Regardez Le Grand Jury du 26 mars 2023 avec Olivier Bost et Marie-Pierre Haddad.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Le grand jury RTL Le Figaro LCI, Olivier Bost.
00:16 Bonjour à tous, bienvenue dans ce grand jury. Bonjour Yael Brun-Pivet, vous êtes la présidente de l'Assemblée Nationale.
00:23 Comment sortir de la spirale de la violence, des violences dans les manifestations et des violences également contre les élus ?
00:30 Comment refaire de la politique aussi ? Où trouver une majorité à l'Assemblée ? Comment rouvrir le dialogue avec les syndicats ?
00:36 Toutes ces questions, nous allons vous les poser Yael Brun-Pivet.
00:40 Ce grand jury est en direct comme tous les dimanches. Vous pouvez poser vos questions à Yael Brun-Pivet.
00:46 C'est sur les réseaux sociaux que ça se passe avec le hashtag #LeGrandJury.
00:49 Marie-Pierre Haddad scrute ses réseaux sociaux pour nous. Bonjour Marie-Pierre. Et elle va relayer vos interpellations avec ce signal.
00:57 Également à mes côtés pour vous interroger aujourd'hui, Jinja Rassé du Figaro et Damien Fleureau de TF1 LCI.
01:05 Et nous allons bien sûr commencer par l'escalade de la violence. Damien Fleureau.
01:10 Oui, bonjour Yael Brun-Pivet. Vous avez vu ces images hier à Sainte-Soline. C'est cette manifestation
01:15 anti-bassine, un déchaînement de violence. Cinq blessés en urgence absolue ce matin.
01:22 Des véhicules de gendarmerie brûlés. On a passé un stade dans cette violence, Yael Brun-Pivet ?
01:28 Alors effectivement, les scènes que nous avons vues hier sont des scènes d'une extrême violence.
01:34 Ce sont des scènes d'horreur où nous avons des centaines de personnes qui sont venues pour se battre,
01:43 pour blesser, pour invectiver, pour casser la République, je crois.
01:50 Mais vous parlez d'escalade de la violence ?
01:53 Mais vous savez, le problème c'est que dans les manifestations, il y a, et on le voit depuis des années,
02:00 des individus extérieurs aux manifestations qui ne sont pas des gens qui veulent manifester paisiblement.
02:08 Ce sont des individus, des ultras, des black blocs, qui viennent parfois d'Europe entière, qui se donnent le mot
02:15 pour venir faire de la guérilla, pour s'attaquer à nos institutions, pour s'attaquer à nos forces de l'ordre
02:24 et d'une façon, d'une brutalité abominable. On a vu les armes qu'ils utilisent, des pavés avec des pointes,
02:32 et on voit aujourd'hui qu'il y a des gendarmes qui sont hospitalisés et je crois qu'il faut que nous ayons tous
02:42 collectivement une pensée pour eux parce que nos forces de l'ordre aujourd'hui sont des remparts.
02:48 Ce sont des remparts pour protéger nos libertés publiques et ce sont les remparts de la République
02:53 qui est attaquée par ce type d'individus.
02:56 Qu'est-ce que vous voulez dire par "la République est attaquée" ?
02:59 Eh bien on le voit aujourd'hui, il y a là un lieu qui est attaqué et nos forces de l'ordre qui sont attaquées
03:08 alors que sur ce processus-là, il y a eu une concertation, que cette manifestation était interdite par la préfecture
03:15 et donc ces personnes-là, dont des élus, bravent l'interdiction de la préfecture et viennent à nouveau pour mener
03:24 une bataille rangée et par ailleurs ces individus s'attaquent à des hôtels de ville, on a vu tous les images
03:31 de la porte de l'hôtel de ville de Bordeaux mais ils s'attaquent également à des commissariats,
03:37 ils s'attaquent à des préfectures, donc finalement à tous les lieux qui symbolisent l'ordre, l'institution
03:45 et donc notre République.
03:46 Une première interpellation sur les réseaux sociaux avec le hashtag #LeGrandJury, Marie-Pierre Haddad.
03:51 Oui, on voit beaucoup de députés, d'élus de l'opposition qui ont tweeté et qui étaient présents justement à Saint-Sauline,
03:58 vous les avez évoqués et ils racontent tout ce qui se passe là-bas, est-ce que ça vous gêne que des élus soient sur place ?
04:04 Ce qui me gêne, c'est que des élus participent à des manifestations qui sont interdites.
04:11 Cette manifestation à Saint-Sauline avait fait l'objet d'un arrêté préfectoral d'interdiction
04:16 compte tenu du contexte, du contexte passé et du contexte présent.
04:20 Et cela me gêne, oui, que des élus, quels qu'ils soient, bravent la loi, l'enfreignent et se mettent en contradiction
04:28 avec le mandat qui est le leur et qui en plus, moi ce qui me gêne doublement, c'est qu'ils excitent de leur qualité d'élu
04:36 comme si, parce qu'on était élu, on était au-dessus des lois. On n'est pas au-dessus des lois.
04:41 Et s'ils bravent la loi comme vous le dites, est-ce qu'ils doivent être sanctionnés ?
04:44 Eh bien, ils doivent être sanctionnés dans le cadre de la loi et donc ce sont des sanctions pénales qui sont prévues,
04:51 une contravention dite de quatrième classe, donc ça c'est l'autorité judiciaire qui doit se prononcer,
04:57 loin de moi l'idée d'interférer. Mais en tout cas, je crois que chacun doit s'interroger aujourd'hui,
05:02 lorsque nous sommes élus, la moindre des choses, c'est de respecter les lois de la République.
05:08 Je vois bien moi à l'Assemblée que certains élus s'affranchissent du respect élémentaire dû à l'institution,
05:16 dû à notre règlement. Ce n'est pas ça qu'on attend d'un élu lorsque l'on est en République.
05:21 Il y avait eu des sanctions prises contre un député de la France Insoumise parce que dans une manifestation,
05:27 il avait recouvert un ballon avec la tête d'Olivier Dussopt. C'était un geste menaçant.
05:33 Est-ce que là, la présence de ces députés dans ces manifestations peut appeler à une réaction de la part de l'Assemblée nationale ?
05:40 Alors je vais être très précise parce qu'il faut que vos auditeurs comprennent bien.
05:43 Moi en tant que présidente de l'Assemblée nationale, je n'ai pas de pouvoir de sanction à l'égard des parlementaires
05:49 concernant les agissements qu'ils peuvent avoir en dehors de l'Assemblée nationale et en dehors de l'hémicycle.
05:55 C'est bien normal, on le comprend. Maintenant, le fait que vous rappelez avait en fait empêché l'Assemblée de continuer à délibérer
06:04 puisque le député qui avait fait ce tweet en arborant une écharpe d'élu et en mettant le pied sur la tête d'un ballon
06:13 à l'effigie du ministre du Travail Olivier Dussopt avait voulu prendre la parole dans l'hémicycle suite à ce fait.
06:21 Et l'hémicycle entier s'était ému et avait été scandalisé par cette photo et lui avait demandé deux choses.
06:29 De s'excuser envers le ministre mais surtout envers l'institution et de retirer son tweet.
06:35 Ce qu'il n'a jamais voulu faire et les députés dans leur ensemble ont refusé de continuer à délibérer tant que cela ne serait pas fait.
06:42 Et c'est cela que nous avons sanctionné. Le fait que son attitude à l'extérieur de l'Assemblée avait une répercussion
06:50 à l'intérieur de l'Assemblée. Sauf si ça a des répercussions à l'intérieur de l'Assemblée, ce que je ne sais pas.
06:56 Yann Brun qui dit "après ce week-end de tensions il y a une nouvelle journée de manifestation prévue mardi contre la réforme des retraites
07:04 ce sera la dixième journée d'action. Le préfet de police de Paris Laurent Nunez dit s'attendre à une manifestation déjà difficile à gérer
07:13 parce qu'on craint l'escalade de la violence et peut-être un drame. Est-ce que devant cette situation vous appelez les syndicats peut-être
07:20 à mettre en pause leur mouvement d'action contre la réforme des retraites ?
