• le mois dernier
Pierre Bellemare comme vous ne l’avez jamais entendu ! C’est la promesse de ce nouveau podcast imaginé à partir des archives exceptionnelles du Service Patrimoine Sonore d’Europe 1.
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.


Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Bellemare, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11A chacun de nos dossiers extraordinaires, nous avons pris l'habitude de donner un titre qui n'est pas destiné à être rendu public,
00:18mais à faciliter le classement tout en précisant l'esprit dans lequel le sujet a été traité.
00:24Jacques-Antoine a intitulé celui qu'il nous propose aujourd'hui « Rien ne va plus » avec un sous-titre
00:31« Illustration de la difficulté qu'il y a pour le criminel comme pour la police de suivre un plan ».
00:39Et vous allez voir, chers amis, que cette histoire retentissante démontre que dans notre société super organisée,
00:46en accomplissant un crime, un citoyen crée un tel remous, introduit dans la machine un grain de sable tellement énorme
00:54qu'il ne peut plus prévoir, et la police non plus d'ailleurs, tout ce qui peut arriver.
01:00Puisse cette histoire aider à détourner du crime ce qui, en ce moment, y songe.
01:16L'esprit de Jacques-Antoine
01:27En 1917, né dans une famille bourgeoise allemande, Georges Tillmann, un écolier très moyen qui apprend le métier de jardinier.
01:38Il épouse une veuve, mère de trois enfants, et pendant cette union, il devient père d'un fils auquel il ne s'intéresse pas,
01:45commet plusieurs vols et passe quelques années en prison.
01:49Sa femme obtient le divorce en 1956, et à Stuttgart, où il habite, Georges Tillmann rencontre une autre femme de 48 ans,
01:59mariée et séparée de son conjoint, Anna.
02:03Il s'installe comme jardinier dans son voisinage et la presse de divorcer pour l'épouser,
02:09mais Anna refuse de divorcer et de se remarier sans argent.
02:14Tillmann, qui ne veut pas renoncer à devenir le mari d'Anna, réfléchit sérieusement au moyen de se procurer une forte somme d'argent.
02:23C'est ainsi qu'il rejette plusieurs projets de vol avec effraction, de fraude ou d'escroquerie,
02:28car il veut agir seul avec le minimum de risques.
02:33Ayant lu dans la presse les détails de l'enlèvement d'un jeune noble sicilien,
02:38il en vient à songer un kidnapping avec chantage qui serait le premier en Allemagne depuis 30 ans.
02:46Il décide d'enlever un enfant du quartier résidentiel près duquel il habite et de le tuer immédiatement.
02:55Après quoi il appellera les parents pour demander une rançon.
02:59Il faut donc que cet enfant soit assez âgé pour lui dire son nom, son adresse, la situation de ses parents et s'ils ont le téléphone.
03:06Voici maintenant son plan de bataille.
03:08Prendre contact avec des enfants du quartier résidentiel, prendre part à leurs jeux,
03:12éveiller en eux l'amour des bêtes de la forêt qu'ils ne voient jamais,
03:16emmener un enfant en vélo dans les bois, l'étrangler, le mettre dans un sac pour le transport,
03:22l'attacher à une branche loin du sol pour que les chiens ne flairent pas sa trace.
03:28Il a renoncé à se servir d'un camion.
03:31On verrait ses larges traces, il serait trop difficile de le faire entrer dans un forêt et il risquerait d'être vu par des témoins.
03:37Il renonce également à l'idée d'utiliser un véhicule de transport en commun qui rendrait l'enlèvement plus facile
03:41et entraînerait des témoignages contradictoires devant la difficulté de se procurer l'engin.
03:46Il a donc choisi le vélo car il pourra en changer constamment
03:49et se déplacer facilement en ville pour les indispensables communications téléphoniques qu'il devra avoir avec les parents.
03:55Le premier jour, Tillman, qui exhibe un écureuil, engage la conversation avec un enfant de 12 ans émerveillé
04:01et lui propose de l'emmener sur un vélo qu'il a volé dans la forêt pour lui montrer un petit chevreuil.
04:06Mais l'enfant ne se décide pas à le suivre. Tillman abandonne alors le vélo.
