• il y a 2 mois
Pierre Bellemare comme vous ne l’avez jamais entendu ! C’est la promesse de ce nouveau podcast imaginé à partir des archives exceptionnelles du Service Patrimoine Sonore d’Europe 1.
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.


Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare

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Transcription
00:00Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:10Les rives du lac Vert, dans les marécages peu accueillants de Floride, sont infestées de crocodiles.
00:18Les pêcheurs et les paysans leur livrent une lutte constante et en sortent parfois vainqueurs.
00:25Pourtant, malgré l'âpreté du décor dans lequel ils vivent, malgré les dangers auxquels ils sont chaque jour exposés,
00:32ils éprouvent un respect certain pour l'un de ces sauriens le plus vieux, qui fait presque partie de la famille.
00:39Ils l'ont surnommé Old Joe, le vieux Joseph, et parlent de lui avec effroi, mais aussi avec tendresse.
00:46« Cette bête-là, elle est impossible à tuer ou à capturer, rusée comme on n'a jamais vu. »
00:52Un matin de décembre 1934, deux hommes relèvent le défi.
00:58Ils remorquent un cochon vivant comme appât derrière un canot à moteur et se lancent sur les eaux du lac, armés de mitraillettes.
01:08Bien entendu, ils rentrent bredouilles, comme tout le monde, mais leur équipé n'est pas passé inaperçu.
01:14Le crocodile Old Joe est une vedette dans son genre et tous ceux qui s'attaquent à lui bénéficient d'une publicité tapageuse.
01:21Une publicité qui parvient jusqu'aux oreilles et aux yeux des policiers de l'État.
01:26L'utilisation de mitraillettes pour cette sorte de chasse témoigne sans aucun doute de la part des chasseurs d'un souci du détail,
01:34qui aurait pu se révéler efficace, mais que les policiers jugent tout de même excessif.
01:39D'autant plus qu'aux États-Unis, en 1934, ces armes sont habituellement employées à d'autres fins, si j'ose dire.
01:48Le shérif et ses adjoints opèrent quelques recoupements, font quelques déductions et bientôt se frottent les mains en signe de satisfaction.
01:55Et c'est ainsi que le 16 janvier 1935 à 5 heures du matin, grâce à l'aide involontaire d'un vieux crocodile Rotor,
02:05ils peuvent définitivement mettre un terme aux exploits tristement folkloriques d'une des bandes les plus redoutables qui écume l'Amérique depuis plusieurs années.
02:14Il s'agit de la bande à Kate Barker.
02:17Kate, personnage haut en couleur qu'aucun scénariste n'aurait jugé assez vraisemblable pour l'inclure dans une histoire sérieuse.
02:26Mais la réalité, vous le savez, dépasse souvent la fiction et la carrière de Kate Barker dépasse l'imagination la plus féconde.
02:47Avant de devenir ma Barker, Kate a été une jeune fille relativement sage.
03:00Ses parents, les Clark, sont de simples montagnards.
03:04En 1892, alors qu'elle a 20 ans, Kate épouse un certain George Barker,
03:12ouvrier laborieux, honnête, naturellement sans avenir et qui ne se doute absolument pas de la façon dont sa douce épouse fera passer son nom à la postérité.
03:23En attendant, elle lui donne quatre enfants, quatre garçons d'ailleurs, Herman, Lloyd, Arthur et Fred.
03:31Tous viennent au monde et sont élevés dans une cabane délabrée près de Joplin dans le Missouri.
03:38Kate Barker est une bonne mère.
03:41Elle couve et défend ses fils avec une férocité à toute épreuve et, Dieu sait, si les épreuves sont nombreuses.
03:48Car, comme ils ont tous les quatre de remarquables dispositions pour faire les pires sottises pendant des années,
03:55elle se débat pour les défendre contre les accusations des voisins et les sanctions de la police
04:00à laquelle Herman, Lloyd, Arthur et Fred ont affaire dès leur plus tendre enfance.
04:06Kate Barker possède, entre autres dons naturels, celui de pleurer à volonté.
04:11Et au moment opportun, avec des flots de larmes et des torrents de lamentations,
04:16elle n'a généralement guère de mal à persuader les représentants de la loi que ses fils ne sont pas des voyous mais bel et bien des petits anges persécutés par des envieux.
04:26Du reste, elle déclare, jamais, vous entendez, jamais je ne permettrai qu'ils se conduisent mal.
04:32Chaque dimanche, je les emmène à l'église, tout le monde le sait, et je leur apprends toutes les lois du Seigneur.
