• il y a 2 heures
Pierre Bellemare comme vous ne l’avez jamais entendu ! C’est la promesse de ce nouveau podcast imaginé à partir des archives exceptionnelles du Service Patrimoine Sonore d’Europe 1.
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.


Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare

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Transcription
00:00Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Bellemare, un podcast issu des Archives d'Europe 1.
00:11Bien, voyez-vous, le mot « extraordinaire » ne convient pas pour notre dossier d'aujourd'hui. Je préfère le mot « fantastique ».
00:22En effet, nous allons vous raconter la fantastique histoire de l'usine à crime de Chicago.
00:31Bien, voyez-vous, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, on a du mal à y croire à ce dossier.
00:54Lorsqu'on referme la dernière page, je vous assure qu'on se pose des questions.
01:00S'agit-il d'un scénario de film d'horreur ? Est-ce un cauchemar que je ne vous souhaite pas ?
01:08Ou la plus gigantesque entreprise criminelle qui ait jamais inventé un homme seul ?
01:15Je crois que c'est la plus gigantesque. Elle dura dix ans avant de s'effondrer, vous le verrez, sur un détail.
01:25Et pourtant, c'était un fanatique du détail, cet Herman Webster Maget.
01:34Alors parlons tout de suite du premier détail qui le concerne, sa naissance.
01:38Très respectable, cette naissance. Papa, maman sont d'honorables commerçants dans le petit village de Gilmanton, aux États-Unis.
01:47Le village de Gilmanton se trouve dans le New Hampshire, la Nouvelle-Angleterre, une des plus anciennes colonies fondées par les Anglais sur la côte est des États-Unis.
01:56Nous ne possédons pas de documents sur l'enfance de Webster à Gilmanton.
02:01Il nous a simplement été rapporté historiquement qu'elle fut studieuse et que l'on s'appliqua en famille à cultiver sur la tête de ce petit garçon intelligent une bosse particulière, celle du commerce.
02:14À 18 ans, Webster est un jeune homme fort convenable, à la silhouette bien proportionnée, les gants sans excès, le teint frais, la moustache soigneusement brossée, le visage est un peu long, le nez droit, l'œil extrêmement clair.
02:30Chapeau melon, col cassé, gilet et pantalon rayé, Webster, bien que très jeune, est déjà raisonnable. Il songe à se marier.
02:37D'autres, à sa place, fréquenteraient les saloons et meneraient joyeuse vie, mais non, ce jeune homme, bien sous tous les rapports, demande la main d'une jeune fille, bien sous tous les rapports.
02:47En effet, rapport au physique, la jeune Clara est assez intéressante, mais rapport à la dot, elle l'est encore plus, si bien que le siège est assez long car les prétendants ne manquent pas.
03:00Mais Webster est vraiment le plus sérieux, le plus attentif, le plus amoureux, le plus délicat. Il l'emporte au bout de quelques mois, et au bout de trois ans de mariage, sans histoire et sans enfant, le démon du voyage montre son nez.
03:17« Ma chère Clara, déclare Webster, un homme doit se réaliser. J'ai beaucoup de choses à apprendre. L'université m'attend. Laisse-moi utiliser l'argent de la dot pour mes études. C'est un bon placement que tu feras. »
03:33À 22 ans, il entre donc à l'université du Vermont. Il apprend vite, et nous le retrouvons étudiant en médecine à Detroit, dans le Michigan. Cette fois, la distance entre Webster et sa femme est d'autant plus grande qu'il a eu besoin, pour la franchir, de vider le compte en banque de Clara. Cela a duré deux ans, le temps d'obtenir un diplôme de médecin.
03:56Donc Webster est diplômé, mais quelque peu désargenté. Il trouve refuge quelque temps dans une pension confortable, tenue par une jeune veuve tout aussi confortable, et fait ses premières armes sur sa clientèle féminine.
04:09Il a le don du diagnostic et de la note d'honoraire, et il est toujours si galant, si distingué. Les femmes de Detroit en raffolent, puis celles de New York, et enfin celles de Chicago. Et c'est à Chicago que Webster se sent enfin vraiment chez lui, à pied d'œuvre, pourrait-on dire.
04:30Il a 25 ans, l'avenir devant lui, les médecins, et chacun sait qu'il vaut mieux être médecin que plombier, à l'époque, bien entendu, ne confondons pas. Alors, alors que va-t-il faire? Que va faire cet homme jeune, intelligent, séduisant, dont les femmes devraient se méfier, car il n'a aucun vice, aucun. Ne fume pas, ne boit pas, rien. Que va-t-il faire?