04:12Après plusieurs autres essais infructueux pour lesquels il vole et abandonne chaque fois un vélo,
04:17Tillman se sent acculé par la date du 1er mai 1958 qu'il a fixée à Anna pour son divorce.
04:24Il lui a en effet déclaré qu'il possède une somme d'argent importante dans une banque de sa ville natale en Rhénanie
04:29et qu'il compte la toucher dans le courant d'avril.
04:32Aussi, dans la nuit du 14 avril, il se décide coûte que coûte à agir.
04:38Le lendemain à 11h30, toujours grâce à son écureuil, il engage la conversation avec un petit garçon d'environ 7 ans.
04:45L'enfant, très sociable, vif, intelligent, lui raconte qu'il s'appelle Joachim,
04:50qu'il doit être rentré à 13h, qu'il va pour la première fois à l'école le lendemain matin,
04:54qu'il ne doit pas faire de vélo parce qu'il vient d'être repéré d'une hernie.
04:57Il parle de sa famille et beaucoup d'un petit camarade, un autre Joachim, chez lequel il devait se rendre.
05:04Enfin, le petit garçon accepte de monter sur le vélo de Tillman, qui l'emmène.
05:13Comme c'est simple.
05:15Eh bien, vous allez voir, chers amis, il vient déjà de se présenter un impondérable
05:20qui va donner à l'affaire un tour que Tillman n'attendait pas et que vous seriez bien en peine d'imaginer.
05:26Maintenant, passons du côté des parents.
05:29Le mardi 15 avril 1958, un jour avant sa rentrée scolaire, le petit Joachim, âgé de 7 ans,
05:35reçoit la permission de sa nurse d'aller jouer dans la rue de 11h15 jusqu'à l'heure du déjeuner, 13h.
05:41Comme il ne rentre pas, le père, René Gollmer, représentant de commerce, enquête dans le quartier.
05:48Son enquête étant infructueuse, M. Gollmer devrait prévenir la police.
05:52Seulement voilà, autre impondérable, sa femme, de laquelle il vient de divorcer
05:58et dont il est séparé depuis 15 jours, reparaît dans l'appartement particulièrement énervé.
06:04Le tribunal a confié la garde des enfants, Peter, 10 ans, et Joachim, 7 ans, à M. Gollmer.
06:09Sa femme, bien qu'elle ne possède pas de fortune, n'a pas obtenu de pension alimentaire.
06:14Les relations entre M. Gollmer et son ex-femme sont donc très orageuses.
06:18D'autant plus orageuses que la femme avait clamé son intention d'attaquer son ex-mari en justice
06:23pour obtenir une somme de plusieurs millions de marques qu'il lui devrait comme commission
06:27sur des affaires qu'ils auraient traitées ensemble.
06:30Or, si M. Gollmer n'est pas pauvre, on ne peut pas dire qu'il est riche,
06:33d'autant que son divorce et l'entretien de la maison et des enfants lui coûtent très cher.
06:37C'est ainsi qu'il lui a fallu engager une bonne et une nurse.
06:40M. Gollmer soupçonne donc immédiatement sa femme d'avoir voulu reprendre illégalement son enfant.
06:47La femme affirme qu'elle n'est venue que pour être présente le jour de la première rentrée en classe de Joachim.
06:53Ce n'est que vers 17h que M. Gollmer se décide à prévenir le service des enfants disparus de la police,
07:00tandis que son ex-femme s'absente pour aller consulter un médecin.
07:04Évidemment, dès le retour de l'ex-femme, les policiers qui sont arrivés entre temps vont l'interroger avec obstination.
07:11En effet, une fugue de Joachim est exclue car il se réjouissait beaucoup d'aller ce jour-là avec son père,
07:17son frère et un petit camarade voir une démonstration de modèle réduit de planeur.
07:21Le suicide est à écarter aussi car l'enfant, malgré le divorce et bien que sa mère préféra l'aîné,
07:27s'était très attaché à son père et paraissait très éveillé et très enjoué.
07:30D'autre part, s'il s'agissait d'un kidnapping, le ravisseur devrait appeler pour demander une rançon.
