Midi News Été (Émission du 18/08/2024)

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Tous les midis et pendant tout l'été, les invités de #MidiNewsEte débattent des grands thèmes de l'actualité 
Transcript
00:00:00acteur qui vit M. Klein, et pas un comédien. Un comédien, vous savez pas ce qu'il y a ? C'est une envie. Quand on est jeune, on veut être comédien, acteur,
00:00:11faire du cinéma ou autre chose, et on devient comédien. On va à l'école pour apprendre ce que c'est. On va au cours Simon, on va au cours Florent, on va au cours machin.
00:00:18Ça, c'est les comédiens. Je vous citerai pas les noms, mais il y a des comédiens exceptionnels comme Jean-Paul Belmondo, par exemple.
00:00:24Et puis il y a les accidents, comme Gabin, comme Ventura ou comme moi. Je parle pas des Américains. J'en connais beaucoup. Ils sont des acteurs.
00:00:33C'est des gens qu'on a pris en général un jour en fonction de leur personnalité sans savoir s'ils allaient faire ce qu'ils pouvaient faire.
00:00:39Et c'est devenu des acteurs. Et la différence essentielle entre un comédien et un acteur, c'est que le comédien joue.
00:00:46C'est ce qu'il a appris toute sa vie, sa vocation, son métier. L'acteur vit. — Et vous vivez... On va voir un extrait.
00:00:52— Tous mes rôles, que ce soit M. Klein ou Plein soleil ou ailleurs, je ne joue pas. C'est pour ça que souvent, on me dit « Mais dis-moi, dans tel film, c'est toi ».
00:00:58Je lui dis « C'est moi dans quel film ». C'est moi dans tous les films. Je vis. Je ne joue pas. Je vis. Voilà. C'est la différence essentielle.
00:01:04J'y tiens, entre l'acteur et le comédien. C'est pas péjoratif pour le comédien. Mais moi, j'ai jamais été à l'école en disant « Tiens, je vais être acteur,
00:01:12je vais être comédien, je vais prendre des cours ». C'est arrivé par hasard. Et c'est un accident. Vous connaissez. Vous savez très bien comment c'est arrivé.
00:01:19— Tous les noms dont vous avez parlé, tous les films que vous avez évoqués, on va, figurez-vous, en parler jusqu'à 21 heures ce soir.
00:01:24Je voudrais qu'on voit un extrait de M. Klein. Alors M. Klein, on est en 1942 à Paris. C'est sous l'occupation allemande.
00:01:30Vous jouez Robert Klein, qui est un Alsacien qui fait des affaires, notamment en rachetant à vil prix des objets d'art à des Juifs qui sont en difficulté.
00:01:38Dans la scène qu'on va voir, vous achetez un tableau à un merveilleux comédien. Et j'adore ce cinéma des années 70, 80, 60 pour aussi ces raisons-là.
00:01:47C'est la qualité de ce qu'on appelle parfois péjorativement les seconds rôles. Mais Jean-Louis est un comédien magnifique.
00:01:55Voyez cet extrait, parce qu'il en dit aussi beaucoup sur... — Je vous ai dit aussi que c'est le film qui sera présenté le 18 juillet.
00:02:01— Bien sûr. Il sera le 19 juillet. Voyez cet extrait. Vous venez de vendre le tableau. — Je le connais, l'extrait. Allez-y.
00:02:09Et on le regarde.
00:02:13— Vous avez dû le laisser tomber. — Non.
00:02:24— Vous avez raison. C'est bien mon nom et mon adresse. — C'est le facteur qui l'aura posé devant votre porte.
00:02:31— Au revoir, monsieur. Bon voyage et bonne chance.
00:02:36— Bonne chance à vous, monsieur Klein.
00:02:55— Et ça, c'est une scène d'Olonienne, lorsque vous regardez le miroir. Et c'est vous qui avez demandé à ce qu'on regarde le miroir
00:03:03et qu'on fasse cette scène précisément comme ça. — Oui. Je voudrais juste vous dire que le film ne devait pas se faire.
00:03:09Il ne devait pas exister. Il a été écrit – j'ai oublié les noms avec ma thyroïdite – par un couple d'Italiens très brillant.
00:03:17Le film devait se faire. Ils ont tout annulé. Et un jour, un ami à moi qui travaillait avec moi comme producteur délégué, Norbert Sada,
00:03:25pour ne pas le citer, arrive vers moi. Il me dit « Alain, ce film-là devait se faire. Il ne se fait plus. Je voudrais qu'il l'ait, s'il te plaît,
00:03:31parce que c'est vraiment trop beau ». Le soir même, j'ai lu. Je l'ai appelé. Je lui ai dit « Je vais le proposer à Losey ».
00:03:39J'ai appelé Jo. Je lui ai envoyé le scénario. Et deux jours après, Jo m'a dit « On fait le film ». C'était pas prévu ni pour moi
00:03:47ni pour Jo Losey ni pour personne. Voilà. — Il est allé à Cannes. Vous auriez dû avoir... — Pardon ? — Il est allé à Cannes.
00:03:53Vous auriez dû avoir cette année-là la palme d'or. Je sais que... La palme d'or. — Je sais ce qu'il s'est passé cette année-là.
00:03:59J'aurais dû avoir la... — Effectivement, il y a eu des... Vous étiez personna non grata, quoi. Vous voulez pas vous le donner, parce que...
00:04:07— Absolument. Il y a eu ça aussi. — Vous n'aviez pas la carte.
00:04:10— Bonjour à tous et bienvenue dans Midi News, une émission évidemment largement et entièrement consacrée à la disparition d'Alain Delon,
00:04:17puisque le dernier monstre sacré du cinéma s'en est allé. Ce sont ses enfants qui l'ont annoncé avec moi pour m'accompagner.
00:04:23Patrice Sarditti, bonjour, Patrice. — Bonjour. — Et Fabien Lecoeuvre, bonjour. — Bonjour.
00:04:27— Spécialiste notamment de la chanson française. Et vous allez m'accompagner pendant ces 2 heures. Alors évidemment, de nombreuses réactions politiques
00:04:33après l'annonce de ce décès. On fait le point avec vous, Adrien Spiteri. Bonjour, Adrien.
00:04:38— Bonjour, Julie. Et bonjour à tous. On va commencer justement avec cette réaction d'Emmanuel Macron. Le président de la République a réagi sur le réseau social X.
00:04:46M. Klein ou Rocco, le guépard ou le samouraï, Alain Delon a incarné des rôles légendaires et fait rêver le monde,
00:04:52prétend son visage inoubliable pour bouleverser nos vies, mélancolique, populaire, secret. Il était plus qu'une star, un monument français.
00:05:00Autre réaction, celle de Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France. Il a déclaré monument du cinéma, légende du 7e art.
00:05:08Samouraï ou guépard, c'était Alain Delon. C'était un des visages de la France. Enfin, une dernière réaction que l'on voulait vous montrer,
00:05:15celle de Marion Maréchal, députée française au Parlement européen. Son regard d'acier s'est éteint. Alain Delon n'est plus cow-boy, cambrioleur,
00:05:23tueur à gages, tank-raid, César, Zorro, professeur, samouraï ou au bord d'une piscine. Il a fait rêver les Français dans les salles obscures.
00:05:30Sa mémoire restera à jamais gravée dans le cœur de ce pays. Voici quelques-unes des réactions élodiques que l'on a pu voir ce matin sur le réseau social X.
00:05:39— Merci, Adrien. On va vous retrouver tout au long de l'émission, évidemment, pour compiler ces réactions politiques.
00:05:43Je vous livre aussi celle qui vient de tomber à l'instant, celle de l'actrice Claudia Cardinal. Le bal est fini. Tank Redi s'en est allé avec les étoiles.
00:05:51Elle ajoute dans son communiqué transmis à l'agence France Presse. « On me demande de mettre des mots, mais la tristesse est beaucoup trop intense.
00:05:57Je me joins à la douleur de ses enfants, de ses proches, de ses femmes. » On va voir l'annonce qui a été faite très peu avant 8h.
00:06:05Ce matin, Alain, Fabien, Anouchka, Anthony, ses enfants ainsi que son chien Loubo ont l'immense chagrin d'annoncer le départ de leur père.
00:06:12Et c'était un sereinement dans sa maison de douchy, entourée de ses trois enfants et des siens.
00:06:16Sa famille vous prie de bien vouloir respecter son intimité dans ce moment de deuil extrêmement douloureux.
00:06:21C'est vrai que Fabien Lecoeuvre, malheureusement, ce genre de nouvelles, on le voit, bouleverse à la fois – on l'entendra tout à l'heure – les Français, les politiques, le public.
00:06:29C'est là aussi où on se rend compte à quel point Alain Delon, comme d'autres, mais c'était vraiment des monstres sacrés qui touchent des générations entières.
00:06:35Et vous avez raison, c'est-à-dire qu'on ne se rend pas compte, quand les artistes sont avec nous, de notre époque, de notre temps et tous les jours,
00:06:43l'importance qu'ils ont, on s'en aperçoit malheureusement souvent quand ils s'en vont, quand il y a un départ précipité comme aujourd'hui celui d'Alain Delon.
00:06:49Et c'est vrai qu'il l'a accompagné depuis 1957, date de son premier tournage de film, jusqu'aux années 2000, en tout cas la vie des Français, régulièrement, avec des rôles marquants.
00:07:01Il a laissé indiscutablement une empreinte dans le cinéma français. On ne peut plus avoir d'Alain Delon en 2050, 2080, on ne pourra pas avoir d'Alain Delon,
00:07:09des personnalités aussi belles soient-elles encore aujourd'hui, pour la nouvelle génération, qui ont accompagné à ce point les Français. Je pense que ce n'est plus possible.
00:07:17Parce qu'aujourd'hui, c'est carrière longue, et d'ailleurs c'est vrai dans la chanson, dans les médias comme dans le cinéma, c'est beaucoup plus compliqué de réussir à durer et à s'installer.
00:07:26Oui, mais en même temps, la notoriété reste la même chez un artiste. Mais lui, il avait quelque chose en plus, au-delà d'interpréter des rôles, il avait une identité, une personnalité très forte, très contestée, très contestable.
00:07:38Il était très clivant, Alain Delon, où on partageait ses idées, on partageait ses rôles, sa manière, sa beauté, son tempérament, sa personnalité, où on était totalement contre.
00:07:48Et il a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup d'ennemis, des gens qui contestaient le côté Delon, le moi-je, il parlait de lui la troisième personne, etc. Et on s'apercevait que c'était sa personnalité, son identité.
00:07:58C'est la raison pour laquelle aussi les grands cinéastes, les auteurs, les réalisateurs, tous ces scénarii qui lui ont été proposés pendant des années, on se rend compte parce que c'est aussi Delon qui inspirait les grands auteurs aussi.
00:08:10Parce qu'il avait une telle identité, une telle personnalité, il était fort. Et puis, un argument aussi important dans sa carrière, au-delà de son propre talent d'acteur, c'est la beauté qu'il avait.
00:08:19Vous savez, moi je parle avec des photographes, il n'y a pas une photo ratée d'Alain Delon, ça n'existe pas.
00:08:24Oui, avec les jeunes générations qui arrivent à connaître des photos de lui très anciennes, qui ne sont pas contemporaines de leur époque, mais qu'ils connaissent quand même.
00:08:30Vous savez, on vient d'une époque où on était encore à l'argentique, pour les photographes, et sur les 24 photos d'une pellicule, je parle pour les anciens, je peux vous dire qu'il n'y avait pas de photo ratée.
00:08:40Même une mauvaise photo, elle était bonne avec Alain Delon. On se souvient même de la pub, par exemple, de Dior, qui avait été l'égérie pour, à un moment donné, faire la publicité sur eau sauvage, je crois.
00:08:54Jean-Marie Perrier, l'illustre photographe des Yéyés, qui s'était chargé de faire la photo, lui-même disait, on a eu beaucoup de mal à choisir cette photo pour la pub, parce qu'il était beau tout le temps.
00:09:08Et ça, je pense que ça a eu une incidence évidemment sur sa carrière, même si aujourd'hui, on considère que la beauté n'a rien à voir finalement avec la réussite.
00:09:16Malheureusement, l'exemple de Delon nous le prouve chaque jour.
00:09:21Patrice Arditi, c'est vrai que quand on a des grands acteurs comme ça, ou des grands monuments, comme le disait le président de la République, de notre culture qui s'en vont, on se dit, on a parfois l'impression que c'est une partie aussi de notre histoire, des moments qu'on a vécus à travers l'écran, la télé, qui s'en vont un petit peu avec eux aussi.
00:09:37Mais c'est plus qu'une partie de notre histoire. Ça s'est passé également pour Belmondo, dans un autre genre.
00:09:45Lorsqu'on a vécu, bien vécu, comme j'ai bien vécu quand même, pendant toutes ces années, et qu'un monstre sacré comme celui-ci, mais ça peut être également un grand écrivain, ça peut être bien entendu, décède, on a l'impression qu'on est d'abord blessé et qu'on meurt petit à petit avec eux.
00:10:08C'est quelque chose d'épouvantable à ressentir. Quand j'ai entendu ça ce matin à la radio, d'abord à 7h du matin ou 7h30, je vous assure que j'ai pris un coup. Pourquoi ? Parce qu'il y a des souvenirs qui remontent.
00:10:24Moi, dans ma chambre d'adolescent, j'avais sur ma porte une grande photo de De Gaulle. De l'autre côté, j'avais une photo de Delon et au milieu, la pochette d'un disque des Beatles.
00:10:37C'est une image que j'ai et que j'aurai jusqu'à mon dernier souffle. Et pourquoi De Gaulle ? Pourquoi Delon ? C'est parce que c'était deux personnages, dans un genre tout à fait différent, qui m'avaient terriblement marqué, les Beatles également.
00:10:52Et franchement, tout ce qu'on dit ce matin, depuis des heures sur Delon, et qu'on aurait dû d'ailleurs dire avant, parce qu'il y a eu énormément de polémiques, on pourra peut-être en parler, mais il faut d'abord regarder sa carrière, qui est exceptionnelle avec un grand E, et puis l'homme qui n'était peut-être pas exceptionnel au début, et certainement pas d'ailleurs, mais qui l'est devenu.
00:11:19On entendra tout au long de cette émission des personnes qui l'ont côtoyé à la fois dans le monde du cinéma, mais aussi dans sa vie un peu plus personnelle. Je voudrais qu'on revienne sur la carrière d'Alain Delon avec ce premier long métrage, vous en parliez en 1957. Le tout est résumé, compilé par Viviane Hervier.
00:11:38Ça va arriver dans un instant.
00:11:43La carrière d'Alain Delon qu'on va vous montrer tout de suite.
00:11:50César a tout réussi, tout conquis, c'est un guépard, un samouraï. Il ne doit rien à personne, ni à Rocco, ni à ses frères, ni au clan des Siciliens.
00:12:09César est de la race des seigneurs. D'ailleurs, le César du meilleur empereur a été décerné à César, avez-moi.
00:12:22Lorsqu'il tourne en 2008, Astérix aux Jeux Olympiques, cela fait près de dix ans qu'Alain Delon est resté éloigné des plateaux de cinéma. L'auto-dérision dont il fait preuve dans son interprétation de Jules César sera saluée par le public.
00:12:35D'une certaine façon, la star tord le cou à cette image d'acteur mégalo, prétentieux et imbut de sa personne qui lui colle à la peau.
00:12:42Il faut dire qu'Alain Delon a joué avec les plus grands réalisateurs et les plus grands interprètes du cinéma français et international.
00:12:48J'ai une grande nostalgie des acteurs disparus parce que d'abord il y en a beaucoup, mais c'est tous ceux qui ont fait ma carrière, tous ceux qui, alors insus ou pas, m'ont apporté, m'ont donné quelque chose et m'ont fait sûrement ce que j'ai été les années qui ont suivi et ce que je suis encore aujourd'hui.
00:13:00Donc ces acteurs-là, je ne peux pas les oublier, comme ces metteurs en scène-là, je ne peux pas les oublier. Ça fait partie de ma vie.
00:13:06Doté d'une beauté renversante, d'un charisme quasi-animal, le succès sera presque immédiat.
00:13:12J'aurai confiance. J'aurai plus peur. J'aurai vraiment confiance.
00:13:18Pourtant, Alain Delon est entré dans le cinéma par effraction. Il n'a jamais pris de cours. Son enfance se décline sur fond de parents divorcés, de familles d'accueil et d'institutions d'où il sera systématiquement renvoyé.
00:13:29Après un CAP de charcutier, il s'engage dans la marine au moment de la guerre d'Indochine. De retour à la vie civile, il enchaîne les petits boulots.
00:13:37Ses rencontres amoureuses vont changer son destin. Des femmes, mais aussi Jean-Claude Brialy qui l'emmène à Cannes.
00:13:44Yves Allégret sera le premier réalisateur à lui donner sa chance. Puis René Clément, dans Plein Soleil, lui offre son premier grand rôle.
00:13:51Avec Lucchino Visconti, il tourne Rocco et ses frères, puis Le Guépard, Palme d'Or, à Cannes en 1963.
00:13:58Je n'ai jamais autant marché de ma vie. La marche de nuit vers Gibil-Ros.
00:14:03Émiction, vous l'avez connue, émiction.
00:14:05Une tête de mule.
00:14:07Alain Delon, à 28 ans, vont suivre Mélodie en sous-sol d'Henri Verneuil, qui marque sa rencontre avec Jean Gabin, son modèle dans le métier.
00:14:15Les films vont s'enchaîner. Le samouraï, la piscine, le clan des Siciliens, trois hommes à abattre, monsieur Klein, la veuve coudère, les granges brûlées.
00:14:23Paroles de flics pour ne citer que les plus célèbres.
