• il y a 3 heures
Avec Bruno CLAVIER

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##BRIGITTE_LAHAIE-2025-01-2025##
Transcription
00:00:0011h-16h Brigitta et Sud Radio. Bonjour à tous nous sommes ensemble durant ces deux heures sur
00:00:06Sud Radio. On évoque toujours les parents mais tout particulièrement aujourd'hui j'aimerais
00:00:12qu'on évoque le rôle des grands-parents dans notre construction psychique, anatomique,
00:00:17émotionnelle etc. Parce que bien sûr nos parents jouent un rôle essentiel mais parfois une
00:00:24grand-mère ou un grand-père va nous apporter d'autres choses et pourquoi j'ai envie de parler
00:00:28de ça parce que j'ai beaucoup apprécié le dernier ouvrage de Bruno Clavier qui est avec
00:00:33nous aujourd'hui et qui a écrit un livre à ce sujet « Devenir un bon ancêtre » c'est aux
00:00:41éditions Payot. Bonjour Bernard, Bruno Clavier pardon. Et puis durant ces deux heures on va
00:00:48évoquer tout ça. Alors attention il n'est pas question d'idéaliser les grands-parents parce
00:00:52que malheureusement il y a aussi parfois des grands-pères abuseurs ou une grand-mère
00:00:56particulièrement odieuse, castratrice ou qui n'a pas protégé sa mère donc notre mère. Et puis
00:01:04ce qui est important peut-être de comprendre c'est qu'on ne vient pas de nulle part et mieux
00:01:09comprendre nos ancêtres c'est à la fois mieux se comprendre mais aussi mieux comprendre ce qui
00:01:13s'est joué dans notre famille. On sait par exemple à quel point les secrets de famille peuvent être
00:01:19particulièrement handicapant. Donc je vous invite peut-être à poser des questions à Bruno Clavier
00:01:24qui est avec nous ou à témoigner. Pour ça bien sûr vous connaissez notre numéro 0 826 300 300. Et
00:01:30puis tout particulièrement aujourd'hui on vient d'apprendre la mort de Bertrand Blier et je voulais
00:01:35lui rendre hommage parce que dans nombreux de ses films il nous montre à quel point c'est
00:01:42compliqué le fait d'être un être humain. On n'est pas tout à fait construit quand on est jeune,
00:01:48on le voit dans les valseuses, parfois on a des difficultés avec son identité de genre,
00:01:54on le voit notamment dans Tenues de soirée. Bref c'est un réalisateur dont je me souviens
00:02:02notamment de Préparer vos mouchoirs où il y a quand même une relation limite entre un très
00:02:08jeune garçon et une femme. On voit à quel point il a su démontrer que les rapports humains en ce
00:02:15qui concerne l'affectif et la sexualité sont quand même souvent très troubles. Et c'est en ce sens
00:02:21que j'ai envie de lui rendre hommage parce que peut-être à sa manière il a fait avancer la
00:02:28société. Bruno Clavier bonjour, vous voulez réagir sur... Bertrand Blier, désolé pas particulièrement
00:02:35à part que je l'admire, enfin voilà ce qu'il a fait. Mais par contre je poursuis sur l'idée de
00:02:42la complexité de l'âme humaine et du fait de ce mélange entre justement l'amour, la haine,
00:02:48toutes ces passions à l'intérieur de nous-mêmes. Oui et comment on se construit aussi je trouve
00:02:55ça intéressant, on se construit en fonction de nos rencontres et alors parfois il y a des rencontres
00:02:59bénéfiques et puis parfois il y a des rencontres toxiques et ça aussi c'est important et vous qui
00:03:05travaillez énormément sur l'inceste, sur les abus sur les enfants, on sait bien qu'un abus sur un
00:03:11enfant c'est un traumatisme à vie mais en même temps c'est aussi par rapport à ça qu'on va se
00:03:19reconstruire et que parfois on va devenir quelqu'un de particulièrement intéressant, passionnant,
00:03:24généreux comme vous. Oui ça puis dans les thérapies on va essayer d'aider les personnes à
00:03:29ce qu'elles trouvent des bonnes connexions puisque quand elles sont abusées elles ont tendance après
00:03:34à répéter des mauvaises connexions malgré elles et donc trouver les bonnes personnes sur son chemin
00:03:39c'est tout un parcours de vie. Voilà donc on va évoquer tout ça bien sûr avec vous puis on va
00:03:47revenir sur les ancêtres. J'ai vraiment aimé votre livre parce que d'abord vous êtes comme souvent
00:03:57d'ailleurs très sincère dans ce que vous dites quand vous parlez de vous, de cette relation au
00:04:05temps qui passe. L'âge. Oui l'âge bien sûr mais c'est important d'accepter de se rendre compte
00:04:15qu'on vieillit, vouloir rester jeune ça veut rien dire. Oui je pense qu'il y a beaucoup de dénis dans
00:04:22notre société, il y a un déni on le sait maintenant sur l'inceste, ça c'est maintenant on commence à
00:04:27comprendre mais j'ai trouvé qu'il y avait un deuxième déni par rapport à la mort et la vieillesse et
00:04:31la maladie. Comme si on est dans une société où on nous promet l'éternité puis si on est un peu
00:04:38malin on s'aperçoit que ça ne marche pas. Et donc au lieu de nous préparer, au lieu de valoriser la
00:04:44vieillesse et puis même pourquoi pas valoriser le départ, la mort, c'est mis sous le tapis et puis
00:04:51tout d'un coup ça vous déboule dans la vie comme ça et on n'est pas très préparé voilà. On n'est
00:04:55pas très préparé à la sexualité, on n'est pas très préparé à plein de choses. Et d'ailleurs il y a
00:04:59un lien entre la sexualité et la mort bien sûr. C'est même un lien inverse que c'est
00:05:06comme le chaud et le froid sur le thermomètre, c'est à dire ça s'oppose et pourtant ça fonctionne
00:05:13ensemble. Mais la sexualité c'est la vie et puis de l'autre côté il y a la mort. Oui alors moi j'ai
00:05:18envie juste de dire à ceux qui nous écoutent, puis s'ils ont envie de venir parler de la mort
00:05:22pourquoi pas, j'ai juste envie de dire que ce qu'il faut bien comprendre, la mort de toute façon
00:05:26elle est inévitable, on va tous y passer et ce qui est le plus difficile en fait c'est de quitter
00:05:32tout ce qu'on aime, c'est de quitter la vie finalement, c'est ça qui est difficile parce que
00:05:37c'est tous les plaisirs qu'on peut avoir, le plaisir d'un lever de soleil, le plaisir d'un bon
00:05:42déjeuner, le plaisir de rencontrer un ami et c'est tout ça qu'on perd quand on meurt. Mais une fois
00:05:50qu'on est mort de toute façon on ne souffre pas donc ce qu'il faut bien comprendre c'est qu'on se
00:05:55trompe souvent, moi quand j'entends des gens qui me disent j'ai pas peur de la mort, d'abord on a
00:06:00forcément peur puisque c'est l'inconnu, tout le monde a peur de la mort, donc déjà ce déni est
00:06:04ridicule et peut-être que si on appréhendait mieux qu'est-ce qui nous fait peur ou pourquoi
00:06:13on n'a pas envie de mourir, on serait peut-être plus à l'aise avec ça. Oui c'est à dire que c'est
00:06:17comme, bon déjà on a du mal à en parler c'est clair et puis on cache la mort. Nous on sait en parler là.
00:06:22On en parle mais bon c'est pas toujours évident. On cache nos morts, on cache la mort partout et puis
00:06:28on cache même nos vieux aujourd'hui, c'est terrible. Et quelque part il y a quelque chose où on n'est
00:06:34pas préparé comme beaucoup de choses dans la vie comme ça, on est balancé là-dedans, on devient
00:06:38parent sans être préparé, on devient grand-parent sans être préparé puis on arrive à cette histoire
00:06:42de mort pareil sans être trop préparé. Il y aurait l'idée de trouver une nouvelle dimension, le plus
00:06:48possible, une dimension plus large pour que ça soit pas si cette grande panique généralisée qu'on peut
00:06:57observer, qu'on peut voir. Bon il y a des gens très très vertueux qui meurent tranquillement et tout
00:07:02et puis il y en a d'autres qui meurent dans la panique et tout ça et je crois qu'il y a quelque
00:07:07chose dont on peut parler à ce moment-là sans que ça soit contraire justement à la vie, ça fait
00:07:12partie de la vie et puis ça peut être, il y a quelque chose de l'ordre du joyeux partout quoi.
00:07:16Absolument, bon donc on va aborder tout ça et puis comme toujours quand vous êtes là Bruno Clavier,
00:07:21si des personnes qui ont été elles-mêmes incestuées ou abusées et elles ont envie d'en parler parce
00:07:29que je sais que vous êtes à chaque fois avec une écoute remarquable, on peut les inviter également.
00:07:34Oui puisque ça a un rapport justement, il y a un rapport entre l'inceste et la mort, j'y reviendrai
00:07:39peut-être plus tard. Non allez-y. Il y a vraiment un rapport complètement, je dirais que l'inceste
00:07:44c'est l'illusion de ne pas mourir. Celui qui abuse, c'est quelque chose qui est contre son angoisse de mort.
00:07:53C'est le déni des générations déjà. Oui et puis c'est le fait que c'est comme si, je dis même qu'à la
00:07:59source de ça il y a de l'angoisse de mort et qu'il pense que, notamment dans la pédophilie, il pense
00:08:07qu'en abusant de quelqu'un de plus jeune, il va vivre plus longtemps comme les vampires, comme s'il
00:08:11prenait le sang. Oui ces fameux rois dictateurs qui avaient besoin de vierges pour se sentir éternels.
00:08:18C'est vraiment ça et c'est donc ce rapport très intime entre l'inceste et la mort et l'angoisse
00:08:25de mort, je dirais, et c'est pour ça qu'il y a beaucoup à travailler de ce côté-là aussi, même
00:08:29parmi les agresseurs. Vous avez raison et d'ailleurs pour que tout le monde comprenne bien ce que vous
00:08:33dites, quand on voit des hommes de 70 ans qui vont épouser des femmes de 35-40 ans et à qui
00:08:42ils vont accepter de faire un enfant, on peut aussi se questionner sur leur relation à leur âge et à la
00:08:49mort. Oui et plus c'est une certaine façon de continuer avec cette illusion d'être jeune et
00:08:57que ce n'est qu'une illusion. Des fois je trouve ça pathétique, des fois qu'on voit des
00:09:02gars comme ça de 60 ans avec des filles de 20 ans, franchement les discussions sont compliquées même
00:09:07si une fille de 20 ans est super, mais bon, est-ce que ça ne serait pas mieux de la maturité pour
00:09:11être tranquille et discuter tranquillement par exemple ? De quoi ils parlent ? Ils font autre
00:09:15chose. Mais est-ce que c'est toujours cette question de jeunesse éternelle et que ça va
00:09:20nulle part ? Mais il faut qu'on comprenne que ça va nulle part. Et oui, chaque âge a ses avantages
00:09:25et ses inconvénients, mais quand on vieillit bien, on devient très sage et on est apte à peut-être
00:09:33entendre plus de choses. Oui, puis l'idée c'est d'être heureux quand même. C'est d'être heureux
00:09:37quand même et d'être heureux même parce que c'est comme ça. C'est pour ça que je reviendrai sur les
00:09:41violences sexuelles et sur le traumatisme. C'est que le traumatisme empêche de bien vieillir et de
00:09:47bien mourir. C'est ça que je voulais dire. Oui, vous avez raison. On sait d'ailleurs qu'il y a un
00:09:50taux de suicide beaucoup plus grand chez les personnes qui ont été abusées sexuellement,
00:09:53qu'il y a des prises de risques, qu'il y a aussi des problèmes de santé énormes. Les chiffres
00:09:59actuels, c'est que ces deux personnes abusées sur trois feront une tentative de suicide,
00:10:04au fond. Oui, et puis il y a tous ces problèmes de santé, moi je le remarque. Et alors là,
00:10:10c'est pas uniquement sur les personnes abusées, c'est aussi sur les personnes qui ont eu des
00:10:14enfances maltraitées. Ils sont souvent avec un système immunitaire déficient. Déjà, rien que
00:10:19pour la sécurité sociale, ça vous vaudrait le coup que la société s'en occupe un peu mieux.
00:10:23Se pencher sur cette question de traumatisme. Oui. Bon, c'est à vous de nous rejoindre. 0826
00:10:29300 300. A tout de suite. Sud Radio. Parlons vrai. Parlons vrai. Sud Radio. Parlons vrai.
00:10:3514h-16h. Brigitte Lahaye. Sud Radio. Bruno Clavier est avec nous et son dernier livre
00:10:43« Devenir un bon ancêtre aux éditions Payot » est un peu notre fil rouge aujourd'hui. Belinda,
00:10:49merci d'être avec nous. Bonjour. Bonjour. Et alors, vous avez vécu l'inceste par votre
00:10:55grand-père, votre père, quand vous étiez toute jeune, c'est ça ? Tout à fait, c'est tout à fait
00:11:00ça. Et une grand-mère qui ne prenait pas soin de nous à côté. Une grand-mère. Et votre mère ? Ma
00:11:09mère n'a jamais été au courant des abus sexuels. Et pourquoi ? Qu'est-ce qui vous fait dire ça ? Alors,
00:11:18pourquoi ? Parce qu'on n'en a jamais parlé et qu'elle ne pouvait pas être au courant puisque
00:11:26ça ne se passait pas quand elle était là. C'était une époque où on n'en parlait pas,
00:11:31où on ne disait rien. Et puis mon grand-père, quand je partais en vacances... C'est une époque
00:11:38aussi où malheureusement il y avait peu d'informations et si vous aviez l'air d'aller
00:11:42moins bien, elle ne pouvait peut-être pas imaginer ce qui se passait. On n'y faisait pas attention.
00:11:45Excusez-moi, pour vous, ça a commencé à quel âge ? C'est toujours important.
00:11:53Six ans. Six ans. Je me suis construite toute seule. Je suis une grand-mère, une grand-mère
00:12:06adorable, qui n'est pas reproduite. Parce qu'on entend souvent avec les psychiatres qu'on reproduit.
00:12:12Non, pas forcément. Je n'ai pas du tout reproduit ce que j'ai vécu.
00:12:15Non, mais la majorité des gens ne reproduisent pas. Il faut arrêter. C'est vrai que souvent,
00:12:24il y a des traumatismes chez les pédocriminels, qui ne sont pas d'ailleurs forcément des abus.
00:12:31Mais ça ne veut pas dire pour ça que tous les abusés vont devenir des abuseurs.
00:12:37Exactement. Il faut comprendre qu'il y a plus d'agressés que d'agresseurs. Un agresseur en fait
00:12:50toujours beaucoup de victimes. Bien sûr. Donc du coup, il y a plus d'agressés que d'agresseurs.
00:12:55Bien sûr, nous, on était 50 ans, mon père était en armes.
