La chasse au chloroforme

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Pierre Bellemare comme vous ne l’avez jamais entendu ! C’est la promesse de ce nouveau podcast imaginé à partir des archives exceptionnelles du Service Patrimoine Sonore d’Europe 1.
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.


Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare

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00:00Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Bellemare, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:10Un train à la nuit c'est beau. Ceux qui le regardent ou même seulement l'entendent passer
00:16peuvent rêver de voyages, d'évasion. L'obscurité ajoute à l'aventure. Dans l'ombre tout est
00:24possible qu'on l'imagine ou qu'on le vive en le craignant, en l'espérant, en ayant peur.
00:29Il y a autre chose dans un train lancé à toute vitesse. Ce monstre d'acier énorme,
00:36lourd, quelque chose d'inexorable. Il ne peut s'arrêter. En tout cas, quand il le faut,
00:43pas tout de suite. Il doit freiner pendant des kilomètres et des kilomètres. Si un obstacle
00:48se présente soudain sur la voie, il l'écrase. Et si l'obstacle est trop important, c'est l'accident,
00:53l'horreur, le déraillement, les voitures renversées, les morts, les blessés.
00:56Autre chose encore. Ce train qui roule à plus de 100 à l'heure est un monde clos.
01:04Personne ne peut y pénétrer ni en sortir. Un monde pourtant que l'on parcourt en longeant
01:12les couloirs, en traversant les soufflets. Un monde en mouvement où l'on peut se déplacer
01:18soi-même uniquement dans la longueur, comme si l'on circulait dans le ventre d'un serpent.
01:22La nuit de pâle lumière éclaire les compartiments où les voyageurs ont mis la veilleuse. Certains ont
01:29fermé les rideaux. Les couloirs vides ressemblent alors à de longs boyaux solitaires. On peut s'y
01:35retrouver face à face avec n'importe qui. Et celui qui le désire peut se cacher dans les toilettes.
01:40Dans certains pays, au Kenya par exemple, des affichettes recommandent aux voyageurs de
01:46s'enfermer dans leur couchette, de pousser le verrou pour ne pas risquer d'être victime
01:51d'une agression ou d'un vol. En France, autrefois, des compartiments pour dames seules préservaient
01:57le sexe faible. Il n'y a plus aujourd'hui que les wagons-lits pour séparer les hommes et les
02:01femmes. Dernière remarque, et vous comprendrez mieux le dossier que je vous présente aujourd'hui,
02:07une femme qui voyage en chemin de fer est plus vulnérable. Certains hommes s'en doutent-ils.
02:14Ou bien est-ce seulement la nuit, l'obscurité qui les amène à rechercher,
02:20en longeant les couloirs, la voyageuse solitaire dans un compartiment ?
02:45Septembre 1950, Gare d'Austerlitz. Il est 22h40. Le train de nuit pour Toulouse via Limoges quitte
02:53Paris. Une jeune femme qui paraît avoir 25 ans s'est installée en première classe dans le sens
03:00de la marche au coin fenêtre. C'est une petite brune, pas très jolie, les lèvres minces et le
03:05nez retroussé. Elle porte un tailleur façon Chanel, sur un chemisier de soie et un collier de perles.