07:25 Les syndicats jusqu'à présent ont été exemplaires dans la gestion de leur mobilisation et des mobilisations de leurs adhérents.
07:33 Nous avons vu des cortèges qui se sont très bien déroulés mais qui, et ce sont les mêmes types d'individus, sont parfois noyautés par des individus ultra-violents.
07:43 Je crois qu'il faut que l'on réussisse à permettre aux syndicats de continuer à manifester et c'est ça le rôle premier des forces de l'ordre.
07:54 Permettre à la liberté de manifester, de s'exprimer, permettre la liberté d'expression dans notre pays et par ailleurs de lutter absolument contre ces individus factieux.
08:04 Je ne voudrais pas que ces quelques centaines d'individus qui viennent pour tout casser mettent à mal nos libertés.
08:17 Je ne voudrais pas que ça ait des conséquences sur la liberté de manifester.
08:21 Le mot d'ordre et les appels à la manifestation sont lancés à la base par les syndicats alors que finalement la loi a été adaptée.
08:28 Est-ce que vous comprenez que les syndicats continuent à mener ce combat ?
08:34 Écoutez, moi je respecte infiniment les syndicats, leur modalité d'expression.
08:39 S'ils ont fait le souhait ensemble de continuer à manifester, c'est éminemment respectable.
08:45 Il faut l'entendre, il faut regarder, il faut continuer à échanger.
08:49 Moi je suis très frappée par notre incapacité finalement dans notre pays à mener des réformes et à réussir à aboutir à des consensus quand ces réformes concernent tout le monde.
09:02 Je crois qu'il faut tous que nous nous interrogions sur notre capacité ou plutôt parfois notre incapacité à mener de grandes réformes.
09:09 Pensez que ce mouvement peut durer jusqu'à la promulgation de la loi ? Dans un mois ? Combien de temps ça peut durer ?
09:15 Écoutez, moi je suis très mauvaise pour faire des prédictions donc je n'en fais pas.
09:20 Je suis à la tâche et je m'occupe des fonctions qui sont les miennes et du rôle qui est le mien.
09:27 Je ne suis pas Madame Irma concernant les manifestations et concernant ce que font les syndicats.
09:32 Marie-Pierre Haddad.
09:33 Vous parlez des individus qui sèment le chaos pendant ces manifestations.
09:39 Vous visez qui ces individus ? Parce que Gérald Darmanin, lui, les qualifie de "Black bourges".
09:43 Est-ce que vous reprenez ce terme-là par exemple ?
09:45 Écoutez, je ne sais pas qui ils sont puisque comme ce sont des individus très courageux, ils mettent des cagoules et ils s'anonymisent entièrement.
09:55 Ce qui est sûr c'est que ce sont des casseurs, ce sont des gens qui ne respectent rien, certainement pas la vie humaine.
10:02 Songez à nouveau qu'il y a des personnes en urgence absolue en ce moment à l'épisode.
10:07 Vous visez à chaque fois l'ultra-gauche. Est-ce que vous estimez que c'est l'ultra-gauche qui opère dans ces manifestations ?
10:12 Mais à nouveau, je n'ai pas à estimer quelque chose. Là, on est vraiment sur quelque chose de très factuel.
10:18 Il semble effectivement que ces individus en partie viennent des groupes d'ultra-gauche et qu'il viendraient aussi, il y en aurait en tout cas, qui pourraient venir de l'étranger.
10:29 Ce qui montre bien la façon dont certains se réunissent pour opérer de la destruction et mettre à mal notre démocratie.
10:37 Et pour poser la question autrement, est-ce que vous estimez que certains groupes politiques, la France Insoumise bien entendu, poussent à la violence ou encouragent la violence par ces prises d'opposition ?
10:47 Ce qui est certain, c'est que d'une certaine façon, ils la légitiment. Parce qu'ils considèrent que finalement, ces individus ont de bonnes raisons.
10:56 Et que les premiers à exercer de la violence, c'est la violence institutionnelle. Et que finalement, eux n'agissent qu'en réaction et qu'en défense.
11:06 C'est ahurissant comme prise d'opposition.
11:09 Moi, je suis en tant que présidente de l'Assemblée Nationale, mais je crois que tous nos compatriotes le sont, extrêmement attachés à l'ordre des choses et au respect de nos règles.
11:21 Il n'y a pas de violence institutionnelle. La violence institutionnelle qu'ils décrivent, c'est juste la démocratie. C'est juste la démocratie.
11:28 On reviendra sur le travail à l'Assemblée. Damien Fleureau ?
11:32 Oui, dans les slogans des manifestations, et vous l'avez entendu, vous les avez vus, ces pancartes, il y a beaucoup d'attaques qui visent le président de la République.
11:39 Et cela rappelle les mouvements des Gilets jaunes. Est-ce que vous sentez cette rupture qui est en train de se produire, peut-être entre les Français et le chef de l'État ?
11:49 Ce que je sens, c'est qu'il y a un lien qui se distend. Mais pas uniquement entre les Français et le président de la République, mais entre les Français et leurs élus.
12:01 Ce lien se distend depuis longtemps, mais aujourd'hui, quand on voit toutes les attaques que subissent les élus, quels qu'ils soient,
12:09 les maires, maire de Saint-Brévin qui voit sa voiture et une partie de sa maison brûlée, les députés, les sénateurs, les ministres, le président de la République...
12:21 Principalement dans les cortèges, c'est avant tout le chef de l'État.
12:25 Oui, mais pas seulement. On a parlé tout à l'heure d'Olivier Dussopt qui avait été visé, la première ministre.
12:31 On voit qu'il y a un déchaînement de violence contre les élus d'une façon générale et c'est ça qui doit nous inquiéter.
12:39 Parce qu'à nouveau, dans une démocratie, les élus, ceux qui représentent les citoyens, ont été élus régulièrement.
12:47 Il faut vraiment que tout le monde garde raison pour que nous puissions continuer à construire, à avancer ensemble.
12:56 Il y a justement des violences et des menaces contre les parlementaires. Est-ce que vous avez un ordre de grandeur, et surtout en particulier ces derniers jours ?
13:06 Oui, alors j'ai en fait, depuis le début de la mandature, j'ai 61 parlementaires qui ont subi des violences, que ce soit au sein de leur permanence,
13:16 ou par courrier, ou sur les réseaux sociaux. 22 depuis le 19 mars. 22. Et ça s'inscrit dans un phénomène plus large puisque les chiffres sont parus sur l'année 2022.
13:29 Il y a eu une violence en hausse à l'égard des élus de 32%. C'est pour ça que j'essayais de vous dire qu'il fallait vraiment élargir le spectre
13:39 et ne pas considérer que la violence s'exprimait à l'égard d'un ou de quelques-uns. C'est quelque chose, c'est un phénomène beaucoup plus massif.
13:46 Moi-même, j'ai fait partie de ces élus à plusieurs reprises, et j'ai à nouveau fait partie, ces derniers jours, je ne l'avais pas rendu public,
13:56 mais aussi de l'être de menaces absolument abominables. J'ai évidemment porté plainte, mais c'est vous dire que personne n'est à l'abri de ce type de menaces.
14:07 Tous les élus portent plainte ?
14:09 Alors, je les ai invités à tous porter plainte. Ils ont tous la protection fonctionnelle qui leur est accordée par l'Assemblée nationale,
14:17 et grâce à une loi qui a été adoptée récemment, l'Assemblée nationale peut se porter partie civile à leur côté.
14:23 Donc, nous serons évidemment extrêmement vigilants, déterminés, mobilisés pour faire face collectivement parce que ce sont des élus de tous les bords qui sont attaqués.
14:34 Est-ce que la protection de centaines d'élus est possible ?
14:37 Alors, fort heureusement, la plupart des agressions sont des agressions qui se font par courrier ou sur les réseaux sociaux.
