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Eliot Deval et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité dans #HDProsWE à 9h le samedi et le dimanche

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00:00:00Bonjour à tous, ravi de vous retrouver pour l'heure des pros.
00:00:04Cette toile de corruption est en train de s'étendre.
00:00:07Il y a une infiltration de cette corruption dans l'administration de l'État.
00:00:12Nous sommes à un point de bascule.
00:00:14Cette phrase n'est pas de moi, mais de Bruno Retailleau, premier flic de France.
00:00:18Ses propos du ministre de l'Intérieur devraient tous nous mettre en alerte.
00:00:21Est-il déjà trop tard ?
00:00:22Où en est-on dans le processus de mexicanisation ?
00:00:26Pour reprendre ces termes, il y avait la Seine-Saint-Denis, Marseille ou Grenoble.
00:00:29Il y a désormais Poitiers, Rennes ou Cavaillon.
00:00:32Déjà, il y a quelques mois, des magistrats marseillais nous alertaient sur les mêmes méfaits,
00:00:35des propos balayés à l'époque par le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti.
00:00:40Au printemps, une délégation mexicaine est passée en France et lancée le même avertissement,
00:00:44appelant à prendre des mesures en urgence avant de se trouver dans une situation aussi grave qu'au Mexique.
00:00:50Pas une semaine ne passe sans que nos villes et nos quartiers soient endeuillées,
00:00:54sans que des centaines de jeunes ne tombent dans le tourbillon du trafic et de ses conséquences.
00:00:58La police, parfois moins bien équipée que ceux qu'elle doit mettre hors d'état de nuire,
00:01:02vide un océan à la petite cuillère.
00:01:03La réponse pénale n'a plus rien de dissuasif et les prisons sont devenues des QG,
00:01:07privilégiées pour les têtes de réseau qui gèrent leur business en toute tranquillité.
00:01:11Face à ces mots, il y a les mots MOTS, narcotrafic, narcomicide, narco-racaille, narco-état.
00:01:16A vrai dire, on a parfois plutôt l'impression d'un état narcoleptique.
00:01:20Combien de morts faudra-t-il pour convaincre les récalcitrants de prendre le taureau par les cornes ?
00:01:24Bruno Retailleau veut réveiller le monde politique et appelle à la mobilisation générale.
00:01:28Les réponses qui s'imposent se heurteront certainement au cri d'enfrais habituel du monde politique et médiatique.
00:01:34En attendant, ce sont les habitants qui en payent le prix.
00:01:37Leurs témoignages sont bouleversants.
00:01:39On les écoutera dans un instant.
00:01:41Mais d'abord, le point sur l'info avec Adrien Spiter.
00:01:46Violence à Rillelapa près de Lyon.
00:01:48Deux bus ont été incendiés.
00:01:49Un policier a été blessé à la tête par un projectile.
00:01:52Il a été transporté à l'hôpital.
00:01:54Une vingtaine de personnes sont à l'origine de ces violences.
00:01:57Pour sécuriser le secteur, des CRS ont été envoyées sur place.
00:02:00Des violences avaient déjà éclaté lors de la soirée d'Halloween.
00:02:04Le mouvement contre la vie chère en Martinique se poursuit.
00:02:06Les leaders du collectif à l'origine de la mobilisation doivent arriver aujourd'hui à Paris.
00:02:10Objectif, manifester au plus près des lieux de pouvoir.
00:02:14Deux semaines après la signature d'un protocole entre l'État, les élus et les acteurs de la grande distribution.
00:02:20Et puis aux États-Unis, dernière ligne droite pour les deux candidats à la présidentielle.
00:02:23Kamala Harris et Donald Trump poursuivent leur campagne.
00:02:26La démocrate recevra aujourd'hui la célèbre rappeuse Cardi B sur scène à Milwaukee.
00:02:30Donald Trump sera également à Milwaukee pour séduire les électeurs.
00:02:35Merci beaucoup, Adrien, pour m'accompagner ce matin.
00:02:38J'ai le plaisir d'accueillir Charlotte Dornelas.
00:02:40Bonjour, merci d'être avec nous.
00:02:42À vos côtés, Arnaud Bénédicti.
00:02:43Bonjour.
00:02:44Alexandre Devecchio est également avec nous.
00:02:45Bonjour.
00:02:46Et Anand Bakhioui, merci beaucoup d'être avec nous.
00:02:48Vous êtes secrétaire nationale adjointe de SCPN Police.
00:02:51Avec vous, ce sera très intéressant justement d'aborder le problème du narcotrafic et de la corruption,
00:02:55parce qu'on a désormais un ministre de l'Intérieur qui emploie le terme de corruption.
00:02:59On verra avec vous justement comment ça peut s'illustrer dans la réalité.
00:03:03Mais je vous le disais, ça fait des mois, voire des années,
00:03:05que l'on entend les discours des représentants politiques sur la question du trafic de drogue.
00:03:09Et finalement, on est assez peu habitué à voir des habitants parler à visage découvert.
00:03:14C'est ce qui s'est passé hier à Rennes.
00:03:16Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, était en déplacement dans la ville
00:03:20où il y avait eu une fusillade quelques jours plus tôt.
00:03:23Et il a eu face à lui des habitantes de ce quartier gangrénés par le trafic.
00:03:28Et leur témoignage est absolument bouleversant.
00:03:30On va vous montrer cette séquence en longueur de cette habitante et de son désarroi.
00:03:34C'est une séquence captée par notre correspondant sur place, Jean-Michel Decaze.
00:03:38Pour sécurité, on sort par obligation pour aller voir le médecin.
00:03:42Les courses, on ne les fait plus au centre commercial malheureusement.
00:03:44On perd notre centre commercial, notre quartier.
00:03:46Je viens d'avoir eu une réunion avec un présenteur d'association.
00:03:49Il me disait désormais que les commerces ne voyaient plus grand monde
00:03:52parce que les gens n'osaient même plus, dans la journée, aller faire leurs courses sur place.
00:03:57On n'a pas peur.
00:03:58Un soir, je fais un manger, j'entends une rafale de mitraillettes.
00:04:01Vous vous rendez compte ?
00:04:02Je croyais que c'était la télé.
00:04:03J'appelle au mari, ça criait, je dis non, c'est ici.
00:04:07Et à partir de quand vous avez vu la situation se dégrader ?
00:04:10Ça fait depuis six mois, ça n'arrête pas.
00:04:13Je sors une fois, il y avait des gens avec des machettes hautes comme ça
00:04:15qui sont sortis d'une voiture.
00:04:17Mais c'est des gens que vous connaissez ?
00:04:18Non, c'est des...
00:04:20Ils ont quel âge environ ?
00:04:21C'est des jeunes, des gens de couleur.
00:04:25Ils sont habillés en noir, ils sont toujours habillés pareil avec leurs pochettes.
00:04:28C'est que des étrangers et des jeunes.
00:04:30Il y en a, ils ont 13 ans, ils ont 14 ans.
00:04:33Ils ont des chaises, ils s'installent, ils appellent quand le fourgon passe.
00:04:36C'est que ça, que ça.
00:04:37Vous venez demain en jogging, vous vous cachez, vous allez voir comment on vit.
00:04:42Nous, on vit sur la peur.
00:04:44Je crois qu'il y a tout, en fait, dans ce témoignage de cette habitante.
00:04:47C'est assez rare, finalement.
00:04:48Généralement, les personnes ne sont pas vraiment volontaires
00:04:51pour parler à visage découvert, surtout face aux caméras.
00:04:55Qu'est-ce que ça vous inspire de voir ce témoignage, finalement,
00:04:58qui résume la situation ?
00:05:00Peut-être, Alexandre, cette femme, elle témoigne de son quotidien
00:05:03et de l'impossibilité pour elle de sortir et de constater chaque jour des violences.
00:05:07J'ai envie de vous dire que ça ne m'étonne pas, malheureusement,
00:05:09et que ce franc-parler, quand on fréquente les Français,
00:05:13on le connaît, cette femme dit tout haut ce que les politiques n'ont pas osé dire
00:05:19et n'osent peut-être même pas dire aujourd'hui.
00:05:23Donc, c'est le problème.
00:05:24Le diagnostic, on le connaît.
00:05:26Il n'y a que ceux qui ne veulent pas voir, en fait, qu'ils ne le font pas.
00:05:30Le problème, c'est qu'en empêchant de le faire,
00:05:32ils empêchent de prendre les bonnes décisions.
00:05:34Donc, on sait ce qu'il faut faire désormais.
00:05:38En fait, il y a trois points sur lesquels travailler.
00:05:41Les effectifs de police, les renforcer, mais pas seulement.
00:05:45Il y a la partie judiciaire parce qu'en réalité, la sécurité,
00:05:49ça ne se limite pas à la police.
00:05:51Donc, il faut une réponse pénale adaptée,
00:05:53peut-être pour ce qui est des narcotrafics, des tribunaux d'exception
00:05:58pour juger ce type d'affaires et avec des sanctions exemplaires.
00:06:04Et ensuite, il y a une politique de peuplement à mener parce qu'on sait qu'elle l'a dit,
00:06:09c'est pratiquement que des étrangers.
00:06:11Et donc, on laisse des mafias étrangères s'installer
00:06:15ou des personnes désintégrées, finalement, vivre du trafic.
00:06:19Donc, si on n'agit pas sur ces trois points,
00:06:22la police, mais aussi la justice et l'immigration, on n'y arrivera pas.
00:06:26Il faut un volontarisme de tous les instants.
00:06:29Il faut arrêter d'avoir des tabous.
00:06:32On voit, en tout cas, on peut parler du courage quand même de cette femme,
00:06:35de témoigner comme ça face aux caméras.
00:06:37Elle s'est exprimée ensuite sur, justement, la crainte de représailles
00:06:41suite à son témoignage.
00:06:41Écoutez, même vous dire ça là, maintenant, en réel,
00:06:48on n'est pas à l'abri d'avoir des représailles.
00:06:51Parce que le fait de faire ça, là, on ne sait pas qui c'est qui est dans un coin
00:06:54qui peut nous faire des représailles parce qu'on a trop parlé,
00:06:59parce qu'on a dit non, il faut que ça s'arrête.
00:07:01Charlotte, qu'est-ce que ça vous inspire, ce courage qu'il faut pour témoigner ?
00:07:04C'est assez terrible de dire qu'il faut du courage pour témoigner,
00:07:07mais c'est pourtant la réalité.
00:07:08Et ces femmes parlent de crainte de représailles.
00:07:10Oui, ça me fait penser, pour illustrer le courage, vous vous souvenez de cette...
00:07:13Alors, ce n'était pas directement, enfin si, c'était lié, évidemment.
00:07:16Mais vous vous souvenez de cette voiture de police qui avait brûlé en bas d'une caméra ?
00:07:22C'était à... Aidez-moi, je ne sais plus.
00:07:25Viry-Châtillon, merci beaucoup.
00:07:27Et quelques années après, l'enquête a été faite.
00:07:30Et au moment du procès, je me souviens, un des policiers m'avait dit
00:07:32vous vous rendez compte que c'était au pied de la cité,
00:07:34il y avait des milliers de gens et il n'y avait pas eu un témoignage
00:07:37tellement les gens avaient peur, évidemment.
00:07:38Ce n'était pas de la complicité de tout le quartier.
00:07:41Évidemment que certaines personnes avaient vu, mais c'était impossible de parler.
00:07:44Donc là, en effet, elles prennent un risque réel.
00:07:46Elles vivent au milieu de ce quartier.
00:07:48Elles en subissent les conséquences.
00:07:50Elles décrivent en effet sans détour.
00:07:51Moi, honnêtement, hier, quand j'ai vu le témoignage de cette femme,
00:07:53ça m'a brisé le cœur, mais brisé le cœur.
00:07:55Vraiment, je pèse mes mots.
00:07:57Elle explique qu'elle ne peut plus vivre correctement.
00:07:59Mais alors, là, on arrive.
00:08:01Ce n'est pas simplement, on a peur pour nos enfants,
00:08:03une peur un peu abstraite qu'on a vu monter.
00:08:05La peur n'était pas abstraite, mais d'année en année,
00:08:08on a vu des gens dire leur inquiétude de ce qui se passait un peu plus loin.
00:08:11Est-ce qu'un jour, il va nous arriver ça ?
00:08:13Elle nous explique qu'elle ne va plus faire ses courses.
00:08:15Je ne sais pas si on réalise bien le basculement du quotidien
00:08:19de ces Français qui vivent tout simplement dans ces quartiers.
00:08:22Là, elle s'adresse directement au ministre de l'Intérieur
00:08:26et devant des caméras, et vous le disiez avec beaucoup de courage.
00:08:29Mais honnêtement, et avec Alexandre, on a la chance de travailler à l'écrit,
00:08:33donc dans la presse écrite, comme beaucoup de journalistes en France.
00:08:36On l'a entendu des dizaines de milliers de fois,
00:08:37parce que c'est plus facile de parler, évidemment,
00:08:40quand vous n'avez pas votre photo, quand il n'y a pas la caméra qui est allumée.
00:08:43Et ouvrir une caméra, on le sait très bien,
00:08:46ça affaiblit beaucoup certains témoignages.
