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Le Président du Groupement Les Mousquetaires est l'invité du Grand Jury de 12h à 13h.
Regardez Le Grand Jury du 08 octobre 2023 avec Olivier Bost.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Le Grand Jury, présenté par Olivier Bost.
00:15 Bonjour à tous, bienvenue dans ce Grand Jury, en direct sur RTL et sur Paris Première.
00:21 Paris Première que vous pouvez regarder sur toutes vos boxes et en clair sur le canal 41 de la TNT.
00:27 Bonjour Thierry Cotillard. Bonjour. Vous êtes le président du groupement Les Mousquetaires.
00:32 Les Mousquetaires ce sont les enseignes intermarché, netto, bricomarché ou encore rapide pare-brise.
00:38 Vous êtes aussi producteur avec une cinquantaine d'usines d'agroalimentaires.
00:42 Vous allez donc pouvoir tout nous expliquer sur l'inflation.
00:46 Plus 20% dans l'alimentaire en deux ans. Quand est-ce que ça se calme ?
00:51 Les industriels vont-ils baisser leurs prix ?
00:54 Et puis côté consommateur, nous tous, qu'avons-nous changé à nos habitudes ?
00:58 Comment faire face d'ailleurs à cet envolé des prix ?
01:01 Bienvenue dans ce Grand Jury Thierry Cotillard.
01:03 À mes côtés pour vous interroger, Loris Boischaud du Figaro et Pauline Buisson de la rédaction de M6.
01:11 Pauline, les prix repartent à la hausse.
01:14 Oui, plus 2,14% sur un mois dans le panier le parisien, révélé cette semaine.
01:19 Est-ce que ça veut dire que l'inflation est repartie ?
01:22 L'inflation ne repartira pas. Il faudra attendre les prochaines négociations,
01:28 avec une date qui reste à définir, puisqu'il y a un projet de loi pour les anticiper.
01:32 Mais ce qu'il faut que les auditeurs retiennent, et les téléspectateurs,
01:35 c'est que finalement au cumul des deux ans, on aura eu 21%.
01:39 Donc on a eu un mois de septembre à 11% sur les 10% de l'année dernière.
01:42 Et avant l'été, c'était un peu supérieur pour 2023.
01:45 On était à 15 points parce que l'année dernière, sur le même mois, on avait 6 points.
01:48 Donc retenez, c'est 20%, et rien ne va bouger normalement,
01:52 puisque chaque enseigne s'est engagée à avoir une stabilité dans ses prix.
01:56 Et puis surtout, aucun fournisseur ne reviendra à la négociation avant les prochaines négociations.
02:01 Plus de 20%, l'augmentation des prix d'alimentaire que vous venez de rappeler.
02:05 Est-ce qu'on retrouvera un jour les prix d'il y a deux ans ?
02:10 Je ne crois pas. Je ne crois pas parce que produire coûtera,
02:15 dans le monde de demain, plus cher que par le passé.
02:19 Et donc l'inflation qu'on a eue, quand vous annoncez le +20%,
02:22 on s'est battu pour que ce ne soit pas +30%, +40%,
02:25 puisque certains industriels proposaient ces niveaux d'inflation.
02:28 On s'est battu parce que ce n'était pas raisonnable.
02:30 Mais la réalité, puisqu'on nous oppose souvent,
02:32 nous les distributeurs, on se tape sur les industriels et vice-versa.
02:36 La réalité, parce que vous venez de le rappeler, nous sommes aussi industriels,
02:39 c'est que nous n'avions pas le choix.
02:41 C'est-à-dire que si on n'avait pas accepté ces hausses, dans cette proportion,
02:44 beaucoup de PME, beaucoup d'industries auraient mis la clé sous la porte.
02:47 Pourquoi ? Parce que leur emballage coûte plus cher,
02:49 parce que l'énergie coûte plus cher, les salaires coûtent plus cher,
02:52 et il n'y aura pas un retour en arrière.
02:54 Les salaires, par exemple, qui vont augmenter, sont dans le coût de distribution,
02:58 sont dans le coût industriel.
03:00 Et donc, ce qu'il faut espérer, c'est peut-être trouver une déflation de l'ordre de 2-3%,
03:05 mais jamais nous reviendrons à -20%, comme vous l'évoquez.
03:08 Je reviens sur ce que vous disiez, une stabilité des prix jusqu'à la fin de l'année.
03:11 C'est sur tous les produits ?
03:14 Alors, on a des produits saisonniers qui arrivent.
03:17 On va déjà parler de Noël, si vous êtes d'accord.
03:20 Noël, c'est plutôt une bonne nouvelle, puisque l'année dernière,
03:23 on avait un historique où il y avait la grippe aviaire.
03:25 Donc, on n'avait pas de foie gras, on avait des volailles qui étaient en inflation très, très forte.
03:29 Et cette année, il n'y a pas ce phénomène-là.
03:31 Donc, la bonne nouvelle pour nos consommateurs, c'est qu'il y aura du foie gras,
03:34 et les prix qu'on est en train de prévoir annoncent du -7% à -8% sur la volaille.
03:39 Donc, c'est plutôt une bonne nouvelle.
03:41 Et puis, la grosse consommation de fin d'année, ce sont les jouets de Noël.
03:43 A l'époque, il y a un an, c'était des conteneurs qui avaient eu des prix
03:46 pour faire venir les produits d'Asie qui avaient explosé.
03:49 Maintenant, on est à -70% du coût du conteneur.
03:52 Donc, la très bonne nouvelle, c'est que les jouets, en tout cas chez Intermarché Netto,
03:56 seront en baisse de 5 à 10%.
03:58 Donc, c'est plutôt une fin d'année qui sera une bonne nouvelle pour les consommateurs.
04:02 Donc, un Noël moins cher.
04:04 - Ce qui est très étonnant, c'est que certains produits dont le prix des matières premières baisse,
04:09 augmentent pourtant.
04:11 Si on prend l'exemple du petit beurre, c'est le cas par exemple.
04:14 Comment vous l'expliquez ?
04:16 - Alors, on l'explique par la volonté ou non des multinationales, des fournisseurs,
04:20 de jouer le jeu de la déflation.
04:22 Donc, on va prendre cet exemple-là.
04:25 La partie la plus importante dans la constitution d'un biscuit, c'est le blé.
04:29 Le blé, il fait -15%, le blé dur.
04:31 On a obtenu des vendeurs de pâtes de -5 à -10% pendant l'été,
04:35 et on l'a répercuté.
04:37 Donc, les pâtes coûtent moins cher aujourd'hui dans nos supermarchés.
04:39 En revanche, tous les fournisseurs de biscuits ont refusé la négociation.
04:44 Et au moment où je vous parle, on est en conflit avec des mondelaises
04:47 qui arrivent avec des tarifs encore en hausse,
04:50 et qui vont nous expliquer que tout coûte plus cher,
04:52 alors que nous, on a la lecture pour avoir une biscuit qui coûte la même chère.
04:55 - Et qu'est-ce qu'on fait ?
04:57 - On va avoir d'autres choix qu'à un moment peut-être rationaliser les gammes
05:01 et considérer que certains produits devenant inaccessibles et trop chers pour le consommateur
05:05 ne soient plus légitimes dans nos rayons.
05:07 - Ça veut dire que vous allez déréférencer certains ?
05:09 - Ça veut dire ça. Il est impossible dans l'année de le faire,
05:11 puisqu'en fait, nos plans d'affaires définissent un nombre d'assortiments,
05:14 un nombre de références dans l'assortiment,
05:16 qui génèrent souvent des améliorateurs de conditions.
05:19 Donc, on ne peut pas le faire pendant l'année.
05:21 Par contre, en début de négociation, si on considère qu'un fournisseur
05:24 ne joue pas le jeu et est trop inflationniste,
05:27 nos équipes, à mon avis...
05:29 - Pour vous comprendre, c'est une menace que vous brodissez aujourd'hui,
05:31 vis-à-vis des industriels.
05:33 Si vous êtes trop gourmand, on enlève vos produits de rayon.
05:35 - Oui, et on n'aura aucun problème à le faire,
05:37 parce que le consommateur aujourd'hui a déjà fait des arbitrages.
05:40 Je ne sais pas si on va revenir sur les changements de comportement,
05:43 mais la marque de distributeurs, elle explose.
05:46 Elle fait +10, +15 en volume,
05:48 quand les marques nationales, devenues trop chères, font -7, -8.
05:51 - Qu'est-ce que vous oppose les marques nationales, les industriels ?
05:54 C'est de dire que les prix auraient dû baisser,
05:58 normalement, parce que les prix des industriels ont baissé,
06:01 et vous gagnez du temps pour justement mettre en avant
06:05 vos marques distributeurs. Qu'est-ce que vous leur répondez ?
06:07 - C'est totalement faux, parce que s'ils avaient voulu mettre en oeuvre ce qu'ils disent,
06:11 il y aurait eu des centaines de baisses cet été.
06:14 On a eu 300 références.
06:16 Vous vous rendez compte ? 300 références.
06:18 On en vend, dans nos points de vente, 15 000.
06:20 Donc autant dire que c'était 300 produits pour lesquels on a eu des baisses.
06:25 Je viens de vous citer les pâtes, on a eu d'autres produits,
06:28 mais ça n'est rien par rapport à l'échantillon que représente un supermarché.
06:32 Entre le discours des industriels et la réalité, il y a eu un vrai écart.
06:36 En tout cas, il n'est jamais trop tard.
