 Le harcèlement, ça tue, il faut le dire.
00:41:03 Et effectivement, l'impression aujourd'hui que c'est quelque chose de très banal,
00:41:09 qui fait partie des relations normales entre adolescents,
00:41:12 et avec, il faut reconnaître, il y a des enseignants qui font des choses extraordinaires contre le harcèlement,
00:41:17 et puis il faut reconnaître aussi, dans certaines équipes,
00:41:20 on peut déplorer qu'il y ait si peu de choses.
00:41:23 Souvent, ça tient d'ailleurs à la personnalité, je l'ai remarqué, du chef d'établissement.
00:41:27 Quand on a un chef d'établissement qui s'empare vraiment du sujet,
00:41:29 qui a vraiment envie que dans son établissement, cette question du harcèlement,
00:41:33 elle soit vraiment traitée, à la fois en termes de prévention et de traitement,
00:41:36 quand il y a des situations qui malheureusement surviennent quand même,
00:41:39 il faut reconnaître qu'on a une équipe éducative qui est dynamique.
00:41:43 Mais s'il n'y a pas de volonté à la tête de l'établissement,
00:41:45 bien souvent, on laisse pourrir des situations, en espérant qu'elles se solutionnent toutes seules,
00:41:51 mais visiblement, ce que vous nous dites, c'est que ça ne s'est pas solutionné.
00:41:53 - Et donc Sophie, vous l'avez changé d'école, j'imagine ?
00:41:56 - Oui, mais ce que je voulais juste dire, pour revendiquer sur ce que vous avez dit,
00:42:00 moi, j'ai quand même demandé un changement de classe qui m'a été rechisé,
00:42:03 avec les quatre enfants, puisqu'on ne voulait pas les quatre être dans la même situation.
00:42:09 Donc on s'est réunis, on a dit qu'il faut qu'ils changent tous les quatre.
00:42:12 On a eu une réunion au bout de deux semaines, donc au bout de trois semaines
00:42:15 de rentrée scolaire avec les autres parents.
00:42:17 Que ce soit la réunion de rentrée scolaire ou d'autre réunion,
00:42:19 on était sept parents sur 21 élèves. Vous vous rendez compte ?
00:42:22 Sept parents sur 21, enfin, c'est une différence.
00:42:24 C'est pour ça que je dis ça à tous les niveaux.
00:42:26 En fait, les gens qui ne sont pas de la cité, ils ne mettent plus leurs enfants dans le public.
00:42:30 Ils les mettent dans le privé. Donc en fait, le public se vide.
00:42:34 Et il reste quoi ? Il reste les cités HLM.
00:42:37 Et ça, on ne va pas y arriver, en fait. C'est un cercle vicieux.
00:42:40 Si les gens ne peuvent pas mettre leurs enfants dans le public,
00:42:44 les gens qui ont un certain niveau de vie, etc., même dans Paris,
00:42:48 on va se retrouver avec le système américain.
00:42:51 Les gens qui n'ont pas les moyens dans le public
00:42:55 et puis les gens qui ont un peu de moyens dans le privé.
00:42:57 Mais ce n'est pas normal.
00:42:59 - Non, et puis c'est horrible parce qu'on en arrive,
00:43:01 au contraire de ce qu'avait fait Jules Ferry, justement,
00:43:04 l'école était un lieu où tout le monde avait ses chances.
00:43:07 Et là, on en arrive à nouveau à un clivage insupportable.
00:43:11 Vous avez raison, Sophie.
00:43:13 Votre témoignage, il est malheureusement assez révélateur
00:43:16 d'une réalité qu'on se cache encore
00:43:18 parce que ce n'est pas très drôle de se rendre compte de cette réalité-là.
00:43:22 Mais votre témoignage, merci.
00:43:24 Merci parce que je crois que...
00:43:26 - Je vais dire quelque chose d'important.
00:43:29 C'est que j'ai appris de par cette expérience
00:43:32 qu'en fait, les collèges, quand ils sanctionnaient
00:43:35 et qu'ils faisaient des conseils de discipline,
00:43:37 étaient mal notés.
00:43:39 Et que c'est une des raisons pour lesquelles
00:43:41 moi je les ai suppliés, je leur ai dit "s'il vous plaît,
00:43:43 il faut les sanctionner, mais ils sont 15, ils sont trop nombreux,
00:43:45 on ne peut pas tous les virer."
00:43:47 Il y a des endroits, il y a le centre rue Pâté
00:43:49 dans le Prézienne qui accueille les minorités scolarisées,
00:43:51 on peut les visiter une journée, deux jours,
00:43:53 on n'est pas obligé de les virer à l'État d'États-Unis.
00:43:55 Mais il faut les sanctionner.
00:43:56 Et bien non, en fait.
00:43:57 Pas sanction parce qu'on ne veut rien,
00:43:59 on veut que ce soit libre.
00:44:00 - Alors ça, Sophie, c'est quelque chose qu'on entend
00:44:02 assez souvent aussi.
00:44:04 Donc évidemment, là, il est temps de donner la parole aux infos.
00:44:08 Mais je vais faire réagir Samuel Comblez après les infos.
00:44:12 Et puis restez avec nous, Sophie,
00:44:14 pour réagir avec Samuel.
00:44:17 Votre témoignage, malheureusement,
00:44:19 est assez proche aussi de la réalité.
00:44:22 Et puis, avant les infos,
00:44:24 je vous donne aussi ma devinette.
00:44:26 Alors, "Roméo et Juliette".
00:44:28 "Roméo et Juliette", c'est une belle histoire d'amour
00:44:30 qui termine mal, évidemment,
00:44:32 mais elle a beaucoup changé, cette histoire,
00:44:34 avec le monde actuel.
00:44:36 Alors, comment on appelle maintenant cette histoire
00:44:38 "Roméo et Juliette" ?
00:44:40 Vous avez le temps des infos.
00:44:41 - Je vais réfléchir. - Je vais essayer de me trouver
00:44:42 une réponse cohérente.
00:44:44 14h16, Brigitte Laé, Sud Radio.
00:44:48 - Nous continuons durant cette deuxième heure
00:44:50 à évoquer le harcèlement avec Samuel Comblez.
00:44:54 Vous avez eu envie d'aborder ce sujet
00:44:56 parce qu'il est malheureusement
00:44:58 terriblement là dans les médias, tous les jours.
00:45:02 Et puis, je crois qu'on peut aider
00:45:05 ceux qui nous écoutent à en prendre conscience
00:45:07 parce que je pense que c'est une vraie prise de conscience
00:45:09 dont on a besoin à tout niveau.
00:45:11 - Et puis, on est dans une semaine importante
00:45:13 pour la lutte contre le harcèlement
00:45:15 puisque normalement, cette semaine, mercredi matin,
00:45:17 je crois d'ailleurs, la Première Ministre,
00:45:19 Elisabeth Borne, doit annoncer le plan
00:45:21 justement de lutte contre le harcèlement
00:45:23 et le cyberharcèlement,
00:45:25 qui est ce sujet, la grande cause nationale
00:45:28 du gouvernement pour la rentrée.
00:45:30 Et donc, c'était important d'en parler
00:45:33 pour dire qu'il faut mettre des mots
00:45:36 sur ce qui se passe, inviter les victimes
00:45:38 à parler, à sortir de cet enfermement
00:45:40 dans lequel elles sont.
00:45:42 Parce que déjà, de supporter le harcèlement,
00:45:44 c'est compliqué, mais en plus de vivre la solitude
00:45:46 et ce silence qu'on leur impose,
00:45:48 c'est insupportable.
00:45:50 Et que, même si c'est difficile,
00:45:52 et j'en ai bien conscience,
00:45:54 de mettre des mots sur ce qu'on ressent
00:45:56 et d'aller chercher de l'aide,
00:45:58 c'est le meilleur moyen pour pouvoir s'en sortir.
00:46:00 - Et tous ceux qui travaillent avec des ados,
00:46:02 peut-être aussi les informer,
00:46:04 ce serait important.
00:46:06 Le réflexe 30-18, parce qu'il n'y a pas
00:46:08 beaucoup de numéros pour aider ces jeunes
00:46:10 à s'en sortir, et le 30-18 a la capacité
00:46:12 de faire supprimer des contenus
00:46:14 auprès des réseaux sociaux.
00:46:16 On travaille beaucoup avec les forces de l'ordre,
00:46:18 avec Pharoz,
00:46:20 qui est le signaleur de confiance,
00:46:22 pour pouvoir supprimer des contenus
00:46:24 et les signaler auprès des autorités.
00:46:26 Donc, ayez ce réflexe 30-18.
00:46:28 On est ouverts tous les jours, de 9h à 23h,
00:46:30 7 jours sur 7.
00:46:32 - Alors, Roméo et Juliette,
00:46:34 ça ne marche plus trop aujourd'hui,
00:46:36 donc c'est quoi ? Vous avez réfléchi ?
00:46:38 - J'ai réfléchi,
00:46:40 mais je n'ai pas trouvé.
00:46:42 - C'est "Rodeo sur Juliette".
00:46:44 - D'accord.
00:46:46 - Alors, Sophie est toujours avec nous.
00:46:48 Vous avez envie,
00:46:50 peut-être, de connaître la réponse
00:46:52 de Samuel Comblez. En tout cas, je vous laisse
00:46:54 dialoguer tous les deux.
00:46:56 Vous n'aviez pas l'air d'accord avec Sophie.
00:46:58 - Non, je voulais
00:47:00 revenir juste, Sophie, sur ce que
00:47:02 vous disiez sur le fait qu'un établissement scolaire
00:47:04 qui signale des faits de harcèlement
00:47:06 ne serait pas bien noté,
00:47:08 et ça expliquerait son silence. Vous avez raison,
00:47:10 mais en fait, ça a changé.
