Matignon : début des consultations
Dans Europe midi, Mickael Dorian et ses invités débattent de dernières informations.
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00:00La suite avec vous Michael Dorian et vos deux débatteurs, le chroniqueur politique Eliott Mamann et l'écrivain journaliste Vincent Roy.
00:09Une seconde partie consacrée à l'actualité politique, on va parler maintenant des consultations à l'Elysée.
00:14Oui ça a commencé tôt ce matin, Emmanuel Macron a reçu les responsables du Nouveau Front Populaire d'abord, accompagné de Lucie Castet,
00:21avant de s'entretenir avec ses propres députés et d'échanger ensuite cet après-midi avec Laurent Wauquiez.
00:27L'objectif fixé par le président est clair, trouver un premier ministre capable d'obtenir, je cite,
00:32« une majorité qui ne se fera pas renverser ». Alors ça semble totalement impossible comme ça Eliott Mamann.
00:39Oui alors en réalité on peut rappeler d'ailleurs que la législature précédente avait elle aussi une majorité très faible
00:45et simplement elle n'a jamais parvenu à réunir contre elle, à son en contre, une motion de censure.
00:50Et c'est en fait ce pari d'équilibre que Emmanuel Macron veut reformer pour la législature qui s'ouvre.
00:56Par exemple en s'élargissant peut-être vers la droite, c'est je pense l'hypothèse la plus probable,
01:01Laurent Wauquiez a dit qu'il n'allait pas accepter un accord de coalition en bonne et due forme,
01:06par contre il pourrait y avoir une forme de bonne entente qui consisterait précisément à trouver
01:11un certain nombre de mesures politiques sur lesquelles les Républicains n'opposeraient pas une opposition de principe.
01:17Par exemple le Rassemblement National a été clair quant au fait que si des membres de la France Insoumise
01:22devaient rejoindre le gouvernement, il y aurait une opposition de principe et une motion de censure immédiate
01:27avant même la possibilité de débattre de mesures politiques.
01:30Vraisemblablement un certain nombre d'acteurs de droite et de la majorité, de l'ex-majorité présidentielle,
01:35seraient plutôt d'accord avec cette intransigeance à l'égard de la France Insoumise.
01:39Et donc je pense qu'il s'agit en effet de trouver un gouvernement qui ne réunirait pas à son en contre
01:44une opposition atavique si vous voulez.
01:47D'autant qu'il est plus ou moins entendu que le gouvernement n'est pas appelé à s'éterniser,
01:52que de nouvelles élections anticipées auront lieu dans un peu moins d'un an,
01:56et donc que cette espèce de coalition incertaine pourrait tenir jusqu'ici,
02:01même si naturellement les choses sont extrêmement compliquées,
02:05et qu'en réalité on ne veut simplement pas remarquer que la France est purement ingouvernable en l'état actuel des choses.
02:10Alors surtout que vous parliez de majorité faible pour l'ex-majorité présidentielle,
02:15il semblerait selon des calculs de Louis Dragnel, qui est le chef du service politique d'Europe 1,
02:21que la majorité qui pourrait être obtenue par Emmanuel Macron serait encore plus faible
02:28dans les projections qui ont été faites.
02:31Oui absolument, d'où l'enjeu pour lui de parvenir à élargir sa coalition, soit un peu vers la gauche,
02:37peut-être en parvenant à reprendre quelques déçus au sein du Parti Socialiste,
02:41où vous le savez deux lignes minoritaires s'opposent plus ou moins à l'alliance avec le Nouveau Front Populaire,
02:47soit, je pense que c'est plus probable, vers la droite avec Laurent Wauquiez,
02:51ce qui pourrait lui permettre de réatteindre un peu plus de 200 sièges,
02:54ce qui était plus ou moins ce qu'il avait à la législature précédente.
02:58Mais vous avez raison, les choses vont être extrêmement compliquées.
03:01Je ne crois en revanche pas véritablement à l'option d'un gouvernement technique,
03:05que l'on a souvent entendu, puisque les gouvernements techniques généralement favorisent les extrêmes
03:10à l'issue des élections qui les suivent.