06:38 C'est-à-dire que là, on fait un appel à ce que les prochains tarifs qui arrivent soient raisonnables.
06:42 C'est-à-dire que la réalité, c'est qu'on n'aura pas d'inflation.
06:45 Ça, on peut le dire d'ores et déjà, on n'aura pas l'inflation qu'on a connue ces deux dernières années.
06:49 Je vous ai parlé d'un +11 sur le +10.
06:51 Dans le meilleur des cas, ce sera l'inflation qu'on connaît à 4-5 points.
06:55 Et si on est vraiment très bon dans les box, et que les industriels aient peur de perdre des volumes
07:00 parce que leurs produits, justement, on les boude, parce qu'on fait le choix des marques de distributeurs,
07:04 on pourrait peut-être être entre 0 et 4%.
07:07 Pour préciser, ce que vous appelez les box, c'est les endroits où vous vous retrouvez pour négocier.
07:10 C'est là où on fait la négociation.
07:11 Super et hypermarché. Pauline Buisson.
07:13 Vous menacez les industriels de déréférencement.
07:16 Est-ce que vous avez déjà déréférencé certaines marques ? Lesquelles ?
07:18 Est-ce que vous pouvez nous citer des exemples ?
07:20 On en a un très récent qui a fait la une, c'est Findus.
07:24 Findus qui pratiquait la shrinkflation.
07:27 Alors on n'était pas favorable au name and shame des multinationales,
07:30 sauf que la pratique de la shrinkflation, nous l'avons dénoncée d'ailleurs à la matinale de RTL, à la rentrée,
07:36 pour dire que si c'est une pratique qui faisait sens lorsque les industriels venaient nous voir
07:42 et avaient finalement sans arrêt de la déflation,
07:44 aujourd'hui elle est totalement inadaptée dans le contexte de consommation.
07:48 Baisser le produit en grammage et faire un plus 40%, ça s'apparente à du vol.
07:53 Et on considère aujourd'hui qu'il faut cesser cette pratique.
07:55 Pour rappeler les choses, la shrinkflation en français c'est de la réduflation.
07:58 Ça veut dire qu'on réduit la quantité de produit sans changer l'emballage.
08:01 C'est-à-dire qu'on n'a pas renoncé la même chose.
08:03 Et en plus on augmente le prix.
08:05 Donc qu'est-ce qu'on fait par rapport à Findus ?
08:08 On lui enlève des cas de référence en disant "écoute, tu exagères
08:11 mais nos consommateurs prendront un autre produit en l'occurrence".
08:13 Et ça marche ?
08:14 Ça marche oui.
08:15 En tout cas, le consommateur ne s'y trompe pas.
08:17 Il va vers la marque de distributeur et achète le meilleur rapport qui a été pris.
08:21 On a parlé beaucoup de votre vision de l'inflation sur les mois qui viennent.
08:25 Concrètement, ça veut dire quoi ?
08:27 Ça veut dire qu'au début de l'année prochaine, vous pensez qu'on finira finalement une forme de cycle
08:33 qui était un cycle de hausse ininterrompue ?
08:35 L'espoir est notamment l'espoir de nos politiques.
08:38 Puisque Bercy a porté à juste titre un projet de loi qui est en cours de validation
08:43 d'anticiper la fin des négociations au 15 janvier au lieu du 1er mars.
08:46 C'est avec l'espoir d'avoir de la déflation.
08:49 C'est-à-dire qu'on puisse obtenir des fournisseurs des tarifs moins importants
08:52 pour qu'on les répercute et que les consommateurs achètent moins cher le produit.
08:55 Ça c'est l'hypothèse qui fait pousser ce projet de loi.
08:58 Au moment où je vous parle, avec les tarifs, on n'en a eu que 10 sur 600,
09:02 donc on n'est qu'au début de l'histoire.
09:03 Mais lorsque les premiers tarifs arrivent avec des augmentations de 5 à 10%,
09:07 on peut avoir une inquiétude sur le fait que nous les distributeurs,
09:10 même si on va aller d'arrache-pieds négocier, obtenir cette déflation.
09:13 Donc si ça n'est pas de la déflation, ce sera entre 0 et 4,
09:16 je pense que c'est la fourchette des autres.
09:17 Vous dites que les négociations partent du mauvais pied, c'est ça ?
09:20 Elles partent du mauvais pied quand on commence à +10.
09:22 Si les tarifs qu'on recevait étaient à +4,
09:24 l'espoir d'aller chercher du négatif ou d'être à 0,
09:27 c'est-à-dire de reconduire les prix 2023, serait réel.
09:30 À +10, je connais mes équipes, elles sont fortes,
09:33 mais je pense que ça va être compliqué quand même dans certains dossiers.
09:35 Mais est-ce que ça veut dire que l'effet recherché par le gouvernement,
09:38 faire baisser les prix en accélérant les négociations entre vous et les industriels,
09:43 est-ce que ça pourrait avoir comme conséquence inverse de faire finalement augmenter les prix ?
09:48 Ça pourrait. Ça pourrait avoir cet effet inverse.
09:51 Ça n'est bien sûr pas ce que Bercy a dans la tête,
09:53 parce qu'on a un ministre de l'Économie, Bruno Le Maire,
09:56 extrêmement déterminé sur le sujet.
09:58 Il nous a plié le bras en début d'année, à juste titre, avec Olivia Grégoire,
10:02 pour nous faire faire des plans anti-inflation,
10:04 avec les fameux paniers qui ont été mis en place dans l'ensemble des enseignes.
10:07 Ça, c'était à destination des distributeurs, jouer le jeu.
10:10 Et côté industriel, il met la pression en leur disant arrêtez d'avoir des surprofits.
10:15 Menace fiscale, donc c'est peut-être ça qu'il va brandir si jamais les tarifs sont exorbitants.
10:20 Peut-être que la prochaine menace de Bercy, ce sera la fiscalité pour les grands groupes.
10:23 Vous écoutez, vous vous félicitez finalement que le gouvernement ait relancé quelque part la concurrence entre vous.
10:27 À partir du moment où nous, les mousquetaires, on est sur le prix.
10:31 On est des discounteurs et on est dans la bataille parce qu'on investit aussi bien dans nos usines
10:36 pour renier nos marges qu'en point de vente.
10:38 On fait partie des gagnants. C'est peut-être un peu particulier de le dire.
10:42 En tout cas, on répond à cette mission qui est pour moi d'utilité publique,
10:45 d'apporter l'alimentation aux Français, puisqu'on a encore recruté 500 000 consommateurs.
10:52 Ce qui est fou, c'est de se dire qu'en 2023, la France est un pays de grandes nations.
10:56 C'est un pays qui prône la souveraineté alimentaire.
10:58 C'est un pays de Français qui n'arrive pas à manger. Vous connaissez la statistique.
11:01 Un Français sur trois qui saute ses repas.
11:03 Donc nous, on a pris comme mission la demande du gouvernement d'être au rendez-vous du pouvoir d'achat.
11:09 En tout cas, les équipes sont sur le pont.
11:11 On va revenir sur cette précarité, mais auparavant, Emmanuel Macron, il y a une dizaine de jours,
11:14 a dit "on va mettre en place", et je vais y veiller personnellement, a-t-il dit,
11:18 un accord sur la modération des marges. Est-ce que vous avez des nouvelles de cet accord ?
11:23 On n'a aucune nouvelle au moment où on se parle. On n'a pas de nouvelles.
11:28 On est, vous le voyez, dans un commerce qui est de plus en plus administré.
11:31 Donc à un moment, il faudra aussi mettre une limite, parce qu'on vit quand même dans un monde libéral.
11:35 L'intention est bonne. En tout cas, c'est une bonne nouvelle que même le président s'octroie le sujet du pouvoir d'achat.
11:40 Maintenant, ce serait bien qu'il n'y ait pas que les distributeurs, les PME, les agriculteurs ou les politiques.
11:45 Il faudrait que les grandes multinationales fassent le choix. C'est un choix qu'ils ont à faire.
11:48 C'est moins de profits et un peu plus de pouvoir d'achat.
11:50 Le chef de l'État a évoqué des vérifications qui seraient faites par des contrôleurs pour vérifier les prix.
11:56 Est-ce qu'il a raison de mettre aussi la pression ?
11:59 Il a raison. Les mousquetaires, Intermarché Netto et les eaux d'enseigne n'ont aucun problème à montrer nos marges,
12:07 qui sont aujourd'hui en taux en baisse, puisqu'on a fait le choix d'investir pour le commerce.
12:10 Vous ne dites pas que c'est du flicage ?
12:12 Non, parce qu'à un moment, quand les industriels ont l'option de choisir le niveau de transparence,
12:17 je vous explique, parce que je pense que les auditeurs ne le savent pas,
12:20 il y a trois options lorsque vous venez en négociation.
12:22 Il y en a une qui est de donner une transparence réelle sur le coût de production d'un produit,
12:27 en disant "en matière première agricole, ça coûte tant, et mon coût industriel par l'électricité, les emballages, les salaires, ça donne ça".
12:34 Très peu d'industriels prennent cette option.
12:36 Ils nous prennent l'option où c'est un commissaire au compte, payé évidemment par la multinationale,
12:40 qui nous explique que la marge s'étend et ça s'arrête là.
12:43 Donc il n'y a pas de transparence.
