P-A Capton :"J'ai toujours été associé à des gens qui étaient les meilleurs dans leur domaine"

  • il y a 1 heure
Pierre-Antoine Capton, président du groupe audiovisuel Mediawan, qui a notamment produit la série "HPI" et "Le Comte de Monte-Cristo", lance la filiale Mediawan Sport, en association avec le basketteur américain LeBron James.

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Transcription
00:00Et Léa, ce matin, vous recevez un producteur !
00:04Bonjour Pierre-Antoine Capeton !
00:05Bonjour Léa Salamé !
00:06Merci d'être avec nous ce matin.
00:08Le grand public ne vous connaît pas bien, mais vous êtes en train de devenir l'un
00:11des plus grands producteurs d'Europe et même du monde.
00:14Avant de dérouler votre parcours, dites-nous d'abord si vous étiez un personnage historique,
00:19un acteur, un roman et une drogue, vous seriez qui ? Vous seriez quoi ?
00:24Alors d'abord, un personnage historique ?
00:25J'ai la chance d'habiter dans un immeuble dans lequel ont vécu Léon Blum, Robert
00:30Badinter et Pierre Lescure, qui n'est pas un personnage historique mais qui a créé
00:33Canal+.
00:34Et donc Robert Badinter, qui pour moi reste une figure emblématique de La Liberté.
00:39Un acteur ?
00:40Jean-Pierre Bacry, et particulièrement pour son rôle dans Le Sens de la Fête, le film
00:47de Nakasho Ledano, avec des monologues incroyables.
00:49Il vous a bouleversé dans ce film-là ?
00:51Totalement.
00:52Un roman ?
00:53Un roman, peut-être leurs enfants après eux, de Nicolas Mathieu, que Hugo Sélignac
00:58va adapter au cinéma, qui sort dans trois semaines.
01:00Le film est incroyable et Nicolas Mathieu, je l'ai rencontré comme stagiaire, il y
01:04a très longtemps, dans ma première boîte de production.
01:06Jamais j'aurais pu lui imaginer une telle carrière et je suis très fier de ce qu'il
01:10est devenu.
01:11Et une drogue ?
01:12L'amour, sans doute.
01:13Oh non !
01:14Ben si !
01:15L'amour ?
01:16Il y a des clichés dans la télévision et dans le cinéma où on parle de drogue.
01:18J'ai connu Canal+, dans les années 90.
01:20Où il y avait beaucoup de drogue.
01:22Vous savez quoi ? Je n'en ai jamais vu.
01:23Et encore maintenant, je n'en ai jamais vu.
01:25Vous n'en avez jamais pris ?
01:27Jamais pris et jamais vu.
01:28Je remercie toutes les personnes qui m'ont dit non.
01:32Elles m'ont permis de rencontrer toutes celles qui m'ont dit oui.
01:34C'est ce qu'aime à dire Claude Lelouch.
01:36Est-ce qu'on vous a beaucoup dit non, Pierre-Antoine Capton ?
01:39On me dit tout le temps non, encore maintenant.
01:41Je me suis pris un nombre de portes et j'ai beaucoup de mal à les ouvrir et je continue
01:46à avoir du mal à les ouvrir.
01:47Je suis parti de Trouville, je ne connaissais personne à Paris.
01:51Ça a été très difficile de me faire une place et aujourd'hui, je suis particulièrement
01:55attentif aux jeunes qui ont envie de réussir, d'essayer de donner leur chance pour pouvoir
01:59les aider parce que si on n'avait pas aidé à un moment, je n'aurais pas pu y arriver.
02:02Donc oui, des portes, j'en ai pris plein et c'est dans ces échecs-là que j'ai réussi à me construire.
02:06On va revenir sur les portes que vous vous êtes prises et sur les personnes qui vous ont aidé.
02:09Mais aujourd'hui, c'est vous qui dites oui ou qui dites non.
02:12MediaOne, que vous dirigez, fait 1,6 milliard de chiffres d'affaires, englobe près de 80
02:17sociétés de production, c'est-à-dire 1500 collaborateurs dans le monde.