00:08:49Donc ces témoignages, on les a déjà, on les connaît par cœur,
00:08:52on les relaie parfois, certains ne le font pas
00:08:54et certains accusent ceux qui les relaient depuis des années.
00:08:57Ce qu'on voit là, à travers ce témoignage,
00:08:59c'est surtout, en effet, un quotidien dramatique.
00:09:01Et ce qu'on voit de manière plus générale avec le trafic de drogue,
00:09:04c'est que ça appelle une réponse ciblée sur le trafic lui-même,
00:09:08qui engendre et qui a beaucoup de conséquences sécuritaires.
00:09:11Mais il y a évidemment, comment dire, une focalisation politique
00:09:16et de toute la chaîne pénale, évidemment, on l'a dit tout à l'heure,
00:09:19sur laquelle il faut évidemment s'attarder.
00:09:22Les magistrats marseillais, vous l'avez évoqué dans votre édito au début,
00:09:26avaient évoqué des pistes qui avaient été balayées.
00:09:29Ce n'est pas qu'ils avaient été balayés, c'est qu'ils s'étaient fait engueuler en plus,
00:09:31alors qu'ils parlaient sous serment devant le Sénat,
00:09:34eux aussi avec beaucoup de courage d'ailleurs.
00:09:36Donc, en effet, Bruno Retailleau a expliqué qu'il était déterminé.
00:09:42On sait qu'il y a des points de désaccord avec le ministre de la Justice.
00:09:44Ils vont faire un déplacement ensemble à la Marseille.
00:09:47On verra ce qui en sortira.
00:09:48Et on parlera justement de la réponse politique dans un instant.
00:09:51Mais d'abord, j'aimerais qu'on se concentre justement sur ce témoignage
00:09:53parce que ça nous fait aussi nous rendre compte,
00:09:55alors on le savait effectivement, les récits existent déjà,
00:09:57mais que ceux qui payent le prix du trafic dans les quartiers,
00:10:00ceux qui payent le prix de l'insécurité, de la violence,
00:10:03ce sont les Français les plus modestes.
00:10:04Ils sont en première ligne et qui vivent au quotidien cette réalité.
00:10:07Est-ce que c'est aussi pour ça que les policiers se battent chaque jour ?
00:10:11Il y a quelque chose d'important, presque de politique finalement,
00:10:13dans cette mission qui vous est confiée ?
00:10:15De toute façon, c'est une mission.
00:10:16Je veux dire, quand on est policier, on est au service de la population.
00:10:19Le principal, nous, quand on se lève le matin,
00:10:21c'est parce qu'on est là au service de la population.
00:10:23Et comme vous dites, les principales victimes,
00:10:25ce sont les personnes qui vivent dans ces quartiers-là.
00:10:27Donc on parle de guerre.
00:10:28Le ministre a dit hier, nous sommes en guerre,
00:10:30nous allons lancer une guerre contre le narcotrafic.
00:10:32Mais la guerre, on ne la fait pas tout seul.
00:10:33La guerre, d'une part, il faut des moyens.
00:10:35Il faut des moyens à la fois d'effectifs, il faut du moyen matériel.
00:10:38Quand on voit aujourd'hui, il y a plein d'images qui sortent sur les réseaux sociaux,
00:10:41sur l'état bâtimentaire des commissariats,
00:10:43quand on voit l'état des véhicules des policiers, quand on voit le matériel,
00:10:47je veux dire, on est à des années-lumière,
00:10:49je veux dire, par rapport au narcotrafic qui ont des...
00:10:52Ils sont moins bien équipés que certains des trafiquants
00:10:55et ils peuvent, je veux dire, ils ont des moyens financiers.
00:10:57Eux, ils n'ont pas de problème budgétaire,
00:10:58je veux dire, ils n'ont pas un problème de déficit,
00:11:00ils n'ont pas de problème budgétaire.
00:11:01Donc, et nous, on va faire la guerre.
00:11:03Comment on va faire la guerre ?
00:11:04Sans moyens, avec des policiers qui sont usés,
00:11:08qui travaillent dans des bâtiments usés, avec des véhicules usés.
00:11:11Comment on peut faire une guerre quand on n'a pas de moyens ?
00:11:14Ça, c'est la première chose.
00:11:16Deuxième chose, on ne fait pas la guerre tout seul,
00:11:17c'est-à-dire qu'on a besoin aussi du volet judiciaire.
00:11:19Le ministre de la Justice, il est où ?
00:11:22La justice, elle est où aujourd'hui ?
00:11:25On parlait des magistrats marseillais
00:11:27qui, courageusement, ont dit qu'il y avait un vrai problème.
00:11:30Mais il faut avoir...
00:11:32Il faut justement leur donner à la fois les moyens,
00:11:34les ambitions qu'on veut leur attribuer.
00:11:36C'est-à-dire en fait, il faut...
00:11:37Alors, soit le juridiction spécialisée,
00:11:38soit on peut travailler sur l'existant.
00:11:41Il y a la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée
00:11:46qui n'a aujourd'hui que 22 magistrats.
00:11:4822 magistrats, quand on voit la criminalité organisée,
00:11:51elle est multiforme.
00:11:52Il n'y a pas que le narcotrafic,
00:11:54il y a d'autres modalités de criminalité organisée.
00:11:56Donc c'est tout ça.
00:11:57On ne peut pas faire la guerre tout seul.
00:11:58Le ministère de l'Intérieur ne peut pas,
00:11:59tout seul, face à cette guerre-là.
00:12:01Et il faut une cause nationale.
00:12:03Ce sont les mots employés par Bruno Retailleau.
00:12:05On va parler de sa réponse.
00:12:06Mais Arnaud Benedetti, quand on voit ses témoignages,
00:12:09on ose espérer qu'ils arrivent dans les ministères
00:12:11et que chacun des ministres actuels du gouvernement,
00:12:14chaque député même, se rende compte
00:12:15que c'est aussi pour ces Français-là qu'ils doivent se battre.
00:12:19On a tendance à parfois l'oublier quand on est ministre
00:12:21parce qu'on est dans les jeux de querelles politiciennes.
00:12:23Je parle par exemple du couple police-justice.
00:12:26Voilà la réalité que vivent aujourd'hui des centaines,
00:12:28si ce n'est des milliers de Français chaque jour.
00:12:31Et c'est pour eux qu'il faut une réponse.
00:12:32C'est un peu variation sur un même thème
00:12:34depuis finalement plusieurs décennies, malheureusement.
00:12:36Parce que finalement, ces témoignages, ils sont connus.
00:12:39Ils sont connus, en effet, ils sont connus des journalistes,
00:12:41mais ils sont connus des politiques aussi.
00:12:44Ils sont connus des responsables administratifs.
00:12:48Je veux dire, ce n'est pas quelque chose de fondamentalement nouveau,
00:12:51ce à quoi nous assistons.
00:12:52En effet, vous avez raison, ce témoignage, il est intéressant
00:12:54parce qu'il dit deux choses.
00:12:55Il dit la première chose, ce sont en effet les classes populaires
00:12:57qui sont les premières victimes de la défaillance
00:13:00de l'ordre public dans ce pays.
00:13:01C'est eux qui le payent, j'allais dire, au quotidien
00:13:05parce qu'ils ne peuvent pas aller faire leurs courses,
00:13:07parce qu'ils ont la peur au ventre quand leurs enfants sont dehors, etc.
00:13:11Ça, c'est une réalité et elle a été documentée, on le sait.
00:13:14Deuxième sujet, ça traduit quoi ?
00:13:15Ça traduit des décennies d'impuissance publique,
00:13:17des décennies de non-volontarisme même, j'allais dire,
00:13:20de la puissance publique parce qu'on a caché la poussière sous le tapis
00:13:25pour des raisons idéologiques pendant de très nombreuses années.
00:13:28Ça, c'est la réalité et c'est le décor aujourd'hui
00:13:30dans lequel nous devons agir.
00:13:32Ensuite, en effet, ce que vous dites est tout à fait vrai.
00:13:34C'est que le problème, c'est qu'il y a une espèce d'asymétrie entre...
00:13:38Moi, je ne doute pas de la bonne volonté,
00:13:40je crois que peu de personnes doutent de la bonne volonté
00:13:42de Bruno Rotailleau en l'occurrence
00:13:44et de la détermination de ses convictions
00:13:47qui sont, j'allais dire, pérennes et là aussi,
00:13:49qui existent depuis de très nombreuses années.
00:13:52Mais le problème, ce sont les moyens qui sont les siens.
00:13:55Les moyens d'abord budgétaires.
00:13:56Je rappelle que quand même, la France est en train de traverser
00:13:58une crise budgétaire sans précédent.
00:14:02Les moyens juridiques parce que ça nécessite,
00:14:06malgré tout, qu'on le veuille ou non.
00:14:07Alors, il vient d'annoncer qu'en principe,
00:14:09une nouvelle loi sera discutée très prochainement
00:14:12pour justement permettre d'engager des actions à la mesure
00:14:16des défis qui nous sont lancés contre les narcotrafiquants,
00:14:20de même qu'une nouvelle loi sur l'immigration.
00:14:22Et troisième point, quels sont les moyens politiques ?
00:14:24Parce que la difficulté de Bruno Rotailleau,
00:14:26c'est qu'il est dans un gouvernement qui est divisé
00:14:31et qui, par ailleurs, ne dispose pas de majorité.
00:14:34Sur le dossier du narcotrafic, le gouvernement est divisé.
00:14:36C'est-à-dire qu'il y a des gens au gouvernement qui, selon vous,
00:14:39ne font pas de cette cause-là un sujet d'importance ?
00:14:41Ça tout dépendra des réponses, j'allais dire,
00:14:44des réponses que proposera, sur le plan pénal,
00:14:47notamment le ministre de l'Intérieur.
00:14:50Mais je veux dire, on voit bien que, par exemple,
00:14:52sur la question de l'immigration,
00:14:53parce que malgré tout, qu'on le veuille ou non, il y a un lien.
00:14:55D'ailleurs, il le fait, lui, Bruno Rotailleau.
00:14:58On voit bien que là-dessus, il y a des divisions
00:15:00à l'intérieur de ce gouvernement.
00:15:01Il y a des divisions à l'intérieur de cette coalition.
00:15:04Quand vous avez finalement des adversaires qui vous mènent une guerre
00:15:07et que vous, vous n'êtes pas en mesure,
00:15:09c'est ce que vous avez rappelé, de pouvoir mener cette guerre
00:15:11parce que vous n'avez pas les moyens politiques,
00:15:13les moyens budgétaires, les moyens juridiques pour le faire.
00:15:16Je veux dire, bon courage au ministre de l'Intérieur, quand même,
00:15:18parce que ça va être très compliqué.
00:15:19Ça va être très, très compliqué.
00:15:20Et la question qu'on se pose, c'est est-ce que les réponses
00:15:22qui doivent être apportées sont compatibles
00:15:25avec le paysage politique, médiatique et le fameux État de droit
00:15:30dont a parlé Bruno Rotailleau et qui a provoqué des crispations très fortes ?
00:15:34En fait, comme je disais tout à l'heure,
00:15:35il faut cibler la réponse par rapport à la réalité du trafic de drogue.
00:15:38On va prendre des exemples très précis parce que, en effet,
00:15:41on parle de moyens budgétaires et la police et la magistrature
00:15:45ont besoin non seulement de budgets, mais de budgets
00:15:48qui permettent des ressources humaines pour traiter tous ces dossiers.
00:15:51C'est une évidence, mais à moyen constant,
00:15:53même à moyen constant dans le travail du policier.
00:15:56On dit en permanence, et les policiers s'en plaignent énormément,
00:15:59vous m'arrêtez si je dis une bêtise,
00:16:00mais le basculement dans le travail même du policier.
00:16:04Le policier, aujourd'hui, il y a le bleu dans la rue,
00:16:07qui arrête les personnes et qui redonne le cas échéant
00:16:12aux officiers de police judiciaire, qui eux font l'enquête
00:16:15et derrière, vous ouvrez la question de la chaîne pénale
00:16:18et la justice, derrière, fait le travail.
00:16:19Aujourd'hui, on parle de narcotrafiquants
00:16:22qui n'hésitent pas à envoyer des gamins de 15 ans tuer leurs rivaux,
00:16:26qui n'hésitent pas, s'il faut punir un même gamin de 15 ans,
00:16:29à envoyer une équipe du même âge lui mettre une balle dans la tête
00:16:32avant de le brûler vif dans une voiture.
00:16:34Voilà la réalité de ce qu'ils sont capables de faire.
00:16:36Et nous, dans la réponse, vous arrêtez ces personnes-là,
00:16:40vous les mettez en détention provisoire,
00:16:42imaginons, vous les placez devant les tribunaux
00:16:45et que nous avait dit la vice-présidente du tribunal judiciaire de Marseille
00:16:48devant le Sénat ?
00:16:50Elle disait, ils ont tellement d'argent
00:16:52qu'ils se payent des avocats et non des moindres, avait-elle dit,
00:16:55donc des avocats extrêmement compétents.
00:16:57Et que font-ils ?
00:16:58Je viens de rechercher la phrase, elle dit,
00:17:00une défense qui ne se bat plus sur le fond du dossier,
00:17:04mais uniquement sur la procédure.