14:47 Ce sont des menaces ?
14:48 Ce sont des menaces. Les préfets ont accru leur vigilance sur les permanences parlementaires et sur les domiciles des députés qui étaient les plus menacés.
14:57 Mais effectivement, c'est un phénomène qui doit collectivement nous inquiéter à nouveau.
15:04 Et c'est pour ça que moi, je ne comprends pas que certains élus ne condamnent pas sans réserve les agressions que nous pouvons subir.
15:17 Pour le coup, il y a une menace qui a été plutôt condamnée assez largement, c'est celle contre Aurore Berger, la présidente des députés Renaissance.
15:24 Elle a reçu une lettre qui menace son enfant de 4 mois.
15:27 Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris cela ? Et puis, est-ce que vous avez demandé un renforcement de la protection d'Aurore Berger ?
15:34 Ma réaction ? J'ai été très choquée et j'ai été d'autant plus choquée que j'avais, parce que j'ai regardé la lettre qu'Aurore avait reçue,
15:45 j'avais reçu le même type de lettre, semble-t-il, du même individu quelques jours auparavant.
15:55 Donc je me suis dit que cet individu était un récidiviste de ce type de courrier.
16:02 Je vous la montre, c'est effectivement la même écriture.
16:05 Et vous voyez, ça commence très aimablement par "Salut la grosse truie juive, 5 bâtards youpins, tu nous files du boulot.
16:14 On n'a plus de Zyklon, hélas, mais des barres de fer pour éliminer cette saloperie de youdes.
16:19 5. Quel plaisir de les éradiquer. Et puis 3, sale grosse, j'ai deux pages comme ça.
16:25 Pour vous, c'est important aujourd'hui de dire précisément et de montrer ce que vous subissez ?
16:31 C'est important parce que, vous savez, quand vous vous lancez en politique, vous vous lancez parce que vous avez des convictions,
16:42 vous pensez que vous allez pouvoir être utile à vos compatriotes, que vous avez un rôle à jouer,
16:48 que vous vous sentez concerné par ce qui se passe autour de vous.
16:50 Et l'engagement politique, pour moi, c'est le plus bel engagement qu'il soit,
16:54 quelle que soit la couleur politique à laquelle on appartient.
16:59 Et moi, je ne faisais pas de politique avant, il y a 6 ans, j'étais au resto du cœur, vous voyez.
17:03 Moi, j'aidais, mais autrement mes compatriotes.
17:06 Et jamais, je n'aurais imaginé, jamais, qu'en m'engageant en politique,
17:12 j'aurais à subir l'antisémitisme, le sexisme, la violence verbale,
17:18 parfois la violence physique à travers nos permanences.
17:23 Et je trouve que c'est extrêmement grave dans une démocratie parce qu'on a besoin d'engager,
17:29 on a besoin de gens qui vont se dédier corps et âme, jour et nuit, à la chose publique.
17:35 Et donc, il faut absolument que nous fassions très attention, collectivement.
17:41 Marie-Pierre Haddad.
17:42 Justement, vous venez de nous lire une lettre de menace que vous avez reçue.
17:46 On voit le contexte social très tendu.
17:49 Et sur Facebook, on a reçu un commentaire d'Hervé qui vous demande
17:52 "Mais est-ce qu'il ne faut pas retirer le projet de loi retraite, tout simplement,
17:55 rien que pour apaiser la situation ?"
17:57 Vous savez, moi, je crois, puisque je crois, je suis convaincue
18:03 que lorsque cela tangue dans un pays, lorsque il y a des mouvements très forts,
18:12 il faut impérativement que nos institutions tiennent et revenir à leur pureté.
18:23 Ce n'est pas forcément le bon mot.
18:25 Est-ce que là, ça ne va pas au-delà de tanguer la situation ?
18:26 Mais en fait, le texte a été adopté au Parlement.
18:29 Il est maintenant déféré, donc il est devant le Conseil constitutionnel.
18:33 Il y a plusieurs recours.
18:34 Donc il faut laisser ce processus se poursuivre.
18:37 Maintenant, moi, ce que je crois profondément,
18:39 c'est que ce débat sur les retraites a mis à jour un certain nombre de sujets.
18:45 Et ces sujets-là, il ne faut pas les mettre sous le tapis.
18:49 Quels sont-ils ?
18:50 C'est évidemment tous les sujets autour du travail,
18:53 parce que finalement, on demande à ce qu'une réforme des retraites efface tout,
18:58 efface des vies professionnelles entières pour ramener une égalité parfaite.
19:03 Eh bien, ces vies professionnelles qui sont inégales,
19:07 il faut maintenant nous y atteler résolument avec tous les partenaires sociaux.
19:11 C'est la pénibilité, c'est les reconversions,
19:15 c'est la formation tout au long de la vie,
19:17 c'est l'égalité salariale entre les hommes et les femmes,
19:19 c'est la lutte contre les temps partiels contraints.
19:23 Vous voyez, beaucoup de travail à faire ensemble.
19:25 On va reparler de ces initiatives politiques,
19:27 mais auparavant, encore un mot sur les violences
19:29 avec des interrogations sur le travail de la police.
19:32 Jim Gerasim.
19:33 Plus spécifiquement sur la brigade motorisée de la Brave M,
19:37 qui est devenue le symbole d'une certaine forme de maintien de l'ordre.
19:43 C'est une unité très décriée pour ses méthodes d'intervention musclées.
19:47 Le Monde et Loop Sider ont dévoilé un enregistrement d'une unité
19:50 dans laquelle on entend des policiers interpeller 7 jeunes,
19:54 on les entend les menacer, avoir des propos parfois humiliants,
19:58 des bruits de gifle aussi.
20:00 Le DGPN a été saisi.
20:02 Quelle est votre position ?
20:03 Est-ce que vous demandez, comme certains,
20:05 la dissolution de la Brave M ?
20:08 Vous savez, il faut revenir un tout petit peu en arrière.
20:11 Pourquoi cette unité a été créée ?
20:13 Pour justement pouvoir procéder à des interpellations des Black Blocs,
20:17 de ces individus qui arrivent dans des manifestations,
20:20 pour tout casser.
20:21 Et on s'était rendu compte sur les précédents mouvements
20:24 que nous n'arrivions pas à les interpeller
20:28 et à mener des procédures judiciaires à leur encontre.
20:31 Et c'est la raison pour laquelle nous avons créé,
20:33 dans le nouveau schéma de maintien de l'ordre, cette unité.
20:36 Donc cette unité, elle a vraiment une raison d'être
20:39 qui était essentielle pour lutter efficacement contre les Black Blocs.
20:42 Maintenant, ils ne sont à l'abri de rien.
20:45 Ils font un travail extrêmement difficile.
20:48 Mais lorsque il y a soit un dérapage, soit un doute sur leur action,
20:54 évidemment qu'il faut saisir le DGPN
20:57 et laisser l'inspection travailler,
20:59 mais ça ne remet pas en cause l'intégralité de leur action,
21:04 parce que nous avons besoin d'eux pour pouvoir justement faire face
21:08 à des individus qui sont sans aucune limite.
21:11 - Marie-Pierre Adad.
21:13 - Le Conseil de l'Europe s'alarme d'un usage excessif de la force en France.
21:18 Et il y a même la commissaire au droit de l'homme du Conseil de l'Europe
21:21 qui a déclaré que les actes de violence sporiadiques
21:24 de certains manifestants ne sauraient, je cite,
21:28 "ne sauraient justifier l'usage excessif de la force par les agents de l'État."
21:32 Est-ce qu'il n'y a pas un manque de sang-froid ?
21:35 - Je ne crois pas, non. Je ne crois pas.
21:37 Vous savez, moi, j'ai été à plusieurs reprises auprès d'eux.
21:40 J'ai assisté à des entraînements.