07:36Or, il n'appelle pas, ni de toute l'après-midi, ni le soir, ni dans la nuit, ni le matin, ni de toute la demi-journée du lendemain.
07:46C'est étrange.
07:48On envisage la possibilité d'un accident de jeu, d'un accident d'auto avec fuite du chauffard, d'un crime sexuel, etc.
07:57Imaginez l'angoisse de M. Guelmet.
08:00Dans ces conditions, on interroge sans relâche la mère.
08:03On vérifie ses alibis et son emploi du temps des derniers jours,
08:07ce qui n'écarte pas la possibilité qu'elle ait aidé à l'enlèvement de l'enfant.
08:11Elle accepte, durant tout ce temps, de loger chez la directrice de la police féminine
08:15afin de n'avoir aucune occasion de communiquer avec le monde extérieur.
08:19Mais vous devez penser, que fait donc Tilman ?
08:24Chers amis, pendant ce temps-là, Tilman appelle au téléphone, et plusieurs fois,
08:29mais dans une maison située à quelques centaines de mètres de là, où personne ne répond.
08:33Explication ?
08:35Joachim lui a tellement parlé de son petit camarade, Joachim Roder,
08:41que Tilman s'obstine à téléphoner à M. Roder.
08:45Il s'obstine d'autant plus qu'il a déclaré à Anna qu'il partait le lendemain en Rhénanie
08:49pour retirer 10 000 DM sur son compte en banque.
08:52Quand enfin, le lendemain matin, M. Roder lui répond,
08:56Tilman est tout étonné de l'entendre dire que son fils n'a pas disparu.
09:00Complètement ahuri, il n'a pas à chercher bien loin l'explication.
09:04Un journal qu'il achète en sortant de la cabine téléphonique
09:07lui apprend qu'un enfant du nom de Joachim Gollmer a disparu.
09:12Alors Tilman travaille toute la journée en plein air pour être vu du maximum de personnes
09:17et, peu après-midi, appelle M. Gollmer.
09:21Jeudi après-midi, en effet, M. Gollmer reçoit l'appel d'un inconnu
09:25qui lui dit être en possession de son enfant et demande pour le soir une rançon de 15 000 DM
09:30qui augmentera de 5 000 DM par jour de retard.
09:34Il fixera ultérieurement le lieu où devra être posé l'argent
09:38et déclare qu'il tuera l'enfant si la police intervient.
09:42Mais ce premier coup de téléphone a tant tardé que maintenant,
09:45la police est plongée jusqu'au cou dans l'affaire.
09:49D'autre part, inquiet de ne pouvoir retourner à la date promise chez Anna avec les 10 000 DM,
09:54Tilman a donné à M. Gollmer un délai trop court.
09:57Celui-ci, incapable de réunir si rapidement une somme pareille,
10:00demande l'aide et la protection de la police.
10:03Son fils aîné est placé dans la famille d'un policier
10:05et Gollmer, sa bonne et la nurse vont rester en contact constant avec le commissaire principal.
10:11Celui-ci, de son côté, élabore un plan.
10:13Il n'ignore pas que, même s'il a été endormi,
10:16lorsque l'enfant kidnappé est en âge de fournir un renseignement quelconque,
10:20il a toutes les chances d'être exécuté par le ravisseur,
10:23que son chantage réussisse ou non.
10:25Il faut donc agir vite.
10:27Pour cela, si possible, arrêter le kidnappeur dès qu'il téléphonera
10:30pour indiquer le lieu où devra être déposé l'argent.
10:34Un fonctionnaire de la police propose qu'on mette un policier en civil
10:37devant chaque cabine publique
10:39et au moment où le criminel appellera M. Gollmer,
10:41faire marcher toutes les sirènes d'alarme de Stuttgart.
10:44Au premier hurlement de sirène, chaque policier devrait arrêter la personne
10:47qui se trouve dans la cabine.
10:49On découvrirait instantanément le criminel parmi les gens arrêtés.
10:53Mais le commissaire ne se décide pas à faire surveiller
10:56plusieurs centaines de cabines téléphoniques.
10:59Il n'aurait pas assez de fonctionnaires disponibles.
11:01Bien sûr, on pourrait appeler des fonctionnaires de police d'autres villes.
