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Dans Europe midi, Mickael Dorian et ses invités débattent de dernières informations.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:00Jusqu'à 14h avec vous Mickaël Dorian, c'est l'heure à présent de décrypter l'actualité sur Europe 1 avec vos invités aujourd'hui l'écrivain et philosophe Nathan Devers et le chroniqueur politique Jean-Michel Salvatore.
00:12Bonjour à tous les deux, c'est demain donc que commencent les consultations à l'Elysée avec les présidents de groupe et les chefs de parti des consultations ayant pour but de dégager une majorité en vue de la formation d'un gouvernement.
00:25C'est l'objectif affiché par le Président de la République mais dans les faits, ces consultations ne sont-elles pas un piège tendu par le chef de l'État ? Jean-Michel Salvatore.
00:34Je ne suis pas sûr moi parce qu'on a vraiment un sentiment de très grand embarras du chef de l'État, on ne voit pas quelle solution pourrait sortir de cette situation totalement bloquée.
00:48Alors peut-être qu'il sortira un lapin de son chapeau comme il avait déjà fait lors des précédents remaniements ministériels, par exemple Rachida Dati, c'est vrai que c'était une surprise que personne n'avait vue venir, même pas Gabriel Attal qui était pourtant nommé Premier ministre.
01:05Donc peut-être va-t-il nous surprendre mais on a le sentiment là d'une situation totalement bloquée à la fois à droite et à gauche.
01:12Est-ce que ce n'est pas une façon pour Emmanuel Macron d'abord de gagner encore du temps et puis de dire regardez je ne suis pas responsable de la situation s'il n'y a toujours pas de Premier ministre.
01:20C'est parce que les autres ne font pas le job et les autres n'arrivent pas à se mettre d'accord. Nathan Devers.
01:26Alors sur le temps gagné déjà je pense qu'on peut reprocher beaucoup de choses à Emmanuel Macron mais pas celle-ci.
01:32Le canard enchaîné, je le citais je crois hier, a montré qu'Emmanuel Macron voulait organiser ses consultations plus tôt dans l'été et que c'est un certain nombre de responsables politiques, notamment de EELV si ma mémoire est bonne,
01:46qui lui ont fait savoir qu'ils étaient en vacances et qu'ils n'avaient pas envie d'interrompre leurs vacances pour devoir rencontrer le Président de la République.
01:54Ce qui n'est pas d'ailleurs extrêmement sérieux quand on est passionné par la politique, qu'on se donne à l'intérêt général et qu'on dit surtout tous les jours qu'on est pressé de constituer un gouvernement, ce n'est pas extrêmement sérieux.
02:05Je suis d'accord avec vous sur le fond Nathan Devers, effectivement c'est pas très sérieux maintenant. Est-ce que vous ne croyez pas que le Président de la République au moment de lancer cette invitation fin juillet se doutait qu'il recevrait ce type de réponse ?
02:17Oui c'est possible, mais de toutes les manières, je pense que le Président de la République, ce qu'on peut surtout critiquer chez lui, c'est le fait qu'il ait fait cette dissolution juste après les élections européennes, avant les Jeux Olympiques, sans prévenir personne, en mettant le pays un peu dans un état de psychose,
02:30et surtout en faisant en sorte que les différentes formations politiques n'aient pas le temps de se préparer et qu'elles fassent leur campagne dans l'urgence et que ça ne se fasse pas pour le meilleur.
02:39Ensuite, il me semble qu'Emmanuel Macron avait deux choix après le deuxième tour des législatives. Le premier choix c'était de prendre la première formation politique, d'attendre leur proposition, Lucie Casté ou quelqu'un d'autre, de nommer un premier ministre et de voir ce qu'il se passe.
02:52Et très vraisemblablement, il y aurait eu une motion de censure qui aurait fait tomber ce gouvernement et après il aurait eu une possibilité de former un deuxième gouvernement avec peut-être encore une motion de censure, etc.
03:02Je ne suis pas dans sa tête, mais l'impression que j'ai, c'est qu'il essaie d'éviter d'en passer par cette case de l'instabilité parlementaire digne de la quatrième et d'essayer de construire une coalition qui puisse tenir un maximum de temps.
03:15C'est l'impression que j'ai, et cette logique se comprend. Et dans les régimes parlementaires, on le voit en Italie, on le voit en Israël, on l'a vu pendant la quatrième, parfois la formation d'un gouvernement c'est extrêmement lent.
03:24Et donc en cela, nous on voit les choses avec notre regard, de gens qui ont les lunettes de 2024, qui ont oublié, ça fait 60 ans qu'on est en Vème République, et qui ont oublié comment fonctionnait la quatrième ou la troisième.
03:36Jean-Michel Salvatore ?