00:17:06Donc vous avez des avocats extrêmement bien rémunérés
00:17:08qui se battent du matin au soir pour aller chercher le vice de procédure.
00:17:11Un vice de procédure, par exemple, c'est quoi ?
00:17:13Parce qu'on parle des moyens, en effet, eux maintenant,
00:17:15ils gèrent leurs acheminements de drogue,
00:17:18surveillés par des drones,
00:17:20ils se balisent entre eux,
00:17:21ils s'écoutent entre eux, donc ils ont tous les outils.
00:17:24Et le policier, au moment où il veut poser sa balise,
00:17:26un vice de procédure, c'est par exemple,
00:17:28le juge avait donné son autorisation pour la première balise
00:17:31et en fait, dans l'urgence, il a fallu mettre sur écoute,
00:17:33on en a mis une deuxième, on a demandé l'autorisation après,
00:17:36et ça, c'est interdit.
00:17:37Pourquoi ? Parce qu'on considère,
00:17:40dans notre conception de la justice,
00:17:42que c'est une privation abusive de liberté.
00:17:45Privation abusive de liberté pour des hommes capables
00:17:47de tels crimes, en réalité, dans la rue.
00:17:50Donc on a une manière de réfléchir qui est ubuesque.
00:17:54Je veux dire, quand on rentre dans le détail,
00:17:56c'est ça, un vice de procédure, c'est ça, le manque de moyens
00:17:59pour la police de faire correctement son travail,
00:18:01pour la police et la justice, d'ailleurs,
00:18:03de faire correctement leur travail.
00:18:05Et donc ça, en effet, on aimerait entendre le ministre de la Justice
00:18:07sur ce qu'il est capable de déplacer comme virgule
00:18:10à l'intérieur de l'état de droit,
00:18:12parce qu'on ne va pas recommencer ce psychodrame.
00:18:14Mais vous voyez, à chaque fois,
00:18:15ils se servent d'un mot pour évacuer le débat.
00:18:17Mais le débat, il existe bien.
00:18:18Il y a besoin de l'avoir aujourd'hui
00:18:20pour s'adapter à la violence dont sont capables ces trafiquants
00:18:23et au basculement qu'ils font peser sur la France.
00:18:27En fait, on se met nos propres freins qui nous empêchent ensuite
00:18:30d'agir sur ce sujet, mais sur, malheureusement, tant d'autres.
00:18:32Non, mais il y a une véritable, encore une fois,
00:18:34il y a une véritable asymétrie, si vous voulez.
00:18:36Vous avez un État qui est extrêmement contraint
00:18:38pour toutes les raisons qu'on a évoquées.
00:18:40Et vous avez en face des narcotrafiquants
00:18:43qui ont des moyens qui sont en croissance.
00:18:46Je rappelle seulement un chiffre.
00:18:48Le chiffre d'affaires du narcotrafic est estimé
00:18:51par le rapport sénatorial dont on a parlé
00:18:53et sur lequel d'ailleurs s'appuie Bruno Rotailleau,
00:18:55est à peu près estimé à 6 milliards d'euros.
00:18:58L'entreprise du CAC 40.
00:18:59Les gens qui travaillent aujourd'hui,
00:19:02directement ou indirectement, pour les narcotrafiquants,
00:19:04c'est à peu près 240 000 personnes en France,
00:19:07dont 21 000 sont considérés travaillant à temps plein.
00:19:10Et vous avez, je ne sais pas combien de points de deal,
00:19:12je crois qu'on parle de 3 000 à 4 000 points de deal en France.
00:19:15Voilà aujourd'hui la réalité à laquelle l'État doit s'affronter.
00:19:19Et ça, c'est vrai que c'est le sujet principal.
00:19:21Mais c'est un sujet qui ne date évidemment pas de cette semaine.
00:19:24On vous a ressorti une interview d'Emmanuel Macron,
00:19:26c'était en 2021 au Figaro,
00:19:28où il parlait justement du trafic de drogue.
00:19:30Et il était très volontaire à l'époque le président de la République.
00:19:33Alors, c'était quelques semaines,
00:19:34quelques mois avant l'élection présidentielle.
00:19:36Peut-être pas tout à fait un hasard,
00:19:37mais en tout cas, voilà ce qu'il nous disait à l'époque.
00:19:39Ces trafics, en parlant des trafics de drogue,
00:19:41forment la matrice économique de la violence dans notre pays.
00:19:43Les éradiquer par tous les moyens est devenu la mer des batailles,
00:19:47puisque la drogue énerve certains réseaux séparatistes,
00:19:49mais aussi la délinquance du quotidien,
00:19:51y compris dans les petites villes épargnées jusqu'ici.
00:19:54Ne laisser aucun répit aux trafiquants de drogue,
00:19:55c'est faire reculer la délinquance partout.
00:19:57Le diagnostic est limpide, si je puis dire,
00:20:01de la part du président.
00:20:02Dommage qu'il ne soit pas aux responsabilités.
00:20:05C'est un peu aussi le problème des politiques,
00:20:06c'est que parfois, ils font le bon diagnostic.
00:20:08Alors, pas tous, beaucoup sont encore enfermés dans l'idéologie.
00:20:11Mais ensuite, lorsqu'il s'agit des actes, il n'y a pas de cohérence.
00:20:14Et là, la cohérence aurait été de nommer enfin,
00:20:16effectivement, un ministre de la Justice
00:20:19qui est sur la même ligne que le ministre de l'Intérieur.
00:20:21On a préféré faire les opérations placenaires.
00:20:22Depuis maintenant un septennat, on fait le contraire.
00:20:25Même plus d'un septennat,
00:20:26puisque ça avait commencé avec François Hollande,
00:20:28où on avait à la fois Manuel Valls et Christiane Taubira.
00:20:33Donc, moi, je doute finalement de la volonté réelle
00:20:35du président de la République de s'attaquer à cela.
00:20:39Arnaud Bénédicti a dit quelque chose d'assez important.
00:20:42Hormis l'idéologie et les cris d'orfraie des uns et des autres,
00:20:45c'est une économie parallèle qui fait vivre aux 230 000 personnes.
00:20:48Donc, c'est un État dans l'État.
00:20:50Donc, s'y attaquer, ce sera des dommages collatéraux très importants,
00:20:54possiblement des émeutes.
00:20:56Quel homme politique aujourd'hui a la volonté de s'attaquer à ça
00:21:01et d'assumer ça ?
00:21:04Or, moi, je pense malgré tout que pour éviter des désordres
00:21:06très, très importants dans le futur,
00:21:08il faudrait un peu de désordre maintenant
00:21:12et assumer des conséquences effectivement dramatiques
00:21:17et mettre en place une politique globale très, très forte là-dessus,
00:21:22une forme de plan Marshall.
00:21:24Mais je crois que ce n'est plus possible dans l'état actuel des choses.
00:21:28Emmanuel Macron aurait dû faire ça au début de son premier quinquennat.
00:21:32Vous dites que c'est trop tard aujourd'hui ?
00:21:33Toutes ces questions sont passées.
00:21:34Enfin, ce n'étaient pas ces questions.
00:21:36C'est un peu compliqué avec un gouvernement.
00:21:38On l'a dit, Bruno Rotailleux est quelqu'un d'intègre, je crois,
00:21:43de compétent, de sérieux, mais il ne peut pas tout faire tout seul.
00:21:47Il en est réduit un peu à donner des coups de menton
00:21:49comme ses prédécesseurs et encore plus
00:21:51parce qu'effectivement, il n'a même pas de majorité pour agir.
00:21:56Donc oui, c'est extrêmement compliqué.
00:21:59Si on doit revoir l'état de droit, parce qu'il faut le revoir,
00:22:03d'ailleurs pas revoir l'état de droit, en finir avec les abus de droit.
00:22:07Mais ça nécessite peut-être, dans certains cas, de revoir la Constitution.
00:22:12Enfin, tout ça nécessite en fait des acteurs politiques forts.
00:22:15Or, aujourd'hui, nous n'en avons pas.
00:22:18On est contraints de rien faire en fait.
00:22:19Non, mais c'est simplement, je pense, dans la refondation
00:22:22de notre manière de concevoir la chose, il faut se poser la question.
00:22:25Est-ce que nous sommes au service du droit,
00:22:27donc d'argues juridiques et de débats juridiques,
00:22:30ou est-ce que nous voulons retrouver ce qu'est la justice ?
00:22:32Quand on parle de vise de procédure, c'est simplement, il faut se dire
00:22:36que pour un détail de virgule et d'heure d'arrivée en garde à vue
00:22:39et d'heure du énième papier que le policier doit remplir
00:22:43et l'heure à laquelle il l'a signé, est-ce que pour cette raison-là,
00:22:47nous nous permettons de libérer quelqu'un que nous savons, par ailleurs,
00:22:50avec des preuves matérielles, coupable ?
00:22:52C'est quand même une question importante.
00:22:54Et c'est des questions aussi concrètes que ça qu'il faut se poser
00:22:57pour refonder la justice.
00:22:58Donc ce n'est même pas, je veux dire, quittons le terrain des hurlements
00:23:02et de l'état de droit, et tu ne sais pas quoi, c'est notre état du droit.
00:23:06L'accumulation des droits tels que nous les avons pensés
00:23:09a complètement annihilé, un, le droit des victimes,
00:23:12deux, le droit des potentielles victimes, c'est-à-dire des victimes réelles,
00:23:17mais pas directement du trafic, mais...
00:23:19Qui en subissent les conséquences, les désagréments...
00:23:21Exactement, au quotidien, et trois, du droit des Français,
00:23:24tout simplement, et de leur avenir.
00:23:25Oui mais ça nécessite quasiment de réécrire, et je suis tout à fait pour,
00:23:30mais ça nécessite de réécrire le code pénal,
00:23:33de sortir éventuellement des juridictions européennes,
00:23:36et surtout d'avoir une classe judiciaire, je ne sais pas comment l'appeler,
00:23:41qui a une autre philosophie, parce que derrière le droit et les textes,
00:23:45il y a quand même des hommes, ils ne sont pas obligés
00:23:47d'interpréter ces textes comme des abrutis, pardonnez-moi...
00:23:50Les magistrats devant le Sénat disaient l'exact contraire,
00:23:53qu'ils ne pouvaient pas faire...
00:23:54On va justement marquer une pause, on va continuer évidemment d'en parler,
00:23:56justement sur l'aspect de la corruption,
00:23:58parce que c'est, je crois, la première fois qu'un ministre de l'Intérieur
00:24:00parle aussi directement de ce danger sur nos administrations.
00:24:05On revient tout de suite.
00:24:10De retour, dans l'heure des pros, on parlait du narcotrafic
00:24:13avec un volet qui a été abordé lors de la visite à Rennes de Bruno Retailleau.
00:24:18Il parle de la corruption et je crois n'avoir jamais entendu
00:24:21un ministre en exercice parler de la sorte de ce sujet,
00:24:25un ministre de l'Intérieur de surcroît.
00:24:27Écoutez ce qu'il a dit hier au micro de Jean-Michel Decaze.
00:24:30Ce que je vois, moi, c'est une toile de la corruption qui s'étend
00:24:35dans diverses administrations.
00:24:37Ce que je vois, c'est que sur le territoire national,
00:24:41il y a des enclaves, des narco-enclaves qui sont en train de se créer,
00:24:46qui sont en train de se soustraire à la souveraineté nationale,
00:24:51à la loi de la République et à l'État de droit.
00:24:55Il y a un certain nombre d'infiltrations,
00:24:58parce qu'on a des milliards qui sont en jeu.
00:25:00Ce sont des puissances financières qui parviennent à corrompre,
00:25:05y compris jusque dans l'administration de l'État.
00:25:08J'en dis pas plus.
00:25:09Il y a eu déjà un certain nombre d'affaires.
00:25:13C'est évidemment très grave comme propos.
00:25:15Ça devrait tous nous alerter.
00:25:16Le ministre de l'Intérieur, qui sans doute a des informations
00:25:20que nous n'avons pas, c'est même sûr,
00:25:21nous dit qu'il y a des administrations d'État qui sont aujourd'hui infiltrées.
00:25:25C'est un sujet auquel vous vous êtes confronté, intéressé.
00:25:29Est-ce que réellement aujourd'hui, on arrive à mesurer
00:25:31l'ampleur de cette infiltration, de cette corruption dans nos services ?
00:25:34Mais de toute façon, il y a une corruption de baisse intensité.
00:25:38On n'est pas dans les mêmes niveaux.
00:25:39Qu'est-ce que vous appelez corruption de basse intensité ?
00:25:41C'est vraiment d'un petit niveau, à l'état embryonnaire.
00:25:44On n'est pas dans des niveaux comme on peut.
00:25:45Parce qu'on parle beaucoup de mexicanisation.
00:25:48On n'est pas du tout au même niveau que le Mexique.
00:25:50Au Mexique, on était vraiment une corruption de haute intensité
00:25:53qui touchait le haut spectre, c'est-à-dire des directeurs d'administration,
00:25:58des hauts magistrats, des ministres également.
00:26:01On parle plutôt du bas de l'échelle.
00:26:03Exactement, on est vraiment dans les prémices.