00:12:58D'ailleurs, c'est 1 pour 10, c'est à peu près ça le ratio.
00:13:02Des personnes abusées ?
00:13:04Oui.
00:13:05Pour moi, c'est plus que ça. Parce que 1 sur 10, c'est les chiffres officiels, mais on ne tient pas compte du déni,
00:13:14on ne tient pas compte de l'amnésie.
00:13:16Bien sûr, c'est les chiffres officiels.
00:13:17C'est les chiffres officiels des gens qui le disent, qui peuvent en témoigner. Mais l'amnésie fait que,
00:13:22comme il y a beaucoup de gens amnésiques, ce âge, on peut largement doubler.
00:13:27Largement.
00:13:28Oui.
00:13:29Excusez-moi, qu'est-ce que vous vouliez dire ?
00:13:31Non, je vous en prie. Du coup, je ne sais plus, j'ai un peu perdu ce que je voulais dire.
00:13:35Ce n'est pas grave. Ce que je voulais dire, c'est que, voilà, grand-père abuseur, père abuseur,
00:13:41effectivement, ils ont été dans la reproduction de ce qu'ils avaient vécu.
00:13:44Voilà, mais ce n'est pas une raison.
00:13:47Ce n'est pas une excuse.
00:13:48Non, mais tout à fait. Nous, on était 5 enfants. En plus, vous me demandiez, ma mère était au courant,
00:13:54un père gendarme, non, puisque c'est la justice. Donc, il ne peut pas se dire qu'un père gendarme abuse ses enfants.
00:14:00Oui. C'est ça ce qui lui donne un peu une couverture, comme dans les affaires criminelles, quoi.
00:14:05Tout à fait. Puis, c'était quelqu'un de... Autant mon grand-père, parce qu'on parlait de la construction qu'on pouvait avoir par rapport à ces histoires-là.
00:14:15Moi, je me suis construite toute seule, je grandis toute seule. Je m'occupe d'enfants en difficulté qui ont été victimes de viol et d'inceste.
00:14:23Pas pour rien. Alors, je n'ai pas confondu mon histoire et la leur. Bien au contraire, je suis dans quelque chose où chaque histoire est totalement différente
00:14:33et on se construit toutes de manière différente, et vous le disiez tout à l'heure, par rapport à notre identité, par rapport à notre sexualité.
00:14:39Moi, je sais que je n'arrive pas à rencontrer la bonne personne. J'ai une sexualité par rapport à cette histoire qui est compliquée.
00:14:47Excusez-moi, je vous coupe aussi, mais je crois que c'est important quand même.
00:14:52Quand vous dites, je me suis construite toute seule, c'est à la fois vrai et c'est à la fois faux.
00:14:56C'est-à-dire que vous avez eu la force, malgré ce que vous avez traversé, de venir, de tenir debout, si je puis dire.
00:15:05Mais malgré tout, on se construit à travers ce qu'on vit.
00:15:09Bien sûr. Je suis d'accord. C'est aussi pour ça que je dis que dans ma sexualité, c'est compliqué.
00:15:14Bien sûr, bien sûr, bien sûr. Et d'où vous vient, comment vous avez trouvé cette force, justement, à vous tenir debout, d'après vous ?
00:15:21Qui ou quoi vous a permis de résister ?
00:15:27Moi.
00:15:28Oui, j'entends bien.
00:15:29Alors moi, je dis moi. Je dis souvent moi parce que, alors je vous coupe encore, mais parce que je dis toujours que c'est moi avec un grand M, un grand O, un grand I.
00:15:37Parce que je me suis battue pour moi en me disant que grâce à mon père, j'étais celle que je suis aujourd'hui.
00:15:44Peut-être Belinda, c'est que vous avez eu une maman qui vous a vraiment aimé.
00:15:48Ça, ça peut être une force déjà.
00:15:50Non, même pas.
00:15:51Est-ce qu'il y a eu, je ne sais pas, la nature, un animal, un voisin ?
00:15:58Non, comme je vous dis, alors moi et mes enfants.
00:16:03Ça, c'est bien plus tard, les enfants.
00:16:05C'est pour ça qu'au départ, ça a été moi, c'est ce que je vous dis.
00:16:10Ah non, c'est toujours comme ça.
00:16:12Vous savez, j'avais un père gendarme, donc j'avais un père qui disait, il ne faut pas que les gens parlent de vous.
00:16:17J'ai des filles de gendarmes, des enfants de gendarmes, donc il faut que vous soyez comme ça et comme ça.
00:16:21Et à un moment, j'ai eu un déclic, vraiment à 18 ans, pas 6 ans bien évidemment.
00:16:25Mais à 18 ans, je me suis dit, mais ce n'est pas possible, je vais être moi, je ne vais pas être lui.
00:16:29Quelqu'un qui n'aime pas les autres, qui n'aime pas les différences, qui n'aime rien à part lui.
00:16:33Je me rappelle d'une histoire où quand il était gendarme, il y avait une gamine qui avait vécu des choses terribles.
00:16:40Et il est revenu en se vantant qu'il avait tabassé ce mec, il était fier de lui.
00:16:44Je me dis, mais jamais je ne deviendrai comme lui, jamais.
00:16:47Ce qui est incroyable, et ça on le remarque malheureusement souvent Belinda, c'est qu'on voit votre père
00:16:54qui à la fois certainement, quand vous étiez toute petite, avant 6 ans, il vous a aidé à avoir des vraies valeurs.
00:17:00Et puis ensuite, à la fois c'est quelqu'un qui est capable de devenir presque violent face à des gens qui font des choses pas bien.
00:17:08Et qui en même temps, est lui aussi capable de faire des choses horribles.
00:17:12Cette sorte de dualité, et c'est difficile j'imagine pour vous, face à un père qui est à la fois un père qui semble bon et solide, et puis en même temps un monstre.
00:17:28Il y a un grand-père dans la même version.
00:17:31J'ai le sentiment, parce que c'est quelque chose qu'on observe, c'est-à-dire que les enfants passent leur temps à observer leurs parents,
00:17:38et ils essayent d'attraper tout ce qui vient d'eux, et souvent ils essayent d'attraper les bonnes choses,
00:17:43et vous avez peut-être justement attrapé les bonnes choses, et puis quand les enfants sont malins,
00:17:47ils se disent, ah non mais ça c'est pas bien, je le prends pas, donc je crois que c'est ce que vous avez fait,
00:17:51vous avez attrapé les bonnes choses, et puis rejeté ce qui vous...
00:17:54C'est fou comment les enfants sont malins en fait, ils comprennent tellement tout à 4 ans,
00:18:00enfin dès le début, mais à 6 ans un enfant se dit, mais mon père et mon grand-père ils sont malins là,
00:18:06bon je vais pas faire comme eux, il y a quelque chose qui tourne pas rond,
00:18:10souvent on voit ça avec les enfants, il y a quelque chose qui tourne pas rond.
00:18:13Mais parce que l'enfant il est fondamentalement bon au départ.
00:18:15Moi je le pense vraiment, c'est-à-dire qu'il sait exactement ce qui va ou ce qui va pas,
00:18:19il dit il y a quelque chose qui cloche, il y a quelque chose qui va pas dans ce truc là quoi,
00:18:22et en plus ils s'aperçoivent de la dualité des parents qui sont en même temps,
00:18:28comme vous l'avez dit, qui va taper l'agresseur et qui fait la même chose, c'est incroyable.
00:18:33Oui, le père, le grand-père, donc vivre là-dedans, on a intérêt à se blinder,
00:18:41et à se dire, je vais avancer, et on se blinde, on se blinde quand on est enfant.
00:18:45Et on ferme les yeux, on ferme beaucoup les yeux, on se met dans des bulles.
00:18:48C'est peut-être ce blindage qui vous a un petit peu empêché d'arriver à harmoniser votre sexualité,
00:18:53parce que quand on est blindé, c'est compliqué de souffrir.
00:18:58De laisser rentrer quelqu'un, tout à fait.
00:19:02Tout à l'heure vous parliez de la mort, j'espère que vous aborderez le sujet,
00:19:05parce que je viendrai vous voir dans une émission.
00:19:08De quoi, quand je parlerai ?
00:19:10De la mort.
00:19:12On en parle là aujourd'hui aussi.
00:19:14On en parle, pourquoi pas, c'est pas un sujet tabou.
00:19:17C'est pas un sujet tabou pour moi.
00:19:19Non, j'entendais vous dire, on ne peut pas être dans le déni de dire, je n'ai pas peur de la mort.
00:19:24Alors je vais vous contredire, je n'ai pas peur de la mort.
00:19:28J'ai juste le fait de me dire, je ne verrai pas ma fille grandir,
00:19:33moi avec mes petits-enfants, puisque ma fille a 23 ans et mon fils 44.
00:19:36Donc ma fille, j'aimerais bien voir ma fille grandir et voir ses enfants.
00:19:39Il y a juste ça.
00:19:40Mais la peur de la mort, non, puisque je l'ai vécue, la mort.
00:19:43Oui, c'est ça, vous la connaissez.
00:19:45C'est-à-dire, j'ai mis ça dans plusieurs de mes livres,
00:19:49mais pour moi, il y a deux morts.
00:19:51Il y a la mort traumatique et la mort tranquille.
00:19:55Il existe deux morts.
00:19:57Et ce que vous voulez dire, c'est que vous avez vécu la mort traumatique,
00:19:59mais vous n'avez pas peur de la mort tranquille.
00:20:02Alors j'ai vécu la mort traumatique, effectivement,
00:20:05quand on m'a vu au La Scissor Incident, parce que je suis morte.
00:20:08Mais j'ai aussi vécu la mort mort, parce que j'ai fait un arrêt cardiaque il y a un an.
00:20:13Et donc, c'est pour ça que je dis que je n'ai pas peur de la mort.
00:20:16Oui, mais Belinda, c'est ce que j'entends souvent dans ces cas-là.
00:20:19Mais vous n'êtes pas réellement morte, vous avez failli mourir.
00:20:22Ce n'est pas la même chose.
00:20:24Moi, ce qui me fait dire que forcément, on a peur de la mort,
00:20:27c'est parce qu'on a peur de l'inconnu.
00:20:29Moi, un de mes premiers maîtres, c'est Krishnamurti.
00:20:32Il explique vraiment très, très bien pourquoi l'inconnu fait forcément peur.
00:20:37Mais maintenant, quand je dis peur,
00:20:40ça ne veut pas dire qu'on se réveille le matin terrorisé chaque jour
00:20:43parce qu'on a peur de la mort.
00:20:45J'entends que vous êtes relativement apaisée par rapport à ça.
00:20:50Et tant mieux, d'ailleurs.
00:20:52Par rapport à tout, je crois que je suis apaisée par rapport à tout.
00:20:56Je suis quelqu'un de très tranquille, de très zen.
00:20:59Je prends la vie comme elle vient, un jour après l'autre.
00:21:01Mais c'est ça qu'il faut faire, absolument.
00:21:03Vous avez raison.
00:21:05Dans ce sens-là, je crois qu'on est d'accord là-dessus, bien sûr.
00:21:08Il trouve que vieillir, c'est un privilège.
00:21:11On sait que quand on vieillit, on va mourir.
00:21:13Pour l'instant, on n'a rien trouvé d'autre que vieillir pour ne pas mourir, Belinda.
00:21:18C'est un privilège de vieillir.
00:21:21Exactement, c'est une chance parce que tout le monde n'a pas cette chance, absolument.
00:21:24Oui, tout à fait.
00:21:26Merci de cet échange, Belinda.
00:21:28On fait une petite pause, on se retrouve pour le Love Conseil.
00:21:31Comment bien orienter sa vie, justement ?
00:21:33Tiens, voilà un Love Conseil qui est dans la suite logique de ce qu'on dit.
00:21:37Vous souhaitez témoigner sur des abus que vous avez vécus
00:21:40ou parler de l'influence de vos ancêtres ?
00:21:43Bruno Clavier est notre invité aujourd'hui.
00:21:45Appelez-nous au 0 826 300 300.
00:21:57C'est un Love Conseil, Bruno Clavier, auquel vous pouvez bien sûr réagir.
00:22:01Comment bien orienter sa vie ?
00:22:03Bien orienter sa vie, sur tous les plans,
00:22:05c'est se donner un maximum de chance d'être heureux.
00:22:07On est d'accord, tant qu'à faire.
00:22:09Et c'est surtout grâce à une intelligence émotionnelle
00:22:12qui va être donc reliée à une intuition
00:22:15qu'on peut plus facilement y parvenir.
00:22:17Donc, c'est toujours important d'analyser quelles sont les émotions
00:22:20qui vous ont poussé à agir ou au contraire à ne pas agir.
00:22:23Bon, généralement, quand on n'ose pas,
00:22:25c'est parce qu'on a une peur un peu trop forte
00:22:28qui nous empêche d'oser.
00:22:30Alors, c'est vrai que la vie n'est pas faite d'événements positifs.
00:22:33Il faut accepter cette réalité.
00:22:35Ce n'est pas parce qu'on n'a pas de chance
00:22:38que tout d'un coup on va traverser une épreuve ou un malheur.
00:22:41C'est la vie.
00:22:43Mais en revanche, savoir accepter cette épreuve
00:22:46et puis savoir en tirer quelque chose,
00:22:49c'est ce qui va nous permettre de nous rendre plus forts ou plus fragiles.
00:22:52Et je crois qu'il y a deux choses essentielles,
00:22:55pour moi, qui permettent de bien orienter sa vie.
00:22:59C'est de garder l'envie,
00:23:01c'est-à-dire le désir,
00:23:03c'est-à-dire d'avoir des projets, de s'accorder des plaisirs,
00:23:05de savoir vivre l'instant présent,
00:23:07et puis de donner un peu de sens à son existence.
00:23:10Et quand on arrive à garder ces deux choses-là bien présentes,
00:23:13en règle générale, on arrive à orienter sa vie, on continue.
00:23:17Voilà. Qu'est-ce que vous avez envie de dire ?
00:23:20Surtout sur la question du sens.
00:23:23Donner un sens à sa vie,
00:23:25je crois que c'est pour n'importe quelle personne sur Terre
00:23:28ou n'importe quelle personne qui nous écoute,
00:23:30mais quel est le sens de ma vie ?
00:23:32Quel que soit le métier que j'ai fait, quelle que soit l'activité,
00:23:35est-ce que ça a du sens pour moi ?
00:23:37Est-ce que je suis venu sur Terre pour donner ce sens-là à ma vie ?
00:23:41Et puis, dans ce cas-là, on n'a rien raté,
00:23:43si on est là pour le sens qu'on voulait se donner.
00:23:46Absolument, je suis bien d'accord avec vous.
00:23:48Et puis parfois, on évolue un peu dans le sens qu'on donne,
00:23:51mais il y a toujours vigilant
00:23:53de ne pas être là à faire n'importe quoi
00:23:56sous prétexte qu'on est mené par les choses de la vie.
00:24:01Oui, et puis éviter les regrets,
00:24:03parce que ça se transmet.
00:24:05On parlait du transgénérationnel, des générations.
