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Franck Allisio, député "Rassemblement National" des Bouches du Rhône.

Il a fait ses gammes à l'UMP et dans les cabinets ministériels, avant de rejoindre le Rassemblement national. Franck Allisio était l'un des porte-paroles de Marine le Pen pendant la dernière présidentielle. Il est aujourd'hui député des Bouches du Rhône.

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Transcription
00:00Il a fait ses gammes à l'UMP et dans des cabinets ministériels avant de rejoindre le Rassemblement National.
00:07Mon invité était l'un des porte-parole de Marine Le Pen pendant la dernière présidentielle.
00:12Il est aujourd'hui député des Bouches-du-Rhône.
00:15Générique
00:17...
00:29Bonjour, Franck Aliziot.
00:31Vous avez pris votre carte à l'UMP très tôt, à l'âge de 23 ou 24 ans, je crois.
00:36J'ai lu que c'était pour pouvoir voter pour Nicolas Sarkozy pour la présidence de l'UMP en 2004.
00:42C'est lui, Nicolas Sarkozy, qui a porté vos premiers rêves politiques ?
00:46Oui.
00:47La politique, c'est un virus qu'on attrape tôt.
00:49Je l'ai attrapé quand j'avais 14 ans.
00:51Au début, les idées, c'était lire.
00:53Quand on est passionné d'histoire, on finit toujours par être passionné de politique.
00:56Le grand enjeu pour ma génération, à l'époque, c'était Nicolas Sarkozy.
01:01Parce que la droite molle, technocentriste de Juppé, ça ne passionnait personne.
01:09Ça ne donnait envie à personne d'y aller.
01:12Et là, Sarko, c'était l'occasion.
01:15Pour toute une génération, on était les bébés Sarko, la génération Sarko.
01:20Toute la campagne présidentielle a été une véritable épopée pour nous.
01:27Vous commencez comme ça.
01:28Vous êtes une des petites mains de la campagne présidentielle de 2007.
01:31Après la victoire de Nicolas Sarkozy, vous travaillez dans plusieurs cabinets ministériels
01:35au service de Roger Carocci, d'abord, puis de Pierre Lelouch.
01:39Quel a été votre rôle à leurs côtés ?
01:41Presse et communications.
01:43Je m'occupais, j'étais le conseiller presse et communications des deux ministres,
01:47donc Roger Carocci en relation avec le Parlement.
01:49Et ensuite, Pierre Lelouch, c'était les affaires européennes, puis le commerce extérieur.
01:54Les deux écoles, j'ai envie de dire, sont très importantes.
01:56L'école du parti, en l'occurrence, à l'époque, c'était les jeunes de l'UMP.
02:01Et de l'autre côté, le cabinet ministériel, où là, c'est un job, c'est professionnel.
02:08Ils sont parfaitement complémentaires, ils permettent d'apprendre plein de choses.
02:12Vous parlez de l'école du parti puisque vous devenez président des jeunes actifs de l'UMP.
02:16Jean-François Copé vous nomme secrétaire national à la réforme des institutions.
02:20Et vous essayez de créer plus tard ce courant, demain, à la droite, au sein de l'UMP.
02:24C'était quoi l'objectif de ce courant à l'époque ?
02:28C'était de dépoussiérer, de rassembler toute une génération,
02:32les trentenaires, ceux qui arrivaient dans la vie politique et qui n'avaient pas forcément leur place,
02:37et qui voulaient dépoussiérer la droite.
02:42On était après la défaite de 2012.
02:44Il fallait tourner beaucoup de pages et en même temps faire vivre ces idées de droite populaire
02:51qui ont toujours été les miennes, qui sont toujours les miennes d'ailleurs.
02:53Le patriotisme, l'autorité, la méritocratie.
02:57Ça répondait aussi à une volonté de déverrouiller ce parti que vous trouviez trop fermé à votre génération ?
03:02Le parti avait beaucoup d'interdits, il y avait beaucoup de non-dits à l'époque dans le parti.
03:06Alors il y a eu la période Jean-François Copé avec la droite décomplexée
03:10qui, pour le coup, ouvrait les portes et les fenêtres et s'assumait de droite.
