Le Grand Jury du 01 septembre 2024

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Regardez Le Grand Jury avec Olivier Bost du 01 septembre 2024.

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00:00Le Grand Jury, présenté par Olivier Bost.
00:13Bonjour à tous et bienvenue dans ce Grand Jury en direct sur RTL et Nouveauté en direct également tous les dimanches sur Public Sénat.
00:21Bonjour Ségolène Royal.
00:22Bonjour.
00:23Presque deux mois après les élections législatives, Emmanuel Macron n'a toujours pas nommé de Premier Ministre.
00:29On vient d'apprendre que le chef de l'État allait recevoir demain matin Bernard Cazeneuve.
00:33Mais vous proposez aussi vos services pour Matignon.
00:36Pour quelle politique, Ségolène Royal, avec quelle majorité, dans ce paysage fragmenté comme jamais, quelles sont vos solutions ?
00:45À mes côtés pour vous interroger aujourd'hui, Perrine Tarnot de Public Sénat, Pauline Buisson de M6 et Claire Conruyt du Figaro.
00:53Dans ce Grand Jury, Ségolène Royal, nous allons partager plusieurs moments.
00:56Nous aurons quelques questions expresses pour vous avec des réponses par oui ou par non.
00:59Nous parlerons également du Parlement, là où ça va se passer plus que jamais.
01:03Puis vous aurez aussi le droit à un moment 2027.
01:06Bienvenue dans ce Grand Jury, Ségolène Royal.
01:09Le Grand Jury, l'actualité de la semaine.
01:12Je le disais à mes côtés pour débuter cette émission, Perrine Tarnot de Public Sénat et Pauline Buisson de M6.
01:17Avant de parler du prochain gouvernement, Ségolène Royal, nous allons parler de la réaction de la famille de la petite Camilia, 7 ans,
01:24qui est entre la vie et la mort.
01:26Le jeune de 19 ans qui l'a renversée a été mis en examen et relâché.
01:30Son père dit merci la justice française.
01:33Les citoyens savent qu'ils peuvent rouler comme ils veulent, faire les fous sur la route, tuer.
01:39Partagez-vous la colère de ce père, Ségolène Royal ?
01:41Bien sûr, comme tous parents, rien n'est plus effroyable que de perdre un enfant
01:46ou que d'avoir un enfant dans le coma suite à un accident aussi absurde que celui-ci.
01:52Bien sûr, je crois que la liberté d'expression de la douleur intime dès lors qu'elle est rendue publique est tout à fait légitime.
02:00Éric Tarnot ?
02:01Oui, cette colère rejoint aussi celle de la veuve du gendarme tué cette semaine à Mougins
02:07après un refus d'obtempérer par un homme qui avait déjà été condamné dix fois.
02:10Cette veuve a dit la France a tué mon mari.
02:14Est-ce que vous estimez que la justice française est trop laxiste ?
02:19Non, je pense que c'est injuste de s'en prendre à la justice,
02:22dans la mesure où la justice applique les règles qui existent,
02:25applique les lois qui sont votées par le Parlement.
02:28En revanche, ce qui est exact dans ce que dit Madame Comines,
02:33c'est que faisait un multirécidiviste étranger sur le sol français.
02:38C'est ça qu'il faut regarder, c'est ça que les Français ne supportent plus.
02:41C'est la délinquance d'étrangers qui ne respectent pas les lois françaises
02:46de la même façon qu'un Français sur un sol étranger.
02:48Vous savez, si un Français allait sur le sol des États-Unis d'Amérique
02:51et était multirécidiviste, il y a longtemps qu'il aurait été renvoyé dans son pays.
02:55Donc je crois qu'il faut regarder dans la loi telle qu'elle existe aujourd'hui
02:59quelles sont les possibilités d'éloigner plus efficacement et plus rapidement les délinquants.
03:07Lors de votre campagne présidentielle, vous étiez pour un encadrement militaire
03:11des jeunes délinquants presque vingt ans plus tard.
03:13Vous dites quoi ? Vingt ans de perdus, c'est ça ?
03:16Non, je pense que du travail a été fait.
03:18Ce serait injuste de dire que pendant vingt ans, rien n'a été fait.
03:22Ce qui est clair aujourd'hui, c'est qu'il y a une montée de la violence
03:25et de la délinquance chez les mineurs.
03:28J'ai toujours considéré que la sanction est aussi une éducation.
03:32Il est évident, y compris dans le cadre des règles existantes,
03:36que nous pouvons être beaucoup plus fermes sur les sanctions qui sont aussi éducatives
03:42et surtout faire en sorte qu'aucun jeune ne soit sans solution.
03:45Il n'est pas normal lorsqu'un jeune est en rupture scolaire,
03:48car vous aurez observé que la plupart des délinquants sont en rupture scolaire,
03:52qu'ils soient rapidement repérés et encadrés, en effet, pourquoi pas, par des militaires.
03:58Pour apprendre tout court, parce que souvent ce sont des jeunes qui n'ont appris ni la limite
04:02ni la juste autorité, ce que j'appelle l'ordre juste.
04:05Donc il faut leur redonner, je dirais même cette chance,
04:08il faut garder un regard bienveillant sur les jeunes
04:10pour leur donner enfin une occasion de se réaliser,
04:15de trouver une passion, de grandir, de s'affranchir.
04:18Mais pour cela, il faut de l'autorité, il faut des limites, il faut des règles.
04:22Il faut que les adultes qui les encadrent soient cohérents les uns avec les autres.
04:26Ségolène Royal, l'actualité politique, c'est toujours la recherche d'un Premier ministre par Emmanuel Macron.
04:31On a appris il y a quelques minutes que Bernard Cazeneuve serait reçu demain matin à l'Elysée par le chef de l'État.
04:38C'est dans le cadre des consultations menées par Emmanuel Macron.
04:41Est-ce que Bernard Cazeneuve ferait un bon Premier ministre ?
04:44Ce n'est pas à moi d'en décider.
04:47Je pense que c'est une bonne chose qu'il y ait des diverses consultations qui soient faites,
04:51parce que le choix ne doit pas être une erreur.
04:54Il faut faire le bon choix, justement, surtout après cette attente.
04:58Si l'attente se prolonge un peu, ce n'est pas grave.
05:02Si le bon choix est fait, qu'est-ce que c'est que le bon choix ?
05:05Le bon choix, c'est quelqu'un qui va apaiser la France et qui va faire en sorte qu'il n'y ait plus de désordre.
05:11Et c'est dans ce cadre, moi, que j'ai dit ma disponibilité, parce que je pense qu'il faut quelqu'un.
05:16Mais ça, ce n'est pas à moi d'en juger qui a cette capacité ou pas.
05:21En tout cas, moi, je pense avoir cette capacité et l'avoir démontré.
05:24Vous savez, ma vie politique est derrière moi. Je n'ai pas créé de parti politique.
05:27Je ne suis pas candidate à l'élection présidentielle.
05:29Mais j'ai senti comme un devoir, face à la situation de blocage et d'inquiétude des Français, de dire oui, je suis disponible, même si c'est pour quelques temps.
05:38On va revenir sur votre disponibilité.
05:41Mais auparavant, c'est l'entourage de Bernard Cazeneuve qui fait savoir qu'il sera reçu demain à l'Élysée.
05:46Son entourage précise également que Bernard Cazeneuve n'est pas demandeur, mais s'il le fait, c'est par devoir.
05:52Le fait de ne pas être candidat ou demandeur, ça vous surprend ?
05:55Non, mais c'est ma situation aujourd'hui. Je suis disponible.
05:58Non, mais je parle de Bernard Cazeneuve. Le fait qu'il soit reçu à l'Élysée sans avoir dit publiquement qu'il était éventuellement intéressé ou candidat.
06:06D'autres personnalités ont été reçues. Les présidents de régions ont été reçus, n'ont pas été demandeurs non plus.
06:11Donc je pense que c'est une bonne chose, avant un choix décisif et crucial qui doit être fait, qu'un certain nombre de personnalités soient reçues.
06:19Mais vous le connaissez bien. Bernard Cazeneuve, ça a été un long compagnon de route au Parti socialiste.
06:24Il ne correspond pas au portrait robot que vous venez de dresser. Ramenez l'ordre de l'autorité.
06:29Est-ce qu'il serait un bon candidat quand même pour Matignon ? Est-ce que vous précisez sur ce point ?
06:34Une fois de plus, ce n'est pas à moi d'en juger. En revanche, ce que je pense, c'est qu'il faut choisir quelqu'un qui soit capable de parler à tout le monde.
06:42On a vu déjà un certain nombre de réactions au sein de la gauche.
06:45Et si la tentation, c'est de choisir un candidat Premier ministre qui va diviser la gauche, je pense que c'est un mauvais choix.