03:37Je ne suis pas tout à fait d'accord avec Nathan, parce que je trouve quand même que Macron a tardé, d'abord parce qu'il voulait sa trêve olympique, on peut tout à fait le comprendre,
03:49mais il a quand même laissé largement le jeu à l'Assemblée Nationale en disant au chef de parti, débrouillez-vous entre vous.
03:55Or, je pense que c'est ça aussi qui a énormément retardé les choses, et d'ailleurs François Bayrou, qui est un proche d'Emmanuel Macron, l'avait dit assez vite en disant,
04:03si on laisse les partis essayer de trouver une solution entre eux, ils ne la trouveront jamais.
04:08En fait, c'est au Président d'essayer de trouver une solution.
04:11Et c'est justement le fait d'avoir laissé les partis politiques essayer de s'entendre et de ne pas s'entendre qui a créé ce retard.
04:19Et d'ailleurs quand on regarde un petit peu l'histoire des coalitions en France, et la quatrième République surtout, et même la troisième,
04:25le Président de la République avait un rôle très important, il avait un rôle de consultation.
04:30Il consultait les chefs de parti, et puis ensuite, il essayait de trouver une solution.
04:34Là, il n'a pas voulu jouer ce rôle-là, et finalement, on se retrouve 38 ou 48 jours plus tard, sans gouvernement,
04:41et je pense quand même que là, il y a une volonté de jouer la montre, un, parce qu'il y avait les Jeux Olympiques,
04:47et là, incontestablement, heureusement que finalement, à la fois Gabriel Tal mais surtout Gérald Darmanin étaient aux manettes,
04:56parce que finalement ça s'est très bien passé.
04:58Et puis Jean-Michel Salvatore, plus ça va, plus le Président de la République a intérêt à ce que les choses durent.
05:02Plus ça va, plus le Président de la République a intérêt à montrer que regardez finalement,
05:08effectivement c'est un gouvernement démissionnaire, mais les choses fonctionnent aussi comme ça,
05:12on va pouvoir présenter un budget malgré l'attente d'un nouveau gouvernement,
05:19et je ne suis pas responsable, puisque pour le moment, personne n'arrive à se mettre d'accord.
05:23Est-ce que vous avez vu aussi ce sondage publié par Harris Interactive pour le magazine Challenge ?
05:29Gabriel Tal serait le favori des Français pour le poste de Premier ministre.
05:33Oui, alors sur Macron, moi je pense que l'opinion publique a très bien intégré le fait que le responsable de cette situation,
05:39c'est Emmanuel Macron. Je pense qu'il n'y a aucune ambiguïté là-dessus, il n'y a même pas de débat.
05:44Même dans son propre camp, il y a énormément de ministres qui le lui ont reproché,
05:48parce qu'ils ont considéré que finalement il avait joué un peu à qui tout double et qu'il avait perdu.
05:53Alors sur Attal, oui parce qu'Attal finalement, je pense que d'abord, il apparaît comme l'une des victimes d'Emmanuel Macron.
06:01D'abord, Gabriel Attal n'était pas au courant qu'il se tramait une dissolution.
06:06Il y a une anecdote qui est assez amusante, on a appris par exemple que la dissolution, la décision de dissolution,
06:12Pascal Praud l'a appris avant Gabriel Attal.
06:18Il y a cette anecdote que finalement, un proche de l'Elysée avait informé Pascal Praud le dimanche soir à 18h,
06:25alors que le Premier ministre n'a été au courant qu'à 18h30.
06:29Donc là, je pense que les Français ont bien compris qu'Attal s'était un petit peu fait avoir quand même.
06:35Et je pense qu'ils sont déçus parce qu'Attal a apporté quelque chose de nouveau à la vie politique,
06:41quoi qu'on en dise, d'abord sa jeunesse, un sens du concret et beaucoup de pragmatisme.
06:49Et je pense que là, les Français ont considéré que l'expérience n'avait pas été jusqu'au bout.
06:55Bonjour Géraldine, merci de nous appeler cet après-midi sur Europe 1.
06:59Oui bonjour, bonjour à tout le monde.
07:01Vous êtes dans la Drôme, vous c'est ça ?
07:03Où est-ce que vous êtes exactement ?
07:05Dans une petite ville qui s'appelle Épinouse.
07:09Vous comprenez ce choix des Français, en tous les cas c'est ce que révèle ce sondage finalement,
07:15de placer Gabriel Attal comme favori pour rester Premier ministre ?
07:21Oui, je peux l'entendre parce qu'à défaut, tant qu'il a choisi un Premier ministre,
07:27autant que ce soit sur la continuité de Gabriel Attal, je rejoins tout à fait ce que vous dites.
07:32C'est-à-dire de par sa jeunesse et sa réactivité pour la loi au niveau de l'éducation,
07:44lorsqu'il était à l'éducation, ministre de l'éducation par exemple.
07:47Mais ceci étant, et puis également, je pense que les Français n'ont pas envie d'avoir un Premier ministre
07:54qui vient du Nouveau Front Populaire parce que ce serait une catastrophe.