00:14:26Qu'est-ce que ça vous fait quand vous tirez ?
00:14:29Ça fait boum dans les oreilles.
00:14:31Côté vie privée, l'acteur le reconnaît, il aime les femmes.
00:14:34Moi ?
00:14:35J'aime les femmes. Assez grandes, belles de toute façon, et si possible intelligentes, voilà.
00:14:41Les femmes de sa vie, Romy Schneider, avec qui il formera un couple mythique à l'écran, comme à la ville.
00:14:47Ou encore Mireille Dark, avec qui il restera 15 ans.
00:14:50Alain Delon était entré de son vivant dans la légende du cinéma français.
00:14:54Sa carrière et sa longévité lui confèrent à tout jamais une place à part au Firmament des Étoiles.
00:15:03Fabien Lequeuvre, ce qu'on voit aussi dans les extraits notamment, et avec le premier qu'on a vu,
00:15:07c'est qu'on disait effectivement parfois Alain Delon, c'était celui qui parlait de lui à la troisième personne.
00:15:10Certains imitateurs humoristes, justement, ironisaient là-dessus.
00:15:13Mais on voit aussi dans cet extrait le côté, finalement, où il arrivait aussi à rire de lui.
00:15:19On voit qu'il y a un peu de second degré quand on le voit très sérieux faire ses arts, se rendre hommage à lui-même.
00:15:25On sent que c'est aussi de l'humour qu'il y a derrière.
00:15:27Bien sûr, c'est un homme drôle.
00:15:28Moi, j'ai eu l'occasion de le croiser à plusieurs reprises depuis 1978.
00:15:32C'est un type qui était drôle, qui riait de la vie, qui riait de tout et qui avait justement ce troisième ou voire huitième degré.
00:15:38Alors qu'il était parfois pris comme un premier degré, malheureusement, par certains esprits chagrins volontaires, on va dire.
00:15:43Mais alors, il avait ce côté très joyeux dans la vie, très drôle.
00:15:46C'était un partenaire absolument délicieux pour tous ceux qui l'ont côtoyé au cinéma.
00:15:50Et en même temps, il avait ce côté sombre.
00:15:52Vous savez, on dit toujours les clowns ont souvent les yeux tristes.
00:15:55C'était un peu ça Delon.
00:15:56C'est-à-dire qu'il avait ce côté un peu tourmenté.
00:16:00Alors, le sujet est très bien fait.
00:16:02D'ailleurs, on voit ses blessures d'enfance, la séparation de ses parents, après une famille d'accueil, etc.
00:16:08Et puis la difficulté de s'en sortir seul.
00:16:11Même Romy Schneider, quand elle l'engage sur un de ses premiers films, Romy Schneider, elle le sélectionne sur une photo.
00:16:18Et puis, quand elle le rencontre en avril 1958, ils ne se quitteront plus, même jusqu'à la fin pratiquement de sa carrière.
00:16:25Je vous interromps deux secondes, pardon Fabien Lecoeuf, parce qu'on est en ligne avec Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la Culture.
00:16:30Bonjour et merci beaucoup d'être avec nous.
00:16:33On le disait avec mes invités à l'instant, avec la disparition d'Alain Delon.
00:16:37C'est un monstre sacré de la culture française qui s'en va, évidemment.
00:16:41Évidemment, il a eu un grand chagrin, une grande tristesse.
00:16:46Je l'ai rencontré plusieurs fois et véritablement, jusqu'à la fin de sa vie, il est resté ce qu'il était, un monument du cinéma français.
00:16:56Quand on regarde sa filmographie, on est saisi par la justesse de ses choix artistiques.
00:17:03Il n'a pratiquement rien acheté dans sa carrière qui a accumulé les chefs d'œuvres.
00:17:10Il aimait à dire qu'il habitait totalement ses os, ses rôles.
00:17:16Il n'était pas un comédien, mais un acteur.
00:17:21Et en cela, il laisse un grand vide.
00:17:26Je pense qu'il n'y a rien d'équivalent actuellement dans le panel des acteurs français qui soit à la hauteur du mythe qu'il représente.
00:17:38Il y avait d'autres aspects de sa personnalité, évidemment, qui me touchaient, en particulier le balliste qu'il était.
00:17:44Il avait voulu acheter une des premières affiches de l'appel du 18 juin qu'il allait ensuite offrir à la grande chanterie de la Légion d'honneur.
00:17:54C'était quelque chose aussi qu'il nous réunissait.
00:17:58Et c'est vrai que Roselyne Bachelot, on en parlera, notamment, vous avez fait référence au général de Gaulle, parce qu'Alain Delon et la politique, c'était aussi une grande passion.
00:18:06Il était assez impliqué et on voyait que certaines causes lui tenaient particulièrement à cœur.
00:18:10Il avait soutenu après Valéry Pécresse.
00:18:12Il avait écrit au général de Gaulle, justement, en 1969, après son désaveu au référendum pour lui dire combien il avait honte, disait-il, de son pays.
00:18:20On voit qu'au-delà de l'acteur, c'est quelqu'un qui avait des convictions vraiment chevillées au corps.
00:18:25Oui, c'était quelqu'un qui avait des convictions.
00:18:27Finalement, l'amour qu'il avait de la France a d'ailleurs conduit sa carrière, puisqu'il a une carrière presque exclusivement française, pas totalement, mais il a toujours résisté aux sirènes de Hollywood.
00:18:43Malgré les tentatives qui ont été faites auprès de lui, ça ne l'intéressait pas.
00:18:49Il était un acteur français et je dirais qu'il y avait un accord entre ses convictions politiques et ses choix d'artiste.
00:19:00Je pense aussi que, très certainement, la mort d'Alain Delon va enchaîner un certain nombre de rétrospectives.
00:19:09On va rediffuser ses films et on verra à quel point cette carrière est inouïe et n'a pas d'équivalent dans le cinéma, tellement ses choix sont justes et ses choix sont cohérents.
00:19:24Ce qui est d'autant plus intéressant, c'est que tout le monde salue la beauté physique solaire et étincelante d'Alain Delon, ça aurait pu le conduire à des rôles de pur séducteur.
00:19:40Il y en a très peu dans sa carrière, comme s'il avait voulu lui-même se sortir de ce carcan que peut représenter une beauté physique aussi incroyable pour finalement la dominer et la mettre strictement au service de son interprétation.
00:20:00Roselyne Bachelot, on va entendre dans un instant l'émotion des Français. Quel hommage, selon vous, doit être rendu à Alain Delon ? On entend déjà certains demander un hommage national.
00:20:13Écoutez, cette question d'hommage national est entre les mains du président de la République, il en jugera. Mais le seul hommage qu'il doit avoir, c'est l'hommage qu'il a dans nos cœurs et dans nos mémoires.
00:20:27Je me souviens, j'étais avec lui aux obsèques de Jean-Paul Belmondo dans l'église Saint-Germain-des-Prés, il m'a pris dans ses bras et il m'a dit « tu sais, je serai le prochain ».
00:20:39C'est un mot que j'emporte et d'ailleurs en l'éignant, j'ai envie de lui dire « tu n'es pas le prochain, tu es là, tu es dans nos cœurs à travers cette œuvre d'artiste absolument magnifique et incroyable ».
00:20:54Merci infiniment à Roselyne Bachelot d'avoir été avec nous et d'avoir répondu aux questions de CNews.
00:21:00C'est vrai que Fabien Lecoeuvre, ce qu'on entend et beaucoup d'artistes vous le disent, c'est que quand vous êtes un peu le dernier des Mohicans, vous voyez partir tous vos copains,
00:21:08tous ceux qui ont tourné avec vous et il y a forcément aussi cette histoire, quand on voit tous les autres s'en aller, on se dit à un moment donné, malheureusement à camp Montour,
00:21:16vous sentez que la génération, vous êtes un peu le dernier des représentants ?
00:21:19C'est un peu ça et puis là, on est vraiment aujourd'hui en 2024, pratiquement en 25 à quelques mois, je pense qu'on dit au revoir vraiment à toute une époque,
00:21:28à ce 20e siècle qui a été chargé, qui a créé des stars, qui a eu des grands événements dans ce siècle.
00:21:36Mais on est en train de balayer encore une fois de plus pour une dernière fois tous ces gens qui ont fait le 20e siècle, dont Alain Delon a été l'un des grands meneurs dans l'histoire.
00:21:45Et c'est vrai quand vous allez à des obsèques de grandes célébrités, de grands monuments en tout cas, généralement on a le suivant qui se trouve dans la salle.
00:21:53Oui, malheureusement.
00:21:54Évidemment, c'est malheureusement. Et comme l'a dit le président Macron dans son communiqué en disant que c'était un monument, le mot monument dans la bouche d'un président de la République.
00:22:01Oui, et on va voir d'ailleurs la réaction du chef de l'État où il met Alain Delon et l'Arc de Triomphe derrière, on voit ce comparatif.
00:22:06C'est pas n'importe quelle réaction déjà devenant du président de la République, mais surtout c'est un vrai monument.
00:22:11Il suffit de se rendre à l'étranger pour connaître l'importance justement d'un Alain Delon, la vibration qu'il a sur tous les continents, qu'il soit africain, qu'il soit l'Amérique du Nord, qu'il soit l'Australie, l'Asie.
00:22:24C'est un véritable monument français à travers bien sûr ses films et à travers son identité, sa personnalité.
00:22:31Car saviez-vous qu'en Asie, il y a le champagne Alain Delon, il y a les cigarettes Alain Delon, il y a les boutiques Alain Delon.
00:22:37Il y a toute une société adide qui s'appelle Alain Delon International Distribution qui gère tout un univers d'Alain Delon à l'étranger, en dehors de la France.
00:22:46Et c'est vrai que Patrice Arditi, on voit aussi cette histoire, on l'entendait dans le reportage qu'on a vu de Viviane Herbier, c'est-à-dire ce jeune homme, cet enfant abandonné par ses parents,
00:22:57qui est destiné à devenir charcutier, qui finalement s'engage dans la marine, qui finalement devient un grand acteur.
00:23:03C'est aussi une histoire française Alain Delon, et on parlera un peu plus profondément tout à l'heure de son enfance.
00:23:08On voit aussi les traumatismes d'enfance qui peut-être entraînent cet acteur, comme on disait parfois, mélancolique, un peu triste, un peu seul.
00:23:15Il y en a qui naissent avec une cuillère d'argent dans la bouche, selon la formule.
00:23:20Et puis il y en a qui, comme Alain Delon, ont connu un certain nombre de déboires extrêmement graves,
00:23:25qui l'ont poussé dans la, on va dire tout à fait au début, une espèce de voyoucratie.
00:23:31Il s'en est échappé grâce à l'armée, ce qui est extrêmement important.
00:23:37Mais ça voulait dire que lui-même sentait qu'il ne fallait pas qu'il suive ses rails, et c'est extrêmement important.
00:23:43Il y a eu une prise de conscience.
00:23:44Et justement, je crois que c'est la genèse de la suite, de ce qui s'est passé pour la vie d'Alain Delon.
00:23:51C'est qu'il a gravi les échelons dans pratiquement tous les domaines avec un acharnement,
00:23:57justement pour évacuer les mauvaises années qu'il avait pu connaître.
00:24:02Et c'est assez extraordinaire.
00:24:04Et pour en revenir à Roselyne Bachelot, j'ai beaucoup aimé ce qu'elle a dit.
00:24:08Elle a dit qu'il n'y a pratiquement rien à jeter dans sa carrière.
00:24:12Mais de qui d'autre on pourrait dire ça ?
00:24:15Ce n'est pas possible.
00:24:16J'évoquais Belmondo tout à l'heure.
00:24:18Il y a quand même des films qui sont d'accord.
00:24:20Mais Delon, je n'arrive pas à trouver un film dont il pourrait avoir honte.
00:24:26Il y a des films qui ont moins bien marché, effectivement.
00:24:29D'ailleurs, c'est très curieux.
00:24:31Il en avait pris ombrage à un moment donné.
00:24:34Mais tout ce qu'il a pu faire et tout ce qu'il a pu déclencher, parce que c'était un déclencheur.
00:24:39Quand on parle de Romy Schneider, qui au début l'a choisi en photo, et Fabien le sait très bien,
00:24:45il y a eu quand même des moments où c'est lui qui a dit, ce film-là, je le veux avec Romy Schneider,
00:24:50et d'ailleurs Maurice René, je crois, ou sinon je ne le fais pas.
00:24:53C'est assez extraordinaire.
00:24:55Cette pugnacité d'Alain Delon, je crois qu'il l'a vécue toute sa vie.
00:25:00Bravo.
00:25:01Quelques chiffres quand même de la carrière d'Alain Delon.
00:25:04Premier long métrage en 1957, il avait 23 ans, plus de 88 films, 7 téléfilms.
00:25:08Il a réalisé de longs métrages, en a produit 32, a joué dans 7 pièces de théâtre.
00:25:13Mais Fabien Lecoeuf, ce qui peut étonner, c'est un seul César et une palme d'or d'honneur à Cannes.
00:25:19Est-ce qu'on peut comprendre avec ces chiffres que finalement le cinéma n'a pas toujours rendu hommage à Alain Delon,
00:25:25peut-être à la hauteur de ce qu'il aurait mérité, même si évidemment c'est subjectif ?
00:25:28Mais je crois que Jean Dujardin a subi le même sort.
00:25:31Tous ceux qui ont fait des records en nombre d'entrées au cinéma n'ont jamais eu forcément cette reconnaissance l'année suivante.
00:25:37C'est la même chose pour les victoires de la musique.
00:25:39C'est-à-dire qu'il y a des clans, il y a ceux qui ont la carte.
00:25:42Pascal Praud a bien résumé la chose d'ailleurs en présence d'Alain Delon lorsqu'il l'avait reçu dans sa matinale.
00:25:47C'est-à-dire qu'en fait, il y en a qui ont la carte, il y en a qui n'ont pas la carte.
00:25:49Mais on ne se tourne jamais forcément vers le vrai succès populaire en nombre d'entrées de cinéma.
00:25:55Évidemment, il aurait dû avoir un César depuis très longtemps, une palme à Cannes depuis très longtemps évidemment.
00:26:00Mais souvent, c'est des hommages qui sont rendus à la fin de la carrière parce qu'on ne peut plus faire autrement.
00:26:05Sinon, il y aurait quand même une lacune dans une carrière.
00:26:08Et le comité organisateur des Césars ou des victoires de la musique pour des artistes chanteurs aurait ce problème-là à un moment donné.
00:26:15Mais c'est vrai qu'il y a souvent un problème entre l'institutionnel d'un système, d'un métier et le public.
00:26:21Il y a toujours un peu ce fossé.
00:26:24On le constate chaque jour dans plein d'événements, même encore aujourd'hui.
00:26:29Je veux dire, Jean Dujardin a été aussi...
00:26:32Oui, qui est pourtant extrêmement populaire. Il n'y a pas beaucoup de débats dessus.
00:26:34Les ch'tis par exemple avec Danny Boone qui a été victime de ça.
00:26:37C'est-à-dire qu'on ne veut pas reconnaître un grand succès populaire.
00:26:40L'académie souvent des Césars se défend en disant que de toute façon, il a été récompensé par le public, par le nombre et les millions de spectateurs en salle.
00:26:48Mais ça mérite quand même un César, on le sait.
00:26:51C'est un homme qui aurait dû avoir déjà cinq Césars. C'est évident.
00:26:55Alors justement, il n'a peut-être pas eu la reconnaissance parfaite du cinéma.
00:26:58Mais on va regarder ce qu'en pensent les Français. On est allé les interroger juste après l'annonce de son décès.
00:27:06Le dernier monstre sacré du cinéma français, un artiste incomparable, un acteur.
00:27:11Il aimait se faire appeler un acteur, non comédien.
00:27:15C'est le dernier monstre sacré du cinéma, après Jean Gabart, Lino Ventura.
00:27:19C'est une grande tristesse pour l'ensemble des Français, je pense.
00:27:25C'est sûrement une grande figure du cinéma, ça le restera.
00:27:29Voilà, tout le monde connaît Alain Delon et bon, c'est désolant.
00:27:34Tous ceux qui meurent, c'est désolant.
00:27:36Il a eu une belle vie, je pense qu'il a été au fond des choses.
00:27:39Il a dû avoir la vie qu'il voulait, c'est bien pour lui.
00:27:43Mais bon, ce n'est pas mon acteur préféré.
00:27:45Malgré tout, c'était un très bel homme.
00:27:47J'ai vu il y a deux semaines, par exemple, j'ai vu Borsalino, excellente image.
00:27:52Un homme très beau, je ne me pose pas de questions sur sa vie privée, ça ne me regarde pas.
00:27:56Mais quand même, c'est un monstre du cinéma qui a su faire plaisir aux gens.
00:28:01Il avait vraiment un charisme extraordinaire et puis il était beau.
00:28:05Peu importe le reste, chacun a sa vie.
00:28:09C'est vrai ce qu'on disait avec Fabien Lecoeuf, parfois il y a quand même un énorme fossé
00:28:13entre d'un côté ceux qui sont récompensés par le milieu du cinéma, de la musique, de l'édition
00:28:19et ceux qui marquent et ceux qui sont appréciés du public.
00:28:22C'est-à-dire qu'on a l'impression des fois qu'il y a une décorrélation totale
00:28:24entre les récompenses officielles et l'amour que le public peut avoir, par exemple, pour un acteur.
00:28:29Je refais une référence avec Belmondo, mais il s'est passé exactement la même chose.
00:28:34Il y a ce qu'on appelle une élite intellectuelle dans le cinéma
00:28:40qui hésite, ou qui ne veut pas, qui hésite à donner des satisfaites
00:28:46lorsque le personnage n'est pas, selon eux, suffisamment intellectuel
00:28:51ou qu'il n'essaye pas de faire copain-copain.