21:43 Je ne sais pas si vous vous imaginez ce à quoi ces policiers
21:47 d'un courage exceptionnel font face
21:49 lorsque certains se prennent des pavés sur la tête, sur leur casque,
21:53 lorsqu'ils sont avec des individus qui veulent très clairement les blesser,
21:58 les... Je ne voudrais pas dire attenter à leur vie,
22:01 j'espère que ce n'est pas le cas,
22:03 mais compte tenu des armes qui sont en jeu,
22:06 c'est en tout cas ce que nous pouvons craindre.
22:08 Donc ils utilisent la force nécessaire, proportionnée.
22:12 Il ne faut pas, évidemment, que celle-ci soit excessive.
22:15 Et à chaque fois qu'il peut y avoir un doute,
22:18 il faut que les citoyens saisissent l'IGPN et l'IGGN
22:22 pour que les enquêtes puissent être menées.
22:24 Elles sont menées en toute impartialité.
22:26 C'est ça, un État de droit.
22:28 - Pour un sujet plus léger, la visite du roi Charles III
22:33 a été annulée pour la semaine prochaine.
22:36 Est-ce que vous dites que c'était la meilleure des décisions
22:38 dans ce contexte ?
22:40 Le roi Charles III n'aurait pas pu être accueilli dignement en France.
22:44 - Je crois qu'effectivement, compte tenu du contexte,
22:46 s'il était plus sage de reporter cette visite,
22:51 je devais le recevoir au Sénat en compagnie de Gérard Larcher.
22:55 Mais je crois qu'effectivement, c'est une décision très sage
22:58 qui a été prise et que le roi, j'imagine, comprend.
23:01 - Est-ce qu'il est vrai que vous avez déconseillé,
23:02 avec Gérard Larcher, à Emmanuel Macron,
23:04 lors de votre déjeuner mardi, de recevoir Charles III ?
23:08 Est-ce que vous avez dit au président,
23:10 il faut annuler ce voyage ?
23:12 - Ecoutez, moi, en général, je garde mes conversations privées en privées,
23:17 mais effectivement, je fais partie de ceux qui pensaient
23:19 que ça n'était pas sage de recevoir dans ce contexte-là.
23:23 - C'est-à-dire que vous aviez du mal à vous imaginer lundi soir,
23:26 dîner à Versailles ?
23:29 - Non, mais écoutez, je pense que vraiment, dans le contexte,
23:32 il était plus prudent et plus sage.
23:35 Plus prudent également aussi en termes de maintien de l'ordre.
23:37 Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt.
23:40 Sa venue aurait été exploitée par ces mêmes individus
23:45 pour continuer à semer le désordre et le chaos.
23:48 - Est-ce que ça complique pour Emmanuel Macron
23:50 le fait de pouvoir sortir de l'Elysée ?
23:53 Est-ce que vous souhaitez qu'il revienne au contact des Français
23:55 ou est-ce qu'aujourd'hui, ça n'est pas possible ?
23:58 - À nouveau, moi, je ne parlerai pas à sa place.
24:02 Moi, je pense en tout cas qu'il faut inlassablement aller sur le terrain.
24:05 Moi-même, vous voyez, vendredi, donc il y a deux jours,
24:09 j'ai passé une journée en Normandie
24:12 au contact des citoyens, avec des jeunes, avec...
24:16 - Vous n'êtes pas comme les ministres, ça ne vous empêche pas de sortir ?
24:18 - Ça ne m'empêche pas de sortir et j'ai envie de vous dire raison de plus.
24:23 En ce moment, je crois qu'il faut inlassablement
24:27 aller sur le terrain, dialoguer, essayer de comprendre
24:31 parce qu'on nous dit beaucoup de choses quand on est en déplacement
24:35 et en ce moment, il se dit beaucoup de choses.
24:38 Je crois comprendre qu'on en parlera plus tard dans l'émission.
24:40 - Damien Fleureau.
24:42 - Une dernière question sur cette visite reportée du roi Charles III.
24:46 Vous n'avez pas la date, d'ailleurs, la nouvelle date.
24:49 Éric Ciotti parle de honte pour notre pays.
24:52 C'est vrai que cela pose la question de notre incapacité
24:55 à pouvoir organiser ce type de manifestation, d'événements,
24:59 d'accueillir une personnalité de tout premier rang en toute sécurité.
25:02 Ce n'est pas un aveu d'échec, quand même ?
25:05 - Pas du tout, je pense que c'est très exagéré.
25:07 On a un contexte que je vois surtout comme étant un contexte
25:12 où nous devons être tous concentrés sur la résolution
25:15 de la difficulté que nous avons aujourd'hui.
25:18 Nous devons absolument mettre toute notre énergie
25:20 pour réussir à reprendre le dialogue avec les syndicats,
25:23 pour pouvoir calmer la situation, l'apaiser.
25:26 Et moi, c'est pour cette raison que je pensais que cette visite
25:30 pouvait être reportée,
25:33 parce que je pense que ce n'était tout simplement pas le bon moment
25:36 et pas le moment opportun.
25:37 Ce n'est pas plus grave que ça.
25:40 - Mais ça pose une question,
25:41 quelle est la porte de sortie avec les syndicats ?
25:43 Parce que finalement, toutes ces mobilisations qu'on a pu voir,
25:46 toutes ces manifestations,
25:47 aujourd'hui n'ont débouché que sur une chose,
25:49 c'est que le roi Charles III ne viendra pas en France.
25:51 Qu'est-ce qui peut être la porte de sortie ?
25:53 - Moi, je ne suis pas d'accord avec ça.
25:56 La mobilisation, les manifestations ont amené le gouvernement
26:02 et le Parlement à faire évoluer le texte concernant les retraites.
26:07 On ne peut pas dire que...
26:09 - Visiblement, pas suffisamment.
26:10 - Que ce ne soit pas suffisant pour les syndicats et pour les manifestants,
26:14 évidemment, je l'entends.
26:16 Mais on ne peut pas dire que le gouvernement et le Parlement
26:19 ont été sourds, ce n'est pas vrai.
26:21 Le texte, dans le projet présidentiel,
26:24 le départ à la retraite était fixé à 65 ans.
26:27 C'était écrit dans le programme du président,
26:31 c'était écrit dans mon programme en tant que députée
26:33 lorsque je me suis présentée aux législatives.
26:36 Pourtant, ce n'est pas ça que nous avons voté,
26:39 parce que nous avons entendu les syndicats
26:42 qui nous disaient que 65 ans, c'était trop loin.
26:44 Nous avons été à 64.
26:46 Nous avons entendu les syndicats sur les carrières longues.
26:49 Nous avons entendu les syndicats par rapport aux femmes.
26:53 Donc, on ne peut pas dire que tout le monde a été sourd.
26:56 Maintenant, on ne peut que constater
26:57 que nous n'avons pas réussi à converger complètement.
27:00 C'est la raison pour laquelle il faut continuer le dialogue
27:03 avec les syndicats sur l'ensemble des sujets dont je parlais,
27:07 sur les vies professionnelles de nos compatriotes.
27:09 - Quelle est la porte de sortie à tout ce qui se passe ?
27:11 La question reste entière et vous allez rester avec nous
27:14 puisqu'on va l'évoquer dans la seconde partie de ce Grand Jury.
27:17 On se posera aussi la question, comment continuer de gouverner ?
27:20 A tout de suite.
27:22 ...
27:31 - Suite du Grand Jury RTL Le Figaro LCI, Olivier Bost.
27:36 - Yael Brun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale,
27:38 est notre invité.
27:39 Comment sortir de la crise sociale et de la crise politique ?
27:43 Nous allons en parler dans cette seconde partie du Grand Jury
27:46 avec Jim Jarassé.
27:48 - Emmanuel Macron se dit à la disposition
27:51 de l'intersyndical pour parler du travail,
27:53 d'usure professionnelle, de fin de carrière.
27:56 Les syndicats répondent qu'ils veulent avant tout
27:58 parler des modalités de la réforme des retraites.
28:01 Du coup, on a un peu du mal à voir comment,
28:03 finalement, cette impasse peut être surmontée.
28:07 La situation peut être débloquée. Quel est votre sentiment ?