03:13Fausse. Elle a acheté un magazine et emporté un roman. Mais le journal, comme le livre, sont posés
03:21sur la banquette à ses côtés. Leur regard vague, la voyageuse semble pour l'instant se laisser aller
03:28à je ne sais quelle rêverie. Dans le couloir, un commerçant de Kaorluikowin fume sa pipe en regardant
03:38défiler les pavillons de banlieues endormies éclairées seulement par les lampadaires des rues
03:43désertes. Le train roule maintenant plus vite. Le paysage n'est plus qu'une immensité noire trouée
03:51seulement de temps à autre par une lumière dans le lointain. Louis Kauvin secoue sa pipe dans un
03:57cendrier. En retournant dans son compartiment, il remarque, dans celui qui est voisin du sien,
04:03la jeune femme, seule, toujours abîmée dans ses songes. « Vierzon, cinq minutes d'arrêt ! » Il est
04:12une heure quinze du matin. Le quai est presque désert. De rares personnes descendent du train
04:19où ils montent. Qui peut bien voyager ainsi au milieu de la nuit ? Un homme d'une cinquantaine
04:25d'années, vêtu d'un imperméable, longe le couloir du wagon de première. Il passe devant le
04:32compartiment où Louis Kauvin est installé, bavardant avec un libraire parisien dont il a
04:38fait la connaissance, Jean De Helle. Il s'arrête comme s'il allait entrer là. Non, il ira plus
04:45loin. Le compartiment voisin est celui de la jeune femme solitaire. Le suivant est vide. Y étant
04:51parvenu, l'homme à l'imperméable, décidément hésitant, se ravise, revient sur ses pas et va
04:56s'asseoir en face de la jeune femme. Il a enlevé son imperméable, l'a posé près de lui, à même
05:03les coussins. Dans le filet, sur sa valise, il a mis son chapeau, un feutre marron, visiblement
05:09usagé, cabossé, mais propre. « Oh, pardon, madame ! » En croisant les jambes, il vient de heurter le
05:15pied de la jeune femme assise en face de lui, volontairement ou pas, en tout cas. Celle-ci n'a
05:20rien répondu. Elle a tourné la tête et, à travers la vitre, plonge son regard dans le néant de la
05:25nuit noire, désirant sans doute échapper au sourire que lui prodigue sans vis-à-vis. Tout cela,
05:32Louis convint la vue et tente à nouveau sortir dans le couloir pour se dégourdir les jambes.
05:37Le train a repris de la vitesse. Le temps s'écoule. Les voyageurs s'assoupissent,
05:43bercés au tempo lancinant du bruit que font les bogies en passant sur les jointures des rails.
05:48Parfois, un coup de sifflet de la machine rompt la monotonie de ce fond sonore, le roulement des
05:53wagons et le souffle du vent. Voilà Châteauroux puis Limoges. Il est 4 heures du matin. Après des
06:01arrêts, quelques heures et légers tamponnements, quand le train redémarre, recommence toujours le
06:06même ronron, cette musique des chemins de fer dans la nuit. Soudain, le grincement des freins
06:11serrés à bloc augmente le vacarme. Les wagons, brutalement ralentis, trépident et se heurtent.
06:15« Au secours ! » hurlent dans le compartiment où se trouvent Louis Convain et le libraire,
06:19une femme qui vient d'y pénétrer. « Au secours ! On a voulu me chloroformer ! » C'est la jeune femme
06:25du compartiment voisin. « Mais calmez-vous, voyons, madame. Qu'est-ce qui vous arrive ? » « Mais j'ai
06:29tiré la sonnette d'alarme ! » « Mais vous n'êtes pas blessé ? » « Non ! » « On vous a volé ? » « Je
06:33sais pas ! » « Oh, c'est affreux ! C'est épouvantable ! » Le train a stoppé en pleine campagne. Le
06:40libraire Jean Dehael et Louis Convain raccompagnent la jeune femme dans son compartiment. L'homme à
06:46l'imperméable a disparu. « Il était là ! » « Qui ça ? » « Celui qui a voulu me chloroformer ! Vous
06:52sentez l'odeur ? » « En effet. » « Et tenez, regardez, là, sur le coussin, à côté de l'endroit où il était
06:57assis, vous voyez ? Il y a une auréole ! » Le radio renverse le flacon. Arrive le contrôleur. « Qui a tiré
07:05la sonnette d'alarme ? » « C'est madame, quelqu'un l'a attaqué. » « Oui, il m'a mis un tampon avec une
