Rencontres à l’Elysée, quelle majorité pour gouverner ? Rencontres à l’Elysée, quelle majorité pour gouverner ?

  • le mois dernier
Avec Bruno Cautrès, politologue
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##C_EST_DANS_LACTU_2-2024-08-23##

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Transcript
00:00On poursuit justement, on continue d'en parler de ces consultations avec notre invité Bruno Cotteres, bonjour.
00:06Bonjour.
00:07Un grand merci d'être avec nous ce matin, politologue, chercheur au CNRS et au Cevipof.
00:12Ça fait maintenant plus d'un mois que la France n'a pas de Premier ministre, en tout cas de plein exercice.
00:18Est-ce que vous pensez qu'il est possible d'éviter le dialogue de sourds tout à l'heure lors de ces consultations ?
00:25Il faut le souhaiter en tout cas, qu'on avance un petit peu.
00:29Alors on n'est pas très optimiste en même temps parce qu'on voit qu'au fond chacun campe parfaitement sur ses positions
00:36avec différentes lectures des élections législatives, différentes analyses qui pour le moment ne rentrent pas du tout en synergie.
00:45Pas du tout.
00:46On a au fond deux options et deux opinions sur ces élections législatives qui sont diamétralement opposées.
00:55D'un côté on a le point de vue que vient de défendre Olivier d'ailleurs à l'antenne,
00:59qui est que le Nouveau Front Populaire est arrivé en tête en nombre de sièges et donc il doit gouverner le pays.
01:06Puis d'un autre côté, vous avez une autre théorie qui rappelle les conditions dans lesquelles le Nouveau Front Populaire est arrivé en tête,
01:13c'est-à-dire à l'issue d'un second tour des élections législatives qui était contre le rassemblement national
01:18et non pas sur un choix de politique publique fondamentale.
01:22J'imagine que les électeurs insoumis qui ont voté pour des députés macronistes n'ont pas adhéré au programme d'Emmanuel Macron.
01:30Donc on a un point qui est, on a une situation qui est un petit peu inexplicable de ce point de vue-là
01:37parce que personne n'a radicalement tort, personne n'a radicalement raison,
01:42parce que ces élections législatives se sont déroulées dans un contexte qui est un contexte tout à fait en normes
01:50et qui empêche d'une certaine manière de pouvoir en tirer pleinement des conclusions
01:55en termes de quel est le choix de politique publique dominant le 8 juillet qui s'est exprimé,
02:01si ce n'est le rassemblement national, pas Amatignon.
02:04Dans quelques minutes, c'est le Nouveau Front Populaire qui va ouvrir le bal des consultations à l'Elysée.
02:09Beaucoup d'incertitudes, vous l'avez dit, difficulté à bâtir, un compromis.
02:15Est-ce qu'on a au moins la certitude que Lucie Cassel, la candidate du Nouveau Front Populaire pour Matignon,
02:22ne sera pas nommée par Emmanuel Macron ?
02:26Moi, je préfère ne pas faire de pronostic. Emmanuel Macron est un acteur politique tactique, stratégique.
02:34Je pense qu'il a plusieurs fers au feu. Il attend sans aucun doute de voir
02:39qu'est-ce que les différents responsables politiques vont lui dire vis-à-vis d'une question qu'il leur a posée le 10 juillet.
02:45Êtes-vous capable de vous entendre pour faire une coalition qui corresponde d'après lui,
02:52c'est sa lecture, qui corresponde à ce qui s'est passé au second tour des élections législatives ?
02:58Et on voit que de ce point de vue-là, il attend sans aucun doute que le Nouveau Front Populaire
03:03lui dise où il en est de ses réflexions sur cette question.
03:06Lucie Cassel estime que des compromis sont possibles. C'est ce qu'elle affirme.
03:10Est-ce que le NFP, aujourd'hui, est réellement en mesure d'en trouver, des compromis ?
03:15Le problème, c'est quelle est la base de ce compromis ?
03:19Est-ce que c'est le programme du Nouveau Front Populaire, et ensuite d'entamer des dialogues avec d'autres groupes politiques
03:30pour trouver sur tel ou tel point, mais lesquels, des compromis ?
03:34Ou est-ce qu'il s'agit, ensemble, avec plusieurs groupes politiques,
03:38de construire ensemble un compromis qui tienne compte du point de vue de tout le monde ?
03:43Et vous voyez que ce n'est pas du tout la même logique. Donc, on verra aujourd'hui.