00:26:06Mais justement, il faut alerter pour éviter d'arriver au même niveau
00:26:10que ce que connaît le Mexique, ce que connaît les Pays-Bas aussi.
00:26:13Les Pays-Bas ont connu le phénomène de la mochromafia
00:26:16avec ce phénomène tentaculaire et au niveau de la corruption.
00:26:20Oui, effectivement, l'IGPN ou l'IGN pour les gendarmes travaillent de plus en plus.
00:26:27Il y a eu un rapport qui a été rendu par les deux inspections
00:26:30sur notamment une augmentation de ce phénomène de basse intensité.
00:26:33C'est essentiellement les passages fichiers pour lesquels les policiers
00:26:36et gendarmes sont rémunérés par des narcotrafiquants,
00:26:39en sachant que les narcotrafiquants ont une masse financière énorme,
00:26:42donc quasiment inépuisable.
00:26:44Forcément, c'est extrêmement facile de pouvoir corrompre à bas échelle.
00:26:50Il y a également au niveau de la pénitentiaire.
00:26:51On a eu aussi pas mal de surveillants pénitentiaires
00:26:55qui ont fait l'objet d'enquêtes.
00:26:57On a eu pas mal d'enquêtes dans ce sens-là.
00:26:59Ensuite, il y a aussi tout ce qui concerne les douaniers.
00:27:01On a eu aussi des affaires concernant des douaniers, des dockers.
00:27:03Donc oui, forcément, il y a cette corruption qui est latente,
00:27:07qui est à l'état embryonnaire et qui est plutôt de basse intensité aujourd'hui,
00:27:10mais sur laquelle il faut vraiment avoir un œil vigilant
00:27:13pour éviter justement qu'elle atteigne des niveaux extrêmement importants
00:27:17au niveau de la hiérarchie.
00:27:19C'est plus le cas aujourd'hui qu'il y a 10-20 ans.
00:27:22Vous sentez que c'est un phénomène qui s'accroît, qui prend de l'ampleur ?
00:27:25Quand vous lisez les deux rapports des deux inspections,
00:27:26oui, il y a un signe d'augmentation.
00:27:31Avant, on faisait passer des fiches.
00:27:33Ça a toujours existé, mais pas à des niveaux comme ça,
00:27:35où justement les narcotrafiques ont toujours...
00:27:38De toute façon, ils ont une logique commerciale.
00:27:39Donc qu'est-ce qu'ils vont faire ?
00:27:40Ils vont essayer d'avoir des gens qui vont leur servir dans leur narcotrafic.
00:27:44Donc ils vont aller chercher des policiers, des gendarmes, des douaniers
00:27:48qui vont pouvoir les renseigner,
00:27:50qui vont pouvoir justement, pour éviter que leur business puisse tomber.
00:27:54Ça nous renvoie évidemment à cette fameuse commission d'enquête
00:27:56auxquelles avaient participé des magistrats marseillais,
00:27:58qui alertaient déjà sur ce phénomène de corruption.
00:28:01Si vous avez une règle de droit qui vous empêche d'agir
00:28:04et un logiciel qui est grippé de l'intérieur,
00:28:06avec certains qui sont tentés maintenant peut-être d'accepter des pots de vin,
00:28:10ça devient très compliqué d'agir concrètement sur le terrain.
00:28:13C'est vrai que la corruption et le risque de la corruption,
00:28:15c'est une bascule de plus dans l'ampleur, on va dire,
00:28:18et l'emprise surtout du trafic de drogue sur le pays, c'est une certitude.
00:28:22En effet, les magistrats, là encore une fois, l'avaient évoqué devant le Sénat.
00:28:24C'est d'ailleurs le point sur lequel Éric Dupond-Moretti était le plus énervé.
00:28:28Il avait parlé de propos délétères sur ce point en particulier
00:28:31à l'adresse du procureur à Marseille.
00:28:35Ils évoquaient en effet ces différents stades de corruption.
00:28:38Il y a deux manières, on va dire, de constater la corruption
00:28:41dans les affaires qui sont devant la justice.
00:28:43Comme ça, on parle de dossiers qui existent et qui sont devant la justice.
00:28:47Vous l'avez évoqué, il y a beaucoup de métiers,
00:28:48des greffiers également qui ont été interpellés pour ça, des élus également.
00:28:53Et il y a deux sortes, c'est-à-dire qu'il y a en effet le policier,
00:28:57par exemple, qui passe un fichier, qui prend un peu d'argent,
00:29:00qui rehausse un salaire qui est très faible pour un métier qui est en plus...
00:29:03Quand on passe notre vie à dire, non seulement les policiers sont mal payés,
00:29:06mais en plus leur métier perd tout son sens, attention aussi.
00:29:10Attention parce que quand vous avez un métier, initialement vocation,
00:29:14que vous acceptez donc par amour de votre métier d'être payé
00:29:17assez faiblement par rapport à ce que vous faites,
00:29:19et qu'en plus on vous retire les raisons de cette passion dans votre métier,
00:29:24vous n'avez plus vraiment de raisons de résister.
00:29:25Donc ça, c'est vrai que c'est une inquiétude que nous devrions tous avoir.
00:29:29Et par ailleurs, puisqu'on parlait des dockers,
00:29:32souvenez-vous de cette affaire en 2020,
00:29:33d'un docker qui avait été assassiné par les trafiquants.
00:29:36Pourquoi ? Parce qu'il lui demandait des services de plus en plus forts.
00:29:38Il a fini par dire, OK, moi, c'est bon, j'arrête. Et ils l'ont tué.
00:29:41Donc la corruption, c'est aussi des gens extrêmement puissants financièrement,
00:29:45mais puissants tout court et notamment dans le recours à la violence.
00:29:48Quand ils viennent vous approcher et qu'ils vous disent, tu vas faire ça,
00:29:51certes, ils vous donnent de l'argent, mais ils vous menacent en même temps.
00:29:53Donc la corruption, elle peut être aussi...
00:29:55Vous pouvez avoir des gens qui se livrent à la corruption,
00:29:58qui sont eux-mêmes victimes de ces trafiquants.
00:30:00Donc c'est évidemment une inquiétude immense que nous devons avoir.
00:30:03Et c'est plutôt bienvenu que le ministre de l'Intérieur
00:30:06la prenne à bras le corps lui-même et évite de mettre ce sujet-là encore sous le tapis.
00:30:10Il parle, le ministre de l'Intérieur, de mexicanisation.
00:30:15Donc c'est un terme, évidemment, qui a fait beaucoup réagir.
00:30:17Mais en fait, en clair, qu'est-ce qui nous sépare aujourd'hui du Mexique ?
00:30:21C'est notamment la corruption à haute échelle.
00:30:23Désormais, on a le même ministre de l'Intérieur qui nous dit,
00:30:25attention, ça s'étend, c'est en train de s'étendre dans nos administrations.
00:30:29On est allé plonger justement parce qu'il y a une délégation mexicaine.
00:30:31Il se trouve qu'une délégation mexicaine était de passage à Paris
00:30:33au mois de mai dernier, au avril dernier.
00:30:36Et le parquet de Paris, on avait fait la communication sur ces réseaux.
00:30:40Et à l'époque, déjà, c'est professionnel.
00:30:42Donc une délégation mexicaine avait alerté.
00:30:44La France est à un seuil pour prendre des mesures
00:30:46et ne pas commettre les mêmes erreurs au Mexique.
00:30:48Il y a des menaces de mort qui se traduisent par des actes.
00:30:50Cela modifie la manière de travailler.
00:30:52Il faut protéger les magistrats.
00:30:53Premier avertissement.
00:30:55Et voilà ce que disait cette délégation.
00:30:56La France peut encore proposer des modifications législatives
00:30:58et donner plus de pouvoir au parquet, à la police, aux juges
00:31:01pour intervenir de manière efficace.
00:31:03Des peines plus fortes sont nécessaires.
00:31:06Une délégation mexicaine qui, pour le coup, Alexandre, sait de quoi elle parle.
00:31:09Le Mexique, on ne va pas épiloguer sur ce sujet,
00:31:11mais c'est un pays qui est gangréné par la corruption et par le trafic de drogue.
00:31:15Quand vous avez une délégation mexicaine qui vient en France et dit,
00:31:17attention, ne reproduisez pas les mêmes erreurs et que rien n'est fait depuis,
00:31:20ça a de quoi nous alerter là aussi.
00:31:22Oui, alors les chantiers, ça ne va pas se faire en deux jours.
00:31:25Mais effectivement, on n'avait pas le sentiment jusqu'ici
00:31:30qu'il y avait un volontarisme politique à la hauteur de la situation.
00:31:35Ce que nous dit cette délégation, c'est que la France est à un point de bascule en réalité.
00:31:40Donc, je ne sais pas si on peut inverser la tendance très rapidement,
00:31:47mais essayons au moins, ça devrait être la mission de Bruno Retailleau,
00:31:50mais aussi du ministre de la Justice et ça devrait être même jusqu'au sommet de l'État,
00:31:55d'éviter de glisser justement vers un scénario à la mexicaine.
00:32:00Ce serait déjà bien.
00:32:03En tout cas, on n'a peut-être pas la corruption organisée,
00:32:05mais on commence à avoir des méthodes qu'on ne voyait pas en France,
00:32:10les kidnappings, les sicarios très jeunes de 14 ans.
00:32:15Les sicarios, c'est les tueurs à gage de 14 ans.
00:32:18C'est quelque chose, même si on voyait des choses ultra violentes.
00:32:20Vous voyez des choses ultra violentes dans certaines cités.
00:32:24On ne voyait pas tout ça.
00:32:25Donc, on voit bien qu'on est à la croisée des chemins
00:32:29et que c'est le moment ou jamais pour ne pas faire que ce pays sombre totalement
00:32:36dans la tiers mondialisation, je dirais.
00:32:38On est à la croisée des chemins.
00:32:40Bruno Retailleau appelle à en faire une grande cause nationale.
00:32:42Et pourtant, le consensus politique sera impossible à trouver,
00:32:45y compris au sein du gouvernement.
00:32:46On en a parlé, mais aujourd'hui, à l'Assemblée,
00:32:48c'est impossible de trouver un consensus sur ce sujet.
00:32:51Alors même qu'on l'a vu, les victimes de ce trafic sont des gens modestes.
00:32:54On va voir comment la gauche devrait aussi se passer.
00:32:56Mais si vous voulez, le problème, c'est que le rythme de progression
00:32:59du phénomène mafieux, je veux dire, est tellement rapide
00:33:02et la capacité de l'État à s'organiser est tellement lente
00:33:05qu'encore une fois, vous avez une asymétrie qui rend le combat
00:33:08extrêmement difficile pour les pouvoirs publics.
00:33:11C'est ça la difficulté fondamentale à laquelle, finalement, on est confronté.
00:33:14Finalement, moi, ce qui me frappe dans cette affaire,
00:33:17c'est que c'est pour la première fois peut-être en France,
00:33:19le milieu a toujours existé en France.
00:33:21Mais j'allais dire, il fonctionnait presque de manière artisanale
00:33:24par rapport à ce que nous sommes en train de vivre aujourd'hui.
00:33:27Finalement, on a une forme d'industrialisation du phénomène mafieux.
00:33:30C'est ça qui est très frappant aujourd'hui dans ce phénomène-là.
00:33:33Et finalement, pour la première fois, le phénomène mafieux
00:33:36devient véritablement un sujet politique en France,
00:33:38comme il l'a été en Italie dans les années 50, 60, 70.
00:33:42Alors, les Italiens ont apporté des réponses à ce phénomène-là.
00:33:46Est-ce que nous, nous serons capables d'apporter ces réponses ?
00:33:48Bon, on en parlait, j'allais dire, hors plateau tout à l'heure.
00:33:51Mais je veux dire, bon, il y a un certain nombre de grandes figures,
00:33:53notamment dans le domaine de la magistrature en Italie,
00:33:56qui l'ont parfois payé de leur vie.
00:33:57Je pense aux juges Falcone qui ont, j'allais dire, sonné à l'époque
00:34:02la mobilisation générale du pouvoir italien.
00:34:05Sachant que le pouvoir italien était aussi, il faut s'en souvenir,
00:34:09je veux dire, parfois, pour un certain nombre de ses membres,
00:34:14étroitement lié à la mafia.
00:34:16Ne l'oublions pas aussi.
00:34:18Mais ce qu'il y a de nouveau, en effet, alors on parle de l'administration.
00:34:21Ce que dit, à mon avis, ce que dit Camerotaio est très important.
00:34:24C'est vrai que c'est la première fois qu'un ministre de l'Intérieur,
00:34:27je veux dire, met le doigt sur un phénomène.
00:34:28– D'accord, j'ai jamais entendu un ministre de l'Intérieur dire ça.
00:34:30– Non, le rapport sénatorial le dit, mais c'est la première fois
00:34:34qu'on l'entend, en effet, un ministre de l'Intérieur le dire
00:34:37et mettre le doigt sur le sujet.
00:34:39Donc de ce point de vue-là, c'est capital parce qu'on est quand même
00:34:42dans un phénomène qui, pour l'instant, est encore à bas bruit.
00:34:45Je veux dire, vous l'avez parfaitement expliqué.