04:38Ce qui est vrai, d'ailleurs.
04:40Mais en même temps qu'elle veille assidûment à ce que ses précoces rejetons n'ignorent rien des dix commandements,
04:48ma Barker les encourage, avec non moins d'assiduité, à enfreindre le quatrième.
04:53Et le soir, au coin du feu, elle leur expose ses ambitions.
04:58Toutes les mères du monde rêvent de voir leur fils devenir banquier, avocat ou politicien.
05:03Mais moi, je n'ai pas de quoi vous payer des études.
05:06Et si j'avais de quoi, ça serait de l'argent perdu.
05:09Si j'en juge par le peu de temps que vous avez passé à l'école et ce que vous y avez appris, non.
05:15Ce que vous avez réussi plus brillamment, c'est votre entrée dans les différentes prisons du pays.
05:21Seulement, ça ne peut plus durer.
05:23Des petites condamnations pour des petits délits, ça casse une carrière.
05:27Votre père est un incapable.
05:29Il ne gagnera jamais assez d'argent pour qu'on vive tous heureux et sans souci.
05:34Alors, je vais vous trouver du travail.
05:38À ces mots, Herman, Lloyd, Arthur et Fred baissent la tête.
05:43Leur moral est au plus bas.
05:44Ma Barker leur éhausse bien vite.
05:47Le seul travail qui peut nous rendre riches est celui qui consiste à profiter de celui des autres.
05:54Herman, Lloyd, Arthur et Fred se remettent à vivre.
05:58Leur mère dévoile ses projets.
06:00Je prends tout en main.
06:02Vous m'obéirez aux doigts et à l'œil.
06:04Et dans peu de temps, vous serez des big-time gangsters, des voleurs de grande envergure,
06:08au sommet, considérés, redoutés, qui sait respecter des caïds, pas des fripouilles.
06:15En 1915, toute la famille quitte le Missouri et s'installe à Tulsa, dans l'Oklahoma.
06:21Cette ville est grande, ouverte aux cow-boys et aux prospecteurs pétroliers
06:26qui viennent y prendre une détente à laquelle participe couramment celle de leur colt.
06:31Dans cette ambiance, éminemment favorable à leurs aspirations,
06:35les quatre fils Barker ne tardent pas à prospérer en dépit de quelques incidents de parcours
06:40qui valent à Arthur, à Fred et à Lloyd des séjours de diverses durées dans diverses cellules.
06:45Mais Ma ne se laisse pas abattre pour autant.
06:48Elle organise sa bande méticuleusement, s'ingénient à colmater toutes les failles
06:53susceptibles d'apporter de fâcheuses conséquences au bon déroulement des affaires.
06:57Elle n'ignore pas que mêler des femmes au business a toujours nuit aux plans les plus élaborés.
07:02Alors Kate éloigne farouchement de ses fils, maintenant adultes,
07:06les jeunes filles qui menacent de trop s'intéresser à eux.
07:09Mais, soucieuse de ne pas faire de ses enfants des refoulés,
07:12elle les accueille à tour de rôle dans son lit et dans des conditions que la morale réprouve.
07:18Ainsi, à la fois complice éclairé et victime innocente d'un irrésistible complexe d'Édipe,
07:25Herman, Lloyd, Arthur et Fred vont pouvoir se livrer sans retenue à leurs activités marginales.
07:31Hold-up, crimes, agressions à main armée se succèdent avec une régularité rare.
07:37Kate Barker est devenue experte en pillage de banques.
07:40Elle dirige sa petite troupe tendrement mais énergiquement avec l'instinct stratégique d'un grand chef de guerre.
07:46Sa maison, maintenant meublée avec autant d'opulence que de mauvais goût,
07:50devient le lieu de rendez-vous de toutes les têtes mises à prix de l'Oklahoma et des États voisins.
07:55Pendant douze ans, les Barkers multiplient leurs efforts et, pas paresseux du tout,
08:00ils se distinguent avec éclat dans une innombrable série d'emplois réprouvés par la loi.
08:06Mais, à leur grand désappointement, les rois de la pègre n'homologuent pas leurs performances.
08:13John Dillinger lui-même dit d'eux, avec une moue quelque peu méprisante,
08:17« Les Barkers, petite entreprise de banditisme familial ».
08:23Kate n'apprécie qu'à moitié.
08:25Elle se jure d'atteindre les plus hauts niveaux et de voir son nom en manchette dans les journaux.
08:32Elle y réussit en partie.
08:34Deux de ses fils ont de très graves ennuis.