11:04Mais le commissaire principal estime dangereux de provoquer un tel branle-bras de combat.
11:08Il craint que le kidnappeur s'en aperçoive, qu'il tue l'enfant,
11:11si ce n'est déjà fait, et qu'il se cache.
11:15Supposant que le criminel se trouve dans les arrondissements au sud de la ville,
11:19il ordonne aux voitures de police de s'y rendre
11:21et, en cas d'alarme, de rouler sans feu et sans sirène.
11:24On lui objecte qu'à moins d'un coup de veine inattendu et extraordinaire,
11:28ce plan n'a aucune chance de réussir,
11:30car la première communication a montré que le ravisseur abrège rapidement ses instructions
11:34et même brusquement.
11:36Or, avec la communication téléphonique du central à la police,
11:39puis de la police à la voiture,
11:41il allait se passer au moins quatre minutes du début du coup de fil
11:44jusqu'à l'arrivée de la voiture de police à l'endroit voulu.
11:47Le criminel avait donc tout le temps de s'enfuir.
11:50Le commissaire maintint sa décision.
11:52Tillman appelle, comme prévu, le jour même à 19h.
11:57La communication est enregistrée par la police.
11:59Göllmer reconnaît sa voix.
12:01Tillman lui demande s'il a bien préparé la somme demandée.
12:05Göllmer lui répond qu'il n'a pu réunir que 8 000 Deutschmarks
12:09et qu'il lui faut encore un peu de temps.
12:11Il lui demande aussi de se contenter d'une somme moins forte.
12:14Mais Tillman dit qu'ils sont trois sur l'affaire,
12:16qu'il leur faut 15 000 Deutschmarks et que l'enfant va bien.
12:19Puis il raccroche.
12:21Mais les services téléphoniques ont pu déterminer
12:23que l'appel vient d'un des postes du sud de la ville.
12:26Seulement, la voiture de police la plus proche ne réagit qu'au troisième appel.
12:31Les policiers, complètement perdus et confus,
12:33font marcher la sirène et leurs feux bleus,
12:36de sorte que cinq minutes plus tard, il n'y a plus personne, évidemment,
12:39dans la cabine en question.
12:41« Ordre de la police ? »
12:43« Cherchez dans les environs. »
12:44Réponse des policiers.
12:46« Cherchez quoi donc ? »
12:47« Attendez les ordres. »
12:49Il n'y aura pas d'ordre.
12:51De toute façon, dans la foule qui s'est amassée à cet endroit,
12:55ils n'auraient pas pu découvrir le criminel.
12:58À 22h54, Tillman appelle une troisième fois.
13:01Il dit qu'il ne rendra l'enfant que lorsqu'il aura pu se mettre à l'abri.
13:06La conversation est si courte
13:08que les services téléphoniques ne peuvent, faute de moyens techniques,
13:10localiser l'appel.
13:12Tillman se rend tranquillement au lieu qu'il a choisi
13:16pour y déposer ses instructions.
13:19Il a fabriqué par découpage de mots et de syllabes
13:21dans trois journaux quotidiens le message pour Gullmer.
13:25Il les a collés à l'aide de petits bouts de bois avec du miel
13:29sur le carton d'un bloc de papier à lettres.
13:32Il a introduit le message dans l'enveloppe publicitaire d'un grand magasin
13:36pour rendre l'identification impossible.
13:39Il a brûlé le reste des journaux et éparpillé les cendres.
13:42Maintenant, il couvre l'enveloppe avec un morceau de carton gondolé
13:46trouvé dans la rue et, pour l'empêcher de s'envoler,
13:49l'alourdit par un caillou.
13:52À 23h19, Tillman appelle.
13:55Il parle de Joachim, précise que l'enfant porte des traces
13:58d'une opération de hernie et qu'il va bien.
14:01Il donne l'ordre à Gullmer de se rendre en voiture
14:04à l'endroit où il trouvera des instructions.
14:07Là encore, les services téléphoniques ne peuvent situer
14:10l'emplacement de la cabine.
14:12Il reste donc à suivre les instructions de Tillman.
14:15Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare, un podcast européen.
14:26Je vous disais donc, chers amis, que n'ayant pu localiser les lieux
14:29d'où émanaient les appels téléphoniques du ravisseur du petit Joachim,
14:32il ne reste plus qu'à suivre ses instructions.