04:57Une chose étrange, en vérité. Il disparaît. Il disparaît complètement, totalement, définitivement. Il n'y a plus de Herman Webster Mudgett. Je vous l'ai dit, c'est un dossier fantastique.
05:17Les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast européen.
05:29Donc, plus d'Herman Webster Mudgett. C'est magique. Je vous promets que vous comprendrez ce tour de passe-passe tout à l'heure. Pour l'instant, nous avons autre chose à voir. La scène se passe dans un drugstore d'un quartier de Chicago, Anglewood, en l'an de grâce 1866.
05:49Messieurs Solden, je vous présente mes hommages. Docteur Holmes, quel bon vent vous amène. Votre épouse se porte bien? Oh, infiniment bien, merci. À vrai dire, je suis là pour affaire, Messieurs Solden. J'ai appris que vous cherchiez quelqu'un pour diriger le drugstore. Je comprends d'ailleurs que depuis la mort de votre pauvre mari, oh, Docteur Holmes, si vous saviez. Mais vous connaissez quelqu'un? Oui? Moi? Mais, oui, oui, je sais, je ne suis pas pharmacien, mais un médecin n'a guère besoin.
06:19Il a besoin de lettres pour connaître les médicaments qu'il prescrit, n'est-ce pas? Je suis sûr que nous nous entendons. Ils s'entendirent. Plus exactement, le Docteur Holmes s'entendit tout seul. Si bien qu'un an, onze mois et vingt jours plus tard, la scène se passe à nouveau dans le même drugstore.
06:39Docteur Holmes, je voudrais vous demander conseil. Vous êtes de si bons conseils. Voilà. J'aimerais agrandir un peu mon magasin. Que penseriez-vous de… Mais quel magasin? Eh bien, le drugstore. Celui-ci, je n'en ai qu'un. Non? Comment cela non? Mais si, j'en ai qu'un. Non? Vous n'en avez plus du tout? Expliquez-vous, Docteur Holmes.
07:02Oh, le docteur ne demande que cela à s'expliquer. Mais il faut faire les choses dans l'ordre. Chaque détail est important. D'abord, fermer la boutique, puisque c'est l'heure. Faire la caisse, les comptes. Et puis, tenez, chère Mrs. Holden, ce que diriez-vous d'une petite promenade au domicile de ce bon Docteur Holmes?
07:19La nuit est noire, mais avec un homme comme lui, on ne risque rien, non? Rien, vraiment, ou si peu de choses. Eh oui, c'est magique, il n'y a plus de Mrs. Holden.
07:34Comment le docteur s'y est-il pris? Comment a-t-il fait pour trafiquer les comptes et papiers, mettre le tout à son nom et faire disparaître la propriétaire? On ne le saura jamais. Mais peu importe, de grandes choses se préparent. Le Docteur Holmes, propriétaire du drugstore, a déjà autre chose à faire.
07:531891, on prépare l'exposition de Chicago pour dans deux ans. Cela va faire du monde, beaucoup de monde. Où va-t-on loger tout ce monde? Or, justement, devant le drugstore, juste devant, il y a un terrain vague que le Docteur Holmes contemple fixement. Et il en voit des choses sur ce terrain vague. Un hôtel. Un bel hôtel pour loger tout ce monde.
08:21Seulement, l'opération est en vergure et il convient de l'entreprendre avec toute la minutie dont il est capable. C'est là, chers amis, que le Docteur Holmes va devenir le patron d'avant-garde, le chevalier d'industrie éclairé que Chicago attendait. Il dessine les plans d'un grand hôtel. Un hôtel, comme je suis sûr qu'on n'en a jamais vu, sur des plans très, très spéciaux.
08:45La ville est en plein essor. L'exposition approche. On y prévoit plus de vingt mille entrées en six mois. Ce serait bien le diable si, sur vingt mille personnes, ce grand hôtel n'en recueillait pas un pour cent. Un tout petit pour cent. C'est d'une logique exemplaire. L'exposition doit ouvrir ses portes en mai 1893. Il faut donc faire vite et acheter le terrain pour commencer.
09:06C'est un gentleman du nom de H.S. Campbell qui se rend acquéreur de ce terrain et il paye en traite. Son grand ami, le Docteur Holmes, à qui d'ailleurs il ressemble comme deux gouttes d'eau, donne son aval sur ses traites. Et, au gré des besoins du vendeur, Campbell et Holmes s'abreuvent mutuellement de références écrites, de signatures solides. Une banque avance les fonds. Tout va bien.