03:47On a le RN et le camp présidentiel qui affirment déjà une chose, ils sont clairs là-dessus,
03:51c'est que s'il y a, ne serait-ce qu'un ministre insoumis dans un gouvernement Nouveau Front Populaire,
03:56eh bien, ils voteront une motion de censure à l'égard de ce gouvernement.
04:01Ça veut dire que ce gouvernement Nouveau Front Populaire, il a des chances de ne pas durer,
04:06si Lucie Cassel est nommée à Matignon, de ne pas durer, ne serait-ce que quelques jours en place.
04:12Oui, c'est un peu le fond du problème. Alors, il faudrait voir en même temps
04:16si les différents acteurs politiques ont simplement voulu poser des limites un peu discursives,
04:23en termes de discours, à ce qu'ils peuvent admettre ou ne pas admettre,
04:27est-ce qu'ils le feraient véritablement tout de suite ?
04:29On sait qu'en même temps, il y a eu une opinion publique qui n'a pas nécessairement envie non plus
04:33qu'on lui explique que c'est de chaos permanent dans la vie politique.
04:36Et de ce point de vue-là, le chef de l'État a capté une dimension de l'opinion
04:39qui est aussi une inspiration à ce que le jeu soit un peu calmé, qu'il y ait de la stabilité dans le pays.
04:44Bruno Cotteres, un gouvernement issu d'une sorte de bloc central,
04:49c'est l'option la plus envisageable aujourd'hui ?
04:54Alors, c'est une option qui est envisageable, c'est une des options envisageables.
05:01Il reste à savoir au fond quel est le périmètre de cette coalition des centres.
05:07Centre droit, centre centriste, si je puis dire, et centre gauche.
05:12Ça comprend qui exactement ?
05:14On n'a pas non plus beaucoup d'indications du point de vue des forces politiques du centre gauche et du centre droit là-dessus.
05:20On sait déjà que le Parti Socialiste, lui, il est dans le franc populaire.
05:23Et pour le moment, Olivier Faure n'a donné absolument aucun signe
05:27que le Parti Socialiste entendait sortir de cette coalition politique,
05:31même si on sait qu'à l'intérieur du Parti Socialiste,
05:34il y a différents regards, différentes sensibilités,
05:37différentes analyses qui sont portées sur le nouveau front populaire.
05:40Les Républicains, de leur côté, ont dit, nous on a mis sur la table
05:44un certain nombre de textes ou un certain nombre de domaines de l'action publique
05:50sur lesquels on veut que le nouveau gouvernement planche.
05:53Et on est prêt, si le nouveau gouvernement va dans cette direction,
05:56à ne pas le censurer.
05:58Vous voyez que c'est encore autre chose que d'avoir une coalition.
06:01Donc pour le moment, on n'est pas au bout de nos peines.
06:03En tout cas, si on a un gouvernement issu du Bloc Central,
06:05ça risque d'être compliqué à comprendre de la part d'un certain nombre de Français.
06:10On a eu quand même un double vote sanction à l'égard d'Emmanuel Macron
06:13et du camp présidentiel.
06:14Ça ne pose pas un souci démocratique à ce niveau-là ?
06:16Oui, bien sûr, il y a une dimension presque absurde
06:19de la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui.
06:23Effectivement, Emmanuel Macron et son mouvement politique
06:27ont été sanctionnés d'abord aux élections européennes
06:31avec une victoire tout à fait nette et éclatante du RN.
06:35Ensuite, au premier tour des élections législatives,
06:38avec à nouveau une forte dynamique du RN.
06:41Et le deuxième tour de ces élections législatives,
06:45c'est un cas encore différent.
06:48Effectivement, ce n'est pas le camp présidentiel qui est arrivé en tête.
06:52Mais il faut voir aussi que le nouveau Front Populaire,
06:55avec son système de candidature unique,
06:58était en bien meilleure position pour, au fond,
07:01se maintenir au second tour et bénéficier du Front Républicain.
07:04Donc on voit une situation qui est extrêmement difficile à interpréter
07:08du point de vue, par exemple, d'où va-t-on avec le prochain budget ?
07:12Où va-t-on avec les prochaines priorités de l'action publique en France ?
07:18Et on a une première difficulté de trouver un premier ministre,
07:22une deuxième, former un gouvernement,
07:24une troisième, qui est effectivement voter un budget.