00:34:47Mais la vérité, c'est qu'il va falloir que l'on puisse apporter
00:34:51des réponses très rapidement.
00:34:52Le problème, c'est que Camerotaio va être attendu sur des réponses rapides.
00:34:56Et la vraie question, c'est de savoir, a-t-il les moyens
00:34:59d'apporter des réponses rapides ? Moi, j'en doute.
00:35:01– En tout cas, on voit qu'à l'échelle nationale, évidemment,
00:35:03le phénomène prend de l'ampleur.
00:35:04C'est le JDD qui a révélé les chiffres du nombre de domiciles
00:35:08et de tentatives d'homicides au premier semestre 2024.
00:35:10182 ont été recensés.
00:35:14On voit donc que ça s'étend et ça touche désormais des villes
00:35:17qui, jusque-là, étaient relativement épargnées.
00:35:19Ça a été le cas à Poitiers, jeudi soir.
00:35:21Il y a eu une fusillade qui a fait au moins cinq blessés.
00:35:24On va regarder ce sujet signé Adrien Fontenot.
00:35:28– C'est une fusillade aussi soudaine que violente.
00:35:31Tard dans la soirée de jeudi, plusieurs coups de feu sont tirés
00:35:34sur une place centrale de la ville de Poitiers.
00:35:36Un restaurant est ciblé.
00:35:38Cinq adolescents âgés de 15 à 16 ans sont blessés par balle.
00:35:41– Le tireur se serait livré à la vente de produits stupéfiants
00:35:45sur le secteur des couronneries dans les jours précédents.
00:35:47Une perquisition réalisée ce jour à 6 heures dans une habitation
00:35:51sur la commune de Poitiers a permis de découvrir sept munitions
00:35:56de calibre .22 Long Rifle ainsi que des éléments partiels
00:36:00d'une arme démontée.
00:36:01Ce logement, donc celui qui a été perquisitionné,
00:36:04aurait été occupé par un homme présent depuis quelques semaines sur Poitiers.
00:36:07– Un règlement de compte et une RICS impliquant une centaine de personnes
00:36:11selon les premiers éléments.
00:36:12Des témoins présents sur place et soupçonnés d'être proches de l'assaillant
00:36:16ont été interpellés par les forces de l'ordre.
00:36:18Pour beaucoup à Poitiers, le désarroi l'emporte sur le choc.
00:36:22– On n'est pas dans la meilleure ville de France, mais on vit heureux.
00:36:25Avec le temps que ça se dégrade comme ça, c'est triste.
00:36:29Se faire tirer dessus alors qu'on va faire ses courses,
00:36:31on va chercher sa baguette de pain, on n'est plus en sécurité.
00:36:35Même en 2024, on sort de chez soi pour aller chercher une baguette de pain,
00:36:37on n'est plus en sécurité.
00:36:39– Des renforts de la CRS 8 et CRS 84 ont été déployés ce vendredi.
00:36:44Le parquet a ouvert une enquête pour tentative d'homicide.
00:36:48– La ville de Poitiers, donc, touchée par cette fusillade,
00:36:51la maire de la ville s'est exprimée et elle dit que sa ville
00:36:55est pourtant relativement calme d'habitude, écoutez.
00:37:00– Poitiers est une ville plutôt calme, historiquement plutôt épargnée
00:37:04par les violences extrêmes de ce type-là, liées au trafic de drogue.
00:37:07Et le fait que des événements aussi violents aient désormais lieu
00:37:11dans des villes comme Poitiers, ça montre bien combien le problème
00:37:14lié au trafic se développe partout en France et touche des territoires
00:37:17jusqu'à présent plutôt tranquilles.
00:37:19Et donc, il faut renoncer à l'idée de croire qu'il y a une baguette magique
00:37:23et que la solution est simple.
00:37:27– Est-ce qu'il n'y a pas aussi une forme de déni de certains responsables politiques ?
00:37:30– Non mais il n'y a jamais de solution.
00:37:32– Les politiques locaux notamment ?
00:37:33– C'est ça le problème, c'est que vous avez un discours
00:37:34qui est un discours de politique qui devrait avoir un discours volontariste
00:37:37parce que quand on fait de la politique, c'est pour changer les choses
00:37:39et maîtriser les événements et vous entendez des politiques
00:37:42qui vous disent non, finalement, il n'y a pas fondamentalement
00:37:45de solution et de solution rapide.
00:37:46– On a entendu Éric Piolle, par exemple, maire de Grenoble,
00:37:48donner des leçons justement à Bruno Retailleau,
00:37:50alors même que sa ville est loin d'être exemplaire.
00:37:52– Il faut comprendre que ce discours qui est tenu par un certain nombre d'élus
00:37:55est totalement inaudible pour ceux qui sont, finalement,
00:37:57les principales victimes de ce dont on est en train de parler.
00:38:02Je veux dire, les gens ne vont pas voter pour que leurs élus leur disent
00:38:06non, on ne peut rien faire, qu'on ne s'étonne pas
00:38:08qu'il y ait une crise démocratique dans ce pays,
00:38:10ça me paraît la moindre des choses.
00:38:12Mais donc oui, il y a une forme de fatalité,
00:38:14mais cette fatalité, elle relève aussi du déni vraisemblablement
00:38:18parce qu'on ne veut pas traiter véritablement les causes du problème.
00:38:22– Quand vous êtes maire d'une ville et que vous refusez
00:38:24de mettre de la vidéosurveillance, que vous refusez d'armer
00:38:26votre police municipale, il ne faut pas s'étonner derrière
00:38:29que la délinquance augmente, on pense à la ville de Grenoble bien sûr,
00:38:32mais c'est le cas dans d'autres villes qui ont basculé
00:38:35d'un certain bord politique aux dernières élections municipales.
00:38:38– Mais je pense que de toute façon, la problématique sécuritaire,
00:38:40de sécurité, elle doit transcender, il n'y a pas de gauche, de droite,
00:38:43de parti politique, la première des libéralistes…
00:38:45– En tant que cas, malheureusement, dans les faits.
00:38:47– Mais je veux dire, la sécurité, elle doit faire consensus.
00:38:49Là, le ministre nous dit, on est en guerre,
00:38:51mais tout le monde doit mener une guerre,
00:38:52la guerre ne se mène pas que par certains, on dit c'est une cause nationale,
00:38:55mais la cause nationale, elle doit justement engager toute la nation,
00:38:59elle ne doit pas engager en fonction de son considération politique.
00:39:03Là, c'est vrai, les premières victimes, ce sont les gens qui vivent
00:39:07dans des quartiers modestes, donc la sécurité…
00:39:10– Ça devrait transcender les partis, ça devrait intéresser beaucoup de gens.
00:39:13– On ne peut même pas sortir, il n'y a même plus la liberté de circuler,
00:39:16donc il y a quand même une vraie question.
00:39:18Mais à côté de ça, je veux dire, quand on est pour la police,
00:39:21moi, hier, le ministre n'a pas évoqué aussi la problématique de la procédure pénale.
00:39:26La procédure pénale, elle est centrale, quand on me dit, on va…
00:39:29– C'est un collègue de la justice qui devrait se protéger.
00:39:30– Oui, mais quand on me dit, à chaque fois qu'on fait une réforme,
00:39:33on va simplifier, mais ça me fait toujours peur,
00:39:34parce que généralement, c'est encore plus complexe qu'avant.
00:39:36Et en plus de ça, on nous impose des nouvelles obligations.
00:39:40Récemment, on a un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne
00:39:43concernant la possibilité…
00:39:45Aujourd'hui, il faut demander l'autorisation d'un magistrat indépendant
00:39:49pour pouvoir exploiter un téléphone portable.
00:39:51Et la justice européenne considère que le procureur n'est pas un magistrat indépendant.
00:39:55Donc, ça rajoute encore plus, sans compter qu'on a eu aussi
00:39:58la fin du délai de carence des avocats.
00:40:00C'est-à-dire qu'avant, vous aviez…
00:40:02au bout de deux heures, l'avocat ne venait pas,
00:40:04l'officier policier, pouvait auditionner la personne qu'il avait en garde à vue.
00:40:07Aujourd'hui, on ne peut pas, sauf autorisation expresse
00:40:09et motivée du Procureur de la République.
00:40:11Donc, on en est là aujourd'hui.
00:40:12– On a tellement de freins dans les procédures.
00:40:14– Mais totalement, on nous rajoute à chaque fois.
00:40:15En fait, face à nous, on a des narcotrafiquants qui roulent dans une Ferrari
00:40:18et nous, on roule dans une deux-chevaux.
00:40:19En gros, c'est ça.
00:40:21– Le sujet du narcotrafic, pour finir sur ce sujet,
00:40:23va s'inviter au Congrès des maires de France.
00:40:26C'est ce qu'on a appris il y a quelques jours.
00:40:27Et David Lysnard, le président de l'AMF, a justement publié une tribune
00:40:31dans les colonnes du Figaro.
00:40:33Il appelle justement à lui aussi un sursaut.
00:40:36On va découvrir ses réflexions.
00:40:39Aujourd'hui, seuls 25% des procédures pénales aboutissent,
00:40:41et vous en parliez, et parmi elles, à peine 30% se soldent
00:40:44par des peines d'emprisonnement effectif.
00:40:46Ce laxisme judiciaire ne fait qu'encourager la récidive,
00:40:49dit David Lysnard.
00:40:51Et donc, le sujet est aussi un sujet pour les maires,
00:40:54parce qu'ils sont eux-mêmes confrontés à ces situations-là.
00:40:57Est-ce qu'on peut agir quand on est maire, Alexandre ?
00:40:59Finalement, sans les moyens de l'État, c'est compliqué,
00:41:00parce que finalement, vous pouvez armer votre police municipale,
00:41:04mais ça s'arrête à partir de là.
00:41:05– Je pense que c'est compliqué.
00:41:06Ce n'est pas tant qu'on peut agir,
00:41:07c'est aussi qu'on peut éviter d'agir par la négative.
00:41:12J'allais dire, puisqu'on parlait de corruption,
00:41:14il y a eu une forme de clientélisme chez les maires qui a été délétère.
00:41:20Donc déjà, éviter les compromissions avec les voyous,
00:41:25quels qu'ils soient, ce serait déjà un progrès.
00:41:29Ensuite, on sait ce qu'on peut faire en matière de sécurité,
00:41:32mettre des caméras de sécurité, mettre une police municipale,
00:41:34mais face aux narcotrafiquants, ce n'est pas ça qui va régler la question.
00:41:37Donc les maires ont effectivement besoin du soutien de l'État,
00:41:42et c'est une question qui est nationale et pas une question locale.
00:41:46Donc pour le coup, ce qu'on demande aux maires,
00:41:50c'est de ne pas encourager la délinquance,
00:41:53ce que certains font par idéologie ou par clientélisme électoral.
00:41:58– Ou par peur.
00:42:00– Aussi.
00:42:01– Non mais c'est à double tranchant,
00:42:02et là aussi, l'État doit permettre aux maires de ne pas abandonner.
00:42:05Je dis ça à dessein, parce que vous vous souvenez de l'affaire de Canteleux.
00:42:09Donc la maire de Canteleux, qui a été jugée très récemment
00:42:14avec son adjoint, qui lui a été condamnée, elle a été relaxée.
00:42:18Alors le parquet a fait appel, je ne vais pas commenter la décision,
00:42:20mais en gros, elle était devant le tribunal pour, justement,
00:42:25accommodement avec la famille de trafiquants qui régnait sur sa petite ville.
00:42:30Et elle expliquait, elle dit, mais attendez, en fait, ils gèrent tout.
00:42:35Ils gèrent tout, ils sont plus puissants que tout le monde, que le maire, évidemment.
00:42:38Et moi, en fait, ils sont venus me menacer, moi et mes enfants.
00:42:41Ils ont mon adresse, ils savent où j'habite.
00:42:43Donc j'ai discuté avec eux.
00:42:45Bon, après, moi, je ne suis pas en mesure, je n'ai pas tout le dossier,
00:42:48je ne suis pas en mesure de discerner ce qui relève du mensonge ou pas.
00:42:50Mais il faut entendre ça aussi.
00:42:52Quand je disais tout à l'heure, la corruption, elle est de deux ordres.
00:42:54Soit elle est volontaire de la part de la personne corruptible,
00:42:58soit elle se fait par crainte parce que, précisément, un état défaillant,
00:43:01c'est aussi un risque de corruption accru,
00:43:03puisque vous ne pouvez plus protéger les personnes
00:43:06qui, éventuellement, se tourneraient vers vous plutôt que vers les trafiquants.
00:43:10Ça, c'est une véritable inquiétude aussi.
00:43:13Et là, on voit, dans la maire qui vient de vous parler,
00:43:16il y a deux choses. Il y a en effet le fatalisme.
00:43:18Parce qu'elle dit, historiquement, c'est une ville calme.
00:43:21Ça, on est d'accord, on est tous en train de s'inquiéter d'un basculement.
00:43:24Oui, c'était la France, de manière générale.
00:43:27Historiquement, on n'a pas toujours été touchés par le trafic de drogue.
00:43:30Ce n'est pas comme les champignons, on ne se passe pas spontanément au trafic de drogue.
00:43:32Il y avait évidemment des causes qui ont apporté ce trafic-là.