02:21Vous êtes, c'est en train de devenir un empire, que ce soit dans le cinéma, dans
02:24les médias, c'est le premier groupe audiovisuel indépendant d'Europe.
02:29À l'origine, votre intuition quand vous créez MediaOne avec Xavier Niel et avec le
02:33banquier d'affaires Mathieu Pigasse, c'est au moment où les plateformes vont exploser.
02:36C'était il y a 10 ans et votre intuition, c'est qu'il n'y a pas de raison qu'il n'y ait que
02:40les séries et les films américains qui s'exportent dans le monde entier.
02:43Nous aussi, on va exporter nos séries françaises, on va les envoyer partout dans le monde.
02:47C'est ça l'idée à l'origine, c'est de dire nous aussi, on est capable d'envoyer des séries dans le monde et des films.
02:53On voulait faire rayonner la France à l'international.
02:56On constatait qu'il y avait plein de domaines dans lesquels la France était leader dans le monde.
03:00Dans la musique, dans le luxe, dans la mode, dans le théâtre.
03:02J'avais mon copain Florian Zeller, ses pièces, c'est l'auteur français le plus joué dans le monde.
03:07Il avait du succès partout et au cinéma, en série, on ne se faisait pas confiance,
03:11sans doute parce qu'on est dans un univers très compétitif.
03:13En France, on n'aime pas que les autres réussissent, c'est quelque chose de très particulier.
03:17Vous dites souvent ça sur la comparaison avec les Etats-Unis où vous passez une semaine par mois,
03:21c'est qu'aux Etats-Unis, il n'y a pas ce problème avec la réussite.
03:25Maintenant, c'est en train de changer.
03:26Je pense que le secteur cinéma, audiovisuel, on en reparlera sans doute, a besoin d'être solidaire
03:31parce que c'est comme ça qu'on y arrive.
03:33Mais quand on fait 10%, le succès de 10% à l'international, quand on fait HPI,
03:37qui est réimaginé à l'international, ça profite à TF1, ça profite à tout le secteur.
03:41Le succès de Montécristo dans les salles, c'est de l'argent qui revient ensuite dans le système.
03:45Oui, parce qu'il faut dire aux auditeurs, c'est vraiment une galaxie que vous arrivez
03:48et qui est le dernier grand succès.
03:50MediaOne est derrière.
03:52Le compte de Montécristo, le carton de l'été, vous êtes derrière.
03:54Vous avez aussi produit Les Trois Mousquetaires.
03:56Et là, l'amour ouf qui sort la semaine prochaine, le film-événement de la rentrée, c'est aussi vous.
04:00Ça, c'est pour le cinéma.
04:02Les séries à succès, vous avez parlé de 10%.
04:04Il y a HPI aussi, la série qui cartonne sur TF1, c'est aussi vous.
04:08Et puis, il y a les émissions de télé.
04:09C'est à vous, qui est votre bébé, on va y venir.
04:12C'est l'hebdo, c'est dans l'air.
04:14C'est aussi MediaOne.
04:15Mais là, ce qui semble vous exciter ces derniers temps, c'est le monde.
04:19L'Italie, l'Espagne, vous investissez énormément.
04:23L'Afrique, mais surtout l'Amérique.
04:25Pierre-Antoine Capton, vous avez racheté il y a quelques mois la société de production de Brad Pitt.
04:29Et vous venez de vous associer avec Lebron James, la plus grosse star de basket américain.
04:33Vous avez signé un accord de partenariat avec sa boîte de production.
04:36Et du coup, vous vous lancez, vous lancez en cette rentrée MediaOne Sport.
04:40Qui a vocation à quoi, en fait ?
04:41C'est quoi l'idée ?
04:42Pourquoi vous vous êtes associé avec Lebron James ?
04:45Pour la même chose qu'on s'est associé avec Brad Pitt, c'est que dans ce domaine-là,
04:47aujourd'hui, si on veut se différencier dans une oeuvre de contenu qui est incroyable,
04:50Netflix a 40 000 titres au catalogue.
04:53On a besoin d'être différent, singulier.