07:11drogue sous le nez. Heureusement, j'ai réussi à baisser la vitre, j'ai pu respirer ! » Le train,
07:18maintenant, est reparti. « Vous descendez où, madame ? » demande le contrôleur. « À Brive. » « Je vous
07:25accompagnerai au bureau du chef de gare pour votre déclaration. » « Ah, parce qu'il faut que je fasse
07:30une déclaration ? » « Évidemment. » « Vous pouvez déjà me donner le signalement de votre agresseur ? » La
07:38jeune femme semble hésiter. « Oh, vous savez, c'était un homme quelconque. Comment était-il habillé ? » Ça,
07:47les autres voyageurs s'en souviennent. « Il portait un imperméable et un chapeau marron. » « Ah oui, »
07:53confirme la jeune femme, « je m'en souviens, un imperméable. » Et comme si elle sortait d'un rêve, se
07:59le remémorait au fur et à mesure de son récit, elle donne peu à peu une foule de détails, trop de
08:07détails. « Vous raconterez tout cela à la police, madame ? » interrompt le contrôleur. « D'accord,
08:13mais c'est pour dire une femme seule, la nuit, dans un train. Je lui ai trouvé tout de suite un
08:19drôle d'air à ce type et il me faisait des sourires encore. » Le train arrive à Brive. L'aube
08:28commence à poindre. Tout baigne dans le gris. Le contrôleur retrouve sur le quai la voyageuse
08:34agressée qui vient de descendre de son wagon. « J'ai fait tout le train, madame. Je n'ai vu
08:40personne qui corresponde au signalement que vous nous avez donné. » « Ça ne m'étonne pas. Vous
08:45pensez bien que cet individu, après son mauvais coup, se sera sauvé ? » « Il est peut-être descendu
08:50à Usherch. » « Ah, écoutez, ne me parlez plus de tout ça, monsieur. Je vous en supplice, ça finit
08:55par me tourner la tête. » « Il faut pourtant que je vous accompagne au bureau du chef de
08:59gare. » « Il le faut vraiment ? » « Hélas, oui, madame. » « C'est dans votre intérêt. » Dans un
09:07grincement, un bruit de ferraille, le train quitte Brive en direction de Toulouse, laissant là,
09:13dans le petit matin, une femme qui se souviendra de cette nuit-là.
09:17Les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast européen.
09:28La petite ville de Saint-Hyériex, près de Limoges, est en émoi. On vient d'arrêter un ouvrier
09:34honorablement connu père de cinq enfants, Maurice B. Et vous savez pourquoi ? Non ? Mais c'est sur
09:40le journal. Il a attaqué une femme dans le train de Paris. « Maurice, allons-donc. » « Si, si. »
09:46Il a essayé de l'endormir avec un tampon aux doigts et de chloroforme. « La bonne femme n'est
09:53même pas jolie, regardez. Vous avez vu la photo ? » « C'est une gamine. » « Oh, quand même pas. »
09:57« Oh, qui sait ? » « La belle-fille d'un juge, monsieur, à ce qui paraît. Quelqu'un de vous
10:03a placé à Paris, alors vous comprenez. Ils ont mis les petits plats dans les grands pour retrouver
10:07son agresseur. Et ils ont arrêté Maurice. Comme si c'était son genre. « Tenez, moi, ça me fait rigoler.
10:15Ah, il faudra avoir bonne mine. » Pour l'instant, Maurice B. est en prison à Limoges. Il proteste,
10:21bien sûr, de son innocence, mais inutilement. Par la fenêtre de sa cellule, il entend au loin
10:27passer les trains. Il peut rêver. « Aux belles voyageuses assoupies, madonnes des sleeping,
10:31femmes fatales qui vous entraînent en enfer. » Ah oui, il se souvient bien de son amie d'une nuit.
10:36Et elle. « Il a essayé tout de suite d'engager la conversation, raconte-t-elle à la police. Il
10:43m'a fait du pied en s'excusant hypocritement. Il avait toujours une main dans la poche de sa veste,
10:48comme s'il tenait quelque chose. Son flacon de chloroforme, sûrement. Je lui ai dit « Ça sent
10:54une drôle d'odeur, vous ne trouvez pas ? » Il m'a répondu « Oui, c'est à cause des freins quand
10:59ça chauffe. » À un moment donné, il m'a demandé la permission d'éteindre la lumière et d'allumer
11:03la veilleuse. Alors j'ai dit oui, croyant qu'il allait dormir et me laisser tranquille. Mais
11:07pensez-vous, il avait son idée derrière la tête. « Une drôle d'idée, pense Maurice dans sa prison.