00:47:12 Il y a eu, justement, cette prise de conscience
00:47:14 de ce que vous avez expliqué, c'est qu'évidemment,
00:47:16 un établissement scolaire n'a pas envie d'être mal noté par sa hiérarchie,
00:47:18 on n'a pas envie de savoir qu'il a
00:47:20 mauvaise réputation, et donc ce système
00:47:22 de sanctions et de mauvaises notes
00:47:24 a été aboli. Alors, je crois que c'est
00:47:26 Jean-Michel Blanquer, de mémoire,
00:47:28 qui a modifié cette disposition,
00:47:30 ce qui fait qu'aujourd'hui,
00:47:32 un établissement qui signale ou qui ne signale pas
00:47:34 n'est pas plus ou moins bien noté qu'un autre.
00:47:36 Voilà, donc je voulais juste rectifier ça
00:47:38 parce que c'est important
00:47:40 et votre réaction
00:47:42 est tout à fait entendable. Moi-même, quand j'ai
00:47:44 su qu'on pouvait être sanctionné
00:47:46 parce qu'on avait signalé des faits de harcèlement,
00:47:48 ça paraît complètement aberrant.
00:47:50 - En fait, ce n'est pas les signalements des faits de harcèlement,
00:47:52 on a dit les conseils de discipline. Alors moi,
00:47:54 pour moi, c'est des germains qui doivent aller au conseil de discipline,
00:47:56 et on a dit, plus il y a de conseils de discipline,
00:47:58 moins l'établissement est bien noté.
00:48:00 Donc en fait, ils ne les envoient pas au conseil de discipline.
00:48:02 Donc, c'est...
00:48:04 Je trouve ça assez
00:48:06 hallucinant parce que moi, l'absence de sanctions
00:48:08 a aujourd'hui les gens qui ont embêté
00:48:10 mon fils. Donc, il faut quand même savoir que c'est
00:48:12 le premier à avoir parlé, que ses trois autres
00:48:14 camarades n'ont parlé qu'une fois que j'ai appelé
00:48:16 les parents pour leur dire "voilà ce qui se passe",
00:48:18 parce qu'en fait, ils étaient réunis à la maison
00:48:20 tous les quatre, et je les ai entendus
00:48:22 parler. Et là, je me suis mise à pleurer.
00:48:24 C'était l'horreur. Rien que d'en parler,
00:48:26 j'ai la gorge moueuse. - D'accord, c'est pas
00:48:28 votre fils qui est venu en parler, mais vous avez
00:48:30 surpris la conversation ? - Il m'en a parlé. Il m'a dit "maman,
00:48:32 ça va pas". Et en fait, je les ai
00:48:34 invités, voilà, mais sans penser
00:48:36 qu'eux, et en fait, je travaillais
00:48:38 dans mon bureau à côté, et là, j'ai entendu
00:48:40 leur conversation, et là,
00:48:42 j'ai compris, quoi. J'ai compris que c'était
00:48:44 tous les jours... - Vous avez réagi tout de suite, bravo.
00:48:46 - Tous les jours des tapettes, tous les jours
00:48:48 des insultes, des insultes
00:48:50 racistes, hein, faut dire les choses aussi.
00:48:52 Et euh...
00:48:54 Et donc, c'était l'horreur. Et donc,
00:48:56 j'en ai parlé aux parents, et là, les enfants
00:48:58 se sont lâchés, et les
00:49:00 enfants ont tout raconté à leurs parents.
00:49:02 Et pour finir l'histoire, quand même, sur
00:49:04 les quatre qui étaient embêtés,
00:49:06 donc, moi, j'ai quitté ce
00:49:08 collège, puisque j'avais fait une demande de changement
00:49:10 de collège, on m'avait dit "oui, on vous
00:49:12 met dans le bon collège du 13ème".
00:49:14 On m'a fait un mail avec le nom
00:49:16 du collège et tout. Finalement, quand j'ai reçu
00:49:18 la sectation, c'était en ZEP, merci
00:49:20 beaucoup, à plus d'une demi-heure
00:49:22 de chez moi, donc il était
00:49:24 censé se taper une heure à l'aile et une heure au tour
00:49:26 pour aller au collège,
00:49:28 alors qu'il y a des collèges à 10 minutes
00:49:30 de chez moi.
00:49:32 En gros, ils m'ont dit
00:49:34 clairement qu'ils voulaient pas qu'il parte, comme c'était un bon
00:49:36 élève, ils avaient intérêt à le garder.
00:49:38 Donc moi, effectivement,
00:49:40 j'ai craqué, j'ai signé en privé,
00:49:42 en privé, qui est, franchement,
00:49:44 sont adorables, quoi, c'est des gens extraordinaires,
00:49:46 super gentils, à mon avis, ils ont
00:49:48 franchement sauvé la vie de mon fils,
00:49:50 qui parlait suicide, puisqu'il rentrait le soir,
00:49:52 dans son lit, qui se mettait à pleurer.
00:49:54 Et donc, un mois après,
00:49:56 il y a... - Mais, excusez-moi...
00:49:58 - C'est pareil. - Oui, excusez-moi, Sophie,
00:50:00 je vous coupe, mais Samuel Comblez, c'est pas la
00:50:02 première fois qu'on entend que dans le privé, il y a moins
00:50:04 de harcèlement, c'est dû à quoi ?
00:50:06 - Ben...
00:50:08 - Osons, enfin, on parle vrai sur
00:50:10 Sud Radio, je sais bien que c'est... - Alors, je pense
00:50:12 qu'un des remparts contre le harcèlement,
00:50:14 c'est la présence des adultes, je pense que quand on
00:50:16 s'oblige, dès qu'il y a une
00:50:18 situation, à réagir,
00:50:20 et même si elle n'est pas révélée
00:50:22 par les jeunes,
00:50:24 d'avoir en tout cas le réflexe d'une observation,
00:50:26 d'un contrôle, d'une surveillance,
00:50:28 je pense que ça limite par autant
00:50:30 le risque
00:50:32 que ces situations ne surviennent. Alors, c'est vrai
00:50:34 que dans le public, on entend souvent, il n'y a pas
00:50:36 assez de personnel, il n'y a pas assez de moyens pour lutter
00:50:38 contre ça, peut-être que, effectivement, les établissements
00:50:40 privés ont
00:50:42 plus de possibilités de personnel,
00:50:44 pour pouvoir accueillir
00:50:46 ces jeunes et pouvoir
00:50:48 réagir rapidement, parce que souvent,
00:50:50 ce qui fait dégénérer la situation,
00:50:52 c'est qu'on ne l'apprend pas
00:50:54 à bras le corps, dès les tout premiers
00:50:56 moments, en fin de compte, et on la laisse pourrir,
00:50:58 on la laisse dégénérer,
00:51:00 et donc, pour moi, ça peut être
00:51:02 une bonne partie de l'explication, c'est de
00:51:04 se dire que, voilà, dans le privé, il y a peut-être
00:51:06 des moyens supplémentaires qui permettent
00:51:08 d'être beaucoup plus réactifs qu'on ne peut l'être
00:51:10 dans le public. - Alors, pour moi,
00:51:12 dans le privé, on peut virer l'élève, c'est surtout ça.
00:51:14 C'est-à-dire que le harcèleur, il est viré.
00:51:16 Il ne reste pas. On n'en veut pas.
00:51:18 Donc, au moins, c'est clair, il va dehors.
00:51:20 - Alors, là où je vous rejoins, ce que vous disiez aussi tout à l'heure,
00:51:22 et c'est tout à fait juste, c'est que, c'est vrai qu'on manque
00:51:24 de sanctions, ou en tout cas, les sanctions ne sont pas
00:51:26 assez graduées, c'est-à-dire qu'on est tout de suite dans
00:51:28 soit rien, soit tout de suite quelque chose
00:51:30 d'énorme, et je pense qu'on
00:51:32 devrait, on doit, et
00:51:34 j'espère que c'est ce qui va être annoncé,
00:51:36 une des parties du plan
00:51:38 contre le harcèlement annoncé cette semaine,
00:51:40 c'est de pouvoir avoir davantage de sanctions,
00:51:42 parce que c'est un très mauvais message
00:51:44 adressé aux harcèleurs
00:51:46 que de savoir que, de toute façon, quand il y a du harcèlement,
00:51:48 il n'y a pas de suite, en fin de compte,
00:51:50 il n'y a rien qui se passe, et alors ça,
00:51:52 pour engendrer après d'autres comportements
00:51:54 et voir les attiser,
00:51:56 c'est vrai que, pour un enfant, c'est compliqué de se dire
00:51:58 que ce qu'il fait est interdit si
00:52:00 les autres qui ont fait la même chose n'ont pas été sanctionnés.
00:52:02 Donc là, il faut vraiment qu'il y ait une grosse
00:52:04 avancée et que les choses bougent. Vous avez raison.
00:52:06 - Oui, et puis alors, le viré,
00:52:08 c'est ridicule, parce qu'il va aller dans un autre
00:52:10 harcèlement, il va recommencer encore plus...
00:52:12 - Oui, il ne sera pas avec ses copains.
00:52:14 Moi, ma fille, mon fils, il a dû quitter
00:52:16 le collège seul.
00:52:18 Moi, je voulais qu'il parte avec ses copains.
00:52:20 Ils étaient quatre à être harcelés.
00:52:22 J'ai demandé avec les quatre parents qu'ils soient tous les quatre
00:52:24 mis dans un autre collège. On m'a répondu "c'est impossible".
00:52:26 J'ai demandé à qu'il soit mis avec son
00:52:28 meilleur copain dans un autre collège.
00:52:30 On m'a dit "c'est impossible". Donc c'était à lui de partir
00:52:32 et à lui d'abandonner ses copains. Et ça, il l'a
00:52:34 vraiment mal vécu. - Et bien oui, et ça, c'est franchement
00:52:36 pas normal. Et alors ça, c'est un des
00:52:38 changements de cette rentrée. C'est qu'auparavant,
00:52:40 c'était à la victime de quitter l'établissement
00:52:42 pour pouvoir se protéger de son harceleur.