04:56Cette singularité chez MediaOne, on le fait par un côté qualitatif, premium.
05:00On veut que nos programmes soient les meilleurs, nos films, nos séries.
05:03On veut que ça attire le plus de monde possible et en garder quelque chose.
05:06Pour faire ça, il faut s'associer au meilleur.
05:08Brad Pitt, quand vous parlez de cinéma avec lui, au-delà de l'acteur qu'il est,
05:12il a quelque chose en plus sur sa façon de créer des films, connaître les réalisateurs et les scénaristes.
05:16Lebron James est pareil.
05:18C'est la plus grande star du sport qui existe.
05:20Et quand vous discutez avec lui, c'est comme si je parlais au radio avec vous.
05:23Ça sera beaucoup mieux qu'avec quelqu'un qui travaille dans une radio associative.
05:26Travaillez avec les meilleurs.
05:27Ça vous permet de gagner du temps et d'aller vers l'excellence.
05:29Mais est-ce qu'il n'y a pas aussi chez vous une envie de ce qui brille,
05:33ou en tout cas des rich and famous, comme on dit ?
05:36C'est-à-dire que quand vous visez Hollywood, que vous voulez vous attaquer à Hollywood,
05:39vous allez décrocher, vous allez acheter Brad Pitt.
05:41Maintenant, vous vous lancez Media One Sport.
05:43Vous prenez Lebron James quand vous êtes propriétaire de votre stade de foot,
05:47le stade à Malherbe de Caen, de votre enfance.
05:49Et là, vous y associez Kylian Mbappé.
05:51Ça vous rassure d'avoir des grands noms ?
05:53Ça assoie votre légitimité ?
05:55C'est ça aussi l'idée ?
05:55Non, pas du tout.
05:56Alors d'abord, moi, depuis très jeune, j'ai toujours essayé d'apprendre des autres.
06:00La première personne qui m'a aidé dans la vie, c'est Jacques Chancel.
06:03Jacques Chancel, il m'a pris par la main.
06:06Il m'a aidé dans plein de choses.
06:07Il m'a engueulé souvent.
06:08Je le voyais très régulièrement.
06:09Il a compté dans ma vie.
06:10Et donc, j'ai toujours été associé à des gens qui étaient excellents dans leur domaine.
06:14Xavier Niel, dans le domaine de l'entrepreneuriat, je pense que je ne pouvais pas rêver mieux.
06:17Et donc, j'ai toujours cherché cette excellence chez les autres.
06:20Kylian Mbappé dans le foot.
06:22Qui d'autre que lui peut m'apprendre aujourd'hui comment, dans un club de foot,
06:28faire grandir des jeunes, aller chercher l'excellence ?
06:30Et c'est incroyable d'avoir accès à ça.
06:32Mais il y a aussi des inconnus qui vous excitent ou c'est uniquement les grands noms et les grandes stars ?
06:35Il y a plein d'inconnus.
06:37Aujourd'hui, les plus grandes stars de Media One, c'est Hugo Sédignac, c'est Dimitri Rassam.
06:41C'est tout un tas de producteurs qui sont moins connus,
06:44mais qui nous permettent d'avoir accès aux meilleurs films et aux meilleurs talents.
06:47C'est quoi le but ultime ?
06:48On vous sent affamé ces derniers temps.
06:50On a l'impression qu'il y a un côté toujours plus, jamais rassasié.
06:54C'est quoi l'objectif à la fin ?
06:56Et c'est quoi l'histoire que raconte Media One ?
06:58Parce que j'ai cité toutes les séries, les films, les émissions que vous produisez.
07:02Mais est-ce qu'il y a une cohérence à tout ça ?
07:05Est-ce qu'il y a une histoire, des valeurs, un récit à Media One ?
07:08Et quel est-il ?
07:09Pour moi, on est les gardiens de l'histoire de demain.
07:12On est là pour façonner la culture.
07:14On est là pour laisser une trace dans ce qu'on est en train de raconter.
07:16On pourrait faire des films uniquement pour faire du box-office.