11:14Ah, j'ai vraiment eu une idée stupide en m'installant dans ce compartiment. Mais c'est
11:20vrai, pourtant, c'est moins triste de voyager en compagnie de quelqu'un, d'une jeune femme surtout.
11:24C'est plus agréable à regarder qu'un vieux bonhomme. » « Il était assis juste en face de
11:30moi, continue la belle-fille du juge. Quand la lumière a été éteinte, je me suis mis à somnoler.
11:36Il a dû changer de place, venir à côté de moi. Et tout d'un coup, j'ai senti sa main sur ma bouche
11:41avec du coton. Il pensait m'endormir pour de bon. Vous imaginez la suite, c'est facile dans un train
11:48la nuit quand il n'y a personne. » « Ah oui, Maurice était dans le train cette nuit-là. Ça,
11:54il ne peut pas le nier. Il revenait d'aller voir sa vieille maman qui vit seule à Vierzon. Pourquoi,
12:00en première classe, alors qu'il avait un billet de seconde ? » « Ben, il y avait beaucoup de monde
12:05en seconde. En première, il y a davantage de place et souvent de jolies femmes à voir. Il n'y a pas
12:09de mal à ça. Quitte à payer le supplément, s'il compte, on leur passe. Ce n'est pas forcé. Si on
12:14reste pas trop longtemps et qu'au bout d'un petit moment, on retourne en seconde. Et si on est pris,
12:18on n'est pas ridicule quand on est bien habillé. » « Maurice avait ses vêtements du dimanche.
12:22Quant à son imperméable et à son chapeau, il sortait tout juste du pressing. Et c'est tout
12:28ce qu'on a trouvé comme preuve. Un imper et un chapeau pour inculper un pauvre type qui n'a
12:32jamais rien fait de mal et qui a cinq gosses à nourrir par-dessus le marché. En attendant, c'est
12:36son imper et son chapeau qui ont permis de le retrouver. Ah, il peut toujours nier. N'empêche
12:40qu'il était dans le train. Et ce n'est pas la première fois que dans le train de nuit, il y a des
12:44femmes qui se font avoir. » L'opinion publique s'échauffe dans la région de Limoges. Chacun
12:50imagine à sa façon ce train de Paris. Paris, la ville de tous les vices. Et ces Parisiennes
12:55solitaires dans leur compartiment de première classe, bien habillées, à la mode. Que font-elles
12:59la nuit, seules dans le train ? Où vont-elles ? La plaignante, Mme G., la belle-fille du juge,
13:03se rendait en vacances en Corrèze. Elle avait besoin de repos. Elle qui ne travaille pas. Et
13:08bien sûr, c'est l'ouvrier, le travailleur, qu'on accuse. La Ligue des droits de l'homme intervient
13:13en faveur de Maurice B. et demande sa mise en liberté provisoire. La demande est rejetée.
13:18Le juge d'instruction estime que certains points sont obscurs. Il interroge le prisonnier.
13:22Où étiez-vous quand Mme G. a tiré la sonnette d'alarme ? Mais j'étais parti depuis longtemps.
13:28Enfin, pourquoi ? Parce que j'étais en première et que j'avais un billet de seconde. De toute façon,
13:35quand le train a stoppé en Rasse-Campagne, après Limoges, Maurice B. n'y était plus. Puisqu'il
13:40se rendait à Saint-Hyriaix, il avait dû descendre à Limoges. Mais alors quoi ? Mme G. aurait tiré
13:46sur la sonnette un quart d'heure au moins après avoir été agressée ? Ah, à moins que Maurice B.