06:51C'est le cas de Bernard Cazeneuve ?
06:52En tout cas, les différentes sensibilités de la gauche se sont exprimées. On dit leur désaccord.
06:57Donc, l'objectif premier, qu'est-ce qu'ils veulent les Français aujourd'hui ? Ils veulent de la tranquillité. Ils veulent de la paix.
07:04Ils ne veulent pas de mouvements sociaux qui soient suscités par des injustices ou par de mauvaises décisions.
07:10Et donc, il faut que ce qui existe fonctionne bien. Et pour que ce qui existe fonctionne bien, il faut que les institutions fonctionnent bien.
07:20Parce que les institutions, c'est ce qui fait la force et l'unité d'un pays.
07:25Donc, il faut que ces institutions fonctionnent bien.
07:27Pour ça, il faut prendre des personnes qui parlent à tout le monde et qui soient capables et qui aient montré leur capacité de rassemblement.
07:35Pour bien comprendre ce que vous venez de dire, Bernard Cazeneuve, par les réactions que vous avez pu entendre à gauche, vous laisse penser qu'il sera censuré.
07:42Et donc, c'est risqué de le prendre comme Premier ministre.
07:45Vous les avez entendues comme moi, ces réactions. C'est-à-dire qu'il faut apaiser.
07:50Vous voyez, il faut des gens qui parlent à tout le monde sans sectarisme, sans les avoir insultés, avec une capacité d'ouverture.
07:57Je pense avoir prouvé cela. D'abord, en étant au second tour d'une présidentielle, j'ai rassemblé 17 millions de Français.
08:03Ensuite, j'ai l'expérience de toutes les institutions. J'étais plusieurs fois ministre. J'ai appris le métier auprès de François Mitterrand pendant 7 ans.
08:10J'ai dirigé une région. J'étais 4 fois parlementaire. J'ai vécu 20 ans à l'Assemblée nationale. Donc, je connais le fonctionnement des institutions.
08:17Et c'est ça qui m'a poussée à dire par devoir finalement que je suis disponible si ça peut être utile.
08:23Mais si c'est quelqu'un d'autre qui fait le travail et qui apaise la France, qui empêche l'émergence de brutalité et de mouvements sociaux, je pense que c'est une bonne chose.
08:35Et le second critère qui me semble important, c'est qu'il faut quelqu'un qui ait une pensée souple, qui n'ait pas une pensée rigide.
08:44Il y a une grande différence entre avoir une pensée souple et avoir une pensée rigide.
08:48On l'a compris, vous êtes candidate pour ce poste, mais pour mener quelle politique ? Vous dites une pensée souple.
08:52Cela veut dire que vous n'appliquerez pas uniquement le programme du Nouveau Front Populaire ?
08:56En effet, je pense. Quelle est l'urgence aujourd'hui ? L'urgence, c'est de bien faire fonctionner ce qui marche, ce qui existe, de bien faire marcher ce qui existe.
09:06C'est ça que veulent les Français. Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ? Pourquoi il y a une rupture de confiance ?
09:10Parce qu'il y a un sentiment d'abandon alors qu'il y a des choses simples à faire pour que ce qui existe fonctionne.
09:15Il ne s'agit pas de lancer des grandes réformes. Ça, c'est l'échéance présidentielle qui lance les grandes réformes.
09:20C'est l'échéance présidentielle d'ailleurs qui est devant nous et qui va venir très rapidement, qui va décider si oui ou non,
09:27qui va permettre aux Français de choisir le modèle de société. Alors que là, c'est du pragmatisme qu'il faut.
09:34C'est-à-dire prendre les choses point par point, prendre les lignes budgétaires une à une pour voir que tout euro dépensé soit un euro utile,
09:44car nous avons une marge de manœuvre extrêmement étroite.
09:47Il ne s'agit pas de lancer des réformes, d'être farfelu, de secouer tout le monde. Ça ne sert à rien.
09:54Il faut déjà, dans le contexte dans lequel nous nous trouvons, où nous avons 3 000 milliards de dettes, 150 milliards de déficits,
10:02la marge de manœuvre est extrêmement étroite. 60 000 faillites qui sont programmées.
10:07On reviendra sur le budget, mais pour bien comprendre votre candidature, vous dites qu'il faut apaiser le pays.
10:12Est-ce que ça veut dire que vous ne seriez pas une première ministre de cohabitation quelque part ?
10:17Je pense aujourd'hui que la réalité du vote des Français, qui doit être respectée, c'est en fait une cohabitation partielle,
10:26puisque personne n'a la majorité absolue, mais que la gauche est en tête.
10:31Donc il est logique que le chef du gouvernement soit à gauche, mais soit capable de faire ce que j'ai appelé un gouvernement d'union républicaine.
10:40Pourquoi ne serait-il pas possible de passer du front républicain, qui a été constitué, vers un gouvernement d'union républicaine ?
10:48Mais ce que vous décrivez ressemble largement au gouvernement sortant, qui était avec des gens de gauche et des gens de droite, non ?
10:55Je n'ai pas vu de gens de gauche dans le gouvernement sortant.
10:59Non, Clément Beaune...
11:01Elisabeth Borne, ancienne première ministre, venait quand même des bancs de la gauche.
11:05Non, ce ne sont pas des gens de gauche. Ils ont quitté le PS, ce ne sont pas des gens qui sont à gauche.
11:11Je crois aussi qu'un gouvernement, ce n'est pas non plus telle ou telle personnalité.
11:16Parce que dans les institutions telles que je les ai évoquées à l'instant, il y a bien sûr l'État, mais il y a les collectivités territoriales.
11:23Il y a trois grandes institutions qui doivent fonctionner et qui relèvent de la dépense publique.
11:27C'est l'État, avec l'ensemble des institutions étatiques.
11:30C'est la sécurité sociale, avec la loi de financement de sécurité sociale qui va être aussi un élément, une étape politique majeure.
11:37Et c'est les collectivités territoriales.
11:40Et je trouve qu'un conseil des ministres est aussi important qu'un conseil des présidents de région, des présidents de département et des maires.
11:46Parce que ce sont eux, et je l'ai expérimenté pendant dix ans à la tête de Poitou-Charentes, qui sont en première ligne de ce qui va se passer.
11:53C'est-à-dire la première urgence, par exemple, très opérationnelle, par rapport aux 60 000 faillites qui sont programmées.
11:58C'est de voir en direct avec les territoires, qu'ils regardent où sont ces entreprises menacées ou fragilisées.
12:04Pour quelles raisons ? Est-ce que c'est le coût de l'énergie ? Est-ce que c'est la perte de marché ? Est-ce que c'est une concurrence déloyale ?
12:11Est-ce que c'est des difficultés de recrutement ?
12:13Que l'on puisse, avec les collectivités territoriales, mettre en place des actions immédiates qui empêchent la faillite de ces entreprises.
12:21Et ça, c'est quelque chose de crucial.
12:23C'est pas une loi, c'est pas des réformes extravagantes.
12:27C'est juste un esprit pratique qui permet de redresser la barre, avant qu'il ne soit trop tard, sur un certain nombre de sujets,
12:37et en particulier sur la situation économique et sociale du pays.
12:40Il faudra quand même, Ségolène Royal, rassembler.
12:43Et pour l'instant, on ne peut pas dire que votre candidature était très bien accueillie à gauche.
12:48Pour citer par exemple Olivier Faure, le patron du Parti Socialiste, il a plus ou moins refusé de répondre directement sur votre candidature.
12:56Il a dit, je ne veux pas être désobligeant. Quelle est votre réaction ?
12:59Ce ne sont pas les appareils politiques qui peuvent désigner...
13:03Oui, mais il va falloir faire avec les appareils politiques.
13:05Non, justement.
13:06Mais avez-vous eu des nouvelles d'Emmanuel Macron ? Est-ce qu'il a cherché à vous contacter ?
13:09Non, mais ce n'est pas le sujet, là. On parle du fond.
13:11Les appareils politiques ne peuvent pas se mettre d'accord sur quelqu'un qui est indépendant des appareils politiques.
13:17Les appareils politiques ont besoin de garder une emprise sur les personnalités politiques
13:22pour que le moment venu, ces personnalités politiques soient mises au service de leur carrière politique.
13:29Tout à fait respectable, d'ailleurs.
13:31Donc aujourd'hui, c'est quoi l'enjeu ? C'est que les intérêts du pays l'emportent sur les intérêts des partis.
13:36Donc là, il y a eu une tentative.
13:39Emmanuel Macron a pris le temps de proposer aux appareils politiques de se mettre d'accord.
13:45Ce qu'ils n'ont pas fait parce que ce n'était pas possible.
13:49On ne peut pas leur reprocher.
13:50Alors le Nouveau Front Populaire a proposé une candidate.
13:53Ils ont bien fait leur travail de ce point de vue-là.