03:12Et Emmanuel Macron sait par exemple que c'est précisément le gouvernement Draghi de 2021
03:16qui a donné lieu au gouvernement Mélenchon de 2022.
03:19Et je pense que c'est une forme de traumatisme pour lui,
03:22d'autant que son engagement europhile est peut-être son seul engagement politique sincère.
03:26Et donc je ne suis pas certain que l'hypothèse d'un gouvernement technique,
03:29que l'on entend de plus en plus plébisciter dans un certain nombre de médias,
03:33soit véritablement celle vers laquelle se dirige Emmanuel Macron.
03:37Néanmoins, il y a un manque d'informations qui nous viennent de l'Elysée,
03:41qui d'habitude est très bavard pour faire émerger des hypothèses au sein des commentateurs politiques,
03:46et qui en l'occurrence se montre au contraire avare en termes d'indiscrétion qui pourrait chuter.
03:50Vincent Roy, ça fait 38 jours qu'on attend la nomination d'un Premier ministre,
03:54c'était le record en 1953, on va donc battre ce record,
03:57sauf si un Premier ministre est nommé d'ici ce soir, mais ça paraît peu probable.
04:01Est-ce qu'il a raison d'attendre le Président ?
04:04A quoi joue Emmanuel Macron, clairement ?
04:06Il joue à faire reposer la responsabilité d'un nouveau gouvernement sur les autres,
04:12alors que c'est lui qui a dissous, donc il gagne du temps à tous les étages, si j'ose dire,
04:17mais surtout, sa volonté c'est de réaliser une sorte d'hypercentre.
04:22Pour réaliser une sorte d'hypercentre, il faut qu'il attire à lui des socialistes déçus,
04:28et des LR, Canal Historique, compatibles.
04:32Et ça, c'est son objectif depuis 2017.
04:34C'est son objectif depuis 2017, mais là, il est au pied du mur.
04:37Il ne peut plus faire autrement.
04:39Ce qui est très marrant, c'est de voir s'agiter les gens du Nouveau Front Populaire,
04:44en sachant très bien, de toute façon, qu'il n'y aura pas un Premier ministre issu du Nouveau Front Populaire.
04:50C'est absolument évident.
04:53Vous avez des déclarations, ce matin, de M. Roussel, par exemple,
04:58M. Roussel qui pèse 2% quand même.
05:01Alors évidemment, avec le Nouveau Front Populaire, ça lui donne une sorte de légitimité,
05:06mais enfin, on entend quand même ces gens pour qui, à priori, plus personne ne vote,
05:11parce qu'il faut quand même être très clair, 2%, ce n'est pas beaucoup de Français qui votent pour lui,
05:15distribuer les bons et les mauvais points, dire M. Macron devrait se comporter comme ci, comme ça.
05:20Ça doit beaucoup amuser le Président de la République.
05:22Bon, Gabriel Attal risque de rester à Matignon encore un petit moment.
05:25Alors, Eliott Mamann ?
05:26Ah oui, c'est une possibilité. Le gouvernement des missionnaires pourrait se perpétuer.
05:30Imaginons même que Gabriel Attal soit remplacé par un autre responsable politique,
05:34je pense que le caractère des missionnaires du gouvernement ne serait pas intégralement révoqué pour autant.
05:40Et en revanche, c'est vrai qu'on a vu qu'il y a une forme de contestation interne à Renaissance,
05:45avec Elisabeth Borne qui a voulu mettre en avant sa candidature pour la présidence,
05:50le secrétariat général de la formation politique,
05:53en argant précisément du fait qu'il y avait déjà un cumul des mandats du côté de Gabriel Attal
05:57et que son emploi du temps était donc extrêmement chargé.