07:19La France a ceci de particulier, qu'on est le seul pays au monde
07:22dans lequel quand on vous donne les résultats d'un film, on vous donne pas le...
07:26Dans le monde entier, c'est le budget.
07:27On dit ça fait 60 milliards de dollars de box-office.
07:29En France, on donne le nombre de téléspectateurs, le nombre de spectateurs dans les salles.
07:32C'est assez unique, mais ça raconte quand même quelque chose.
07:35On n'est pas dans une quête ni d'argent, ni de volume.
07:38On est dans une quête qualitative.
07:40Et encore une fois, pour laisser quelque chose de la culture d'aujourd'hui,
07:43on veut raconter le monde tel qu'il est.
07:45C'est mon ambition.
07:46On arrive par ailleurs à faire travailler tout un tas de producteurs européens
07:49ensemble et à l'heure de l'intelligence artificielle,
07:52à l'heure où les plateformes, pardonnez-moi,
07:55décident de la continuité d'une série uniquement sur de la data.
07:59On essaie de laisser la liberté à des producteurs et à des créateurs
08:03de s'exprimer, de leur donner ces moyens-là.
08:06Et pour moi, c'est la plus belle chose qu'on peut créer chez MediaOne.
08:08Et d'ailleurs, Emmanuel Macron vous cite,
08:10dans une interview qui va paraître aujourd'hui dans Variety,
08:13comme l'une des majors françaises qui fait jeu égal avec les majors américaines.
08:18Comment il vous voit arriver les Américains ?
08:21Est-ce qu'il y a un dédain ?
08:23Comment il regarde les Français en général ?
08:25Alors, ils nous ont regardés avant qu'on aille aux Etats-Unis.
08:28Tout le monde m'a dit, Pierre Lescure, qui avait connu l'époque universelle
08:32avec Canal+, quand Canal+, avait racheté le groupe là-bas.
08:35Tout le monde m'a dit, fais gaffe, ils n'en ont qu'à ton argent
08:37et donc tu vas te faire plumer comme tout le monde.
08:39J'ai passé quatre années de ma vie à y aller une semaine par mois,
08:41à essayer d'être le plus humble possible, de comprendre ce secteur,
08:45de rencontrer tout le monde.
08:46Et petit à petit, on a fait des rencontres qui nous ont permis de grandir.
08:49Aujourd'hui, ils sont tous hyper curieux de ce qui se passe en Europe.
08:55Ils adorent tous la France et les Jeux Olympiques nous ont fait un bien fou.
08:59Et la liberté éditoriale et créative qu'on a en France,
09:01quand on voit Anatomie d'une chute, quand on voit plein de succès,
09:05ils sont très attachés à ça.
09:06Donc, ils nous prennent au sérieux ?
09:07Oui, et puis l'Europe a un rôle à jouer incroyable.
09:10Et ce n'est pas uniquement une histoire d'argent.
09:12Quand on s'est associé avec Brad Pitt, on m'a dit,
09:14mais ce n'est pas parce que vous l'avez acheté cher.
09:15Quand on fait le Band James, il n'y a pas d'argent entre nous.
09:18Le Band James, il vient travailler avec Media One
09:20parce que ça lui donne envie de créer avec Eric Hanzo,
09:23qui est un producteur de contenu incroyable ici.
09:24Et on va faire plein de choses.
09:26Pierre-Antoine Capton, à l'origine, il y a dix ans,
09:28quand vous allez sur Media One, vous êtes un petit producteur de télé
09:31qui commence à avoir sa petite cote, mais pas grand chose,
09:33si vous me permettez, sauf votre respect.
09:36Et surtout, vous ne connaissez rien au business plan,
09:39aux relations avec les investisseurs, à la bourse,
09:40et vous ne parlez pas anglais.
09:41Non plus.
09:42En deux mois, vous allez tout apprendre.
09:44Je me suis pris plein de claques.
09:46On est parti avec Mathieu Pigasse et Xavier Niel à New York,
09:49lever des fonds, on ne savait pas ce qu'on racontait.
09:52Je ne parlais pas anglais.
09:53Xavier un peu mieux, Mathieu très bien.