13:55Mais on voit bien que cette candidate sera confrontée à une censure.
14:00Mais ce n'est pas grave.
14:01Ils prennent une date pour la suite.
14:03Mais on ne peut pas exiger, lorsque l'on n'a qu'une majorité relative, comme c'est le cas du Nouveau Front Populaire,
14:10on ne peut pas exiger de diriger un gouvernement et d'imposer tout et rien d'autre que le programme du Nouveau Front Populaire.
14:19C'est ça, toute la difficulté aujourd'hui et ce qu'il faut réinventer.
14:23Ce ne sont pas les partis qui mènent le jeu.
14:25En revanche, il y a quand même les députés et à l'Assemblée.
14:28Est-ce que vous, vous avez pris des contacts avec des députés ou avec des gens du monde politique en vue de Matignon ?
14:35Non, mais je les connais depuis longtemps, les parlementaires.
14:39Je les connais depuis longtemps, je vous le dis.
14:41J'ai été quatre fois ministre, j'ai travaillé avec des parlementaires de droite et de gauche.
14:44Je m'honore d'ailleurs d'avoir fait voter mes lois de façon très globale, y compris avec des voix des opposants politiques.
14:51La loi biodiversité a été votée par Bruno Retailleau.
14:54La loi de transition énergétique aussi.
14:58Donc là, vous n'avez pas réactivé ?
15:00J'ai toujours eu le souci, parce que c'était pour le bien de la France,
15:05de faire en sorte que les votes des textes des réformes soient le plus large possible.
15:09À la tête de ma région, 98% de mes décisions ont été votées par l'opposition.
15:13Et c'est bien, parce que je prenais en considération leur point de vue.
15:18Et c'est ça aujourd'hui qu'il faut réaliser dans ce laps de temps qui est relativement court.
15:22Puisque de toute façon, les échéances municipales sont en 2026 et l'échéance présidentielle est en 2026.
15:30La droite n'a pas le même souvenir de votre exercice du pouvoir à la région ?
15:33Elle a voté 98% des décisions.
15:37Et Jean-Pierre Rafferin a voté mes lois quand j'étais ministre de l'écologie.
15:41Après, il y a les moments de campagne électorale.
15:44Mais interrogez-les, vous verrez.
15:46Et vous pensez qu'en ayant soutenu Jean-Luc Mélenchon à la dernière présidentielle,
15:51la droite soutiendrait un gouvernement de Ségolène Royal ?
15:55Sachant que la France insoumise est quand même un peu le chiffon rouge pour la droite aujourd'hui.
15:59Vous venez de citer par exemple Bruno Retailleau.
16:02Oui, parce que ce n'est pas du tout incohérent.
16:04Chaque épisode politique appelle des règles spécifiques.
16:10Au moment de l'élection présidentielle, si l'on voulait que les Français aient un libre choix au second tour de la présidentielle,
16:16et notamment que les électeurs de gauche aient un second choix, il fallait faire l'union.
16:20L'union, elle se fait comment ? Elle se fait autour de celui qui est devant.
16:23Et pourtant, je ne devais rien à Jean-Luc Mélenchon, qui ne m'a jamais soutenu, même en 2007,
16:27et qui a dit, à cette époque-là, que je ne suis pas très respectueuse.
16:32Je fais abstraction de mes ressentiments personnels.
16:36Je regarde la vie politique et je me dis, qu'est-ce qui est bon pour eux ?
16:39Soit les électeurs de gauche, qu'est-ce qu'ils attendent ? Ils attendent l'union.
16:42D'ailleurs, ils ont fini par le faire, le Nouveau Front Populaire.
16:44Je leur avais dit de le faire dès les Européennes.
16:46Avec la France insoumise, vous n'aurez jamais le soutien ni du centre, ni de la droite.
16:50Ce n'est pas comme ça que ça se pose.
16:52Parce que la France insoumise, déjà, de toute façon, a dit qu'il ne voulait pas rentrer dans un gouvernement d'union républicaine.
17:00Il ne voulait pas rentrer dans un gouvernement où il y a des ministres venus de la droite.
17:04Moi, ce que je propose, c'est un gouvernement avec des ministres venus de la droite et venus aussi de la gauche.
17:11Chacun dans ses responsabilités.
17:14Vous avez commencé à appuyer des jalons ? Vous avez pris des contacts pour, je ne sais pas,
17:19éventuellement envisager un gouvernement, justement, avec des ministres ?
17:21Non, mais j'y ai réfléchi, bien sûr. Je ne me permettrais pas de prendre des jalons, mais j'y ai réfléchi, bien sûr.
17:26Parce que le moment venu, si je suis choisie, il va falloir faire assez vite.
17:30Et pour vous reposer la question de Pauline, tout à l'heure, vous n'avez pas répondu.
17:33Est-ce que vous avez eu des contacts avec l'Elysée d'une façon ou d'une autre ?
17:36Non, je ne veux pas répondre à cette question-là.
17:40Parce que, je veux dire, quand on est femme d'État, on ne fait pas de commentaires sur ce qui relève.
17:49Il y a du contact éventuel, interpersonnel.
17:52Vous êtes connue pour votre indépendance et votre fort caractère, on va dire.
17:57Est-ce que ça, ça vous semble compatible avec Emmanuel Macron ?
18:01Vous le connaissez ? Est-ce que vous pourriez gouverner avec Emmanuel Macron, président de la République ?
18:05Bien sûr, parce que je pense que ce qui est central, c'est le sens du bien commun.
18:13Et dans cette période courte, je le répète, puisque les concurrences politiques vont reprendre très vite avec les municipales.
18:22D'ailleurs, il y a un problème à régler pour les municipales.
18:25C'est que je pense que, et nous le savons, dans beaucoup de mairies, il va y avoir un problème de candidature
18:30par rapport à la difficulté de la fonction aujourd'hui, y compris dans le domaine de l'insécurité.
18:36Et ensuite, il y aura la présidentielle.
18:38Donc finalement, dans un an, un an et demi, démarre la campagne des présidentielles et démarre la campagne municipale.
18:44Ce qu'il faut dans ce laps de temps très court, je vous le répète, c'est d'être très pragmatique
18:49et de répondre aux problèmes des Français tels qu'ils se posent, sur les problèmes de la vie chère,
18:54sur les problèmes des inquiétudes par rapport à la santé, à l'éducation,
18:58sur la confiance que les jeunes doivent retrouver dans leur avenir,
19:01et tout cela autour du principe de l'ordre juste, mais sans chamboulement.
19:06Il n'est pas question que des ministres commencent à lancer des grandes réformes.
19:10Est-ce que ce n'est pas un gouvernement technique qu'il faudrait plus que politique ?
19:16Au contraire, je pense qu'il n'y a jamais eu plus besoin d'un gouvernement politique.
19:21Après, je peux citer des noms, mais je ne les ai pas contactés.
19:27J'ai réfléchi à la structure d'un gouvernement.
19:30Donc vous avez quand même quelques noms en tête.
19:32Bien sûr.
19:33Vous pouvez nous donner ce matin.
19:34Je pense qu'il faut fonctionner un peu par binôme, si vous voulez.
19:38C'est-à-dire que par exemple, Xavier Bertrand, puisque la vraie question,
19:42ça va être de savoir comment est-ce qu'un Premier ministre venu de la gauche
19:46peut faire travailler des gens de droite ?
19:49Pourrez-vous rejoindre Xavier Bertrand dans un gouvernement ?
19:51Je pense qu'il a sa place.
19:54Et si on fait un binôme au ministère de l'Économie et des Finances,
19:56on va très bien avec Xavier Bertrand.
19:58Et puis ensuite, au budget, un socialiste, comme Philippe Brun ou Boris Vallaud, par exemple.
20:05Moi, je vois Luc Carvona, son relation avec le Parlement,
20:08parce que ça va être un des enjeux majeurs de faire fonctionner l'articulation entre le pouvoir et la gauche.
20:13Vous les avez contactés ? Vous avez échangé avec eux ?
20:15Non, mais puisqu'on parle franchement, moi je suis quelqu'un de franc.
20:19Je vous dis, je travaille, je m'applique, je regarde ce qui est sérieux, pas sérieux.
20:23Après, il y a tout le domaine réservé du Président de la République.
20:26Il ne permettrait pas de rentrer dans ses considérations sur les affaires étrangères,
20:31sur la défense et sur les affaires européennes,
20:34et puis même sur les autres membres du gouvernement.
20:36De toute façon, c'est lui qui décide, donc c'est à lui que l'on soumet.
20:40J'ai réfléchi aussi à la justice à l'intérieur.
20:42Avec qui ?
20:43Je pense qu'à la justice, il faut maintenir Éric Dupond-Moretti,
20:45parce qu'il s'est énormément impliqué, que c'est un élément de stabilité,
20:49et qu'il ne faut pas chambouler ce domaine-là.
