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Il est pompier volontaire depuis l'âge de 16 ans, et il a longtemps travaillé comme vigile. Julien Rancoule s'est engagé au Front national de la jeunesse alors qu'il était encore au lycée. Il siège au groupe Rassemblement national depuis 2022.

Pourquoi s'engage-t-on en politique ? Comment tombe-t-on dans le grand chaudron de l'Assemblée ?
Chaque jour, Clément Méric, dans un entretien en tête à tête de 13 minutes, interroge un parlementaire sur les personnalités, les évènements - historiques ou personnels - qui l'ont conduit à choisir la vie publique.
Car on ne naît pas politique, on le devient !

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Transcription
00:00Il est pompier volontaire depuis l'âge de 16 ans
00:02et il a travaillé comme vigile.
00:04Mon invité s'est engagé au Front national de la jeunesse
00:07alors qu'il était au lycée.
00:08Il siège au groupe Rassemblement national depuis 2022.
00:11Musique intrigante
00:14...
00:26Bonjour, Julien Rancoul.
00:28Le 4 mai 2023, le président de séance Sébastien Chenu
00:31a dû interrompre les débats dans une certaine confusion.
00:34On va réentendre ce qui s'est passé juste avant la suspension
00:37et voir ce qu'il y a eu après, au moment de la reprise.
00:42Je vous demande de laisser faire les services.
00:45Il y a un médecin parmi nous.
00:47Je vous demande de l'appeler.
00:48Dégagez les voix, s'il vous plaît.
00:51Notre agente du service du compte-rendu
00:55a donc fait un malaise grave
00:58dans l'exercice de sa mission.
01:00Grâce à l'intervention de M. Julien Rancoul,
01:06qui est pompier volontaire,
01:07de Mme Stéphanie Riste, notre collègue qui est médecin,
01:11elle a pu être réanimée très rapidement.
01:13On l'a compris, ce jour-là,
01:15une fonctionnaire de l'Assemblée a fait un malaise cardiaque.
01:18A partir de ce moment-là, c'est logique,
01:20les caméras ont été coupées.
01:22Pouvez-vous nous raconter ce qui s'est passé ?
01:25Moi, j'attendais de passer,
01:26je vais passer d'un à dix minutes au pupitre de l'hémicycle
01:30pour prendre la parole sur un texte.
01:32J'ai observé cette rédactrice de l'Assemblée
01:34qui est en bas du pupitre se lever, se réduire
01:37et faire un malaise basculer sur le côté.
01:40Sur le moment, on ne se rend pas compte de la gravité du malaise.
01:43Je vois les huissiers l'amener au sol rapidement.
01:47On se rend compte que c'est grave.
01:48Je me suis rendu sur place
01:50et je me rends compte qu'elle a fait un arrêt cardiaque.
01:53J'ai fait une réanimation cardiopulmonaire.
01:56Avec Stéphanie Rist, votre collègue médecin.
01:59L'hémicycle est évacué.
02:02Stéphanie se porte volontaire, également,
02:06pour m'assister dans cette action.
02:09Parallèlement, les huissiers vont chercher le défibrillateur,
02:13alertent les secours, les sapeurs-pompiers de l'Assemblée
02:16et le médecin.
02:17On entame cette réanimation
02:19qui portera ses fruits au bout de quelques minutes.
02:21Vous avez eu des nouvelles de cette fonctionnaire ?
02:24Oui, tout à fait.
02:25Elle a repris le travail partiellement.
02:28Aujourd'hui, on la revoit dans l'hémicycle.
02:30C'est réjouissant.
02:31Qu'est-ce qui vous a amené à vous engager
02:34en tant que pompier volontaire dès l'âge de 16 ans ?
02:37Je ne sais pas ce qui m'a amené à ça.
02:39Pas vos parents ?
02:40Personne dans ma famille n'est pompier volontaire.
02:43J'ai eu ce déclic assez jeune, à un sixième.
02:46A 16 ans, je me suis engagé comme pompier volontaire.
02:49Je le suis toujours, c'est une vocation.
02:51Je n'arrive pas à m'en passer.
02:53Vous avez fait le choix de rester actif
02:55chez les pompiers volontaires tout en étant député.
02:58Ça a quelles conséquences sur votre agenda,
03:00votre emploi du temps ?