00:43:36Donc, il faut les identifier.
00:43:37Et donc, derrière, elle dit, attention, il n'y a pas de solution magique.
00:43:40Personne n'a parlé de solution magique, me semble-t-il.
00:43:42Donc, c'est aussi une manière de dire, c'est très compliqué de lutter.
00:43:45C'est vrai.
00:43:46Mais quand vous entrez dans le détail en disant, bon, écoutez,
00:43:48on a identifié ça, ça, ça, il faut le changer.
00:43:50Là, ça ne devient plus du fatalisme.
00:43:52C'est une guerre idéologique qui se met en place
00:43:54parce qu'on ne veut pas changer notre manière de concevoir les droits de la défense,
00:43:59qui, évidemment, rendent la procédure toujours plus complexe, semaine après semaine.
00:44:03Est-ce que vous évoquiez les nouveaux changements ?
00:44:05Parce que tout le monde veut simplifier la procédure.
00:44:07Mais quand on rentre dans le dur,
00:44:09tous les changements se font dans un sens de complexification absolument lunaire.
00:44:13Je vous assure, quand vous rentrez dans le...
00:44:16Enfin, vous, vous connaissez évidemment ça par cœur.
00:44:18Mais nous, quand on commence à travailler là-dessus et que vous essayez de comprendre
00:44:21et que vous demandez soit à des magistrats, soit à des policiers,
00:44:24c'est quoi le détail ?
00:44:25Mais vous ne le croyez pas, mais je vous assure, vous ne le croyez pas.
00:44:29Vraiment, on est arrivé à un stade de délire procédural complètement fou.
00:44:36On ne se donne plus les moyens, donc, de réagir.
00:44:37Mais sur l'échelle des maires aussi, il y a des fois, parfois, des quartiers
00:44:40où, finalement, les réseaux se substituent à l'autorité du maire.
00:44:45Je me rappelle de l'exemple de Cavaillon.
00:44:47Ils avaient installé une sorte de fête de village dans un quartier.
00:44:50Effectivement, ils font vivre à Dijon également.
00:44:53Quand l'État n'assure plus la mission, qui est la mission quasiment anthropologique,
00:44:57qui est la sienne, c'est-à-dire d'assurer la sécurité,
00:44:59je rappelle que c'est ça, on l'oublie, on l'oublie.
00:45:04C'est d'abord d'assurer la sécurité et de permettre à une société
00:45:07de vivre à peu près en paix et de manière apaisée.
00:45:09Lorsque l'État n'assure plus cette mission ou ne peut plus assurer cette mission,
00:45:13vous avez des contre-modèles, vous avez des contre-sociétés qui surgissent.
00:45:16Donc, c'est presque un recul, ce n'est pas presque, c'est un recul civilisationnel.
00:45:20Parce que l'État et la civilisation, ça va de pair.
00:45:23Donc, c'est ce à quoi nous assistons.
00:45:25C'est ce à quoi nous voyons se développer dans un certain nombre de quartiers.
00:45:28Vous avez des contre-sociétés qui se substituent en effet à l'État
00:45:32et qui imposent leurs propres lois, ce qu'on a appelé les territoires perdus de la République.
00:45:36Ça a été parfaitement documenté il y a 25 ans par Georges Bensoussan.
00:45:39Et ça a été le cas à Poitiers, vous le voyez bien.
00:45:42Donc, c'est un vrai sujet.
00:45:45Moi, je pense qu'en effet, il y a une responsabilité quand même des politiques
00:45:47dans ce pays depuis 30 ans de ne pas avoir pris à bras le corps ce problème
00:45:52pour toutes les raisons qu'on a évoquées, des raisons techniques, des raisons idéologiques
00:45:57qui ont très souvent, en effet, inhibé l'action publique, l'ont empêchée volontairement.
00:46:04Mais je crois qu'aujourd'hui, on est, et de ce point-là, Rotaïou a parfaitement raison,
00:46:08je ne suis même pas sûr qu'on soit à un point de bascule.
00:46:10Je crains qu'on ait déjà basculé, en l'occurrence, dans un certain nombre de territoires.
00:46:15Parce que ce qui est quand même très frappant, on parle de Poitiers,
00:46:17mais si vous voulez, c'est cette extension géographique du sujet.
00:46:21Je le disais, avant c'était Grenoble, Afrique-Britannique, Marseille.
00:46:23Il y a un écrivain sicilien que j'aime beaucoup qui s'appelait Leonardo Sciaccia,
00:46:27qui a beaucoup écrit sur la mafia et qui, dans les années 70-80, expliquait
00:46:31comment le phénomène mafieux s'était progressivement répandu sur l'ensemble de l'Italie.
00:46:36Il avait une très belle formule, il disait « la ligne du palmier n'a cessé de monter en Italie ».
00:46:41Parce que la Sicile était quelque part le cœur, j'allais dire, le réacteur nucléaire du phénomène mafieux,
00:46:47la Sicile et Naples notamment.
00:46:49On a un peu ce phénomène aujourd'hui en France, alors de manière très différente,
00:46:53dans une société qui est très archipélisée, mais on voit bien qu'il y a des territoires
00:46:57dont on n'aurait jamais imaginé il y a 20 ans, il y a 30 ans,
00:47:00qui deviennent le lieu de ce à quoi nous assistons, je pense notamment à Poitiers,
00:47:04mais il y en a plein d'autres, et parfois des toutes petites villes.
00:47:08Justement, oui, sur Poitiers, parce que Arnaud expliquait qu'il y avait une régression,
00:47:14que l'État devait assurer la sécurité.
00:47:16Ce qu'on a commencé à voir à Poitiers, c'est que l'entourage de la victime,
00:47:21ou la famille de la victime, a tenté d'identifier elle-même le tireur,
00:47:28et a essayé de se faire justice elle-même.
00:47:30Donc c'est l'étape d'après, ou alors il y a une autre étape d'après,
00:47:35puisqu'on dit qu'on est en guerre, et ça a été d'ailleurs, je crois, le cas au Mexique,
00:47:39c'est de recourir à l'armée.
00:47:41Mais là, on serait vraiment dans une situation de guerre civile.
00:47:46C'est pas souhaitable, même si les Français le réclament.
00:47:48C'est pas souhaitable, et surtout, on n'a pas essayé tout le reste avant,
00:47:51c'est ça qui est dramatique.
00:47:52Dans quelques instants, on ira à Rieux-la-Pape,
00:47:54où il y a eu des violences pour la deuxième nuit consécutive,
00:47:57et le pire, c'est qu'on ne sait pas véritablement pourquoi.
00:47:59On en parle juste après la pause.
00:48:05De retour dans l'heure des pros,
00:48:07on fait tout de suite un point sur l'information avec vous,
00:48:09Adrien Spiteriro, bonjour.
00:48:10Bonjour Thomas, et bonjour à tous.
00:48:12Nouvelle nuit de violences à Rieux-la-Pape, près de Lyon.
00:48:15Deux bus ont été incendiés, un policier a été blessé à la tête par un projectile.
00:48:19Il a été transporté à l'hôpital.
00:48:21Une vingtaine de personnes sont à l'origine de ces violences.
00:48:24Pour sécuriser le secteur, des CRS ont été envoyés sur place.
00:48:27Vous en parlerez dans un instant, Thomas.
00:48:29Les États-Unis annoncent de nouveaux déploiements militaires au Moyen-Orient.
00:48:32Le Pentagone annonce qu'ils devraient arriver sur place
00:48:35dans les prochains mois pour la défense d'Israël.
00:48:37Ce déploiement est à prendre comme un avertissement
00:48:40pour l'Iran, précise un communiqué.
00:48:42Aux États-Unis, toujours dernière ligne droite pour les deux candidats à la présidentielle.
00:48:46Kamala Harris et Donald Trump poursuivent leur campagne à Milwaukee.
00:48:49A noter qu'à l'approche du scrutin, la ville de Washington se barricade.
00:48:53Elle se prépare à d'éventuelles violences à l'annonce des résultats.
00:48:57Merci beaucoup, cher Adrien.
00:48:59On est toujours avec Alexandre Devecchio, Charlotte Dornelas,
00:49:01Arnaud Benedetti et Anand Bakhioui qui m'accompagnent ce matin.
00:49:05Vous en parliez donc à Rieux-la-Pape,
00:49:07une ville pas très loin de Lyon,
00:49:10a été touchée par de nouvelles nuits de violences,
00:49:13la deuxième nuit consécutive.
00:49:15Et la véritable interrogation, c'est qu'on ne sait pas
00:49:17véritablement pourquoi il y a eu ces violences.
00:49:20Regardez ce sujet de la rédaction et puis on en parle juste après.
00:49:24Une épaisse fumée noire s'élève dans ce quartier de Rieux-la-Pape près de Lyon.
00:49:29Deux bus dévorés par les flammes.
00:49:32Une vingtaine d'individus seraient à l'origine de ces dégradations.
00:49:37Un policier intervenu sur place a été légèrement blessé à la tête par un projectile.
00:49:42Les incendies se sont déclenchés aux alentours de 21h ce vendredi
00:49:46pour une deuxième nuit de violences dans la commune.
00:49:49Les autorités ont annoncé la mise en place d'un dispositif renforcé ce week-end.
00:49:54Des renforts CRS sont déployés dès ce soir à Rieux
00:49:57et seront mobilisés ce week-end aux côtés des effectifs
00:50:00de la police nationale et de la police municipale.
00:50:03Des investigations sont en cours pour retrouver les auteurs de ces violences.
00:50:08Vous avez donc une vingtaine de jeunes qui décident de brûler des bus,
00:50:11qui lancent des projectiles contre les policiers.
00:50:13Il y a eu un policier qui a été légèrement blessé.
00:50:15La préfecture a tweeté à ce sujet quelques informations,
00:50:19notamment je crois sur le dispositif de sécurité.
00:50:22La préfète condamne fermement les violences criminelles commises ce soir,
00:50:25apporte son soutien aux policiers blessés, aux agents et aux habitants.
00:50:28La préfète déléguée à la sécurité s'est rendue sur place avec le maire.
00:50:32Deuxième communication, des renforts CRS ont été envoyés.
00:50:35Des investigations sont en cours pour retrouver les auteurs.
00:50:38On ne sait pas pourquoi il y a eu ces violences.
00:50:40On ne sait pas pourquoi une vingtaine de jeunes se met à brûler un bus,
00:50:44à jeter des projectiles sur les policiers.
00:50:46C'était la nuit d'Halloween.
00:50:48Peut-être qu'Halloween va se rajouter aux dizaines de prétextes
00:50:51qui sont trouvés pour provoquer des violences.
00:50:54Il y a le Nouvel An, le 14 juillet, certains matchs de foot.
00:50:57Il y a d'autres raisons.
00:50:59C'est déjà plus adapté.
00:51:01C'est quand même terrible de se dire qu'on a un policier qui est blessé,
00:51:05heureusement pas trop gravement.
00:51:07Malgré tout, on a des violences, sans qu'on ne sache pourquoi,
00:51:10d'un coup, ça prend à ces jeunes de brûler des bus.
00:51:13Vous le disiez, il y a les grandes traditions,
00:51:17les traditions nouvelles.
00:51:19On s'est habitué malheureusement.
00:51:21La nuit a été calme, 700 voitures brûlées.
00:51:23C'est quand même une habitude assez originale.
00:51:26Ça, c'est pour le 31 décembre en général.
00:51:29Mais honnêtement, il y a des endroits dans lesquels c'est tous les soirs.
00:51:33Ça se distribue, c'est régulier.
00:51:35Les policiers vous disent qu'ils sont engagés pour ce genre de mini émeutes.
00:51:39Et pour brûler, il faut peu de choses.
00:51:42C'est un copain qui a été interpellé.
00:51:44C'est une gare d'abus qui s'est prolongée.
00:51:46C'est le quartier d'en face, un gamin au lycée qui est sorti
00:51:51et qui a piqué le goûter du gars du territoire d'à côté.
00:51:57Là, je caricature un petit peu.
00:51:59Mais parfois, vous avez des raisons de la colère qui s'expriment
00:52:03qui sont quasi inexistantes.
00:52:06En tout cas, elles ne peuvent pas expliquer pour un cerveau rationnel
00:52:10ce qui est en train de se passer.
00:52:12Et peut-être tout simplement s'ennuyer.
00:52:14C'est là où j'allais en venir, la fameuse oisiveté.
00:52:17On s'ennuie qu'il n'ait pas brûlé un bus quand il s'ennuyait.
00:52:23Je me souviens, mes parents me disaient quand j'étais petite
00:52:26que c'était très bien.
00:52:28Imagine, trouve-toi un jeu.
00:52:31Ils ont trouvé leur jeu.
00:52:33Il est temps d'y mettre un terme.
00:52:36C'est quand même terrible de se dire que l'ennui peut être une raison avancée.
00:52:40Peut-être à raison, je ne sais pas.
00:52:42Elle a été avancée par le président de la République.
00:52:45Peut-être que c'est réellement ça qui les pousse à commettre des violences.
00:52:48Je crois que c'est encore pire d'imaginer ça.
00:52:51Je ne rejoins pas le président de la République sur l'oisiveté.