09:55Et ça partait vraiment nulle part.
09:57Et je me suis retrouvé très humilé dans plein de rendez-vous.
09:59Je me suis retrouvé vraiment tout au fond en me disant
10:01qu'est-ce que je fous là ? Pourquoi ils m'ont choisi ?
10:03Et puis, je me suis accroché.
10:04Je suis resté là-bas.
10:05J'ai essayé d'apprendre l'anglais.
10:06Je continue chaque semaine encore à prendre des cours.
10:09C'est mon gros problème.
10:11J'ai appris la finance, ça va assez vite.
10:12Mais surtout, je me suis dit, tu as une force,
10:14c'est que tu aimes la télévision, tu aimes le contenu.
10:16Et si tu crées de la valeur, c'est parce que tes films ou tes séries sont bonnes.
10:19Ce qui est intéressant chez vous, c'est votre parcours pour en arriver là.
10:22Comment le petit gars de Trouville, fils d'une coiffeuse et d'un moniteur d'auto-école,
10:26comment le gamin qui regardait les chiffres et les lettres avec sa grand-mère Suzanne
10:30devient le gros producteur que vous êtes aujourd'hui ?
10:33Vous ne connaissiez personne à Paris, ça, c'est vrai.
10:35Vous n'aviez pas les codes.
10:36Et vous êtes, au fond, vous aussi, ce mot à la mode, un transfuge de classe.
10:41Pierre-Antoine Capeton.
10:42Annie Ernaud, elle dit qu'elle écrit pour venger sa race.
10:44Y a-t-il chez vous une revanche sociale ?
10:48Pas du tout.
10:49Pas du tout, vraiment.
10:50J'ai l'avantage de baigner dans plein de mondes différents, d'aller encore régulièrement
10:54à Trouville, de voir mes amis qui sont pêcheurs, restaurateurs.
10:59Je fais tous les matchs du Stade Malherbe de Caen et je rencontre plein de gens dans
11:03la France entière.
11:04Je n'ai absolument pas ça.
11:05J'essaie d'inculquer des valeurs à mes enfants, au contraire, qui viennent de mes origines.
11:09Et je trouve ça génial aujourd'hui de juste montrer que vous êtes capable d'y arriver
11:13en partant de nulle part.
11:14C'est ça que la France nous offre aujourd'hui.
11:15Mais vous rêviez de quoi, gamin, jeune gamin à Trouville ?
11:19D'aller à Paris, de faire de la télé, d'être connu, d'être riche ?
11:21C'était quoi, le moteur ?
11:22Non, ni l'argent, qui n'a jamais été un moteur et qui ne le sera jamais.
11:25Vraiment, je m'en fous totalement.
11:26Parce que vous en avez ?
11:29J'en ai, mais ce n'est pas ce qui m'intéresse.
11:31Encore une fois, on a une fondation.
11:34J'essaie d'aider les autres du mieux que je peux, mais ma quête, elle n'est pas là.
11:38Je suis venu à Paris parce que ma grand-mère était poissonnière, ma mère coiffeuse.
11:43Et je n'avais pas envie de faire ces métiers-là.
11:45Moi, j'aimais la télévision, j'aimais le cinéma.
11:47J'ai grandi avec ça.
11:48J'ai été élevé en partie par ma grand-mère.
11:51Et donc, la télé avait un rôle hyper important et essentiel.
11:53Je voulais y être.
11:54Je suis venu à Paris.
11:55J'ai essayé de prendre des cours de théâtre.
11:57J'étais mauvais comédien et je me suis dit ce n'est pas capable de ça.
12:00Va dans l'autre sens et donc travaille derrière et essaye d'aider les talents.
12:03Et encore aujourd'hui, mon rôle et mon truc, que ce soit un chroniqueur de télé ou Brad Pitt,
12:10quand j'échange avec eux, c'est d'essayer de les mettre en valeur
12:12et de les aider un peu.
12:14Le théâtre, c'est votre première rencontre.
12:15Ça a commencé par du culot.
12:17Vous êtes en terminale à Trouville et il y a un ancien élève qui vient assister au spectacle à Antigone.