09:34Il reste au Docteur Holmes à prendre un associé bien réel, celui-là. En effet, pour un certain temps, il a quand même besoin de se décharger de certaines responsabilités.
09:43Arrive Benjamin Pitezel, marié et père de famille. Ce dernier n'en est pas pour autant respectable. C'est une sorte de maigrichon avide, aux yeux jaunes, en forme de dollar, à la bouche en carouarcaise, sans dents, pour avaler plus vite les billets.
10:00Et voilà les deux hommes, l'un jeune et séduisant, l'autre sans âge et laid, penchés attentivement sur les plans très spéciaux du fameux Holmes Castle dont la construction commence.
10:14Jamais personne ne saura, jamais personne ne connaîtra vraiment l'ampleur de ce travail qui durera un an et fonctionnera cinq ans avant qu'un détail stupide ne le révèle au monde étonné.
10:26Ce détail, d'ailleurs, n'a rien à voir avec le plan spécial, mais parfait, du Holmes Castle. J'insiste, rien à voir. Car ce plan est fantastique, unique en son genre.
10:4125 équipes d'ouvriers différentes vont le réaliser petit bout par petit bout, sans jamais communiquer entre elles. De cette façon, pas un ouvrier ne se rendra compte de l'agencement inquiétant des étages et des sous-sols, des trappes qui semblent n'atterrir nulle part, de l'importance exagérée de la chaudière, des tuyaux qui n'aboutissent à aucun robinet classique.
11:04Et vous allez voir que jusque dans la livraison des meubles, rien n'est normal dans ce château-hôtel d'éplouvante. Car il en faut des meubles pour meubler un hôtel comme celui-là. Et surtout, il faut les payer. Ce qui, vous l'avez compris, n'est pas tellement dans le caractère du Dr. Holmes, même à crédit.
11:20Au bout de nombreuses échéances impayées, la société Toby, fournisseur des meubles, expédie une armée de déménageurs pour récupérer sa livraison. Plus de meubles. Ils ont beau courir en haut, en bas, en large, en travers, pas le moindre tabouret, le moindre guéridon. Dr. Holmes, d'ailleurs, affirme que personne ne l'a jamais livré.
11:40Les ménageurs repartent en rasant les murs de honte et de stupéfaction. En rasant d'ailleurs un mur, notamment, recouvert de papier peint, derrière lequel il y a une grande pièce, sans fenêtre ni porte. Et dedans, une tonne de meubles.
11:58Mais il est temps, chers amis, de faire, comme dit notre ami Jacques Dufilo, la visite du château. Pour en profiter pleinement, je vous demande de vous transformer pendant quelques minutes en une femme jeune, jolie, veuve, par exemple, riche par définition et sans famille proche. Vous y êtes ? Bien.
12:18Vous êtes venu à Chicago pour assister à l'exposition le 1er mai 1893. Vous êtes esselé et vous cherchez une chambre dans un hôtel distingué. Justement, à deux pas, il y a le Holmes Castle. Quatre tourelles, un large porche, des fenêtres claires en façade, un air chic et avenant. Vous entrez.
12:38Une petite sonnette à la réception fait surgir de derrière une tenture Benjamin Pitzel, l'homme à tout faire, les yeux plus jaunes que jamais, le dos courbé par la civilité.
12:48Une chambre ? Mais bien entendu. Mais la meilleure, madame. Je me charge de vos bagages. Inutile de signer le registre. La direction vous fait confiance, nous recevons la gentry.
13:00Si madame veut profiter de notre coffre-fort, vous savez par l'état qui court, il vaut mieux ne pas laisser traîner ses valets. On vous précède. On vous guide à grands renforts de courbettes, le long d'un couloir somptueux.
13:14Vous grimpez des escaliers discrets où le bruit de vos pas est amorti par les tapis superbes, et l'on ouvre pour vous la chambre douze, haut par la treize. Ça porte malheur.
13:24Une fois installé, vous vous mettez à l'aise. Assise devant une charmante coiffeuse, vous vous refaites une beauté. Un merveilleux miroir vous renvoie à votre image. Un merveilleux miroir reflète derrière vous le coquet désordre de vos bagages, de vos dentelles, de vos bijoux.
13:42Tout cela, le merveilleux miroir le reflète dans l'œil du docteur Holmes. Mais où est le docteur Holmes ? Vous ne l'avez pas vu. Ce n'est pas nécessaire. Lui vous voit. Il est dans son bureau, confortablement renversé dans son fauteuil directorial. Il vous voit, au travers du miroir, une glace sainte.