14:35M. Gullmer, le père de l'enfant, monte donc dans une voiture
14:38où se trouvent cachés deux policiers et se rend à l'endroit désigné.
14:42Mais le ravisseur a choisi astucieusement cet endroit
14:45au pied d'une hauteur d'où il doit pouvoir observer à son aise.
14:49Aussi, est-il impossible de dissimuler d'autres voitures dans les environs.
14:54Au lieu indiqué, M. Gullmer trouve le message, le lit,
14:58et remonte en voiture.
15:00Quelques instants plus tard, après avoir roulé pendant
15:03700 ou 800 mètres, comme l'ordonnait le message,
15:06il dépose au pied d'un mur l'argent, comme convenu, et repart.
15:12Hélas, de son poste d'observation, à 150 mètres de l'endroit
15:16où doit être déposé l'argent, Tillman croit apercevoir
15:20une lumière bleue et entendre les aboiements de chiens.
15:23Il est possible, en effet, qu'une voiture de police soit passée par hasard
15:26et qu'un chien du quartier est aboyé. En tout cas, Tillman suppose
15:29l'arrivée de la police et s'enfuit sans même essayer de prendre l'argent.
15:34Évidemment, la police est atterrée par cet échec,
15:37le monsieur Gullmer de plus en plus inquiet pour la vie de son enfant.
15:40Mais brusquement, le grand moment de la police de Stuttgart arrive.
15:45Des indications de la population et des indications des policiers
15:48désignent comme coupable, avec certitude, l'ouvrier Heinz Croness,
15:52âgé de 31 ans, connu comme asocial. Il est accusé par sa concubine
15:57et surtout par son ex-femme, qui le croit en effet capable
16:00de commettre le pire des crimes. Les journaux publient sa photo
16:03et tous les détails de sa vie. La police étant liesse,
16:07le chef de police de dire « il est cuit ». On en oublia de prendre
16:11des renseignements à l'office du travail. C'est cet organisme lui-même
16:15qui appela la police pour lui apprendre que Croness travaillait
16:19depuis quelques jours, sous son nom véritable, sur les bords du Neckar,
16:22à Marbach. La police, armée jusqu'aux dents, se rend à Marbach
16:26et y trouve Croness à son travail de maçon. On lui met les menottes,
16:30le soir, on apprend que Croness est le suspect numéro un.
16:34Le lendemain, il y a un communiqué disant qu'on ne peut pas, avec certitude,
16:38prouver sa participation au crime. Le lendemain encore,
16:41les journaux de Stuttgart concluent, la police a perdu une bataille.
16:4722 avril, dans l'après-midi, un ouvrier tourneur de 21 ans,
16:51rentrant de son travail, trouve le cadavre de Joachim
16:55dans les taillis d'une pinède. Cette pinède a été fouillée
16:59trois jours plus tôt par la police, mais sans doute pas complètement,
17:02et on ne s'est pas servi de chien policier. L'enfant est trouvé allongé
17:06sur le sol, en partie ficelé, rien n'a changé dans ses vêtements
17:10depuis le jour de sa disparition. Vous devez penser comment se fait-il
17:14qu'on l'ait trouvé là, puisque Tillmann voulait l'accrocher
17:17en haut d'un arbre. C'est qu'après avoir emmené Joachim,
17:21Tillmann a bien caché son vélo dans un taillis, a mis des gants,
17:25a demandé à Joachim de s'accroupir pour guetter le chevreuil,
17:27sans faire de bruit, s'est placé derrière l'enfant, l'a étranglé
17:30à deux mains jusqu'à ce qu'il ne bouge plus, l'a ficelé,
17:34et puis n'a pas pu aller jusqu'au bout de son plan,
17:39car un couple d'amoureux survenait à cet endroit
17:42où il ne vient jamais personne. Il est donc parti rapidement,
17:46abandonnant le vélo, tout le matériel qu'il avait préparé,
17:49jetant son gant droit, ne gardant que le gant de la main gauche
17:52pour ne pas laisser de trace sur le téléphone avec lequel
17:55il allait appeler immédiatement un homme qui, vous le savez maintenant,
17:58n'était pas le père de l'enfant. Dès la découverte du cadavre,
18:02la police demande aux journaux de se taire, espérant que le ravisseur
18:05va essayer d'entrer de nouveau en rapport avec M. Gellmer.