12:45 Donc si l'État vient se substituer à un exercice que devait faire la multinationale,
12:49 on est preneur parce que nous verrons qu'il y a eu, ça n'est peut-être pas une généralité,
12:53 mais il y a eu des abus de marge qui font que les profits augmentent, par contre le pouvoir d'achat est très basse.
12:57 Est-ce que vous pensez franchement que Coca-Cola, pour citer une marque, enfin un géant en tout cas,
13:01 ou Procter & Gamble avec tous les produits qu'ils possèdent,
13:04 est-ce qu'on peut déterminer les marges de ces groupes mondiaux ?
13:08 On est curieux d'avoir la publication des résultats en avril de ces grands groupes.
13:13 C'est-à-dire que vous verrez...
13:15 Vous promettez un résultat mondial, mais vous n'avez pas la marge.
13:17 Non, c'est très difficile, mais on sait aujourd'hui que sur certains produits,
13:21 on est sur des marges de 2 à 3 fois supérieures à ce que nous,
13:24 on est capable de faire dans un supermarché avec les charges qu'on a payées.
13:27 Et surtout, il faut regarder ce qu'on appelle le bas de page,
13:29 c'est-à-dire qu'est-ce qu'il reste quand on exploite un intermarché ou un carrefour,
13:33 et chez Leclerc c'est pareil, il reste 2 à 3 % du chiffre d'affaires.
13:36 Dans une multinationale, c'est 10 à 15 % en fonction des secteurs d'activité.
13:41 Donc vous avez des grandes multinationales qui ont fait le pari, par contre, cette année,
13:45 de se dire "je vais être raisonnable en tarifs".
13:47 On va les citer, puisqu'on va arrêter de citer ceux qui font mal le boulot
13:50 et puis il y a quand même des industriels qui jouent le jeu.
13:52 L'Oréal, il est arrivé avec des tarifs qui étaient raisonnables, à 7-8 points.
13:56 Donc je ne vous dirai pas pour secret professionnel à combien on est arrivé,
13:59 mais on est arrivé à un niveau d'augmentation beaucoup moins que ses concurrents.
14:03 Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
14:04 C'est assez récent pour le coup, non ?
14:05 Il a eu cette option en 2023, c'était en février.
14:08 Donc les prix L'Oréal ont beaucoup moins augmenté que ses concurrents.
14:11 Résultat, il prend de la part de marché.
14:13 Et comme un industriel, il a besoin de faire tourner ses usines,
14:16 ça a été un choix gagnant et j'espère qu'il reconduira cette démarche en 2024.
14:19 Loris Boischaud.
14:20 Quand le gouvernement fixe l'objectif de 5 000 produits à prix bloqué en 2024,
14:23 est-ce que vous dites "oui, je tiendrai cet objectif" ?
14:27 Il est encore trop tôt pour vous annoncer si ce sera 5 000,
14:31 parce que les négociations vont commencer maintenant.
14:34 Je pense que c'est réalisable.
14:36 Je pense que c'est réalisable et je vais vous expliquer pourquoi.
14:39 Nous, on a cette particularité, que n'ont pas les autres groupes de distribution,
14:43 c'est qu'on a fait le choix il y a 50 ans d'avoir des usines pour faire les produits de nos marques,
14:47 d'avoir des bateaux pour avoir la maîtrise du poisson qu'on vend sur nos étals.
14:50 Et donc on a demandé évidemment, là en septembre, à notre pôle industriel,
14:54 quelles vont être les tendances.
14:56 Donc je prends une minute pour bien expliquer l'exercice.
14:59 Sur les matières premières agricoles, l'huile de tournesol fait moins 50,
15:03 mais de l'autre côté, le sucre, il augmente.
15:05 Donc disons, sur les matières premières agricoles, ça fera du plus du moins, ça fera étal.
15:09 Par contre, ce qu'ils nous disent, à juste titre,
15:11 l'électricité, on avait imaginé une facture qui s'envolait à 130%,
15:14 la réalité c'est 80%.
15:16 Les emballages coûtent moins cher, les containers, je vous l'ai dit, moins 70%.
15:19 Donc le coût industriel, il est moindre sur nos 56 usines.
15:23 Pourquoi il ne serait pas moindre ce coût de production chez Procter, chez Unilever, chez Coca-Cola ?
15:28 On a la lecture que ça coûtera moins cher de produire en 2024, de l'ordre de 1 à 3%.
15:33 Donc on a espoir que, évidemment, 5000 produits, on puisse les bloquer,
15:38 puisqu'à ce moment-là, on aurait négocié zéro ou de la déflation avec les industriels.
15:41 Donc c'est un espoir qu'il faut entretenir.
15:43 - Ça c'est la démonstration par vos producteurs. Pauline Buisson.
15:45 - Donc c'est ce que vous dites aux consommateurs, qu'il y a de l'espoir malgré tout ?
15:48 - Il y a de l'espoir. Je pense que le pire est derrière nous.
15:52 C'est-à-dire que, je vous l'ai dit, on a connu 10 sur le 11,
15:56 et on s'achemine, j'espère, entre 0,2 et au pire 3, 4%.
16:00 Après, ce qu'il faut avoir en tête, c'est que le consommateur va bénéficier de la guerre entre enseignes.
16:07 On est reparti dans une guerre commerciale extrêmement puissante,
16:10 où Leclerc, les Lidl, les Carrefour vont réinvestir massivement.
16:15 Nous, chez Intermarché Netto, on n'en a jamais mis autant sur la table.
16:18 C'est-à-dire qu'on a fait le choix en mars de se dire, on va baisser nos prix,
16:21 on va faire le pari sur ces 500 produits, et maintenant, sur les 1000 produits,
16:24 on soit les moins chers de France.
16:26 Ça coûte, mais c'est un investissement, puisque, évidemment, ça a ramené des clients.
16:30 Je ne vous dis pas, sur d'autres produits, soyons honnêtes, il y a eu des augmentations.
16:33 C'est un métier de péréquation. Mais la somme, en tout cas, fait baisser notre marge,
16:37 en taux, mais en valeur, elle augmente, donc on est satisfait.
16:39 - Et comment les consommateurs se comportent ? Est-ce que vous observez qu'ils ont des paniers moins pleins,
16:43 qu'ils viennent plus régulièrement, qu'ils chassent les promos ? Qu'est-ce que ça implique ?
16:46 - Alors, il y a des vrais changements. Et on pense que ce n'est pas un feu de paille.
16:50 C'est-à-dire qu'on pense que ce sera la manière de consommer de demain.
16:54 Des fréquentations plus importantes dans les magasins, donc on les chiffre.
16:58 - Donc, les gens viennent plus souvent. - Deux visites de plus par an.
17:01 Donc, ça, c'est réel. Je visite plus d'enseignes. Là où il y avait 4 à 5 enseignes,
17:05 je vais en faire 8, parce que je cherche les bons plans dans toutes les enseignes.
17:09 - Vous dites que la moyenne chez un consommateur, c'est d'aller dans 8 enseignes différentes ?
17:12 - Oui, ça paraît incroyable, mais vous avez, bien sûr, des magasins traditionnels,
17:16 les Carrefour, les Leclerc, les Intermarché, mais vous avez des nouveaux acteurs, les Actions.
17:20 Et vous avez aussi des spécialistes du non alimentaire qui proposent des coûts.
17:24 Plus le marché, plus le petit boucher, la somme de tout ça, ça fait 8 acteurs.
17:28 Et lorsqu'ils viennent, eh bien, la dépense est beaucoup moins.
17:31 C'est-à-dire qu'ils viennent pour consommer moins et maîtriser, peut-être aussi pour gérer son gaspillage.
17:36 Certains consommateurs nous le disent, parce que ça coûte cher.
17:40 Et lorsqu'ils viennent, ils consomment moins avec des arbitrages, il faut en retenir deux.
17:44 Beaucoup plus de marques de distributeurs, je vous dis, ça fait +10.
17:47 Et le premier prix, on n'en parle même pas, ça fait +20.
17:50 Versus des marques nationales qui perdent du volume à 6 ou 7.
17:53 Et malheureusement, des rayons sur lesquels il y a moins d'achats,
17:57 les rayons qui ont connu une flambée des prix, c'est-à-dire la poissonnerie, la viande,
18:02 c'est des rayons qui font du -5 à -10 en chiffre d'affaires,
18:05 parce que l'inflation est de l'ordre de 10 à 15%.
18:07 - Avant de revenir sur le chiffre des ventes, notamment de viande,
18:11 vous aviez dit récemment, si le consommateur est malin, il gomme déjà l'inflation.
18:15 Donc il gomme les 21% en faisant des choix entre différentes enseignes ?
18:22 - Alors, on a une opération très récente, c'est celle de cette semaine.
18:26 Nous reprenons, comme vous le savez, quelques casinos et géants.
18:30 Donc on a accès aux prix de vente des consommateurs.
18:33 La moyenne, c'est 9,6% moins cher.
18:36 Donc lorsque le 16 octobre, les points de vente vont réouvrir avec l'enseigne intermarché,
18:40 ça sera en gros 10%.
18:42 Ça veut dire que, je ne mentais pas quand je disais,
18:44 l'inflation peut être gommée selon le choix des enseignes.
18:46 Ce sera le cas pour ces 58 points de vente qui vont passer sous la bannière mousquetaire.
18:49 Et après, c'est le comportement que je vous expliquais.
18:52 C'est-à-dire, il y a le fond de rayon où il y a des écarts très significatifs.
18:56 Je pense que c'est de 0 à 15%.