03:16Mais ça n'a pas duré longtemps.
03:18Finalement, vous ne l'y trouvez pas à votre compte puisqu'à l'été 2015, vous rejoignez le Front National.
03:23Pourquoi ce choix à ce moment-là ?
03:25Chez nos électeurs, il y avait une envie d'être plus clairement à droite,
03:30de réagir par rapport à des sujets qui touchaient au quotidien,
03:33la sécurité, l'immigration, l'explosion de la fiscalité.
03:38Face à ça, à chaque fois, nos dirigeants étaient timorés.
03:41À l'UMP, il y avait déjà le fameux en même temps, il fallait toujours faire la part,
03:46il fallait avoir un compromis permanent entre l'aile centriste et l'aile bien à droite.
03:51À un moment donné, on en a été plusieurs, beaucoup d'ailleurs, surtout chez nos électeurs,
03:55à se dire que ce compromis n'est pas possible, il n'est pas utile, il est même toxique.
04:00Donc j'ai fait un choix en septembre 2015, que vous savez.
04:03J'entends le constat de fond.
04:05Est-ce qu'il y avait aussi une dimension d'ambition personnelle politique, ce qui n'est pas honteux ?
04:08Je vous pose la question parce qu'à l'époque, en 2015, vous aviez déclaré ceci.
04:12Je ne pouvais pas attendre éternellement à l'UMP.
04:15Pendant 12 ans, j'ai attendu sagement comme un petit soldat,
04:17et puis des jeunes responsables dans un parti, ça se traite.
04:21Vous aviez l'impression d'être bloqué et vous vouliez aller plus loin ?
04:25C'est aussi ce qui explique votre changement de parti à ce moment-là ?
04:28La politique, c'est de l'humain.
04:29En effet, il faut traiter les gens.
04:31C'est ce que je fais moi en tant que responsable aujourd'hui, dans ma fédération.
04:34Il faut traiter l'ambition, vous avez raison, ce n'est pas un défaut, c'est une qualité.
04:38Il en reste que lorsque je quitte en septembre 2015 ma fille politique,
04:42je fais tout sauf un choix d'opportunité et d'ambition,
04:45parce que si vous vous souvenez bien, en septembre 2015,
04:48la grande question dans les sondages, chez les commentateurs politiques,
04:51dans tout le monde politique, dans toute la France,
04:53c'est de savoir si le prochain président de la République s'appellerait Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy.
04:58François Fillon n'était pas encore dans la course, Emmanuel Macron n'existait pas encore,
05:02et François Hollande était carbonisé.
05:05Donc je quitte une famille politique qui a toutes les chances de revenir aux affaires deux ans après.
05:11Normalement, j'aurais dû y rester si j'avais fait un choix d'opportunité.
05:15Pour le coup, c'est un choix de conviction et de cohérence par rapport à tout ce que je voyais,
05:19tout ce que je constatais, tout ce que je ressentais depuis des années.
05:22Vous avez rejoint le Rassemblement national en même temps qu'un responsable UMP des Alpes-Maritimes,
05:27Olivier Bettati. Marion Maréchal vous a immédiatement accueilli sur sa liste au régional.
05:33On va revoir comment elle évoquait votre ralliement à l'époque.
05:37Ça participe quand même d'une façon de se décomplexer l'électorat,
05:40de gens qui sont un peu sur la tangente, qui se posent des questions et qui se reconnaissent dans ces parcours,
05:44qui finalement se disent « bon bah voilà, cette fois maintenant c'est bon, j'en ai marre, je fais comme eux, je franchis le pas ».
05:49Finalement, elle le dit assez clairement, vous avez en quelque sorte servi de produit d'appel politique,
05:53on a l'impression qu'elle vous a utilisé dans une sorte d'opération de marketing politique, non ?
05:57Oh non, sinon je ne serais pas encore là et je n'aurais plus le parcours que j'ai, je pense.
06:02Non, pour moi c'était continuer, c'était rester fidèle à mes convictions en changeant de parti,
06:08mais c'est le bon parti qui avait trahi ces convictions.