00:28:55Ça s'est passé pour Belmondo, ça s'est passé pour Delon dans un autre genre.
00:29:00Mais ce qui différencie Delon de Belmondo, c'est que je crois que Belmondo en a souffert
00:29:07à un moment donné, en disant le contraire, alors qu'Alain Delon paraît avoir maîtrisé
00:29:13cette incompréhension pour en faire encore un petit peu plus.
00:29:18Comme s'il avait envie de leur dire, finalement, j'y arriverai malgré vous.
00:29:24Et lorsqu'il obtient sa palme d'or avec sa fille, on voit bien exactement
00:29:31la manière dont il aurait envie de dire un certain nombre de vérités,
00:29:36mais il se maîtrise, il se maîtrise quand même.
00:29:40Lorsqu'il parle de décoration au postume, alors qu'il est vivant,
00:29:44et qu'on regarde ses yeux, c'est absolument saisissant.
00:29:47Et à mon avis, sur des fauteuils, il devait y avoir un certain nombre de personnes
00:29:51qui ont dû baisser les yeux, être un peu moins fiers.
00:29:55On va justement refaire un petit peu le point sur les réactions politiques
00:29:59après le décès d'Alain Delon, et c'est de nouveau avec vous, Adrien Spiteri.
00:30:03Et on va commencer avec cette réaction de Laurent Wauquiez,
00:30:06le député des Républicains déclaré sur le réseau social X ce matin.
00:30:09Viscéralement attaché à son pays, Alain Delon a incarné la France
00:30:13par son talent et sa carrière exceptionnelle.
00:30:16Il a fait rayonner notre nation dans le monde entier.
00:30:18Je ne l'oublierai pas dans le guépard.
00:30:20Indépassable d'élégance et de charme dans le regard de Claudia Cardinal.
00:30:25On enchaîne avec cette longue réaction de Rachida Dati,
00:30:28la ministre de la Culture, à de son côté déclarée.
00:30:31Alain Delon n'est plus, on le croyait, immortel d'avoir eu plusieurs vies,
00:30:35d'avoir joué tous les rôles, flic, voyou, inoubliable,
00:30:38tant crête, bouleversant M. Klein, d'avoir tourné pour les plus grands,
00:30:42de Visconti à Godard, de Losey à Melville,
00:30:44d'être devenu lui-même l'un des plus grands acteurs du cinéma mondial.
00:30:48Son talent, son charisme, son aura l'ont désigné très jeune
00:30:52pour faire carrière à l'Hollywood.
00:30:54Et c'est la France qu'il a choisi.
00:30:56Puis, si les réactions politiques sont nombreuses,
00:30:58les réactions de personnalités également se multiplient.
00:31:01Depuis ce matin, l'animateur Cyril Hanouna, par exemple, réagit.
00:31:05Une légende est partie aujourd'hui.
00:31:07Alain Delon faisait partie de ces vraies légendes.
00:31:09C'était un acteur qui nous transportait dans une autre dimension
00:31:12à chacun de ses rôles.
00:31:14Un grand, peut-être le plus grand.
00:31:16Toutes mes pensées vont à sa famille et ses proches.
00:31:19Merci beaucoup, Adrien Spiteri, de compiler pour nous les réactions politiques.
00:31:24Vous avez beaucoup parlé de Jean-Paul Belmondo, aussi Patrice Arditi.
00:31:28Je vous propose qu'on écoute ce qu'en disait Alain Delon.
00:31:31Est-ce qu'ils sont amis, ennemis, partenaires ou bien plutôt adversaires ?
00:31:36Il s'était confié à Pascal Praud.
00:31:38Il était venu dans l'heure des pros.
00:31:40L'émission de Pascal, c'était en 2019.
00:31:42Écoutez ce que disait Alain Delon.
00:31:44Et chacun se demande la nature de la relation qui existait entre vous.
00:31:49C'était entre la rivalité forcément de deux grandes stars.
00:31:52Ce n'était pas forcément la réalité parce qu'il n'y avait que nous deux.
00:31:55On tenait le cinéma. Pendant des années, on a tenu le cinéma.
00:31:59Et j'ai dit souvent, je disais à Jean-Paul aussi,
00:32:01notre carrière, c'est un 100 mètres qu'on court tous les deux.
00:32:04Donc l'un, lui, c'est lui qui gagne. Un jour, c'est moi. Un jour, c'est l'autre.
00:32:07Et on a fait toute cette carrière et tout le cinéma français pendant des années, tous les deux.
00:32:11Au-delà de tout et au-dessus de tout le monde.
00:32:13Je ne le dis pas parce que c'est la vérité.
00:32:17Et on est encore là.
00:32:19Jean-Paul, malgré ce qui lui est arrivé, m'a rendu malade.
00:32:23Cet AVC qu'il a mis dans cet état, c'est affreux.
00:32:29C'est vrai que c'est assez touchant ce qu'il dit sur le côté.
00:32:32On les compare, on a vu de l'affection, de l'amitié.
00:32:35Et en même temps, on se dit, quand on est deux monstres sacrés, qu'on fait sa carrière.
00:32:38En même temps, on imagine qu'il peut y avoir un peu de concurrence.
00:32:40Mais dans les mots qu'il utilise, il y a beaucoup de tendresse.
00:32:42Et on ne sent pas d'animosité ou de concurrence entre les deux.
00:32:45Et en même temps, il n'a pas dit la vérité.
00:32:47Alors vous allez nous dire la vérité.
00:32:49La vraie dispute est partie d'une affiche de cinéma.
00:32:51Un film qui était coproduit par Alain Delon.
00:32:54Alain Delon devait avoir deux fois son nom sur l'affiche.
00:32:58Alain Delon présente le film.
00:33:01Et puis Alain Delon et Jean-Paul Belmondo qui partageaient l'affiche du film.
00:33:06Jean-Paul Belmondo avait demandé sur le contrat qu'il n'ait qu'une fois le nom de la même taille,
00:33:10les deux monstres sacrés du cinéma, c'est-à-dire Delon et Belmondo.
00:33:16Delon a fait à sa tête, il a mis Alain Delon présente,
00:33:18en tant qu'aussi producteur de l'affiche.
00:33:20Donc ils sont fâchés pour cette affiche de film.
00:33:23Alors après évidemment, les années ont fait...
00:33:25Oui, la sagesse est arrivée avec l'âge peut-être.
00:33:27Mais évidemment, la fâcherie s'est dissoute,
00:33:29parce que ce n'était pas si important que ça finalement pour le grand public.
00:33:32Le succès avait été tel et pour l'un et pour l'autre.
00:33:35Et ce que dit par contre Alain Delon dans l'émission de Pascal Praud est parfaitement juste.
00:33:39C'est les deux qui ont tenu le cinéma pendant plus de 20 ans.
00:33:42C'est-à-dire qu'on attendait la sortie du nouveau Belmondo comme du nouveau Delon.
00:33:46Ça a été et c'était les plus grands nombres d'entrées pendant des années et des années.
00:33:51Donc non, je crois que ça a été les deux monstres sacrés du cinéma.
00:33:55Je voudrais rajouter quand même Depardieu qui a aussi une carrière exceptionnelle
00:33:58et qui est connue à l'étranger autant qu'Alain Delon.
00:34:01Il faut le rappeler quand même.
00:34:03Et voilà, et qui ont fait la grandeur de la France à travers des rôles,
00:34:06à travers des paroles, à travers des paroles publiques qu'ils avaient aussi.
00:34:10Et puis un comportement.
00:34:11En fait, voilà, c'était la France.
00:34:14Je crois que Roselyne Blanchelot, le président Macron l'ont bien rappelé.
00:34:16Régine Hadati, ministre de la Culture l'a très bien rappelé.
00:34:19C'était la France Alain Delon.
00:34:21Et je voudrais qu'on regarde aussi parce que...
00:34:23Et d'ailleurs, je vous rappelle que tous les extraits, vous voyez,
00:34:25qui sont issus de l'émission « L'heure des pros »
00:34:27à laquelle Alain Delon avait participé en 2019,
00:34:30cette émission sera rediffusée à 14h sur CNews.
00:34:33Vous verrez, il se confie sur, évidemment, beaucoup de choses.
00:34:36Sa carrière, ses amitiés, ses amours.
00:34:38Restez donc sur CNews à 14h.
00:34:40Vous verrez cette émission.
00:34:41Le lien aussi, on en parlait, entre Alain Delon et son public.
00:34:44On a fait référence avec vous à la palme d'or d'honneur qu'il avait reçue à Cannes.
00:34:49Il avait tenu après à adresser une lettre à ses fans,
00:34:52une lettre que transmet l'agence France Presse.
00:34:55Il dit ceci.
00:35:19Cette lettre, Patrice Arditi, est extrêmement émouvante.
00:35:36On voit un acteur qui reçoit cette récompense de la palme d'or d'honneur
00:35:41et qui se dit je veux remercier mes fans.
00:35:43Et on sent le lien et ce lien indéfectible, en fait,
00:35:46qu'il y a entre ceux qui l'ont aimé et l'acteur qu'il était.
00:35:50Il ne s'est pas manifesté à des centaines de reprises, Alain Delon,
00:35:54mais à chaque fois, il a parlé du public.
00:35:56À chaque fois, il a remercié le public.
00:36:00Parce qu'il sait très bien que ce sont, évidemment,
00:36:02un certain nombre de réalisateurs qui l'ont façonné,
00:36:06mais que sans le public, ça ne pouvait pas coller.
00:36:10Et ce côté franc d'Alain Delon, c'est quelque chose qui est exceptionnel.
00:36:17Et j'en reviens à ce que rappelait tout à l'heure Fabien,
00:36:21lorsqu'il dit, suite à la séquence que nous avons vue,
00:36:26on tenait le cinéma.
00:36:29Mais c'est ahurissant.
00:36:30Vous vous rendez compte ?
00:36:31Le personnage qui dit on tenait le cinéma, même si Belmondo avait dit ça.
00:36:35D'abord, Belmondo ne l'aurait pas dit.
00:36:36Il n'aurait pas osé le dire.
00:36:38Alain Delon l'a fait.
00:36:39Mais on ne lui en veut pas parce qu'on est d'accord.
00:36:43Oui, parce que factuellement, on ne peut pas dire le contraire.
00:36:45Normalement, on pourrait dire, mais qu'est-ce que c'est que cette prétention ?
00:36:47Mais ce n'est pas de la prétention, c'est la vérité.
00:36:50Et il a donc simplement établi un constat.
00:36:53C'est-à-dire l'importance du charisme qu'il pouvait avoir Alain Delon.
00:36:57Et pour revenir, on reparlera évidemment de toute cette carrière,
00:37:00mais je voudrais qu'on s'arrête un instant sur le domaine où il vivait,
00:37:04où il s'est destin à Douchy.
00:37:06Depuis ce matin, il y a un certain nombre de personnes
00:37:08qui ont tenu à aller lui rendre hommage, à déposer des fleurs, etc.
00:37:12C'est vrai qu'il avait ce côté, évidemment, cet acteur flamboyant.
00:37:15Et en même temps, Fabien Lecoeuvre a un petit peu retiré quand même à Douchy,
00:37:18au milieu de ses animaux.
00:37:19On sait notamment qu'il voulait être enterré avec ses chiens.
00:37:22Et on voit d'ailleurs, c'est notable, parce que ce n'est pas vraiment courant,
00:37:24que dans l'annonce de ses enfants, son chien est mentionné.
00:37:27Et on sait que c'est aussi quelqu'un qui,
00:37:29au-delà de tout le star system autour de lui,
00:37:32avait besoin un peu de se retirer, de s'isoler, de vivre dans ce domaine
00:37:35où visiblement très peu de personnes étaient combiées.
00:37:37C'est un accordéoniste qui était devant chez lui il y a quelques minutes.
00:37:39Ah oui, ça c'est drôle.
00:37:40Non, mais vous avez raison de le rappeler.
00:37:42Vous savez, aujourd'hui, toute forme de personnalité par une notoriété,
00:37:45surtout quand on est Alain Delon,
00:37:47je pense que vous avez besoin de prendre un recul à un moment donné sur tout ça.
00:37:50Tout ça est fabriqué, tout ça est un succès, tout ça est organisé.
00:37:54Et pour se retrouver, je pense qu'on a besoin de s'isoler
00:37:59quand on est Alain Delon.
00:38:00Et comme d'autres.
00:38:01Johnny avait la même chose, Belmondo, tout le monde.
00:38:04Enfin, toutes ses grandes stars.
00:38:05Oui, des petits sas un peu de calme et de poursouffler un peu.
00:38:08Brigitte Bardot avait la madrague au départ pour s'isoler.
00:38:11Enfin, tous ont besoin de ça.
00:38:12Ça fait partie presque de leur métier, de s'isoler.
00:38:15Alors, il avait créé ce domaine comme ça.
00:38:17Il avait acheté une trentaine d'hectares avec une maison qu'il avait fait restaurer.
00:38:21Il avait demandé à Mireille Dard, qui était sa compagne à l'époque,
00:38:23de s'occuper de la restauration de cette maison pour en faire un domaine
00:38:26et une maison familiale.
00:38:28Il y tenait.
00:38:29Parce qu'il a toujours adoré ses liens familiaux.
00:38:31Lui qui venait d'une famille un peu secouée.
00:38:34Bon, il a voulu avoir ça.
00:38:36Et il en a fait sa réserve, son monde à lui.
00:38:39Il a même fait construire une chapelle dans ce domaine-là,
00:38:42puisqu'il souhaite, c'était sa volonté, d'être enterré justement dans cette chapelle.
00:38:47Et d'ailleurs, il a même dit au maire, enfin, il a vraiment fait les demandes.
00:38:49Justement, le maire disait qu'il avait fait la demande au maire précédent,
00:38:52au maire actuel, qu'il avait prévenu la préfecture.
00:38:54Il a voulu tenter de faire les choses dans les règles.
00:38:56Oui, parce que, vous le savez parfaitement, on n'a pas le droit d'être enterré chez soi.
00:38:59Non.
00:39:00Bon, ça, c'est une loi qui existe depuis, je crois, 1840.
00:39:02Et puis, lui a fait cette demande.
00:39:04Et quand on est Alain Delon, je pense qu'on peut, on peut justement,
00:39:08et ça lui a été autorisé, me semble-t-il,
00:39:12et je pense qu'il sera enterré dans sa chapelle, qu'il voulait,
00:39:15ce qui va devenir aussi probablement un lieu de pèlerinage, à mon sens.
00:39:19Oui, parce qu'on a commencé à voir effectivement, dès ce matin,
00:39:21que les personnes, bien sûr, se sont rendues devant sa propriété.
00:39:23On avait vu la même chose pour Johnny Amarn, la coquette.
00:39:26Je salue Mathieu Alterman. Bonjour.
00:39:28Bonjour.
00:39:29Et merci de nous rejoindre.
00:39:30Alors, évidemment, les hommages se succèdent.
00:39:32Ce qu'on dit beaucoup depuis ce matin sur CNews,
00:39:34c'est que la disparition d'Alain Delon, on voit à quel point,
00:39:36c'est une disparition d'une partie de la culture française.
00:39:39Ça nous rappelle aussi tous ceux qui sont partis avant lui.
00:39:41Ça nous rappelle tous les films que tout le monde a au moins vus une fois.
00:39:44Toutes ces photos aussi qu'on voit défiler, qui sont iconiques
00:39:46pour ceux qui ont commencé avec lui, mais aussi pour les jeunes générations.
00:39:49Alors, je vais vous reprendre, Élodie.
00:39:50C'est une partie, non pas de la culture française,
00:39:52c'est une partie de la culture mondiale.
00:39:54Alain Delon. Vous avez raison.
00:39:55Souvent, on dit, ah, j'ai du succès partout dans le monde.
00:39:57Et on se dit, c'est un truc un petit peu exagéré.
00:39:59Non, c'est le cas.
00:40:00Alain Delon a inspiré les acteurs et les réalisateurs du monde.
00:40:03Et surtout, il a pu tourner avec les plus grands metteurs en scène,
00:40:06italiens, français, même anglais avec Joseph Losset.
00:40:10C'est quelqu'un qui a été très, très important
00:40:12et qui, je pense, a souffert d'être un peu méprisé par le métier.
00:40:17Alors, on ne peut pas jeter de polémiques.
00:40:19Oui, mais c'est ce qu'on disait tout à l'heure.
00:40:20C'est une réalité.
00:40:21C'est une réalité.
00:40:22Je pense sincèrement qu'Alain Delon ne s'est jamais remis
00:40:24d'avoir obtenu aucune récompense dans son rôle pour Monsieur Klein en 1976,
00:40:28qui est un chef-d'oeuvre absolu qu'il a produit.
00:40:30C'est quelqu'un qu'on traitait un petit peu d'extrême droite, etc.
00:40:34Alors qu'il a produit un film pour lutter contre l'antisémitisme.
00:40:36C'est lui qui a mis son argent, qui l'a fait réaliser par Joseph Losset,
00:40:38qui était un metteur en scène anglais prestigieux de gauche.
00:40:41Et il s'est fait jeter à Cannes et au César.
00:40:45Et on peut estimer qu'il y a deux parties dans laquelle Alain Delon,
00:40:48de 1960, plein soleil, à 1977, avec Mort d'un pourri,
00:40:53il enchaîne les chefs-d'oeuvre.
00:40:54Aucun acteur n'a travaillé à ce point-là avec tous les plus grands acteurs du monde.
00:40:58On peut prendre n'importe quoi, tout est génial.
00:41:00Et après 1977, c'est la même chose déjà.