00:52:44 Ce qui est quand même absolument insupportable.
00:52:46 A partir de cette rentrée, Gabriel Attal,
00:52:48 sur proposition d'ailleurs de son prédécesseur,
00:52:50 je pense que c'est lui qui avait émis cette idée
00:52:52 de pouvoir faire en sorte que ce soit le harceleur
00:52:54 qui change d'établissement et qui
00:52:56 subisse les conséquences de son comportement.
00:52:58 Ce qui est quand même la moindre des choses. Parce que sinon, la victime,
00:53:00 quand elle doit partir, c'est la double peine.
00:53:02 On avait vécu le harcèlement
00:53:04 et en plus, il faut couper
00:53:06 les relations avec ses camarades, etc.
00:53:08 Parfois aller dans des établissements plus lointains.
00:53:10 Donc je pense que c'est une bonne chose.
00:53:12 Ceci dit, j'ajoute une petite chose,
00:53:14 peut-être que ça va vous agacer ce que je vais dire là,
00:53:16 mais je pense que d'éloigner le harceleur,
00:53:18 c'est qu'une partie de la réponse. Parce que
00:53:20 on est quand même d'accord pour se dire que ce sont des jeunes
00:53:22 en construction, des jeunes qui ont besoin
00:53:24 de faire en sorte que la situation ne se reproduise pas.
00:53:26 Et un harceleur, à mon sens,
00:53:28 c'est un jeune qui ne va pas bien. C'est un jeune
00:53:30 qui a un mal-être en lui, qui n'arrive pas
00:53:32 à se dire autrement qu'en utilisant
00:53:34 le harcèlement. Et je pense que
00:53:36 si vraiment on veut avancer, en plus
00:53:38 de l'éloigner de sa victime, il faut
00:53:40 le prendre en charge. Il devrait y avoir beaucoup plus
00:53:42 systématiquement du temps consacré.
00:53:44 Je vous le dis parce que parfois quand on dit ça...
00:53:46 - Ah non, non, je suis d'accord avec vous. - Très bien.
00:53:48 Parce que souvent, quand je dis ça, on me dit
00:53:50 "oui, mais c'est d'abord à la victime qu'il faut
00:53:52 proposer une prise en charge". Ce qui est vrai aussi, il faut
00:53:54 qu'on puisse aussi bien évidemment prendre en charge
00:53:56 psychologiquement la victime parce que c'est
00:53:58 des situations qui sont extrêmement violentes
00:54:00 pour elle. Mais je pense que si on veut avancer
00:54:02 d'un point de vue société et faire en sorte
00:54:04 que ces gamins ne reproduisent pas,
00:54:06 il faut qu'à un moment qu'on puisse
00:54:08 aussi mettre en place un
00:54:10 système d'accompagnement parce que sinon les choses se reproduisent
00:54:12 ailleurs. Et tant mieux si on est d'accord.
00:54:14 - Et après, c'est pas l'heure de soutien scolaire
00:54:17 qu'ils vont faire, qu'ils vont passer de 5 à 19 de moyenne.
00:54:19 Pour moi, ces gamins, c'est tous les soirs
00:54:21 qu'ils devraient être à l'étude.
00:54:23 Comme à l'époque où ils étaient, à l'époque
00:54:25 de mon grand-père, ils restaient à l'étude jusqu'à 19h.
00:54:27 Je vais vous dire, je trouve qu'on a un rétablissement de ça.
00:54:29 Que tous les gamins, comme ça, ils restent à l'école
00:54:31 de 5 à 19h et qu'ils fassent les devoirs à l'école.
00:54:33 - C'est du cadre en tout cas, vous avez raison.
00:54:35 - Non mais on est
00:54:37 dans un système d'abandon.
00:54:39 Et je voulais juste vous dire une dernière chose
00:54:41 qui, à mon sens, est importante.
00:54:43 C'est que quand j'ai eu les professeurs,
00:54:45 parce que j'ai sollicité des rendez-vous avec chaque professeur,
00:54:47 il y en a 3 ou 4 qui m'ont répondu seulement
00:54:49 sur tous les professeurs pour savoir ce qui se passait.
00:54:51 J'en ai eu qui étaient en pleurs.
00:54:53 Et j'en ai eu pas mal qui m'ont dit,
00:54:55 dans les 4, ils m'ont tous dit la même chose,
00:54:57 ils m'ont tous dit "on ne peut pas réagir,
00:54:59 ils ont des grands frères et des grandes sœurs".
00:55:01 Et pour moi, c'est le syndrome Samuel-Patty.
00:55:03 Honnêtement,
00:55:05 les gens ont peur. Le principal,
00:55:07 il avait peur, ça se voyait.
00:55:09 Le principal adjoint avait peur aussi.
00:55:11 Ils sont hyper flippés,
00:55:13 parce qu'effectivement, c'est les grands frères et les grandes sœurs
00:55:15 qui vivent dans les cités, machin truc bidou.
00:55:17 - Et bien, on est presque
00:55:19 au Far West, Sophie. C'est bien ?
00:55:21 - Ah bah, dans le 13ème arrondissement
00:55:23 de Paris, on ne s'y attend pas.
00:55:25 Dans le 19ème, à mon avis, c'est pareil,
00:55:27 et dans le 20ème aussi. - C'est peut-être pire.
00:55:29 - S'il faut aller habiter
00:55:31 Paris-Centre à 17 000 balles
00:55:33 le mètre carré pour pouvoir être tranquille,
00:55:35 je ne sais plus où on est.
00:55:37 - Bon, en tout cas,
00:55:39 merci de votre témoignage.
00:55:41 Vous avez parlé vrai,
00:55:43 et puis je pense que beaucoup, beaucoup,
00:55:45 beaucoup d'auditeurs sont
00:55:47 heureux de vous avoir entendus, parce que c'est vrai
00:55:49 qu'il faut oser dire les choses.
00:55:51 Ça suffit de mettre toute la poussière sous le tapis.
00:55:53 Merci beaucoup, Sophie.
00:55:55 - Merci, Sophie.
00:55:57 - Samuel Comblez, on fait une petite pause,
00:55:59 et puis on continue.
00:56:01 - 14h16,
00:56:03 Brigitta et Sud Radio.
00:56:05 - On parle du
00:56:07 harcèlement, et bien
00:56:09 Samuel Comblez, c'est vrai que ce n'est pas très
00:56:11 optimiste, tout ce qu'on entend, mais
00:56:13 ce n'est pas grave, on tient,
00:56:15 on continue, et on donne la parole à Laurent
00:56:17 maintenant. Bonjour, Laurent.
00:56:19 - Bonjour, Samuel. Bonjour, Brigitte.
00:56:21 - Merci de témoigner,
00:56:23 on vous écoute Laurent, allez-y.
00:56:25 - Alors,
00:56:27 j'étais en train d'écouter
00:56:29 très attentivement l'auditrice
00:56:31 précédente, Sophie,
00:56:33 qui évoquait un petit peu tous
00:56:35 ces comportements de harcèlement,
00:56:37 notamment en ce qui concerne
00:56:39 l'île de France, et plus particulièrement Paris.
00:56:41 Moi, aussi loin que je me
00:56:43 souvienne, moi dans ma scolarité,
00:56:45 j'ai été scolarisé dans le 11e à Paris,
00:56:47 dans le privé,
00:56:49 entre 80
00:56:51 et 85,
00:56:53 dans une petite école de quartier,
00:56:55 et
00:56:57 on serrait la vis
00:56:59 assez facilement, mais aussi loin que je me
00:57:01 souvienne, le harcèlement
00:57:03 a toujours existé.
00:57:05 Toujours les grands,
00:57:07 un peu de type caïd,
00:57:09 qui faisait pression sur
00:57:11 les bons élèves,
00:57:13 un petit peu fragiles,
00:57:15 et souvent les harceleurs, c'est ceux qui avaient
00:57:17 la plupart du temps,
00:57:19 souvent les moins bons résultats à l'école.
00:57:21 - C'est vrai,
00:57:23 on l'a dit d'ailleurs au début d'émission,
00:57:25 Laurent, sauf qu'aujourd'hui, ça semble
00:57:27 quand même s'être... - Ça bouge,
00:57:29 oui. - ...aggravé. - Ce que vous dites
00:57:31 reste vrai, mais c'est pas forcément
00:57:33 que des caïds ou des
00:57:35 jeunes
00:57:37 qui ont des mauvais comportements,
00:57:39 on peut aussi, et notamment
00:57:41 dans le cyberharcèlement, avoir des jeunes
00:57:43 bien intégrés dans leur famille,
00:57:45 dans leur scolarité, qui pour autant ont
00:57:47 des comportements devant un écran
00:57:49 qui est inimaginable,
00:57:51 et avec des jeunes qui se sentent protégés
00:57:53 par leur écran et qui se lâchent,
00:57:55 permettez-moi de vous dire comme ça. - Est-ce qu'on pourrait
00:57:57 pour un petit peu
00:57:59 synthétiser,
00:58:01 dire,
00:58:03 Samuel Comble,
00:58:05 est-ce qu'on a d'un côté
00:58:07 les ados pervers,
00:58:09 malheureusement, la perversion,
00:58:11 on sait qu'elle est déjà en place au moment
00:58:13 de l'adolescence, et puis on a
00:58:15 ce qu'on pourrait appeler
00:58:17 les mauvais élèves,
00:58:19 les caïds,
00:58:21 est-ce que c'est pas finalement ces deux
00:58:23 personnalités-là
00:58:25 qui vont surtout harceler ?
00:58:27 - Oui, alors c'est
00:58:29 vrai que... - Et on sait
00:58:31 que les pervers, on les a dans toutes les couches de la société.