28:10 - Je pense que, comme je le disais tout à l'heure,
28:14 on a besoin de mettre beaucoup de sujets sur la table
28:17 qui sont des sujets qui nous ont, finalement, sauté au visage
28:22 pendant cette réforme des retraites.
28:25 Et il ne faut pas attendre pour discuter
28:30 de pénibilité, de reconversion.
28:32 Quand on vous dit qu'on ne peut pas travailler,
28:34 casser jusqu'à tel âge,
28:37 mais en fait, faisons en sorte que le travail ne vous casse pas.
28:40 C'est ça, le vrai sujet. - Pourquoi ne pas l'avoir fait avant ?
28:42 - Parce que cette réforme des retraites,
28:46 elle était indispensable, parce qu'on ne peut pas financer
28:50 aujourd'hui les retraites sur de la dette.
28:52 Moi, je veux bien tout entendre.
28:54 Vous voyez, aujourd'hui, je suis venue avec des jeunes
28:57 sur votre plateau, et je n'ai pas envie que ces jeunes,
29:02 qu'aujourd'hui, on paie la retraite de leurs grands-parents
29:05 avec la dette qu'ils rembourseront, eux, demain.
29:07 Et là, on était tous d'accord.
29:09 Sur les 10 prochaines années, c'est 150 milliards de déficit
29:12 du régime de retraite.
29:14 Et donc ça, vous le financez comment ?
29:16 Nous, nous avons pensé qu'il ne fallait pas le faire par la dette,
29:19 parce que nous ne voulons pas obéir leur avenir.
29:22 Maintenant, il y a tout un tas de sujets
29:25 dont il faut absolument discuter,
29:27 et moi, je crois en la démocratie sociale,
29:30 je crois en la concertation,
29:31 c'est le fondement de mon engagement politique.
29:34 Donc, souhaitissons-nous à la hauteur du moment,
29:37 tous, collectivement, pour discuter de tous ces sujets-là.
29:40 - Il ne faut pas attendre pour discuter de tous ces sujets.
29:43 Vous dites à Laurent Berger, à l'intersyndicale,
29:45 avant même la décision du Conseil constitutionnel,
29:47 il faut en parler ?
29:49 - Mais peu importe, le plus tôt sera le mieux.
29:51 J'ai envie de vous dire, le plus tôt sera le mieux.
29:54 Et il ne faut pas, finalement, mêler tous les sujets.
29:57 Nous avons une multitude de sujets, il faut avancer ensemble.
30:01 Les syndicats ont été capables de s'entendre
30:04 sur le partage de la valeur.
30:07 Travaillons sur d'autres sujets, sur l'égalité salariale,
30:11 sur la pénibilité, sur les reconversions.
30:13 Il y a tant à faire.
30:15 Mettons-nous-y ensemble.
30:17 - Quand Laurent Berger demande une pause de 6 mois
30:20 pour calmer le jeu, vous dites non ?
30:22 - Moi, je ne fais pas partie du gouvernement.
30:25 Ce n'est pas à moi de répondre à Laurent Berger sur ce point.
30:28 Mais je pense qu'en tout cas, ce qui est important de faire,
30:31 c'est d'avancer.
30:32 Et moi, je ne suis pas de ceux qui mettent des préalables
30:35 ou des conditions à la discussion.
30:37 Il faut discuter, parce qu'il en va de l'intérêt premier,
30:41 des travailleurs et des travailleuses.
30:42 - Edouard Philippe a salué hier la très grande responsabilité
30:46 des syndicats. Est-ce que vous le faites aussi ?
30:48 Ou alors, est-ce qu'ils n'ont pas proposé de compromis,
30:50 comme le disait Emmanuel Macron mercredi ?
30:53 - C'est ce que je viens de faire tout au long de votre émission.
30:55 Moi, je salue évidemment l'attitude des syndicats,
31:00 mais je leur dis également,
31:02 il faut revenir à la table des négociations,
31:05 il faut revenir à la table des discussions.
31:07 C'est important pour nous, collectivement,
31:11 pour nous, collectivement.
31:12 Il est temps de rediscuter de ces sujets-là,
31:15 n'attendons pas je ne sais trop quel événement à venir.
31:18 - Marie-Pierre Haddad avec des interpellations
31:21 sur les réseaux sociaux et le hashtag #LeGrandJury.
31:23 - Justement, sur ce hashtag, on a reçu une question de Clément,
31:26 qui vous dit "Comment expliquez-vous que dans certains pays européens,
31:29 la réforme des retraites se soit assez bien passée,
31:32 sans violence, alors qu'en France, ce n'est pas le cas ? "
31:36 - J'ai du mal à me l'expliquer.
31:39 Je pense qu'il faut qu'on recherche des réponses collectivement.
31:42 Effectivement, dans l'Europe entière,
31:46 les différents pays sont passés à une retraite
31:51 qui a 64, qui a 65, qui a 67 ans.
31:54 Il ne reste plus sur les 27 pays que 3 pays
31:57 avec une retraite à 62 ans.
32:00 Et effectivement, cela s'est passé dans la concertation et le consensus.
32:05 Il y a même un pays, c'est la Suisse,
32:08 où il y a eu une votation pour passer à 65 ans.
32:14 Donc moi, je pense qu'il faut que nous nous interrogions tous,
32:16 collectivement, syndicats, citoyens, politiques,
32:20 qu'ils soient parlementaires ou gouvernements,
32:23 sur notre incapacité à réussir à trouver des points d'accord
32:28 sur ce type de sujet.
32:29 Nous en trouvons sur beaucoup de sujets,
32:31 mais là, nous voyons que nous avons échoué.
32:33 Et ça doit nous interroger,
32:35 parce que nous ne pouvons pas, sur ce type de grande réforme,
32:40 avancer comme ça dans la conflictualité.
32:42 Ce n'est pas bon et ce n'est bon pour personne.
32:45 - La prochaine, enfin l'avant-dernière étape
32:47 pour la réforme des retraites,
32:48 c'est le Conseil constitutionnel, après la promulgation.
32:51 Est-ce que le fait d'avoir eu recours à toute une série d'articles
32:55 pour accélérer, pour limiter les débats
32:57 et même pour empêcher les votes,
32:59 est-ce que ce cumul d'utilisation d'articles
33:03 peut menacer, selon vous, la loi ?
33:05 - Le Conseil constitutionnel, comme vous l'avez rappelé,
33:08 est saisi et on va le laisser remplir sa mission.
33:12 Maintenant, moi, sur ce point, je m'étonne toujours beaucoup
33:15 sur, finalement, la capacité que certains ont à considérer
33:19 que la Constitution, c'est à la carte.
33:21 La Constitution n'est pas à la carte.
33:23 - Là, il y a une situation inédite.
33:24 Il n'y a jamais eu autant d'utilisation
33:26 de ces articles particuliers pour faire adopter une loi.
33:30 - Mais dans cette situation inédite,
33:31 nous avons aussi un point de départ
33:34 qui est une obstruction majeure d'un groupe politique
33:38 qui s'est servi d'un droit constitutionnel qu'il a,
33:41 qui est le droit d'amendement.
33:44 Moi, j'ai beaucoup présidé pendant cette réforme des retraites.
33:47 Je les ai vues brandir à de nombreuses reprises
33:50 le règlement de l'Assemblée nationale
33:52 pour estimer qu'il n'était pas respecté.
33:55 Moi, je crois que c'est toute la règle, rien que la règle,
33:58 mais c'est pas celle qui nous intéresse
34:00 et puis celle dont on ne veut pas...
34:02 On la balaie d'un revers de la main.
34:04 L'état de droit, ça n'est pas ça.
34:06 - Damien Ronde-Pivet, il y a quelques années,
34:08 l'obstruction de certains groupes parlementaires
34:10 sur des textes parfois emblématiques
34:12 avait donné lieu au temps programmé
34:14 pour limiter justement la durée d'examen des débats.