00:41:02La star Alain Delon a pris le pas sur l'acteur Alain Delon.
00:41:06Et je voudrais qu'on revienne aussi un petit peu sur la toute première partie de sa vie
00:41:11et notamment son enfance compliquée.
00:41:13On en parlait tout à l'heure.
00:41:14Nous avions à l'antenne Norbert Sahada.
00:41:16Il est producteur et c'est aussi un ami d'enfance d'Alain Delon.
00:41:19Écoutez, il a réagi évidemment à sa disparition.
00:41:22Et on parle un petit peu plus de son enfance juste après.
00:41:25Je peux simplement vous dire que je suis effondré.
00:41:28On s'y attendait peut-être.
00:41:30Mais même quand on s'y attend, c'est quand même un choc.
00:41:33C'est 65 années d'amitié, de joie, de peine, de difficulté.
00:41:42Mais c'est un garçon exceptionnel.
00:41:45D'abord, avant d'être acteur, c'est un monsieur très, très fidèle,
00:41:49sans jamais faillir, toujours fidèle dans tous les moments,
00:41:54quels que soient les moments de la vie.
00:41:56C'est pour moi, je le répète, le plus grand acteur de sa génération.
00:42:00Et c'est le dernier samouraï, ça me fait quand même beaucoup de peine.
00:42:05Et je suis très triste.
00:42:09Je vais réagir parce que je crois que vous le connaissez bien justement.
00:42:11Oui, Serge, j'ai écrit avec Norbert ses mémoires.
00:42:13Et Alain Delon a gentiment préfacé le livre.
00:42:16Il était faible, il était fatigué.
00:42:18Il nous a dit oui tout de suite, avec un enthousiasme incroyable.
00:42:21Je pense que tout le monde a parlé de sa fidélité en amitié.
00:42:24Je n'ai jamais vu ça.
00:42:25Vous pouvez vous avoir connu en 1963.
00:42:27C'est ce qui revient absolument dans tous les témoignages qu'on a eus depuis ce matin.
00:42:30C'est sa fidélité en amitié, sa capacité à tout lâcher pour aller aider quelqu'un.
00:42:34Et alors, ce n'est pas une fidélité showbiz.
00:42:36Ce ne sont pas des gens qui se connaissent les uns les autres du tout.
00:42:38Ce sont des gens d'environnement totalement différents
00:42:41qui ne se connaissent pas les uns des autres,
00:42:42avec qui Alain Delon avait une relation forte et vraiment sincère.
00:42:46Oui, j'appuie ce que dit Mathieu.
00:42:48C'est-à-dire que Dalida m'avait raconté justement
00:42:50qu'il s'était connu avec Alain Delon, Rejean Mermot,
00:42:53puisqu'ils partageaient la même petite chambre de bonne.
00:42:55Enfin, mitoyenne en tout cas.
00:42:57Et l'un et l'autre étaient totalement inconnus.
00:43:01L'un faisait des cours de théâtre, l'autre, elle essayait des castings de l'époque, etc.
00:43:06Eh bien, bien des années après, quand Dalida, en 1973,
00:43:10a appelé Alain Delon pour qu'il lui donne la réplique dans une chanson Parole, Parole.
00:43:14On va l'entendre tout à l'heure.
00:43:16Eh bien, il a tout de suite accepté,
00:43:17parce qu'il n'a jamais oublié cette amitié,
00:43:19à la fin des années 50, quand Dalida est arrivé à Paris,
00:43:22et que lui aussi était monté dans la capitale pour s'installer,
00:43:24dans l'espoir de réussir, tous les deux.
00:43:27Eh bien, il n'a jamais oublié cette amitié de départ,
00:43:29bien des années après, pour lui donner la réplique,
00:43:32avec beaucoup de gentillesse, sans prendre aucun droit, rien,
00:43:35simplement par amitié.
00:43:37Il avait accepté, et que ce soit Orlando,
00:43:40qui gérait la carrière de sa sœur à l'époque, Dalida,
00:43:43tous ont été surpris sans lettre,
00:43:45parce que c'était quelqu'un, encore une fois de plus,
00:43:46comme le dit Mathieu Alterman, fidèle, vraiment fidèle, et jusqu'au bout.
00:43:49Patrice Arditi, c'est vrai qu'on a parfois l'image,
00:43:51et on le disait tout à l'heure, d'Alain Delon,
00:43:53qui parfois parle de lui la troisième personne,
00:43:55et en même temps, plus les témoignages se succèdent à l'antenne de ces news,
00:43:58plus on se dit que c'était un ami, un vrai, des amitiés sincères,
00:44:01comme vous le disiez Mathieu,
00:44:02pas quelqu'un qui est ami avec quelqu'un pour se faire bien voir,
00:44:04mais qui est vraiment là, dans les mauvais moments,
00:44:06c'est aussi là où on peut juger un peu la caractère
00:44:08et les valeurs d'une si grande star.
00:44:10Je crois qu'il gérait parfaitement sa carrière,
00:44:12ça on l'a vu, on ne peut pas dire le contraire,
00:44:14mais qu'il était tout à fait naturel avec les autres.
00:44:17Et franchement, on le sait au travers de pas mal de témoignages,
00:44:21quand il pouvait aider quelqu'un, il le faisait.
00:44:24Je me souviens que, moi j'avais une toute petite maison
00:44:26qui n'était pas très loin de Douchy, le domaine d'Alain Delon,
00:44:30et il y avait une petite commune qui s'appelait Château Renard,
00:44:33et je le sais par une amie,
00:44:35il a appris qu'une personne qu'il ne connaissait pas
00:44:37avait des problèmes avec la mairie ou la préfecture
00:44:40pour une histoire de terrasse devant un restaurant,
00:44:42il est intervenu tout seul,
00:44:46sans même le dire à la personne concernée
00:44:49pour régler le problème, parce que ça le touchait.
00:44:53Et ça c'est quand même assez extraordinaire.
00:44:55On sait, on n'a pas les exemples,
00:44:57j'écoutais le père de Benjamin Castaldi tout à l'heure,
00:45:01Jean-Pierre, qui évoquait un certain nombre de choses
00:45:04qu'il ne voulait pas évoquer non plus,
00:45:06mais qui allaient dans le même sens.
00:45:08C'est la personne qui a aidé un certain nombre d'autres personnes,
00:45:12mais sans essayer d'avoir un retour.
00:45:14Et quand Jacques Vendroux, par exemple,
00:45:16Jacques Vendroux disait tout à l'heure,
00:45:18on a eu la surprise à plusieurs reprises de le solliciter
00:45:21pour venir nous aider dans la retransmission
00:45:27de grands matchs de football,
00:45:29on a eu la surprise de le voir accepter,
00:45:31et il n'a pas demandé un mot.
00:45:32Mais c'est énorme, il n'y a pas beaucoup de gens
00:45:35qui feraient ça.
00:45:36Je voudrais revenir aussi sur quelque chose
00:45:38qui me touche profondément.
00:45:40On parlait tout à l'heure d'une certaine frilosité
00:45:43de l'élite intellectuelle de notre pays.
00:45:46On a même entendu à un moment donné
00:45:48qu'il achetait des œuvres d'art comme ça,
00:45:50comme un nouveau riche, pour faire bien.
00:45:52Absolument pas.
00:45:53Il s'était extrêmement documenté,
00:45:55il était imbattable, je le sais,
00:45:57par des amis imbattables sur certains sujets,
00:46:00et il pourrait même donner des cours à certains
00:46:02qui se font passer pour des spécialistes.
00:46:04Je voudrais qu'on écoute Isabelle Morini-Bosque,
00:46:06l'invitée tout à l'heure de Thierry Cabane.
00:46:09Elle s'exprimait sur sa grande fidélité
00:46:12et son grand sens de l'amitié.
00:46:16On l'a mal jugé, oui.
00:46:17Beaucoup de choses qu'on a dites sur lui étaient vraies.
00:46:20Le caractère ombrageux, le fait de ne rien laisser passer.
00:46:24Mais c'était aussi un homme qui pouvait
00:46:26tellement avoir des gestes sensibles.
00:46:29Quand Mireille d'Arc a perdu son deuxième mari,
00:46:31Pierre Barré, il s'est tout de suite précipité
00:46:33à son chevet, mais vraiment pour être auprès d'elle.
00:46:35C'est un homme qui venait d'être nommé patron de TF1
00:46:37et qui est mort d'un cancer foudroyant.
00:46:39Il était là.
00:46:40Quand Mireille d'Arc, évidemment,
00:46:41il a toujours été là ensuite,
00:46:43même si leurs rapports ont été souvent mouleux.
00:46:45C'est de l'ombre.
00:46:46Et c'est Mireille d'Arc.
00:46:48Mathieu Alterman, c'est émouvant aussi
00:46:50de voir ces relations qu'il a pu nouer,
00:46:52amicales ou amoureuses,
00:46:54mais qui finalement, en fait,
00:46:56ont réussi à tenir tout au long de sa vie.
00:46:59Mireille d'Arc, je me rappelle,
00:47:00je suis en plateau de Vivement Dimanche,
00:47:01elle lui avait fait la réflexion
00:47:02« Est-ce que tu te rends compte
00:47:03d'à quel point tu m'as fait souffrir ? »
00:47:04On sentait que tout n'était pas digéré,
00:47:06mais la relation, le lien entre eux est toujours resté.
00:47:08Oui, avec Mireille d'Arc ou même Romy Schneider.
00:47:10La dernière sortie publique de Romy Schneider,
00:47:12d'ailleurs, c'était pour la première du premier film
00:47:14réalisé par Alain Delon,
00:47:16sorti en 1980.
00:47:18Elle venait de perdre son fils.
00:47:19Elle était sortie pour lui
00:47:20alors qu'ils étaient séparés depuis 18 ans.
00:47:23Il y a une fidélité, oui,
00:47:24en amitié ou en amour,
00:47:25mais je voudrais qu'on revienne toujours sur ce côté
00:47:27« Il avait un caractère difficile ».
00:47:29Non, il n'a pas un caractère difficile, Alain Delon.
00:47:31Il disait lui-même qu'il était dépressif.
00:47:33Quelqu'un de profondément mélancolique et dépressif.
00:47:35Oui, de profondément noir aussi, certains vous disent.
00:47:37Le film préféré d'Alain Delon
00:47:39n'est pas un film dans lequel il l'est,
00:47:40c'est un film de François Truffaut
00:47:41qui s'appelle « La chambre verte »
00:47:42sur l'histoire de quelqu'un
00:47:43qui a une chambre avec des portraits
00:47:44des gens qui sont morts.
00:47:45Il était hanté par ce film,
00:47:46hanté par la mort.
00:47:47Et en même temps,
00:47:48vous regardez n'importe quel grand film
00:47:49avec Alain Delon,
00:47:50il n'y a plus personne de vivant aujourd'hui.
00:47:52Oui, c'est ce qu'on disait.
00:47:53Malheureusement, c'est le problème
00:47:55et c'est aussi la douleur
00:47:56de voir partir tous ceux
00:47:57que vous avez aimés.
00:47:58La douleur de voir partir
00:47:59tous ceux qu'il a aimés
00:48:00et puis la douleur de se rappeler
00:48:01que si il a réussi
00:48:02cette carrière extraordinaire,
00:48:03ce n'est pas un phénoménal coup de chance.
00:48:05Il venait de rien.
00:48:06Alain Delon avait un CAP charcuterie.
00:48:08Oui.
00:48:09La différence entre Alain Delon
00:48:10et Jean-Paul Belmondo,
00:48:11Jean-Paul Belmondo
00:48:12est un fils de bonne famille
00:48:13qui a voulu s'encanailler
00:48:14dans des films physiques,
00:48:15alors qu'Alain Delon
00:48:16est un fils de prolo
00:48:17qui a voulu s'épanouir
00:48:18dans des films dits intellectuels.
00:48:20Et l'autre différence fondamentale
00:48:22qui parfois a été malheureuse
00:48:25pour Alain Delon,
00:48:26c'est que quand vous êtes enfant,
00:48:27vous ne pouvez pas prendre connaissance
00:48:29avec l'acteur Alain Delon
00:48:30parce qu'il y a très peu de films
00:48:31pour enfants.
00:48:32Il y a les héros peut-être,
00:48:33c'est tout.
00:48:34Alors qu'il y en a plein
00:48:35avec Belmondo.
00:48:36Donc c'est un acteur pour adulte
00:48:37en fait Alain Delon.
00:48:38Et moi j'ai la chance
00:48:39de pouvoir intervenir
00:48:40dans une grande école de commerce
00:48:41où je donne des cours de pop culture
00:48:43et je dis à des étudiants
00:48:44vous ne le connaissez pas,
00:48:45vous ne pouvez pas le connaître
00:48:46mais je vais vous expliquer
00:48:48en quoi il est le plus grand acteur
00:48:49de tous les temps
00:48:50et quel est le chemin à prendre
00:48:52pour rentrer dans son oeuvre
00:48:53et la comprendre.
00:48:54Et on voit ces images en direct,
00:48:55on en parlait tout à l'heure
00:48:56Fabien Lequeuvre,
00:48:57devant le domaine de la brûlerie.
00:48:59C'est à Douchy dans le Loir-Est.
00:49:00C'est là où vivait Alain Delon.
00:49:02C'est là également
00:49:03où il s'est éteint
00:49:04et c'est là où il a toujours dit
00:49:05qu'il voulait être enterré
00:49:07aux côtés de ses chiens.
00:49:09On va parler maintenant aussi
00:49:10de son enfance
00:49:11parce qu'Alain Delon
00:49:12s'était livré il y a quelques années
00:49:14à Valérie Traervailleur
00:49:15pour Paris Match.
00:49:16Il parlait de son enfance malheureuse.
00:49:18Il disait, il est certain
00:49:19que j'ai bien eu une enfance malheureuse.
00:49:21Cette période a été
00:49:22comme un apprentissage de la vie.
00:49:23Comment comprendre
00:49:24que vos parents se débarrassent de vous
00:49:25quand vous n'avez que 4 ans ?
00:49:26Ils divorcèrent, refaisaient leur vie.
00:49:28Et moi, je me suis trouvé placé
00:49:29dans une famille d'accueil
00:49:30comme un orphelin.
00:49:31Je n'ai jamais vu mes parents ensemble.
00:49:33Mon père d'un côté,
00:49:34ma mère de l'autre.
00:49:35On parlait Fabien Lequeuvre
00:49:36à l'instant du côté dépressif,
00:49:38très sombre aussi d'Alain Delon.
00:49:39Quand on se penche un petit peu
00:49:41sur son histoire personnelle,
00:49:42sur ce rejet de ses parents
00:49:43jusqu'à ce qu'ils deviennent connus,
00:49:45on comprend aussi
00:49:46ce qui a fait cette noirceur
00:49:47dans son caractère
00:49:48et dans son tempérament.
00:49:49Oui, parce qu'il avait toujours
00:49:50ce côté sombre encore une fois plus
00:49:51dans le personnage.
00:49:52Il avait quelque part trouvé
00:49:55la définition de la nostalgie
00:49:57qui consiste à dire
00:49:59que c'est le bonheur
00:50:00d'être triste finalement.
00:50:01Parce qu'il y trouvait
00:50:02une forme de bonheur
00:50:03dans cette tristesse, mélancolie.
00:50:04Liée évidemment à son enfance
00:50:05avec la séparation de ses parents
00:50:07très tôt,
00:50:08quand il est confié en famille d'accueil.
00:50:10Il a très mal vécu tout ça.
00:50:11Famille d'accueil
00:50:13où il fréquentait la cour
00:50:15d'une prison à Fresnes
00:50:17où il racontait souvent cette anecdote.
00:50:19Il avait été un des derniers témoins
00:50:21quelque part,
00:50:22témoin sonore uniquement
00:50:24de l'exécution de Pierre Laval
00:50:26qui avait été exécuté
00:50:27à la suite de l'épuration,
00:50:29en tout cas la libération,
00:50:31parce qu'il avait été
00:50:32un des plus grands collabos
00:50:33que la France ait eu, on va dire.
00:50:34Et donc, il avait été marqué
00:50:36par tous ces incidents
00:50:37et puis cette réussite
00:50:39qui était difficile à venir.
00:50:41Le milieu de la nuit,
00:50:42les voyous,
00:50:43cette espèce de pègre
00:50:45entre Marseille et Paris.
00:50:46Il fréquentait tout cela.
00:50:47Puis après, le cinéma lui ouvre ses portes.
00:50:49Il part à l'armée dans l'intervalle.
00:50:51Tout ça, ça a été très violent,
00:50:53très violent.
00:50:55Après, il a regretté finalement
00:50:57qu'on l'ait envoyé en Indochine
00:50:58faire la guerre.
00:50:59Donc, tout ça,
00:51:01il y a des blessures,
00:51:02mais comme à chacun d'entre nous
00:51:03en même temps.
00:51:04On est nourris, chacun d'entre nous
00:51:06ici aussi, de nos blessures d'enfance.
00:51:08Mais on sent en tout cas
00:51:09combien ça a pesé.
00:51:10Véritablement, c'est quelque chose
00:51:12qu'il n'a jamais digéré.
00:51:13On le comprend, bien entendu,
00:51:14mais c'est resté douloureux.
00:51:15Ça a pesé et influencé.
00:51:17Évidemment, lourdement,
00:51:18à mon avis, ça destinait.
00:51:19Et quand il parlait justement
00:51:21de son engagement, il dit
00:51:22« La majorité était alors à 21 ans.
00:51:24Mes parents ont signé l'autorisation
00:51:25d'engagement sans hésitation
00:51:26dans la marine.
00:51:27Comme s'ils se débarrassaient
00:51:28de moi encore une fois,
00:51:29je leur en veux.