00:52:54Mais là où il avait raison, c'est qu'on est dans un processus
00:52:57de décivilisation et de tribalisation.
00:52:59En réalité, on a des réflexes tribaux avec un nouveau type de rite.
00:53:03Ce n'est pas de faire un feu, mais de brûler une voiture.
00:53:09C'est ça qu'on est en train de voir avec des individus
00:53:14qui sont dans des espèces de bandes et qui pratiquent la violence
00:53:19pour souder la bande, pour aussi défier l'État.
00:53:23Je crois qu'il y a de ça.
00:53:25Il y a une forme de haine de l'État, de la France,
00:53:28qui est exprimée à travers ces violences gratuites
00:53:31pour marquer son propre territoire.
00:53:33C'est ce processus-là que nous sommes en train de vivre.
00:53:37Je crois qu'il faut d'abord bien l'analyser.
00:53:40Ensuite, il faut justement une réponse de l'État.
00:53:44On est en train de débattre du budget,
00:53:46s'il faut telle ou telle ligne budgétaire pour tel ou tel sujet.
00:53:51Je crois que c'est une politique comptable
00:53:53qui n'est pas du tout à la hauteur de la situation.
00:53:55On aurait besoin de moyens, d'une vision à long terme
00:53:59pour résoudre ces problèmes-là, qui devraient être au cœur
00:54:02des discussions parlementaires aujourd'hui.
00:54:04Et qui coûtent cher.
00:54:05Au moins, si l'argent pouvait être bien utilisé.
00:54:07On a vu tout à l'heure à quel point
00:54:08on avait justement des dysfonctionnements internes.
00:54:10Vos collègues, en l'occurrence, sont des guets tapants.
00:54:12Pour dire les choses clairement, on allume un feu,
00:54:14on fait venir les pompiers, la police l'accompagne
00:54:16parce que sinon les pompiers se font caillasser.
00:54:18Et derrière, ils se font viser par des projectiles.
00:54:20Les policiers sont en première ligne, de toute façon.
00:54:22Les principales, finalement, victimes également.
00:54:24Je tiens à rappeler aussi que notre collègue Eric Masson
00:54:26a été tué sur un point d'île quand il intervenait.
00:54:28Donc là, on en est là aujourd'hui.
00:54:30Après, il y a une vraie question aussi.
00:54:31Là, on a des mineurs.
00:54:32C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a une génération,
00:54:34la génération Z, qu'on est en train de sacrifier.
00:54:37Sur l'autel du narcotrafic, sur l'autel des violences,
00:54:41on est en train de sacrifier cette génération-là
00:54:43parce qu'on ne prend pas en considération le fait
00:54:46que ces mineurs-là, il y a un moment,
00:54:48où sont les parents, où est la justice des mineurs,
00:54:51où on a réformé en donnant encore plus de mesures éducatives
00:54:56et encore moins parce qu'on ne peut surtout pas
00:54:58incarcérer des mineurs.
00:55:00Il y a toutes ces questions-là
00:55:01parce qu'aujourd'hui, c'est toutes ces générations-là
00:55:03qu'on est en train de sacrifier.
00:55:04Et je reviens aussi, on n'a pas tiré non plus
00:55:07les conséquences des émeutes de juin 2023.
00:55:11Personne n'a fait de retour d'expérience,
00:55:13notamment sur quoi on a été confrontés,
00:55:16les policiers, à quoi ils ont été confrontés.
00:55:18Ils n'ont jamais vu ça.
00:55:19On a parlé de la justice des mineurs.
00:55:22Le projet de loi a été enterré en même temps
00:55:23que la dissolution a été prononcée
00:55:25par le président de la République.
00:55:26Ça reviendra peut-être.
00:55:27La réforme du BAC.
00:55:28La réforme du BAC.
00:55:29Jean-Michel Blanquer, qui avait apprécié d'ailleurs
00:55:30qu'on le mette plus ou moins en cause dans ces faits-là.
00:55:33Au contraire, on a envoyé des signes de faiblesse
00:55:36au moment des émeutes.
00:55:38Puisque pour empêcher les émeutes,
00:55:40on a condamné les policiers
00:55:41avant même que l'enquête sur Nahel n'ait été réalisée.
00:55:44En pensant éviter ces émeutes,
00:55:46je crois qu'on se trompe lourdement
00:55:48face à des gens qui ne comprennent plus que la force.
00:55:51Parce qu'en fait, quand on brûle gratuitement des voitures,
00:55:55ce n'est pas les discours de l'excuse qui fonctionnent.
00:55:59C'est un état fort.
00:56:00Et tout signe de faiblesse, finalement,
00:56:02permet à ces bandes de se renforcer,
00:56:05d'accroître leur niveau de violence.
00:56:07Je pense qu'envoyer un message de force
00:56:10serait bien plus utile qu'un message de faiblesse.
00:56:15On a un état qui est à genoux, finalement,
00:56:18devant ces racailles.
00:56:20Et donc, la violence ne peut que progresser dans ces conditions.
00:56:24Arnaud, pour finir là-dessus.
00:56:25Non, mais juste, ce sont des gamins
00:56:26qui n'ont plus aucune limite.
00:56:27C'est-à-dire qu'en fait, il n'y a plus d'interdit.
00:56:30C'est ce qui les caractérise.
00:56:32Il n'y a plus de surmoi, comme on dit en psychanalyse.
00:56:34Et donc, en plus, ils ont été socialisés,
00:56:36et je rejoins ce que disait Alexandre Devecchio,
00:56:38c'est-à-dire qu'ils ont été socialisés, malgré tout,
00:56:40dans l'idée d'être contre l'ordre, contre l'État,
00:56:44contre une certaine idée de la France, d'une certaine manière.
00:56:47Oui, parce que contre l'attaque des policiers,
00:56:48c'est un peu la France, l'attaque.
00:56:50Evidemment.
00:56:51Ceci expliquant ces phénomènes, je veux dire,
00:56:54qui, en effet, se répètent au quotidien.
00:56:56Parce que c'est tous les jours qu'il y en a.
00:56:58Bon, là, on parle de rire la pape,
00:57:00mais il y a régulièrement, je veux dire,
00:57:02des échauffourées qui s'apparentent.
00:57:04Mais là, c'est...
00:57:05Vous savez, dans les titres de la presse locale,
00:57:07c'est nuit d'Halloween, quatre voitures incendiées.
00:57:09Donc maintenant, la nuit d'Halloween,
00:57:11ça devient un chapitrage possible des violences.
00:57:13Déjà, à l'homique, ça devient une habitude.
00:57:15Je suis déjà tendue à cette partie de la phrase.
00:57:17Maintenant, ça devient même un chapitrage.
00:57:19On catégorise des violences urbaines, nuit d'Halloween.
00:57:22Ça fait partie du folklore, presque, maintenant, de cette nuit.
00:57:25Enfin, c'est une réalisation qui est très inquiétante.
00:57:27Parce que, finalement, la façon dont on interprète
00:57:30et dont on relate ces événements,
00:57:32finalement, fait qu'on les normalise, d'une certaine manière.
00:57:35Donc, il ne faut pas les normaliser.
00:57:37Parce qu'en effet, c'est totalement inadmissible
00:57:39que dans une société qui est en principe civilisée,
00:57:42on ait une répétition régulière de ce type de phénomène.
00:57:45Et puis, accessoirement, c'est encore les mêmes gens
00:57:47dont on parlait au début de l'émission,
00:57:48qui n'ont plus de voiture ou plus de bus pour aller travailler.
00:57:50Oui, bien sûr, c'est toujours les mêmes, les victimes.
00:57:52Ce sont ceux, les habitants de ces quartiers-là.
00:57:54Rieux-la-Pape, on n'est pas très loin de Givor.
00:57:56Il se trouve qu'il y a aussi eu des violences à Givor.
00:57:58Donc, on est dans la périphérie lyonnaise, aussi.
00:58:00J'étais à Givor, il y a quelques jours, avec le Premier ministre.
00:58:03Il y a eu des inondations terribles.
00:58:04Un centre commercial a été complètement inondé.
00:58:06Sachez qu'il y a eu des pillages des quartiers environnants.
00:58:09Des personnes qui, plutôt que de venir aider les bons Samaritains,
00:58:12on est venus piller les magasins.
00:58:14Ça en dit aussi, je crois, assez long sur l'état d'esprit
00:58:17qui peut régner dans certains de nos territoires.
00:58:19Il nous reste un peu plus de dix minutes.
00:58:20On va ouvrir un petit volet politique.
00:58:22Notamment avec l'excellente interview de François Hollande, Figaro TV.
00:58:26Interview menée avec brio par Alexandre Devecchio.
00:58:29C'est très intéressant d'entendre l'ancien Président de la République.
00:58:31Parce qu'on l'a peu entendu, finalement.
00:58:34Certains diront qu'il est peu présent à l'Assemblée.
00:58:36C'est vrai.
00:58:37On l'a peu entendu, aussi, depuis qu'il est redevenu député.
00:58:39Notamment sur ses accointances avec la France Insoumise.
00:58:42Parce qu'il a fait un pacte avec l'AFI, dans le cadre du NFP,
00:58:45pour retrouver un poste à l'Assemblée nationale.
00:58:48Mais maintenant qu'il est élu, et confortablement élu,
00:58:50voilà ce qu'il dit de ses camarades insoumis.
00:58:54Le parti communiste, quand il intervenait dans les quartiers populaires,
00:58:57le faisait sur la question sociale.
00:58:59Et pas sur la question identitaire.
00:59:02Et ne faisait jamais référence à la religion.
00:59:05Ou référence à une situation internationale
00:59:08qui appelait des choix de civilisation.
00:59:12Là, je pense que ce qui a été l'attitude électorale de la France Insoumise
00:59:16ces derniers mois, ou ces dernières années,
00:59:19c'est d'intervenir dans les quartiers populaires.
00:59:21Ça, ce n'est pas répréhensible.
00:59:23Les quartiers populaires ont besoin d'une représentation.
00:59:25Mais en faisant...
00:59:26Les quartiers populaires, on oublie toujours de dire avec forte immigration.
00:59:29En faisant de la Palestine, et donc du rapport à Israël,
00:59:33la question centrale n'est plus la question sociale.
00:59:36Alors, quelles sont mes intentions ?
00:59:38Oui, les intentions, c'est de reconstituer une grande force,
00:59:41une grande famille socialiste ou social-démocrate.
00:59:44Ce que je trouve fascinant dans cet extrait,
00:59:46c'est qu'on pourrait imaginer que la conclusion de François Hollande
00:59:49serait de dire qu'il ne faut absolument pas s'allier avec la France Insoumise,
00:59:52je n'ai rien à voir avec la France Insoumise.
00:59:54Rappelons quand même, encore une fois, qu'il a été élu
00:59:56grâce aux voix aussi de la France Insoumise.
00:59:58Oui, d'ailleurs, je lui ai rappelé.
01:00:01Moi, à la limite, qu'il soit un pur tacticien,
01:00:04parce qu'en fait, ce qu'il explique, c'est qu'il les a rejoints
01:00:06pour des considérations purement tactiques,
01:00:08mais qu'il n'a quasiment rien de commun avec eux.
01:00:12Mais bon, selon lui, il faut que la gauche soit unie pour qu'elle gagne.
01:00:16À la limite, pourquoi pas ?
01:00:18La stratégie en politique, ça existe.
01:00:21Simplement, je lui ai posé la question,
01:00:23et c'est ce qui me gêne un peu,
01:00:24que fait-il de la morale et des valeurs ?
01:00:26Parce que la gauche, elle a cessé de faire la morale,
01:00:30notamment à la droite,
01:00:31de lui interdire toute union des droites,
01:00:34de prôner un cordon sanitaire
01:00:36qu'elle ne s'applique pas à elle-même.
01:00:38Il a un peu botté en touche sur cette question-là.
01:00:42Pas que sur celle-là, d'ailleurs.
01:00:43Non, mais ça fait partie de la tactique, si je puis me permettre,
01:00:45parce que la gauche a interdit à la droite,
01:00:47elle n'a pas ce pouvoir-là.
01:00:48La droite s'est laissée interdire par le fait
01:00:50de s'entendre sur certaines questions
01:00:52qui étaient plus importantes que les désaccords.
01:00:54Là, François Hollande, mais de la même manière
01:00:56que Gabriel Attal nous l'avait dit à l'époque,
01:00:58où il y a des choses...
01:00:59Alors, en effet, on peut leur rappeler
01:01:01que trois semaines avant cet accord-là,
01:01:03c'était inqualifiable, insurmontable,
01:01:05moralement inacceptable,
01:01:07et tout à coup, ça devient acceptable,
01:01:09parce qu'en face de la droite, tout est acceptable.
01:01:11Toute union est acceptable pour l'emporter.
01:01:13Mais là, je crois rêver en l'entendant,
01:01:15parce que par ailleurs, elle nous explique
01:01:17qu'on est resté sur la...
01:01:19Enfin, la gauche, quand elle se respectait,
01:01:21était uniquement sur le social, pas sur l'identitaire.
01:01:23Enfin, il est quand même l'homme du basculement,
01:01:25qui a accompagné ce basculement de la gauche
01:01:27vers une revendication identitaire pour les personnes,
01:01:30au détriment, évidemment, de la réponse sociale.