06:00Et je me demande justement dans quelles mesures Emmanuel Macron
06:03pourrait se faire un peu dépasser par sa base partisane,
06:06agacé d'avoir été très maltraité au cours de la dissolution,
06:09et qui, en l'occurrence, pourrait chercher à imposer des choix un peu plus politiques
06:14que ceux qui se profilent à l'heure actuelle,
06:17et qui pourrait en réalité faire perdre sa place à Gabriel Attal,
06:21qui de fait va se retrouver...
06:23Vous savez que Gabriel Attal pourrait succéder à Gabriel Attal ?
06:26Oui, ça paraît peu probable quand même.
06:28Vous savez, on a un président tout à fait étonnant.
06:32Vous avez vu le dernier sondage ?
06:3440% des Français disent qu'ils seraient favorables à ce que Gabriel Attal conserve à son poste.
06:38Ils ont quand même perdu les élections législatives.
06:40Oui, ils ont perdu les élections législatives.
06:42Concernant justement le fait de jouer la montre,
06:45on l'a compris, c'est dans l'intérêt d'Emmanuel Macron.
06:47Est-ce que c'est aussi dans l'intérêt justement de Gabriel Attal ?
06:50Est-ce que c'est dans l'intérêt de Gabriel Attal de rester pour le moment à Matignon,
06:53ou d'être même renouvelé à Matignon ?
06:55L'intérêt de Gabriel Attal, je ne crois pas.
06:58L'intérêt du Président de la République, c'est de gagner du temps,
07:02c'est de rester, mettre des horloges.
07:05Là-dessus, il n'y a pas de doute ?
07:07Là-dessus, il n'y a pas de doute.
07:08Donc non, Gabriel Attal, non.
07:10D'abord, il sait bien que désormais, son avenir est ailleurs.
07:13Et il essaie de...
07:15Vous savez, l'élection présidentielle n'est pas très loin.
07:18C'est ce qui concerne en réalité tous les esprits.
07:21Tous les esprits sont là-dessus.
07:23Pour revenir aux consultations de ce matin avec le Nouveau Front Populaire,
07:27eux semblent plus déterminés que jamais à imposer l'UCCAST.
07:30On se demande d'ailleurs pourquoi Emmanuel Macron a accepté de la recevoir aujourd'hui, Eliott Mamann ?
07:35Oui, et même de la recevoir en premier lieu.
07:37De toute évidence, il y a...
07:39Alors en premier lieu, on peut imaginer que c'est parce que c'est le Nouveau Front Populaire
07:41qui avait obtenu quand même la majorité relative lors des dernières législatives.
07:45Donc c'était une façon de le reconnaître, ça ?
07:47Oui. Maintenant, estimer que le Nouveau Front Populaire et le groupe majoritaire
07:51relèvent également de la rhétorique puisque concrètement,
07:54le Nouveau Front Populaire est morcelé.
07:56Il n'y a pas de groupe coalisé en tant que tel.
07:59Il part en un sens presque plus désuni que la NUPES de 2022
08:02qui entendait à l'origine pouvoir incarner une coalition parlementaire.
08:06Et donc, le groupe majoritaire serait plutôt le Rassemblement National
08:10si l'on devait véritablement s'en tenir aux effectifs concrets inscrits à l'hémicycle.
08:15Maintenant, je pense qu'Emmanuel Macron a également invité l'UCCAST
08:20pour essayer de faire montre de sa bonne foi dans une situation
08:23où il sait que quoi qu'il arrive, l'UCCAST ne saurait représenter
08:26une véritable menace politique.
08:28Puisque imaginons même qu'il décide, comme le proposait Alain Minc
08:32dans une récente tribune, de nommer l'UCCAST à Matignon.
08:36Il est assez certain qu'elle réunirait très rapidement une motion de censure à son encontre.
08:40Et en un sens, le Nouveau Front Populaire serait alors pleinement désavoué.
08:43Donc peut-être aussi que c'est pour mettre une forme de pression
08:46sur ses alliés coalisés qu'il invite l'UCCAST.
08:51Mais il y a des choses qu'on peut reconnaître, Vincent, à l'UCCAST.
08:54Une certaine forme de courage et de détermination.