00:58:33 - Oui, et puis je rajouterais peut-être un troisième,
00:58:35 ou peut-être que ce que je vais dire est inclus
00:58:37 dans les deux catégories, c'est
00:58:39 vraiment des jeunes qui ne vont pas bien, et je pense qu'aujourd'hui
00:58:41 on a un problème
00:58:43 avec ça, d'avoir des jeunes qui ne sont pas
00:58:45 capables d'identifier des personnes
00:58:47 qui puissent les aider quand
00:58:49 ils ont une forme de mal-être,
00:58:51 quand il y a un ressenti... - Alors on va rajouter cette
00:58:53 troisième catégorie. - Voilà, et je pense que
00:58:55 aujourd'hui le harcèlement, c'est terrible
00:58:57 ce que je vais dire, mais parfois peut servir
00:58:59 d'une forme de médicament, avec
00:59:01 l'impression que, en allant faire du mal aux autres,
00:59:03 on va se sentir plus heureux. - On sort le mal
00:59:05 de soi. - Exactement, une espèce d'exutoire
00:59:07 comme ça, et c'est pour ça
00:59:09 que je disais tout à l'heure à Sophie que je pense qu'il faut
00:59:11 vraiment qu'on soit aussi attentif à accompagner
00:59:13 ces jeunes, parce que sinon on ne va jamais s'en sortir.
00:59:15 C'est des jeunes qu'on va balader
00:59:17 de collège ou de lycée en lycée,
00:59:19 et rien n'avance. Donc
00:59:21 je pense qu'il faut vraiment qu'on soit à l'écoute
00:59:23 aussi de ces harceleurs pour les aider
00:59:25 à gérer ces problématiques
00:59:27 autrement qu'en faisant du mal.
00:59:29 - Laurent, je vous en prie.
00:59:31 - Oui, oui, je suis
00:59:33 absolument d'accord avec ce que
00:59:35 vous venez de dire. Moi j'ai pour
00:59:37 principe, et comme devise,
00:59:39 d'apprendre
00:59:41 à mes deux enfants,
00:59:43 j'essaie de leur faire comprendre
00:59:45 qu'il ne faut pas qu'ils
00:59:47 fassent subir aux autres
00:59:49 ce qu'ils ne voudraient pas,
00:59:51 ce que les autres
00:59:53 ne leur fassent pas subir non plus.
00:59:55 Si vous m'avez compris, je me suis peut-être un peu mal
00:59:57 exprimé. - On a compris, on a compris.
00:59:59 - Et c'est vrai
01:00:01 qu'aujourd'hui
01:00:03 le harcèlement
01:00:05 peut
01:00:07 vêtir plusieurs caractères.
01:00:09 On peut très bien avoir
01:00:11 des enfants de bonne famille
01:00:13 qui vont harceler juste par plaisir
01:00:15 parce qu'ils veulent
01:00:17 avoir l'impression d'avoir le dessus
01:00:19 sur l'autre. Et forcément,
01:00:21 comme pour moi
01:00:23 la nature est bien faite,
01:00:25 les animaux les plus faibles
01:00:27 sont ceux qui se font dévorer toujours en premier.
01:00:29 - Bien sûr, bien sûr.
01:00:31 - Donc moi,
01:00:33 je prends l'exemple de mes deux enfants.
01:00:35 - Chez l'animal, et je pense qu'on peut faire
01:00:37 le parallèle avec chez l'être humain,
01:00:39 vous me direz Samuel Comblez,
01:00:41 chez l'animal, il y a
01:00:43 ceux qui sont plutôt victimes
01:00:45 et ceux qui sont plutôt dominants. Et il y a
01:00:47 une catégorie au milieu qui,
01:00:49 a priori, passe à travers les gouttes.
01:00:51 Je crois qu'on pourrait dire la même chose
01:00:53 pour les ados.
01:00:55 - Oui, c'est vrai que ça ressemble assez bien.
01:00:57 - Ça c'est des études
01:00:59 qui ont été faites
01:01:01 dans le monde animal sur beaucoup d'espèces.
01:01:03 Laurent, je vous laisse la parole, bien sûr.
01:01:05 - Oui, je vous en prie.
01:01:07 Pour moi,
01:01:09 j'ai deux enfants,
01:01:11 un de 14 ans et un de 8 ans,
01:01:13 qui sont relativement
01:01:15 attachés, pas forcément
01:01:17 aux réseaux sociaux, mais disons aux jeux
01:01:19 en ligne, un petit peu. On essaye de
01:01:21 limiter un petit peu le plus
01:01:23 jeune qui a 8 ans, mais celui de 14 ans
01:01:25 est déjà dedans depuis
01:01:27 un petit moment, et il a
01:01:29 forcément un comportement agressif
01:01:31 quand il joue,
01:01:33 quand il n'est pas satisfait
01:01:35 des résultats qu'il obtient.
01:01:37 Et il a souvent un langage,
01:01:39 on va dire, assez grossier.
01:01:41 On surveille de très près
01:01:43 tout cet environnement.
01:01:45 Moi, je pense que les réseaux sociaux sont
01:01:47 une sorte de subterfuge. Je ne sais pas si
01:01:49 le mot est un peu galvaudé ou pas,
01:01:51 mais c'est une sorte, pour moi, de subterfuge
01:01:53 pour les jeunes et pour les personnes
01:01:55 qui sont, entre guillemets, dans l'incapacité
01:01:57 de garder l'essentiel.
01:01:59 C'est-à-dire qu'on peut aussi bien avoir
01:02:01 - alors l'Internet, c'est une source
01:02:03 d'informations extraordinaires -
01:02:05 mais on peut aussi bien
01:02:07 accéder facilement à des choses
01:02:09 négatives qu'à du positif.
01:02:11 Et bien souvent, ce qui est étrange, c'est que
01:02:13 on est plus attiré,
01:02:15 quand on a une certaine forme d'immaturité,
01:02:17 on est plus attiré par le côté négatif
01:02:19 des événements que par
01:02:21 la positivité des choses.
01:02:23 - On est attiré par le spectaculaire,
01:02:25 mais forcément le négatif l'est souvent plus.
01:02:27 - On retient souvent
01:02:29 le plus le négatif.
01:02:31 Et on a
01:02:33 un dialogue à la maison qui est
01:02:35 très ouvert, très sincère,
01:02:37 et on essaye
01:02:39 d'évoquer la vérité
01:02:41 du mieux possible sans forcément
01:02:43 choquer ni l'un ni l'autre.
01:02:45 Mais on
01:02:47 fait en sorte de
01:02:49 les avertir au mieux.
01:02:51 - En tout cas, vous êtes un parent
01:02:53 responsable, on pourrait dire.
01:02:55 Autant que possible.
01:02:57 - Autant que possible, oui.
01:02:59 - Oui, c'est bien. - Ce que je trouve intéressant
01:03:01 aussi, c'est que vous faites du numérique
01:03:03 un vrai sujet. Parce que ce qu'on repère
01:03:05 souvent dans certaines familles, c'est que
01:03:07 le sujet du numérique
01:03:09 n'est jamais abordé.
01:03:11 Ce qui paraît assez étonnant, parce que
01:03:13 je pense que dans beaucoup de
01:03:15 familles, on parle des comportements
01:03:17 des jeunes à l'école,
01:03:19 dans le vestiaire quand on va au club de foot,
01:03:21 dans la rue, auprès de ses amis, etc.
01:03:23 Et je suis toujours très étonné que le numérique
01:03:25 échappe totalement
01:03:27 à ces échanges, alors que,
01:03:29 vous l'avez dit, et puis on le sait,
01:03:31 il se passe plein de choses dans l'univers
01:03:33 numérique que les jeunes peuvent utiliser.
01:03:35 Et je trouve qu'il
01:03:37 faut davantage qu'on puisse en parler
01:03:39 avec eux. Ça ne veut pas dire qu'il est
01:03:41 nécessaire de devenir un spécialiste des jeux vidéo
01:03:43 auxquels ils jouent, ou même de s'inscrire sur
01:03:45 les mêmes réseaux sociaux, c'est pas ça. Mais c'est
01:03:47 de temps en temps de se faire expliquer ce que font les jeunes
01:03:49 sur leurs écrans, pour pouvoir
01:03:51 tout simplement réagir. Et je trouve que
01:03:53 c'est un des problèmes aujourd'hui
01:03:55 des outils numériques, c'est que d'abord, ils y passent
01:03:57 beaucoup de temps, et surtout, ils sont
01:03:59 extrêmement seuls, sans avoir la possibilité
01:04:01 de se dire ce qu'ils font, c'est bien, c'est pas bien,
01:04:03 c'est respectueux de l'autre, ou
01:04:05 de moi-même, est-ce que je me mets en danger ?
01:04:07 Et je pense que nous, on doit, nous adultes,
01:04:09 on doit davantage intervenir
01:04:11 et dire ce que l'on pense, parce que si
01:04:13 on ne dit rien, d'une certaine manière, c'est valider
01:04:15 un peu ce qu'ils font,
01:04:17 et c'est pas ça qui va les aider à avancer,
01:04:19 parce que les jeunes, quoi qu'on en dise,
01:04:21 depuis la nuit des temps, pour pouvoir se construire,
01:04:23 ils ont besoin d'un cadre. Et dans la sphère numérique,
01:04:25 je trouve que ce cadre
01:04:27 échappe beaucoup
01:04:29 aux jeunes,
01:04:31 parce que tout simplement, les adultes ne sont pas là.
01:04:33 - C'est parce que les jeunes,
01:04:35 ils ont un train d'avance sur les adultes,
01:04:37 aussi, Samuel Combles.
01:04:39 Merci beaucoup, Laurent, en tout cas,
01:04:41 de votre témoignage. On continue
01:04:43 sur Sud Radio, vous pouvez témoigner
01:04:45 vous aussi au 0 826 300 300.
01:04:47 On se quitte un court instant,
01:04:49 on se retrouve avec le Love Conseil.
01:04:51 - 14h-16h,
01:04:53 Brigitte Lahaye, Sud Radio.
01:04:55 - CAM4.fr,
01:04:57 le plus grand site de webcams live,
01:04:59 réservé aux adultes.