00:51:30Pour cela, on n'envoie pas
00:51:31un gamin de 17 ans à la guerre. »
00:51:3217 ans, je n'avais que 17 ans.
00:51:34Mathieu Alterman,
00:51:35tout au long de ce témoignage
00:51:36avec Wally Traehrweiler,
00:51:37on sent véritablement la douleur,
00:51:42mais c'était plus longtemps.
00:51:43Quand il est revenu,
00:51:44ses parents ne sont pas venus
00:51:45le chercher.
00:51:46Il était tout seul.
00:51:47Il faut juste rajouter quelque chose,
00:51:48c'est qu'il a découvert le cinéma
00:51:49en Indochine.
00:51:50C'est là qu'il a vu
00:51:51« Touchez pas au Grisby ».
00:51:52C'est quelque chose
00:51:53qu'il ne soupçonnait pas aimer.
00:51:54Au moment où il part en Indochine,
00:51:55il n'est passionné par rien.
00:51:56C'est ça, le drame.
00:51:57Quelqu'un qui est profondément vide
00:51:58parce qu'il y a un vide en lui,
00:51:59il ne sait pas ce qu'il va faire
00:52:00de sa vie.
00:52:01Ce qu'il va faire de sa vie,
00:52:02c'est une succession
00:52:03d'heureux accidents, finalement,
00:52:05de faire la carrière que l'on sait.
00:52:07Mais ça a été très difficile.
00:52:08C'est quelqu'un qui a joué
00:52:10à la fois de ses failles.
00:52:11C'est ça qui est passionnant.
00:52:12Il a su en faire quelque chose.
00:52:14Il a su en faire quelque chose.
00:52:15Et à un moment dans sa carrière,
00:52:16il n'a plus envie de les montrer
00:52:18parce que je pense que c'était
00:52:19trop douloureux pour lui.
00:52:21On va continuer nos discussions,
00:52:23mais je voudrais qu'on rejoigne
00:52:25Valérie Pécresse,
00:52:26présidente de la région Île-de-France,
00:52:27qui est avec nous.
00:52:28Bonjour et merci,
00:52:29madame la présidente,
00:52:30de témoigner sur CNews.
00:52:31On va voir la réaction, justement.
00:52:33Vous avez réagi sur les réseaux sociaux
00:52:35après la mort d'Alain Delon,
00:52:36avec cette magnifique photo.
00:52:38Adieu, cher Alain.
00:52:39Valérie Pécresse,
00:52:40comme on le dit depuis le début,
00:52:41aujourd'hui, c'est une petite partie
00:52:42de chacun d'entre nous,
00:52:43de la France,
00:52:44voire du patrimoine mondial
00:52:45qui s'en va.
00:52:47Absolument.
00:52:49Tout le monde dira
00:52:51qu'il a pensé
00:52:53ce dont il se souvient
00:52:54d'Alain Delon,
00:52:55mais pour moi,
00:52:56c'était un ami de 20 ans.
00:52:58C'était évidemment une perte
00:53:00extrêmement, extrêmement
00:53:02douloureuse,
00:53:04parce que je l'avais connu
00:53:06quand j'étais jeune député.
00:53:08Il s'était pris d'affection
00:53:10pour moi.
00:53:12Il était passionné par la politique.
00:53:14Il m'avait vu dans une émission de télévision.
00:53:16Il m'avait appelé pour me féliciter.
00:53:18J'avais cru que c'était un canular.
00:53:20Quand vous avez Alain Delon au téléphone,
00:53:22vous pensez que c'est un imitateur.
00:53:24Avec sa voix,
00:53:26parfaitement reconnaissable,
00:53:28sa voix d'Alain Delon.
00:53:30Depuis, nous n'avons pas arrêté
00:53:32de dialoguer ensemble,
00:53:34pratiquement jusqu'à la fin.
00:53:36Je suis infiniment triste aujourd'hui.
00:53:38C'est vrai Valérie Pécresse
00:53:40qu'on a aussi rappelé pendant cette émission
00:53:42sa passion pour la politique.
00:53:44Dès 1969, il écrit une lettre
00:53:46au général de Gaulle après le référendum
00:53:48où il a été désavoué,
00:53:50en disant qu'il avait publiquement dit
00:53:52qu'il vous soutenait.
00:53:54C'est la seule femme que je souhaiterais
00:53:56à la présidence, avait-il dit.
00:53:58Je pense que c'était autant politique
00:54:00parce qu'il était évidemment ancré à droite.
00:54:04Il avait au cœur des valeurs d'ordre,
00:54:06des valeurs d'autorité.
00:54:08Mais en même temps, c'était quelqu'un
00:54:10d'extrêmement humaniste.
00:54:12Je crois que c'était aussi
00:54:14un soutien amical de sa part.
00:54:16On entend déjà
00:54:18quelques personnes sur les réseaux sociaux
00:54:20demander un hommage national
00:54:22pour Alain Delon.
00:54:24La décision reviendra au président de la République.
00:54:26Selon vous, ça semble une évidence
00:54:28de devoir avoir un moment où toute la nation
00:54:30va pouvoir rendre hommage de manière très officielle
00:54:32et républicaine à Alain Delon ?
00:54:34Je crois que c'était un de nos plus grands
00:54:36acteurs.
00:54:38C'était aussi
00:54:40un personnage.
00:54:42Il a incarné la France
00:54:44dans tous ses États.
00:54:46Si le président de la République
00:54:48décidait de lui rendre hommage,
00:54:50ça me paraîtrait une bonne nouvelle.
00:54:52Alain Delon était aussi quelqu'un
00:54:54de très fort caractère.
00:54:56Il n'est pas impossible
00:54:58qu'il ait laissé des instructions
00:55:00disant qu'il n'en voulait pas.
00:55:02Ça lui ressemblerait.
00:55:04On a parlé aussi de son sens de l'amitié.
00:55:06Valérie Pécresse, ce côté très fidèle
00:55:08en amitié, toujours là pour ses amis.
00:55:10Vous le disiez, vous le connaissiez depuis longtemps.
00:55:12Vous aussi, vous avez constaté à quel point
00:55:14c'était quelqu'un de solide pour ses proches
00:55:16et de présent toujours pour ceux qu'il aimait.
00:55:18Oui.
00:55:20Et dans son rapport aussi
00:55:22avec les femmes qu'il a aimées.
00:55:24Je l'avais entendu dire des choses
00:55:26extrêmement tendres
00:55:28sur Rémi, sur Mireille,
00:55:30sur ses enfants aussi.
00:55:32Je pense que
00:55:34c'est quelqu'un qui avait
00:55:36un sens de la tribu,
00:55:38de l'amitié
00:55:40et de l'affection qui dépassait
00:55:42évidemment
00:55:44les années, les séparations.
00:55:46Merci beaucoup
00:55:48Valérie Pécresse, présidente de la région
00:55:50merci d'avoir témoigné sur
00:55:52CNews. Je voudrais justement qu'on continue avec vous
00:55:54le tour de table. On parlait un peu
00:55:56de son enfance et il y avait aussi cette
00:55:58déclaration, toujours à Valérie Travailleur, assez
00:56:00presque violente. Alain Delon disait
00:56:02« L'un comme l'autre, en parlant de ses parents, était fier d'être le parent
00:56:04d'Alain Delon. D'un seul coup, il se souvenait qu'ils avaient
00:56:06un fils. Ma mère s'est mise à se faire appeler
00:56:08Madame Delon, alors que son nom de famille était
00:56:10Boulogne. Elle était devenue Groupie
00:56:12et non plus mère. » Ça aussi, ça doit être très
00:56:14violent pour un enfant qui est rejeté
00:56:16de devenir célèbre et de se dire « mes parents
00:56:18ne sont pas pour leur enfant que je suis
00:56:20mais même pour la star que je suis devenue. »
00:56:22C'est extrêmement violent
00:56:24mais je crois qu'il y avait
00:56:26eu un exemple précédent
00:56:28c'était celui de Johnny Hallyday
00:56:30où son père
00:56:32géniteur s'est réveillé
00:56:34évidemment au moment où Hallyday
00:56:36En mai 1964, lorsque Hallyday part faire
00:56:38son service militaire. Bien sûr.
00:56:40C'est affreux et
00:56:42cette
00:56:44joie dans la tristesse
00:56:46ou la mélancolie que vous évoquiez
00:56:48tout à l'heure, elle se comprend dans toute la vie
00:56:50d'Alain Delon et ce désir
00:56:52au travers le domaine
00:56:54qu'il avait à Douchy
00:56:56d'avoir toute sa famille avec lui
00:56:58mais pas uniquement sa famille, les chiens
00:57:00c'est important les chiens parce que les chiens
00:57:02c'est affectueux
00:57:04et il était entouré de chiens
00:57:06et il adorait ses chiens
00:57:08et d'ailleurs il est enterré avec ses chiens
00:57:10parce que là aussi c'est un manque
00:57:12d'affection et ce manque d'affection
00:57:14on ne peut pas le réaliser quand on
00:57:16est un simple fan et qu'on va
00:57:18au cinéma pour regarder Alain Delon dans un film
00:57:20on ne se rend pas compte que
00:57:22la personne qui est là et qui
00:57:24joue, elle est
00:57:26naturelle et qu'à l'intérieur
00:57:28elle souffre terriblement
00:57:30mais ça on ne le sait pas.
00:57:32Juste une petite différence que je voudrais ajouter
00:57:34je pense que contrairement à Alain Delon, Johnny Hallyday
00:57:36a vécu toute sa vie très entouré parce qu'il avait peur
00:57:38de la solitude et qu'Alain Delon a vécu toute sa vie seul
00:57:40parce qu'il aimait profondément la solitude
00:57:42c'est une solitude choisie, absolument
00:57:44complètement. On va continuer
00:57:46justement à rendre hommage
00:57:48à Alain Delon, nous sommes avec
00:57:50Philippe Labreau, merci beaucoup
00:57:52d'être avec nous, alors je voudrais qu'on voit
00:57:54d'abord dans un premier temps la
00:57:56réaction qui avait été faite de Philippe Labreau
00:57:58Adieu l'ami, la plus belle filmographie
00:58:00une personnalité incroyable
00:58:02et fascinante, sa beauté ne peut
00:58:04suffire pour expliquer l'exceptionnelle évolution
00:58:06de son talent, il était habité par la grâce, la star
00:58:08ultime, le samouraï, alors on va
00:58:10joindre Philippe Labreau, la liaison s'est rompue
00:58:12entre temps mais c'est vrai, on voit
00:58:14aussi toutes les personnalités
00:58:16qui lui rendent hommage, Fabien Lecoeuvre
00:58:18de milieux très différents, de générations
00:58:20très différentes mais qui toutes sortent
00:58:22les mêmes noms de films, le côté
00:58:24évidemment le guépard, le samouraï, le monument
00:58:26la légende, en tout cas il y a une
00:58:28unanimité sur les
00:58:30réactions parce qu'on se dit quel que soit
00:58:32son métier, sa condition, sa
00:58:34génération, il laisse les mêmes souvenirs
00:58:36pour tout le monde, c'est aussi ça parfois qui est assez beau
00:58:38Cerdan est dans des domaines très différents, que ce soit le cinéma
00:58:40la chanson, que ce soit l'art, moi je me
00:58:42souviens d'avoir eu un coup de fil un jour dans l'indolent
00:58:44parce qu'il voulait acheter dans une vente aux enchères
00:58:46dans laquelle j'intervenais, il voulait
00:58:48acheter les mains du boxeur
00:58:50Marcel Cerdan
00:58:52et donc il m'avait appelé pour savoir
00:58:54quel fondeur avait signé justement
00:58:56l'empreinte des mains de Marcel Cerdan
00:58:58une empreinte qui avait été prise avant 1949
00:59:00date du décès de Cerdan
00:59:02donc il a voulu avoir toutes les informations
00:59:04concernant ce bronze
00:59:06qui s'est vendu à la suite d'une succession
00:59:08sur Cerdan
00:59:10je lui avais expliqué tous les détails, etc
00:59:12qui avait signé l'oeuvre et tout ça
00:59:14et il a acheté cette oeuvre, il est resté anonyme par téléphone
00:59:16on savait que c'était un indolent évidemment
00:59:18mais pour pas être dans la salle, parce que sinon c'est lui qui faisait le spectacle
00:59:20dans la salle, évidemment
00:59:22mais il était un très grand fan de Marcel Cerdan
00:59:24quand il était adolescent, évidemment
00:59:26et donc il voulait absolument avoir cette main
00:59:28l'empreinte des mains de Cerdan
00:59:30qui était un des plus grands boxeurs
00:59:32C'est amusant parce que, si je me souviens bien
00:59:34il a donné l'hospitalité pendant un certain temps
00:59:36à Jean-Claude Boutier
00:59:38Oui, entre autres, bien sûr
00:59:40il était passionné de boxe, mais dans tous les domaines
00:59:42il faisait pas semblant, en fait Delon c'était un homme de vérité
00:59:44Oui, et quand il s'intéressait à quelque chose
00:59:46il s'intéressait vraiment, comme vous le disiez tout à l'heure Patrice
00:59:48sur l'art, c'est pas quelqu'un qui va acheter un tableau au hasard
00:59:50c'est quelqu'un qui se fait renseigner, qui a travaillé
00:59:52Il était passionné de sport, de boxe en l'occurrence
00:59:54il était passionné d'art, il était passionné
00:59:56de vin, d'armes
00:59:58il était passionné par tous les bronzes, évidemment
01:00:00il était passionné par son métier du cinéma
01:00:02mais passionné par la chanson, vous savez que sa chanson préférée
01:00:04c'était Mon Vieux de Daniel Guichard
01:00:06c'était la chanson préférée
01:00:08et c'est Norbert Sada qui m'a donné l'information
01:00:10il y a 15 jours
01:00:12pour me dire que ça c'est la chanson
01:00:14qui pouvait se passer 10 fois par jour
01:00:16Mon Vieux de Daniel Guichard
01:00:18mais si vous écoutez le texte de Mon Vieux de Daniel Guichard
01:00:20qui n'est pas une chanson de Daniel Guichard
01:00:22J'en ferai un, mais entre autres
01:00:24ils sont trois
01:00:26et en fait, en même temps
01:00:28c'est un peu l'histoire
01:00:30aussi, avec les liens qu'il pouvait avoir
01:00:32ou pas avec son père
01:00:34Il est midi, bienvenue si vous nous rejoignez
01:00:36sur CNews, on est dans le Midi News
01:00:38émission évidemment intégralement consacrée à la disparition
01:00:40d'Alain Delon
01:00:42on va continuer d'en discuter avec mes invités
01:00:44on joindra Philippe Labreau, mais d'abord on fait le point
01:00:46sur la si belle et si longue carrière d'Alain Delon
01:00:48avec Viviane Hervier
01:00:50César a tout réussi
01:00:52tout conquis
01:00:54tu t'inquiètes pas
01:00:56on se braille
01:01:00je ne dois rien à personne
01:01:02ni à Rocco, ni à ses frères
01:01:04ni au clan des Siciliens
01:01:08César
01:01:10est de la race des seigneurs
01:01:12d'ailleurs le César
01:01:14du meilleur empereur a été décerné à César
01:01:20avez-moi
01:01:22Lorsqu'il tourne en 2008 Astérix aux Jeux Olympiques
01:01:24cela fait près de 10 ans
01:01:26qu'Alain Delon est resté éloigné des plateaux de cinéma
01:01:28l'autodérision dont il fait preuve
01:01:30dans son interprétation de Jules César
01:01:32sera saluée par le public
01:01:34d'une certaine façon la star tord le cou
01:01:36à cette image d'acteur mégalo
01:01:38prétentieux et imbu de sa personne
01:01:40qui lui colle à la peau
01:01:42il faut dire qu'Alain Delon a joué avec les plus grands réalisateurs
01:01:44et les plus grands interprètes du cinéma français
01:01:46et international
01:01:48j'ai une grande nostalgie des acteurs
01:01:50parce que d'abord il y en a beaucoup
01:01:52qui m'ont donné quelque chose
01:01:54et m'ont fait sûrement ce que j'ai été
01:01:56les années qui ont suivi
01:01:58et ce que je suis encore aujourd'hui
01:02:00donc ces acteurs là je ne peux pas les oublier
01:02:02comme ces metteurs en scène là je ne peux pas les oublier
01:02:04ça fait partie de ma vie
01:02:06doté d'une beauté renversante
01:02:08d'un charisme quasi animal
01:02:10le succès sera presque immédiat
01:02:12j'aurai confiance
01:02:14j'aurai plus peur
01:02:16j'aurai vraiment confiance
01:02:18pourtant Alain Delon est entré dans le cinéma par effraction
01:02:20il n'a jamais pris de cours
01:02:22son enfance se décline sur fond de parents divorcés