00:24:08Et quand il y a un parent, par exemple,
00:24:10qui a trop de regrets, trop de choses amères,
00:24:13ça se transmet.
00:24:15Donc il vaut mieux qu'il n'y ait pas de regrets.
00:24:17Il faut essayer de faire ce qu'on veut faire.
00:24:19En plus, les regrets, quand il y en a beaucoup,
00:24:21je l'ai remarqué, notamment sur certaines personnes un peu âgées,
00:24:24ça donne un fond dépressif.
00:24:27Oui, et puis ça se transmet.
00:24:29C'est-à-dire, l'échec d'un parent va faire un échec,
00:24:32ou des fois une réussite,
00:24:34mais qui, des fois, se termine en échec.
00:24:36Et ce que je veux dire, c'est vraiment ça.
00:24:38Et quelle que soit sa position sociale ou n'importe quoi,
00:24:41bien faire ce qu'on aime faire.
00:24:43Oui, et puis après, il y a des gens bien à tout niveau.
00:24:47Voilà, donc soyons positifs.
00:24:51Raphaël, merci d'être avec nous. Bonjour.
00:24:54Bonjour, Brigitte. Bonjour, Bruno.
00:24:56Bonjour.
00:24:58Et justement, vous allez nous parler de vos grands-parents.
00:25:00Pardon, je vous ai coupé, Raphaël. Allez-y.
00:25:02Non, non, je vous en prie.
00:25:03Je me demandais si Bruno était famille avec Christian.
00:25:05Et non. Non.
00:25:07Je ne suis pas de famille avec Christian.
00:25:09La question est posée.
00:25:11Oui, Brigitte.
00:25:13Moi, je souhaitais intervenir, simplement parce que
00:25:16vous parliez des rapports avec les grands-parents,
00:25:19quand nous sommes enfants.
00:25:21Et moi, je voulais apporter un témoignage.
00:25:23Donc, je suis né en 64.
00:25:25Et en 71, à la sortie du film
00:25:30de Pierre Cragnet de Fer, Le Chat,
00:25:32avec Simone Signoret et Jean Gabin,
00:25:35j'ai eu un scénario un peu différent
00:25:37pour mes grands-parents, mais quand même,
00:25:39dans le principe, c'était ça.
00:25:42Je suis accompagné, mes grands-parents,
00:25:44tous les mercredis, puisqu'à l'époque,
00:25:46on n'avait pas d'école le mercredi.
00:25:48Et tous les mardis soirs,
00:25:50j'étais pressé d'aller chez mes grands-parents
00:25:52pour essayer, alors peut-être pas de les sauver,
00:25:55parce qu'à cet âge-là, à 6 ans,
00:25:57je n'avais pas cette notion, mais
00:25:59ils ont en tout cas essayé de les aider
00:26:01et de comprendre avec quels étaient leurs problèmes,
00:26:03parce qu'ils avaient une relation absolument détestable.
00:26:06Et je vous dis, pour ceux qui ont cette référence,
00:26:08le film Le Chat,
00:26:10ils avaient cette relation-là.
00:26:12Je ne sais pas si vous vous en souvenez.
00:26:14Je vois très bien de quel film vous parlez.
00:26:16Et pour un enfant de 6 ans,
00:26:18se retrouver face à un couple comme ça,
00:26:20c'est en effet très toxique.
00:26:23Voilà, c'était très toxique.
00:26:25Et je peux dire que...
00:26:28Alors évidemment, à ce moment-là,
00:26:30moi je ne comprenais pas l'ensemble des choses,
00:26:33mais c'était une époque patriarcale
00:26:35où les pères de...
00:26:37les grands-pères, enfin les pères de famille,
00:26:39à ce moment-là, lorsqu'ils quittaient leur emploi,
00:26:42souvent finissaient au bar,
00:26:45pas toujours pour boire,
00:26:47mais ne serait-ce que pour retrouver leurs amis,
00:26:49pour jouer aux cartes, enfin bref.
00:26:51On ne rentrait pas à ce moment-là
00:26:53directement du travail à la maison,
00:26:55pour la plupart des hommes.
00:26:57Le passage était obligé, c'était les bars
00:26:59ou les amis, peu importe, on rentrait tard.
00:27:01Et puis c'était un petit peu,
00:27:03pour les femmes, bobonnes à la maison.
00:27:05C'était cette époque complètement patriarcale.
00:27:07Et moi j'ai vécu là-dedans,
00:27:09au travers de mes grands-parents,
00:27:11une fois par semaine et tous les dimanches,
00:27:13c'était la pintade obligée.
00:27:15Et donc on vivait dans une ambiance
00:27:17absolument détestable,
00:27:19avec des grands-parents qui ne se supportaient pas,
00:27:21avec une grand-mère, malheureusement,
00:27:23qui abusait de l'alcool,
00:27:25et dans une situation absolument...
00:27:27enfin compliquée, quoi.
00:27:29Et moi, petit enfant que j'étais,
00:27:31le mardi soir,
00:27:33je demandais toujours à aller chez mes grands-parents
00:27:35pour essayer,
00:27:37je ne le comprenais pas à ce moment-là, bien sûr,
00:27:39mais pour essayer de les aider,
00:27:41mais en tout cas,
00:27:43leur amener un support.
00:27:45Je ne savais pas quoi faire, quoi.
00:27:47C'était un témoignage pour parler
00:27:49des relations
00:27:51de petits-enfants, de grands-parents.
00:27:53Je ne vais pas souligner, moi, de viol, d'inceste,
00:27:55de choses comme ça.
00:27:57C'est très intéressant ce que vous dites,
00:27:59parce que je crois que vous avez envie de réagir.
00:28:01Ce que je veux dire, c'est qu'on peut mesurer,
00:28:03j'ai reçu beaucoup d'enfants
00:28:05en tant que psychologue, psychanalyste,
00:28:07et beaucoup d'enfants
00:28:09pour des symptômes, dont de leurs parents,
00:28:11parce qu'ils aiment tellement leurs parents,
00:28:13qu'ils veulent les aider.
00:28:15J'ai reçu des enfants, c'est exactement le cas
00:28:17que vous présentez, qui voulaient absolument aider
00:28:19leurs grands-parents, et qui faisaient des symptômes
00:28:21pour aider les grands-parents,
00:28:23et notamment, il y a eu
00:28:25des cas d'enfants où le symptôme a été résolu
00:28:27quand on a trouvé le traumatisme du grand-parent,
00:28:29en particulier
00:28:31en présence du grand-parent,
00:28:33quand on fait des thérapies familiales.
00:28:35Donc,
00:28:37cette façon, c'est de l'amour,
00:28:39on ne mesure pas à quel point
00:28:41il y a de l'amour pour les parents, et à quel point il y a de l'amour
00:28:43pour les grands-parents, c'est incroyable.
00:28:45Ce dont vous parlez, c'est de l'amour.
00:28:47Je vais vous laisser parler, excusez-moi.
00:28:49Non, c'est moi, parce que j'ai envie de vous dire un milliard de choses,
00:28:51et puis j'adore être
00:28:53au téléphone avec Brigitte,
00:28:55du coup,
00:28:57pour beaucoup de raisons.
00:28:59Donc, voilà, et du coup,
00:29:01pour en revenir à mes grands-parents,
00:29:03aujourd'hui,
00:29:05mon psychiatre s'appelle Bruno,
00:29:07c'est le prénom Bruno, pas fait exprès.
00:29:09Donc, apparemment, on a eu des meilleurs,
00:29:11bien sûr, et
00:29:13pour en revenir à ce que vous disiez, oui, effectivement,
00:29:15c'est ça, mais le souci, c'est que ça m'a
00:29:17poursuivi, c'est-à-dire que
00:29:19lorsque j'ai grandi, lorsque
00:29:21je me suis marié la première fois,
00:29:23j'ai pensé,
00:29:25j'ai pensé, mais inconsciemment,
00:29:27que la relation
00:29:29d'un homme à une femme,
00:29:31la relation patriarcale avec
00:29:33Bobonne à la maison,
00:29:35etc., etc., voilà, j'ai pensé
00:29:37exactement la même chose. Alors, bien sûr, depuis,
00:29:39j'ai 61 ans bientôt,
00:29:41et depuis, j'ai travaillé sur moi, etc.,
00:29:43donc tout ça, c'est du passé, mais
00:29:45en tout cas, voilà, ça a beaucoup marqué
00:29:47mon enfant, et beaucoup marqué
00:29:49la première partie de ma vie,
00:29:51et la dame précédemment qui témoignait
00:29:53le disait, quand on est marqué
00:29:55par des événements comme ça,
00:29:57il est très difficile, après, de se construire
00:29:59dans les bonnes conditions, sereinement,
00:30:01voilà, et c'est difficile de trouver le bonheur,
00:30:03c'est difficile de passer,
00:30:05tout est beaucoup plus compliqué, voilà.
00:30:07Mais est-ce que, justement, puisqu'on parlait
00:30:09un instant dans l'offre-conseil du sens
00:30:11de sa vie,
00:30:13quel sens ça vous a,
00:30:15enfin, vers quel sens
00:30:17ça a pu vous emmener, justement,
00:30:19sur le plan général, hein,
00:30:21j'entends, je parle pas de la vie amoureuse,
00:30:23puisque ça, vous venez d'en parler,
00:30:25est-ce que ça vous a emmené vers,
00:30:27je sais pas, un métier
00:30:29d'aide, ou...
00:30:31Alors, ça ne m'a pas amené
00:30:33à un métier d'aide, par contre,
00:30:35ça m'a amené à...
00:30:37Alors, je sais qu'on en a
00:30:39parlé quelques fois, vous en avez parlé
00:30:41quelques fois, Brigitte, avec vos invités,
00:30:43et j'étais intervenu une fois ou deux,
00:30:45et ça m'a amené
00:30:47à... Bon, d'abord,
00:30:49je suis quelqu'un d'hypersensible,
00:30:51poisson troisième des camps, si ça peut un peu aider
00:30:53les astrologues, et donc
00:30:55hyper-empathique, et ça m'a amené
00:30:57ça, cette hyper-empathie, c'est-à-dire que, du coup,
00:30:59ça m'a amené quelque chose,
00:31:01effectivement, mais pas forcément pour m'aider
00:31:03moi-même, quoi. Voilà. Donc,
00:31:05ce qui a été, donc, c'est pour ça
00:31:07que j'ai fait un travail sur moi...
00:31:09Cela dit, c'est très, très significatif
00:31:11du signe du poisson, mais vous percevez
00:31:13très facilement
00:31:15quelque chose qui va pas bien
00:31:17chez quelqu'un, je suppose.
00:31:19Ben, disons que j'ai aimé des femmes dans ma vie
00:31:21qui, souvent, étaient au bord du désespoir,
00:31:23et ma mission,
00:31:25parce que j'étais parti en mission...
00:31:27Ah, je vous garantis que j'étais parti en mission
00:31:29avec le casque commando et tout ce qu'il fallait.
00:31:31Et croyez-moi que je suis allé
00:31:33jusqu'au bout, jusqu'au bout.
00:31:35Et j'y suis arrivé. Donc, et bien
00:31:37souvent. Le problème, c'est que je ne suis pas
00:31:39resté avec elles, souvent. Avec elles,
00:31:41au fur et à mesure.
00:31:43La relation de sauveur est vouée
00:31:45à l'échec d'une relation durable.
00:31:47Ce que je veux dire, ce que vous
00:31:49évoquez, c'est le fait que, quelque part,
00:31:51vous avez été traumatisé par
00:31:53ce séjour chez vos grands-parents,
00:31:55puisque je crois que vous avez assisté au désarroi
00:31:57de votre grand-mère, et que
00:31:59vous avez voulu
00:32:01l'aider, et que, après, ça se retrouve
00:32:03avec les femmes. Des fois, on le fait avec sa mère, mais on peut le faire
00:32:05avec sa grand-mère. De vouloir
00:32:07l'aider plus tard, à travers d'autres femmes.
00:32:09Oui, c'est ça.
00:32:11J'ai continué, je pense. Alors, ça m'a
00:32:13amené de la sensibilité
00:32:15que, à certains moments,
00:32:17je me suis dit
00:32:19que c'était bien, cette sensibilité,
00:32:21parce que ça me permettait aussi d'aider les gens, parce qu'enfin,
00:32:23quelque part, les gens ont besoin aussi des autres.
00:32:25On n'est pas non plus...
00:32:27Je n'ai pas été sauveur tout le temps, et ça m'a
00:32:29amené une ouverture d'esprit, ça m'a amené une ouverture
00:32:31sur le monde, ça m'a amené
00:32:33à ressentir les choses,
00:32:35mais vraiment ressentir les choses.
00:32:37Par contre, ça m'a quand même
00:32:39pourri pas mal de situations de ma vie
00:32:41aussi. Voilà.
00:32:43C'était ce témoignage. Je veux dire, petit enfant,
00:32:45oui, il n'y a pas forcément toujours
00:32:47des fioles, des insectes.
00:32:49Il y a aussi, je crois simplement, le malheur
00:32:51de deux adultes qui
00:32:53s'engueulent, disons-le clairement,
00:32:55devant des enfants qui ont 5 ou
00:32:576 ans, et qui ne comprennent pas,
00:32:59parce que les mots sont crus, parce que dans les années
00:33:0170, Frédéric, plus vite, vous en avez
00:33:03témoin, dans les années 70, il n'y avait pas
00:33:05de filtre. Voilà.
00:33:07Justement, vous avez été un enfant
00:33:09où vous n'avez pas eu de filtre
00:33:11de la part de vos parents, d'ailleurs, parce que
00:33:13ce n'était peut-être pas forcément bien d'y aller tout le temps
00:33:15avec un couple qui allait si mal.
00:33:17C'est pour ça que j'ai dit qu'il y a un traumatisme,
00:33:19mais il y a eu une violence. Vous avez quand même subi une violence.
00:33:21On est d'accord.
00:33:23Je vous le confirme,
00:33:25mais je trouve que dans les années
00:33:2770, la psychologie,
00:33:29dans le milieu dans lequel
00:33:31je suis né, dans lequel j'ai
00:33:33grandi, rien que le mot, on ne comprenait pas,
00:33:35dans l'indicataire, donc vous voyez,
00:33:37il faut se rendre compte de ça.
00:33:39Aujourd'hui, on parle de la psychologie, on parle de la psychiatrie,
00:33:41on a l'impression que tout est facile, tout est
00:33:43disponible. Dans les années 70,
00:33:45ce n'est pas vrai. C'était que les gens riches
00:33:47qui allaient voir un psychologue, qui allaient voir un psychiatre.
00:33:49Rappelons-nous de ça.
00:33:51Mais c'était collectif. Dans les années
00:33:5370, on battait encore les enfants.
00:33:55Maintenant, on a admis qu'il ne fallait plus les battre.
00:33:57Mais avant, c'était une forme d'éducation,
00:33:59donc c'est la même chose.