20:51Et à l'intérieur, vous regardez Gérald Darmanin ?
20:52Et à l'intérieur, dans la mesure où Gérald Darmanin a dit qu'il voulait partir,
20:55moi, je pense à Laurent Nunez, qui est le préfet de police de Paris,
21:00qui a été remarquable dans toute cette période des Jeux Olympiques,
21:03et en particulier, on a vu les Français renouer avec la confiance
21:07et la fraternité, finalement, avec les forces de police.
21:11Donc vous avez tout votre gouvernement, Ségolène Royal ?
21:13Pardon ?
21:14Vous avez tout votre gouvernement, là ?
21:15J'y ai réfléchi, mais il y a plusieurs hypothèses, bien évidemment,
21:19et puis j'espère que des femmes comme Carole Delga,
21:22comme Johanna Roland, comme Hélène Geoffroy sur la jeunesse,
21:27et puis des députés calmes et tranquilles que je connais,
21:30comme Guillaume Garot, Philippe Brun, qui font leur travail, qui ont de l'expérience.
21:34On va revenir sur votre...
21:35Je pense que, oui, c'est assez structuré de constituer un gouvernement
21:40à partir des gens qui ont travaillé, qui sont compétents.
21:43On voit que vous avez des idées précises.
21:45Ce sont des propositions.
21:47On voit que vous avez des idées précises.
21:48On va y revenir dans un instant, mais pour l'instant, il est midi 21.
21:52Le Grand Jury, Question Express.
21:55Alors, Question Express, c'est une série de questions
21:57et des réponses par oui ou par non, ou par pour ou contre.
22:01Et à mes côtés maintenant, Claire Conruyt du Fidiaro et Pauline Buisson de M6.
22:06Première question, Ségolène Royal,
22:08si vous n'êtes pas nommée Première Ministre, pourriez-vous être ministre ?
22:12Je ne sais pas.
22:13Ce n'est pas du tout mon objectif.
22:15Je vous l'ai dit, ma carrière politique est derrière moi.
22:17Je ne cherche pas un poste.
22:19Je me mets à disposition.
22:20Je ne cherche pas un poste.
22:22J'ai beaucoup d'occupation.
22:23Je ne cherche pas un poste.
22:24Je pense que dans le contexte de blocage actuel et de crise,
22:27de recherche, je suis, si vous voulez, la Première Ministre anti-désordre.
22:33Voilà.
22:34Anti-chianlie, anti-chaos, pour reprendre une expression générale.
22:37La Première Ministre anti-désordre, de la tranquillité.
22:40On a été une société extrêmement secouée
22:43avec tous les événements qui nous ont traversés,
22:46y compris le Covid, les Gilets jaunes, etc.
22:48On a besoin de tranquillité.
22:50Vous savez, un pays, c'est comme une famille.
22:53Quand vous élevez des enfants,
22:55vous faites en sorte qu'ils soient sécurisés,
22:58qu'ils soient tranquilles pour pouvoir grandir, s'épanouir.
23:01Et vous ne voulez pas qu'on leur fasse du mal.
23:03Eh bien, l'amour du peuple français, c'est la même chose.
23:06On veut qu'ils soient tranquilles,
23:07que personne ne fasse du mal au peuple français
23:09et qu'ils puissent s'épanouir.
23:11Oui, c'est Green Royal.
23:12Pas oui ou pas non.
23:13Est-ce qu'il faut rétablir l'ISF, l'Info sur la fortune ?
23:16Il faut regarder avec les commissions des finances.
23:19Il faut regarder comment on le fait.
23:21Il faut de l'ordre fiscal juste.
23:23Moi, je ne suis pas pour l'impôt punitif,
23:25même sur les riches.
23:26On ne taxe pas les riches pour les punir.
23:28On taxe juste la richesse là où elle est
23:31pour qu'il y ait de la justice.
23:33Vous savez que 1% des plus riches à l'échelle de la planète
23:36possèdent plus de 50% de la richesse financière.
23:39Est-ce que ça peut continuer à fonctionner comme ça ?
23:41Non.
23:42C'est source de désordre et source de violence.
23:44Est-ce qu'il a brogé la réforme des retraites ?
23:46Il faut la remettre à plat.
23:48Je ne suis pas, comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
23:50pour arriver et avoir des ministres qui cassent tout
23:52pensant qu'ils ont la science infuse
23:54et qu'ils vont faire mieux que le prédécesseur.
23:56On souffre trop de ces allers-retours
23:58de ministres qui arrivent, qui cassent tout.
24:00Vous ne revenez pas à 62 ans.
24:02Mais il faut le remettre à plat.
24:04Comme je l'ai dit, moi, je ne suis pas favorable
24:07à prendre des décisions toute seule.
24:09Non.
24:10Toutes les décisions seront collectives
24:13des ressources humaines, du Parlement
24:15et des collectivités.
24:17Céline Royale, est-ce que vous êtes plutôt
24:19Jean-Luc Mélenchon ou François Ruffin ?
24:21Je ne prends pas position pour les uns.
24:24C'est une organisation politique
24:26à laquelle je n'appartiens pas.
24:28Je n'ai pas d'avis particulier.
24:30Céline Royale, dernière question.
24:31Pour ou contre garder des anneaux olympiques
24:33sur la Tour Eiffel ?
24:34C'est ce que veut Anne Hidalgo.
24:36Oui, c'est une bonne idée.
24:38J'aurais bien aimé que France 2 et France 3 continuent
24:41après la clôture des Jeux
24:43à diffuser les compétitions.
24:45C'était tellement extraordinaire.
24:47Ça s'est arrêté brutalement.
24:48J'espère que ça va reprendre.
24:50Il y a plein de choses à admirer,
24:52une énergie formidable.
24:53C'est pour ça qu'il ne faut pas que la crise politique
24:55étouffe finalement les retombées positives
24:58de cette période où, pour une fois,
25:00on a vu pendant des heures des choses positives,
25:02de l'énergie, des gens extraordinaires.
25:04Aujourd'hui, avec Andy Scholl aussi,
25:06c'est extraordinaire les itinéraires personnels
25:08de ces athlètes handicapés.
25:10C'était les questions express.
25:16Dans l'actualité de la semaine,
25:17le Parti socialiste tenait ses universités d'été
25:19à Blois cette semaine.
25:21Vous n'êtes plus adhérente au PS ?
25:22Si.
25:23Si ?
25:24Si, mais je ne suis pas du tout dans l'appareil politique.
25:27Vous n'avez jamais cessé de cotiser au PS ?
25:29Non, non.
25:30Enfin, j'ai rattrapé des...
25:32Je n'ai jamais créé d'autres partis politiques.
25:34Vous savez, c'est très rare.
25:36Tous les candidats à l'élection...
25:37J'avais mon mouvement Désir d'Avenir.
25:39J'ai très bien pu,
25:40compte tenu du nombre très important
25:41et des 17 millions de voix que j'ai eues
25:43à l'élection présidentielle,
25:44créer mon propre parti politique.
25:46Comme ils l'ont tous fait.
25:47Tous les hommes ont fait ça.
25:48Ils ont créé leur parti,
25:49même ceux qui ont eu très peu de voix
25:51dans leur parti,
25:52ceux qui veulent être candidats à leur parti.
25:54Non, moi je suis fidèle à mon histoire.
25:56Vous êtes fidèle au Parti socialiste.
25:59Est-ce que le PS est prisonnier de la France insoumise ?
26:03Je ne m'occupe pas du PS.
26:05Je ne m'occupe pas du PS.
26:06Vous êtes adhérente,
26:07mais vous prenez quand même des distances vis-à-vis de...
26:09Oui, parce que j'adhère à une histoire.
26:10Je n'adhère pas aux appareils politiques.
26:13J'adhère à une histoire,
26:14dans la fidélité de cette histoire.
26:16C'est l'histoire de l'émancipation,
26:17de l'accès à l'éducation,
26:19de la liberté.
26:20Et le PS qui ne veut plus parler avec Emmanuel Macron
26:23parce que la candidature de Lucie Castain
26:25n'a pas été acceptée,
26:26est-ce que c'est bien ou pas ?
26:28C'est leur choix.
26:29Mais romprons le dialogue.
26:30C'est leur choix,
26:31mais je pense qu'il ne faut pas confondre
26:33l'élection présidentielle,
26:34où là ils auront leur chose à dire,
26:36leur programme à proposer.
26:38Il est très important d'ailleurs
26:39que les identités politiques du pays
26:42aient des choses à proposer aux Français
26:44par rapport aux choix crucials
26:46de l'élection présidentielle.
26:47Mais aujourd'hui,
26:48on est dans un autre contexte
26:50que la France n'a jamais connu d'ailleurs
26:52et qu'il faut réinventer.