01:05:01 - Brigitte Lahaye, Sud Radio.
01:05:03 Le Love Conseil.
01:05:05 - Alors, on change tout à fait de sujet, Samuel Combles,
01:05:07 on va parler du désir. Pourquoi le désir
01:05:09 va s'émousser au fil
01:05:11 du temps, dans un
01:05:13 couple, dans une relation amoureuse ?
01:05:15 Bon, c'est une réalité,
01:05:17 il ne faut pas le nier,
01:05:19 c'est comme ça, la baisse du sentiment
01:05:21 amoureux, de toute façon, est
01:05:23 inévitable, et elle va entraîner
01:05:25 la baisse de désir, puisque le sentiment
01:05:27 amoureux, c'est ce qui enflamme l'essence,
01:05:29 si je puis dire, et qui donne
01:05:31 donc pas de panne d'essence.
01:05:33 Alors, ce qui ne veut pas dire
01:05:35 que ça entraîne la baisse d'amour
01:05:37 et la baisse de plaisir,
01:05:39 c'est ça qui est important à comprendre. Ce qu'on va perdre
01:05:41 en spontanéité, on peut le gagner
01:05:43 en quelque sorte, en profondeur,
01:05:45 et c'est souvent ce qu'ont du mal
01:05:47 à comprendre les
01:05:49 couples, parce que
01:05:51 si la personne n'est pas centrée
01:05:53 en elle, mais plutôt tournée
01:05:55 vers l'extérieur, c'est-à-dire si elle attend plutôt
01:05:57 les stimuli provoqués par le partenaire
01:05:59 ou la partenaire,
01:06:01 eh bien, quand elle n'est plus
01:06:03 dans la phase coup de foudre,
01:06:05 elle croit qu'elle n'a plus
01:06:07 de désir. Donc ça, c'est vraiment
01:06:09 un premier point important à comprendre. Le désir,
01:06:11 il est en nous, il n'est jamais endormi,
01:06:13 mais il peut être complètement
01:06:15 éteint, parce qu'on n'y fait plus
01:06:17 attention. Donc, ça c'est important.
01:06:19 Et à ça s'ajoute évidemment la
01:06:21 routine. Si on fait toujours
01:06:23 pareil, on a
01:06:25 moins envie. Si on mange tous les jours
01:06:27 la même chose, on est moins
01:06:29 excité à l'idée de manger
01:06:31 quelque chose qu'on aime particulièrement bien.
01:06:33 Donc, pensez
01:06:35 à vous surprendre, à changer
01:06:37 un petit peu votre relation intime,
01:06:39 à ne pas faire toujours la même chose, toujours le
01:06:41 même jour, toujours au même moment.
01:06:43 Et puis, essayez d'être
01:06:45 au diapason, de ne pas imposer vos goûts
01:06:47 à votre partenaire, communiquez,
01:06:49 partagez aussi beaucoup
01:06:51 de plaisir en dehors
01:06:53 de l'intimité sexuelle.
01:06:55 Et puis, à priori,
01:06:57 normalement, on devrait
01:06:59 arriver à maintenir quand même
01:07:01 du désir
01:07:03 durant la longévité
01:07:05 du couple. Alors, je vais quand même rappeler
01:07:07 les trois piliers du non-désir
01:07:09 féminin. C'est la peur,
01:07:11 évidemment, la culpabilité
01:07:13 et puis aussi la haine.
01:07:15 Alors, la haine, ça peut être la haine
01:07:17 du mal en général, le mal
01:07:19 dominant.
01:07:21 Mais ça peut aussi
01:07:23 être la haine, malheureusement, de son partenaire.
01:07:25 La peur, elle est évidemment
01:07:27 toujours très complexe, mais ça je crois que
01:07:29 vous comprenez bien.
01:07:31 Quant à la culpabilité, ça peut être
01:07:33 par exemple, après l'expérience de la maternité,
01:07:35 tout d'un coup, on est devenu
01:07:37 mère, est-ce qu'on a encore le droit
01:07:39 d'être une bête de sexe ?
01:07:41 Bref,
01:07:43 rappelons quand même que pour une femme,
01:07:45 c'est un acte révolutionnaire
01:07:47 assez récent de s'autoriser
01:07:49 au plaisir.
01:07:51 À méditer, c'est votre conseil
01:07:53 pour les couples. - Moi, je trouve aussi que,
01:07:55 je le dis parfois à mes patients, que parfois
01:07:57 les couples, il manque de dialogue sur ce
01:07:59 qu'ils ont envie de faire en tant que couple.
01:08:01 Et moi, j'invite souvent mes patients
01:08:03 à discuter entre eux de
01:08:05 ce qu'on veut de ce couple, comment on veut qu'il rayonne,
01:08:07 comment on veut qu'il vive, qu'est-ce qu'on peut se donner
01:08:09 comme objectif.
01:08:11 Et sur cette perte du désir,
01:08:13 qui effectivement est quelque chose, je dirais,
01:08:15 dans l'ordre des choses,
01:08:17 qu'est-ce qu'on peut nous, en tant que couple,
01:08:19 se donner comme moyen pour lutter
01:08:21 contre cette chose qui est naturelle.
01:08:23 Et de se donner
01:08:25 des petites idées,
01:08:27 de se partager un petit peu notre
01:08:29 ressenti, je trouve que ça
01:08:31 redonne un petit peu
01:08:33 de flamme, un peu d'énergie.
01:08:35 Et il me semble
01:08:37 que le couple, il est toujours un peu
01:08:39 vu comme quelque chose
01:08:41 d'immuable et
01:08:43 d'automatique. Ben non, un couple,
01:08:45 il est ce qu'on a envie d'en faire,
01:08:47 et de pouvoir dialoguer autour de ce qu'on
01:08:49 a envie d'en faire, me semble essentiel. - Je crois qu'il faut
01:08:51 juste comprendre qu'un couple,
01:08:53 ça vient, ça naît,
01:08:55 ça vit, ça meurt. - Exactement, c'est vivant.
01:08:57 Et donc forcément, comme tout ce qui est
01:08:59 vivant, c'est... - Ça s'entretient.
01:09:01 - C'est... Voilà.
01:09:03 Laurence, bonjour.
01:09:05 - Bonjour Samuel, bonjour Brigitte,
01:09:07 merci de me donner la parole.
01:09:09 Alors, pour commencer,
01:09:11 moi j'aimerais beaucoup remercier Sophie,
01:09:13 qui a fait un témoignage formidable,
01:09:15 distancié, mesuré,
01:09:17 parce que je suis enseignante et
01:09:19 des parents d'élèves posés
01:09:21 comme ça, je n'en vois pas souvent,
01:09:23 donc je la remercie infiniment. Je suis aussi maman
01:09:25 de trois enfants, donc je sais
01:09:27 ce que c'est que d'être de l'autre côté.
01:09:29 Je voulais faire une remarque
01:09:31 aussi sur le fait que
01:09:33 le nombre de conseils de discipline
01:09:35 est toujours l'un des indicateurs
01:09:37 de ce qu'on appelle les évaluations d'école
01:09:39 et d'établissement pour évaluer le climat scolaire.
01:09:41 - Donc elle avait raison. - Qui bien sûr,
01:09:43 voilà, qui sont bien sûr présentés
01:09:45 comme bienveillants,
01:09:47 mais la bienveillance de notre hiérarchie reste
01:09:49 à ce jour à démontrer dans bien des
01:09:51 situations. Donc,
01:09:53 voilà. Alors, ce que je voulais dire,
01:09:55 moi je voulais insister sur deux mots.
01:09:57 C'est le mot "former" et le mot
01:09:59 "qualifier". Pour moi,
01:10:01 M. Combles, vous êtes quelqu'un de
01:10:03 qualifié. Vous êtes un psychologue.
01:10:05 Donc, percevoir
01:10:07 les signaux faibles de détresse,
01:10:09 c'est votre métier. Vous avez appris ça pendant longtemps,
01:10:11 vous êtes formé, vous avez
01:10:13 une formation, puis
01:10:15 de l'expérience, et cela s'est étalé
01:10:17 dans le temps. Donc vous êtes désormais
01:10:19 qualifié. Moi, en tant
01:10:21 d'enseignante, sur ce sujet-là très médiatique
01:10:23 de M. Attal, qui lui permet de communiquer
01:10:25 beaucoup, je vais être formée quelques heures.
01:10:27 Et j'aurai une fiche de protocole
01:10:29 à appliquer qui permettra de me désigner comme
01:10:31 lampiste en cas de problème.
01:10:33 Parce que je croirai
01:10:35 à l'honnêteté de M. Attal lorsqu'il
01:10:37 prononcera le nom de Charline Avnel,
01:10:39 rectrice de Versailles, qui était
01:10:41 en poste pour Samuel Paty
01:10:43 et pour l'affaire du petit Nicolas.
01:10:45 Donc voilà. Maintenant, pour en revenir
01:10:47 aux enfants,
01:10:49 effectivement, pour moi, les harceleurs et les harcelers
01:10:51 sont victimes de...
01:10:53 sont d'abord des victimes, les uns comme les autres,
01:10:55 l'un plus que l'autre,
01:10:57 mais ce sont des victimes de souffrance personnelle,
01:10:59 non soignées, non aidées.
01:11:01 Ils le sont comme les 50%
01:11:03 d'enfants dont vous parliez
01:11:05 à une époque qui ont vu en primaire
01:11:07 des images de nature
01:11:09 pornographique. Ils le sont comme
01:11:11 les victimes d'inceste. Ils sont tous ces enfants
01:11:13 en souffrance psychologique que je vois passer
01:11:15 dans mes classes et pour lesquels
01:11:17 je suis dans l'impuissance
01:11:19 parce que 7000
01:11:21 psychologues scolaires pour 12 millions d'enfants,
01:11:23 ça ne fait pas beaucoup de gens qualifiés.