06:12Alors vous n'avez pas suivi Marion Maréchal-Le Pen quand elle a rejoint plus tard Éric Zemmour
06:16pour continuer ce combat de l'union des droites, pourtant cette idée de rapprochement des droites,
06:20c'est aussi votre combat à vous, pourquoi ne pas l'avoir suivi à ce moment-là ?
06:23Parce que je suis à l'aise au Rassemblement national, je l'étais à l'époque,
06:27parce que j'ai une fidélité personnelle aussi à Marine Le Pen,
06:31ça s'est construit dans le temps, j'ai été son conseiller, j'ai été son porte-parole, vous l'avez dit,
06:36je crois en Marine Le Pen, je crois en la personne,
06:41et au moment où ça se fait, alors Marion vous faites un raccourci,
06:45parce que Marion a d'abord quitté la politique, a d'abord quitté le Rassemblement national,
06:48puis après s'est réengagée chez Éric Zemmour.
06:52Moi je ne comprenais pas la logique, il y avait une candidate qui pouvait devenir président de la République,
06:57qui pouvait porter nos idées jusqu'à l'Élysée, qui était largement en tête, qui avait une assise populaire.
07:02C'était non seulement logique, mais c'était aussi mon devoir de la porter jusqu'à la victoire.
07:10Et d'ailleurs, s'il n'y a pas eu victoire à la présidentielle, elle n'est que différée,
07:15car il y a eu une large victoire aux législatives en passant de 6 députés à 89.
07:20Alors, début 2024, vous avez ressuscité le RPR, le parti de la droite gaulliste, pour en devenir le président.
07:27Comment est-ce que vous avez réalisé ce tour de passe-passe, ressuscité le RPR ?
07:32Ce n'est pas un tour de passe-passe, c'est quelque chose de très simple et très sain, quelque part.
07:36C'est de ne pas laisser la vieille maison familiale, la maison natale, tomber en ruine.
07:43On est beaucoup, beaucoup, au Rassemblement national aujourd'hui, y compris dans les députés,
07:47probablement plus d'une vingtaine, à avoir commencé notre parcours au RPR,
07:53à être fidèles depuis le début et tout au long de notre parcours à ces valeurs dont je vous parlais tout à l'heure,
07:59l'autorité, le patriotisme, la méritocratie, les valeurs de droite populaire.
08:04Mais vous savez, De Gaulle, comme tous les dirigeants de la droite, ne s'est jamais revendiqué de droite.
08:10En cela, Marine Le Pen, d'ailleurs, est une gaullo-bonapartiste, c'est-à-dire qu'elle est fidèle à cette tradition.
08:16La France, c'est plus que la droite et la gauche.
08:19Et ces idées aujourd'hui du RPR, elles sont également au Rassemblement national.
08:24Elles sont défendues par le Rassemblement national.
08:26Donc on a ressuscité le RPR pour en faire un allié.
08:29C'est un mouvement, c'est quelque chose de souple.
08:32Jacques Chirac était d'accord en 1986, vous savez, quand ma région, Provence-Alpes-Côte d'Azur,
08:37a été co-dirigée par le RPR, l'UDF et le Front national sous Jean-Claude Godin.
08:42Lorsqu'il a fallu faire barrage à la gauche, le Front national, le RPR de Jacques Chirac et l'UDF
08:48ont été d'accord pour sauver la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
08:52Donc tout cela est très... Ce sont des images d'épinal.
08:56Tout est beaucoup plus compliqué.
08:57Et moi, je préfère être fidèle à des convictions et des hommes et des femmes en lesquels je crois.
09:03Je vois qu'on revient sur votre rôle au sein du Rassemblement national.
09:06Renaud Labey, qui est un proche conseiller de Marine Le Pen, dit de vous
09:10qu'il a le genre de profil qui manquait au FN, qui ont déjà travaillé avec des gens à responsabilité.
09:15On n'est pas obligé de lui refaire dix fois les notes de synthèse.
09:18Ça, c'est votre expérience des cabinets ministériels qui vous a aidé.
09:21Vous avez contribué à professionnaliser le Rassemblement national.
09:24Probablement, mais je n'ai pas été le seul.
09:28Moi, depuis le début, oui, j'ai un savoir-faire.