14:06Il vous voit comme s'il était dans la pièce. Et c'est à lui que vous faites se sourire. C'est pour lui que vous vous brossez vos cheveux, dispersez vos bijoux sur la coiffeuse. C'est à son intention que vous revêtez ce charmant déshabillé de nuit.
14:19C'est votre visage endormi, votre corps abandonné sur le lit de satin, que le docteur Holmes contemple. Il vous contemple. Et il se délecte. Il se frotte les mains de satisfaction.
14:32Oh, il pourrait parfaitement vous rendre visite, et vous succomberiez à son charme comme vos pareilles des chambres 2, 17, 14, 8, 9, 24, de toutes celles qui sont jolies et riches et qui prennent pension au château du docteur Holmes.
14:45Mais pour une fois, puisque j'en ai le pouvoir, vous ne subirez pas les galants et derniers outrages du docteur Holmes, les derniers outrages dans tout le sens du terme. Non, pour une fois, le docteur Holmes va passer directement au vif du sujet, si je puis m'exprimer ainsi.
15:04Vous, vous dormez. Vous ne pouvez rien voir et vous ne vous rendez compte de rien. Mais dans le mur tapissé en bas au ras de votre lit, il y a un petit trou, un tout petit trou. Dans son bureau, le docteur Holmes appuie sur une petite manette, une parmi tant d'autres, sur un immense tableau de commande qu'il a devant lui.
15:27Alors un léger chuintement, une légère vapeur s'échappe du petit trou au pied de votre lit. Elle monte silencieusement, la vapeur, jusqu'à vos narines. Elle y pénètre, elle vous envahit tout entière. Voilà. C'est fini. Le gaz a fait son œuvre et vous souriez encore dans votre sommeil.
15:55Cinq minutes plus tard, le docteur Holmes pénètre dans votre chambre. Il vous prend délicatement dans ses bras et vous allonge sur l'épais tapis. Derrière un tableau qu'il écarte dans un petit creux du mur, il tire sur une autre manette. Une trappe s'ouvre dans le plancher. Le docteur Holmes, toujours délicatement, y introduit les pieds devant, votre joli corps sans vie.
16:19Et hop, vous voilà sur un tapis roulant qui descend, qui descend, qui descend. Un étage, deux étages, le rez-de-chaussée, premier sous-sol, stop. Premier sous-sol, funérailles en tout genre.
16:32D'abord, la table de dissection. Le docteur Holmes, qui vous a rejoint par son ascenseur personnel en blouse blanche, s'occupe de vous. Selon les pointillés, il découpe soigneusement. Ensuite, rapidement, une partie de vous choix dans une immense cuve d'acide. Et ce n'est pas fini. S'il reste quelque chose de vous, les manches chaudières s'en occupent. C'est un véritable four crématoire qui brille de mille feux dévorants. Et ce n'est pas encore fini.
16:56Retapis roulant jusqu'au deuxième sous-sol, où les bricoles qui auraient résisté à ce traitement de choc vont rejoindre d'autres bricoles, les restes de celles ou ceux qui vous ont précédés. Voilà.
17:09Cela fait, le docteur Holmes s'en lave les mains, au propre comme au figuré. Il remet ses gambeurs frais pour faire main basse sur vos petites affaires, argent, bijoux, titres, fourrures, etc. Les yeux jaunes de Benjamin Pitzel clignotent au rythme des dollars et on attend le prochain client.
17:33Il y en aura deux cents, au moins deux cents, sur les vingt mille personnes qui transitent en ce temps-là par Chicago. Deux cents personnes expédiates, pas treize, dans l'usine à crimes du docteur Holmes, avec une rapidité, une célérité, un rendement jamais atteint dans l'histoire du crime.
17:53Et ce chiffre n'est qu'une évaluation, un chiffre officiel en quelque sorte, puisqu'un jour, il fallut bien essayer de faire les comptes. Mais me direz-vous, pour faire ces comptes, il fallut bien que la police déferle dans le Holmes Castle pour une perquisition qui devait, vous l'imaginez, laisser les enquêteurs absolument pantois.
18:10Comment cela fut-il possible ? Bien, c'est assez extraordinaire aussi. L'affreux Benjamin Pitzel, l'associé ingénieux, malin, à qui l'on doit probablement l'extraordinaire installation électrique du Holmes Castle, décide de voler de ses propres ailes.
18:26Alors il quitte en bon terme le docteur Holmes et s'installe à Philadelphie où il ouvre une petite société à but lucratif, bien entendu, achat et vente de brevets d'invention. Un beau jour, une formidable explosion secoue son laboratoire et, dans les décombres, vient un corps.