01:11:25 Donc je voudrais
01:11:27 citer le Hugo Martinez
01:11:29 que vous connaissez, qui est
01:11:31 à la tête de l'association Hugo, qui est un
01:11:33 ancien enfant harcelé qui a 22 ans
01:11:35 et lorsqu'on lui a parlé de ce qui allait se mettre
01:11:37 en place, il a dit "c'est bien, la parole a été
01:11:39 libérée, le petit Nicolas il a parlé,
01:11:41 mais qu'est-ce qu'il y a eu après ?"
01:11:43 Et après, il n'y a pas d'injonction
01:11:45 de soins pour les harceleurs
01:11:47 qui ne sont jamais qu'un.
01:11:49 Quand on parle de les déplacer, ils ne sont pas forcément
01:11:51 un, ils sont plusieurs.
01:11:53 Donc ça aussi, on ne peut pas déplacer
01:11:55 4 ou 5 élèves malveillants.
01:11:57 On ne peut pas les
01:11:59 forcer à être aidés.
01:12:01 Les psy coûtent cher.
01:12:03 On n'a personne sur place et aussi
01:12:05 on a une justice des mineurs défaillante,
01:12:07 Maurice Berger l'a très bien dit,
01:12:09 qui fait que cela produit
01:12:11 des loups dans nos établissements
01:12:13 dont nous ne savons que faire.
01:12:15 Donc voilà,
01:12:17 je suis assez...
01:12:19 C'est bien cette com
01:12:21 autour de ça, c'est bien, ça libère la parole
01:12:23 sur un sujet. Moi je voudrais que
01:12:25 toutes les souffrances des enfants soient entendues
01:12:27 et que l'on ait des personnes qualifiées
01:12:29 et non pas formées.
01:12:31 C'est terrible, Laurence, parce que
01:12:33 moi ça fait 23 ans que je fais cette émission,
01:12:35 ça fait à peu près 25 ans que j'ai compris
01:12:37 que c'est en aidant les
01:12:39 enfants à se
01:12:41 construire dans de bonnes conditions
01:12:43 qu'on va améliorer la société.
01:12:45 J'y ai cru et j'ai
01:12:47 l'impression qu'on fait
01:12:49 marche arrière largement
01:12:51 depuis une vingtaine d'années.
01:12:53 C'est assez terrible.
01:12:55 Et ce que vous dites est tellement,
01:12:57 me semble-t-il, juste. Samuel Komboula, je vous ai vu
01:12:59 malheureusement
01:13:01 au chez de la tête. - Oui, vous avez
01:13:03 raison sur le fait que vous avez cité les psychologues
01:13:05 scolaires, on pourrait citer aussi les médecins scolaires,
01:13:07 les infirmières scolaires qui sont
01:13:09 en sous-nombre et qui sont
01:13:11 des personnels extrêmement importants,
01:13:13 je dirais même centraux,
01:13:15 quand il s'agit d'aller révéler ces situations
01:13:17 parce que, voilà, elles sont
01:13:19 un peu "à l'écart" de l'enseignement
01:13:21 du quotidien et c'est
01:13:23 des personnes vers lesquelles on peut se tourner, justement,
01:13:25 qui sont un peu, voilà,
01:13:27 des confidents parfois, je ne sais pas si on peut le dire comme ça,
01:13:29 mais en tout cas, elles sont souvent perçues
01:13:31 comme ça par les enfants,
01:13:33 mais s'il n'y a pas d'interlocuteur, et c'est ce que
01:13:35 je disais tout à l'heure, on a un devoir
01:13:37 d'ingérence dans ces situations
01:13:39 de harcèlement, nous, en tant qu'adultes, et si
01:13:41 on n'a pas ce réflexe-là
01:13:43 systématique et dans les premiers moments
01:13:45 du harcèlement, et bien il se déroule,
01:13:47 vous avez parlé du petit Nicolas, enfin du grand Nicolas
01:13:49 d'ailleurs, il avait 15 ans,
01:13:51 mais il y a eu plein de situations comme ça
01:13:53 et puis des situations de souffrance
01:13:55 quotidiennes qui sont
01:13:57 intolérables, c'est pas possible d'aller à l'école
01:13:59 la peur au ventre en se disant qu'on va
01:14:01 être attendu
01:14:03 dans sa classe, dans la cour de récréation
01:14:05 et puis le soir, à nouveau sur les réseaux sociaux
01:14:07 c'est pas comme ça qu'on peut
01:14:09 avancer sereinement. - Mais qu'est-ce qu'on peut faire, Laurence,
01:14:11 vous qui êtes sur le terrain ? - Alors moi
01:14:13 moi je...
01:14:15 ce que l'on peut faire c'est effectivement d'être à l'écoute
01:14:17 mais comme tout citoyen, et je pense
01:14:19 aussi au rôle des parents qui sont les grands
01:14:21 oubliés de cette histoire-là, parce que moi
01:14:23 mon enfant harcèlerait, je serais la première
01:14:25 à lui couper le porte-pape pendant deux ans, pour le
01:14:27 mettre d'aplomb non près, et ça ce n'est
01:14:29 jamais évoqué, et
01:14:31 il y a autre chose, je les encourage
01:14:33 à forder aussi leurs enfants
01:14:35 à la non-passivité, parce qu'on a parlé
01:14:37 d'harcèleur, d'harceler, mais pas de la majorité
01:14:39 silencieuse, de ce ventre mou, qui lui
01:14:41 est aussi peut-être un
01:14:43 réceptacle de parole et d'action.
01:14:45 Et c'est très important de
01:14:47 leur dire que ce n'est pas dénoncer,
01:14:49 ce n'est pas de la délation,
01:14:51 c'est aider quelqu'un qui est en
01:14:53 situation de détresse, et qu'il ne faut pas
01:14:55 avoir peur de le faire. Maintenant
01:14:57 effectivement
01:14:59 je suis
01:15:01 comme vous, assez triste et pessimiste
01:15:03 et je trouve que là, il y a
01:15:05 surtout un coup de com' qui est détestable,
01:15:07 et je suis très très malheureuse. Très malheureuse
01:15:09 parce que nous dans les écoles, on a vraiment
01:15:11 à coeur d'aider. Et je
01:15:13 voudrais dire aussi que le harcèlement, parfois,
01:15:15 il se fait contre les adultes.
01:15:17 Et j'ai un cas en tête d'une adulte
01:15:19 harcelée par toute une classe, pour
01:15:21 lequel il n'y a eu aucune sanction. Les parents
01:15:23 savaient, et mon chéri, mon coeur était sacré,
01:15:25 donc on ne l'a pas sanctionné. Voilà.
01:15:27 Et aussi quelque chose
01:15:29 de très important, je crois que
01:15:31 là, vous êtes nombreux enseignants
01:15:33 à bientôt avoir la formation
01:15:35 phare dans vos écoles.
01:15:37 Et beaucoup me disent, parce qu'on
01:15:39 me parle de beaucoup de choses, je suis remplaçante,
01:15:41 je passe dans les écoles, qu'ils sont choqués
01:15:43 par deux aspects dans ce protocole
01:15:45 soi-disant d'aide aux élèves.
01:15:47 La première, c'est de ne devoir rien dire aux parents
01:15:49 en début de protocole.
01:15:51 Ça, ça leur paraît insoutenable.
01:15:53 Ça c'est...
01:15:55 Et c'est dans le protocole. Et la deuxième,
01:15:57 c'est de considérer que c'est aux
01:15:59 harceleurs de trouver
01:16:01 une réponse, puisque c'est vers lui qu'on va se tourner
01:16:03 dans le protocole pour dire "Oh le petit machin,
01:16:05 il est malheureux, est-ce que tu vois ce qu'on pourrait faire ?"
01:16:07 Donc ces deux aspects-là, ils n'y
01:16:09 adhéreront pas. Surtout qu'ils sauront
01:16:11 qu'après, ils seront seuls,
01:16:13 pas de psy,
01:16:15 pas de plein de postes pas pourvus, comme
01:16:17 pour les enseignants, vous l'avez dit, les médecins,
01:16:19 les infirmières.
01:16:21 Donc ils seront seuls, et ils
01:16:23 seront l'ampiste désigné.
01:16:25 Donc voilà,
01:16:27 ils ont tous envie d'aider,
01:16:29 ils ont tous envie de bien faire, mais ils sont...
01:16:31 ils n'ont rien comme arme. Ils sont nus.
01:16:33 Et ils n'ont pas de soutien de gens
01:16:35 qualifiés, je redis le mot,
01:16:37 qualifiés. Voilà.
01:16:39 Merci. - C'est nous qui vous
01:16:41 remercions, Laurence.
01:16:43 Samuel Comblès...
01:16:45 - Quand vous parlez du programme FARV,
01:16:47 vous parlez de la méthode de la préoccupation
01:16:49 partagée, c'est ça dont vous parlez ? - C'est ça,
01:16:51 voilà, qui choque beaucoup d'enseignants,
01:16:53 qui est balancée sur un e-learning
01:16:55 en PowerPoint, comme remédiation
01:16:57 utile, en quelques minutes.
01:16:59 - On peut en dire deux mots, parce que c'est pas très clair
01:17:01 si on n'explique pas.
01:17:03 Ce qu'on appelle la méthode PICAS,
01:17:05 ou la méthode de la préoccupation partagée,
01:17:07 est une méthode qui vient du Nord,
01:17:09 du pays des Nord de l'Europe, et qui
01:17:11 vise à permettre aux harceleurs
01:17:13 et aux harcelés de trouver,
01:17:15 je fais un peu rapide, mais des situations...
01:17:17 Oui, puis des solutions pour faire en sorte
01:17:19 que la situation ne dure pas.
01:17:21 Et c'est vrai que pour pouvoir
01:17:23 bien utiliser cette méthode, il faut être
01:17:25 bien formé, il faut
01:17:27 vraiment la maîtriser, parce que sinon,
01:17:29 on peut faire pire que mieux si on ne la maîtrise pas complètement.