09:32J'ai acquis un savoir-faire du fait de mon parcours professionnel.
09:36Ce savoir-faire, je l'ai toujours mis au service de mes idées,
09:39toujours mis au service des gens aux côtés desquels je l'étais.
09:43Toute cette passion pour les idées, cette passion de transmettre, cette passion de convaincre,
09:48oui, je prends plaisir et j'ai pris plaisir à travailler avec Marine en faisant des notes,
09:52en préparant les émissions, en contribuant au projet présidentiel.
09:56Vous avez fait partie de l'équipe de campagne de Marine Le Pen lors de la dernière présidentielle.
10:02Quel a été exactement votre rôle ?
10:04J'ai été le responsable du pôle argumentaire.
10:07En gros, je rédigeais, je contribuais au programme,
10:11je rédigeais toutes les notes nécessaires en fonction de l'actualité,
10:16en fonction de notre projet de l'actualité,
10:19pour faire à la fois un compromis entre la communication,
10:24parce qu'il faut transmettre ces idées, c'est la base de la politique,
10:28ou même au sens long du terme, et en même temps, il faut être technique.
10:31J'ai essayé de faire un équilibre entre la technicité et la vulgarisation.
10:36C'est-à-dire passer nos idées à tout le monde,
10:38y compris à ceux qui ne mangent pas de la politique matin, midi et soir.
10:41Je vous propose de passer à notre quiz.
10:43Pour finir cette émission, je vous demande de compléter les phrases qui suivent un bon spin doctor.
10:49Dois d'abord...
10:51Faire quelque chose de complexe, quelque chose de simple.
10:54Pour moi, l'intelligence, c'est passer du complexe au simple.
10:58Devenir maire de Marseille, Franck Aliziot, c'est quelque chose qui vous trotte dans la tête ?
11:03C'est quelque chose qui me trotte dans la tête, parce que je suis marseillais,
11:06parce que j'aime ma ville, parce que je vois l'état dans lequel elle est,
11:11et parce qu'à chaque fois que je suis au contact des Marseillais,
11:16c'est-à-dire au quotidien, je vois qu'on a envie, collectivement,
11:20de faire quelque chose pour définitivement tourner la page,
11:23et ça, les Marseillais l'ont fait tout seuls, avec le macronisme,
11:26puisqu'il n'y a plus un seul député macroniste dans les Bouches-du-Rhône,
11:29tourner la page aujourd'hui de cette gauche qui fait beaucoup de mal à Marseille.
11:34Votre relation avec votre ville natale, la ville dans laquelle vous avez grandi,
11:37dans laquelle vous vivez, c'est tripale.
11:39Donc oui, évidemment, maintenant, on en saura plus dans quelques semaines.
11:44Pour finir, parmi les députés, j'imagine bien rejoindre le RPR.
11:49Qui pourrait rejoindre le RPR parmi les députés, parmi vos collègues ?
11:52Vous savez, le RPR, c'est une maison commune.
11:56Au RPR, on a voté en bureau politique au Rassemblement national,
11:59il y a 15 jours, 3 semaines, la double appartenance.
12:02Donc vous pouvez appartenir, venir au RPR, tout en restant LR,
12:06tout en restant Reconquête, tout en restant UDR, tout en restant RN.
12:09C'est la maison de l'union.
12:12C'est la maison où il y a de l'affect, il y a des idées,
12:16et il y a une volonté, puisqu'on partage beaucoup de choses ensemble,
12:19autant faire un bout de chemin ensemble, y compris des indépendants.
12:22D'ailleurs, le co-président du RPR, c'est le maire de Marignane,
12:24il n'a aucune étiquette politique.
12:26Et gagner ensemble, et faire gagner le pays ensemble.
12:29Donc, encore beaucoup de députés, certains députés y sont déjà avec moi,
12:33et beaucoup de députés peuvent le rejoindre, encore une fois,
12:36il n'y a pas d'exclusives au RPR.
12:38Tout le monde est le bienvenu à condition de partager cet amour de la France,
12:41cet amour de nos valeurs.
12:43Merci, Franck Alizeau, d'être venu dans La Politique.
12:45Merci à vous.
12:54Sous-titrage Société Radio-Canada

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