00:34:01Et puis dans les années 70, votre grand-mère
00:34:03ne pouvait pas partir. Aujourd'hui,
00:34:05elle pourrait
00:34:07peut-être partir. Donc on voit bien
00:34:09comment, malgré tout,
00:34:11ça va peut-être être le message positif.
00:34:13Malgré tout, le monde
00:34:15avance.
00:34:17En France, en tout cas.
00:34:19Ça a avancé par rapport à ça.
00:34:21Merci Raphaël, en tout cas, de ce témoignage.
00:34:23Vous aussi, si vous avez
00:34:25des souvenirs de vos grands-parents, positifs ou négatifs,
00:34:27et que vous avez envie d'en parler, c'est le moment
00:34:29ou jamais avec Bruno Clavier.
00:34:31Sur Sud Radio, à tout de suite.
00:34:42Bruno Clavier est avec nous,
00:34:44psychanalyste, psychologue,
00:34:46clinicien, et nous évoquons à la fois
00:34:48l'inceste, les grands-parents,
00:34:50enfin, tout ce que vous voulez, finalement.
00:34:52Bonjour, Jeannette.
00:34:54Bonjour, Jeannette.
00:34:56Oui, pardon.
00:34:58Oui, on vous entend très bien, allez-y.
00:35:00OK, super. Bonjour, merci.
00:35:02Merci bien de
00:35:04me donner la possibilité
00:35:06de m'exprimer.
00:35:08Je vous en prie.
00:35:10Allez-y.
00:35:12Donc, voilà, en fait,
00:35:14en 2021,
00:35:16j'ai découvert
00:35:18l'inceste
00:35:20pour mes enfants.
00:35:22Et,
00:35:24à partir de ce moment-là,
00:35:26notre vie,
00:35:28elle a changé.
00:35:30On imagine,
00:35:32c'est-à-dire que vos enfants
00:35:34ont subi des violences sexuelles
00:35:36de la part de votre conjoint,
00:35:38c'est ça ?
00:35:40Alors, oui, c'était mon ex.
00:35:42Votre ex, d'accord.
00:35:44Je me suis séparée de lui
00:35:46malheureusement,
00:35:48c'est dans l'air du temps, mais pour des violences conjugales.
00:35:50D'accord.
00:35:52Et, voilà,
00:35:54je suis restée pas très loin
00:35:56de chez lui,
00:35:58à 13 kilomètres,
00:36:00pour que les enfants continuent
00:36:02d'avoir une vie
00:36:04normale avec
00:36:06leur papa,
00:36:08leur sœur aussi,
00:36:10parce qu'il avait une
00:36:12fille d'une première lien.
00:36:14Et donc, voilà,
00:36:16je suis restée pendant plus de 4
00:36:18années
00:36:20à côté de chez lui.
00:36:22Et, en fait, mes enfants
00:36:26avaient des comportements dysfonctionnels.
00:36:28Ils ont quel âge,
00:36:30vos enfants,
00:36:32quand vous vous séparez ?
00:36:34Alors, quand je me sépare de lui,
00:36:38donc, mon deuxième, il a 2 ans,
00:36:40et mon premier, il a 4 ans.
00:36:42D'accord.
00:36:44Et c'est deux garçons, donc, hein ?
00:36:46Oui, tout à fait.
00:36:48Et donc,
00:36:50ils vont chez leur père,
00:36:52et c'est là où
00:36:54votre ex abuse de...
00:36:56Oui, tout à fait.
00:36:58Et en 2021, ils avaient
00:37:00quel âge, quand vous le découvrez ?
00:37:02Ben, ils avaient
00:37:047 et...
00:37:06Peu importe, là, j'ai plus du tout...
00:37:08Là, aujourd'hui,
00:37:10ils vont avoir 11 et 9 ans.
00:37:12D'accord, et c'est eux qui vous l'ont dit ?
00:37:14Oui.
00:37:16Tout à fait. Ils me l'ont dit,
00:37:18et donc, il y a plusieurs personnes
00:37:20qui ont fait du mal à mes
00:37:22enfants. Et, en fait,
00:37:24le souci, c'est qu'en France,
00:37:26depuis l'affaire Wipro,
00:37:28on a cristallisé
00:37:30cette affaire
00:37:32pour éviter
00:37:34et pour que, ben, en fait,
00:37:36la pédocrinalité est protégée.
00:37:38Voilà, et dès qu'un parent,
00:37:40un parent qui est protecteur,
00:37:42je suis moi-même pédagogue,
00:37:44ben, voilà, j'interviens
00:37:46auprès d'enfants.
00:37:48Aujourd'hui, j'ai fait une pause sur l'enseignement
00:37:50parce que, voilà, maintenant,
00:37:52le voile s'est levé, et, en fait,
00:37:54je ne fais pas de transfert ni de projection,
00:37:56mais je sens et je vois
00:37:58tous les signaux
00:38:00qu'un enfant, ben,
00:38:02subit ou, en tout cas,
00:38:04quand il y a quelque chose
00:38:06qui se passe pour l'enfant et que c'est néfaste,
00:38:08oui, je peux le percevoir,
00:38:10oui.
00:38:12– Est-ce qu'il y a eu, donc,
00:38:14une procédure judiciaire ?
00:38:16– Ah oui, mais il est là, le problème.
00:38:18Il est là, le gros problème.
00:38:20C'est qu'en fait, la justice,
00:38:22elle,
00:38:24l'affaire Wipro,
00:38:26si je reviens à l'affaire Wipro,
00:38:28moi, ce n'est pas l'affaire Wipro, on est d'accord,
00:38:30mais, aujourd'hui,
00:38:32vous avez des témoignages
00:38:34de ces mêmes enfants
00:38:36qui ont été traités de menteurs
00:38:38et qui, aujourd'hui, disent non, en fait,
00:38:40on disait la vérité.
00:38:42Et notre ancien ministre de la justice,
00:38:44monsieur Dupond-Mouretti,
00:38:46à l'époque, a dit
00:38:48que les enfants étaient des menteurs.
00:38:50– On va éviter
00:38:52ces questions politiques,
00:38:54Jeannette,
00:38:56prenons votre cas,
00:38:58vos enfants témoignent
00:39:00qu'ils ont été abusés par leur père,
00:39:02– Et d'autres personnes.
00:39:04– Et d'autres personnes,
00:39:06c'est-à-dire des amis du père ?
00:39:08– Alors, c'est-à-dire la grand-mère,
00:39:10un voisin
00:39:12et deux amis.
00:39:14– Et donc, tous ces gens-là,
00:39:16je suppose… – Et c'est très stratégique.
00:39:18Et c'est stratégique parce que,
00:39:20excusez-moi de vous couper,
00:39:22c'est stratégique dans le sens
00:39:24où, ben non,
00:39:26c'est trop gros,
00:39:28c'est pas possible, ben non,
00:39:30ben si, en fait.
00:39:32– Et donc, tous ces gens-là…
00:39:34– Ça n'a jamais été fait en commun, en fait,
00:39:36c'était des viols isolés.
00:39:38Et mon ex, qui est un repris de justice,
00:39:40un criminel,
00:39:42qui a braqué une banque,
00:39:44est protégé par la police.
00:39:46Vous voyez ? Il indique, en fait.
00:39:48Et donc, il est protégé,
00:39:50et nous sommes aspirés par la machine
00:39:52et les rouages
00:39:54de la justice.
00:39:56Et mes enfants, en fait,
00:39:58ils sont en première ligne.
00:40:00Et comme, en fait, ils sont studieux
00:40:02et qu'ils ont de bons résultats à l'école,
00:40:04ben vous avez des juges
00:40:06qui vous disent, ben non, madame,
00:40:08non, non, vos enfants, tout va bien.
00:40:10Ben non, tout va mal, en fait.
00:40:12Il y a la Cilise qui a été créée.
00:40:14Vous connaissez la Cilise ?
00:40:16– Oui, bien sûr, bien sûr, Jeannette.
00:40:18Elle est indépendante. Je ne sais pas si vraiment,
00:40:20aujourd'hui, elle est indépendante,
00:40:22mais en fait, elle a mis au point
00:40:24une doctrine de 82 préconisations
00:40:28pour détecter un enfant qui subit des violences.
00:40:30Donc elle a quand même
00:40:32recueilli plus de 30 000 témoignages.
00:40:36On avait à la tête,
00:40:38je ne sais pas si on peut dire à la tête,
00:40:40mais en tout cas, on avait un ange pour les enfants,
00:40:42M. Édouard Durand,
00:40:44avec Nathalie Mathieu,
00:40:46qui ont été gentiment,
00:40:48je ne sais même pas si ça a été gentil,
00:40:50mais ils ont été remerciés,
00:40:52et ils ont été, on va dire, évanciés de la Cilise.
00:40:54Et à la place, ils nous ont mis
00:40:56Sébastien Boué
00:40:58et Caroline Rey-Salmon.
00:41:00– Non mais, Jeannette,
00:41:02on entend votre colère
00:41:04et on la comprend,
00:41:06parce que j'imagine bien
00:41:08que vous avez envie que vos enfants soient
00:41:10reconnus comme victimes et protégés.
00:41:12Parce qu'aujourd'hui, ils sont obligés encore
00:41:14d'aller voir leur père ?
00:41:16– Ah, mais ils vivent avec lui.
00:41:18– Ah, ils vivent en plus avec lui.
00:41:20– Ah oui, oui, tout à fait, complètement.
00:41:22Ah bon, on m'a éjectée en fait.
00:41:24Je vous le dis, je suis pédagogue,
00:41:26j'ai étudié à Paris,
00:41:28j'ai eu des cours de psychologie
00:41:30de l'enfant.
00:41:32Je ne suis pas psychologue, je ne suis pas pédopsychiatre,
00:41:34mais j'ai quand même,
00:41:36vous voyez la fibre,
00:41:38je suis une maman,
00:41:40juste, pas parfaite,
00:41:42j'ai mis au monde deux êtres
00:41:44pour m'en occuper
00:41:46correctement, vous voyez.
00:41:48Et en fait, mon ex, il a porté
00:41:50des armes.
00:41:52Alors, je ne le savais pas quand j'étais en relation
00:41:54au tout début avec lui, il me l'a dit après,
00:41:56mais voilà, il y avait déjà des mécanismes
00:41:58qui avaient été,
00:42:00psychologiquement,
00:42:02il avait sur moi
00:42:04vraiment
00:42:06une emprise.
00:42:08C'est des mots...
00:42:10Mais à l'époque,
00:42:12vous l'avez quitté, vous avez porté plainte
00:42:14pour violences conjugales ?
00:42:16Pas du tout.
00:42:18Pourquoi ?
00:42:20C'était juste une question.
00:42:22En fait, je n'ai pas porté plainte,
00:42:24c'est parce qu'étant donné
00:42:26que dans la ville
00:42:28où il vit,
00:42:30une figure politique,
00:42:32le boulanger
00:42:34peut être un politique, vous voyez.
00:42:36C'est un acteur,
00:42:38un acteur politique dans la ville,
00:42:40voilà, il mène des actions auprès
00:42:42d'enfants, etc.
00:42:44Donc moi, je n'ai pas voulu
00:42:46porter plainte.
00:42:48C'est compliqué parce que là, on est dans quelque chose
00:42:50qui est plutôt judiciaire
00:42:52que réparateur
00:42:54sur le plan psychologique.
00:42:56Moi, ce que je vous conseille, encore une fois,
00:42:58dans ces cas-là, c'est d'avoir
00:43:00un bon avocat, mais surtout
00:43:02d'avoir des preuves
00:43:04tangibles, parce que c'est toujours la même histoire.
00:43:06Dans ces cas-là, on a une parole
00:43:08contre une autre, et malheureusement,
00:43:10on sait
00:43:12à quel point le juge
00:43:14ne peut, ou la juge,
00:43:16ne peut juger qu'en fonction
00:43:18de ce qu'on lui dit, et s'il n'y a pas
00:43:20des preuves tangibles, malheureusement,
00:43:22la justice,
00:43:24elle favorise toujours
00:43:26le, comment dirais-je,
00:43:30la présomption d'innocence.
00:43:32Donc c'est franchement très compliqué.
00:43:34Et puis si vous avez l'impression,
00:43:36visiblement, vos enfants ne vont pas trop mal, mais si vos enfants
00:43:38vont mal, je crois qu'il ne faut pas hésiter
00:43:40à les emmener vers quelqu'un
00:43:42où ils pourront
00:43:44travailler. Je crois qu'on n'a
00:43:46rien d'autre à dire.
00:43:48C'est plus de l'ordre judiciaire.
00:43:50Absolument. Pour l'instant,
00:43:52malheureusement, Jeannette,
00:43:54on est un petit peu
00:43:56désemparés comme vous, d'ailleurs.
00:43:58On va faire une petite pause, et puis on se retrouve
00:44:00évidemment après les infos
00:44:02pour continuer.
00:44:04Nous recevons Bruno Clavier aujourd'hui dans l'émission.
00:44:06Vous souhaitez participer en témoignant ?
00:44:08Appelez-nous au 0 826 300 300.
00:44:20Eh bien, nous sommes aujourd'hui avec Bruno Clavier,
00:44:22psychanalyste et psychologue
00:44:24clinicien, avec évidemment
00:44:26beaucoup de livres à votre actif,
00:44:28notamment L'inceste ne fait pas de bruit,
00:44:30et puis
00:44:32le dernier,
00:44:34Devenir un bon ancêtre, c'est aux éditions
00:44:36Payot. Je crois qu'il marche bien, d'ailleurs, ce livre.
00:44:38Je pense, oui. Il est bien accueilli,
00:44:40en tout cas. Un peu partout, par la presse
00:44:42et par les personnes. C'est un joli livre
00:44:44où vous parlez beaucoup de vous, d'ailleurs,
00:44:46avec beaucoup de
00:44:48sincérité, et c'est bien. J'essaye,
00:44:50oui. C'est bien. Je pense que les psychologues
00:44:52doivent parler d'eux-mêmes aussi, mais c'est pas la tradition
00:44:54d'habitude. C'est pas tous,
00:44:56non, je vous le confirme.
00:44:58En tout cas, c'est un livre qui m'a
00:45:00beaucoup touchée, et c'est un peu notre
00:45:02fil rouge aujourd'hui, puisqu'on évoque
00:45:04les ancêtres,
00:45:06les grands-parents, pourquoi pas les
00:45:08arrière-grands-parents, parce que ça, c'est aussi
00:45:10une spécificité
00:45:12de notre époque, c'est que
00:45:14on peut être assez facilement arrière-grand-père.
00:45:16Oui, c'est vrai. Ce n'était pas tellement le cas
00:45:18il y a 50 ans. C'est vrai.
00:45:20Les générations
00:45:22se rencontrent.
00:45:24Oui, elles se rencontrent, et puis elles se
00:45:26diversifient, puisque maintenant,
00:45:28avec les familles recomposées, ça fait plein de monde.
00:45:30Ça fait plein d'arrière-grand-pères, plein de
00:45:32grands-pères et de grands-mères, et tout ça.