03:02Ce week-end, vendredi soir, on est mercredi,
03:04je prends ma garde jusqu'à lundi matin,
03:06je serai en caserne.
03:08Vous êtes bloqué à la caserne ?
03:10Oui, un jour, on est bloqué en caserne
03:12et la nuit, on est en astreinte, donc je suis chez moi.
03:15C'est compliqué, j'ai réduit forcément le volume.
03:17Je prends un week-end de garde toutes les cinq semaines,
03:21quand je peux, selon mes disponibilités.
03:23Vous n'êtes pas dans votre circo en tant que député ?
03:26Un week-end sur cinq.
03:27On vous le reproche pas ?
03:28Non, je pense qu'on le comprend.
03:30Cet engagement chez les pompiers s'est traduit
03:33par un engagement politique à l'Assemblée
03:35pour défendre le statut des pompiers volontaires
03:38et le modèle français de sécurité civile.
03:40C'est quoi, la spécificité de ce modèle ?
03:42C'est un modèle particulier.
03:44En France, on gère toutes les interventions.
03:46Par exemple, ils ne font que l'incendie
03:49et éventuellement tout ce qui est accidentologie, etc.
03:52Nous, c'est 80 % de l'activité, le secours à personne,
03:55ce qui fait que c'est une activité
03:57qui est très prenante en termes de volume,
03:59volume horaire.
04:00C'est ce qui nous rend vulnérables
04:02par rapport à cette directive européenne
04:04sur le temps de travail.
04:06On est pointé du doigt depuis des années
04:08pour reconnaître les pompiers volontaires
04:10comme des travailleurs,
04:11qui nous obligerait à respecter les temps de repos,
04:14ce qui aurait des conséquences désastreuses,
04:17notamment dans les zones rurales,
04:19où on rallongerait drastiquement les délais de secours.
04:22Pompier volontaire, c'est un engagement,
04:24mais ce n'est pas un métier.
04:26Pendant plusieurs années,
04:27vous avez été agent de sécurité dans un supermarché.
04:30C'est un métier qui confronte
04:33à des situations compliquées à gérer.
04:35Quelles sont les situations les plus compliquées
04:38que vous avez eues à faire face ?
04:40Souvent la violence.
04:41J'ai été agent de sécurité sur la partie malveillance
04:45et également agent de sécurité incendie,
04:47mais les violences, tout à fait...
04:49A la fois, cette partie-là, on a été...
04:51Moi, j'ai déposé plainte, je ne sais combien de fois,
04:54pour des agressions.
04:56On a fait une interpellation, par exemple,
04:58de 7 000 euros des personnes qui étaient sorties
05:01avec des ordinateurs du supermarché.
05:03J'ai été gazé, mes collègues ont été gazés,
05:06et on s'est rendu compte après coup,
05:08après interpellation, que ces personnes-là
05:10avaient des couteaux de boucher dans leur sac, par exemple.
05:13Après coup, on se sent vulnérable.
05:17C'est aussi pour ça que je me suis engagé
05:20d'abord dans le syndicalisme, d'ailleurs,
05:22en tant que professionnel.
05:24Je m'étais mis représentant du personnel
05:26et j'ai essayé de tirer cette branche professionnelle
05:29vers le haut, car elle est dévalorisée,
05:31contrairement à d'autres pays européens.
05:34Les agents de sécurité sont vraiment intégrés
05:36dans ce fameux continuum de sécurité
05:38dont on parle beaucoup en France, mais on ne voit pas la couleur.
05:42Vous êtes intéressé à la politique jeune,
05:44au moment où vous vous êtes engagé chez les pompiers,
05:47dès le lycée, vous avez pris votre carte
05:49au Front national de la jeunesse.
05:51Vous expliquez qu'à l'époque, ça n'a pas du tout plu à votre mère.
05:55Oui, j'ai eu l'impression de lui annoncer
05:57que j'avais une maladie grave quand je lui ai annoncé ça.
06:00C'était pas ses idées.
06:02Du côté de ma mère, on est plutôt, effectivement, de gauche.
06:05Elle me faisait chanter à l'international
06:07quand j'étais petit.
06:09Ca n'a pas marché, visiblement,
06:11mais elle était plutôt dans cette optique-là.
06:14Moi, je suis d'une famille très populaire.