26:53C'est pour ça qu'avoir un peu d'expérience
26:55pour gérer les choses
26:56et pour aider à gérer les choses
26:58collectivement et intelligemment
27:00avec justement cette intelligence collective,
27:04c'est le sens de ma présence devant vous.
27:07Les partis sont-ils prisonniers de 2027 ?
27:10On va l'évoquer notamment
27:11dans la seconde partie du Grand Jury
27:13avec vous Ségolène Royal.
27:14A tout de suite.
27:28Ségolène Royal est notre invitée.
27:29Ségolène Royal,
27:30vous nous avez donné la composition
27:32de votre gouvernement
27:33dans la première partie de ce Grand Jury.
27:35Proposition au Président de la République.
27:37Proposition effectivement
27:39au Président de la République
27:41pour être première ministre.
27:42À mes côtés pour vous interroger
27:44au début de cette deuxième partie du Grand Jury,
27:46Pauline Buisson de M6
27:48et Claire Conruyt du Figaro.
27:54Avant de parler de 2027,
27:55tout d'abord cette question.
27:56François Hollande a été élu député de Corrèze.
28:00A-t-il bien fait
28:01de redevenir député de base en quelque sorte ?
28:07Mais vous, vous n'avez pas fait ce choix
28:08de revenir à l'Assemblée nationale.
28:10Pourquoi ?
28:11Parce que je n'avais pas envie.
28:15C'est un choix de vie après.
28:18Je vous dis, ma vie politique est derrière moi.
28:20Donc la façon dont je me présente devant vous,
28:23c'est vraiment dans la préoccupation
28:26de l'amour de mon pays,
28:27de rendre service, si je peux rendre service,
28:29en fonction de mon itinéraire politique,
28:32de l'expérience qui est la mienne,
28:34de la capacité à parler à tout le monde,
28:36de la capacité de rassemblement.
28:38Une vision aussi des méthodes de travail.
28:41Vous savez, j'ai toujours défendu
28:43la démocratie participative.
28:44J'ai écrit un livre sur la résilience française.
28:46Justement, j'ai beaucoup réfléchi
28:47aux méthodes de travail
28:48par rapport à ce qu'un pays
28:50ne peut plus supporter
28:51en matière d'autoritarisme,
28:53en matière de non-transparence des décisions.
28:55Il faut beaucoup de calme,
28:57il faut beaucoup d'explications,
28:58il faut de la transparence,
29:00il faut combattre ce sentiment d'abandon,
29:02d'isolement que vivent les gens,
29:04notamment dans les zones périphériques.
29:06Et donc ce travail-là,
29:08je pense être capable de le faire
29:10pour avoir exercé toutes ses responsabilités
29:12et pour n'avoir plus aucun enjeu personnel
29:14par rapport à l'évolution de la vie politique.
29:16Justement, vous avez été ministre
29:18de la transition écologique
29:19lors de la présidence de François Hollande.
29:21Quel regard portez-vous sur les coupes budgétaires
29:23envisagées par le gouvernement démissionnaire ?
29:261,5 milliard d'euros en moins pour l'écologie.
29:30Oui, j'ai vu en effet que le Fonds Vert
29:32a été visé par ces économies budgétaires.
29:36Il faudra mettre les choses à plat,
29:37regarder ce qui se passe.
29:38Beaucoup de communes,
29:39beaucoup de maires
29:40et de communautés de communes
29:41d'ailleurs se sont inquiétés
29:42parce que c'est vrai que dans le domaine
29:44de la transition énergétique et écologique,
29:46il faut du temps.
29:47Il ne faut pas d'à-coups,
29:48comme je le disais tout à l'heure.
29:49Il faut de la continuité.
29:51Et d'ailleurs, il n'y aurait pas ce problème
29:53si ce que j'avais mis en place
29:54avec les territoires à énergie positive
29:56et avec les déductions d'impôts
29:59pour les travaux d'isolation
30:00que j'avais créés au ministère.
30:03Mon successeur,
30:04ils ont immédiatement tout cassé.
30:05Vous avez le sentiment
30:06que la problématique de l'écologie
30:07a reculé depuis votre passage au ministère ?
30:09Moi, j'ai eu la chance d'être présidente
30:12des négociations internationales sur le climat
30:14et de présider la COP21.
30:16Donc, je sais que la France est très attendue
30:19et que nous devons être exemplaires
30:20et qu'il y a beaucoup de territoires
30:21qui ont été exemplaires dans ce domaine-là,
30:24que la France a fait aussi beaucoup d'efforts,
30:26mais qu'à chaque fois,
30:27c'est une énergie considérable
30:29parce qu'il y a des lobbies,
30:31parce qu'il faut modifier les comportements.
30:34Et en tout cas, ce que je suis convaincue,
30:36c'est qu'on ne fait pas d'écologie par la punition
30:38et que la taxe carbone, par exemple,
30:40qui a déclenché ce terrible mouvement
30:42des gilets jaunes
30:43avec les préjudices considérables pour tout le monde,
30:45y compris pour l'image de la France,
30:47prouve que ça n'a aucun sens
30:49de punir par l'impôt...
30:51C'est la gauche, notamment,
30:52qui avait mis en place cette taxe carbone.
30:54Non, parce qu'il y a eu l'éco-taxe
30:56que j'ai supprimée,
30:58qui avait été mise en place sous la droite,
31:01mais c'était moi qui étais chargée
31:02en arrivant à la tête de ce ministère
31:04de la mettre en place
31:05quand j'ai vu les bonnets rouges,
31:07les gens qui se révoltaient.
31:08Je me suis dit, mais ils ont raison.
31:09Pourquoi est-ce qu'on va leur faire payer
31:11sur l'essence sous prétexte
31:13de financer la transition énergétique
31:15uniquement ceux qui font leur plein d'essence,
31:17quel que soit leur revenu,
31:18quel que soit leur voiture, etc.
31:19C'est pas juste.
31:20Et la taxe carbone a été ressentie
31:22comme une véritable injustice.
31:24C'est ce que je disais tout à l'heure.
31:25Si vous désamorcez les mouvements sociaux,
31:27au lieu d'avoir une pensée rigide
31:29et d'avoir peur de reculer
31:31parce que vous vous êtes trompés,
31:33ce qui n'a jamais été mon cas,
31:34si vous avez une pensée rigide,
31:36vous provoquez les gilets jaunes,
31:38vous provoquez des émeutes sociales
31:40qui coûtent très très cher
31:41en termes de dépenses budgétaires,
31:43en termes de maintien de l'ordre.
31:45Et moi, je considère que les forces de l'ordre,
31:47la police et gendarmerie,
31:48il faut les reconcentrer,
31:50comme ça a été le cas de façon formidable
31:52pendant les JO,
31:53sur la présence dans la rue,
31:55la police du quotidien,
31:57la sécurité au quotidien,
31:58la lutte contre la délinquance,
32:00et pas la répression des mouvements sociaux
32:02parce qu'avec moi, il n'y aura pas de mouvements sociaux.
32:04Vous employez beaucoup le mot « rigide ».
32:06Je reviens un tout petit peu
32:08à la première partie de notre émission,
32:09mais on sait que Dernière Case 9
32:10est reçue demain matin par Emmanuel Macron
32:12à l'Élysée pour une consultation.
32:14Est-ce que quand vous prononcez ce mot
32:16de « rigide », vous pensez peut-être aussi
32:18à Bernard Cazeneuve ?
32:20Un peu, oui.
32:22J'étais avec lui dans le même gouvernement, oui.
32:24Et vous n'avez pas un souvenir ?
32:26C'est une pensée rigide,
32:28alors qu'il peut avoir des avantages
32:29en certaines situations.
32:30Mais il ne faut pas avoir de pensée rigide.
32:32Donc vous dites à Bernard Cazeneuve…
32:34J'ai vécu pour dire les choses clairement,
32:36puisque je suis franche
32:38et que je dis les choses clairement,
32:40et qu'il faut les dire clairement,
32:41et que ce n'est pas du tout une accusation
32:43contre Bernard Cazeneuve,
32:44parce que chacun a ses qualités et ses défauts.
32:46Mais quand il y a eu l'histoire
32:48de Sivinz,
32:50je le raconte dans mon livre,
32:52ce que je peux enfin vous dire.
32:54Ce n'est pas secret, je l'ai exprimé,
32:56je l'ai raconté, cette histoire.
32:58Quand il y a eu le barrage de Sivinz,
33:00et après quand il y a eu la mort de Rémi Fraisse,
33:02donc Bernard Cazeneuve était ministre de l'Intérieur,
33:04moi j'étais ministre de l'Écologie,
33:06et nous avons été nombreux à lui dire
33:08que le barrage de Sivinz n'était pas légal,
33:10qu'il fallait le retirer,
33:12que ça allait mal finir,
33:14et qu'il fallait retirer ce projet
33:16pour calmer le jeu.