01:02:24de familles d'accueil
01:02:26et d'institutions d'où il sera systématiquement envoyé
01:02:28après un CAP de charcutier
01:02:30il s'engage dans la marine
01:02:32au moment de la guerre d'Indochine
01:02:34de retour à la vie civile
01:02:36il enchaîne les petits boulots
01:02:38ses rencontres amoureuses vont changer son destin
01:02:40des femmes mais aussi Jean-Claude Brialy
01:02:42qui l'emmène à Cannes
01:02:44Yves Allégret sera le premier réalisateur
01:02:46à lui donner sa chance
01:02:48dans plein soleil
01:02:50lui offre son premier grand rôle
01:02:52avec Luquino Visconti
01:02:54il tourne Rocco et ses frères
01:02:56puis Le Guépard, Palme d'Or à Cannes en 1963
01:02:58je n'ai jamais autant marché de ma vie
01:03:00la marche de nuit vers Gibilros
01:03:02une tête de mule
01:03:04Alain Delon a 28 ans
01:03:06vont suivre
01:03:08Mélodie en sous-sol d'Henri Verneuil
01:03:10qui marque sa rencontre avec Jean Gamin
01:03:12son modèle dans le métier
01:03:14les films vont s'enchaîner
01:03:16le samouraï, la piscine
01:03:18le clan des Siciliens, trois hommes à abattre
01:03:20Monsieur Klein, la veuve Coderre, les granges brûlées
01:03:22paroles de flics pour ne citer
01:03:24que les plus célèbres
01:03:30côté vie privée
01:03:32l'acteur le reconnaît, il aime les femmes
01:03:34j'aime les femmes
01:03:36assez grandes
01:03:38belles de toute façon et si possible intelligentes
01:03:40les femmes de sa vie
01:03:42Romy Schneider avec qui il formera
01:03:44un couple mythique à l'écran comme à la ville
01:03:46ou encore Mireille Dark avec qui
01:03:48il restera 15 ans
01:03:50Alain Delon était entré de son vivant dans la légende
01:03:52du cinéma français
01:03:54sa carrière et sa longévité lui confèrent
01:03:56à tout jamais une place à part
01:03:58au firmament des étoiles
01:04:02Voilà pour la tentative évidemment de résumer
01:04:04une si grande carrière en si peu de temps
01:04:06je vous le disais on est en ligne avec
01:04:08Philippe Labreau, bonjour et merci beaucoup
01:04:10d'être disponible pour
01:04:12C'est ce qu'on dit depuis tout à l'heure
01:04:14c'est une tristesse immense
01:04:16et on le voit aussi
01:04:18une grande partie des personnes qui ont été
01:04:20interrogées qui tous connaissent Alain Delon
01:04:22et qui tous ressentent de la tristesse
01:04:24et là aussi on voit à quel point
01:04:26quand un monstre sacré s'en va
01:04:28tout un pays est forcément touché
01:04:30Bien entendu
01:04:32puisque tout ce pays
01:04:34je crois que c'est quelqu'un d'entre vous
01:04:36qui a noté le nombre de gens
01:04:38qui ont regardé ses films
01:04:40plus de 100 millions
01:04:42tout un pays donc
01:04:44se retrouve face à
01:04:46un destin, une légende
01:04:48et une carrière
01:04:50exceptionnelle, mais non seulement la carrière
01:04:52vous avez eu raison tous autour de
01:04:54votre table ce matin
01:04:56de signaler, de souligner
01:04:58la diversité
01:05:00de cet homme, sa curiosité
01:05:02son goût de l'art
01:05:04ses choix, sa capacité
01:05:06d'aller chercher des
01:05:08conversations et des fréquentations
01:05:10autres que celles du cinéma
01:05:12en particulier sa vénération
01:05:14pour Jacques de Gaulle, il essaie d'en acheter
01:05:16l'appel du 18 juin
01:05:18il est à la fois
01:05:20un grand comédien bien sûr
01:05:22et en même temps un homme public
01:05:24il est dans la vie publique
01:05:26et en effet
01:05:28il se
01:05:30targue de parler de boxe
01:05:32autant que de bronze
01:05:34de cinéma
01:05:36autant que de littérature
01:05:38cet autodidacte
01:05:40est en fait très cultivé, très intelligent
01:05:42et surtout curieux
01:05:44de tout, curieux des autres
01:05:46alors bien sûr on l'a accusé
01:05:48de solitude, d'arrogance, de ce que vous voulez
01:05:50en réalité
01:05:52il aimait la vie, il aimait les gens
01:05:54et même s'il a eu une vie
01:05:56difficile, malheureuse
01:05:58celle d'un abandonné, celle d'un mal aimé
01:06:00car il était un mal aimé
01:06:02le mal aimé est devenu grâce à ce
01:06:04manque d'amour et ce manque d'affection
01:06:06un homme capable d'incarner tous les rôles
01:06:08et je livrais
01:06:10avant il y a quelques minutes votre réaction
01:06:12vous disiez aussi sa beauté ne peut suffire
01:06:14pour expliquer l'exceptionnelle évolution de son talent
01:06:16parce qu'on a beaucoup dit que
01:06:18Alain Delon évidemment ce sont ses photos magnifiques
01:06:20c'est un bel homme mais lui
01:06:22comme ceux qui l'aiment justement ne veulent
01:06:24évidemment pas qu'on réduise
01:06:26Alain Delon à ce visage
01:06:28évidemment qui est inoubliable et on le disait
01:06:30qui était si photo et télégénique
01:06:32oui tout à fait bien sûr
01:06:34ça ne suffit pas la ciné génique
01:06:36bien sûr effectivement
01:06:38il a la beauté, la beauté absolue
01:06:40il a ce qu'on appelle la grâce
01:06:42et ça c'est un don, ça vient d'ailleurs
01:06:44il n'y est pour rien mais
01:06:46on ne peut pas se limiter à ça, c'est trop facile
01:06:48il faut s'arrêter et réfléchir
01:06:50à son travail
01:06:52sa capacité d'incarner des rôles
01:06:54très différents, ses choix
01:06:56aussi bien les siens que ceux
01:06:58qui vont le chercher c'est à dire
01:07:00scénariste et émetteur en scène
01:07:02il se trompe rarement
01:07:04alors évidemment il a tourné beaucoup de films
01:07:06certains ne sont pas non plus des chefs d'oeuvre
01:07:08ce n'est pas la question
01:07:10c'est comme les grands écrivains
01:07:12il faut se souvenir des quelques 10 ou 15
01:07:14grands romans qu'ils ont écrits
01:07:16et là Delon il y a au moins 10 à 15 films
01:07:18qui demeurent et qui prouvent
01:07:20effectivement sa capacité
01:07:22d'incarner presque tous les personnages
01:07:24en plus je pense qu'il faut
01:07:26retenir ses choix
01:07:28intelligent et même courageux
01:07:30c'est lui qui va chercher l'osé
01:07:32c'est lui qui achète les droits de monsieur Klein
01:07:34qui est un film majeur et très important
01:07:36ça veut dire que Alain
01:07:38contrairement à ce qu'on croit
01:07:40n'est pas du tout un militant d'extrême droite
01:07:42au contraire il va chercher des personnages
01:07:44et des rôles qui parlent de
01:07:46l'antisémitisme, parlent de la Shoah
01:07:48donc c'est très très intéressant de voir
01:07:50à quel point
01:07:52la diversité de ses choix
01:07:54et son intelligence
01:07:56d'un autodidacte qui en fait a tout appris
01:07:58et tout compris fabrique
01:08:00un destin et un personnage
01:08:02en effet exceptionnel
01:08:04un personnage de roman sauf que c'est pas un roman
01:08:06c'est pas un roman, c'est sa vie
01:08:08mais sa vie est un roman
01:08:10Merci beaucoup Philippe Labreau d'avoir été
01:08:12avec nous en direct sur CNews
01:08:14vous voyez également les images en direct
01:08:16de Douchy, c'est l'endroit où
01:08:18Alain Delon vivait, l'endroit aussi
01:08:20où il s'est éteint
01:08:22alors je voudrais qu'on réécoute justement
01:08:24Alain Delon parce qu'il avait été l'invité de Pascal Praud
01:08:26en 2019, une émission spéciale
01:08:28qui lui était consacrée
01:08:30il avait justifié pourquoi il avait
01:08:32choisi de faire cette émission, écoutez vous allez voir
01:08:34non seulement la fidélité mais aussi la grande sensibilité
01:08:36d'Alain Delon
01:08:38Pourquoi je suis là aujourd'hui moi ?
01:08:40Parce que je vous l'ai demandé
01:08:42Parce que je vous ai appelé
01:08:44de nombreuses fois
01:08:46C'est pas tout à fait ça, je voulais simplement vous dire
01:08:48que je suis là aujourd'hui pour vous et pour vous
01:08:50tout seul et avant Cannes
01:08:52Je vous ai bien dit, je ne verrai personne
01:08:54et personne ne me verra avant Cannes que vous
01:08:56Pourquoi ?
01:08:58Parce qu'il y a quelques années, j'ai beaucoup souffert
01:09:00d'une situation délicate où les gens étaient
01:09:02terribles avec moi
01:09:04et il y a un monsieur qui s'est dressé que je ne connaissais pas
01:09:06et que je ne connais toujours pas, je le vois ce soir pour la première fois
01:09:08c'est Pascal Praud
01:09:10il s'est mis à hurler
01:09:12on ne touche pas Alain Delon
01:09:14ça m'a bouleversé
01:09:16je lui ai dit mais qui c'est celui-là ?
01:09:18on s'est parlé au téléphone depuis mais c'est la première fois
01:09:20disons-le aux gens qui nous regardent
01:09:22c'est la première fois qu'on se rencontre Pascal
01:09:24à cause de ça
01:09:26et je voulais vous le dire
01:09:28merci
01:09:30parce que souvent dans ma vie on m'a attaqué
01:09:32on m'a fait beaucoup de choses mais personne
01:09:34n'a fait comme vous en disant on ne fait pas ça
01:09:36on ne dit pas ça à cet homme-là
01:09:38pourquoi ? C'est vous, merci Pascal
01:09:42Cet extrait je le trouve absolument incroyable
01:09:44et je vous rappelle qu'à 14h vous retrouverez sur CNews
01:09:46l'intégralité de cette émission
01:09:48exceptionnelle quand Pascal Praud
01:09:50avait reçu Alain Delon
01:09:52on n'arrête pas de dire qu'Alain Delon
01:09:54était une star internationale
01:09:56quelqu'un qui était aimé de tous
01:09:58qui avait une carrière incomparable
01:10:00il est attaqué, il voit Pascal Praud
01:10:02qui le soutient et il se dit
01:10:04je vais y aller, j'ai envie d'y aller
01:10:06j'ai envie de le rencontrer et on voit l'émotion avec laquelle
01:10:08il le fait et on se dit là on sent la sincérité
01:10:10quand vous êtes une si grande star
01:10:12vous êtes finalement resté très simple
01:10:14en fait
01:10:16quand on est une grande star comme ça
01:10:18je suppose qu'on doit être très seul
01:10:20quand on est dans son lit, sous sa douche
01:10:22et qu'on réfléchit
01:10:24et qu'on se dit mais finalement
01:10:26un tel ou une telle
01:10:28est-ce qu'il ou elle m'aime pour moi
01:10:30bien sûr
01:10:32ou pour ce que je représente
01:10:34et là on a l'exemple frappant de quelqu'un
01:10:36d'une sensibilité gigantesque
01:10:38et
01:10:40au-delà de la prétention
01:10:42dont certains l'affubent
01:10:44qui a tenu
01:10:46à dire
01:10:48à Pascal Praud
01:10:50je vous aime pour ça
01:10:52et c'est gigantesque
01:10:54parce que Pascal, il a beau être très connu
01:10:56c'est pas une star comme
01:10:58Alain Delon
01:11:00et le fait qu'Alain Delon
01:11:02soit là pendant ces quelques secondes
01:11:04un homme tout simple
01:11:06qui raconte
01:11:08et qui dit on m'a fait du mal
01:11:10c'est pas facile de dire on m'a fait du mal
01:11:12c'est pas facile de reconnaître qu'on est atteint
01:11:14par les attaques
01:11:16certaines stars vous diront que ça ne les touche pas
01:11:18et qu'elles sont au-dessus de ça
01:11:20et dans une autre émission
01:11:22je crois qu'il disait à un moment donné
01:11:24ce n'est pas de ma faute si j'ai été aimé
01:11:26mais c'est assez extraordinaire
01:11:28et bien si c'est de votre faute
01:11:30parce que vous le valez bien
01:11:32je pense qu'en même temps Alain Delon et Pascal Praud
01:11:34dans des domaines totalement différents
01:11:36ont quand même un point commun, ce sont deux hommes de vérité
01:11:38et ça c'est important
01:11:40je pense que Delon a reconnu ça en Pascal Praud
01:11:42et réciproquement j'imagine
01:11:44et ça c'est important de le dire, c'est une vérité aujourd'hui
01:11:46qui est difficile à concevoir parfois
01:11:48et à dire
01:11:50que ce soit un Delon ou un Pascal Praud dans des domaines différents
01:11:52je pense qu'ils disent
01:11:54ce que beaucoup de gens pensent tout bas
01:11:56ce qu'on ne peut plus forcément dire aujourd'hui
01:11:58ils sont profondément humains
01:12:00on a besoin de gens humains, on a besoin de gens qu'on n'aime pas
01:12:02on préfère qu'ils soient vrais
01:12:04on a besoin de gens qu'on adore
01:12:06qui nous agacent parfois mais qu'on aime ensuite de nouveau
01:12:08il n'y a rien de pire que le beige, ce qu'il y a au milieu
01:12:10moi je vais vous donner une anecdote qui est intéressante
01:12:12c'est Patrice Lecomte, le grand réalisateur Patrice Lecomte
01:12:14au début de l'année 2000
01:12:16réalise un film qui réunit Alain Delon, Jean-Paul Belmondo
01:12:18et Vanessa Paradis, ça fait une chance sur deux
01:12:20et le film ne marche pas, le film n'est pas très bon
01:12:22et qu'est-ce qu'il dit Patrice Lecomte dans ses mémoires
01:12:24il dit, Belmondo c'était très sympa
01:12:26tous les jours, on souriait
01:12:28et puis il ne m'a pas rappelé après
01:12:30Delon il m'a appelé toutes les semaines pour savoir si j'allais bien
01:12:32il m'a dit, est-ce que tu te remets, est-ce que tu te remets
01:12:34c'est incroyable, personne ne fait ça
01:12:36Alain Delon était un homme de parole
01:12:38et une chose qu'il faut rajouter qu'on n'a pas précisé
01:12:40c'était un homme qui avait un sens du cadre
01:12:42comme aucun acteur n'avait, les réalisateurs disaient
01:12:44il savait, il faut expliquer aux téléspectateurs
01:12:46il savait exactement où se placer dans une pièce
01:12:48pour que sur l'écran on fasse
01:12:50c'est-à-dire que Delon
01:12:52il était génial, même dans les mauvais films
01:12:54je voudrais qu'on rejoigne Baptiste Vignole
01:12:56qui est en ligne avec nous
01:12:58vous êtes auteur du livre Alain Delon
01:13:00le dernier guépard aux éditions Groon
01:13:02alors évidemment on a beaucoup déjà parlé
01:13:04de la carrière d'Alain Delon
01:13:06de ses films, de son caractère
01:13:08vous qui vous êtes plongé dans toute sa vie
01:13:10si vous deviez retenir
01:13:12un moment, un trait de caractère
01:13:14qu'est-ce qui selon vous incarne le plus Alain Delon ?
01:13:16Bonjour
01:13:18vous parliez à l'instant de la sensibilité
01:13:20d'Alain Delon, je crois qu'il a vécu, qu'il a joué
01:13:22qu'il a été avec
01:13:24en portant une sensibilité
01:13:26aiguisée comme un couteau
01:13:28c'était un homme
01:13:30à fleurs de peau
01:13:34qui s'armait d'une carapace
01:13:36Alain Delonienne
01:13:38mais qui
01:13:40était d'une gentillesse
01:13:42j'en ai été le témoin
01:13:44et d'une droiture et d'une élégance exceptionnelle
01:13:46On a dit
01:13:48aussi beaucoup que c'était l'un
01:13:50des plus grands acteurs français
01:13:52et sans doute le dernier monstre sacré
01:13:54du cinéma qui nous restait
01:13:56Vous mentionnez aussi à raison Gérard Depardieu
01:13:58est-ce que justement vous diriez
01:14:00vous aussi que des carrières
01:14:02des renommées aussi, ça va avec tel qu'Alain Delon
01:14:04aujourd'hui on n'arrive plus finalement
01:14:06à en créer ?