08:37En 1927, le jeune Fred est capturé au cours d'un hold-up au Kansas
08:42et incarcéré à la prison d'état de Lansing.
08:45Puis Herman, également au cours d'un hold-up avorté,
08:48se suicide d'une balle de revolver plutôt que de se laisser prendre.
08:53Ma Barker subit ses coups du sort avec flingue.
08:57En cette année fertile, son mari George comprend enfin quelle femme il a épousée.
09:03Il la quitte et il disparaît prudemment.
09:07Oh, Kate s'en aperçoit à peine.
09:10Elle envoie les deux garçons qui lui restent, Lloyd et Arthur,
09:14se couvrir de gloire dans des expéditions ô combien répréhensibles et pendant quatre ans.
09:19Sans être autrement inquiétée, la famille continue à vivre dans l'aisance et dans une relative tranquillité.
09:25En 1931, Fred est relâché.
09:28A sa sortie de prison, il retourne aussitôt chez sa mère et deux mois plus tard,
09:33il y est rejoint par le meilleur ami qu'il s'est fait derrière les barreaux,
09:37Alvin Kerpes, qu'il présente à Kate en termes élogieux.
09:42C'est un type bien, tu sais, Emma.
09:44Champion du jeu de billes, courageux, ambitieux, il n'a peur de rien et puis il est plein d'idées.
09:49Ma Barker est instantanément séduite par ce nouveau venu de 22 ans,
09:53surnommé Creepy, à cause de son regard d'un vide inquiétant.
09:58Creepy est difficilement traduisible en français.
10:00Il désigne une chose ou un être à vous donner la chair de poule.
10:06Mais Ma s'accommode fort bien de ces nouveaux yeux qui se posent sur elle.
10:12Elle adopte le jeune Alvin comme un de ses fils, jusqu'à le recevoir sous son aidredon.
10:19Cette union inattendue va marquer un tournant décisif dans l'épopée de la bande
10:24qui deviendra le gang Barker-Kerpes et qui sera enfin honoré et reconnu
10:30par les plus célèbres gangsters américains.
10:33Mais cette consécration sera, comme il arrive parfois même dans des existences moins mouvementées,
10:38proche de la chute.
10:41Alvin allait être la cause de la débâcle de la bande à Ma Barker.
10:50Les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast européen.
10:56Le gang Barker-Kerpes établit un programme d'envergure,
10:59mais pour le mener à bien, il est nécessaire de renforcer les effectifs.
11:03C'est Alvin qui se charge d'engager les nouvelles recrues.
11:06Et bientôt, la petite troupe voit ses rangs s'enrichir de plusieurs personnages
11:11aux curriculum vitae logieux, où fleurissent davantage de condamnations
11:15que de contributions à des oeuvres de charrette.
11:18Il y a d'abord Frank Gelinasch, dit Frank Lâchelet,
11:22à cause de l'indéniable talent qu'il possède à manier la gélinite,
11:27explosif extrêmement efficace pour faire sauter la porte-bladée des coffres-forts.
11:31Vient ensuite Freddy Guts, ancien pilote de la Première Guerre mondiale,
11:36champion athlétique et diplômé de l'Université de l'Illinois.
11:40Des références, comme vous le voyez.
11:42Encore réolé par une condamnation pour viol en 1925
11:47et sa participation supposée à l'exécution du gang Moran,
11:51ces sept hommes assassinés dans le célèbre épisode connu
11:54comme le massacre de la Saint-Valentin en 1929,
11:58cette tuerie qui a été mise au compte du regretté Al Capone.
12:02Troisième équipier des Barker-Karpis, Volney Davis.
12:06Lui, à part quelques meurtres, peu de choses à se reprocher.
12:09Mais il est affublé d'une maîtresse fort jolie,
12:13appelée « The Kissing Bandit » pour la raison très romantique
12:17qu'elle embrasse ses victimes sur la bouche après les avoir dévalisés
12:21ou fait passer dans un monde meilleur.
12:24Charmant.
12:25Enfin, pour clore cette galerie de monstres,
12:27un individu plus imprégné d'alcool que de conscience professionnelle,
12:31un médecin déchu, Joseph Moran.
12:34En dehors des avortements, il pratique une sorte de chirurgie esthétique
12:38qui consiste à rendre méconnaissable le visage
12:41et les empreintes digitales des bandits.
12:44Il opère ainsi Alvis Karpis, Fred et Arthur Barker
12:48qui sont poursuivis pour trois nouveaux assassinats,
12:51mais son client le plus célèbre a été John Dillinger
12:54pour lequel le Federal Bureau of Investigation
12:57créa le titre prestigieux d'ennemi public numéro un.