34:17 Est-ce que vous ne vous dites pas, il est temps peut-être
34:20 de revoir aussi l'utilisation de certains articles,
34:23 de les limiter sur des textes forts comme celui...
34:26 comme la retraite ?
34:27 Ça ne vous interroge pas ?
34:29 - Bien sûr que si, ça m'interroge, bien sûr que si,
34:31 parce que je crois qu'aujourd'hui,
34:34 nous devons finalement inventer un petit peu
34:37 la démocratie du XXIe siècle
34:39 et l'organisation des pouvoirs publics que nous souhaitons.
34:42 Concrètement, c'est la réforme institutionnelle
34:44 que le président de la République a souhaitée
34:46 et donc qui va nous mettre dans un cadre plus large,
34:49 plus important, dans lequel nous pourrons parler
34:52 de la durée des mandats,
34:53 du mode d'élection des parlementaires, etc.
34:56 Après, il y a une pratique parlementaire
34:59 qui ne nécessite pas nécessairement de grandes réformes.
35:02 C'est ce que j'essaye de mettre en oeuvre
35:04 depuis 8 mois à l'Assemblée nationale,
35:06 en créant des semaines transpartisanes,
35:08 en favorisant la création de consensus.
35:12 Sur un certain nombre de textes, ça marche, ça marche.
35:15 Et je crois qu'il faut résolument emprunter cette voie.
35:20 Ça prend du temps, c'est évidemment plus difficile,
35:23 mais ça donne de bons résultats
35:25 et je crois que quand nous savons nous rassembler,
35:28 c'est ce que nos compatriotes attendent.
35:30 - Sur la réforme des institutions,
35:32 est-ce que vous avez des nouvelles,
35:33 des travaux transpartisans qui ont été lancés
35:36 ou qui doivent être lancés ?
35:38 Quelle est votre place dans cette réflexion
35:40 et qu'est-ce que vous proposez concrètement ?
35:42 - Alors moi, j'ai une réflexion qui existe de longue date.
35:46 Comme vous le savez, j'avais publié sous le précédent mandat
35:50 25 propositions pour renforcer, justement,
35:54 le pouvoir du Parlement.
35:57 - Il y avait la disparition du 49-3 ou pas dans ces propositions ?
35:59 - Alors il n'y avait pas la disparition du 49-3
36:02 qui, comme vous le savez, a été considérablement limitée
36:05 dans son usage par la dernière réforme de 2008.
36:07 - Mais aujourd'hui, il semble plus acceptable, ce 49-3.
36:09 Il y a une vraie remise en cause.
36:10 - Vous savez, moi, je crois que ça, c'est une erreur.
36:12 Je crois que ça, c'est une erreur parce que le 49-3,
36:15 qui a été créé dès l'origine par le général De Gaulle,
36:18 a été prévu pour faire face à deux situations.
36:21 Une situation d'obstruction,
36:22 on voit qu'elle a eu lieu pendant cette réforme des retraites,
36:26 et à une situation de majorité relative.
36:28 Nous avons eu les deux pendant cette réforme des retraites.
36:32 Et l'idée du général De Gaulle et l'idée, finalement,
36:35 de tous les dirigeants, quels qu'ils soient,
36:38 quel que soit leur parti, qui ont réformé la Constitution,
36:41 puisque vous savez qu'elle a été réformée 24 fois depuis 1958,
36:46 personne n'a voulu supprimer l'article 49-3.
36:49 On en a réduit la capacité d'usage.
36:51 Pourquoi ? Parce que nous considérons de façon constante
36:56 qu'il nous faut un instrument pour pouvoir éviter un blocage absolu
37:00 de nos institutions et du fonctionnement de notre République.
37:03 En France, pas de shutdown possible, comme aux Etats-Unis.
37:06 Nos fonctionnaires sont payés après le 1er janvier,
37:10 quelle que soit la situation politique.
37:11 En France, nous pouvons toujours continuer à légiférer.
37:14 Et c'est ça, je crois, l'essentiel,
37:16 et c'est ça dont nos compatriotes ont besoin,
37:18 des institutions qui continuent à fonctionner, quoi qu'il arrive.
37:21 - Marie-Pierre Haddad, "Scrut", les réseaux sociaux,
37:23 mais aussi les autres émissions politiques en ce moment.
37:26 Marie-Pierre, qu'est-ce qui se dit ?
37:28 - J'ai fait autre émission politique où est invitée François Hollande.
37:31 Et du coup, il y a une phrase qui ressort particulièrement de son interview.
37:34 Je vous la donne. "Emmanuel Macron a exacerbé les tensions
37:37 et l'ancien président de la République pointe, je le cite,
37:40 une accumulation d'erreurs."
37:42 Qu'est-ce que vous répondez à François Hollande ?
37:45 - C'est toujours facile de trouver et de désigner un coupable.
37:52 Et moi, je crois, et je prends ma part de responsabilité
37:55 en tant que présidente de l'Assemblée nationale,
37:57 que, c'est ce que je vous disais tout à l'heure,
37:59 c'est un échec collectif.
38:01 C'est un échec collectif.
38:02 - Et dans ce cas précis, François Hollande désigne des coupables.
38:04 - Je crois qu'il ne faut pas pointer tel ou tel.
38:09 C'est trop facile et ça n'avance pas à grand-chose.
38:12 Moi, je prends ma part.
38:13 Je pense que chacun doit prendre sa part.
38:16 Nous savons que la réforme des retraites est une réforme difficile à conduire.
38:21 Nous le savons.
38:22 Nous n'avons pas réussi à convaincre,
38:24 nous n'avons pas réussi à créer un consensus large,
38:28 mais moi, je suis convaincue que nous devions faire cette réforme
38:31 et qu'il s'agissait d'un acte de responsabilité
38:35 et également un acte qui nous permettait de remplir la promesse
38:41 qui avait été la nôtre vis-à-vis de nos compatriotes
38:43 lorsque nous avons été élus.
38:45 Moi, la première, cela figurait dans mon programme
38:47 en tant que parlementaire.
38:49 - La séquence n'est pas finie, on l'a bien compris,
38:51 mais sincèrement, si c'était à refaire,
38:52 vous referiez cette réforme de la même manière,
38:55 avec les mêmes arguments, la même stratégie,
38:58 les mêmes choix techniques aussi à l'Assemblée ?
39:01 - De toute évidence, comme nous n'avons pas réussi
39:05 à avoir ce consensus politique,
39:09 il aurait fallu faire probablement différemment.
39:12 Maintenant, moi, je ne suis pas de celles qui réécrient l'histoire.
39:16 Je pense qu'il faut regarder de l'avant.
39:18 Il faut que nous avancions,
39:20 et d'où l'ensemble des propositions que je faisais
39:24 concernant le dialogue autour du travail.
39:26 - Alors, justement, pour regarder vers l'avant,
39:28 comment continuer à gouverner ?
39:30 C'est quand même l'une des questions en ce moment.
39:32 Voici ce qu'a demandé Emmanuel Macron mercredi sur TF1
39:36 à sa première ministre, Elisabeth Borne.
39:37 On va l'écouter.
39:39 - Ce que je lui ai demandé, sur la base de ce que je viens de vous dire,
39:43 et aussi du cap des priorités,
39:44 on y reviendra, je pense, dans le cours de notre discussion,
39:47 de bâtir un programme législatif et un programme de gouvernement
39:51 en lien avec la présidente de l'Assemblée nationale
39:54 et le président du Sénat.
39:55 Et dans ce contexte-là, le mandat que je lui ai donné,
39:58 c'est de continuer à élargir cette majorité
40:02 autant qu'elle le pourra.
40:04 Et donc, je souhaite que la première ministre
40:06 puisse bâtir, justement, cet élargissement de la majorité
40:09 dans les semaines à venir, et j'espère qu'elle y parviendra.
40:12 - "J'espère qu'elle y parviendra", ce sont les mots d'Emmanuel Macron.
40:15 Est-ce une mission impossible pour Elisabeth Borne ?
40:18 - C'est une mission difficile.