12:21Je crois que vous jouiez.
12:23Et c'est Dominique Besnéard qui était l'agent des stars de cinéma, qui est toujours Art Media.
12:28Et là, vous avez le culot d'aller le voir et de lui dire
12:31aide-moi et il vous dit gentiment, passe me voir quand tu viens à Paris
12:36et vous y allez et vous le harcelez.
12:37Et c'est lui qui vous dit, va, essaye le cours Florent.
12:40Exactement.
12:40En trois jours, vous découvrez que l'acteur, ce ne sera pas vous.
12:43Ce n'est pas fait pour moi.
12:44Dominique voulait sans doute se débarrasser de moi,
12:46mais littéralement, je suis parti de Trouville avec mon sac.
12:49Je suis allé sonner chez Art Media.
12:51J'ai été reçu par son assistante qui m'a dit, mais qui êtes vous ?
12:54Vous n'avez pas de rendez-vous.
12:55J'ai attendu trois heures.
12:56Il m'a reçu. Il ne se souvenait plus de moi.
12:58Il m'a envoyé au cours Florent.
12:59Ça a été un désastre.
13:00Et Dominique a un rôle hyper important dans ma vie.
13:02Je l'ai recroisé à plein de moments.
13:03J'ai fait mon premier documentaire avec lui pour ses 50 ans sur Canal+.
13:07On fait 10% ensemble.
13:0910% aujourd'hui, qui est la série la plus remakée dans le monde.
13:11On a lancé avec Eva Longoria une version latino,
13:14et Le Brand James va faire la version sport aux Etats-Unis.
13:17Donc, il a un rôle dans mon parcours essentiel.
13:19Alors, le cours Florent, ce n'est pas ça.
13:21Ensuite, pour gagner des sous, vous dénichez un stage chez AB Productions,
13:25la boîte qui produit à l'époque toutes les sitcoms des années 90.
13:28Vous allez faire plein de petits boulots.
13:29À Canal Jimmy, vous avez une idée géniale.
13:32C'est là que vous allez être repéré par Marc-Olivier Fogiel,
13:35parce que vous avez l'idée de passer toute une nuit de ça.
13:44Friends.
13:44L'idée, ça n'existait pas de faire une nuit Friends.
13:47Là, ça vous vaudra une petite cote.
13:49Marc-Olivier Fogiel vous repère.
13:50Je passe vite parce que le parcours est très intéressant.
13:54Il vous embauche, vous êtes à Canal.
13:56Vous commencez à bosser avec lui.
13:58Et puis, grâce à un plan social,
13:59le plan social, quand Jean-Marie Messier prend Canal,
14:02vous partez avec un chèque.
14:03Et avec ce chèque, vous créez Troisième Oeil,
14:05qui va être votre première boîte de production.
14:07Et là, votre premier coup, 2009, c'était il y a 16 ans,
14:11France 5 fait un appel d'offres pour lancer une émission sur son accès.
14:15À l'époque, le grand talk show, c'est le grand journal.
14:18Et vous, vous vous lancez, vous gagnez l'appel d'offres.
14:20Et ça donne le 7 septembre 2009.
14:23Alessandra Sublet, jeune animatrice, qui lance.
14:33Bonsoir à tous et bienvenue sur France 5
14:39pour votre désormais rendez-vous quotidien.
14:42Ça, c'est Alessandra Sublet.
14:43Ensuite, il y aura Anne-Sophie Lapix qui va présenter.
14:45Aujourd'hui, c'est Anne-Élisabeth Lemoyne
14:46avec toujours cette table de chroniqueurs, toujours la cuisine.
14:4916e saison, ça va continuer encore longtemps.
14:52Et la cuisine restera tout le temps ?
14:55Alors, on a deux choses.
14:56D'abord, cette émission, c'est mon bébé.
14:58J'y ai passé quatre ans, jour et nuit à la façonner.
14:59D'abord, elle a battu encore son record de lioncière.
15:02Elle a fait 9% de part d'audience, qui est colossale.