00:45:34Ce qui à la fois complexifie les choses
00:45:36et puis en même temps peut-être pacifie
00:45:38les choses, parce qu'il y en a toujours
00:45:40dans le lot un qui est bien, peut-être,
00:45:42on peut espérer.
00:45:44Oui, c'est ça. Ça donne plus de possibilités
00:45:46d'avoir bonnes pioches.
00:45:48Guillaume, bonjour.
00:45:50Oui, bonjour.
00:45:52Bonjour Guillaume, merci d'être avec nous.
00:45:54On vous écoute, allez-y.
00:45:56Guillaume, bonjour.
00:45:58Oui, bonjour.
00:46:00Ah, on a un petit souci,
00:46:02je ne sais pas, j'ai l'impression que
00:46:04Guillaume a peut-être laissé la
00:46:06radio. Enfin bon, bref, on va
00:46:08essayer de retrouver...
00:46:10Je vous entends, excusez-moi. Je vous en prie.
00:46:12Excusez-moi, ça va mieux, là, comme ça.
00:46:14C'est mieux, absolument. Oui.
00:46:16Alors, donc, en fait,
00:46:18j'ai écouté votre radio
00:46:20et des témoignages, et
00:46:22je trouve que, pour être
00:46:24heureux, après avoir eu, à la naissance,
00:46:26j'ai eu une enfance
00:46:28catastrophique,
00:46:30d'une panoplie
00:46:32de cousins, et en étant vraiment le
00:46:34dernier de la lignée des cousins,
00:46:36vraiment le plus petit,
00:46:38mais quand tous les cousins qui sont ensemble,
00:46:40ils laissent de côté
00:46:42le petit, et le petit, bien sûr, est avec
00:46:44les adultes,
00:46:46et au milieu des adultes, évidemment, il y a une
00:46:48mauvaise souche, enfin,
00:46:50et qui, lui,
00:46:52prend sous son aile, donc, ce petit,
00:46:54et, évidemment,
00:46:56cet oncle
00:46:58qui est
00:47:00là pour
00:47:02nous, eh bien, il adore les enfants.
00:47:04Donc,
00:47:06de l'âge de
00:47:089 ans, au divorce
00:47:10des parents, quand il y a des problèmes,
00:47:12et quand il y a des problèmes pour garder
00:47:14le petit, etc., eh bien, bien sûr,
00:47:16l'oncle se met
00:47:18en première ligne, et nous
00:47:20prend en garde, et c'est à ce
00:47:22moment-là, de l'âge de 9 ans, jusqu'à l'âge
00:47:24de 13 ans, que
00:47:26des viols interviennent, et
00:47:28pour se reconstruire, c'est une
00:47:30catastrophe.
00:47:36Après, ça a été vraiment
00:47:38un déni pour moi, puisque ça a été
00:47:40révélé
00:47:42dans la famille quand j'avais
00:47:4427 ans, donc j'ai gardé tout ça en moi
00:47:46jusqu'à l'âge de 27 ans.
00:47:48Vraiment, avec un déni, je n'y pensais
00:47:50même plus, parce que cette personne-là est morte
00:47:52d'un cancer généralisé,
00:47:54donc, à un moment, le karma
00:47:56a fait son travail.
00:47:58Mais,
00:48:00jusqu'à l'âge
00:48:02de 27 ans, c'était vraiment...
00:48:04Donc, il est mort
00:48:06avant vos 27 ans,
00:48:08c'est bien.
00:48:10Oui, c'est ça, il est mort
00:48:12avant...
00:48:14Il est mort sans que
00:48:16personne ne sache quelle était cette personne-là.
00:48:18Bien sûr, parce qu'il n'est pas...
00:48:20J'imagine que vous n'êtes pas le seul à avoir subi
00:48:22ces abus.
00:48:24Alors, dans la famille, si.
00:48:26Mais, après,
00:48:28il était évidemment président du secours catholique.
00:48:30Oui.
00:48:32Il y a eu des... Il devait avoir
00:48:34des je ne sais pas combien de victimes.
00:48:36Oui, c'est ça.
00:48:38Et vous aviez quel âge
00:48:40quand il est décédé, donc ?
00:48:42J'avais 22 ans.
00:48:44D'accord.
00:48:46Et donc, vous avez attendu 5 ans
00:48:48pour révéler quoi ?
00:48:50En fait, ce n'est pas moi qui ai révélé.
00:48:52C'est un cousin qui a...
00:48:54C'est un cousin, moi,
00:48:56qui lui savait qui il était
00:48:58parce qu'il a failli être...
00:49:00Il a failli être... Comment ça s'appelle ?
00:49:02Abusé aussi, oui.
00:49:04Et il se trouve
00:49:06que moi, un soir,
00:49:08un soir un peu
00:49:10en état d'ébriété,
00:49:12je me livrais.
00:49:14Un soir d'ébriété,
00:49:16je me livrais à mon cousin
00:49:18et lui a fait une lettre
00:49:20une lettre
00:49:22ouverte à la famille en disant
00:49:24qui il était cette personne-là
00:49:26sans me nommer
00:49:28et donc, du coup,
00:49:30c'est là où ça s'est révélé un petit peu à la famille.
00:49:32Mais, après, ce que
00:49:34je voulais dire, c'est que, bon, voilà,
00:49:36si c'est comme ça, c'est arrivé, je ne vais pas
00:49:38prendre des cachets tous les jours de ma vie.
00:49:40Voilà, aujourd'hui, j'ai deux enfants,
00:49:42mais je fais vraiment
00:49:44un délire de ça, mais c'est vraiment compliqué en ayant
00:49:46des enfants parce qu'aujourd'hui, mes enfants
00:49:48ont l'âge où j'ai été abusé.
00:49:50Et
00:49:52c'est
00:49:54dur parce que tu n'arrives même pas
00:49:56à voir tes enfants
00:49:58tous nus. Tu n'arrives pas à laver
00:50:00tes enfants.
00:50:02Dès qu'ils sont
00:50:04nus,
00:50:06tu rentres dans une
00:50:08colère monstrueuse, en fait,
00:50:10alors qu'il n'y a pas lieu d'être.
00:50:12Il n'y a pas lieu d'être, mais c'est plus four que toi.
00:50:14Est-ce que vous leur avez dit ?
00:50:16Non, non, non, pas du tout.
00:50:18Je me permets de vous conseiller.
00:50:20Alors, je ne sais pas si vous avez fait un travail
00:50:22sur vous parce que c'est quand même préférable
00:50:24avant, mais il faut faire attention
00:50:26parce qu'il y a des répétitions comme ça
00:50:28qui se font et, en général, je conseille
00:50:30toujours aux parents de dire
00:50:32quand leur enfant a l'âge
00:50:34où les choses ont commencé,
00:50:36il faut leur donner de l'information.
00:50:38Sinon...
00:50:40Non, mais Guillaume,
00:50:42ce qu'il faut que vous compreniez,
00:50:44c'est que quand vous êtes en colère,
00:50:46quand vous avez peur, c'est votre enfant
00:50:48intérieur qui a peur
00:50:50ou qui est en colère. Vous comprenez ?
00:50:52Et c'est cet enfant
00:50:54qui, pour l'instant, visiblement, n'a pas encore
00:50:56été suffisamment écouté
00:50:58et je crois que vous avez besoin
00:51:00de parler, en effet, à quelqu'un
00:51:02pour sortir cette colère, cette violence
00:51:04qui est en vous et qu'on entend
00:51:06et qu'on comprend parce que, de toute façon,
00:51:08ce que vous avez subi, c'est de la violence
00:51:10et la violence,
00:51:12si elle n'est pas
00:51:14élaborée et ressortie,
00:51:16elle fait des dégâts.
00:51:18Et elle fait des dégâts dans votre relation
00:51:20à vos fils parce que, forcément,
00:51:22ils ne peuvent pas comprendre pourquoi, tout d'un coup,
00:51:24vous êtes un petit peu en colère en leur demandant
00:51:26de se rhabiller, vous voyez ?
00:51:28Ah oui, je le sais.
00:51:30Et c'est pour ça que je sors.
00:51:32Mais en même temps,
00:51:34soyez indulgent
00:51:36envers vous-même
00:51:38mais donnez-vous les moyens d'aller mieux.
00:51:40Oui, mais
00:51:42je sais que je fais, de toute façon,
00:51:44un travail complet sur moi et que je me laisse aller
00:51:46parce que, maintenant, j'ai des enfants, je fais tout pour eux.
00:51:48Mais faites tout pour vous.
00:51:50Faites tout pour vous, d'abord.
00:51:52Et ensuite, ce sera facile de tout faire pour eux.
00:51:54Mais j'insiste,
00:51:56il va falloir leur dire assez vite,
00:51:58vraiment, parce qu'il y a une sorte d'horloge comme ça
00:52:00et j'ai beaucoup d'exemples
00:52:02de répétitions de choses
00:52:04qui sont passées parce que, en général,
00:52:06quand il y a de l'inceste dans la famille,
00:52:08on risque d'en avoir un peu partout.
00:52:10Ça veut dire qu'ils pourraient presque être en danger.
00:52:12Si vous les informez de ce qui vous est arrivé,
00:52:14vous allez les protéger du danger
00:52:16et pas du tout les traumatiser puisqu'ils ont 9 ans, du coup.
00:52:18C'est ce que je veux dire.
00:52:20Oui, 11 ans et 6 ans.
00:52:22Voilà, 11 ans et 6 ans, même à 6 ans, on peut informer.
00:52:24Mais il faudrait être sûr,
00:52:26parce que je n'ai pas bien compris, vous êtes en thérapie vous-même ?
00:52:28Vous avez fait une thérapie ?
00:52:30Oui, quand je peux.
00:52:32Quand je peux,
00:52:34je vois quelqu'un.
00:52:36Il faut leur parler sans trop d'émotion
00:52:38parce que sinon ça va les traumatiser.
00:52:40Mais il faut les informer
00:52:42et comme ça, vraiment,
00:52:44vous allez les protéger et vous allez vous relaxer
00:52:46par rapport à eux. Ils vont être au courant.
00:52:48Les enfants sont très intelligents,
00:52:50ils comprennent tout.
00:52:52Quand Bruno Clavier dit qu'ils sont en danger,
00:52:54ce n'est pas par rapport à vous.
00:52:56Oui, ils sont en danger.
00:52:58Non, mais je crois que c'est important.
00:53:00J'ai eu beaucoup d'exemples comme ça.
00:53:02Ce que vous dites Bruno Clavier, et je vais le dire clairement
00:53:04pour que tout le monde comprenne bien ce que vous dites,
00:53:06c'est que des enfants, quand le père ou la mère
00:53:08a été abusé, d'une certaine manière
00:53:10reproduisent ce qu'a vécu le père ou la mère.
00:53:12Ils se remettent dans des situations
00:53:14où le hasard
00:53:16qui n'existe peut-être pas
00:53:18fait qu'ils peuvent
00:53:20se retrouver en danger eux-mêmes.
00:53:22C'est des vraies répétitions. Je n'ai pas le temps
00:53:24dans l'émission de vous expliquer, mais j'ai eu plein
00:53:26d'exemples comme ça. Je vais aller
00:53:28très vite, mais c'est une personne avec qui j'avais
00:53:30travaillé. Elle n'avait pas dit à sa fille
00:53:32qu'elle avait été abusée par son grand-frère
00:53:34comme vous tenez, de 9 ans à 13 ans.
00:53:36Et il se trouve que
00:53:38sa fille lui a dit, écoute,
00:53:40mon frère m'a abusé de 9 ans à 13 ans.
00:53:42Elle ne lui en avait pas parlé.
00:53:44Elle lui en a parlé plus tard, quand elle avait 16 ans.
00:53:46Et donc, le grand-frère a répété
00:53:48ce qui était arrivé
00:53:50avec l'oncle et la mère. Je ne sais pas si vous me comprenez.
00:53:52J'ai beaucoup d'exemples comme ça.
00:53:54Et donc,
00:53:56je pense que c'est le mieux que vous pouvez faire.
00:53:58– Votre compagne
00:54:00est au courant de ce que vous avez
00:54:02subi ? – Oui, bien sûr, évidemment.
00:54:04Évidemment,
00:54:06c'est une partie des choses.
00:54:08– C'est super.
00:54:10Parce qu'elle peut vous aider
00:54:12à ce que vous puissiez parler
00:54:14à vos fils.
00:54:16– Parce que moi,
00:54:18je me suis mis très, très tard.
00:54:20J'ai porté plainte très tard, puisque ma tante
00:54:22était
00:54:24loin de ça.
00:54:26Elle n'était pas présente, mais elle n'était pas très loin.
00:54:28Et donc, du coup,
00:54:30j'ai porté plainte
00:54:32vraiment des années après.
00:54:34Et entre-temps,
00:54:36la justice a dit que
00:54:38c'est bien que vous l'ayez dit
00:54:40à tout le monde, que vous l'ayez sorti.
00:54:42C'est très bien.
00:54:44Elle s'est fait passer pour,
00:54:46je dirais, sénile.
00:54:48Et aujourd'hui, en fait,
00:54:50il n'y a rien qui s'est passé
00:54:52au niveau juridique.
00:54:54Il n'y a absolument rien qui s'est passé.
00:54:56Elle a été niée hors de cause.
00:54:58Je trouve ça quand même
00:55:00lamentable que ça prenne autant
00:55:02de temps. Parce qu'en fait, la justice a mis
00:55:04énormément de temps à sortir mon dossier.
00:55:06Et donc, du coup, entre-temps,
00:55:08elle a pris de l'âge.
00:55:10Et au moment où ils sont venus
00:55:12m'interroger, je ne sais même pas
00:55:14qui c'est.
00:55:16Donc, c'est vraiment
00:55:18aujourd'hui, je pense qu'il y a des gens
00:55:20qui essayent
00:55:22d'extérioriser un petit peu tout ça
00:55:24et de
00:55:26passer le pas, de porter
00:55:28plainte, etc.
00:55:30Il faut vraiment, je pense, sans fanfare,
00:55:32que ces dossiers-là
00:55:34remontent assez rapidement.
00:55:36Mais bien sûr, Guillaume,
00:55:38c'est pour ça qu'on vous remercie de témoigner.
00:55:40Votre témoignage, pareil, fait avancer les choses.
00:55:42Et vous allez
00:55:44aussi
00:55:46contribuer à ce que ce sujet-là
00:55:48ne soit plus un sujet tabou. Parce que c'est
00:55:50partout, tout le temps.
00:55:52Et vous pouvez remercier votre cousin, parce que c'est lui
00:55:54quand même qui a mis la lumière
00:55:56sur ça. Et déjà, ça
00:55:58limite dans une famille. À partir du moment où
00:56:00on se met à dénoncer,
00:56:02on permet moins les choses. Parce que souvent,
00:56:04c'est pas un cas isolé, malheureusement.
00:56:06C'est qu'on peut le trouver même à plusieurs générations.
00:56:08Et puis, une fois de plus, ça prouve
00:56:10que les hommes aussi sont abusés,
00:56:12contrairement à ce que l'on entend parfois.