18:59 Si on prend le meilleur en prix, le moins bon, il y a quand même des écarts de 15% sur le fond de rayon.
19:03 Et puis après... - Entre deux enseignes ?
19:05 - Entre deux enseignes en France.
19:06 Donc on n'est pas loin de gommer finalement les 21%.
19:09 Et puis à côté, il y a les bons plans, les promotions, les anniversaires.
19:13 Et il y a une appétence évidemment à cagnotter sur les cartes de fidélité ou à prendre les remises immédiates.
19:18 - Et le poids moyen du panier se réduit ?
19:20 - Il se réduit.
19:21 Il se réduit un peu dans cette proportion de 4 à 5% pour que, évidemment, la dépense soit réduite.
19:29 Et puis c'est terrible, vous avez des familles de produits,
19:32 notamment d'hygiène, qui sont entre -5% et -10%.
19:35 Donc on achète moins de dentifrice, on achète moins de shampoing.
19:39 Et donc c'est un phénomène inquiétant.
19:41 C'est pour ça qu'on tire la sonnette d'alarme en disant,
19:43 ni industriel, ni distributeur, en fait, personne n'a intérêt à rentrer dans la récession.
19:47 Donc il faut retrouver des prix qui soient accessibles pour les Français.
19:50 - On appelle la déconsommation, c'est une forme de récession ou pas ?
19:53 Parce qu'une récente étude rapporte que le volume de biens de consommation sur les six premiers mois de cette année a chuté de 4%.
20:01 - Moi, je crois qu'il faut le voir comme ça.
20:03 Une déconsommation, c'est le début de la récession.
20:06 En tout cas, nous, on est en première ligne.
20:08 On voit des consommateurs inquiets, on voit des consommateurs qui, on vient de le dire, arbitrent leurs dépenses.
20:13 Donc il faut éviter ça.
20:15 Et pour éviter ça, je le redis, je pense que chacun doit être raisonnable.
20:19 Il y a des PME qui font un travail extraordinaire et qui sont au rendez-vous, évidemment, de ce qu'il faut faire.
20:26 Et puis, on le redit, il y a quelques géants qui regardent leur profit, qui ne sont même plus pilotés de la France.
20:31 Les consignes, elles viennent d'Atlanta pour Coca-Cola.
20:34 Et ils appliquent, et d'ailleurs, ce n'est pas un scoop.
20:36 Vous lisez le Figaro, par exemple, et vous avez des géants comme Unilever qui assument que leur stratégie en France, c'est de restaurer leurs marges.
20:43 - Vous disiez moins de poissons, moins de viande pour les consommateurs dans leurs achats.
20:48 Moins de produits sur l'agriculture biologique également, vous l'observez ?
20:51 - Oui.
20:52 Alors ça, c'est une vraie inquiétude parce que nous, on a des partenariats, justement, dans nos abattoirs, dans nos laiteries, avec près de 25 000 agriculteurs.
21:00 Et on est très inquiet, puisqu'on peut arriver à des aberrations, des choses complètement dingues, où le lait biologique finit dans la brique conventionnelle.
21:08 Aujourd'hui, on est sur des déconsommations de l'ordre de 7, 8, voire 10 %.
21:13 Et pour la première fois, puisque j'ai vérifié la statistique, pour la première fois depuis 2018, le poids du bio est redescendu à 4 % dans nos supermarchés, quand il était à 5 %, 6 %.
21:25 - Est-ce que vous réduisez, par conséquent, les rayons d'agriculture bio ?
21:28 - Pas encore pour l'instant, mais c'est le risque.
21:31 C'est que, bien évidemment, des produits qui ne tournent pas, le réflexe d'un distributeur, c'est de rationaliser.
21:38 On a un brief négo pour commencer justement la négo.
21:41 On assumera le fait de réduire les assortiments des grandes multinationales qui ne jouent pas le jeu.
21:45 Mais on sera précautionneux sur le bio, parce qu'en fait, si on fait ça, c'est la mort du petit cheval.
21:49 Ça veut dire que les gens, qui en plus, c'est les agriculteurs qui étaient les plus vertueux, qui voulaient sauver la planète, être dans des démarches vertueuses, vont être les premiers sanctionnés.
21:57 Donc, il faut qu'on discute avec le monde agricole.
21:59 Il faut qu'on continue à préserver une part d'offres qui fasse que, dans quelques mois ou quelques années, quand la consommation reparte, on n'ait pas poussé les gens à la déconversion.
22:07 - Est-ce que, justement, dans les prix bloqués, vous avez encore des produits bio ? Vous en avez dans les prix bloqués ?
22:12 - On a des produits bio et on va faire le choix dans nos programmes de fidélité.
22:17 Jusqu'à la fin de l'année, tous les week-ends, on a fait 10 % d'avantage carte sur les fruits et légumes.
22:22 Et on pourrait, l'année prochaine, peut-être soutenir la filière biologique.
22:25 Ça n'a pas encore été décidé, mais c'est une hypothèse.
22:28 La soutenir en faisant des avantages pour le consommateur en consommant bio.
22:32 - Est-ce que vous trouvez le bio trop cher et le label trop exigeant ?
22:36 - Le sujet du prix n'est pas, à mon avis, le sujet du bio, dans le sens où on sait que la productivité est moindre.
22:43 Donc, à un moment, ça se rémunère et ça coûte plus cher.
22:45 Ce qui est plus choquant dans le bio, c'est quand les haricots viennent du Kenya et c'est là où la consommation se retourne.
22:51 C'est-à-dire que le consommateur qui est dans des démarches écologiques ne comprend pas qu'on puisse faire transporter l'haricot vert du Kenya.
22:57 Donc, il faut qu'on favorise de plus en plus les circuits courts.
23:01 Et là où le bio est aussi en difficulté, c'est qu'il y a 10 ans, c'était bio ou conventionnel.
23:06 Et depuis, vous avez aussi des nouveaux logos qui se sont mis entre les deux.
23:11 Vous avez du HVE, vous avez du zéro pesticide.
23:14 Et bien évidemment, ça vient manger aussi dans l'asset du bio avec des démarches qui sont vertueuses.
23:19 Donc, voilà, il faut trouver un juste milieu.
23:21 Bon, alors, ce n'est pas très bio, mais on va parler carburant maintenant.
23:23 Avant de parler des opérations de vente d'essence à prix coûtant, un petit retour quand même sur le fiasco des ventes à perte.
23:31 Le gouvernement voulait vous autoriser à vendre à perte l'essence, une vente à perte interdite depuis 1963.
23:37 D'après plusieurs ministres, c'était une demande de votre part, cette vente à perte. Est-ce que vous confirmez ?
23:43 Pas du tout. Non, non, ce n'était pas du tout une demande de notre part.
23:47 Je pense que ça part de la déclaration d'un distributeur qui avait expliqué que de toute façon, on devait s'arrêter à prix coûtant
23:53 puisque la loi ne nous permettait pas d'aller plus loin. Point.
23:56 Et je pense que ça a été interprété par certainement, je dirais, un collaborateur de la première ministre
24:02 que la distribution attendait de libéraliser tout ça et d'aller en vente à perte.
24:07 C'était louable au service encore du pouvoir d'achat, mais c'était juste impossible, je dirais, économiquement.
24:14 Il faut retenir que sur certains de nos points de vente, c'est 30 à 50 % du chiffre qui est fait par la station d'essence.
24:20 Donc, si on voulait mettre la clé sous la porte, c'était exactement la mesure qu'il fallait prendre.
24:23 Donc, vous avez vu Carrefour, Intermarché Leclerc, là, pour le coup, on a fait front uni, on a dit ça n'est pas possible.
24:29 Heureusement, on a souvent dit que l'essence était un produit d'appel sur lequel vous ne faites pas forcément beaucoup de bénéfices
24:34 et que c'était pour faire venir les clients. Ça, c'est faux ?
24:37 Ah ben ça, c'est toujours vrai parce que la marge qu'on a, c'est 2-3 %.
24:40 Donc, quand on fait du prix coûtant, on va enlever les 2-3 centimes qu'on prend du litre et on se met à zéro.
24:44 Ça reste d'actualité et c'est ce qui fait qu'aujourd'hui, on fait la différence avec des totales.
24:48 Et si vous voulez qu'on parle du sujet, aujourd'hui, oui, les distributeurs jouent le jeu.
24:54 Certains font des opérations de manière très régulière.
24:56 Nous, on a considéré, en fait, pour répondre aux besoins des Français, c'est un plein tous les 15 jours.
25:00 Donc, tous les 15 jours, vous avez le week-end à prix coûtant chez Intermarché.
25:03 Pourquoi vous ne le faites pas tous les jours ? Certains de vos concurrents le font tous les jours.
25:06 Pourquoi est-ce que vous, vous avez choisi de vous préparer ?
25:07 Parce que je n'ai pas envie d'augmenter le prix des pâtes.
25:10 C'est-à-dire que si je fais ça tous les jours, je perds de l'argent.
25:13 Et nos chefs d'entreprise n'auront pas d'autre choix que d'augmenter le prix de l'alimentaire.
25:18 Et nous, on considère que…
25:19 Donc, vous dites que vos concurrents le font, alors ?
25:21 Ils le font, alors…
25:22 Ils se rattrapent sur d'autres produits ?
25:23 C'est aussi, mais sans juger, je trouve que ce qu'ils font, c'est tout à fait louable.
25:27 Et ça nous a poussé à quitter notre plan qui était d'en faire un par mois.