15:06Deuxièmement, c'est le seul talk show aujourd'hui qui n'est pas dépendant.
15:09Et avec tout le respect que j'ai, et pour Anne-Élisabeth Lemoyne
15:13et pour toutes celles qui lui ont précédé,
15:15qui ne dépend pas uniquement de son animatrice.
15:18Je pense que Quelle époque sans vous n'existe pas, Léa Salamé.
15:20Je pense que Quotidien n'existe pas sans Yann Barthez.
15:23Je pense que Touche pas à mon poste n'existe pas sans Cyril Hanouna.
15:25Et je pense que C'est à vous, qui a déjà connu trois animatrices,
15:28peut continuer dans la durée parce qu'il y a un format, parce qu'il y a la cuisine.
15:31Peut-être qu'on peut se moquer de l'aspect cuisine,
15:33mais c'est un format qui, aujourd'hui, accompagne les Français.
15:35Après, il y a un style de chacune de vos animatrices.
15:37Et Anne-Élisabeth Lemoyne a amené son style, sa patte.
15:40Je les adore, évidemment, et je travaille qu'avec des gens extrêmement talentueux.
15:44Je vous dis simplement que ce format cuisine qui peut être moqué par moment,
15:48fait que n'empêche, de 19h à 21h10 maintenant,
15:51on accompagne les Français dans un moment très important,
15:54avec des choses très sérieuses.
15:56L'édito de Patrick Cohen est là pour le prouver depuis 14 ans, mais c'est le cas.
16:00Le côté artisanat que vous aviez il y a 15 ans quand vous lancez,
16:04c'est à vous, vous étiez là derrière à faire attention aux lumières, aux projecteurs, aux invités.
16:10C'est fini tout ça ? Vous n'avez plus le temps de ça ?
16:12Mais vous rigolez, je continue de suivre.
16:13D'abord, on n'avait pas une thune à l'époque.
16:14On avait le budget le plus ridicule qui était cinq fois moins que celui du Grand Journal.
16:18Et donc, il fallait être différent.
16:19On a pris un loft à la place d'un grand studio.
16:22On n'avait pas d'argent pour mettre du public.
16:24Et franchement, on a fait ça dans le plaisir.
16:26Et c'est ce qui se ressentait à l'antenne.
16:27Et c'est ce qui nous a permis de grandir.
16:28Mais aujourd'hui, vous continuez de regarder ?
16:30Bien sûr, je continue.
16:31J'ai gueulé la semaine dernière quand j'ai vu qu'on n'avait pas Léon Marchand.
16:33J'ai envoyé un texto à tout le monde.
16:35C'est important de suivre.
16:36C'est mon bébé, ça le restera toujours.
16:39Jacques Chancel, vous en avez parlé.
16:40C'est votre père spirituel, votre père de télé.
16:43Vous l'avez rencontré, vous aviez 30 ans, il en avait 80.
16:46Vous êtes allé le voir encore au culot et il vous a adopté.
16:48Vous dîniez avec lui tous les dimanches soirs.
16:50Jacques Chancel, qu'on écoute dans la collection Empreintes, dans le documentaire.
16:54J'ai fait, je crois, tout ce qu'on peut faire comme voyage.
16:58J'aurais fait, je ne sais plus combien de fois, le tour du monde.
17:03Mais je crois qu'il n'y a plus long voyage.
17:05Que j'aurais pu faire, que j'aurais su faire, je les ai fait dans ma tête.
17:10Car le rêve est une création.
17:14Le rêve, c'est un pur bonheur.
17:16Il faut savoir s'inventer une aventure.
17:19S'inventer une aventure, n'oubliez pas de vivre.
17:30Répétez ça tout le temps, Jacques Chancel.
17:32Est-ce que le risque aujourd'hui pour vous, c'est l'embourgeoisement ?
17:36Je ne pense pas.
17:37Vraiment, je vous conseille de venir avec moi au stade Michel d'Ornano, à Caen et
17:43à Trouville.
17:44J'ai une vie totalement normale.
17:46De temps en temps, je me retrouve dans des endroits où je me dis « qu'est-ce que
17:50je fous là ? ». Je prends un peu de hauteur et je me regarde.