06:16Ma mère était commerçante, artiste,
06:20et voilà, c'était pas du tout notre culture.
06:24Ca a créé des tensions dans la famille ?
06:26C'était compliqué à gérer ?
06:28Elle a compris aussi mon positionnement
06:30et force est de constater aujourd'hui
06:32que pour moi, la gauche ne défend plus les classes populaires.
06:35C'est abandonner les classes populaires
06:38au bénéfice d'autres populations.
06:40Ca vous a fait choisir le FN plutôt que la gauche ?
06:43J'ai retrouvé dans le Rassemblement national,
06:45le Front national, à la fois ces valeurs patriotes
06:48mais cet aspect social aussi qui est pour moi indissociable.
06:51Si on aime notre peuple et notre pays,
06:54on doit aussi s'intéresser à nos compatriotes en difficulté.
06:58Pendant votre campagne pour les législatives,
07:01vous êtes présenté comme le candidat de la ruralité.
07:04Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
07:06Il y a un vrai sentiment d'abandon chez nous,
07:09dans ma circonscription, mais dans la ruralité française,
07:12où on parle de la politique de la ville,
07:14où dès qu'on a des émeutes,
07:16c'est parce qu'on n'a pas versé assez d'argent dans les banlieues.
07:19Chez nous, on est le 3e département le plus pauvre de France,
07:23France métropolitaine.
07:24Qu'est-ce qu'on a eu ces 30 dernières années
07:27à notre endroit ? Rien.
07:28J'ai vu mon territoire se désindustrialiser,
07:31on a vu l'insécurité grimper,
07:34on a une vague migratoire qui existe
07:37et on a les conséquences de cette immigration des villes
07:41qui vient jusqu'à notre ruralité.
07:43Vous dites sentiment d'abandon,
07:45c'est aussi ce qu'on appelle la France désoubliée ?
07:48C'est ce sentiment-là ?
07:49C'était un slogan de Marine Le Pen à l'époque
07:51qui m'avait beaucoup touché,
07:53la France désoubliée, la France déclassée,
07:55la France périphérique.
07:57Et vous, en tant que député d'opposition,
07:59qu'est-ce que vous pouvez faire pour changer les choses ?
08:02Déjà, faire remonter les problématiques locales à Paris.
08:06J'ai eu l'occasion de prendre plusieurs fois la parole
08:09sur le sujet, mais j'ai parfois le sentiment
08:11que le gouvernement ou certains de mes collègues
08:14sont déconnectés de la réalité.
08:15Quand j'entends Mme Rousseau, par exemple,
08:18parler de l'interdiction des véhicules thermiques,
08:21réduire ce flux de véhicules, les ZFE, etc., etc.,
08:25ces gens viennent de la ruralité, voir ce que c'est.
08:28Si on n'a pas de voiture,
08:29si vous n'avez pas le permis de conduire,
08:31vous n'avez pas la possibilité d'avoir un véhicule,
08:34vous ne pouvez pas faire vos études, vous ne pouvez pas travailler.
08:38J'ai entendu Mme Hidalgo dire qu'il fallait...
08:40Que les ZFE, c'était très bien,
08:43parce qu'il fallait développer les transports en commun.
08:46Chez moi, dans les Corbières,
08:48vous ne verrez pas de métro pour relier
08:50à la banlieue toulousaine pour aller faire vos études
08:53ou vous faire soigner.
08:54Qu'ils se raccordent à la réalité des choses.
08:57J'aimerais qu'on évoque une polémique
08:59que vous avez déclenchée avec vos deux collègues
09:02de RN de l'Aude en janvier 2024.
09:03Vous avez participé à une manifestation de viticulteurs
09:06sur votre circonscription.
09:08Ce jour-là, avec les deux autres députés de la Circo,
09:11vous avez posé devant une pancarte sur laquelle on pouvait lire
09:14« Va faire la soupe, salope ! ».
09:16C'était une insulte lancée par un agriculteur
09:19à l'encontre de Sandrine Rousseau et de Marine Tondelier
09:22quand elles étaient venues dans votre département.
09:25On vous voit tous sourire sur la photo avec le pouce levé.
09:28Vous avez trouvé cette pancarte marrante ?
09:30C'était provocateur.
09:32Avec du recul, peut-être que c'était le message...