25:31 On est passé à deux par mois.
25:32 Mais à la différence, on va le citer, lorsque les Leclerc font une opération,
25:36 ce sont des hypermarchés.
25:38 Et donc, la station représente 10% de son chiffre,
25:41 parce qu'il fait peut-être 100 millions sur son magasin, quand nous, on fait 10 millions.
25:45 Donc, c'est une histoire de proportion, en fait.
25:47 La proportion est telle chez nous qu'évidemment, on est obligé d'être raisonnable.
25:52 Et je vous dis, si on n'est pas raisonnable, c'est augmenter le prix des pâtes ou de l'alimentaire.
25:56 Et c'est surtout parce qu'on…
25:57 Mais en faisant une opération tous les 15 jours, il n'y a pas des bouchons dans vos stations ?
26:00 Il y a du monde.
26:01 Il y a du monde.
26:02 Les gens, je ne vais pas dire sereux, mais bien sûr, ont une impétence à ça.
26:06 Après, la réalité, si vous voulez, si on veut bouger les lignes,
26:09 il faut, je pense, que le gouvernement reconvoque les pétroliers.
26:12 Le sujet, il est plus chez les distributeurs.
26:14 C'est-à-dire que nous, on a des marges de 2%.
26:16 C'est très bien pour Total de dire "on s'arrête à 2€".
26:19 Mais il oublie de vous dire qu'il a 15 centimes de marge, quand nous, on en fait 2, à nous vendre l'essence.
26:23 Donc, il a qu'à déjà commencer à nous proposer de l'essence à prix moins cher.
26:28 Donc, c'est une taxe sur les raffineurs, c'est ça ?
26:30 Comment ?
26:31 C'est pas une taxe, c'est le choix que Total sorte moins de bénéfices en 2023 et 2024.
26:36 Et là, on aimerait bien que le gouvernement, qui parfois est très autoritaire avec des acteurs comme nous,
26:41 le soit également avec eux.
26:42 Total est à la fois votre fournisseur et aussi un concurrent.
26:46 Ce n'est pas compliqué comme position ?
26:48 C'est un peu compliqué.
26:49 Mais en tout cas, sur le métier de commerçant, on est meilleur que lui,
26:52 puisqu'on est dit pour 10 centimes moins cher au litre.
26:55 Et les consommateurs ne se trompent pas.
26:57 C'est-à-dire que même quand je ne suis pas à prix coûtant,
26:59 je reste moins cher que Total, puisqu'il y a 10 centimes d'écart.
27:02 Donc, laissons-le faire de la marge sur ses stations.
27:05 Comme ça, les gens viendront chez nous, chez Intermarché, chez Leclerc, chez Carrefour.
27:08 Par contre, qu'il soit raisonnable dans les prix qu'il nous vend et les consommateurs s'y retrouvent.
27:12 Mais vous dites qu'il ne faut pas trop administrer le commerce,
27:14 mais ça serait quand même bien que le gouvernement s'occupe de Total.
27:17 Sur ce coup-là, oui.
27:18 Là, sur ce coup-là, oui, parce qu'en fait, la dépense, surtout dans les milieux ruraux,
27:24 la dépense sur l'essence est un sujet extrêmement important.
27:27 C'est une part de la dépense budgétaire qui est conséquente.
27:30 Nous, on est dans les territoires, donc on sent une gronde sociale monter.
27:35 Et si le gouvernement, qui craint le retour des gilets jaunes, veut agir,
27:39 il commence à renégocier ou mettre la pression à Total.
27:43 Et je pense que ça ira mieux sur le prix de l'essence.
27:45 De gronde sociale, du carburant, mais aussi de toutes ces négociations commerciales.
27:49 On va en reparler, puisque ça nous concerne tous.
27:51 C'est quand on va faire nos courses.
27:53 A tout de suite dans ce Grand Jury pour la seconde partie.
27:56 [Musique]
28:06 Suite du Grand Jury, présenté par Olivier Bost.
28:09 Thierry Cotillard, le président des Mousquetaires Intermarché, est notre invité.
28:14 Thierry Cotillard, vous parliez de la crainte d'un retour des gilets jaunes.
28:18 L'heure, il se boit chaud.
28:19 Thierry Cotillard, Emmanuel Macron a annoncé il y a deux semaines la reconduction de l'aide jusqu'à 100 euros.
28:25 Un chèque pour les travailleurs, pour les aider à se rendre sur leur travail.
28:30 Ce qu'on appelle les gros rouleurs.
28:31 Est-ce que vous êtes favorable à cette politique dite d'échec ?
28:35 Alors, il y a eu une actualité sur le chèque alimentaire.
28:39 Il y a quelques mois qu'il n'a pas vu le jour.
28:41 Mais très honnêtement, sur ce chèque en soutien à l'essence, on est favorable.
28:44 Qui concerne les travailleurs les plus modestes.
28:46 Qui concerne les travailleurs les plus modestes.
28:48 Nous sommes favorables.
28:49 Nous savons que les fins de mois sont difficiles.
28:52 Il y a quand même plusieurs millions de français, on estime à 14-15 millions,
28:56 qui sont à 10 euros près en fin de mois lorsqu'ils font leurs courses.
28:59 Donc bien évidemment, toute mesure qui accompagnerait, qui aiderait,
29:02 en espérant que ce soit transitoire, que ce soit juste conjoncturel, on y est favorable.
29:06 Donc on pense que c'est une bonne proposition.
29:08 Et sur le chèque alimentaire, en revanche, vous n'étiez pas favorable ?
29:11 C'est un peu plus compliqué parce que, bien évidemment, où est-ce qu'on s'arrête, etc.
29:16 On préfère aujourd'hui se dire qu'on va se mettre dans des positions très offensives commercialement
29:22 pour que finalement la distribution joue son rôle social, c'est-à-dire proposer des prix qui soient accessibles.
29:29 On a une enseigne qui s'appelle notamment Netto, qui est le hard discount à la française.
29:33 Et on fait là des prix qui sont imbattables.
29:35 Et donc on a ça plutôt en solution que des chèques du gouvernement.
29:39 Alors nous l'évoquions tout à l'heure, vous allez renégocier en janvier les prix avec les industriels, vos prix d'achat.
29:45 Est-ce qu'il faudrait plus de négociations dans l'année ?
29:49 Alors, on a poussé à cette proposition, c'est-à-dire le projet de loi prévoit d'anticiper la fin des négociations.
29:56 Projet de loi, discussion à partir de demain.
29:58 Exactement. On est favorable à ce qu'il y ait une négociabilité tout au long de l'année.
30:02 Aujourd'hui, vous négociez au 1er mars, et il va se passer 12 mois avant de revoir un industriel et de retravailler le tarif.
30:10 Lorsque c'est à la hausse, ça bénéficie évidemment aux consommateurs.
30:14 Mais lorsque c'est à la baisse, et c'est le cas cette année des coûts de fabrication ou des coûts de production,
30:18 c'est au détriment du consommateur. Donc nous sommes favorables.
30:21 Et je vais vous donner un exemple, les mousquetaires sont présents au Portugal.
30:24 L'inflation était de 15% en début d'année.
30:26 Par le fait d'avoir pu renégocier tout au long de l'année, on a gommé 5 points d'inflation.
30:31 Donc c'est un meilleur ajustement des prix par rapport à la situation économique, c'est ça ?
30:34 Exactement. On voit l'industriel, on lui dit tu devais acheter l'électricité avec 130% de hausse.
30:39 Tu vois bien qu'aujourd'hui ça n'est que 70 ou 80%.
30:42 Donc ton coût de fabrication est moindre, on veut 1% de remise sur les produits.
30:46 Et ça, ça marche dans tous les pays européens.
30:48 Le seul pays qui fait l'exception, c'est la France.
30:51 Une loi vous interdit de vendre avec moins de 10% des marges des produits alimentaires des grands industriels.
30:58 C'est une loi inflationniste selon certains acteurs de la grande distribution,
31:02 qui en plus ne protège pas les agriculteurs alors que c'était son objectif.
31:05 Est-ce que vous demandez, vous au gouvernement, d'abroger cette loi ?
31:08 On est favorable au maintien du SRP+10.
31:12 On est favorable parce qu'en fait, il faut remettre le contexte dans lequel cette loi a été votée.
31:18 Elle faisait suite à une guerre des prix, toujours déflationniste,
31:21 à un monde agricole qui était en souffrance,
31:23 à un prix du lait qui était catastrophique,
31:25 qui faisait qu'on envisageait mal la succession des agriculteurs en France.
31:29 Et donc la loi EGalim a permis, en sanctuarisant le prix des matières premières agricoles
31:34 et en recréant de 10% de marge sur des produits à forte rotation,
31:38 de se redonner de l'oxygène.
31:40 Je pense que ce serait une erreur fondamentale,
31:43 peut-être pas pour le consommateur à court terme,
31:45 mais pour les filières et l'agriculture française, ce serait désastreux.
31:48 C'est pourtant ce que demande votre concurrent Michel-Edouard Leclerc,
31:51 il demande de revoir cette loi.
31:53 Il est un peu isolé.
31:54 Il est un peu isolé, c'est-à-dire que bien évidemment, le monde agricole ne le veut pas,
31:57 les industriels ne sont pas forcément favorables,
32:00 et au sein de la distribution, ce n'est pas qu'on discute,
32:03 mais on voit bien quand même les tendances.
32:05 Il est le seul à défendre cet argument.