17:52Ça m'amuse beaucoup.
17:53Je le garde pour moi parce qu'il y a des souvenirs qui sont difficiles à partager.
17:57Mais non, je reste le petit gars de Trouville et toute ma vie, j'aurai les valeurs qui
18:01ont été inculquées par ma mère, ma grand-mère, mais j'ai encore plein de choses à faire.
18:04Les Impromptus, pour finir, vous répondez rapidement, sans trop réfléchir.
18:08Vous aurez 50 ans au printemps prochain.
18:09Vous allez le fêter ?
18:10Oui, j'espère bien.
18:12Grosse fête ?
18:13Très grosse fête à laquelle vous serez invité, Léa.
18:15C'est vrai que, gamin, pour vous faire des sous, vous faisiez les shampoings des
18:19clientes du salon de coiffure de votre mère ?
18:21J'ai fait plein de petits boulots.
18:22Shampooing, j'ai servi les petits-déjeuners dans des hôtels, plein de trucs sympas.
18:25Brad Pitt ou George Clooney ?
18:27Brad Pitt parce qu'on est associés avec lui.
18:32Paris ou Los Angeles ?
18:33C'est dur, Los Angeles, pour des raisons uniquement de tranquillité d'esprit.
18:45Vous allez aller habiter là-bas ?
18:46Non, je ne vais pas m'y habiter, une semaine par mois me va très bien, mais j'y prends
18:51beaucoup de plaisir.
18:52Aurel San ou Booba ?
18:53Aurel San.
18:54Kylian Mbappé ou LeBron James ?
18:55Kylian Mbappé.
18:56PSG ou OM ?
18:57C'est dur.
18:58Stade Malherbe de Caen.
18:59Le Grand Journal ou Nulle part ailleurs ?
19:00J'ai grandi avec Nulle part ailleurs.
19:01Xavier Niel ou Mathieu Pigasse ?
19:02Votre père ou votre mère ?
19:03Michel Drucker ou Michel De Nizot ?
19:16J'adore les deux, Michel Drucker et de Caen, donc Michel Drucker.
19:22Vous jouez toujours au poker ?
19:24Non, j'ai arrêté depuis malheureusement très longtemps.
19:26Un collaborateur vous quitte, vous vous réjouissez pour lui ou vous lui en voulez à mort ?
19:30Ça dépend de sa qualité.
19:31Vous m'en avez piqué un excellent et je n'aurais pas voulu.
19:35Mais de rêve, ce serait de posséder West France et l'équipe, c'est toujours ça ?
19:39J'adorerais faire de la presse écrite, ça devient de plus en plus difficile de pouvoir
19:42acheter des journaux en n'ayant pas beaucoup d'argent, mais j'adorerais donner de la liberté
19:45à des journalistes.
19:46Et votre série sur les coulisses de la Maison de la Radio, c'est pour quand ?
19:48On y travaille, on est en train de bosser là sur un peu d'observation et je pense qu'elle
19:53va être...
19:54Non, on se parlait de comment marquer une époque et raconter une histoire, la Maison
19:56de la Radio aujourd'hui, elle raconte plein de choses.
19:58Quand est-ce que vous allez diriger une chaîne de télé ?
20:00Jamais.
20:01La politique, maire de Trouville, c'est pour quand ?
20:04Non, surtout pas.
20:05La dernière fois que vous avez pleuré ?
20:07La dernière fois que j'ai pleuré, il n'y a pas très longtemps, pour des raisons personnelles.
20:13La question Jacques Chancel pour finir évidemment, et Dieu dans tout ça ?
20:16C'est une question qu'on partageait beaucoup avec Jacques, j'en profite juste pour dire
20:21qu'en fait c'est les 10 ans de sa mort, le 26 décembre prochain, et que j'ai une pensée
20:27pour lui et la Maison de la Radio.
20:29Merci Pierre-Antoine Kept, vous n'avez pas répondu sur Dieu, mais ce sera l'objet d'une
20:33autre question.
20:34Merci et belle journée à vous.

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