07:57Donc tant qu'à faire, à choisir par défaut, je pense que c'est un choix par défaut,
08:01autant que ce soit Gabriel Attal qui continue au sein du gouvernement,
08:10mais quoi qu'il en soit, au vu de la constitution de l'Assemblée, ça va être très compliqué et rien ne se fera.
08:16Alors Géraldine nous dit un choix par défaut, Nathan Devers, concernant toujours ce sondage,
08:2240% des Français plébiscitent donc Gabriel Attal, 39% pour Jordan Bardella et 32% pour Xavier Bertrand.
08:28Oui, alors sur le rapport des Français à Gabriel Attal, je suis parfaitement d'accord avec ce que vous avez dit tout à l'heure,
08:35mais j'ajouterai une chose, c'est que je pense que la décision de dissolution, sous des apparences gaulliennes,
08:42le fait de dire quand on a perdu une élection, on s'en remet au peuple, on consulte les gens,
08:47on prend conscience du fait qu'on est minoritaire, était très très discutable.
08:52Pour deux raisons, d'abord parce que pourquoi Emmanuel Macron choisit à ce moment-là de tenir compte du fait qu'il est minoritaire pour reculer ?
08:59Quand il a fait la réforme des retraites, il était supraminoritaire et ça ne l'a absolument pas dérangé de la mener jusqu'au bout, premièrement.
09:05Deuxièmement, parce qu'en effet, son premier ministre de l'époque, Gabriel Attal, bénéficiait d'une certaine forme de popularité,
09:13qu'on avait vu notamment pendant la crise d'agriculteurs, où il avait pris le problème à bras-le-corps,
09:17il l'avait fait sans arrogance, il l'avait fait avec véritablement un sens républicain, politique,
09:21peut-être qu'il y avait un petit peu de communication et pas assez de mesures profondes,
09:24mais en tout cas, il avait fait preuve véritablement de sérieux.
09:27Et qu'il y avait quelque chose d'extrêmement étonnant de la part d'Emmanuel Macron,
09:31quand je vous disais qu'il a pris cette décision dans l'urgence,
09:33c'est que la force politique qui a objectivement le plus souffert du calendrier de cette dissolution,
09:39c'est sa propre force politique, à savoir celle de Gabriel Attal.
09:43Et je pense qu'il y a eu une injustice, là, qui a été subie, à mon avis, par Gabriel Attal.
09:48Et qu'il a dû la ressentir comme ça. Gabriel Attal, comme beaucoup de macronistes,
09:51sont des gens qui, depuis 2017, se sont investis corps et âme,
09:54qui ont quitté d'autres perspectives qu'ils auraient pu avoir,
09:56qui se sont toujours montrés d'une loyauté sans égal dans l'histoire de la Ve République,
09:59ils n'ont jamais essayé de trahir leur président, jamais essayé de lui faire de l'ombre,
10:03toujours étaient extrêmement fidèles, et ils n'ont pas été remerciés.
10:05Il me semble que chez les Français, il y a une forme de reconnaissance de cet état de fait.
10:09Est-ce que ça ne dénote pas aussi d'un manque de maîtrise des Français
10:12pour le fonctionnement de nos institutions ?
10:14C'est-à-dire que les Français ont voté, lors de ces élections législatives,
10:18ont marqué un vote sanction à l'égard d'Emmanuel Macron.
10:23Alors que, pour les législatives, on vote d'une certaine façon pour le Premier ministre.
10:27Ça veut dire que c'est Gabriel Attal, finalement,
10:29qui a été la victime collatérale de ce scrutin.
10:33Oui, et c'est vrai que pour les Français, la situation est un peu contre-intuitive.
10:37Pourquoi se séparer de Gabriel Attal,
10:39alors que l'objectif, c'est de trouver un gouvernement
10:42qui va être dirigé par quelqu'un qui fait consensus
10:47et qui pourra rassembler des gens de droite et des gens de gauche ?
10:50Pour les Français, c'est assez contre-intuitif.
10:52Pourquoi virer Gabriel Attal ?
10:54La vraie raison, c'est que, un, Gabriel Attal et Emmanuel Macron ne s'entendent plus
10:59et ne se parlent plus, et donc ça, ça ne peut pas durer.
11:01Et puis deux, parce qu'Emmanuel Macron pense qu'en termes d'image,
11:06il lui faudrait plutôt un Premier ministre
11:08qui donne l'impression aux Français qu'il est comme en cohabitation.
11:12C'est-à-dire un Premier ministre qui n'est pas exactement d'accord avec lui,
11:16sauf qu'il fait tout pour que le futur Premier ministre
11:20ne défasse pas tout ce qu'il a entrepris et tout ce qu'il a réussi depuis qu'il est président.
11:25Merci Géraldine d'avoir été avec nous cet après-midi.
11:27Je vous en prie, je vous en prie, au plaisir.

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