13:01Malheureusement pour lui, Doc Moran, comme tous les ivrognes et trop bavards,
13:05un soir dans un night club de Toledo dans l'Ohio
13:08où il boit en compagnie de plusieurs de ses dangereux patients,
13:11il a l'imprudence de fanfaronner
13:14« Je vous tiens tous dans ma main ».
13:17Le soir même, il est invité à faire un plongeon dans le lac Erie
13:22et bien sûr, personne n'entendra plus jamais parler de lui.
13:27Sauf Marquette Barker à qui son fils Fred viendra dire
13:30« Doc Moran, tu sais, mais faut plus compter sur lui ».
13:34Pourquoi ? Est-il bien utile ?
13:37Ben oui, mais pas sérieux.
13:40À l'heure actuelle, les poissons ont probablement fini de le manger.
13:44Ma Barker se contente de hausser les épaules.
13:47Elle a perdu depuis longtemps l'habitude de comptabiliser les morts.
13:51Elle-même d'ailleurs vient de se débarrasser d'un individu encombrant,
13:54Artie Dunlop, un brave homme inoffensif,
13:57mais pointilleux que dans un moment d'aberration,
14:00elle a épousé dans le but de remplacer son premier mari, Georges.
14:04Mais Artie supportait mal l'ardeur de sa femme
14:07et concevait avec difficulté ce besoin qu'elle avait
14:10de recevoir dans sa couche d'autres mâles que lui-même.
14:13C'était un exclusif en quelque sorte
14:15et de voir son lit toujours occupé par ses beaux-fils
14:18ou des étrangers de passage le rendait fou furieux.
14:21Kate, le soupçonnant d'avoir par jalousie amoureuse
14:24parlé des activités criminelles de la bande à la police,
14:27résolut d'eux s'en séparer à sa manière.
14:30Artie Dunlop fut retrouvé un beau matin, nu,
14:34le corps transpercé de six balles
14:37sur le bord d'un lac du Wisconsin.
14:41À nouveau libre, totalement libre,
14:43ma barqueur peut savourer le bilan de ses activités.
14:46Il était blouissant.
14:47Les attaques de banque sont fructueuses.
14:49En deux expéditions,
14:51Frank Nash, Fred et Alvin s'emparent de plus de 400 000 dollars,
14:55sommes considérables à l'époque.
14:57Elle-même réussit avec ses hommes
14:58deux des coûts les plus rentables de sa carrière,
15:01deux de ces enlèvements contre rançons
15:03mis à la mode par le kidnapping du bébé Lindbergh en 1932.
15:08L'une des victimes est William M.,
15:11un richissime brasseur du Minnesota,
15:13l'autre, Edward Bremer, un banquier.
15:17Contrairement à ce qui s'était passé pour l'affaire Lindbergh,
15:20les deux hommes sortent vivants de l'aventure.
15:23Leurs familles et leurs associés
15:25paient respectivement 100 et 200 000 dollars de rançons
15:29aux gangs Barker-Karpis.
15:31Kate, la maman, est ivre de fierté.
15:35Elle a obtenu ce qu'elle a toujours désiré,
15:38la gloire, la réussite.
15:40Ses fils sont à présent des personnages dont tout le monde parle.
15:43Ils ont plusieurs policiers à leur tableau de chasse,
15:46des masses d'argent dans leurs poches,
15:47et, comble de la consécration,
15:49leurs photos sont affichées dans tous les bureaux de poste des États-Unis
15:53avec, en guise de légende,
15:55la mention Vantad en recherche.
15:59Mais, comme l'ont dit la Roche Tarpaïenne et près du Capitole,
16:03et deux choses vont précipiter le déclin.
16:07La première, c'est que la loi Lindbergh
16:10a fait du kidnapping un crime fédéral,
16:13ce qui signifie que les agents du FBI
16:16ne sont plus arrêtés par les frontières des États
16:18lorsqu'ils poursuivent les kidnappeurs.
16:21La deuxième, c'est que l'emprise de Mabarker sur ses fils et leurs complices
16:26s'affaiblit.
16:28Après une vingtaine d'années d'usage,
16:31le complexe d'Edip a beaucoup perdu de sa virulence,
16:34Mabarker est maintenant obèse et sexagénaire,
16:37les autres gangsters recrutés sont accompagnés de jeunes,
16:41de jolis et de très appétissants de crête.