00:56:14Merci beaucoup, Guillaume.
00:56:16Et n'hésitez pas, avancez.
00:56:18On fait une petite pause, on se retrouve
00:56:20dans un instant.
00:56:22Sud Radio, parlons vrai.
00:56:24Sud Radio, parlons vrai.
00:56:2614h-16h,
00:56:28Brigitte Lahaye, Sud Radio.
00:56:30Bruno Clavier est avec nous, et nous évoquons
00:56:32évidemment la violence
00:56:34durant l'enfance.
00:56:36Amandine est avec nous maintenant.
00:56:38Bonjour, Amandine. Bonjour à vous,
00:56:40merci de me recevoir. Je vous en prie,
00:56:42Amandine. Bonjour. Donc, vous aussi,
00:56:44vous avez connu des abus par un
00:56:46cousin, je crois ? Oui, c'est ça.
00:56:48Moi, j'ai été
00:56:50agressée, j'avais 9 ans.
00:56:52Donc, ça a commencé par des attouchements,
00:56:54et ensuite, j'ai subi un viol
00:56:56à... j'avais 11 ans.
00:56:58Et...
00:57:00j'ai pas parlé, je suis restée
00:57:02vraiment dans le mutisme, et j'ai rencontré
00:57:04un garçon, j'avais
00:57:0625 ans, qui m'a fait prendre
00:57:08conscience que c'était grave ce que j'avais
00:57:10vécu, et du coup, j'ai déposé
00:57:12plainte à ce moment-là.
00:57:14Bien.
00:57:16Et... à ce moment-là,
00:57:18ça a été très difficile, puisque comme
00:57:20c'était un cousin, ma famille n'a pas compris,
00:57:22m'a dit pourquoi tu as mis
00:57:24tant de temps pour parler...
00:57:26Enfin, voilà, je fais très
00:57:28rapide, parce que... Là, je suis entrée.
00:57:30Voilà.
00:57:32Donc,
00:57:34j'ai fait une dépression, ça a été
00:57:36très compliqué, mais je me suis
00:57:38relevée. Oui, parce que la famille
00:57:40vous a rejetée, c'est comme toujours.
00:57:42Oui, oui, ils comprenaient pas
00:57:44pourquoi... Ils m'ont dit
00:57:46on comprend pas pourquoi tu parles après ton
00:57:48année, et je leur ai dit
00:57:50je pense que si j'avais pensé
00:57:52être écoutée, j'aurais parlé.
00:57:54Parce que je pense que les enfants comprennent tout.
00:57:56Donc... Ah oui, c'est ça.
00:57:58Voilà. Après, j'ai fait
00:58:00une thérapie, mais ça m'a
00:58:02suivie, parce que j'ai
00:58:04développé une hypersexualisation, dans le sens
00:58:06où pour moi
00:58:08la sexualité, c'était rien.
00:58:10En fait, je pouvais
00:58:12avoir des rapports avec un homme
00:58:14sans que ça soit important pour moi.
00:58:16Et aujourd'hui, j'ai 48 ans
00:58:18et je regrette, parce que j'ai pas
00:58:20été suivie, en fait,
00:58:22comme j'en aurais eu besoin.
00:58:24Alors, on va revenir sur ce que disait Bruno Clavier
00:58:26tout à l'heure. Faut pas avoir de
00:58:28regrets. Peut-être que cette sexualité
00:58:30un petit peu excessive
00:58:32vous a permis aussi de
00:58:34tenir debout.
00:58:36De toute façon, c'est le passé.
00:58:38On peut pas refaire le passé.
00:58:40Ce qui est important, en revanche,
00:58:42c'est de comprendre en quoi ça vous a
00:58:44blessé, cette sexualité excessive.
00:58:46Ce corps que vous avez
00:58:48donné à n'importe qui.
00:58:50Et ça, ça peut être
00:58:52intéressant, parce que ça va vous aider
00:58:54à réparer des blessures.
00:58:56Et puis, à pouvoir
00:58:58mettre vos émotions,
00:59:00vos sentiments et
00:59:02votre désir à la bonne place.
00:59:04Oui, tout à fait.
00:59:06Après, je le prends pas mal, parce que je
00:59:08chemine. Ça fait très longtemps
00:59:10que j'ai une spiritualité aussi
00:59:12qui m'aide sur le chemin.
00:59:14Je le prends, c'est mon chemin de vie.
00:59:16Je le vis, aujourd'hui,
00:59:18plutôt sereinement.
00:59:20Je me juge pas, mais je fais un constat
00:59:22que j'aurais eu
00:59:24peut-être
00:59:26un autre rapport
00:59:28à la sexualité, si j'avais pas connu
00:59:30cet abus.
00:59:32Ça s'est passé comme ça.
00:59:34Donc, c'est mon chemin de vie.
00:59:36Après,
00:59:38j'ai été diagnosticée au psychiste tardivement,
00:59:40donc je pense que ça a joué aussi sur ma
00:59:42façon de percevoir les choses et de
00:59:44parler.
00:59:46Ce que je veux dire, c'est que
00:59:48souvent, enfin pas souvent, c'est presque
00:59:50généralisé. Les personnes abusées
00:59:52ont... Il y a deux grands versants.
00:59:54Il y a les sous-sexués, c'est-à-dire qu'il y en a qui se disent
00:59:56c'est traumatique, je le ferai plus jamais.
00:59:58Donc, ils le font plus jamais.
01:00:00Et puis, il y a ceux qui le font,
01:00:02qui sont hyper sexualisés.
01:00:04Et moi, j'ai tendance à dire que c'est
01:00:06une façon de conjurer l'angoisse.
01:00:08C'est-à-dire, c'est d'une façon
01:00:10de répéter le traumatisme.
01:00:12Et c'est, à ce moment-là, une façon de conjurer
01:00:14l'angoisse, parce que
01:00:16à ce moment-là, de mettre
01:00:18de la sexualité,
01:00:20ça permet... Justement, on parlait tout à l'heure
01:00:22de l'angoisse de mort, c'est que tout
01:00:24abus sur l'enfant amène de l'angoisse de mort.
01:00:26Ça permet de conjurer, de
01:00:28tenter de conjurer l'angoisse de mort.
01:00:30C'est comme ça que j'explique l'hyper sexualisation.
01:00:32D'accord. Alors moi, j'avais un autre
01:00:34prisme.
01:00:36J'ai pensé
01:00:38aussi que je me réappropriais
01:00:40quelque part
01:00:42mon corps, et que je décidais,
01:00:44finalement, que je voulais
01:00:46coucher avec telle ou telle personne.
01:00:48Donc ça m'a fait du bien.
01:00:50Après, quand j'ai déposé plainte,
01:00:52j'étais à Lyon à cette époque,
01:00:54et j'ai rencontré
01:00:56des personnes formidables quand j'ai déposé plainte
01:00:58à la police,
01:01:00qui était spécialisée
01:01:02dans les
01:01:04agressions.
01:01:06Ça compte énormément.
01:01:08J'ai été reçue par un monsieur.
01:01:10Ce que j'ai trouvé violent, par contre,
01:01:12c'est qu'on m'a fait un examen
01:01:14gynécologique.
01:01:16J'avais 11 ans
01:01:18quand c'est arrivé. J'avais 25 ans quand j'ai déposé
01:01:20plainte. J'ai trouvé ça très violent.
01:01:22Même si j'ai compris
01:01:24l'enjeu, pour moi,
01:01:26ça a été violent.
01:01:28C'est vrai qu'il y avait même quelque chose à faire.
01:01:30J'ai entendu beaucoup parler des examens gynécologiques
01:01:32qui, parfois, sont un peu violents.
01:01:34Ça serait bien qu'il y ait quelque chose qui soit
01:01:36fait. Parce que, des fois, c'est délicat,
01:01:38puis des fois, ça l'est pas, d'après ce que j'ai entendu.
01:01:40Et d'autant que
01:01:42vous faire un examen gynécologique
01:01:44à 25 ans pour quelque chose qui a eu lieu
01:01:46quand vous aviez 11 ans,
01:01:48d'abord, vous n'étiez
01:01:50de toute façon plus vierge. Et puis, entre temps,
01:01:52vous aviez eu d'autres rapports, j'imagine.
01:01:54C'est là où je vois pas trop
01:01:56à quoi ça sert.
01:01:58Oui.
01:02:00C'était pas très...
01:02:02Mais bon, ils l'ont reconnu.
01:02:04Ils nous ont dit que c'est la procédure.
01:02:06Et on se rend bien compte que
01:02:08c'est un peu stupide.
01:02:10C'est vrai que ça peut être violent.
01:02:12Gynécologiquement, c'est violent.
01:02:14On doit toujours apporter des preuves de ce qui nous est arrivé.
01:02:16Et comme votre auditeur
01:02:18précédemment,
01:02:20il a rien eu non plus.
01:02:22Il m'a traîné dans la boue.
01:02:24Il a dit que j'étais jalouse.
01:02:26Il était âgé
01:02:28de combien de plus que vous ?
01:02:30Il avait 17 ans, lui.
01:02:32Quand vous aviez 9 ans.
01:02:34J'avais 11 ans, il en avait 17.
01:02:36Mais c'est lui qui a commencé
01:02:38quand vous aviez 9 ans ?
01:02:40C'est le même.
01:02:42Il avait 15 ans quand vous aviez 9 ans.
01:02:44Et puis à 17 ans,
01:02:46il est apte à avoir une relation sexuelle.
01:02:48Donc il prend ce qu'il a sous la main.
01:02:50C'est-à-dire vous.
01:02:525 ans, d'ailleurs, ce qui est intéressant,
01:02:54ça fait 6 ans de plus.
01:02:56Au niveau légal, c'est au-delà de 5 ans.
01:02:58C'est tout à fait...
01:03:00Ça relève du pénal immédiatement.
01:03:02Après,
01:03:04ce qui est intéressant aussi,
01:03:06parce que j'ai voulu comprendre.
01:03:08On était dans des contextes
01:03:10de famille violente.
01:03:12Lui avait un papa violent.
01:03:14Moi, j'avais un père violent.
01:03:16On était dans un contexte violent
01:03:18où il faut se taire, où les femmes peuvent se taire.
01:03:20Où les enfants se taisent.
01:03:22Ce qui est important à comprendre aussi,
01:03:24Amandine, c'est que dans les familles
01:03:26où il y a de la violence,
01:03:28ça n'apporte pas la sécurité
01:03:30qu'un enfant a besoin.
01:03:32On parle toujours de l'amour.
01:03:34L'enfant a besoin de se sentir aimé,
01:03:36de se sentir en sécurité.
01:03:38Quand on grandit dans une famille violente,
01:03:40on n'est pas en sécurité.
01:03:42Le corps n'est pas en sécurité.
01:03:44On est forcément plus fragile
01:03:46face à un prédateur.
01:03:48Je pense que des enfants qui sont élevés
01:03:50dans des familles sécurisantes
01:03:52sont plus à même à se défendre
01:03:54et à éviter
01:03:56ce genre de choses.
01:03:58Vous aviez
01:04:00à la fois
01:04:02une fragilité
01:04:04plus cet abus sexuel.
01:04:06C'est normal que tout ça
01:04:08ait été compliqué.
01:04:10Vous avez évidemment, comme Guillaume,
01:04:12cette colère
01:04:14que l'abuseur
01:04:16ne soit pas puni.
01:04:18Aujourd'hui, je ne me sens plus en colère.
01:04:20Je me disais
01:04:22que la colère allait me bouffer.
01:04:24La colère permet
01:04:26de survivre pendant un temps.
01:04:28Quand on reprend vie,
01:04:30on n'est plus dans la colère.
01:04:32J'ai eu des enfants
01:04:34et je les ai vraiment élevés.
01:04:36Je vous rejoins tout à fait dans l'amour,
01:04:38mais aussi dans la protection,
01:04:40dans la sécurité.
01:04:42Je leur apprends à respecter leur corps.
01:04:44Quand ils seront un peu plus grands,
01:04:46parce qu'ils ont 12 et 16 ans,
01:04:48ils sont aussi autistes tous les deux.
01:04:50Je les préserve encore un peu,
01:04:52mais je pense que c'est important de leur dire
01:04:54pour conjurer.
01:04:56J'ai déposé plainte.
01:04:58Je fais le contraire avec mes enfants
01:05:00pour casser cet intergénérationnel.
01:05:02Je voulais absolument casser cette boucle.
01:05:04Pour moi, c'était important.
01:05:06J'avais un rôle dans la famille
01:05:08et ça a pris tout son sens
01:05:10dans mon chemin de vie.
01:05:12Comme je disais à Guillaume,
01:05:14je vous conseille de le faire
01:05:16assez vite.
01:05:18Ils sont dans cette fourchette d'âge
01:05:20toujours par le fait de répétition
01:05:22du hasard.
01:05:24Ils peuvent revivre
01:05:26des choses que vous avez vécues
01:05:28si vous ne leur dites pas.
01:05:30Amandine fait son travail.
01:05:32Bravo Amandine.
01:05:34J'entends bien que vous avez cheminé.
01:05:36Je pense que la spiritualité est aussi
01:05:38une belle manière
01:05:40de donner du sens à sa vie.
01:05:42Continuez à vous élever.
01:05:44Merci de ce témoignage.
01:05:46On fait une petite pause
01:05:48et on se retrouve dans un instant.
01:05:52Demain, avec Guillaume de Brébisson,
01:05:54nous aborderons la question de la communication
01:05:56dans le couple. Pourquoi est-ce si compliqué
01:05:58de se parler vraiment et particulièrement
01:06:00dans le domaine sexuel ?
01:06:02Venez participer à l'émission en appelant
01:06:04le 0 826 300 300.
01:06:0614h-16h,
01:06:08Brigitta et Sud Radio.
01:06:1014h-16h,
01:06:12Brigitta et Sud Radio.
01:06:14Bruno Clavier est
01:06:16avec nous, psychanalyste, psychologue
01:06:18clinicien, spécialiste de l'inceste,
01:06:20des abus sur enfants
01:06:22et puis déjà,
01:06:24aussi, on va redire ce livre,
01:06:26Devenir un bon ancêtre aux éditions,
01:06:28Paillot. Marlène est avec nous.
01:06:30Merci Marlène d'être avec nous. Bonjour.
01:06:32Bonjour Brigitte. Bonjour
01:06:34Monsieur Clavier. Bonjour.
01:06:36Donc moi,
01:06:38j'ai traversé l'inceste
01:06:40un peu avant 5 ans, je pense.
01:06:42Je disais tout le temps 5 ans,
01:06:44mais je pense que c'est en fait avant
01:06:46avec mon grand-père paternel.
01:06:48On n'a jamais cru.
01:06:50Il n'a jamais voulu avouer
01:06:52même la veille de sa mort.
01:06:54Je lui avais demandé par téléphone
01:06:56de me dire si oui ou non c'était vrai.
01:06:58Je lui avais écrit naître
01:07:00à mes 18 ans aussi et
01:07:02il avait refusé d'en parler.