18:46Sans nul doute celui de Benjamin Pitzel, victime de la science. Pitzel est assuré. Sa femme et ses cinq enfants ont droit à une indemnité assez importante, ma foi. La compagnie d'assurance paie donc à sa femme, veuve Pitzel, un capital décès de 10 000 dollars de l'époque.
19:02Bien, une lettre anonyme, peu de temps après, informe la dite compagnie de ceci. Le cadavre n'est pas celui de Pitzel mais un cadavre anonyme. C'est un certain Henry Howard qui se les procurait à la faculté de médecine pour toucher l'argent.
19:23Enquête de la compagnie d'assurance qui fait exhumer le cadavre constate qu'il s'agit bien de Pitzel et interroge madame Pitzel laquelle est bien étonnée. Elle est bien étonnée parce que, premièrement, son mari avait combiné avec Holmes ce faux accident de laboratoire.
19:41Deuxièmement, si c'est bien son mari qui est mort dans l'explosion, c'est que le diabolique docteur Holmes, au lieu d'un faux cadavre, a mis le vrai. Et si c'est le vrai, son mari est mort. Et ça, ça n'était pas prévu du tout.
20:02Elle ne s'attendait pas à ça, madame Wuff-Pitzel. Par contre, elle se mit à réfléchir à toute vitesse et à comprendre. Le docteur Holmes n'avait pas terminé son travail. C'est elle qui avait touché les dix mille dollars. Et si elle se taisait, elle ne les garderait pas longtemps. Un jour ou l'autre, il faudrait bien qu'il passe dans la poche du docteur Holmes.
20:28Et comment ? Maintenant, vous pouvez le deviner.
20:34Ah, elle ne croyait pas si bien réfléchir, madame Pitzel. Car déjà, trois de ses enfants confiés à la garde du docteur Holmes, dans son château diabolique, avaient disparu par les tapis roulants jusqu'au fond de la fosse du deuxième sous-sol.
20:47Et madame Pitzel, qui commençait à se douter de cela, raconte toute l'affaire du faux cadavre devenu le vrai. Ce qui est fabuleux, c'est que la compagnie d'assurance, en apprenant tout cela, dut reconnaître, et cela mérite d'être cité, qu'elle n'avait pas été escroquée puisqu'elle avait payé le bon cadavre.
21:06Seulement, seulement la belle expansion industrielle du docteur Holmes allait s'arrêter là. Car bêtement, on remonta jusqu'à lui par l'intermédiaire de ce Henry Howard, le fournisseur de cadavres anonymes.
21:19Et Henry Howard, c'était le docteur Holmes, bien entendu. C'est là qu'on peut penser que la lettre anonyme qui le dénonçait, injustement d'ailleurs, provenait d'un membre d'une autre filière contrôlée aussi par le docteur Holmes.
21:35Et cette filière, voyez-vous, c'est le détail qui va faire s'écrouler l'épouvantable et méticuleux travail de l'horrible docteur Holmes. En effet, et ce fut là sa perte, ce fut là son erreur, de temps en temps, selon l'inspiration du moment, il utilisait professionnellement les cadavres du premier sous-sol.
22:01Proprement nettoyé, un squelette entier prenait un autre chemin que celui du deuxième sous-sol. Le docteur Holmes le vendait 75 dollars à la faculté de médecine par l'intermédiaire d'un petit réseau qui ne sut pas rester discret. 75 dollars pièce.
22:23Se faire prendre pour ça, après avoir dépensé des sommes d'intelligence et d'astuces pour faire construire le Holmes Castle petit bout par petit bout, après avoir épousé deux femmes légitimes sous deux noms différents, éliminé 4 ou 5 concubines sans problème et leur petite famille le cas échéant, après avoir conditionné, si j'ose dire, quelques 200 clients dans un hôtel super moderne, se faire prendre pour 75 dollars le squelette.
22:54Vous voulez que je vous dise ? Moi je trouve ça mesquin.
22:58Générique
23:16Vous venez d'écouter les récits extraordinaires de Pierre Bellemare. Un podcast issu des archives d'Europe 1 et produit par Europe 1 Studio. Réalisation et composition musicale, Julien Tarot. Production, Raphaël Mariat. Patrimoine sonore, Sylvaine Denis, Laetitia Casanova, Antoine Reclus. Remerciements à Roselyne Bellemare. Les récits extraordinaires sont disponibles sur le site et l'appli Europe 1.
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