40:20 C'est une mission difficile.
40:22 Il y a effectivement deux voies.
40:24 Il y a le programme de travail et les réformes
40:28 que son gouvernement et que le Parlement pensent nécessaires.
40:32 Donc, il y a les questions du travail,
40:34 il y a les questions de la jeunesse.
40:36 Moi, je suis très frappée parce qu'on voit beaucoup de jeunes
40:38 dans les manifestations et on ne répond pas
40:41 à tout leur questionnement, à toutes leurs interrogations,
40:44 à leurs aspirations.
40:46 Donc, moi, je suis convaincue qu'il faut traiter
40:48 cette question de la jeunesse de toute urgence.
40:50 Et puis, après, il y a...
40:51 - Un message envoyé au ministre de l'Education nationale
40:54 que vous faites ce matin ?
40:55 - A nouveau, c'est collectif.
40:56 Je ne donne de leçons à personne.
40:59 Alors, c'est l'Education nationale,
41:01 mais c'est l'enseignement supérieur, c'est nos jeunes.
41:03 Vous savez, à chaque fois que je me déplace,
41:05 je fais des rencontres avec des jeunes dans des lycées pros,
41:08 qui font des CAP, qui sont à la fac,
41:15 en études supérieures, et je vois qu'ils ont du mal.
41:20 Il faudrait être aveugle pour ne pas voir
41:22 qu'ils ont du mal aujourd'hui à se projeter dans l'avenir,
41:25 qu'ils ont du mal à financer leurs études.
41:29 On voit bien les fils devant les banques alimentaires,
41:33 ces images-là, pour nous.
41:35 Moi, je suis mère de famille, elles sont insupportables.
41:37 On a fait beaucoup, mais il faut évidemment faire mieux.
41:40 Mais il faut construire avec eux.
41:42 Il faut construire avec eux.
41:44 Moi, j'organise, ce mercredi, à l'Assemblée nationale,
41:48 une assemblée des idées spéciales jeunes,
41:50 où ils auront la parole.
41:51 Il y aura plus de 300 jeunes
41:53 qui viendront échanger avec des experts
41:56 pour justement nous dire c'est quoi leurs aspirations aujourd'hui.
41:59 Moi, je crois que c'est un chantier
42:01 que nous devons ouvrir de toute urgence.
42:03 - Pour revenir sur la mission donnée à Elisabeth Borne,
42:07 est-ce que ça veut dire qu'elle est en sursis ?
42:08 Si l'objectif n'est pas rempli,
42:10 celui de trouver une majorité, une majorité plus stable,
42:13 est-ce qu'elle devra quitter Matignon ?
42:15 - Vous savez, l'objectif de trouver une majorité,
42:18 il est rempli d'ores et déjà.
42:19 - C'est une majorité relative.
42:21 - Alors oui, depuis...
42:23 Je vous vois sourire,
42:25 mais moi, je suis à la tête d'une assemblée nationale
42:28 qui, sur chaque texte, trouve une majorité.
42:32 Cette semaine, nous avons trouvé...
42:33 - On n'a pas été clair sur le texte des retraites.
42:35 - Il y a 3 textes pour lesquels nous n'avons pas trouvé de majorité.
42:38 Le texte, le budget,
42:39 le texte budgétaire sur la sécurité sociale
42:42 et le texte des retraites.
42:43 En attendant, nous en avons adopté, de façon définitive, 22.
42:47 22 textes.
42:48 Texte sur le pouvoir d'achat,
42:51 texte sur les énergies renouvelables,
42:53 texte sur le nucléaire,
42:55 texte sur l'assurance-chômage,
42:56 la loi de programmation intérieure,
43:00 mais aussi la déconjugalisation de l'allocation adultes handicapés,
43:04 la lutte contre les violences faites aux femmes.
43:06 22 textes adoptés définitivement.
43:08 - Pourquoi Emmanuel Macron a chargé Elisabeth Borne
43:10 de trouver une majorité, d'élargir sa majorité,
43:12 si ce n'est pas un problème aujourd'hui ?
43:14 - Il faut continuer à travailler ainsi,
43:17 à aller chercher des majorités,
43:18 et il faut continuer à élargir,
43:20 puisque ces textes-là sont, à chaque fois, votés
43:24 en élargissant la majorité,
43:26 avec des Républicains,
43:28 avec des membres du groupe Liott, maintenant bien connu,
43:31 mais aussi avec des membres du groupe socialiste
43:34 ou pour le nucléaire, du groupe communiste.
43:37 Il faut continuer ce travail.
43:39 Vous savez, moi, je me suis engagée en politique
43:41 parce que je croyais au dépassement des clivages,
43:43 parce que je pensais qu'on pouvait se dire que, finalement,
43:46 ce qui était important, c'était pas tant d'être de droite
43:48 ou d'être de gauche, mais de se dire
43:49 quel était l'intérêt général
43:51 et ce qu'il fallait faire pour notre pays.
43:52 C'est ce que nous arrivons à faire, mais il faut continuer.
43:55 - Mais c'est au coup par coup. - C'est au coup par coup,
43:57 tant que nous n'arrivons pas à construire
43:59 quelque chose de plus stable,
44:02 moi, je suis tout à fait ouverte
44:04 pour réussir à construire plus largement
44:07 une coalition avec ceux qui voudront le faire
44:11 sur un programme de gouvernement,
44:13 comme nous sommes en train de regarder
44:15 quelles sont nos priorités.
44:16 Eh bien, ces priorités, il faut les définir
44:18 avec les concitoyens et avec les hommes et femmes politiques
44:21 qui sont aujourd'hui élus.
44:23 - Est-ce que c'est un accord de gouvernement ?
44:25 C'est-à-dire qu'en clair, Elisabeth Borne doit trouver
44:28 une trentaine de députés pour pouvoir continuer de gouverner,
44:32 ou est-ce que vous dites, on va présenter une série de lois
44:35 et puis on trouvera des députés au coup par coup ?
44:38 - Je défends deux choses à la fois,
44:39 parce que moi, je suis très pragmatique.
44:41 L'Assemblée, elle tourne en ce moment.
44:43 - Vous n'êtes pas sûre que les solutions fonctionnent ?
44:44 - Moi, aujourd'hui, j'ai encore des textes
44:47 qui sont votés quasiment tous les jours.
44:50 Donc, pour ces textes qui sont votés tous les jours
44:53 dans le fil actuel,
44:55 nous recherchons des majorités texte par texte.
44:57 C'est ce que nous avons fait depuis le début,
44:58 c'est ce que nous allons continuer à faire.
45:01 Maintenant, cela ne m'empêche pas de souhaiter
45:03 pouvoir travailler différemment dans un futur plus ou moins proche
45:08 et si nous réussissons, à trouver des majorités
45:11 plus stables et plus solides.
45:12 Mais en attendant, moi, mardi,
45:15 il y a un texte qui sera voté à l'Assemblée nationale.
45:16 Nous n'allons pas signer un accord de coalition d'ici mardi.
45:20 Donc, nous allons continuer à fonctionner ainsi.
45:22 Maintenant, si nous pouvons avoir d'autres perspectives,
45:24 je pense que ce serait heureux.
45:25 - Une question qui va vous faire sourire,
45:27 mais devenir Premier ministre,
45:28 c'est un défi qui pourrait vous intéresser ?
45:30 - Ça me fait sourire.
45:31 Le défi qui est le mien à la tête de l'Assemblée nationale
45:35 est tellement important, tellement lourd
45:40 que c'est celui-là que je souhaite remplir
45:43 aujourd'hui comme demain.
45:45 - Vous faites votre bilan en tant que présidente de l'Assemblée nationale.
45:48 C'est "Semaines Transpartisanes", c'est 22 textes votés.
45:51 Vous nous l'avez dit il y a quelques instants.
45:54 Vous pourriez aspirer à un peu plus ?
45:56 - Vous ne pouvez pas imaginer, parce que vous ne l'êtes pas,
45:59 mais la fierté que c'est d'être présidente de l'Assemblée nationale,
46:02 vous savez, moi, c'est une double fierté.