08:57Non, je ne trouve pas ça.
09:01Encore une fois, il y a une forme d'hubris à vouloir à tout prix,
09:07comme ça, s'imposer aux fonctionnaires, aux finances, à la mairie de Paris.
09:11Elle veut devenir comme ça Premier ministre.
09:14On peut dire qu'elle a un imaginaire.
09:17Il y a quelqu'un dont on ne parle pas, qui me paraît absolument capital,
09:22il s'appelle M. Mélenchon.
09:24Savez-vous que M. Mélenchon ne veut pas du tout y aller ?
09:27Il ne veut pas y aller, il ne veut pas que sa formation politique y aille,
09:30il ne veut pas que le Nouveau Front Populaire y aille,
09:33il veut être neuf pour la présidentielle et se retrouver face à Marine Le Pen.
09:38Si on n'a pas compris ça, on n'a pas compris le théâtre ou le cirque
09:41qui est en train de se jouer avec un M. Loyal qui est Emmanuel Macron.
09:46Mais il faut bien comprendre ça.
09:48Vous dites qu'il ne veut pas y aller ?
09:49Mais il ne veut surtout pas y aller, vous vous rendez compte ?
09:51Il ne va pas griller les cartouches maintenant.
09:53Vous avez entendu Louis Boyard hier chez nos confrères de BFM TV.
09:56Lui disait que ce sera Lucie Castex ou ce sera la destitution du président de la République.
10:00Mais attendez, d'abord, vous voyez le santé à mon ton,
10:05le crédit que je peux accorder aux paroles de M. Boyard.
10:08Mais on ne va pas se boyardiser à l'envie, c'est du n'importe quoi.
10:14Lui joue sa partition.
10:15Mais je vous dis, ce qu'il faut observer, c'est le patron 2 du Nouveau Front Populaire,
10:22c'est-à-dire le patron de la gauche.
10:23Le patron de la gauche, c'est Mélenchon.
10:24Si on ne comprend pas ça, on ne comprend rien.
10:27C'est lui qui est l'arbitre des élégances dans ce camp-là.
10:30Et M. Mélenchon, lui, il veut rester en réserve, ne griller aucune cartouche
10:35et rester absolument neuf, intact, si vous voulez.
10:38Il ne veut pas s'user avant l'échéance de la présidentielle.
10:41Un dernier mot, Eliott, pour terminer.
10:43Oui, je pense d'ailleurs que la raison pour laquelle Jean-Luc Mélenchon ne veut pas y aller
10:46est la même que celle pour laquelle Gabriel Attal a tout intérêt à quitter Matignon au plus vite
10:50et également la même pour laquelle Marine Le Pen peut tout à fait se complaire
10:54dans son groupe non pas majoritaire d'un point de vue absolu
10:58mais plus ou moins pivot dans l'Assemblée actuelle,
11:00c'est qu'au cours des élections,
11:02les Français rendent comptable de leurs souffrances économiques,
11:05par exemple les personnes qui sont en charge au cours de l'entrée dans un processus d'élection.
11:10Et donc évidemment que la mise en scène extrêmement désinvolte
11:14que l'on assiste du côté de la France Insoumise
11:16avec cette surenchère, cette outrance verbale, par exemple chez Louis Boyard
11:20qui nous explique que la destitution du Président de la République
11:23est une forme d'objectif absolu,
11:25est aussi une mise en scène pour faire comprendre aux électeurs
11:29qu'ils ne sont pas tout à fait alimentés par une éthique de responsabilité
11:32que l'on attend de la part de gouvernants
11:34et donc qu'ils auront gagné en maturité d'ici à 2027
11:37mais qu'à l'heure actuelle, il ne faut pas leur confier le pouvoir
11:39puisqu'ils n'y sont manifestement pas préparés.
11:41Je pense que Vincent Roy a raison.
11:43Et c'était le mot de la fin, vous êtes tous les deux d'accord donc tout va bien.
11:47Merci Eliott Mamal, merci Vincent Roy.