32:07 Mais j'ai envie de vous dire, le problème c'est que si on mettait en place ça,
32:11 vous pensez bien qu'on augmenterait d'autres produits.
32:14 Donc nous, on n'a pas de problème à faire de la marge sur du coca,
32:17 de la marge sur du Nutella,
32:19 parce que ça favorise aussi les PME et les fabricants de marques de distributeurs,
32:24 puisque l'écart de prix augmente entre ces marques sur lesquelles on est obligé de marger
32:28 et les produits qu'on fabrique.
32:29 - Toujours à propos de loi, une autre loi va vous interdire à partir du 1er mars prochain
32:33 de pratiquer sur les produits d'hygiène et puis les produits de beauté
32:38 des promotions supérieures à 34%.
32:41 Donc les 1 produit, 2 produits pour 1 produit acheté, ça, ça sera fini.
32:46 Est-ce que là, vous êtes contre cette loi en revanche ?
32:51 - On est totalement opposé.
32:53 Alors il y a un bon côté dans De Crozaille, c'est que ça prolonge également.
32:56 - De Crozaille, du nom de député René Saint, c'est à dire qui est à l'origine de cette loi.
32:59 - Exactement. Dans sa loi, il prolonge également.
33:02 On y est favorable, parce que c'était un CDD,
33:04 donc c'est bien que ça puisse continuer pour protéger le revenu à l'école.
33:07 Par contre, nous imposer 34% maximum de remise sur des produits,
33:11 mais hyper important pour les Français.
33:13 On parle de lessive, on parle de couche, on parle des produits qui coûtent 10 à 15 euros.
33:17 On trouve ça fou. On trouve ça complètement à côté de la plaque.
33:21 Et donc on a le soutien de Bruno Le Maire, qui pense que, pour le coup,
33:24 De Crozaille est certainement allé trop loin.
33:26 Donc on espère que la raison va l'emporter,
33:29 et que les députés que nous avons vus récemment en commission parlementaire
33:32 vont revenir à la raison et s'apercevoir que cette proposition est une...
33:36 - Donc pour être précis, vous comptez sur la prochaine loi,
33:39 celle qui doit accélérer les négociations, pour revenir sur la loi De Crozaille ?
33:43 - On espère. Moratoire, où à ce moment-là, on trouve un juste milieu,
33:46 on plafonne à 50%, ce sera moins pire que 34%.
33:49 - Pauline Buisson.
33:50 - Oui, concernant la précarité alimentaire,
33:53 la première fois, les Restos du Coeur annoncent qu'ils vont devoir refuser
33:56 des bénéficiaires à partir du mois prochain, donc dès le mois de novembre.
33:59 L'État, mais aussi plusieurs entreprises, ainsi que des distributeurs
34:02 comme les mousquetaires, promettent d'aider l'association.
34:05 Est-ce que finalement, vous ne prenez pas le problème à l'envers ?
34:07 Est-ce que si les prix étaient plus bas en magasin,
34:09 il n'y aurait pas moins de bénéficiaires des Restos du Coeur ?
34:11 - On est d'accord. On est d'accord.
34:13 C'est-à-dire que c'est pour ça qu'on demande aux industriels de jouer le jeu.
34:16 Alors, vous pourriez me dire "Baissez encore plus vos prix",
34:20 mais je l'ai dit, 2% de résultat dans un magasin,
34:25 dans un intermarché, mais c'est pareil chez Leclerc ou Carrefour.
34:27 Si on décidait de baisser ne serait-ce que 4%,
34:30 on mettrait la clé sous la porte.
34:31 Donc on pense que l'effort est à faire sur certaines multinationales
34:34 qui ont un peu de gras et qui peuvent baisser leurs prix.
34:36 Ensuite, sur le sujet des Restos du Coeur, c'est vraiment déplorable.
34:40 Donc nous, on a répondu à l'appel, j'ai eu le président des Restos du Coeur.
34:44 On aurait trouvé cynique de rajouter des opérations de collecte
34:48 sans faire nous-mêmes un effort.
34:50 Donc la proposition de pouvoir faire des portes ouvertes pour récolter,
34:54 bien sûr, il a la liberté de revenir chez nous pour monter ses opérations,
34:58 mais on a surtout décidé, on est producteur, on l'a dit en début d'interview,
35:02 on a une usine notamment qui fait des couches,
35:04 et ça c'est un vrai besoin pour les familles.
35:08 On a aussi une laiterie qui fait du lait, c'est un vrai besoin pour les familles.
35:11 Donc on a fait un don d'un million d'euros en marchandises
35:13 pour contribuer à notre niveau à l'aide des Restos du Coeur,
35:17 qui n'est pas une aide opportuniste parce que depuis 20 ans,
35:20 on a un partenariat et l'ensemble des adhérents, des chefs d'entreprise,
35:23 travaillent aussi bien avec les Restos du Coeur
35:25 qu'avec évidemment les banques alimentaires pour limiter le gaspillage.
35:28 Beaucoup se tournent vers le hard discount,
35:30 on a beaucoup dit pendant des années que le hard discount progresse, progresse, progresse.
35:35 Est-ce que cette progression est terminée ?
35:37 Alors on aurait pu penser qu'en cette période de crise et de pouvoir d'achat,
35:42 qu'ils allaient faire des scores incroyables, ça n'est pas vrai.
35:44 Pourquoi ?
35:45 Ça n'est pas vrai parce qu'ils ont un assortiment relativement réduit
35:51 sur lequel les hausses ont été de l'ordre de 15 à 17%,
35:54 beaucoup plus conséquentes parce que comme il n'y a pas de marketing,
35:57 l'inflation des matières premières a été beaucoup plus violente.
36:00 Donc les prix ont augmenté de manière plus significative dans le hard discount
36:03 qui fait que le consommateur qui compare les étiquettes est allé chez le caire des quart-jours des adhérents.
36:08 Quand il n'y a pas de marge, on ne peut pas réduire la marge.
36:10 Exactement.
36:11 Est-ce que c'est aussi parce que vous vous êtes adapté
36:13 à une opération promotionnelle peut-être plus forte, plus régulière ?
36:16 Ils ont perdu des consommateurs parce qu'on a tapé fort aussi.
36:19 Et vous avez raison de le souligner, c'est parce qu'on a eu ce plan anti-inflation.
36:22 Là on est dans un plan 100 jours pouvoir d'achat jusque la fin de l'année.
36:26 Et on a remis de manière très importante des baisses de prix,
36:30 des avantages cartes, des remises immédiates.
36:32 Et la somme de ces dizaines de millions d'euros crée l'écart avec des hard discounters
36:36 qui étaient là, qui faisaient le travail, mais on a su réagir.
36:39 Dans un magasin, vous vous êtes confronté à une recrudescence de vols,
36:42 plus 14% l'année dernière.
36:44 Est-ce que vous l'observez et comment faites-vous pour lutter contre ?
36:48 Alors ce qu'on observe, c'est un changement de pratique.
36:52 C'est-à-dire qu'on a connu pendant des années des vols organisés
36:55 qui étaient très ciblés, c'était les gilets de Mach 3, c'était de l'alcool.
37:00 Et ça nourrissait un trafic.
37:02 On était volé pour être vendu.
37:04 Là c'est différent.
37:05 Ce qui est vraiment plus dramatique, c'est que finalement ça peut être nos consommateurs.
37:10 Et ça porte sur l'alimentaire.
37:12 Alors on y veille avec bienveillance parce que ce sont aussi nos consommateurs.
37:16 Donc c'est bien la détresse du consommateur et des consommateurs
37:20 qu'on peut avoir comme fidèles à l'enseigne.
37:22 Ça veut dire quoi avec bienveillance ?
37:24 Lorsque le produit est mis discrètement dans le caddie et pas déposé,
37:28 on n'a pas une hôtesse de caisse qui va agresser la cliente qu'elle connaît depuis 25 ans.
37:33 Madame Bissieux, vous avez peut-être oublié.
37:35 Ah oui, je n'ai pas fait attention.
37:37 Donc c'est des pratiques comme ça, je dirais subtiles,
37:40 mais auxquelles évidemment on est obligé de combattre.
37:42 Parce qu'en fait, si on ne le fait pas,
37:44 ce sera une augmentation des prix pour les clients qui n'auraient pas eu ce pratique.
37:48 Et donc on doit les combattre.
37:49 Aujourd'hui, quels sont les produits qui sont le plus volés ?
37:52 On ne va pas non plus en faire l'éloge
37:54 parce que ce serait tomber dans un misérabilisme qu'on ne souhaite pas.
37:57 Mais on peut constater de la viande ou du poisson
37:59 qui sont des produits qui peuvent coûter cher.
38:02 Vous pouvez avoir une pièce de vande à 15 euros.
38:04 Donc on sent du vol sur ces produits-là qui n'existaient pas.
38:07 Comment vous réagissez ? Vous mettez des antivols ? Vous développez les vigiles ?
38:10 Certains. Après, nous sommes dans un groupement d'indépendants.
38:13 Chacun a sa politique.
38:14 Déjà, il y a des zones plus ou moins sensibles à ce sujet.
38:17 Et chaque chef d'entreprise gère sa démarque, ce qu'on appelle la démarque, le vol,
38:21 en pouvant aller jusqu'à cet extrême de mettre des antivols.
38:24 Ça peut présenter quelle proportion du chiffre d'affaires d'un magasin, le vol ?