46:05 Une double fierté parce que pour la petite fille de Tailleur,
46:09 juif, immigré, qui ne savait ni lire ni écrire,
46:12 c'est la formidable promesse que la France et la République
46:17 peuvent offrir.
46:18 Et puis, la deuxième fierté,
46:20 c'est que lorsque vous êtes présidente de l'Assemblée,
46:22 vous êtes doublement élu.
46:23 Vous êtes élu par vos concitoyens qui vous ont fait confiance,
46:26 et puis après, vous êtes élu par vos pères.
46:29 - Pour continuer de faire adopter des lois,
46:30 l'une des solutions,
46:32 ce serait de découper ces lois en petits morceaux
46:34 pour trouver des majorités à droite ou à gauche.
46:36 Ça peut être le cas probablement sur la loi immigration.
46:39 C'est une bonne idée, à vos yeux, de découper les lois ?
46:43 - Alors, moi, j'ai toujours plaidé pour des textes moins nombreux,
46:49 dans mon rapport justement au Parlement,
46:50 moins nombreux, plus courts, plus concis,
46:53 en fait, ayant des objets bien définis.
46:55 Je pense que ça permettrait de bien limiter et serrier
46:59 les débats à l'Assemblée nationale,
47:00 d'avoir beaucoup plus de clarté vis-à-vis de nos concitoyens
47:02 qui sauraient ce qu'il y a dans un texte
47:05 plutôt que d'avoir des textes à 300 articles
47:07 dont plus personne ne sait ce qu'il contient.
47:09 Donc, il faut une cohérence, exactement.
47:11 - Est-ce qu'il y a une cohérence si on coupe, par exemple,
47:14 un projet de loi immigration en deux ou trois lois ?
47:17 - Moi, je ne suis pas favorable à un découpage artificiel de textes
47:22 pour une raison ou une autre.
47:24 Je pense que les textes doivent avoir leur cohérence.
47:27 Vous avez raison.
47:28 Mais des textes courts qui ont leur cohérence
47:30 et qui ont un objet unique,
47:31 je crois que ça, c'est une bonne méthode.
47:34 Il faut aussi que ce soit des textes,
47:35 et c'est ce que nous faisons dans les semaines transpartisanes notamment,
47:39 qu'ils soient issus d'un long processus de travail.
47:41 Moi, j'ai réussi, et j'en suis très fière,
47:44 à faire passer à l'unanimité un texte de loi
47:46 sur les actions de groupe qui était né d'un rapport parlementaire.
47:49 Vous savez ces fameux rapports dont on dit qu'ils ne servent à rien
47:52 parce qu'ils calent des étagères ?
47:54 Eh bien là, nous avons pris un rapport parlementaire
47:56 issu de dizaines et des dizaines d'heures de travail
47:59 de Philippe Gosselin, Les Républicains,
48:01 Laurence Wischnewski, Modem,
48:03 et qui s'est transformé en proposition de loi
48:05 que nous avons soumise au Conseil d'État.
48:07 Elle a été votée récemment à l'unanimité à l'Assemblée nationale.
48:10 Eh bien ça, je crois que c'est du beau travail parlementaire.
48:13 -Marie-Pierre Haddad.
48:14 -Il y a une phrase qui est commentée de plus en plus,
48:17 plus les heures passent aujourd'hui.
48:19 C'est une phrase d'Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement.
48:22 Il a déclaré que faute de majorité absolue à l'Assemblée,
48:25 je le cite, "nous devons aussi réfléchir
48:27 à la manière de procéder sans forcément recourir
48:31 systématiquement à la loi."
48:33 Le gouvernement essaye de contourner le Parlement, selon vous ?
48:36 -Vous savez, le domaine de la loi, il est défini par la Constitution.
48:40 Donc il n'y a pas de contournement par le droit.
48:41 -Vous êtes présidente de l'Assemblée nationale,
48:43 présidente des députés qui votent les lois.
48:45 Est-ce que là, vous vous sentez visée par ce genre de déclaration ?
48:48 -Pas du tout, parce qu'en plus, c'est quelque chose
48:49 que je porte également depuis longtemps.
48:51 Je considère que l'action politique
48:54 ne passe pas nécessairement par la loi.
48:57 C'est un mal un peu français.
48:58 On veut porter une politique, on fait une loi devant le Parlement.
49:02 Je crois que ce n'est pas de bonne méthode.
49:04 Il faut aussi aller régler, finalement,
49:08 les petites choses qui embêtent les Français au quotidien,
49:13 et ça ne passe pas par la loi.
49:14 Ça passe simplement par une remise en route
49:17 de certaines administrations
49:19 pour débloquer un certain nombre de situations.
49:21 Croire que la loi a un effet magique
49:24 et qu'elle règle tous les problèmes,
49:26 c'est une utopie ou une lubie.
49:28 Moi, je crois que l'action politique doit se décliner.
49:31 C'est du pouvoir réglementaire,
49:33 c'est simplement avoir une capacité d'entraînement,
49:36 et c'est évidemment faire des lois quand cela est strictement nécessaire.
49:41 Nous ne sommes pas les seuls à le dire.
49:42 Le Conseil d'Etat le dit de façon régulière.
49:44 -Une dernière question.
49:45 Le gouvernement a interdit les applications TikTok,
49:48 notamment Netflix, sur les téléphones professionnels
49:51 des agents de la fonction publique
49:53 pour des raisons de sécurité.
49:54 A l'Assemblée nationale, les trois casteurs
49:56 ont aussi recommandé la prudence avec l'usage de TikTok,
49:59 Telegram, Snapchat, Instagram et même WhatsApp pour les députés.
50:04 Vous n'avez aucune de ces applications sur votre téléphone ?
50:07 -J'en ai quelques-unes, certainement pas TikTok.
50:10 Mais en tout cas, effectivement,
50:11 il faut être extrêmement vigilant sur ces plans.
50:15 Nous organisons régulièrement des formations à l'Assemblée nationale
50:19 pour que les parlementaires aient conscience aussi
50:22 qu'au-delà de l'utilisation de ces applications,
50:25 ils sont une cible.
50:26 Ils sont une cible pour les services de renseignement étrangers.
50:30 -Il faut qu'on y renonce à Telegram, à WhatsApp,
50:31 parce que c'est ça, ce qui est recommandé aujourd'hui.
50:33 -Alors, nous, il faut mesurer ces usages, en fait.
50:37 Et il faut bien les différencier.
50:39 Lorsqu'il y a des choses qui doivent être transmises
50:41 de façon confidentielle,
50:44 nous avons des dispositifs à l'Assemblée nationale
50:46 qui le permettent sans passer par ces applications-là.
50:48 -Danielle Fleury. -Vous le direz,
50:50 on a dit mercredi à votre Assemblée de jeunes,
50:51 supprimons TikTok des téléphones, objectivement et très sérieusement.
50:56 C'est la première porte d'entrée TikTok,
50:58 pour s'informer, pour se divertir aussi, mais...
51:01 -Pour les jeunes. -Pour les jeunes.
51:02 -On les écoutera, et c'est l'objectif, mercredi,
51:06 d'écouter les jeunes.
51:07 Moi, je vois que TikTok, effectivement,
51:11 est une application qui est extrêmement utilisée
51:14 par nos jeunes,
51:15 qui passent peut-être un peu, parfois, trop de temps
51:18 à scroller comme ça, de façon machinale.
51:22 En tout cas, il faut être très vigilant,
51:23 parce que j'observe que les contenus TikTok
51:26 auxquels nos jeunes ont accès aujourd'hui
51:27 ne sont pas les mêmes que les contenus TikTok
51:29 auxquels ont accès les jeunes chinois.
51:31 Ça doit nous interroger.
51:32 -Merci beaucoup, Yael Brone-Pivet, pour ce grand jury.
51:35 Bon dimanche à tous, à la semaine prochaine.
51:37 !