13:51subjuguée par le charme de la voyageuse, ait laissé passer Limoges, puis ait décidé de descendre à la
13:57station suivante. Possible, mais peu probable. Il aurait agi plus tôt, bien avant Limoges. Le train
14:04n'attend pas, lui. Il roule, roule, irrémédiablement, en traversant la nuit de part en part, sans se
14:10soucier de ses fantômes. Les hésitations du juge d'instruction indisposent la presse qui explique
14:16l'attitude du magistrat par les ordres, comme on dit. Les ordres reçus de ses supérieurs en raison
14:21des liens de famille qui existent entre la jeune femme soi-disant agressée et les hautes instances
14:25de la magistrature. À Saint-Hyriaix, où résident la femme et les enfants de Maurice B., tout le monde
14:31s'attend à le voir rentrer au bercail d'un jour à l'autre. Mais une semaine passe, puis deux. On
14:37commence à s'énerver. Le patron de Maurice, qui dirige une teinturerie, se fâche. « Moi, je vais
14:41aller le voir, juge d'instruction, et je vais lui dire deux mots. » Il se rend à Limoges. Le juge le
14:48reçoit. « C'est très bien de votre part, monsieur le défendre, votre employé. Il ne peut pas être
14:53coupable, dites-vous. Vous répondez de sa conduite. Mais cette odeur, l'odeur du chloroforme que tout
14:59le monde a constaté, le contrôleur, les voyageurs du compartiment voisin, même lui, Maurice B.,
15:04a reconnu qu'il y avait une odeur dans le compartiment. Il a dit qu'elle était provoquée
15:08par les freins. Ou par autre chose. Mais quoi donc? Vous avez arrêté Maurice B. parce qu'il
15:15portait un imperméable et un chapeau. Oui, enfin, on l'a retrouvé grâce à ça. Cet imperméable et
15:21ce chapeau, monsieur le juge, au lieu de l'accuser, innocente, mon ouvrier. Tiens donc, voilà autre
15:28chose. Eh oui, son imperméable et son chapeau venaient d'être nettoyés chez moi, au trichloroéthylène.
15:37Vous savez ce que c'est? Non. Eh bien, ce produit possède certaines caractéristiques du chloroforme
15:44sans en avoir la nocivité. Ce n'est pas étonnant si ça sentait le chloroforme dans le train.
15:49Mais la tâche sur des coussins! Vous l'avez fait expertiser? Non. Ben alors faites-le. Cela m'étonnerait
15:57beaucoup que ce soit une tâche de chloroforme. Grâce à l'intervention de son patron, Maurice B.
16:03est libéré. Madame G., sa prétendue victime, ne proteste pas. Quand elle rentrera de vacances
16:10reposées, elle prendra un train le matin. À la lumière du jour, ses fantasmes ont moins de chance
16:17de prendre forme. La nuit, l'imagination travaille. Il suffit d'une odeur de chloroforme pour croire
16:26à des choses. Des choses que l'on craint ou que l'on espère tout à la fois. Alors ça y est, Maurice,
16:34t'es sorti de prison, lui dit un copain, c'est pas trop tôt. Fais gaffe, la prochaine fois, quand tu
16:38prendras le train, tu parles, je ne monterai plus que dans les compartiments bondés. Maurice B. a repris
16:43son travail à la tatuerie, à la satisfaction de tout le monde. Quelque chose est curieux tout de
16:48même. Quand il rentre chez lui le soir, quand il s'arrête au bistrot pour l'apéritif, certaines
16:56personnes le regardent d'un drôle deuil. Des femmes surtout. Des mères de famille usées par leur
17:04travail quotidien pas très joli. Des hommes aussi, professeurs de morale, même si dans leur vie
17:12quotidienne, ils ne donnent pas tous les jours le meilleur exemple. Ces personnes pensent-elles
17:18que Maurice B. malgré tout, dans le train de nuit Paris-Toulouse, a profité de l'obscurité pour...
17:22Non, pas exactement. Mais on l'a accusé, n'est-ce pas ? Même à tort, le fait d'être soupçonné prouve
17:35que l'on peut être coupable un jour ou qu'on l'a été. Et cela, en vertu du plus mensonger des
17:45proverbes français, il n'y a pas de fumée sans feu.
18:07Vous venez d'écouter les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast issu des archives
18:14d'Europe 1 et produit par Europe 1 Studio. Réalisation et composition musicale,
18:20Julien Tharaud. Production, Lisa Soster. Patrimoine sonore, Sylvaine Denis, Laetitia Casanova,
18:28Antoine Reclus. Remerciements à Roselyne Belmar. Les récits extraordinaires sont disponibles sur
18:35le site et l'appli Europe 1. Écoutez aussi le prochain épisode en vous abonnant gratuitement
18:41sur votre plateforme d'écoute préférée.