38:29 Un magasin bien géré ne doit pas dépasser 1% de ce qu'on appelle la démarque,
38:35 qui comprend le vol et les produits qu'on jetterait.
38:38 Mais aujourd'hui, heureusement, on a eu toujours, depuis des années,
38:41 des démarches vertueuses sur le gaspillage.
38:43 Déjà, on le propose en réduction lorsque les dates sont courtes.
38:46 On les propose aux banques alimentaires, aux restos du cœur.
38:49 Et donc, la proportion, ça doit être 0,5 maximum.
38:52 Ça, c'est l'objectif.
38:53 C'est l'objectif.
38:54 On n'a pas de statistiques pures.
38:56 Ça peut augmenter, ça peut doubler dans les pires des situations.
38:59 Et c'est ça qui fait qu'à un moment, l'entreprise est en danger et qu'elle doit réagir.
39:02 Cette semaine sur RTL, vous avez eu un reportage sur un nouveau phénomène
39:05 qui concerne les enseignes de bricolage.
39:07 C'est les caddies béliers.
39:09 C'est-à-dire, c'est des gens qui remplissent leurs caddies
39:11 et qui foncent vers la sortie sans passer par la caisse.
39:14 Est-ce que c'est un phénomène que vous, dans vos enseignes de bricolage, vous avez pu constater ?
39:18 Alors, on ne l'a pas constaté.
39:19 Ça ne m'a pas été remonté.
39:21 J'ose espérer que ce n'est pas trop fréquent quand même, parce que ce serait inquiétant.
39:26 Ce qu'on peut dire sur le bricolage, c'est que ça a été un mois de septembre très compliqué.
39:31 C'est-à-dire que peut-être que, effectivement, la chaleur a fait qu'on entre en début de saison hivernale,
39:37 donc moins de radiateurs,
39:38 mais on sent un début de déconsommation forte sur le non-alimentaire.
39:42 Donc, on a vu les collègues du bricolage et on est en train de renforcer justement, en promotion,
39:46 le plan de fin d'année pour faire que la consommation ne soit pas en berne,
39:50 comme on a constaté, à -10% sur le mois de septembre,
39:52 qui est un niveau de baisse de chiffre d'affaires qu'on n'a jamais connu depuis beaucoup d'années.
39:56 Dans dix jours, se tiendra une conférence sociale voulue par le président de la République
40:00 pour évoquer avec les syndicats la question des bas salaires.
40:03 Est-ce que les super- et les hypermarchés ont-ils un effort à faire sur les salaires ?
40:09 Je dirais que la question est quand même cruciale, parce que face à cette inflation,
40:14 si à un moment les salaires ne suivent pas, ça va être vraiment double peine et effet ciseau.
40:19 Et là, on va rentrer en récession.
40:21 Donc nous, chaque point de vente a la liberté de sa politique salariale.
40:26 Intermarché et les mousquetaires ont la responsabilité des salaires qu'ils pratiquent
40:30 sur les personnes qui travaillent pour le collectif.
40:32 Ce sont les gens qui sont dans les entrepôts, ce sont les employés qui sont dans les usines.
40:38 Et nous, depuis ces deux années qui ont été très compliquées en inflation,
40:42 sans donner le chiffre à mes concurrents, on est à plus de 10%.
40:44 Donc, on considère qu'on a été au-dessus de l'inflation.
40:47 Et c'est un choix politique pour que nos employés, qui sont aussi des consommateurs,
40:52 ne pâtissent pas notre politique salariale.
40:55 M. Justin, chez vos adhérents, dans les super et les hypermarchés,
40:59 est-ce que vous êtes visé par la question des bas salaires et par l'action gouvernementale ?
41:04 Le bas salaire, pour nous, c'est le SMIC.
41:06 Mais nous avons la chance d'avoir une convention collective qui octroie un 13ème mois.
41:10 Donc ça, c'est un acquis social qui est extrêmement important
41:13 et qui fait d'ailleurs qu'on souffre beaucoup moins par rapport à des secteurs comme la restauration,
41:17 qui n'ont pas cet avantage-là, d'une population qu'on arrive à recruter.
41:21 Alors, en difficulté de recrutement sur des métiers très techniques comme les bouchers et les poissonniers,
41:25 mais en tout cas sur les employés communs de tous les supermarchés,
41:30 il n'y a pas de problème ni de recrutement ni de filiation.
41:33 Et je crois que ce 13ème mois, qui correspond à en gros 10% de plus que le bas salaire,
41:37 fait la différence.
41:38 Et puis vous avez après chaque indépendant qui met des intéressements, des primes
41:43 et tout ça fait que le salaire moyen est amélioré.
41:46 Et c'est une bonne chose parce qu'évidemment, ce sont aussi nos consommateurs.
41:50 Parce que derrière la question des bas salaires, il y a aussi la question de l'évolution des salaires.
41:54 Les gens qui restent au SMIC toute leur carrière,
41:56 quel est aujourd'hui le salaire moyen d'un caissier ou d'une caissière au début de sa carrière
42:01 et à la fin de sa carrière chez Intermarché ?
42:04 Elle peut évoluer, mais c'est vrai que la réalité, c'est que les grilles de salaire sont liées aux postes,
42:11 aux évolutions de postes.
42:12 Donc quand il n'y a pas d'évolution de postes, les évolutions sont quelque part faibles.
42:18 C'est-à-dire qu'on va être de 5 à 15% en fin de carrière.
42:22 Ça n'est peut-être pas ce qui serait souhaitable,
42:24 mais après vous mettez en danger tout un modèle économique
42:27 où évidemment nos équilibres seraient perturbés.
42:29 En tout cas, on a la chance quand même d'avoir beaucoup de personnel
42:34 qui au-delà du salaire, trouvent une proximité avec les clients, avec leurs employeurs,
42:39 ce qui fait que la fidélité est présente.
42:41 Et surtout, on est un ascenseur social, c'est-à-dire qu'on a encore un paquet d'employés
42:45 qui commencent en bas de l'échelle et qui finissent pas que directeurs,
42:49 ils finissent par être un jour propriétaires du supermarché
42:52 parce qu'ils sont devenus adhérents, ils nous ont rejoints.
42:54 Ça correspond à peu près à un tiers de nos chefs d'entreprise.
42:56 Ces histoires-là existent encore aujourd'hui ?
42:57 Ah mais vraiment ! Et là on a vécu Bricorama.
42:59 Bricorama, vous en voyez beaucoup en région parisienne.
43:01 On a des collègues que moi je rencontre maintenant au siège,
43:04 qui étaient simples directeurs et qui sont aujourd'hui propriétaires.
43:08 Ils ont acheté le Bricorama où ils ont 50 employés et c'est devenu leurs employés.
43:12 Donc cette histoire, c'est pas une fable, c'est une réalité et on la vit chez les mousquetaires.
43:16 Pauline Buisson.
43:17 Le gouvernement a lancé un plan pour transformer les zones commerciales.
43:20 Il a été résumé comme le plan contre la France moche, vous l'avez peut-être entendu,
43:25 construire des super et des hypermarchés loin des centres-villes.
43:28 Est-ce que ça doit être un modèle ? On va perdurer.
43:31 Ce qui peut être corrigé, c'est évidemment l'intégration dans le paysage urbain de ces surfaces-là.
43:39 C'est clairement pas une réussite dans certaines zones, ça défigure l'entrée des villes.
43:44 Donc on a un travail, il faut l'accepter, de travailler de concert avec les mairies,
43:48 les architectes, pour envisager la végétalisation des sites, des panneaux photovoltaïques.
43:53 Donc il y a toute une transformation qu'on a enclenchée, qui fasse qu'à mon avis,
43:57 on ne peut pas opposer le centre-ville des banlieues et qui fasse qu'on s'intéresse aussi,
44:02 en tout cas chez mousquetaires, à prendre possession des centres-villes sur lesquels on n'a jamais été,
44:06 tout en modernisant les extérieurs parce que ça restera des zones de flux,
44:09 parce que dans beaucoup de villes, c'est là que se passe le commerce et que surtout,
44:13 les flux ne seraient pas possibles d'être acceptés en centre-ville pour des raisons de circulation
44:18 et d'espace puisqu'on ne trouve pas d'espace de 4000 ou 5000 m² pour y coller.
44:21 Donc il n'est pas question de dévitaliser les centres-villes, de les vider de leur population ?
44:25 Est-ce que ça a pu tout de même y contribuer, le développement de supermarchés, d'hypermarchés,
44:29 à l'extérieur des villes ? Contribuer à la dévitalisation de certains centres-villes ?
44:32 Ce serait mentir.
44:33 Ce qui déplore les maires ?
44:34 Non, non, mais bien sûr, ce serait mentir.
44:35 Et donc en fait, là où il faut qu'on retravaille, c'est des concepts beaucoup plus, je dirais,
44:40 ramassés, qui tiennent dans 1000 m², dans 800 m² et qui puissent revitaliser les centres-villes.
44:45 Nous, on a une déclinaison de notre format, c'est-à-dire le super qu'on voit en banlieue,
44:50 qu'on appelle "express", où on propose aujourd'hui aux mairies de réhabiliter des halles
44:54 ou des espaces qui sont libres, 2000 m², pour y remettre de l'alimentaire, du bricolage.
44:59 Et en fait, c'est la complémentarité des deux qui couvriront les besoins des Français.
45:03 Le zéro artificialisation net, c'est-à-dire le fait de ne plus construire,
45:07 de ne plus transformer des champs en bon béton, est-ce que c'est quelque chose qui vous inquiète ?