01:17:31 Et donc, il vaut mieux être bien formé
01:17:33 et l'utiliser, ou ne rien faire
01:17:35 du tout, parce que, voilà, ça peut être...
01:17:37 Et on a eu, malheureusement, des situations
01:17:39 où des jeunes se retrouvaient en mauvaise posture,
01:17:41 parce que, justement, ils étaient un peu
01:17:43 confrontés, il y avait une espèce de face-à-face
01:17:45 qui, normalement, en plus, n'est pas prévu par la méthode,
01:17:47 mais ça peut parfois dégénérer
01:17:49 comme ça, donc...
01:17:51 C'est des situations
01:17:53 qui sont très sensibles,
01:17:55 qui sont...
01:17:57 Comment je dirais ? Qui mettent vraiment
01:17:59 l'individu
01:18:01 extrêmement en avant,
01:18:03 et il faut être très prudent sur la façon
01:18:05 dont on va accompagner. Et c'est vrai,
01:18:07 je vous rejoins, il faut des gens qui
01:18:09 sachent de quoi ils parlent, parce que si on fait des choses
01:18:11 à moitié, on les fait mal.
01:18:13 Et là, il s'agit de vie humaine dont on parle,
01:18:15 et Nicolas, et tous ceux
01:18:17 qui l'ont précédé, j'espère que ça s'arrêtera
01:18:19 là, et je suis aussi
01:18:21 pas forcément complètement optimiste.
01:18:23 Il faut vraiment qu'on puisse faire en sorte
01:18:25 que ce harcèlement
01:18:27 soit un problème qui avance beaucoup plus en France.
01:18:29 Et on a beaucoup, aujourd'hui, parlé
01:18:31 de l'éducation nationale, mais il faut se dire aussi
01:18:33 que le harcèlement, c'est aussi dans le milieu du sport,
01:18:35 dans le milieu des loisirs, dans le milieu des vacances.
01:18:37 Il faut vraiment que...
01:18:39 Le harcèlement n'appartient pas à l'éducation nationale,
01:18:41 il appartient à toute la société.
01:18:43 Il faut vraiment que la société prenne
01:18:45 ça en charge à tous les niveaux, on a tous une responsabilité.
01:18:47 - Et mon espoir ?
01:18:49 Mon espoir est dans le monde associatif.
01:18:51 Je vous le dis clairement, Brigitte.
01:18:53 - Oui, oui, je comprends bien. - Pas dans l'institution.
01:18:55 - Et par l'information,
01:18:57 c'est pour ça que j'ai accepté de faire cette émission
01:18:59 avec Samuel Comblès, je pense que tous les parents qui
01:19:01 nous écoutent sont
01:19:03 touchés par le témoignage de Sophie,
01:19:05 par le vôtre, et donc forcément
01:19:07 vont être peut-être plus
01:19:09 à même de regarder.
01:19:11 Parce que finalement,
01:19:13 c'est à nous tous, enfin Zut,
01:19:15 nos enfants, c'est la société de demain.
01:19:17 - Oui, on a tous un rôle à jouer, c'est sûr.
01:19:19 - Merci beaucoup, Laurence.
01:19:21 - Merci. - Merci à vous. On fait une petite pause,
01:19:23 on va conclure par un témoignage
01:19:25 qui sera aussi, je pense, émouvant
01:19:27 et qui va nous faire prendre conscience
01:19:29 de cette réalité.
01:19:31 Vous voulez parler à Brigitte Lahaye ?
01:19:33 0826 300 300.
01:19:35 CAM4.fr
01:19:37 Le plus grand site
01:19:39 de webcam live réservé aux adultes.
01:19:41 14h16h,
01:19:43 Brigitte Lahaye,
01:19:45 Sud Radio. - Eh bien, nous avons
01:19:47 la chance d'être avec Samuel Comblès,
01:19:49 qui est qualifié, comme l'a dit si joliment
01:19:51 Laurence. Vous êtes en effet
01:19:53 psychothérapeute spécialiste
01:19:55 de l'enfance et de l'adolescence,
01:19:57 directeur des opérations de l'association
01:19:59 e-enfance. Et vous rappelez ce numéro,
01:20:01 le 30 18,
01:20:03 aide aux victimes de violences numériques.
01:20:05 C'est Brigitte qui prend
01:20:07 la parole pour nous donner
01:20:09 son témoignage. Bonjour Brigitte.
01:20:11 - Bonjour Brigitte. - Bonjour Samuel,
01:20:13 bonjour Brigitte. Je tenais à témoigner
01:20:15 parce que
01:20:17 le monsieur, monsieur Comblès,
01:20:19 - Comblès, oui.
01:20:21 - m'a fait prendre
01:20:23 conscience qu'il fallait que je
01:20:25 vous appelle. Ce monsieur a dit
01:20:27 "le harcèlement tue".
01:20:29 Et je veux témoigner que le harcèlement
01:20:31 tue. Il y a deux ans,
01:20:33 plus de deux ans maintenant,
01:20:35 mon petit-fils de 21 ans s'est
01:20:37 pendu. Je me suis toujours
01:20:39 posé la question et nous nous sommes tous
01:20:41 posés la question. Pourquoi
01:20:43 cet enfant s'est pendu ? Nous n'avions
01:20:45 aucune, aucune...
01:20:47 Excusez-moi, je suis troublée.
01:20:49 - Mais c'est normal Brigitte. - Et c'est important que je
01:20:51 témoigne parce que les parents doivent l'entendre.
01:20:53 Il n'y a pas de
01:20:55 signe avant-coureur pour qu'un enfant
01:20:57 passe un acte.
01:20:59 Forcément, mon petit-fils a été
01:21:01 harcelé.
01:21:03 Je me suis toujours dit que c'était ça,
01:21:05 c'était pas autre chose. Il est passé
01:21:07 à l'acte par souffrance. Il n'y a pas
01:21:09 de signe avant-coureur. Il n'y a
01:21:11 pas de... Du moins pour
01:21:13 nous, il n'y a pas eu
01:21:15 d'appel au secours,
01:21:17 pas de changement
01:21:19 de comportement. Les enfants
01:21:21 passent à l'acte par souffrance
01:21:23 psychologique.
01:21:25 Et aujourd'hui, je veux témoigner aussi de cela.
01:21:27 La souffrance
01:21:29 et le harcèlement des enfants,
01:21:31 c'est aussi la souffrance des
01:21:33 parents, des grands-parents,
01:21:35 de la famille qui les entoure.
01:21:37 Et puis...
01:21:39 - Et puis des copains
01:21:41 de celui qui se suicide, de tout le monde.
01:21:43 - Tout le monde est imparti
01:21:45 et partain. On se pose
01:21:47 tous des questions. Et en écoutant
01:21:49 M. Comblès,
01:21:51 j'étais au volant de ma voiture,
01:21:53 je lui disais "Vite, rentre à la maison,
01:21:55 il faut absolument que tu appelles."
01:21:57 M. Comblès a mis des mots
01:21:59 sur les
01:22:01 points d'interrogation que j'avais.
01:22:03 Le harcèlement
01:22:05 tue.
01:22:07 Le monsieur qui a témoigné au moment
01:22:09 où j'étais en voiture,
01:22:11 qui disait que sa fille
01:22:13 jeune avait été
01:22:15 harcelée, et qu'elle n'a jamais
01:22:17 osé le dire. - Oui, c'est le chat.
01:22:19 - Et qu'elle a décidé de le dire
01:22:21 que plus tard, beaucoup plus tard,
01:22:23 à 22 et quelques années,
01:22:25 eh bien, ça aussi, ça m'a parlé,
01:22:27 ça m'a fait penser à mon petit-fils.
01:22:29 Et aujourd'hui, je veux
01:22:31 dire à ces gens, il n'y a pas
01:22:33 de sim avant-coureur.
01:22:35 Les enfants sont en souffrance. C'est une souffrance
01:22:37 psychologique qui dure certainement
01:22:39 depuis longtemps, des années.
01:22:41 Les enfants n'en parleront pas.
01:22:43 Pourquoi ? Parce que vous l'avez très bien dit,
01:22:45 Brigitte, tout à l'heure, je vous écoutais encore
01:22:47 à la maison,
01:22:49 les enfants vont prendre ça, vont dire
01:22:51 "C'est de la délation,
01:22:53 si j'en parle,
01:22:55 on va dire que c'est moi qui..."
01:22:57 Mais non, non, non, ce sont
01:22:59 eux les victimes, c'est malheureux.
01:23:01 Mais dire le mot
01:23:03 "victime", les enfants ne veulent pas
01:23:05 l'accepter,
01:23:07 vous voyez, ils ne veulent pas être la victime
01:23:09 de quelqu'un. Et je veux finir
01:23:11 mon témoignage par une autre chose que j'ai
01:23:13 expliquée au monsieur que j'ai eu bien avant
01:23:15 vous. Aujourd'hui,
01:23:17 moi, 65 ans,
01:23:19 je suis harcelée
01:23:21 par rapport au suicide de mon petit-fils,
01:23:23 justement.
01:23:25 Le harcèlement, je le vis.
01:23:27 Dans ce que je vis aujourd'hui, je sais
01:23:29 que tes enfants ont vécu
01:23:31 ce qu'ils ont enduré. Moi, je suis une adulte,
01:23:33 je suis une dame qui a fait toute sa vie.
01:23:35 Je suis une adulte, et je
01:23:37 suis harcelée. - Mais vous êtes
01:23:39 harcelée par qui, Brigitte ?
01:23:41 - Toujours par
01:23:43 un réseau social, vous voyez.
01:23:45 C'est grâce à ce qui
01:23:47 se passe aujourd'hui.
01:23:49 Le gouvernement ne prend pas conscience
01:23:51 que ces réseaux sociaux
01:23:53 sont assassins.