01:14:08C'était une
01:14:10une star
01:14:12planétaire
01:14:14on ne l'a pas mesurée en France
01:14:16tout comme on ne l'a pas mesurée
01:14:18pour Charles Aznavour
01:14:20ils ont fait des carrières
01:14:22absolument internationales
01:14:24ils ont été vénérés
01:14:26leurs talents ont été reconnus
01:14:28et fêtés
01:14:30songez qu'il y a
01:14:32un mois de cela
01:14:34ou deux, la dernière
01:14:36grande cinémathèque de New York
01:14:38lui rendait un hommage
01:14:40en projetant une vingtaine de ses films
01:14:42pendant six semaines
01:14:44il a une filmographie
01:14:46exceptionnelle et ce qui est étonnant
01:14:48c'est qu'il l'a dit, il l'a répété
01:14:50on le sait, il n'était pas
01:14:52prédestiné à Sordes
01:14:54sa vie a été, disait-il
01:14:56un accident
01:14:58mais je voyais
01:15:00tout à l'heure un extrait du Guépard
01:15:02et je me disais, mon Dieu, quand il joue le Guépard
01:15:04il a 25 ans
01:15:06et deux ans auparavant
01:15:08il avait 23 ans et jouait dans plein soleil
01:15:10puis après Rocco et ses frères
01:15:14et de 22 ans
01:15:16de 1961 à
01:15:181976
01:15:20date de ce qui est sûrement
01:15:22son dernier immense chef-d'oeuvre
01:15:24son année classique, comme il aimait employer le mot
01:15:26Monsieur Klein
01:15:28de plein soleil à Monsieur Klein
01:15:30en 15 ans, il aura tout fait
01:15:32tout joué, comme personne
01:15:34en France et probablement en Europe
01:15:36ne l'avait jamais fait
01:15:38avec une sobriété dans son jeu
01:15:40un sens du cadre, comme le disait
01:15:42Monsieur Valentin à l'instant
01:15:44un regard, Clément
01:15:46lui disait, tout est dans ton regard
01:15:48ce qui est passionnant
01:15:50quand on regarde les films d'Alain Delon
01:15:52c'est de l'observer lui
01:15:54d'observer la sobriété de son jeu
01:15:56et d'observer la finesse
01:15:58et son regard qui était bleu laser
01:16:00alors que
01:16:02on parle beaucoup de Jean-Paul Belmondo
01:16:04et à juste titre
01:16:06le jeu de Belmondo était complètement différent
01:16:08c'était du boum-bada-boum
01:16:10remarquablement réalisé
01:16:12mais voilà deux jeux aux antipodes
01:16:14et ils ont été l'un et l'autre
01:16:16des grands stars du cinéma pendant 20 ans
01:16:18On va regarder dans un instant un reportage
01:16:20qui est consacré à ce sujet
01:16:22mais parce que ce qu'a dit aussi beaucoup Alain Delon
01:16:24c'est que sa carrière, il la devait
01:16:26à des femmes, et effectivement
01:16:28les femmes dans la carrière et dans la vie
01:16:30d'Alain Delon, c'est absolument central
01:16:32que ce soit dans sa vie personnelle ou professionnelle
01:16:34Tout jeune
01:16:36il forme avec
01:16:38Romy Schneider
01:16:40à la fin des années 50, en 59-60
01:16:42ce qu'on appelle alors les petits fiancés
01:16:44de l'Europe
01:16:46c'est d'ailleurs ce qui le fait connaître
01:16:48ce qui le popularise à l'échelle européenne
01:16:50Romy Schneider a
01:16:52probablement été
01:16:54l'amour de sa vie
01:16:56quand j'ai
01:16:58écrit
01:17:00quand est sorti mon livre
01:17:02Le Dernier Guépard, un jour mon téléphone sonne
01:17:04c'était Alain Delon au bout du fil, je peux vous dire que ça fait drôle
01:17:06et il m'appelait
01:17:08simplement pour me remercier
01:17:10par chance pour moi
01:17:12j'étais dans une pièce avec une personne
01:17:14j'ai mis le haut-parleur et la personne qui était en face de moi
01:17:16à enregistrer notre conversation
01:17:18et puis il m'a appelé une deuxième fois et puis une troisième fois
01:17:20donc j'ai 4 ou 5 témoignages
01:17:22de cette élégance d'Alain Delon
01:17:24et il m'avait dit
01:17:26il m'avait rappelé
01:17:28la troisième ou la quatrième fois c'était pour me dire
01:17:30Allo, Baptiste, c'est Alain Delon
01:17:32je vous emmerde hein
01:17:34et il m'avait dit
01:17:36je voulais simplement vous dire que je regrette
01:17:38que Romy et Mireille ne soient plus là
01:17:40pour voir ce livre
01:17:42c'était aussi ça Alain Delon, quelqu'un à fleurs de peau
01:17:44qui n'hésitait pas à dire merci
01:17:46à des inconnus, je ne suis personne
01:17:48il ne me connaissait pas
01:17:50mais il a pris la peine
01:17:52de décrocher son téléphone
01:17:54et de m'appeler et puis de me rappeler
01:17:56après et puis il était
01:17:58très attachant, très drôle
01:18:00ouais
01:18:02c'est
01:18:04pas le personnage qu'on imagine
01:18:06Merci beaucoup en tout cas Baptiste
01:18:08Vignole de nous avoir éclairé justement
01:18:10sur le personnage, sur celui qui était vraiment Alain Delon
01:18:12je rappelle votre livre
01:18:14Alain Delon, le dernier guépard aux éditions Grunes
01:18:16je le disais justement avec Baptiste
01:18:18Vignole, les femmes ont été absolument centrales
01:18:20dans la vie d'Alain Delon
01:18:22justement, regardez un petit peu à la fois
01:18:24ce qu'il en disait, le rôle qu'elles ont eu avec Viviane Hervier
01:18:28Tout ce que je suis aujourd'hui
01:18:30tout ce que j'ai fait, tout ce que j'ai entrepris
01:18:32je l'ai fait pour les femmes
01:18:34je n'étais pas prédestiné à faire ce métier
01:18:36et une femme m'a aimé
01:18:38elle m'a dit il faut que tu fasses ce film
01:18:40je dis je n'en ai pas envie mais si tu me le demandes
01:18:42pour te faire plaisir parce que je t'aime
01:18:44je vais faire l'acteur et je suis devenu acteur par amour
01:18:46Et ce premier film sorti en 1957
01:18:48porte un titre prédestiné
01:18:50Quand la femme s'en mêle
01:18:52d'Yves Allégret
01:18:54C'est vrai que vous êtes la daphylo de maman ?
01:18:56Romy Schneider sera son premier grand amour
01:18:58il se rencontre en 1958
01:19:00sur le tournage du film Christine
01:19:02J'ai une vie si compliquée
01:19:04Leur idée, il va durer 5 ans
01:19:06même après leur séparation
01:19:08ils vont former à l'écran
01:19:10un couple mythique
01:19:12Alain Delon le reconnaissait
01:19:14il aimait les femmes
01:19:16J'aime les femmes
01:19:18assez grandes
01:19:20belles de toute façon
01:19:22et si possible intelligentes
01:19:24Nathalie Delon est la seule à avoir épousé l'acteur
01:19:26ensemble ils auront un fils
01:19:28Anthony qui suivra plus tard
01:19:30les traces de son père au cinéma
01:19:32Le couple divorce
01:19:34Alain Delon a rencontré Mireille Dark
01:19:36sur le tournage du film Jeff
01:19:40Mireille Dark va partager la vie d'Alain Delon
01:19:42pendant 15 ans
01:19:44ils vont vivre un amour fusionnel
01:19:46qui après leur séparation va se muer
01:19:48en amitié complice et indéfectible
01:19:50On a un grand projet en commun
01:19:52c'est de vivre le plus longtemps possible tous les deux
01:19:54et de se voir le plus longtemps possible
01:19:56le plus souvent possible
01:19:58Avec Rosalie Van Bremen
01:20:00mannequin néerlandais rencontrée en 1987
01:20:02Alain Delon a deux enfants
01:20:04Anoushka et Alain Fabien
01:20:06l'acteur partage avec sa fille
01:20:08la même passion pour le cinéma
01:20:10c'est avec elle qu'auront lieu
01:20:12ses dernières apparitions publiques
01:20:14il a eu à coeur de lui transmettre le flambeau
01:20:16avant de quitter définitivement la scène
01:20:24On voit le rôle des femmes dans sa vie
01:20:26il devient acteur par amour
01:20:28c'est une histoire d'amour qui a aussi marqué le public
01:20:30on a parlé des plus connues
01:20:32il y a beaucoup de femmes de l'ombre
01:20:34il y en a une très connue qui est Anne Parisot
01:20:36entre autres bien sûr
01:20:38et puis je pense à Brigitte Auger la première
01:20:40qui lui a donné sa chance au cinéma
01:20:42et on voit effectivement l'importance
01:20:44et ce côté toujours très sensible et très amoureux
01:20:46parce que chacune des histoires
01:20:48on a l'impression qu'à chaque fois
01:20:50c'est l'amour de sa vie
01:20:52c'est la rencontre de sa vie
01:20:54ça chamboule sa vie
01:20:56c'est ce qu'il dit en tout cas
01:20:58il est passionné partout
01:21:00dans l'art, le cinéma, la chanson, le sport
01:21:02les femmes aussi ça le passionne
01:21:04et quand il rencontre une d'un seul coup
01:21:06qui arrive au bon moment dans son existence
01:21:08je pense qu'il partage tout
01:21:10avec beaucoup de passion
01:21:12beaucoup de fougue
01:21:14c'est un seigneur quelque part
01:21:16Alain Delon, ça reste un seigneur
01:21:18et il les hypnotise
01:21:20chercher sur Google cette photo géniale
01:21:22où il y a Mick Jagger, Marianne Fessoul et Alain Delon
01:21:24Mick Jagger hélicope ça tout seul
01:21:26il attend que ça se passe
01:21:28c'est douleur dans l'histoire
01:21:30il a raison Mathieu Alterman
01:21:32c'est-à-dire qu'il est fascinant
01:21:34c'est-à-dire qu'il rentrait dans un restaurant
01:21:36on l'a croisé souvent dans Paris
01:21:38il rentre dans une salle
01:21:40vous n'entendez plus les fourchettes et les couteaux dans un restaurant
01:21:42c'est-à-dire que d'un seul coup c'est Alain Delon
01:21:44il a ce côté félin
01:21:46c'était vrai aussi dans Johnny Hallyday
01:21:48où vous avez l'impression que le monde
01:21:50s'arrête en permanence
01:21:52c'est des gens qui sont des félins
01:21:54ils arrivent comme ça
01:21:56ils sont fascinants pour des millions de gens
01:21:58et il avait ce charisme-là
01:22:00c'est un charisme au-delà d'un talent
01:22:02c'est une magie, ce qu'a dit Philippe Labreau
01:22:04très justement aussi
01:22:06c'est-à-dire que ce sont des êtres à part
01:22:08qui ont eu des carrières à part
01:22:10qui ont eu des destins
01:22:12indiscutablement
01:22:14et voilà, je pense qu'il y en aura très peu
01:22:16et aujourd'hui pour refaire une carrière
01:22:18à Alain Delon, c'est très compliqué
01:22:20c'est impossible
01:22:22c'est impossible pour une raison, c'est qu'il n'y a plus
01:22:24les réalisateurs aussi géniaux
01:22:26qu'Alain Delon
01:22:28le monde du cinéma n'est plus le même
01:22:30le drame c'est qu'il a vu les plus grands réalisateurs
01:22:32disparaître
01:22:34donc passer de Jean-Pierre Melville
01:22:36à José Piniro, j'ai rien contre José Piniro
01:22:38mais il n'est pas Jean-Pierre Melville, c'est tout le problème
01:22:40Patrice Arditi voulait y réagir justement
01:22:42il ne faut pas être méchant
01:22:44c'est une hiérarchisation
01:22:46c'est factuel
01:22:48il y a des réalisateurs
01:22:50qui vont encore plus
01:22:52se révéler
01:22:54moi ce que je voudrais dire c'est que
01:22:56Alain Delon, il a marqué par
01:22:58le charisme qu'on évoquait
01:23:00il y a un instant, mais à la différence
01:23:02de certaines personnes
01:23:04je crois que malgré tout
01:23:06ce qu'on peut dire, il surjouait
01:23:08également, lorsqu'il rentrait dans un restaurant
01:23:10je l'ai vu, lorsqu'il rentrait dans un restaurant
01:23:12c'était
01:23:14alors il n'arrivait pas comme César
01:23:16il savait
01:23:18il connaissait
01:23:20l'effet qu'il allait produire
01:23:22et s'il voulait
01:23:24jouer le humble
01:23:26il le faisait, mais comme un acteur
01:23:28alors qu'effectivement
01:23:30Belmondo aurait fait plus de bruit
01:23:32et Johnny Hallyday, quoique
01:23:34on l'a vu également
01:23:36très humble dans un milieu
01:23:38populaire, parce que justement
01:23:40il ne voulait pas jouer avec ça
01:23:42je voudrais justement qu'on rejoigne Christian Proutot
01:23:44Bonjour Christian, vous êtes fondateur du GIGN
01:23:46les téléspectateurs de CNews vous connaissent bien
01:23:48et alors on a parlé
01:23:50de nombreuses passions d'Alain Delon
01:23:52et alors Alain Delon aimait beaucoup
01:23:54le GIGN, Christian est-ce que vous avez des anecdotes
01:23:56à nous raconter ?
01:24:00Bonjour et puis
01:24:02en ce moment triste, parce que quand
01:24:04quelqu'un part, c'est toujours triste
01:24:06mais surtout Alain que
01:24:08j'ai eu le privilège de rencontrer
01:24:10à plusieurs reprises, qui étaient très proches
01:24:12du GIGN et avec lesquels
01:24:14nous étions, comme cela est possible
01:24:16avec des grandes figures
01:24:18comme lui, nous étions proches
01:24:20chaque fois qu'il se passait quelque chose au groupe
01:24:22il voulait, il m'appelait
01:24:24d'ailleurs c'était assez surprenant
01:24:26il m'appelait mon général, je ne sais pas pourquoi
01:24:28mais bon, c'était quelque chose qui lui
01:24:30venait bien
01:24:32et il venait au groupe
01:24:34pour chaque événement, et quand il y a eu Marignane
01:24:36comme vous le savez, l'opération
01:24:38sur l'avion en 1994
01:24:40il m'a appelé
01:24:42il m'a dit, je voudrais rendre hommage
01:24:44aux garçons qui ont été blessés
01:24:46et donc je l'ai
01:24:48nous sommes allés ensemble
01:24:50à l'hôpital, voir tous les garçons du GIGN
01:24:52qui avaient été blessés
01:24:54il avait organisé un petit
01:24:56apéritif, donc c'était très sympa
01:24:58pour vous dire à quel point
01:25:00il avait eu un certain
01:25:02attachement, et on le sait
01:25:04quand on connait son histoire
01:25:06et ce qu'il a fait autour de la lettre
01:25:08de De Gaulle qu'il avait acheté
01:25:10pour la fondation
01:25:12mais il avait pour les hommes d'armes
01:25:14pour les militaires, pour ceux
01:25:16qui donnaient
01:25:18leur vie pour le pays
01:25:20un tel attachement
01:25:22que tous ses liens avec le GIGN
01:25:24étaient vraiment
01:25:26profonds, sincères
01:25:28et l'exemple que je vous donnais sur
01:25:30sa visite aux blessés
01:25:32de Marignane, en est un exemple
01:25:34Christian Proutot, ce qu'on dit beaucoup
01:25:36depuis le début de cette émission et depuis
01:25:38la matinée plus largement sur CNews
01:25:40et ce qui revient souvent c'est effectivement
01:25:42un homme de valeur, un homme sincère
01:25:44c'est-à-dire que quand il vient vous rendre visite
01:25:46au GIGN, il le fait non pas
01:25:48parce qu'il veut attirer des caméras et récupérer
01:25:50la lumière sur lui, mais il le fait
01:25:52parce qu'il est sincèrement engagé
01:25:54il se reconnaît dans les valeurs du GIGN
01:25:56et donc il a envie finalement de pouvoir
01:25:58vous aider ou de passer un moment avec vous tout simplement
01:26:00Oui tout à fait
01:26:02je crois que tous les rôles qu'il a joués
01:26:04il les a joués sincèrement
01:26:06avec ce côté qu'ont
01:26:08les artistes bien évidemment
01:26:10qu'ils jouent, comme on dit nous
01:26:12les enfants, pour de faux
01:26:14c'est un peu la même chose avec
01:26:16Bébel qui est
01:26:18également un ami sincère
01:26:20du GIGN et Alain
01:26:22chaque fois qu'il est venu, il est venu par exemple
01:26:24il a fait l'honneur au GIGN
01:26:26parce qu'après tout c'est bien sûr
01:26:28quelqu'un qui honorait les soldats
01:26:30mais dont la carrière
01:26:32faisait que nous aussi nous étions
01:26:34honorés d'être son ami
01:26:36et quand il y a eu les 30 ans parachutistes du GIGN
01:26:38il m'a appelé, il m'a dit
01:26:40Christian je veux absolument venir
01:26:42je serai dans un petit coin
01:26:44et il est venu et
01:26:46beaucoup de garçons du groupe étaient ravis de le voir
01:26:48et se sont fait prendre en photo
01:26:50avec ce grand monsieur
01:26:52qui était, je le dis vraiment
01:26:54il le faisait pas pour être vu
01:26:56il le faisait parce qu'il
01:26:58admirait ses gens
01:27:00peu de gens connaissent
01:27:02Alain Delon, bien sûr il y a ce
01:27:04côté people
01:27:06qui est à la fois parfois
01:27:08pas forcément
01:27:10toujours simple avec lui
01:27:12on avait ce sentiment un peu
01:27:14qu'il parlait de lui
01:27:16je le dis pour l'avoir vécu
01:27:18un peu à la troisième personne
01:27:20mais il avait cette sincérité par rapport
01:27:22aux gens qu'il admirait
01:27:24qui était incroyable
01:27:26et à tel point que par exemple
01:27:28à un moment il a eu des soucis de sécurité
01:27:30il m'a demandé de lui trouver
01:27:32un garçon qui pendant des années
01:27:34qui était un ancien du GSPR
01:27:36donc la protection à l'époque
01:27:38de François Mitterrand qui partait
01:27:40à la retraite et il l'a eu
01:27:42auprès de lui pendant des années
01:27:44comme garde du corps.