33:18Eh bien non, pensée rigide, on a décidé le barrage,
33:20on continue le barrage,
33:22la confrontation a eu lieu,
33:24et un jeune a perdu la vie.
33:26Donc ça fait deux malheurs.
33:28Le malheur pour ce gendarme
33:30qui a obéi aux ordres de répression,
33:32et qui est victime d'une certaine façon
33:34de ce conflit social
33:36qui n'a pas été résolu,
33:38qui n'a pas été débranché suffisamment tôt,
33:40et Rémi Fraisse
33:42qui est mort,
33:44et France Nature Environnement,
33:46cette association de gens extrêmement sérieux
33:48avec lesquels j'ai dû renouer,
33:50et d'ailleurs Bernard Cazeneuve a été au bord de la démission,
33:52et c'est moi qui est relié avec
33:54France Nature Environnement,
33:56il m'en a remercié d'ailleurs,
33:58je raconte ça dans mon livre.
34:00Je dis ça par rapport à la pensée rigide,
34:02il ne faut pas avoir de pensée rigide.
34:04Donc vous êtes en train de dire que Bernard Cazeneuve
34:06n'est quand même pas le bon profil pour Matignon ?
34:08De ce point de vue là.
34:10Vous dites qu'il a un trait de caractère,
34:12qu'il a rigidité...
34:14Non mais je ne suis pas Président de la République,
34:16c'était pas moi qui choisis le Premier Ministre.
34:18Vous dites que Bernard Cazeneuve a un trait de caractère,
34:20sa rigidité,
34:22qui rend compliquée quand même la composition nécessaire
34:24aujourd'hui avec le paysage politique pour être Premier Ministre.
34:26Il faut des pensées souples,
34:28parce que la situation est complexe,
34:30et parce que,
34:32pour faire grandir un pays,
34:34il faut aimer le peuple,
34:36il faut pas supporter ou déclencher
34:38des mouvements sociaux,
34:40où lorsqu'ils se déclenchent parce que les gens sont en colère
34:42contre l'injustice, il faut remettre de l'ordre juste.
34:44L'injustice crée des désordres.
34:46C'est ça.
34:48Le sentiment d'abandon crée des désordres.
34:50Le sentiment d'isolement crée des désordres.
34:52Le sentiment de ne pas être associé aux décisions crée des désordres.
34:54Donc même si c'est plus difficile,
34:56plus vous êtes transparent,
34:58plus vous écoutez les autres,
35:00plus vous considérez que vous n'avez pas
35:02la vérité infuse,
35:04c'est pas parce que vous avez pris une décision
35:06qu'il ne faut pas la réajuster, la réadapter,
35:08voire la retirer.
35:10Je me souviens les insultes que j'ai subies
35:12quand j'ai retiré l'éco-tax,
35:14mais j'ai évité à la France
35:16des blocages considérables, et j'ai évité à la France
35:18ce qu'on a subi avec les gilets jaunes.
35:20Quand même, au bout du compte,
35:22des manifestants qui sont aujourd'hui mutilés,
35:24qui ont perdu un œil, qui ont le crâne fracassé,
35:26qui ont perdu des mains,
35:28des gendarmes et des policiers
35:30blessés et traumatisés.
35:32Une image de la France catastrophique,
35:34des entreprises qui ont fait faillite,
35:36les commerçants...
35:38Où on est, là ? C'est la France, ça ?
35:40Où on est ?
35:42Eh bien, ça, c'est le produit de la pensée rigide.
35:44Il ne faut pas de pensée rigide.
35:46On a compris votre inquisitoire. Il est midi 42.
35:48Le Grand Jury 2027, c'est demain.
35:50Pour vous interroger,
35:52Perrine Tarnot de Public Sénat
35:54et Claire Conruyt du Figaro,
35:56la prochaine présidentielle
35:58est-elle l'obsession qui fige aujourd'hui ?
36:00Selon vous, c'est ce que vous sembliez nous dire
36:02dans la première partie du Grand Jury,
36:04qui fige aujourd'hui tous les partis ?
36:06Ça fige en partie
36:08les partis, parce que
36:10pour gagner l'élection présidentielle,
36:12pour se faire entendre
36:14de l'électorat, c'est un rapport de force.
36:16C'est un rapport
36:18d'identité politique.
36:20Il y a des choses respectables.
36:22C'est une échéance démocratique très importante
36:24de l'élection présidentielle.
36:26Les partis dans la Constitution
36:28organisent justement l'expression
36:30du vote électoral.
36:32Mais aujourd'hui,
36:34ça ne correspond pas
36:36à la période. Nous ne sommes pas en période
36:38de campagne présidentielle.
36:40Les appareils politiques qui doivent avant tout
36:42défendre leur futur candidat
36:44et leur futur programme
36:46ne peuvent pas aujourd'hui, c'est pas facile
36:48pour eux, d'accepter,
36:50d'abandonner un certain nombre de leurs convictions
36:52pour dire, en attendant l'élection présidentielle,
36:54on va renoncer à la réforme de
36:56telle réforme ou à telle réforme. Ils ne peuvent pas
36:58le faire. C'est pour cela que ce n'est
37:00pas aux appareils politiques
37:02de décider
37:04aujourd'hui de la gouvernance
37:06du pays. Vous seriez la première ministre d'Emmanuel Macron sans ambition
37:08pour 2027 ? Aucune ambition
37:10pour 2027. D'ailleurs,
37:12c'est complètement incompatible.
37:14Pourquoi ? Parce que dans l'histoire politique, ça n'a pas
37:16été incompatible. Non, pas dans le cas
37:18d'un gouvernement d'union républicaine.
37:20Parce qu'après,
37:22les mouvements politiques vont reprendre
37:24leur droit. S'ils voulaient, il y aura la gauche,
37:26il y aura la droite, il y aura l'extrême-droite,
37:28etc. Donc moi, on me dira,
37:30vous allez gouverner avec la... Non, je n'ai aucune
37:32ambition présidentielle. Et d'ailleurs, là, je ne reviens
37:34là dans
37:36la proposition politique qu'à
37:38cause du contexte.
37:40Emmanuel Macron aurait nommé un premier ministre hier,
37:42je ne serais pas devant vous.
37:44Je sais qu'il y a une recherche.
37:46Si vous êtes première ministre et que vous n'êtes pas candidate
37:48pour 2027, qui, à gauche, voyez-vous
37:50comme candidat potentiel en
37:522020 ? Ce sera au parti politique
37:54d'en décider. Jean-Luc Mélenchon
37:56est déjà candidat dans les prénoms.
37:58Jean-Luc Mélenchon
38:00n'est pas déjà candidat à vos yeux ?
38:02Pardon ? Jean-Luc Mélenchon n'est pas déjà
38:04candidat à vos yeux ?
38:06Il faut lui poser la question. Mais heureusement
38:08qu'il y a des candidats dans la vie politique française.
38:10Imaginez une dégradation
38:12telle du
38:14paysage politique pour
38:16qu'il n'y ait plus de candidats à l'élection présidentielle
38:18ou parlementaire. Ce n'est pas le cas.
38:20C'est le cas aujourd'hui, je vous l'ai dit tout à l'heure,
38:22au niveau des maires. Et là, je pense qu'il y a une
38:24urgence. Il y a plusieurs projets en cours.
38:26Il faut vraiment revaloriser le travail
38:28et la protection des maires. Parce qu'on en a besoin.
38:30Vous savez, le bon fonctionnement des institutions,
38:32c'est la réserve de vitalité
38:34et de sens moral du pays. C'est ça les institutions
38:36de la France. Et si on se projette toujours
38:38vers 2027, est-ce que
38:40vous dites aujourd'hui que le macronisme
38:42se referme, que cette parenthèse
38:44du nouveau monde est terminée ?
38:46Rien n'est
38:48jamais terminé. Tout est à réinventer.
38:50Il y a des hommes et des femmes
38:52tout à fait méritoires
38:54et
38:56méritantes et engagées
38:58politiquement qui ont fait ce choix.
39:00Moi, je n'ai jamais méprisé qui que ce soit.
39:02Même vis-à-vis de l'extrême droite,
39:04les électeurs d'extrême droite
39:06doivent être respectés.
39:0811 millions d'électeurs, ce n'est quand même pas rien.
39:10Donc s'ils ont voté
39:12pour l'extrême droite, il y a bien des raisons.
39:14Ça veut dire quoi, respecter les électeurs
39:16de l'extrême droite ?
39:18Ça veut dire de prendre en considération ce qu'ils ont voulu dire
39:20par leur vote.