01:01:33Il est aussi question, d'ailleurs,
01:01:35du rapport Terra Nova dans l'interview.
01:01:37Il répond pas très clairement, là encore, François Hollande.
01:01:39Non, effectivement, je l'ai interrogé sur le rapport Terra Nova,
01:01:41parce que c'est un an avant son élection,
01:01:43et c'est un peu le rapport qui définit
01:01:45la stratégie électorale du PS.
01:01:47Effectivement, Terra Nova, c'est Think Tank
01:01:49proche du Parti Socialiste,
01:01:51et un an ou six mois avant l'élection,
01:01:53ils définissent ce que doit être désormais
01:01:55la stratégie électorale du PS,
01:01:57et c'est d'abandonner les classes populaires.
01:01:59Ils le disent très clairement,
01:02:01parce que les classes populaires ne sont pas
01:02:03les plus progressistes, et de draguer les minorités,
01:02:05les jeunes, les femmes.
01:02:07Donc, exactement, finalement, la stratégie
01:02:09qui sera appliquée de manière plus radicale,
01:02:11certes, par Jean-Luc Mélenchon,
01:02:13mais elle a d'abord été appliquée par François Hollande,
01:02:15même s'il s'en défend.
01:02:17Il dit que c'était Dominique Strauss-Kahn
01:02:19ou Martine Aubry, et que lui,
01:02:21au contraire, a voulu s'adresser
01:02:23à tous les Français.
01:02:25Bon, je crois qu'il y a un peu de réécriture
01:02:27de sa propre histoire,
01:02:29selon ses intérêts du moment.
01:02:31Le choix des mots, c'est-à-dire que
01:02:33François-Olivier Gisbert réagit sur le côté,
01:02:35sur le terme quartier populaire.
01:02:37Il dit que quand on dit populaire, ça veut dire
01:02:39avec une forte majorité de population
01:02:41issue de l'immigration, ce qui pose d'autres
01:02:43questions que simplement
01:02:45le fait d'être populaire. Ça pose des questions
01:02:47précisément identitaires, plus que
01:02:49la question sociale.
01:02:51En plus, pardon, de la question sociale.
01:02:53Mais même le terme identitaire, vous noterez que là,
01:02:55ça qualifie une stratégie électorale,
01:02:57identitaire, c'est toutes les identités
01:02:59sauf la française. Là, c'est mal. Là, on fait un cordon.
01:03:01Mais identitaire, ça veut dire
01:03:03il y a des identités diverses. Est-ce qu'on les défend ?
01:03:05Est-ce qu'on les défend pas ? Est-ce que c'est plus ou moins important que le social ?
01:03:07Et seule l'identité française
01:03:09est un gros mot. Je trouve ça absolument
01:03:11incroyable.
01:03:13C'est quand même assez intriguant de voir
01:03:15François Hollande déjà revenir dans le jeu politique
01:03:17à l'Assemblée. Ça nous a tous un peu fait sourire.
01:03:19De voir s'allier avec la France insoumise.
01:03:21Intriguant ? Non, c'est pas intriguant.
01:03:23Là où je dis que c'est intriguant, c'est qu'on se rappelle quand même de François Hollande
01:03:25qui a été le Président de la République à une période
01:03:27noire de notre histoire. En 2015, on a été touché par
01:03:29une vague d'attentats. Et il va faire
01:03:31alliance avec des gens qui n'ont pas forcément
01:03:33eu le discours le plus
01:03:35placé sur ces sujets.
01:03:37Le problème de François Hollande, c'est qu'il est toujours
01:03:39dans un congrès du Parti Socialiste.
01:03:41Il essaie de faire des synthèses. C'est toute sa vie politique.
01:03:43Alors, ça lui a réussi, puisqu'il a
01:03:45réussi à devenir Président de la République en 2012.
01:03:47Mais, si vous voulez,
01:03:49c'est la vraie difficulté pour l'offre sociale démocrate.
01:03:51Parce que, comme le dit Alexandre Devecchio,
01:03:53l'offre sociale démocrate
01:03:55a donné vie,
01:03:57finalement, à bas bruit,
01:03:59à ce qu'est aujourd'hui la stratégie de la France insoumise.
01:04:01En l'occurrence...
01:04:03Ils ont posé les premières bases.
01:04:05En effet, à partir des années 2000,
01:04:07et même, je dirais, c'est remonté bien avant.
01:04:09Parce que, si on fait l'histoire, on peut même remonter
01:04:11jusqu'à François Mitterrand dans les années 80.
01:04:13Donc, si on va très loin
01:04:15dans la généalogie, il y a ça,
01:04:17déjà, en l'occurrence. Mais, ils ont donné
01:04:19vie, finalement, à cette stratégie.
01:04:21Et, de ce point de vue-là, Jean-Luc Mélenchon,
01:04:23il faut lui reconnaître une cohérence idéologique
01:04:25qui est, à nul autre,
01:04:27pareil, au moins dans sa stratégie.
01:04:29Même si, lui, est parfois évolué sur la question
01:04:31de la laïcité, en l'occurrence.
01:04:33Alors, quelle est la stratégie de Hollande ?
01:04:35En fait, c'est une stratégie qui se veut mitterrandienne.
01:04:37Qu'est-ce qu'il fait, aujourd'hui ?
01:04:39Il se fait élire dans le cadre du nouveau Front Populaire,
01:04:41avec des alliés
01:04:43qui ne sont pas véritablement des alliés,
01:04:45si l'on suit son logiciel intellectuel.
01:04:47En tout cas, sa rhétorique,
01:04:49en espérant faire ce qu'avait fait François Mitterrand,
01:04:51à l'époque, dans les années 60
01:04:53et dans les années 70, surtout,
01:04:55principalement, c'est-à-dire,
01:04:57étouffer progressivement le Parti Communiste.
01:04:59C'est ça. Mais, le problème, c'est qu'aujourd'hui,
01:05:01vous avez une gorge qui est à fond renversée
01:05:03par rapport à celle des années 70.
01:05:05Est-ce que Hollande est en mesure d'étouffer la France Insoumise ?
01:05:07Mitterrand, à la force, ce qui avait été la sienne, c'est qu'il avait réussi
01:05:09à dominer le Parti. Il avait réussi à inverser
01:05:11le rapport de force. Il avait reconstruit un Parti Socialiste.
01:05:13Il avait, finalement,
01:05:15progressivement marginalisé le Parti Communiste
01:05:17en faisant alliance avec lui. Là, en l'occurrence,
01:05:19si vous voulez, vous avez la gauche la plus radicale
01:05:21et qui est beaucoup plus radicale que l'était le Parti Communiste.
01:05:23Bien évidemment, dans les années 70 et dans les années
01:05:2580, le Parti Communiste pourrait être pratiquement
01:05:27parfois traité d'extrême droite
01:05:29par les nouveaux
01:05:31insoumis, d'une certaine manière.
01:05:33Le problème, c'est que, si vous voulez, on est à fond renversé.
01:05:35Est-ce que François Hollande est capable,
01:05:37lui, aujourd'hui, d'inverser cette tendance ?
01:05:39Moi, j'ai quelques doutes.
01:05:41Il est un peu seul au Parti Socialiste. On n'a pas trop entendu
01:05:43ses collègues députés avoir les mêmes propos sur LFI.
01:05:45Il porte son bilan.
01:05:47Je crois aussi que, si cette gauche radicale
01:05:49s'est imposée, c'est que la gauche
01:05:51modérée n'a pas rempli
01:05:53ses promesses. Et ça ne date pas de François Hollande,
01:05:55effectivement. Ça date de François Mitterrand.
01:05:57On parlait de la social-démocratie. Pourquoi
01:05:59la gauche
01:06:01abandonne la social-démocratie ? Parce qu'elle
01:06:03se convertit à la mondialisation
01:06:05et à l'Europe. Ne pouvant plus faire une politique
01:06:07sociale, elle fait une politique
01:06:09identitaire depuis des années.
01:06:11Et le problème de François Hollande, c'est qu'il n'a pas de réponse
01:06:13à la question de la mondialisation.
01:06:15Puisque, comme il le dit lui-même dans l'interview,
01:06:17oui, il est européiste.
01:06:19Oui, il est pour l'ouverture des frontières.
01:06:21Oui, il ne veut pas du tout remettre en cause
01:06:23le système politique tel qu'il
01:06:25ne fonctionne plus depuis une quarantaine
01:06:27d'années. – Allez, avant de refermer cette émission,
01:06:29quand même, je voulais qu'on revoie cette séquence de Thomas Porte,
01:06:31le député de la France insoumise, allié de François Hollande,
01:06:33qui s'est de nouveau
01:06:35illustré à l'Assemblée nationale,
01:06:37ton menaçant insulte.
01:06:39On vous a montré, on vous a
01:06:41compilé, pardon, cette séquence
01:06:43en zoomant sur son visage pour que vous puissiez bien
01:06:45voir les propos qui ont été tenus
01:06:47par ce député insoumis.
01:06:49– Condamnez-vous le communiqué électif
01:06:51qui, en attaquant
01:06:53le président de la République,
01:06:55crée sciemment une confusion
01:06:57entre critique légitime de la politique
01:06:59de Netanyahou et antisémitisme.
01:07:01Ce qui se passe au Proche-Orient,
01:07:03c'est la colonisation,
01:07:05un génocide et la généralisation
01:07:07du conflit au Liban.
01:07:09Serez-vous plus clair
01:07:11que les soutiens inconditionnels
01:07:13qui prétendent ne pas savoir
01:07:15à quoi Emmanuel Macron fait allusion ?
01:07:19– Voilà pour les menaces, insultes
01:07:21de Thomas Porte
01:07:23à l'encontre d'un député du Rassemblement national.
01:07:25On verra s'il y a une sanction.
01:07:27À cette heure, il n'y a pas eu de réaction officielle
01:07:29ou alors ça m'a échappé de la part de la présidente de l'Assemblée nationale.
01:07:31C'est vrai que le rythme
01:07:33est là aussi assez intense,
01:07:35des dérapages insoumis.
01:07:37On le dit souvent,
01:07:39mais là c'est le cas.
01:07:41– Le sujet avait plus de gueule.
01:07:43– Au moins, il y avait un côté un peu protocolaire
01:07:45qui nous échappe complètement.
01:07:47Imaginez un instant que ce soit un député du RN
01:07:49qui ait prononcé les mêmes propos,
01:07:51ça ferait le tour de tous les médias.
01:07:53Ce serait déjà une réflexion.
01:07:55Il y aurait déjà eu des réponses apportées par les autorités.
01:07:57Là, pour l'instant, il n'y a rien.
01:07:59– Il y avait des formules piquantes
01:08:01mais sur des sujets de fond.
01:08:03Là, il n'y a aucun sujet de fond.
01:08:05– On va le dire, on a une attitude
01:08:07de racaille menaçante.
01:08:09Après,
01:08:11je dirais que le président de la République
01:08:13a peut-être aussi une responsabilité.
01:08:15On parle beaucoup des insoumis.
01:08:17C'est comme avec François Hollande.
01:08:19On parle des insoumis, on oublie ce qu'a fait le PS avant.
01:08:21Quand le président de la République va au Maroc
01:08:23avec Yacine Belattar,
01:08:25qui a ce type de comportement,
01:08:27qui menace de voir tous ceux qui sont contre…
01:08:29– De ne voir pas de quoi vous parlez.
01:08:31– Ça recoupe toutes les missions.
01:08:33Comment prétendre lutter sérieusement
01:08:35contre la délinquance
01:08:37et l'islamisme ?
01:08:39Comment prétendre lutter
01:08:41contre le communautarisme
01:08:43quand on en fait soi-même
01:08:45et quand on s'acoquine avec ce genre d'individus ?
01:08:47Si vous voulez, avec la France insoumise,
01:08:49tout irait bien.
01:08:51Mais en fait, tout est cuit par-dessus tête
01:08:53dans la politique française.
01:08:55Et même les bons centristes modérés,
01:08:57quand on gratte bien,
01:08:59ils ont une forte responsabilité
01:09:01pour ce qui est en train de se passer aujourd'hui.
01:09:03Et d'ailleurs, surprise,
01:09:05ils ont quand même fait barrage tous ensemble
01:09:07pour nier le vote des Français.
01:09:09Donc en réalité,
01:09:11tout cela se tient.
01:09:13Il ne faut pas pousser des cris d'orfraie
01:09:15avec la France insoumise
01:09:17quand on leur a permis de se faire élire.
01:09:19– On arrive au terme de cette émission.
01:09:21Merci beaucoup, ça a été un plaisir pour moi
01:09:23de m'installer le temps de cette matinée
01:09:25avec vous quatre.
01:09:27Évidemment, vous pouvez revoir cette émission
01:09:29où Brigitte va vous parler des vertiges.
01:09:31Tout le monde en a, mais personne ne sait vraiment
01:09:33comment ça marche.
01:09:35Vous aurez toutes les réponses, on en a de plus en plus.
01:09:37Vous aurez les réponses d'ici quelques instants.
01:09:39Et puis à midi, vous retrouvez Thierry Cabane.
01:09:41Moi, je vous retrouve ce soir. A tout à l'heure.

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