01:07:04Il me disait comment je pouvais penser ça
01:07:06et que
01:07:08il m'aimait, que j'étais son grand-père
01:07:10enfin et qu'il ne fallait surtout pas
01:07:12que ma grand-mère le soit. Donc en fait
01:07:14j'ai grandi. Je pense que
01:07:16ce qui m'a fait le plus mal
01:07:18en fait, c'est même plus
01:07:20peut-être les gestes,
01:07:22les actes, c'est de ne pas
01:07:24avoir été cru
01:07:26en fait et qui n'ait pas
01:07:28avoué en fait, qui n'ait pas eu ce courage.
01:07:30Parce que je pense qu'en fait
01:07:32je ne veux plus en fait
01:07:34être vue comme victime.
01:07:36Je ne veux plus ça parce que j'ai l'impression
01:07:38que quand on nous met en tant que
01:07:40victime, en fait c'est
01:07:42la pauvre, la peuchère
01:07:44et qu'on nous voit comme quelqu'un
01:07:46de faible mais dans
01:07:48la notion justement de cette société
01:07:50où la faiblesse est mal vue
01:07:52alors que finalement
01:07:54on est des courageux et des courageuses quoi.
01:07:56Nous au moins parce qu'on s'est avancé.
01:07:58Et merci de répéter
01:08:00que ce n'est pas parce qu'on est
01:08:02habillé qu'on répète
01:08:04et qu'on va infliger ça.
01:08:06Bien au contraire, je pense qu'on est
01:08:08beaucoup être en surprotection
01:08:10par rapport à nos enfants et à ceux qu'on aime.
01:08:12Et moi c'est que quand j'ai eu 5 ans
01:08:14apparemment j'en ai parlé à mon père
01:08:16et ça ne revient plus du tout. C'est lui qui en a parlé
01:08:18à ma soeur il y a une dizaine d'années
01:08:20quand une de mes tantes, donc sa soeur
01:08:22m'a envoyé un message en me disant
01:08:24qu'elle me croyait et elle parce que
01:08:26il lui avait sauté dessus une fois
01:08:28quand elle avait 14 ans.
01:08:30Votre grand-père. Oui, c'est caractéristique ça.
01:08:32Et donc
01:08:34là en fait ce SMS
01:08:36sans demander l'accord à ma tante
01:08:38je l'ai envoyé à mes parents et à ma soeur
01:08:40qui ne croyaient pas.
01:08:42Et ça a été une catastrophe pour ma mère
01:08:44parce que de là elle a fait une énorme dépression
01:08:46et elle est sous un gros traitement maintenant.
01:08:48Ce que je veux dire c'est que vous l'avez dit à votre père
01:08:50à l'époque à 5 ans, mais qu'est-ce qu'il a fait
01:08:52votre père ? A part le dire à votre soeur.
01:08:54Apparemment justement quand j'ai su
01:08:56donc il y a 10 ans qu'il avait fait ça
01:08:58je l'ai appris et je lui ai dit
01:09:00mais je ne comprends pas, tu mens en fait.
01:09:02Est-ce que c'était son père ?
01:09:04Je lui ai dit mais tu mens, c'est pas possible
01:09:06donc tu dis ça pour
01:09:08m'libérer, pour me faire croire que
01:09:10je ne suis pas une menteuse, c'est pas possible quoi.
01:09:12Et
01:09:14donc en fait il a dit à ma soeur
01:09:16qu'avec moi il refuse d'en parler
01:09:18parce qu'il dit à chaque fois que je le trouble
01:09:20et
01:09:22il a dit à ma soeur qu'en fait
01:09:24il en avait parlé à son père et qu'il lui avait dit
01:09:26que c'était la tradition en Espagne mais que
01:09:28ça ne lui plaisait pas, il ne recommencerait pas.
01:09:30Et donc voilà, il a laissé.
01:09:32Il n'en avait pas parlé à ma mère.
01:09:34On a déjà entendu ça ici, c'est la tradition.
01:09:36Oui et puis on voit bien
01:09:38et c'est en ça qu'il faut vraiment
01:09:40qu'on aborde ce sujet souvent dans les médias
01:09:42et qu'enfin on en parle.
01:09:44C'est-à-dire qu'il faut que justement
01:09:46cette tradition devienne insupportable
01:09:48pour la société quoi.
01:09:50Parce que sinon on n'en sort pas.
01:09:52Oui après il y a plein de traditions.
01:09:54En fait ce qui est le plus douloureux
01:09:56c'est qu'on étouffe si longtemps.
01:09:58Bien sûr.
01:10:00On étouffe la parole en fait
01:10:02au sein propre de notre famille
01:10:04et ce
01:10:06refus en fait de
01:10:08même après
01:10:10quand ma famille, mes oncles et tantes
01:10:12par exemple l'ont su, mais je suis une folle.
01:10:14Ce n'est pas vrai.
01:10:16Et ça c'est hyper dur en fait.
01:10:18C'est plus violent encore
01:10:20que l'étranger qui a pu avoir.
01:10:22Mais ça c'est des systèmes
01:10:24familiaux vous savez, c'est-à-dire que
01:10:26quand il y a de l'inceste, il y a de l'inceste
01:10:28un peu partout dans une famille
01:10:30vu ou pas vu
01:10:32et puis c'est un système. Donc le système se tient
01:10:34et si un individu comme vous
01:10:36par exemple dénonce
01:10:38l'ensemble souvent
01:10:40veut garder intact le système
01:10:42et donc on devient
01:10:44le mouton noir. Je ne sais pas si c'est ce qui vous est arrivé.
01:10:46C'est ça, on devient un petit
01:10:48canard ou un mouton noir.
01:10:50Mais ils ont dit que je deviens un petit canard.
01:10:52Parce que finalement ce qu'il faut
01:10:54comprendre, je ne le dis pas pour vous
01:10:56Marlène, je le dis pour ceux qui écoutent, ce qu'il faut
01:10:58comprendre c'est que ça fait finalement moins de
01:11:00bruit de vous mettre à l'écart
01:11:02et de vous faire taire
01:11:04qu'en effet de dénoncer
01:11:06le coupable
01:11:08et le mettre sur la place
01:11:10publique. Donc comme ça
01:11:12on ne fait pas de vagues, la famille reste
01:11:14une famille
01:11:16normale aux yeux
01:11:18des voisins, aux yeux de la société,
01:11:20aux yeux de tout le monde.
01:11:22Mais ce qui est dommage, si vous voulez
01:11:24c'est que si on veut qu'une société
01:11:26avance, je pense qu'il faut
01:11:28prendre conscience qu'il faut
01:11:30protéger les enfants et
01:11:32quand on a des enfants qui ont été violentés
01:11:34et bien c'est des enfants
01:11:36qui vont mal, qui vont être
01:11:38en mauvaise santé.
01:11:40Là je le dis de manière très générale
01:11:42mais qui vont coûter cher à la sécurité sociale
01:11:44qui vont faire des
01:11:46tentatives de suicide, qui vont avoir des comportements
01:11:48à risque et tout ça
01:11:50c'est pas ça qu'on a besoin
01:11:52dans une société. Donc il est essentiel
01:11:54si on a envie d'améliorer la société
01:11:56de commencer à prendre en main
01:11:58ce problème.
01:12:00Ça fait depuis 10 ans que je suis invalidité
01:12:02j'ai des maladies auto-immunes
01:12:04je n'ai plus de globules blancs
01:12:06et je ne peux plus
01:12:08travailler, ce qui a été un drame pour moi
01:12:10parce qu'en fait je me suis sentie une merde
01:12:12et quand vous disiez de donner
01:12:14du sens à sa vie, ben après
01:12:16quand on s'est basé là-dessus en fait
01:12:18il faut tout rechercher
01:12:20un nouveau sens et je l'ai trouvé
01:12:22dans une forme de spiritualité je pense
01:12:24qui m'aide beaucoup, dans l'astrologie
01:12:26aussi qui m'aide beaucoup en fait, ça a permis
01:12:28de reconstruire son récit finalement
01:12:30pour moi.
01:12:32Bien sûr, bien sûr.
01:12:34L'astrologie, je parle de la bonne astrologie
01:12:36je ne parle pas de l'horoscope
01:12:38quotidien, la bonne astrologie
01:12:40par rapport à votre thème
01:12:42permet de donner du sens à l'épreuve
01:12:44que vous avez traversée.
01:12:46Elle donne du sens à l'épreuve
01:12:48et elle vous permet de voir
01:12:50comment vous pouvez en faire
01:12:52quelque chose de positif.
01:12:54Surtout quand j'ai vu que
01:12:56le tyron de mon grand-père était sur mon tyron
01:12:58exact à moi quoi.
01:13:00Après ça libère
01:13:02beaucoup de choses et ça nous
01:13:04permet d'écrire en fait notre récit
01:13:06et par contre mon rapport
01:13:08à la mort et au temps
01:13:10j'ai peur maintenant de vieillir
01:13:12et je pense parce que c'est une fois
01:13:14qu'on a peut-être, qu'on commence
01:13:16à apprendre qu'en fait on a peur
01:13:18du bonheur je pense. On a peur
01:13:20d'être aimé et
01:13:22on se sent toujours obligé
01:13:24et c'est pour ça que la sexualité
01:13:26est compliquée et moi la sexualité
01:13:28ne peut pas être un jeu et
01:13:30j'arrive pas à comprendre certaines plaisanteries
01:13:32où je suis très en fait
01:13:34naïve et je reste souvent au premier
01:13:36degré et en fait parfois c'est compliqué
01:13:38dans la relation avec mon mari
01:13:40qui pour lui
01:13:42la sexualité c'est quelque chose qui
01:13:44est un jeu, ils font un rire et tout
01:13:46pour moi c'est pas possible, j'y arrive pas encore.
01:13:48Oui c'est pour ça que j'ai
01:13:50écrit dans un livre que l'abuseur
01:13:52kidnappe la sexualité
01:13:54du enfant, c'est-à-dire qu'elle lui appartient
01:13:56à partir du moment où il
01:13:58l'apprend à l'enfant et l'enfant ne pourra plus en disposer
01:14:00dans sa vie après.
01:14:02C'est-à-dire il a volé la sexualité
01:14:04ce qui fait que
01:14:06comme vous le dites, c'est fini
01:14:08c'est plus un jeu, il n'y a plus rien de léger
01:14:10tout est soumis à ça.
01:14:12Je vous remercie vraiment
01:14:14de témoigner sur cet abuse des grands-parents
01:14:16parce que tout à l'heure quelqu'un parlait du rapport de la civise
01:14:18et je trouve que c'est un rapport qui a minimisé
01:14:20qui a beaucoup parlé des pères
01:14:22des oncles et pas assez
01:14:24dans le rapport des grands-parents
01:14:26des grands-oncles
01:14:28et qui sont en fait
01:14:30très très présents dans les violences sexuelles
01:14:32il n'y a pas que les pères, il y a beaucoup les grands-pères
01:14:34et je crois qu'il faut le dire
01:14:36et notamment parce qu'il y a de l'amnésie puisqu'ils s'attaquent
01:14:38souvent à des petits-enfants qui ne se souviennent plus
01:14:40donc votre hémonage est important.