39:22Vous n'avez jamais entendu dans ma bouche
39:24un mépris pour quelque
39:26électorat que ce soit, alors que
39:28la pensée rigide, comme je le disais tout à l'heure,
39:30pour beaucoup de leaders politiques,
39:32consiste à dire, nous avons la vérité infuse,
39:34tous les autres sont des méchants,
39:36mais nous, nous sommes dans le vrai, dans le pur,
39:38dans le juste, et tous ceux qui ne pensent pas
39:40comme nous sont des ennemis.
39:42Mais non, c'est pour ça qu'il y a de la brutalité
39:44à l'Assemblée.
39:46Qu'est-ce qu'ont voulu dire les électeurs du Rassemblement National,
39:48selon vous ?
39:50Ils ont voulu dire, je pense, leur désespoir par rapport à un monde
39:52qu'ils ne comprennent plus.
39:54Ils ont voulu dire leur angoisse devant la marginalisation,
39:56comme on voit bien dans le vote
39:58des autres périphériques.
40:00Ils ont voulu dire
40:02leur attachement aussi
40:04à le sentiment
40:06d'abandon contre lequel
40:08ils voulaient lutter.
40:10Donc c'est un vrai échec d'Emmanuel Macron,
40:12puisque tous ces points-là étaient quand même
40:14dans sa campagne.
40:16C'est pas mon...
40:18Pardon,
40:20mais c'est pas mon niveau de réflexion,
40:22si vous voulez.
40:24Je regarde ce qu'il se passe aujourd'hui pour demain,
40:26et je pense que la France,
40:28qu'il a prouvé dans les Jeux Olympiques, a un potentiel
40:30quand même extraordinaire.
40:32Donc là aussi, si vous voulez, un gouvernement
40:34qui est transitoire avant la présidentielle,
40:36comme je le disais tout à l'heure,
40:38il doit être capable de pousser en avant
40:40les talents extraordinaires
40:42que nous avons. C'est ça,
40:44redonner confiance au pays.
40:46Et là aussi, le relais sur les territoires
40:48avec les élus locaux est crucial, parce que c'est eux
40:50qui peuvent mettre en avant
40:52telle réussite, tel enjeu, etc.
40:54Et je pense que malgré les difficultés
40:56budgétaires, il faut regarder de très
40:58près ce qui se passe du côté de la
41:00recherche, de l'innovation, parce que c'est ça
41:02qui prépare aussi l'avenir professionnel
41:04des jeunes. Et nous nous sommes effondrés en France
41:06et en Europe, par exemple, sur le nombre de dépôts de brevets,
41:08alors que nous avons une ingéniosité
41:10extraordinaire, notamment dans le
41:12domaine de la transition écologique,
41:14il y a des choses formidables à faire pour que nous soyons
41:16leaders mondiaux dans ces domaines.
41:18C'est ça qui redonnera confiance aux Français, parce qu'on
41:20voit notamment dans la dernière enquête
41:22qui a été menée par Ipsos
41:24pour le Monde, aujourd'hui,
41:2685% des jugements des
41:28Français sur la classe politique sont
41:30négatifs. Est-ce que ce chiffre vous
41:32surprend ? Il est inquiétant.
41:34Il est inquiétant parce
41:36qu'il augmente.
41:38Et parce que la question
41:40du lien de confiance, c'est
41:42le lien fondamental,
41:44c'est comme une artère dans un
41:46corps humain, c'est le lien fondamental
41:48de la vitalité démocratique.
41:50Et donc c'est pour ça qu'il ne faut
41:52pas trop traîner. Il ne faut pas que cette
41:54désespérance s'effondre.
41:56Parce que qu'est-ce qui se passe quand les gens
41:58ne croient plus en rien ? Il y a un repli
42:00individuel. Et qu'est-ce qui se passe
42:02quand il y a un repli individuel ? C'est-à-dire
42:04quand la société ne fait plus
42:06cohérence ou cohésion.
42:08C'est rien, c'est l'anarchie.
42:10À ce moment-là, le pouvoir est poussé vers l'autoritarisme
42:12parce qu'il n'y a plus de cohésion.
42:14Emmanuel Macron a tenté des choses en matière démocratique.
42:16Il y a eu les conventions citoyennes,
42:18il y a eu le grand débat, notamment.
42:20Est-ce que ça a été mal fait ?
42:22Pourquoi ça n'a pas marché ?
42:24On rappelle que vous étiez
42:26l'une des premières à parler de la démocratie
42:28citoyenne, de la démocratie répétitive.
42:30Je ne vais pas faire le bilan du passé.
42:32J'ai toujours cru à la démocratie.
42:34Vous défendiez la démocratie participative.
42:36Vous l'avez évoquée tout à l'heure.
42:38J'ai fait le budget participatif dès 2015
42:40en Poitou-Charentes. Je sais que c'était
42:42intelligence collective. C'est pour ça, d'ailleurs,
42:44que les votes, peut-être, dans cette région
42:46étaient quasi unanimes.
42:48Parce qu'ils s'étaient préparés en amont.
42:50Pourquoi ça n'a pas marché ?
42:52Les conventions citoyennes qui ont été lancées par Emmanuel Macron,
42:54pourquoi ça n'a pas marché ?
42:56Je ne sais pas commenter le passé.
42:58Vous ne voulez surtout pas faire le bilan d'Emmanuel Macron aujourd'hui ?
43:00Ce n'est pas le sujet, honnêtement.
43:02Le sujet, c'est comment on se remet d'aplomb,
43:04comment les institutions fonctionnent,
43:06comment je peux être utile.
43:08Justement, d'un point de vue institutionnel,
43:10est-ce que vous voyez des réformes voie menée
43:12qui vous semblent importantes, des chantiers prioritaires ?
43:14On parle beaucoup, par exemple, en ce moment, de la proportionnelle.
43:18Je pense que dans le contexte actuel,
43:20toute réforme intempestive
43:22ou un peu lourde n'a pas sa place.
43:24C'est-à-dire que
43:26nous avons tellement peu de marge de manœuvre
43:28sur le plan économique et financier,
43:30ça n'empêche pas de réfléchir,
43:32mais ça sera l'objet des programmes à l'élection présidentielle.
43:34Aujourd'hui, dans le contexte très restreint
43:36de la marge de manœuvre financière,
43:38il faut faire regarder
43:40ligne à ligne
43:42que chaque euro dépensé
43:44soit un euro utile,
43:46qui est de l'ordre juste dans la fiscalité,
43:48dans la dépense publique,
43:50qu'il y ait un relais beaucoup plus fort
43:52avec les collectivités territoriales,
43:54parce que c'est là où se trouve aussi l'énergie positive
43:56que l'on peut déployer.
43:58Et ensuite, sur les réformes lourdes
44:00du mode de scrutin,
44:02ça, ça sera le rôle de l'élection présidentielle.
44:04Claire convite.
44:06A l'exception, pardon,
44:08du statut des maires, comme je le disais.
44:10Là, je pense qu'il y a vraiment une urgence.
44:12Vous faisiez état
44:14tout à l'heure de l'électorat
44:16du Rassemblement National
44:18et vous faisiez, nous, état de la grande enquête
44:20sur les dernières élections
44:22par Ipsos. Dans cette même étude,
44:24la France insoumise est davantage
44:26rejetée aujourd'hui que le Rassemblement National.
44:28La France insoumise,
44:30visiblement, fait peur.
44:32Est-ce que vous estimez que la France insoumise
44:34est plus dangereuse que le Rassemblement National
44:36de Marine Le Pen ?
44:38C'est pas mon sujet.
44:40C'est leur responsabilité, ça.
44:42C'est à eux qu'il faut poser ça. Moi, je suis pas juge de paix.
44:44C'est une étude
44:46qui se base sur
44:48la perception des Français de deux partis politiques
44:50qui dominent l'Assemblée
44:52Nationale aujourd'hui.
44:54Est-ce qu'il y en a un qui est plus dangereux que l'autre ?
44:56C'est pas mon sujet.
44:58C'est leur responsabilité.
45:00Moi, je suis
45:02concentrée sur
45:04l'opérationnel, sur des choses
45:06concrètes, de bon sens,
45:08de remise en mouvement du pays, si je peux
45:10être utile, de constitution
45:12d'une équipe d'union républicaine,
45:14de régler les problèmes un par un,
45:16de réussir à faire voter un budget où tout le monde soit content.
45:18Oui, mais pour comprendre les Français,
45:20vous devez être première ministre pour comprendre les Français.
45:22Oui, mais vous m'interrogez sur
45:24tel ou tel parti politique.
45:26Non, je vous interroge sur la perception...
45:28Est-ce qu'il y a, dans une part de la gauche,
45:30ce qui est aux yeux de certains
45:32une dérive sectaire,
45:34des gens qui sont pas forcément clairs sur la laïcité,
45:36une forme aussi de communautarisme ?
45:38Est-ce que ça, ça vous intéresse ? Je ne sais pas.