01:23:55 Ils peuvent assassiner nos enfants,
01:23:57 nos petits-enfants. Ils peuvent
01:23:59 nous assassiner nous-mêmes.
01:24:01 Là, c'est parce que je suis sur
01:24:03 le coup de l'émotion, et que je vous en parle
01:24:05 en tremblant. Mais
01:24:07 le harcèlement,
01:24:09 c'est au quotidien. Le harcèlement
01:24:11 vous use. Le harcèlement...
01:24:13 Le harcèleur
01:24:15 se sert de votre
01:24:17 point faible pour vous assaillir.
01:24:19 - Et le cyber-harcèlement
01:24:21 ne s'arrête jamais, ce qui explique
01:24:23 ce sentiment
01:24:25 d'épuisement, parce qu'on a l'impression
01:24:27 qu'il n'y a aucun endroit pour se protéger,
01:24:29 aucun refuge.
01:24:31 Brigitte, ce n'est peut-être pas l'endroit pour en parler,
01:24:33 mais appelez le 3018, on peut
01:24:35 vous aider si vous êtes vous-même victime
01:24:37 de cyber-harcèlement.
01:24:39 On a les moyens, parce que le 3018 est signé
01:24:41 à l'heure de confiance auprès de tous les réseaux
01:24:43 sociaux, ce qui permet de supprimer
01:24:45 des contenus, voire dans les cas les plus graves,
01:24:47 de supprimer des comptes.
01:24:49 On peut vous venir en aide, donc une fois
01:24:51 que vous vous aurez raccroché, je vous invite à appeler le 3018,
01:24:53 vous aurez un psychologue ou un juriste.
01:24:55 - Je l'ai déjà fait, mais mon témoignage,
01:24:57 c'est surtout pour que les gens entendent.
01:24:59 Si, les enfants,
01:25:01 on arrive à un acte aussi dramatique,
01:25:03 c'est que, quelque part,
01:25:05 le harcèleur ne l'a pas
01:25:07 harcelé
01:25:09 que sur quelques jours.
01:25:11 Non, non, ça ne dure pas.
01:25:13 - C'est long, ça va péter.
01:25:15 - En tout cas, je pense que votre témoignage,
01:25:17 Brigitte, les parents qui nous écoutent l'entendent
01:25:19 et je pense que chaque parent
01:25:21 qui a des enfants, des ados,
01:25:23 va poser
01:25:25 la question, évidemment,
01:25:27 à ses enfants.
01:25:29 On va conclure avec Jean-Yves également, qui voulait réagir.
01:25:31 On est en fin d'émission, Jean-Yves,
01:25:33 mais on vous donne la parole. Merci de réagir.
01:25:35 Bonjour.
01:25:37 - Bonjour madame, bonjour monsieur.
01:25:39 - Bonjour. - Bonjour Jean-Yves.
01:25:41 - Alors, je suis
01:25:43 ex-dirigeant d'entreprise,
01:25:45 mais toujours administrateur,
01:25:47 et j'ai créé, dans le département
01:25:49 des Pyrénées-Orientales,
01:25:51 les cadets de la gendarmerie, et j'ai eu besoin
01:25:53 de structure. Et donc,
01:25:55 je suis accueilli gratuitement dans un lycée
01:25:57 et, pour remercier
01:25:59 ce lycée, qui est le lycée Alfred Sauvy,
01:26:01 qui est un lycée professionnel formidable,
01:26:03 près du Boulot, près de la frontière
01:26:05 espagnole,
01:26:07 soit je fais des remplacements de professeur,
01:26:09 soit je travaille sur des dossiers,
01:26:11 dont le harcèlement scolaire.
01:26:13 Et l'idée que je viens de mettre,
01:26:15 que je suis en train de mettre en place,
01:26:17 est la suivante.
01:26:19 Moi, j'ai été harcelé parce que j'étais tout le temps
01:26:21 pris d'excellence. C'est comme ça. Bon.
01:26:23 C'était il y a longtemps, j'ai 71 ans.
01:26:25 Et je sais que
01:26:27 on m'aurait tué plutôt que j'aille
01:26:29 me plaindre.
01:26:31 Et l'idée du lycée était de créer
01:26:33 des binômes, c'est une bonne idée, un adulte,
01:26:35 un élève, pour qu'on aille
01:26:37 se plaindre. Sauf que personne va aller
01:26:39 se plaindre up front.
01:26:41 Et donc, je vais faire mettre
01:26:43 dans tout le lycée, dans tous les endroits,
01:26:45 la cantine, les dortoirs,
01:26:47 partout, sur chaque porte,
01:26:49 un QR code,
01:26:51 que chaque lycéen pourra flasher
01:26:53 discrètement.
01:26:55 Et quand il aura flashé ce QR code,
01:26:57 il choisira
01:26:59 son binôme et des heures de rendez-vous
01:27:01 discrètes à l'extérieur du lycée
01:27:03 pour lequel il pourra
01:27:05 parler de son problème. C'est rien,
01:27:07 c'est une toute petite idée, mais ça me
01:27:09 fait très opérationnel.
01:27:11 Ce qui est un peu mon métier.
01:27:13 - Bravo.
01:27:15 - S'il vous plaît, bravo, parce que je pense que
01:27:17 dans ce problème
01:27:19 que nous évoquons aujourd'hui, il n'y a pas
01:27:21 de petite solution, il n'y a que des bonnes
01:27:23 idées et tout ce qu'on peut faire pour
01:27:25 faire avancer les choses, c'est une bonne chose.
01:27:27 Ça me fait penser beaucoup à votre idée,
01:27:29 c'est pas tout à fait le même
01:27:31 principe, mais aujourd'hui, dans certains
01:27:33 établissements, se développent des salles
01:27:35 où on peut parler. C'est-à-dire que c'est des endroits
01:27:37 qui sont fréquentés
01:27:39 par d'autres élèves, où on sait que
01:27:41 quand on a besoin de parler, pas forcément que de
01:27:43 harcèlement, on peut se présenter dans cette
01:27:45 salle et il y a des élèves
01:27:47 qui ont été particulièrement
01:27:49 accompagnés, formés justement pour pouvoir
01:27:51 accueillir la parole des autres et qui sont
01:27:53 je dirais faciles d'accès, parce que ce sont d'autres
01:27:55 élèves, on n'a pas la difficulté
01:27:57 de pousser la porte
01:27:59 d'un bureau d'un adulte.
01:28:01 Donc il y a une proximité et
01:28:03 apparemment c'est des
01:28:05 lieux d'écoute qui se
01:28:07 développent et qui ont l'air de porter leur fruit.
01:28:09 Je trouve que ça ressemble beaucoup à ce que vous
01:28:11 proposez, en tout cas de faciliter la
01:28:13 parole et de faire en sorte que
01:28:15 cette révélation des situations
01:28:17 elle puisse se faire
01:28:19 sans obstacles, sans difficultés et de manière
01:28:21 très rapide. Donc je vous redis
01:28:23 bravo. - En tout cas, ça prouve
01:28:25 que Laurence a raison. Quand elle dit "ça viendra
01:28:27 à les solutions", elles viendront des associations,
01:28:29 des citoyens...
01:28:31 - Petit à petit...
01:28:33 - Je rajouterai
01:28:35 un adjectif
01:28:37 qui à mon avis est majeur,
01:28:39 qui est "il faut absolument
01:28:41 que ce soit 100% anonyme".
01:28:43 Sinon, je vous dis, moi je me serais
01:28:45 fait tuer plutôt qu'on sache
01:28:47 que j'étais allé me plaindre.
01:28:49 - Vous avez raison.
01:28:51 - Donc il faut
01:28:53 faciliter le truc et que ce soit
01:28:55 complètement anonyme. Et là,
01:28:57 ça marche. Voilà, c'est ce que je voulais vous dire.
01:28:59 - Et vous avez raison parce que la peur des représailles
01:29:01 est souvent un énorme obstacle
01:29:03 qui s'impose parce que les jeunes
01:29:05 ont peur de parler, parce qu'ils se disent "ça va faire
01:29:07 empirer la situation et pas du tout la résoudre".
01:29:09 - Donc il faudrait pouvoir "dénoncer"
01:29:11 son harceleur de manière
01:29:13 anonyme, c'est bien ça ?
01:29:15 - Il faudrait pouvoir, pardonnez-moi
01:29:17 d'être aussi précis,
01:29:19 il faut pouvoir
01:29:21 avoir un entretien
01:29:23 100% anonyme
01:29:25 et dénoncer les faits.
01:29:27 - Mais auprès
01:29:29 de quelqu'un de qualifié
01:29:31 pour qu'on soit sûr que ce n'est pas une dénonciation
01:29:33 harcelante, encore une fois.
01:29:35 - Absolument, et c'est pour ça qu'on fait ça
01:29:37 en binôme avec
01:29:39 le lycée est formidable
01:29:41 et l'encadrement du lycée est formidable,
01:29:43 je dois dire. Le lycée Alfred-Sauvy,
01:29:45 moi j'y suis comme un poisson
01:29:47 dans l'eau.
01:29:49 Et il faut absolument qu'il y ait un adulte
01:29:51 formé, vous avez absolument raison madame,
01:29:53 un adulte formé
01:29:55 et un élève un peu formé aussi.
01:29:57 - Merci beaucoup
01:29:59 monsieur de ce témoignage,
01:30:01 merci beaucoup monsieur Samuel Comblès,
01:30:03 on va conclure sur cette idée.
01:30:05 En effet,
01:30:07 l'anonymat, on peut le comprendre.
01:30:09 Merci beaucoup Samuel Comblès, je rappelle
01:30:11 ce numéro,
01:30:13 3018, aide aux victimes des violences
01:30:15 numériques. Demain on sera
01:30:17 avec Hélène Vécalier, on reviendra
01:30:19 sur le fameux triangle
01:30:21 sauveur-victime-persécuteur
01:30:23 et on verra comment reconnaître
01:30:25 tout ça. Merci beaucoup Samuel.

Recommandations