09:35Comme j'ai dit, on n'aurait pas du tout tenu les mêmes propos.
09:39Pour remettre dans le contexte, c'était un viticulteur
09:42qui a reçu dans son secteur Mme Rousseau,
09:46qui était venue expliquer le travail des viticulteurs
09:51à ces passionnés,
09:53à ces personnes qui travaillent nuit et jour,
09:57toute l'année, qui ont des graves difficultés,
09:59notamment chez moi, on a une crise viticole,
10:02on a un problème d'accès à l'eau.
10:04Ils sont vraiment dans une situation de détresse.
10:07Et quand on voit des Parisiens arriver
10:09qui ne connaissent pas du tout la réalité du terrain,
10:12leur expliquer leur travail, les traités...
10:14Est-ce que ça vaut une insulte et un message misogyne comme ça ?
10:18Mais pour le coup, ce viticulteur, quand il a dit ça,
10:21comme j'ai dit, moi, je ne cautionne pas du tout
10:24à ce qu'on insulte un homme, d'ailleurs.
10:26Mais en posant devant la banque, vous cautionnez.
10:29Je comprends la détresse de ce viticulteur
10:31qui a des difficultés, qui a la corde autour du cou
10:34et qui se fait insulter de pollueurs, d'assassins,
10:37et on lui donne des leçons.
10:39C'est-à-dire que Sandrine Rousseau l'a bien cherchée,
10:42elle l'a méritée.
10:43Oui, je comprends.
10:44Mais je n'aurais pas tenu ce genre de discours.
10:47Elle ne méritait pas d'être insultée,
10:49mais je comprends la détresse de ce viticulteur.
10:52Quand je vois qu'il va passer au tribunal très prochainement,
10:55il y a toujours deux poids, deux mesures.
10:57On se fait insulter en permanence dans l'hémicycle
11:00par les gauches de l'hémicycle, on se fait traiter de tous les noms.
11:04Là, il n'y a même pas de sanctions de l'Assemblée,
11:07même mineure.
11:08Par contre, quand il y a un viticulteur en détresse,
11:11en véritable détresse sociale qui pète un plomb
11:14parce qu'il se fait expliquer la vie
11:16par une personne qui ne connaît pas son métier,
11:19je comprends ça.
11:20Je n'aurais pas tenu ces propos-là,
11:22mais que ces personnes-là comprennent
11:24qu'ils sont dans une situation sociale catastrophique
11:27et malheureusement, ils se sentent bien seuls.
11:30On va conclure l'émission avec notre quiz habituel.
11:33Le principe est simple, je vais vous proposer
11:35des débuts de phrases et vous allez devoir les compléter.
11:39Je reconnais un ancien pompier à...
11:41A son jargon.
11:43On a toujours un jargon très développé, par exemple.
11:48On a fait un bon riff, on a fait un bon feu.
11:51-"Riff", c'est un feu ?
11:52-"C'est un feu", exactement.
11:54Ca décale, on a plein de mots comme ça.
11:57On se reconnaît assez vite.
11:59-"Quand il y a le feu dans l'hémicycle".
12:02-"Quand il y a le feu à l'hémicycle",
12:04parfois, ça me désespère,
12:06parce qu'il y a des sujets sur lesquels on devrait s'entendre
12:10et on devrait avoir des discussions plus constructives,
12:14ce qui arrive parfois, heureusement.
12:17Parfois, ça fait partie du débat.
12:19Il faut trouver le juste milieu.
12:22Si je devais boire un verre avec un député LFI, je choisirais...
12:25Je choisirais...
12:26On a compris que vous n'étiez pas très copain-copain
12:29avec la gauche.
12:30Je dirais Hugo Bernalicis,
12:32parce qu'il est quand même assez sympathique dans ses airs.
12:35Des fois, c'est un peu déplacé dans le cadre de l'hémicycle,
12:39on se croirait un peu au compteur du coin,
12:41mais ça serait peut-être sympathique.
12:43J'ai pas de difficulté à boire un coup
12:45et discuter avec des personnes qui n'ont pas les mêmes idées
12:49que moi.
12:50Dans un cadre assez détendu, je trouve ça assez intéressant.
12:53L'invitation est lancée.
12:55Hugo, si tu m'entends.
12:56Merci, Julien Roncoul, d'être venu.
12:58Merci à vous.

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