45:40C'est pas mon sujet. C'est pas mon problème, ça.
45:42Donc vous ne voulez pas... Je ne suis pas...
45:44Vous ne voulez pas essayer de comprendre
45:46ce qui peut effrayer les Français
45:48au sein de la France insoumise ?
45:50Vous savez ce qui effraye les Français, c'est de ne pas savoir
45:52de quoi demain sera fait. Voilà.
45:54Même les jeunes, j'ai vu,
45:56dans la question de la brutalité
45:58avec laquelle avait été faite la réforme
46:00des retraites, même les jeunes qui sont loin
46:02de la retraite se sont dit, mais nous...
46:04Donc ça veut dire, textuellement,
46:06des millions de jeunes ont dit ça,
46:08ça veut dire que nous, de toute façon,
46:10l'époque, la belle époque de la sécurité sociale
46:12et de la retraite, c'est terminé pour nous.
46:14Quand on va arriver à l'âge de la retraite,
46:16on n'aura rien.
46:18Et donc, si on n'a rien à l'âge de la retraite,
46:20si on ne sait pas ce qu'on va devenir avec le logement qui est très cher,
46:22en plus on ne peut même plus accéder à la propriété,
46:24eh bien, on ne va plus avoir d'enfants.
46:26Ça, c'est un vrai problème.
46:28Mais ça, c'est une question centrale,
46:30savoir ce que fait ou ne fait pas Léphy.
46:32Mais ça, c'est quelque chose de central.
46:34Moi, je veux que les jeunes
46:36retrouvent confiance en eux
46:38et que le modèle social français,
46:40qui fait notre sécurité collective
46:42et qui garantit à chacun
46:44que s'il est malade, il va être soigné,
46:46que s'il est vieux, il va avoir sa retraite,
46:48que si ses enfants sont à l'école,
46:50il va avoir le meilleur de l'éducation.
46:52Parce que c'est en sécurisant les gens
46:54qu'on leur donne la possibilité de prendre des risques,
46:56de s'engager dans une profession,
46:58de pouvoir avoir un échec
47:00mais de se remettre debout,
47:02de croire dans le futur et donc de donner naissance
47:04à des enfants.
47:06C'est vital dans une société.
47:08Là, vous pointez une erreur du quinquennat d'Emmanuel Macron
47:10qui est la réforme des retraites.
47:12Tout le monde le sait.
47:14Macron le sait.
47:16Plus de 90% des Français...
47:18Mais vous savez,
47:20la réforme des retraites,
47:22les dégâts ont été autant
47:24sur le contenu que sur la méthode.
47:26C'est pour ça que je vous dis
47:28que la méthode de gouvernance
47:30dans un contexte de grande fragilité,
47:32de grande intranquillité
47:34de la société française
47:36est essentielle.
47:38Il faut être tranquille. Il faut écouter les gens.
47:40Il faut prendre des décisions
47:42dans le sens du bien public.
47:44Il faut faire en sorte que les gens oublient le parti
47:46d'où ils viennent et que les intérêts du pays
47:48l'emportent sur les intérêts des partis.
47:50Vous parlez des jeunes.
47:52Demain, c'est la rentrée scolaire.
47:54En matière de programme pour l'école,
47:56vous aviez parlé il y a déjà longtemps
47:58de l'uniforme à l'école.
48:00Le gouvernement sortant des missionnaires
48:02souhaitait imposer cet uniforme
48:04à l'école. Il y a finalement
48:06beaucoup moins de candidats prévus
48:08dans les établissements scolaires,
48:10notamment parce que les équipes d'enseignants,
48:12même les parents d'élèves y sont opposés.
48:14Est-ce que le gouvernement
48:16du missionnaire s'y est mal pris ?
48:18Est-ce que l'uniforme à l'école, ça ne sert à rien ?
48:20Est-ce que vous êtes toujours pour, vous ?
48:22Je n'ai jamais été pour.
48:24J'ai toujours dit qu'il fallait laisser la liberté
48:26aux établissements scolaires de le faire.
48:28Je n'ai jamais défendu Mordicus.
48:30Vous n'y étiez pas opposé ?
48:32Je n'étais pas opposé.
48:34Je pense que c'est bien qu'il n'y ait plus
48:36d'habillement, etc.
48:38Ça évite des disputes et des conflits inutiles.
48:40Mais si les parents
48:42n'ont pas adhéré à cela au bout du compte,
48:44c'est parce qu'ils savent
48:46que l'essentiel n'est pas là, dans l'école.
48:48L'essentiel, c'est que les enfants soient
48:50heureux à l'école, qu'ils aient envie de travailler,
48:52qu'ils aient une bonne transmission des savoirs.
48:54C'est ça qui compte.
48:56Et qu'il n'y ait aucune classe sans enseignant.
48:58C'est ça qui est très important.
49:00Et qu'il y ait de la sécurité.
49:02Dans l'école et à la porte de l'école.
49:04Et moi, j'espère que,
49:06là aussi, avec le retour,
49:08comme on l'a vu dans les Jeux Olympiques,
49:10de la police et de la gendarmerie,
49:12visible dans les rues,
49:14qu'on continue avec cette visibilité.
49:16Et notamment aux abords
49:18des établissements scolaires,
49:20pour éviter toutes les formes de raquettes,
49:22d'agressions, de bagarres, etc.
49:24Pour parler de politique sociale,
49:26est-ce qu'il faut aussi continuer de durcir
49:28les conditions pour toucher le chômage ?
49:30Mais ça,
49:32ça relèvera aussi des...
49:34Cette question, comme les autres,
49:36vont relever des partenaires sociaux.
49:38Si vous voulez, des discussions aussi
49:40des commissions des affaires sociales,
49:42de l'Assemblée nationale et du Sénat.
49:44Pourquoi ? Parce que des réformes ont été faites.
49:46On ne va pas tout chambouler,
49:48tout casser, trouver des,
49:50soi-disant, des solutions miracles.
49:52Donc, il faut regarder
49:54pour toutes réformes,
49:56à la lumière,
49:58avec la façon dont elles sont appliquées,
50:00qu'est-ce qu'il faut rectifier ?
50:02Parce que souvent, il y a des décisions qui sont prises,
50:04mais quand elles arrivent sur le corps social,
50:06il y a une réactivité du corps social.
50:08Donc, vous avez des conséquences
50:10que vous n'aviez pas anticipées
50:12à l'avance. Donc, il faut rectifier les choses.
50:14Si vous avez une pensée rigide, en disant
50:16on a décidé ça, taisez-vous, 49.3,
50:18chacun chez soi, vous avez des révoltes
50:20dans la rue, vous avez du désordre.
50:22Donc, la question de la subtilité,
50:24du leadership,
50:26de la réforme,
50:28et la modestie, c'est-à-dire être capable
50:30de se remettre en retrait, en disant
50:32là-dessus, on s'est trompé, on entend un certain
50:34nombre de choses, on va rectifier les choses.
50:36Tout dernier moment de ce Grand Jury.
50:38Le Grand Jury inattendu.
50:40Avec une question
50:42à propos de la guerre en Ukraine,
50:44du Covid ou des retraites,
50:46sur plusieurs dossiers, vous aviez eu des phrases
50:48proches des milieux complotistes.
50:50Ce qui avait pu surprendre,
50:52d'ailleurs, de la part d'une ancienne
50:54candidate à l'élection présidentielle,
50:56est-ce que vous regrettez ces moments-là
50:58où vous aviez des positions
51:00assez iconoclastes ?
51:02Non, je n'ai jamais eu de position ni complotiste
51:04ni iconoclaste. Et vous savez, la vie politique
51:06est faite de déformations permanentes.
51:08Donc, il ne faut pas
51:10accepter de voir les commentateurs
51:12ou certains adversaires
51:14politiques, quoique je n'ai pas d'adversaires
51:16politiques, je ne suis candidataire à rien,
51:18déformer vos propos ou servir
51:20leur propre logique dans le cadre
51:22de leur pensée rigide
51:24pour penser que tous ceux qui ne pensent pas comme eux
51:26sont...
51:28Vous avez eu quand même des propos, pour le moins,
51:30maladroits, par exemple, sur les crimes
51:32de guerre russes en Ukraine.
51:34Non, je ne voulais pas dire ça. Et tous ceux qui
51:36continueront à prétendre...
51:38Vous n'aviez pas remis en cause la véracité
51:40de ces crimes de guerre ? Non, absolument pas.
51:42Et tous ceux qui continueront à prétendre ça seront poursuivis
51:44en diffamation. Je l'ai dit et je le
51:46le ferai. Donc, il faut arrêter
51:48d'accepter que la pensée soit déformée.
51:50Merci beaucoup, Ségolène Royal,
51:52pour ce grand jury.
51:54Bon dimanche à tous et à la semaine prochaine.