01:14:42On ne se méfie pas
01:14:44on va donner son enfant, son très jeune enfant
01:14:46à garder chez le grand-père
01:14:48parce que le grand-père, on a toujours tendance
01:14:50à penser que les gens après
01:14:5270, 80, ils n'ont plus de sexualité
01:14:54sauf que
01:14:56ils peuvent en effet tripoter
01:14:58abuser
01:15:00Attention, il y a des bons grands-parents
01:15:02on n'est pas en train de dire que tous les grands-pères sont comme ça
01:15:04mais j'ai connu des parents
01:15:06qui ont envoyé leurs enfants
01:15:08à une femme notamment qui avait été violée par son père
01:15:10et qui a envoyé ses enfants chez son père
01:15:12quand il était grand-père et elle m'a dit
01:15:14il est inoffensif, il est vieux maintenant
01:15:16alors non, non, non, il faut se méfier
01:15:18et par contre, j'ai cette ambivalence
01:15:20où jamais je n'aurais pu porter plein de contrebit
01:15:22Ben oui
01:15:24parce que c'est comme si
01:15:26Mais vous savez
01:15:28ça me fait écho à ce que vous avez dit tout à l'heure
01:15:30parce que vous êtes
01:15:32vous lui en voulez
01:15:34qu'il n'ait jamais pu reconnaître
01:15:36mais je crois qu'il est temps de désidéaliser
01:15:38une partie de ce grand-père
01:15:40parce que c'était
01:15:42un sale mec
01:15:44qui va faire mourir une partie de moi
01:15:46mais non, parce que cette partie de vous
01:15:48elle est en vous, elle ne va pas mourir
01:15:50mais désidéaliser
01:15:52bref
01:15:54merci Bruno
01:15:56c'est important que vous le fassiez
01:15:58parce que sinon vous n'allez pas pouvoir
01:16:00il y a son ombre qui reste là
01:16:02quand vous êtes en train de faire l'amour avec votre mari en quelque sorte
01:16:04voyez
01:16:06et c'est ça qui vous empêche de vous libérer
01:16:08un peu sexuellement
01:16:10il y a tout ce que vous avez ressenti
01:16:12de bon et de mauvais
01:16:14je dis bien de bon et de mauvais
01:16:16qui quelque part vous encombrent
01:16:18et c'est pour ça qu'il faut vraiment
01:16:20comme je dis souvent
01:16:24on peut pardonner aux êtres
01:16:26qui sont
01:16:28nos ancêtres
01:16:30mais on ne peut pas pardonner ce qu'ils nous ont fait
01:16:32et c'est toute la différence
01:16:34parce que je ne veux plus
01:16:36être dans la colère en fait, je suis trop fatiguée
01:16:38de tout ça
01:16:40vous avez raison
01:16:42mais en même temps
01:16:44vous avez le droit de lui pardonner
01:16:46par rapport à ce qu'il a été pour vous
01:16:48en tant que modèle
01:16:50mais bien sûr
01:16:52qu'on ne pardonnera pas ce qu'il vous a fait
01:16:54c'est cette différence là
01:16:56qu'il faut que vous arriviez à
01:16:58sur laquelle il faut arriver à avancer
01:17:00et en fait on ne parle jamais
01:17:02de ce qui se passe dans leur tête à eux
01:17:04oui c'est vrai
01:17:06et ça j'aimerais bien le savoir
01:17:08une des choses notamment pour les grands-parents
01:17:10j'en ai parlé tout à l'heure
01:17:12je parlais de l'angoisse de mort
01:17:14mais en général il est rare qu'un grand-parent attaque
01:17:16s'il n'a pas attaqué en étant parent lui-même
01:17:18franchement je n'en ai pas beaucoup
01:17:20connu qui ne sont passés à l'acte qu'en tant qu'en parent
01:17:22en général ils ont déjà commencé
01:17:24par an, je ne dis pas une généralité
01:17:26mais quand même
01:17:28et grands-parents, c'est pour ça que je dis qu'ils peuvent être
01:17:30redoutables, c'est qu'il y a de l'angoisse de mort
01:17:32et à ce moment là
01:17:34l'enfant vient comme une espèce de
01:17:36promesse de vie
01:17:38et la pédophilie je soutiens
01:17:40c'est ça, c'est contre
01:17:42l'histoire de la mort
01:17:44ce sont des vampires, ils ont besoin de sang en oeuf
01:17:46et même
01:17:48on voit ça même des fois chez les hommes
01:17:50malheureusement dans les attitudes des hommes
01:17:52même adultes, j'entendais
01:17:54quand j'étais jeune, tiens voilà de la chair fraîche
01:17:56vous voyez c'est un petit peu
01:17:58et après on comprend comment il y a de l'anorexie
01:18:00c'est à dire le refus de donner sa viande
01:18:02parce que c'est assez horrible mais c'est comme ça
01:18:04j'ai fraudé la mort par anorexie
01:18:06j'ai descendu à 35 kilos
01:18:08pour mes 76 et même encore aujourd'hui
01:18:10je me sens en sécurité
01:18:12d'être très mince
01:18:14prendre du poids c'est être
01:18:16en danger de mort
01:18:18je regrette qu'on ne mette pas assez en relation l'anorexie
01:18:20avec les violences sexuelles alors que c'est un marqueur
01:18:22que j'ai toujours trouvé c'est à dire
01:18:24la personne ne donne plus sa viande
01:18:26parfois
01:18:28c'est pas forcément des abus
01:18:30mais c'est un père qui va trop regarder
01:18:32sa fille quand elle prend son bain dans sa salle de bain
01:18:34enfin c'est des choses aussi comme ça qui parfois provoquent
01:18:36des symptômes
01:18:38on donne plus son corps, il n'y a plus rien à manger
01:18:40absolument
01:18:42on frôle aussi avec la mort et de la disparition
01:18:44et il y a ce rapport
01:18:46justement avec la mort parce que je me souviens
01:18:48que moi à chaque fois qu'une personne que je connais
01:18:50meurt je dis
01:18:52j'aurais dû partir à sa place
01:18:54oui mais si vous êtes là
01:18:56c'est que vous avez peut-être
01:18:58quelque chose à faire Marlène
01:19:00et ça veut dire que ça a du sens pour vous
01:19:02et continuez à avancer sur ce point
01:19:04et déjà votre témoignage va aider
01:19:06beaucoup de gens
01:19:08il y a des gens qui vont
01:19:10écouter et qui vont aussi
01:19:12prendre conscience avec vous
01:19:14merci Marlène en tout cas, merci beaucoup
01:19:16on fait une petite pause et je crois qu'on va
01:19:18revenir sur l'écran parent avec
01:19:20le témoignage de Nathalie dans un instant
01:19:24venez apporter votre témoignage et réagissez
01:19:26à l'émission en appelant dès maintenant
01:19:28le 0 826 300 300
01:19:34Bruno Clavier est avec nous
01:19:36et on va conclure
01:19:38avec le témoignage de Nathalie
01:19:40qui voudrait rendre hommage à votre grand-mère
01:19:42je crois, Nathalie, bonjour
01:19:44oui bonjour Brigitte, bonjour Bruno
01:19:46je voulais rendre
01:19:48hommage à ma grand-mère parce que pour moi
01:19:50c'était mon modèle, c'était mes rails
01:19:52c'était ma confidente
01:19:54et elle est partie beaucoup trop tôt
01:19:56et quand elle est
01:19:58bon moi je suis née dans les débuts
01:20:00des années 70 et c'était l'époque
01:20:02où c'est comme ça et c'est pas autrement
01:20:04on n'écoutait pas les enfants
01:20:06et j'avais son écoute
01:20:08à chaque fois quand je savais que ça allait tourner un petit peu au vinaigre
01:20:10avec mes parents, j'allais voir ma grand-mère
01:20:12ou j'appelais ma grand-mère ou surtout
01:20:14j'écrivais à ma grand-mère
01:20:16et quand elle est partie
01:20:18vous aviez quel âge quand elle est partie ?
01:20:20alors ça c'est
01:20:22je sais quel âge elle aurait mais je ne sais
01:20:24je devais avoir 38 ans
01:20:26parce que j'occulte la date de son décès
01:20:28d'accord mais j'insiste pas
01:20:30en tout cas vous étiez
01:20:32adulte
01:20:34oui j'étais adulte et j'étais maman
01:20:36d'accord donc vous étiez adulte
01:20:38mais malgré tout c'est une perte
01:20:40que vous avez du mal à
01:20:42visiblement puisque vous voulez pas
01:20:44vous rappeler de l'année
01:20:46ah oui ma grand-mère
01:20:48c'est
01:20:50c'est lourd et je
01:20:52voulais lui dire merci
01:20:54parce que quand elle est partie
01:20:56ma mère m'a dit ta grand-mère est partie
01:20:58maintenant c'est moi ta confidente
01:21:00ah non non ça se passe pas comme ça
01:21:02c'était la mère de votre mère ?
01:21:04oui
01:21:06et ma mère c'est quelqu'un de très autoritaire
01:21:08qui n'écoute pas
01:21:10qu'il faut faire comme elle a décidé
01:21:12et
01:21:14bon je n'ai plus
01:21:16de relation parce que de contact avec elle
01:21:18parce que j'ai mis
01:21:2050 ans avant de leur dire tout ce que j'avais
01:21:22envie et besoin de leur dire
01:21:24donc tout à l'heure Bruno
01:21:26parlait du mouton noir
01:21:28je m'y retrouve un petit peu
01:21:30et
01:21:32je me dis que ma grand-mère
01:21:34comment elle aurait réagi
01:21:36je ne sais rien
01:21:38quel rapport elle avait avec votre mère ?
01:21:40très mauvais
01:21:42de très mauvais rapport
01:21:44c'est curieux
01:21:46c'est spécial ça
01:21:48oui
01:21:50et vous savez pourquoi
01:21:52vous avez essayé de comprendre
01:21:54parce qu'on peut imaginer
01:21:56que votre grand-mère a été une bonne mère
01:21:58pour votre mère
01:22:00ou alors
01:22:02elle ne la désirait pas
01:22:04il doit y avoir quelque chose
01:22:06il doit y avoir un loup comme on dit
01:22:08alors c'était l'année de 3 enfants
01:22:10elle est née au début des années 50
01:22:12c'était l'année de 3 enfants
01:22:14et après il y a eu 2 garçons
01:22:16et ma mère est persuadée
01:22:18je n'en sais rien
01:22:20que ma grand-mère avait plus
01:22:22d'affection pour ses fils
01:22:24que pour ma mère
01:22:26parce qu'elle était une fille
01:22:28elle s'est sentie rejetée
01:22:30quand votre grand-mère a eu
01:22:32ses fils
01:22:34oui ça peut s'expliquer
01:22:36c'est cohérent
01:22:38c'est peut-être pas faux
01:22:40peut-être que votre grand-mère
01:22:42avait plus d'admiration pour ses fils
01:22:44on sait chez les mères
01:22:46que parfois le fils surplante
01:22:48un peu la fille
01:22:50surtout les deux derniers
01:22:52est-ce que votre grand-mère s'est confiée à vous ?
01:22:54elle a vécu des choses un peu traumatiques ou pas ?
01:22:56oui
01:22:58je m'en doutais un petit peu
01:23:00je l'ai su
01:23:02quand
01:23:04j'ai été agressée à mon tour
01:23:06ma grand-mère
01:23:08a été agressée à l'âge de
01:23:1012 ans
01:23:12ma mère a été agressée à l'âge de 13 ans
01:23:14j'ai été agressée
01:23:16à l'âge de 12 ans
01:23:18j'en ai parlé à ma fille
01:23:20pour pas que ça lui arrive
01:23:22elle a été agressée à l'âge de 13 ans
01:23:24malgré le fait que le gars m'avait parlé
01:23:26ça s'est produit
01:23:28c'est spécial
01:23:30je vous dis ça pourquoi ?
01:23:32parce que ça me semblait à peu près évident
01:23:34que je vais pas être trop compliqué
01:23:36mais que votre grand-mère est un peu clivée
01:23:38c'est-à-dire ce qui est les caractéristiques
01:23:40des personnes qui ont eu des traumatismes
01:23:42c'est que c'est comme si vous
01:23:44étiez la bonne partie d'elle
01:23:46et puis sa fille la mauvaise
01:23:48donc c'est ça qui est toujours étonnant
01:23:50à comprendre
01:23:52si elle aime sa fille, elle aime sa petite-fille
01:23:54c'est pas si simple
01:23:56ça serait une explication
01:23:58je suis content que vous parliez de cette répétition
01:24:00parce que j'y tiens
01:24:02on a eu plusieurs auditeurs
01:24:04et auditrices où on a dit
01:24:06faites attention parce qu'il y a des répétitions
01:24:08même en disant à ma fille
01:24:10attention
01:24:12ça s'est passé avec ton mari et ta grand-mère
01:24:14et avec ta maman
01:24:16à cet âge, fais attention
01:24:18et quand elle
01:24:20j'ai appris qu'à lui il est arrivé la même chose
01:24:22ça lui est arrivé à quel âge ?
01:24:24à plus d'an
01:24:26et vous lui avez dit quand elle avait quel âge ?
01:24:28j'ai commencé à lui dire quand elle commençait à avoir 11-12 ans
01:24:30dans ce cas-là
01:24:32c'est que ça veut dire
01:24:34qu'il y a un autre dossier
01:24:36quelque chose qui n'a pas été
01:24:38soit il y a une amnésie
01:24:40ou quelque chose qui traîne
01:24:42parce que normalement ça protège
01:24:44chercher vous verrez
01:24:46il doit y avoir une autre histoire
01:24:48d'accord
01:24:50très bien
01:24:52je vais me pencher dessus
01:24:54je voulais dire à Marlène aussi
01:24:56l'auditrice précédente qu'elle a droit au bonheur
01:24:58elle m'a beaucoup touchée par son message
01:25:00quand elle disait qu'elle n'avait plus le droit au bonheur
01:25:02s'il n'y a pas d'âge
01:25:04ça va lui tomber dessus quand elle ne le cherchera pas
01:25:06c'est bien
01:25:08merci pour elle
01:25:10oui je crois que
01:25:12bien sûr
01:25:14c'est toujours pareil
01:25:16qu'il faut arriver à
01:25:18dépasser son passé
01:25:20et ce n'est pas simple
01:25:22tant qu'on ne l'a pas dépassé
01:25:24c'est comme un fardeau
01:25:26qu'on porte sur le dos
01:25:28et ce fardeau qu'on porte sur le dos
01:25:30il nous alourdit
01:25:32il ne nous permet pas d'être léger
01:25:34et le bonheur, la joie
01:25:36c'est léger
01:25:38il y a quelque chose aussi avec les personnes abusées
01:25:40je l'ai vu un peu partout
01:25:42c'est que dès qu'elles commencent à être heureuses
01:25:44elles ont un réflexe qui dit
01:25:46il va m'arriver quelque chose
01:25:48donc ils s'interdisent d'être heureux
01:25:50parce qu'ils disent si je suis heureux
01:25:52alors il va m'arriver quelque chose
01:25:54il faut guérir de ça, c'est compliqué
01:25:56alors ça je l'y suis arrivé
01:25:58parce que j'étais exactement comme ça
01:26:00c'est pas normal, c'est trop limpide
01:26:02il va y avoir un grain de sable
01:26:04je l'entends
01:26:06et en fait c'est en allant voir
01:26:08une kinésiologue
01:26:10qui m'a aidé
01:26:12justement à m'alléger
01:26:14à m'enlever
01:26:16tout comme vous dites
01:26:18tout le fardeau, le poids que j'avais
01:26:20et ça fait énormément bien
01:26:22de nouveau se ressentir légère
01:26:24dans la tête
01:26:26Moi j'aime beaucoup le tarot de Marseille
01:26:28c'est un symbolisme extraordinaire
01:26:30et je pense à cette lame
01:26:32du mat avec ce petit fardeau
01:26:34et ce petit chien qui le traîne vers l'arrière
01:26:36mais après cette carte
01:26:38c'est la carte du battleur
01:26:40c'est-à-dire le départ, un nouveau départ
01:26:42et je crois qu'il faut vraiment comprendre
01:26:44et ça je le dis pour tous ceux qui nous écoutent
01:26:46parce qu'il y a des drames autres que les abus
01:26:48on vit des drames dans la vie, ça arrive
01:26:50et puis après
01:26:52il y a un nouveau départ
01:26:54et je crois qu'il faut vraiment croire
01:26:56qu'il y a des nouveaux départs
01:26:58sinon c'est qu'on est mort de toute façon
01:27:00la vie à un moment donné elle s'arrête
01:27:02mais tant qu'elle n'est pas arrêtée
01:27:04ça veut dire qu'il y a des nouveaux départs
01:27:06et on ne sait pas
01:27:08il y a peut-être un nouveau départ de l'autre côté
01:27:10après tout, pourquoi pas
01:27:12Merci beaucoup de votre témoignage
01:27:14qui est un témoignage très positif pour terminer
01:27:16même si vous aussi malheureusement
01:27:18vous avez été abusé
01:27:20comme toujours, on se rend compte
01:27:22chaque fois qu'on parle de ce sujet
01:27:24c'est beaucoup plus grave encore
01:27:26que ce qu'on croit
01:27:28et que c'est vraiment important
01:27:30d'en prendre conscience
01:27:32Merci à tous de ce témoignage
01:27:34c'est grâce à vous qu'on avance
01:27:36merci évidemment à vous
01:27:38Bruno Clavier de ce travail
01:27:40et puis
01:27:42je ne peux qu'inviter les auditeurs
01:27:44à vous lire
01:27:46et notamment ce livre
01:27:48L'inceste ne fait pas de bruit
01:27:50et puis peut-être aussi
01:27:52à négliger
01:27:54les violences sexuelles
01:27:56parce que ce livre explique bien pourquoi il y a ce tabou
01:27:58pourquoi la société a du mal à avancer
01:28:00Oui c'est ça
01:28:02il y a quand même un grand déficit actuel
01:28:04de prise en charge des violences sexuelles
01:28:06surtout celles de l'enfance
01:28:08qui vont faire des dégâts pour les personnes plus âgées
01:28:10et qu'il y a un manque de savoir là-dessus
01:28:12et j'essaie de militer pour qu'on développe
01:28:14ce savoir-là
01:28:16et au manque de thérapeutes de qualité aussi
01:28:18qu'ils soient formés puisque les facultés ne le font pas
01:28:20je le dis
01:28:22je le sais aujourd'hui, elles ne le font toujours pas
01:28:24Allez-y, formez-les
01:28:26Je fais, je donne des cours à la fac de ça des fois
01:28:28Tout de suite vous retrouverez C'est votre avenir
01:28:30et demain nous serons avec Guillaume de Brébisson
01:28:32on évoquera la communication
01:28:34comment bien communiquer dans le couple

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