16:44En les contemplant, les fils Barker se rendent compte
16:47de ce qu'ils ont perdu, manqué pendant si longtemps,
16:50et comme ils ont des billets de banque à profusion,
16:53ils n'ont aucune peine à séduire des filles de leur âge
16:56ou même moins âgées qu'eux.
16:58La présence de Pinup est inévitablement une source de discorde
17:01dans une association de criminels,
17:03aussi bien d'ailleurs que dans une association de nets hommes,
17:06et les ennuis commencent.
17:08Poussés par leur maîtresse,
17:10plusieurs membres de la bande Barker-Karpis
17:13désertent pour se mettre à leur compte,
17:15pour se joindre à d'autres bandes,
17:17ou pire encore, au point de vue de la Mama,
17:19pour essayer de redevenir honnêtes.
17:22Et peu à peu, le gang se dissocie.
17:25L'union avait fait sa force,
17:27lui avait permis de défier la loi pendant des années,
17:30la désunion fait de ses membres
17:32autant de fugitifs isolés harcelés par les Jimens.
17:36Le commencement de la fin vient avec l'arrestation d'Arthur Baker.
17:41Dans ses papiers,
17:43les policiers trouvent une carte
17:45sur laquelle le lac vert est entouré d'un cercle au crayon.
17:49Le lac vert.
17:51Vous vous souvenez, chers amis,
17:53cet endroit marécageux
17:55où deux hommes ont essayé de capturer,
17:57à l'aide de mitraillettes, Old Joe,
18:00ce vieux crocodile malin et imprenable ?
18:04Après une brève enquête,
18:06les autorités ont conclu que le dernier refuge
18:09des survivants de la bande Mab Barker
18:12est sans aucun doute situé sur les rives de ce lac.
18:16Et le 16 janvier 1935,
18:20à l'aube,
18:21ils cernent une cabane en bois.
18:24Cette cabane est vétuste,
18:26elle est cachée parmi les arbres.
18:30La police somme ses occupants de se rendre.
18:34À l'intérieur de la baraque, il y a
18:37Mab Kate Barker
18:39et son fils Fred.
18:41C'est tout.
18:43Le chef de l'escouade spéciale de Chicago
18:45crie dans son porte-voix
18:47« Rendez-vous, Mab, vous êtes cerné ! »
18:50Mab répond « Venez me chercher ! »
18:53et elle ponctue sa phrase d'une rafale de mitraillettes.
18:58La bataille s'engage.
19:00Une heure plus tard, les policiers,
19:02enfin maîtres de la situation,
19:04trouvent à l'intérieur de la cabane
19:06Mab Barker, le corps transformé en écumoire,
19:09à ses côtés, son fils Fred, mort lui aussi,
19:11tient entre ses doigts crispés
19:13un revolver encore fumant.
19:16La monstrueuse Mab, Kate Barker,
19:19disparaissait comme elle avait vécu,
19:22avec l'insigne honneur d'avoir son nom
19:24imprimé en caractère gras
19:26à la une de tous les journaux des États-Unis.
19:29Tous ses fils étaient tombés au combat,
19:32victimes de leur penchant pour la malhonnêteté et le crime,
19:35mais pas dans l'anonymat.
19:38Herman suicidé, Lloyd abattu,
19:41Fred, mort en même temps qu'elle,
19:43Arthur, foudroyé par les rafales
19:46des gardiens de la prison d'Alcatraz
19:48alors qu'il tentait de s'évader.
19:50Les associés du terrible quintet
19:53étaient tous morts de mort violente.
19:57Le seul Alvin Karpis,
19:59capturé à la Nouvelle Orléans en 1936,
20:02devait paisiblement purger une peine
20:05de 32 ans de prison.
20:08Libéré en novembre 1968,
20:11il reste l'un des rares gangsters américains
20:15à avoir porté le titre envié
20:17d'ennemi public numéro un
20:20et à y avoir survécu.
20:38Vous venez d'écouter
20:40les récits extraordinaires de Pierre Bellemare,
20:43un podcast issu des archives d'Europe 1
20:46et produit par Europe 1 Studio.
20:48Réalisation et composition musicale
20:51Julien Tharaud.
20:52Production Raphaël Mariat.
20:55Patrimoine sonore
20:56Sylvaine Denis, Laetitia Casanova,
20:59Antoine Reclus.
21:00Remerciements à Roselyne Bellemare.
21:03Les récits extraordinaires sont disponibles
21:05sur le site et l'appli Europe 1.
21:08Écoutez aussi le prochain épisode
21:10en vous abonnant gratuitement
21:12sur votre plateforme d'écoute préférée.