18:08Et en effet, Tillmann, ne voyant plus rien apparaître dans les journaux,
18:12croit que M. Gellmer a renoncé à l'aide de la police pour préserver
18:15la vie de son enfant, et il entre à nouveau en rapport avec lui.
18:20Chose incroyable, il y a des policiers dans la maison de Gellmer.
18:24Il y en a dans toute la ville, mais pas autour de la maison.
18:28De sorte que M. Gellmer entend le ravisseur lui dire au téléphone
18:31qu'il trouvera des instructions dans une lettre dans son jardin.
18:36Gellmer, sachant son fils mort, n'a pas le courage de prolonger la conversation
18:41et le lieu de l'appel est mal déterminé.
18:44Aussi, quatre voitures radio de la police se mettent à tourner
18:47dans tous les sens dans le quartier d'où émane l'appel.
18:49Mais les policiers ne sont pas habitués à ce nouveau matériel radio.
18:52Ils oublient d'appuyer sur la manette pour entendre les communications
18:55ou pour parler. On va jusqu'à appeler dix-huit fois la même voiture.
18:59Bref, c'est un fiasco et il ne reste plus qu'à obéir aux instructions du ravisseur.
19:05Gellmer, son fils mort, n'a pas le courage de se prêter à la comédie.
19:10C'est un policier qui ressemble à Gellmer et qui a mis son manteau et son chapeau,
19:15qui va porter le paquet de billets de banque.
19:17Celui-ci renferme un pétard avec fusée lumineuse.
19:22Mais l'expédition rate car le ravisseur ne vient pas chercher le paquet.
19:28Pourquoi ? Parce qu'entre-temps, un journal a commis la discrétion
19:34de publier la découverte du cadavre. Tillman a donc compris que désormais
19:38les actes de M. Gellmer ne pouvaient plus être que des pièges de la police.
19:43Il retourne chez Anna et lui dit que son compte en banque est bloqué.
19:48Alors la police demande l'aide de la population, réclame les enregistrements
19:53des communications téléphoniques pour les diffuser afin que les auditeurs
19:57puissent reconnaître le ravisseur.
19:59Hélas, le technicien qui a fait l'installation étant sans doute incompétent
20:05ou disposant d'un mauvais matériel, l'enregistrement est inaudible.
20:09On entend surtout très fort M. Gellmer et à peine le ravisseur.
20:14Tillman, qui écoute les émissions, ne reconnaît pas sa propre voix,
20:18ni ses voisins, ni ses amis, ni même Anna.
20:21Il se croit donc en sécurité, mais pas du tout.
20:27La police reçoit des milliers et des milliers d'indications.
20:30Des milliers de gens croient avoir reconnu le meurtrier.
20:33Comme il est impossible de vérifier cet énorme matériel,
20:36la police cherche des spécialistes capables de dresser un portrait robot
20:39d'après le langage du meurtrier.
20:41Il n'y en a pas à l'époque en Allemagne.
20:43Bref, comme vous le voyez, les contretemps, les impondérables,
20:47continuent à se multiplier.
20:49Pourtant, on finira par arrêter Tillman grâce aux indications de la population.
20:56Tillman fera des aveux complets pour que soit totalement dégagée
21:00la responsabilité d'Anna qui paraît bien en effet avoir été totalement innocente.
21:05Seulement, avant que cette innocence soit établie, Anna a été arrêtée.
21:10Apprenant cette arrestation, Tillman se suicide dans sa cellule.
21:18Comme vous le voyez, chers amis, dans cette affaire, rien n'a été comme prévu.
21:22Ni d'un côté, ni de l'autre.
21:25Du commencement jusqu'à la fin.
22:06Merci à Antoine Reclus et Roselyne Belmar
22:10Les récits extraordinaires sont disponibles sur le site et l'appli Europe 1.
22:15Écoutez aussi le prochain épisode en vous abonnant gratuitement sur votre plateforme d'écoute préférée.