07:27Et donc on voit qu'on s'apprête à un automne qui,
07:29quel que soit le cas de figure, sera politiquement très compliqué.
07:32Est-ce qu'il est possible, selon vous, Bruno Cotteres,
07:35qu'Emmanuel Macron ne désigne pas de nouveau Premier ministre avant le budget ?
07:40C'est possible ça ? Ça peut arriver ?
07:43Ça paraît vraiment, vraiment, vraiment très compliqué.
07:46Une situation qui est de plus en plus intenable, en fait.
07:50On ne peut pas s'éloigner durablement du jour du vote
07:53et être dans une situation sans nouveau gouvernement.
07:58Alors tout dépendrait, évidemment, si on était un peu comme en Allemagne ou aux Pays-Bas,
08:01c'est-à-dire que des formations politiques commencent de véritables discussions
08:05qui durent pendant des semaines,
08:07et on a pendant des semaines des réunions entre différents groupes politiques,
08:11comme on l'a eu en Allemagne entre les Ligaux conservateurs et entre les sociodémocrates.
08:16Pendant des semaines, ils mettent au point un texte,
08:19une sorte de contrat de législature entre eux,
08:22où chacun va faire des concessions sous son programme,
08:25où chacun va se mettre d'accord sur un certain nombre de dimensions.
08:28Alors à ce moment-là, ça pourrait durer effectivement des semaines.
08:32Et effectivement, c'est un des enjeux, je pense, de la journée d'aujourd'hui.
08:35Est-ce qu'Emmanuel Macron va tirer à la conclusion
08:37que les mouvements politiques en France ne sont pas du tout prêts
08:39à jouer ce jeu d'une coalition allemande ?
08:42Ou est-ce qu'Emmanuel Macron va dire « j'ai entendu des choses intéressantes,
08:46donc il faut du temps, il faut laisser du temps » ?
08:49L'autre enjeu de la journée, Bruno Cotteres, en tout cas la question qui peut se poser,
08:53c'est est-ce qu'Emmanuel Macron doit d'abord trouver un nom pour Matignon,
08:58ou est-ce qu'il doit d'abord trouver une majorité ?
09:01Vers quoi on s'oriente à ce niveau-là ?
09:03On pourrait avoir un scénario en deux étapes, avec un nom pour Matignon,
09:08auquel le président de la République donnerait comme mission,
09:12au fond, de forger cette coalition.
09:16Par contre, le temps presse.
09:18Vous savez qu'il est impératif que le gouvernement transmette à notre Assemblée nationale
09:24son projet de budget au premier mardi du mois d'octobre.
09:28Donc tout ceci arrive très très très vite.
09:31Et vous savez par ailleurs que du côté de Bruxelles et de l'Union Européenne,
09:35on suit avec beaucoup d'attention ce qui va se passer en France sur le front budgétaire.
09:40Avec une feuille de route qui doit être envoyée par la France à Bruxelles,
09:45avec les explications de comment la France va réduire ses déficits publics
09:50parce qu'il y a toujours cette menace de sanctions.
09:53Pour la suite, Bruno Cotteres, est-ce que, comme le dit le RN,
09:57une nouvelle dissolution dans un an est la seule solution
10:00pour sortir de la situation politique dans laquelle nous sommes aujourd'hui ?
10:04C'est un des scénarios possibles.
10:07Un gouvernement qui au fond arriverait à faire voter le budget,
10:12peut-être à adopter un certain nombre de textes
10:16et au fond une grande explication politique à nouveau dans un an.
10:20Vous savez que le chef d'État ne peut pas dissoudre avant un an,
10:24avant le prochain mois de fin juin, début juillet.
10:27Et donc c'est peut-être effectivement un scénario qui a une certaine probabilité d'arriver.
10:33Merci beaucoup Bruno Cotteres.
10:35Je rappelle que vous êtes politologue, chercheur au CNRS et au CIVIPOF.
10:38Merci d'avoir été avec nous ce matin et très bonne journée à vous.
10:41Sud Radio, il est 10h26 dans un instant.
10:44L'arrivée à l'Élysée de Lucie Castex avec les dirigeants du nouveau Front Populaire.
10:48C'est le début de ces consultations en vue de la nomination d'un nouveau Premier ministre.
10:52La situation peut-elle se débloquer aujourd'hui, dans les prochaines heures ?
10:57La réponse de nos débatteurs du jour, c'est à suivre.
11:00On les accueille juste après la pub.
11:02Restez avec nous.

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