45:12 Est-ce que ça peut empêcher le développement ou pas de votre activité ?
45:15 Très clairement, je pense. Et je comprends la position d'élus locaux qui combattent un peu ça
45:21 et qui essayent de trouver un juste milieu. Ce n'est pas pour rien qu'on est aussi en opération de croissance externe.
45:27 Lorsqu'on fait le choix en bricolage, parce qu'on s'était fixé 15 points de part de marché,
45:31 d'acheter cette semaine tridome, 13 surfaces, qui sont des grandes surfaces, de jardineries, de bricolage...
45:37 Plus à 60 de magasins de casinos.
45:39 Exactement, plus à 60 de magasins.
45:42 Donc on a la lecture qui sera difficile de pouvoir ouvrir demain des mètres carrés.
45:46 Pour s'étendre, il faut racheter les concurrents.
45:49 Exactement.
45:50 L'objectif c'est quoi ? C'est de dépasser Carrefour ? Vous êtes aujourd'hui troisième.
45:54 L'objectif, c'est d'être invulnérable en France sur les métiers où on est.
45:58 Vous venez de dire ça veut dire quoi ?
46:00 Ça veut dire avoir la taille critique qui fasse que les transformations qu'on va avoir,
46:04 sur lesquelles on devrait investir massivement, le digital, demain l'écologie, on vient d'en parler.
46:08 Quand vous faites 15 pointes par le marché en bricolage, c'est sécurisé.
46:12 Et quand vous faites 16 et demain 17, 18 avec l'opération casinos,
46:16 un seul objectif pour les mousquetaires c'est de faire 20 points.
46:19 On n'est pas obsédé de passer devant Carrefour.
46:22 Par contre, on est obsédé de créer l'écart avec ceux qui sont loin derrière aujourd'hui.
46:26 Et on espère que cet écart va se creuser.
46:28 En tout cas, les mousquetaires sont déterminés à faire plus de chiffres.
46:31 Donc il faut grossir pour survivre, c'est un peu la philosophie.
46:33 Oui, je pense.
46:34 Avec un risque pour le consommateur ?
46:36 Non, parce qu'en fait il va bénéficier des moyens qu'on pourra mettre en ayant une taille plus importante,
46:41 des prix plus intéressants encore, des services qui vont se développer.
46:46 Je crois que c'est au bénéfice des consommateurs.
46:48 On parlait d'écologie, pour la transition écologique,
46:50 l'objectif du gouvernement c'est de faire faire les efforts, notamment par les entreprises,
46:54 en tout cas la moitié des efforts.
46:56 Qu'est-ce qu'un supermarché, un hypermarché, qui vend plein de biens de consommation,
47:01 peut faire pour la décarbonation ?
47:03 Beaucoup de choses.
47:04 Alors moi j'ai eu la chance avant de reprendre la présidence du groupe en les mousquetaires,
47:08 d'être le président de Perifem, qui réunit tous les distributeurs,
47:11 et dont la seule finalité c'était d'inventer un commerce responsable avec tous les sujets RSE.
47:17 Je vais juste prendre une minute, mais le nombre de sujets est pléthorique,
47:21 c'est-à-dire que nous on fabrique nos produits,
47:23 donc on a un sujet d'utiliser moins de plastique, bien évidemment.
47:26 On a un sujet dans l'enseigne, qui est avant tout un métier de logisticien,
47:30 quand vous êtes distributeur c'est d'amener les produits aux consommateurs.
47:33 Donc comment demain aller vers une décarbonation,
47:35 et quels sont les moyens de transport pour évidemment moins consommer ?
47:39 Et puis troisième sujet, c'est le magasin en lui-même.
47:41 On l'a un peu évoqué, c'est-à-dire que ces grands parkings, ces passoires thermiques,
47:46 il va falloir arrêter, donc il y a une vague d'investissements,
47:49 on l'a chiffré à 3 milliards pour le secteur.
47:51 Donc il faut l'avoir en tête, c'est-à-dire il faut le faire,
47:54 mais à un moment on tendra la main au gouvernement pour savoir,
47:57 est-ce qu'on peut être accompagné, parce que l'équation elle est très simple,
48:00 si on investit Carrefour, Leclerc, U, Intermarché, 3 milliards,
48:04 à un moment les étiquettes de prix augmenteront,
48:07 parce qu'on sera dans une inflation verte.
48:09 - Donc la prochaine inflation ce sera... - Ce sera une inflation verte.
48:11 - Qu'on aura à l'écologie. - Probablement.
48:12 - Toujours à propos d'écologie, votre filiale pêche est le premier armateur de pêche en France,
48:16 elle s'était engagée, alors c'était il y a longtemps, c'était en 2016,
48:19 à ne plus pratiquer de pêche en eau profonde d'ici 2025,
48:23 est-ce que vous tiendrez cet engagement, et est-il toujours d'actualité ?
48:27 - On tient l'engagement, et là aussi, je dirais,
48:33 c'est les extérieurs qui nous ont poussé à nous remettre en cause,
48:36 c'est-à-dire c'est l'association Blum, qui au départ on le voyait finalement
48:40 comme un empêcheur de tourner en rond, qui nous a aidés,
48:43 c'est-à-dire il nous a fait prendre conscience de la responsabilité qu'on avait,
48:46 vous venez de le dire, on est leader de la filière pêche en France,
48:49 on l'a fait, on a été décrié par pas mal de pêcheurs en disant,
48:52 si les mousquetaires mettent le doigt là-dedans, on va tous être obligés de le faire,
48:55 mais X années après, et donc à une ou deux années du terme,
48:58 on est heureux de l'avoir fait, on a tenu nos engagements,
49:00 et les scientifiques nous accompagnent pour préserver, évidemment,
49:03 des quotas d'espèces en danger.
49:05 - Aujourd'hui, vous dites qu'on est dans une pêche raisonnable.
49:07 - On a basculé dans une pêche raisonnable, on peut faire toujours mieux,
49:10 mais en tout cas, on a arrêté de draguer tous les fonds
49:13 et d'électriser des milliers d'espèces, et on est devenu beaucoup plus responsable,
49:17 je pense qu'il y a 10 ans.
49:18 - Est-ce que vous allez réduire votre flotte, parce qu'avec le Brexit,
49:20 vous ne pouvez plus pêcher dans les zones britanniques,
49:23 est-ce que vous allez profiter de ce que l'État met en place
49:25 pour réduire le nombre de bateaux ?
49:27 - Ça a été fait, l'arrêté, ça a été fait, en fait, il y a eu 4 chalutiers
49:31 qui ont arrêté leur activité, parce qu'en fait, on a dû recalibrer
49:36 par rapport au quota qu'on nous a donné, on était en surequipement,
49:39 donc on est aussi vers une raréfaction de la matière première,
49:43 ce qui fait aussi les 20% d'augmentation des prix du poisson,
49:47 mais par contre, le gros intérêt quand vous êtes pêcheur et distributeur,
49:50 c'est qu'on s'est engagé, jusqu'à la fin de l'année, à faire des filets
49:53 à moins de 10 euros, et on peut le faire parce qu'on fait le choix
49:55 de ne pas gagner d'argent sur nos bateaux, ni sur nos outils de transformation,
49:58 et de le proposer aux consommateurs.
50:00 - Et un dernier, alors ça c'est un petit geste, dans la question des tickets de caisse,
50:04 maintenant vous n'imprimez plus les tickets de caisse,
50:06 sauf à la demande des clients, pour des raisons écologiques,
50:09 est-ce que, quelle est la part du nombre de clients
50:11 qui vous demandent le ticket de caisse ?
50:12 - Alors, je n'ai pas une statistique nationale, mais je suis avant tout,
50:15 j'allais dire, gérant de plusieurs supermarchés en région parisienne,
50:19 donc j'ai demandé à mes directeurs, et la proportion est très faible en fait.
50:22 - Très faible, dans quel sens ?
50:24 - Dans l'ordre de 10%, moins de 10% demandent le ticket pour avoir le détail de leur course.
50:29 - C'est un peu contre-intuitif, parce qu'avec l'info de l'intérêt,
50:32 on va dire que les gens vérifient ce qu'ils consomment et...
50:35 - J'étais persuadé que c'était plus de la moitié des consommateurs
50:37 qui auraient demandé d'imprimer le ticket de caisse, c'est pas le cas,
50:39 alors 10% c'est ceux qui demandent l'impression du ticket,
50:42 peut-être que 40% ou plus vont consulter le site internet ou l'appli,
50:46 où là il y a le détail du ticket.
50:48 - Avec les cartes de fidélité, on peut savoir ce qu'on a consommé.
50:51 - Mais on est surpris de la statistique, mais en tout cas,
50:53 elle est vertueuse pour l'environnement, puisqu'on n'imprime plus beaucoup de tickets.
50:57 - Et pour Noël, vous dites plus de papier, plus de catalogue en magasin ?
51:00 - Eh bien, liberté aux chefs d'entreprises indépendants de le faire,
51:03 certains le font dans certaines zones, mais la trajectoire est donnée,
51:06 on en reparle dans deux ans, il y en aura à mon avis très peu,
51:08 et on aura surtout basculé dans un monde digital.
51:10 - Merci beaucoup Thierry Cotillard pour ce Grand Jury,
51:13 bon dimanche à tous et à la semaine prochaine.
51:15 [SILENCE]

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