01:27:46Merci beaucoup en tout cas Christian Proutot pour
01:27:48toutes ces anecdotes et ce beau témoignage
01:27:50que vous nous livrez, je rappelle que vous êtes fondateur
01:27:52du GIGN, on voit les hommages
01:27:54qui se succèdent et on va justement faire
01:27:56le point avec vous Adrien Spiteri
01:27:58sur les réactions et notamment les réactions
01:28:00politiques. Et on commence avec cette
01:28:02réaction à gauche de Fabien Roussel
01:28:04le secrétaire national du parti communiste
01:28:06français. Salut le guépard
01:28:08roco, la tulipe noire, monsieur Klein
01:28:10le samouraï et tant d'autres
01:28:12avec la disparition d'Alain Delon, c'est une
01:28:14icône du cinéma qui s'en va et que
01:28:16le monde entier pleure ce matin
01:28:18il est parti rejoindre le Gabin et Bebel
01:28:20silence ça tourne, autre réaction
01:28:22celle de Jordane Bardella
01:28:24le président du rassemblement
01:28:26national a déclaré sur
01:28:28X, son immense parcours et son
01:28:30élégance sans pareil resteront gravés dans
01:28:32les mémoires, Alain Delon incarnait
01:28:34la grandeur d'un art, il était l'âme d'une
01:28:36époque, hommage à la légende
01:28:38du cinéma français, nos pensées pour
01:28:40ses proches et puis on termine avec ce
01:28:42message de Matteo Salvini, le ministre
01:28:44des transports italien
01:28:46une légende du cinéma nous quitte
01:28:48un symbole qui a fait rêver tant de générations
01:28:50et qui ne sera jamais
01:28:52oublié, bon voyage Alain Delon
01:28:54comme quoi la mort de l'acteur dépasse
01:28:56les frontières de la France. Merci beaucoup
01:28:58Adrien Spiteri, effectivement dans les réactions
01:29:00et dans la presse, notamment italienne
01:29:02et internationale, Patrice Arditier, et bien
01:29:04il y a beaucoup de journalistes qui courent
01:29:06et qui ont donné et fait des papiers
01:29:08plus ou moins longs d'ailleurs, mais sur la
01:29:10mort d'Alain Delon c'est là où ça rejoint ce que disait Mathieu Alterman
01:29:12sur le côté, c'est une star française
01:29:14c'est notre star à nous, évidemment
01:29:16mais dans d'autres pays, bien sûr, il a aussi
01:29:18compté et la nouvelle de sa mort émeut
01:29:20tout autant. Les réactions vont évidemment
01:29:22se multiplier, mais là je suis
01:29:24très très très très content d'avoir une réaction
01:29:26de Fabien Roussel parce que
01:29:28j'étais en train de me dire, Dati
01:29:30Bachelot, Wauquiez
01:29:32franchement
01:29:34où est la gauche ?
01:29:36Où est la gauche ? A gauche il n'y a pas d'hommage
01:29:38pour Alain Delon. Et j'ai apprécié que depuis tout à l'heure
01:29:40nous n'avions que des réactions
01:29:42notamment de droite parce que nous
01:29:44avions cherché que nous ne les avions pas, nous n'avons pas sélectionné
01:29:46des réactions de droite depuis le début, elles n'existaient pas
01:29:48mais franchement
01:29:50j'attends également
01:29:52des hommages de la gauche
01:29:54parce qu'on a cessé de le dire
01:29:56Alain Delon était quand même un acteur
01:29:58populaire. Il avait toujours dit
01:30:00que c'était le public qui l'avait fait
01:30:02et ce public
01:30:04il mérite d'entendre des gens
01:30:06qui les estiment, qu'ils soient à gauche
01:30:08ou à droite, faire hommage
01:30:10à ce monstre sacré qu'a été
01:30:12Alain Delon. Et Alain Delon a fait énormément
01:30:14travailler des hommes et des femmes de gauche
01:30:16notamment des scénaristes, des cinéastes
01:30:18sans aucun problème d'idéologie
01:30:20Et justement on parlait
01:30:22je voudrais qu'on revienne sur le thème qu'on abordait avant
01:30:24Christian Proutot, on parlait des femmes
01:30:26il y en a une évidemment qui a
01:30:28compté jusqu'au bout pour lui, c'est sa fille Anouchka
01:30:30et justement elle se livrait elle-même
01:30:32sur le rapport des femmes avec son père
01:30:34et vous allez le voir, c'est pas toujours
01:30:36simple évidemment et malheureusement
01:30:38d'être l'enfant d'Alain Delon
01:30:40C'est quand même assez impressionnant
01:30:42quand je le vois, quand on sort du théâtre
01:30:44ou quand on sort au restaurant
01:30:46C'est tellement mignon
01:30:48Quand on sort au restaurant
01:30:50c'est les femmes
01:30:52Il a un effet sur les femmes
01:30:54que ce soit des super jeunes
01:30:56quand je lui présente des copines qui sont comme ça
01:30:58quand elles le rencontrent
01:31:00jusqu'aux femmes un peu plus
01:31:02plus âgées
01:31:04C'était quand même plus avant que tu naisses
01:31:06Oui c'était plus avant que je naisse
01:31:08Oui mais ça n'a pas perdu je trouve
01:31:10quand on voit l'effet qu'il fait sur les femmes
01:31:12ça a été quand même un des plus...
01:31:14Même sur vos copines vraiment ?
01:31:16Il y a des copines qui vous ont dit présente-moi ton papa ?
01:31:18Non elles ne m'ont pas dit présente-moi mon papa
01:31:20sinon ce ne sera pas mes copines
01:31:22mais quand on arrive au moment
01:31:24où je leur présente
01:31:26c'est toujours un peu la petite rencontre
01:31:28il y a Alain Delon qui va embrasser quand même
01:31:30Évidemment l'effet sur les femmes
01:31:32et évidemment quand on est sa fille
01:31:34et qu'on voit simplement son papa
01:31:36on imagine que quand on invite ses camarades de classe
01:31:38à la maison c'est pas tout à fait un goûter comme les autres
01:31:40Quand on est la fille d'Alain Delon
01:31:42c'est pas simple du tout
01:31:44mais en même temps je crois qu'il faut prendre ça en riant
01:31:46parce que c'est comme ça, il a toujours eu ça depuis le début de sa carrière
01:31:48il avait un physique tel
01:31:50il avait cette incidence et cette séduction
01:31:52auprès de toutes les femmes du monde entier
01:31:54qui voyaient en lui cet homme idéal
01:31:56ce beau garçon
01:31:58ce bad boy
01:32:00et puis ce côté bad boy un peu
01:32:02blouson et jean
01:32:04il n'était pas toujours en costume
01:32:06il avait ce profil parfait en tout cas
01:32:08et puis il arrivait quand il allait rendre visite
01:32:10et on l'a vu avec le GIGN
01:32:12par exemple, mais il faisait ça aussi
01:32:14chez Albain Michel par exemple
01:32:16pour camper il avait rendez-vous avec la directrice littéraire
01:32:18il amenait tout ce qu'il fallait pour déjeuner avec elle
01:32:20dans le bureau
01:32:22Élise Bohel qui est une célèbre éditrice
01:32:24me racontait toujours cette histoire
01:32:26il arrivait dans le bureau
01:32:28et puis il était fidèle
01:32:30à cette éditrice
01:32:32c'est comme ça, quand il avait de l'amitié avec quelqu'un
01:32:34il l'avait jusqu'au bout
01:32:36c'est très important avec ces liens affectifs
01:32:38et toutes les femmes
01:32:40étaient fascinées
01:32:42par cette beauté
01:32:44qu'il avait parce que c'est quand même un des moteurs
01:32:46aussi de sa carrière
01:32:48c'est le physique qu'il a eu
01:32:50il y a une chose qu'il faut rappeler dans l'histoire du cinéma
01:32:52c'est l'arrivée d'Alain Delon et de Belmondo
01:32:54en gros c'est 1960
01:32:56est-ce qu'on se souvient des stars masculines françaises
01:32:58qui étaient là les 5 années précédentes ? quasiment pas
01:33:00ils ont balayé tout
01:33:02comme Brando aux Etats-Unis avait balayé tout
01:33:04c'est très juste
01:33:06et justement je voudrais qu'on regarde maintenant une autre facette
01:33:08de sa personnalité, on a déjà un petit peu parlé
01:33:10de politique avec Valérie Pécresse
01:33:12mais la passion pour la politique
01:33:14et l'engagement presque
01:33:16que j'allais dire d'Alain Delon
01:33:18remonte à une période beaucoup plus ancienne
01:33:20c'est Guillaume Larrivée, un ancien député
01:33:22qui a ressorti cette lettre, vous allez la voir
01:33:24c'est Alain Delon
01:33:26qui a écrit justement
01:33:28au général de Gaulle en 1969
01:33:30après le référendum
01:33:32il était désavoué, il lui disait
01:33:34depuis toujours et plus encore depuis 10 ans
01:33:36j'étais grâce à vous fier d'être français
01:33:38ce soir devant l'ingratitude
01:33:40et l'inconscience de plus de la moitié d'un peuple
01:33:42je ressens avec effroi
01:33:44un sentiment de honte qui me brise le coeur
01:33:46je tenais à vous le dire, déniez me croire
01:33:48mon général fidèlement et inconditionnellement
01:33:50votre. Patrice, elle est incroyable
01:33:52cette lettre, c'est-à-dire qu'Alain Delon
01:33:54prend la peine d'écrire au général de Gaulle
01:33:56pour lui faire savoir que le résultat
01:33:58est selon lui une honte
01:34:00ça le touchait
01:34:02terriblement en tant que français
01:34:04en tant qu'ancien militaire
01:34:06évidemment, et parce qu'il avait des valeurs
01:34:08alors on a trop dit
01:34:10qu'Alain Delon était
01:34:12d'extrême droite parce qu'il avait
01:34:14une amitié envers
01:34:16Jean-Marie Le Pen
01:34:18je crois qu'il n'a jamais nié
01:34:20cette amitié, mais il a toujours dit
01:34:22qu'il n'était pas d'extrême droite
01:34:24et qu'il pouvait très bien avoir un ami
01:34:26qui ait d'autres opinions
01:34:28bien entendu
01:34:30bien entendu
01:34:32mais la considération
01:34:34le respect qu'il éprouvait
01:34:36pour le général de Gaulle
01:34:38c'est quelque chose qui était ancré en lui
01:34:40et ça fait également partie
01:34:42de la valeur d'Alain Delon
01:34:44je voudrais maintenant qu'on
01:34:46évoque aussi un certain nombre de personnalités
01:34:48qui ont été pendant la carrière des compagnons
01:34:50de route d'Alain Delon, on va parler notamment
01:34:52de Dalida dans un instant
01:34:54mais c'est vrai que Fabien Lecoeuvre, comme on le disait
01:34:56toute cette génération
01:34:58et quand on se replonge dans les archives
01:35:00vous avez sur les mêmes émissions toute cette génération
01:35:02les uns qui parlent des autres
01:35:04c'est aussi émouvant parce que c'est aussi
01:35:06notre époque, c'est une période où on voyait
01:35:08beaucoup aussi d'amitié, on a l'impression
01:35:10entre tous ceux qui se retrouvaient un peu
01:35:12au cinéma en même temps
01:35:14oui, mais pas que, parce que je pense
01:35:16que l'époque aujourd'hui, les sentiments
01:35:18l'amitié est la même
01:35:20qu'il y a 50 ans, 100 ans et plus
01:35:22non, je pense qu'on dit au revoir
01:35:24à une époque
01:35:26définitivement avec la disparition
01:35:28d'un garçon comme Alain Delon
01:35:30c'est-à-dire que nous sommes en 2025
01:35:32à quelques mois près, c'est-à-dire qu'on a vraiment
01:35:34balayé à mon avis le XXe siècle
01:35:36dont Delon a été
01:35:38un immense représentant évidemment, au même titre
01:35:40qu'un De Gaulle dans un autre domaine
01:35:42ou des gens aussi forts dans la chanson et ailleurs
01:35:44donc je pense que
01:35:46c'est un au revoir à une époque
01:35:48définitivement
01:35:50aussi bien avec ses représentants
01:35:52qu'avec les mentalités et la manière de réfléchir
01:35:54et c'est ça qui
01:35:56je trouve qu'on doit retenir peut-être
01:35:58aujourd'hui en ce triste jour du Seigneur
01:36:00finalement, ce qu'on doit vraiment
01:36:02retenir dans ce départ
01:36:04de Delon, c'est le revoir à un système
01:36:06à une époque, à une manière de penser
01:36:08voilà, on le sait, c'est comme ça
01:36:10on en est témoin, on ne peut rien faire
01:36:12on ne peut pas lutter contre le temps, c'est comme ça
01:36:14mais c'est important de le souligner
01:36:16à mon sens. Moi je pense que
01:36:18Alain Delon n'est pas mort, il est mort tellement
01:36:20souvent à l'écran qu'il est enfin entré dans l'éternité
01:36:22quelque part, et je vais vous dire quelque chose
01:36:24il y a 15 jours, je suis allé au cinéma, dans un cinéma
01:36:26qui a parti en même groupe, qui s'appelle le Mac Mahon
01:36:28qui a parti en groupe qui possède CNews, et j'ai vu
01:36:30Le Cercle Rouge, sur grand écran
01:36:32aller voir les films avec Alain Delon sur grand écran
01:36:34parce qu'ils vont tous ressortir au cinéma
01:36:36ça n'a rien à voir avec la télé
01:36:38c'est extraordinaire. Alain Delon dans Le Cercle Rouge
01:36:40j'avais vu 20 fois le film avant, je peux dire que je l'ai vu
01:36:42pour la première fois en le voyant sur un grand écran
01:36:44et on comprend pourquoi il a été la star qu'il est
01:36:46et qu'il restera jamais. Et évidemment
01:36:50revoir au cinéma, si vous le pouvez
01:36:52les films d'Alain Delon, vous avez parlé
01:36:54tout à l'heure de son amitié très ancienne avec
01:36:56Dalida, et bien justement quand il était venu sur
01:36:58le plateau de Pascal
01:37:00Pro en 2019, il s'était exprimé
01:37:02sur cette amitié et aussi cette collaboration
01:37:04écoutez ce qu'il disait à l'époque
01:37:08Tout à l'heure on a écouté une première musique
01:37:10on va écouter une deuxième
01:37:12chanson, et sur cette chanson
01:37:14il y a une jeune femme qui va nous rejoindre
01:37:16que vous connaissez
01:37:18qui présente le soir notre émission
01:37:20entre 22h et minuit
01:37:22c'est Sonia Mabrouk
01:37:24une chanson et Sonia Mabrouk qui rentre
01:37:26sur le plateau
01:37:49Voilà mon destin
01:37:51de parler
01:37:53de parler comme la première fois
01:37:59Ah Dali, ça me bouleverse
01:38:01parce que j'ai aimé cette femme terriblement
01:38:03et j'ai tellement souffert quand elle s'est
01:38:05fait partir
01:38:07et j'aurais voulu être là
01:38:09pour l'empêcher de partir
01:38:11comme ça, mais elle avait
01:38:13elle avait pris sa décision
01:38:15elle voulait pas aller en arrière, elle voulait s'en aller
01:38:18elle est partie très vite
01:38:20et je sais pourquoi
01:38:22mais ça c'est un grand souvenir
01:38:24cette chanson avec elle
01:38:26elle a fait le tour du monde dans la chanson
01:38:28exceptionnelle chanson, alors Alain Delon
01:38:30chanson italienne à la base
01:38:32Sonia Mabrouk que vous écoutez
01:38:34je sais que vous l'écoutez tous les soirs
01:38:36entre 22h et minuit
01:38:38je lui ai reproché, je lui ai dit
01:38:40faut que j'attende 22h pour vous voir
01:38:42et après je peux pas me coucher avant minuit
01:38:44alors quand même
01:38:46quelle pression
01:38:48bonsoir à vous
01:38:50Sonia vous êtes magnifique
01:38:52je vous remercie
01:38:54je vous retourne le compliment
01:38:56pour moi vous êtes la femme du 21ème siècle
01:38:58je vous rappelle
01:39:00que toute cette émission
01:39:02de l'heure des pros de 2019
01:39:04où Pascal Praud avait reçu très longuement
01:39:06Alain Delon sera rediffusée
01:39:08à 14h sur CNews
01:39:10donc restez bien avec nous
01:39:12Patrice Arditi, c'est très émouvant la réaction d'Alain Delon
01:39:14parce qu'à peine il entend cette musique
01:39:16qu'il a dû entendre des centaines de fois
01:39:18on voit que les larmes lui montent aux yeux
01:39:20et on voit cette émotion sincère des années
01:39:22après le décès de Dalida
01:39:24il dit qu'il ne s'en remet pas
01:39:26et qu'une fois de plus ce qui revient
01:39:28c'est qu'il aurait voulu être là pour elle
01:39:30pour qu'elle ne se donne pas la mort
01:39:32vous vous rendez compte
01:39:34lorsqu'on va voir un film
01:39:36on est émotionné
01:39:38on est triste, on est joyeux
01:39:40on ressent des choses extrêmement importantes
01:39:42mais quand on a une amie
01:39:44comme c'était le cas
01:39:46une amie qui décède dans les conditions
01:39:48que l'on connait
01:39:50évidemment on se dit
01:39:52peut-être que j'aurais pu faire quelque chose
01:39:54de plus pour que ça n'arrive pas
01:39:56alors bien entendu
01:39:58il y a tous ces souvenirs qui remontaient
01:40:00et c'est assez extraordinaire
01:40:02de voir le personnage aussi
01:40:04criant de vérité
01:40:06parce qu'on parle de l'acteur, du comédien
01:40:08de ce que vous voulez
01:40:10on parle d'un homme
01:40:12qui est véritablement criant de vérité
01:40:14mais je voudrais revenir sur quelque chose
01:40:16on parlait de la fin du XXe siècle
01:40:18pour des monstres
01:40:20sacrés du cinéma
01:40:22on a quand même une Brigitte Bardot
01:40:24qui est encore là, heureusement
01:40:26on touche du bois
01:40:28on a quand même Catherine Deneuve
01:40:30on a quand même Depardieu qu'on a évoqué
01:40:32c'est pas foutu
01:40:34ils ne sont plus très nombreux
01:40:36et encore moins du côté des hommes
01:40:38Catherine Deneuve, Brigitte Bardot
01:40:40mais c'est vrai qu'à l'Indolon on a tout ce temps
01:40:42c'est un peu le dernier grand qui s'en va
01:40:44alors peut-être trop facilement
01:40:46mais on dit ça
01:40:48lors du décès de Belmondo
01:40:50on se disait qu'il y avait encore à l'Indolon
01:40:52il reste à l'Indolon
01:40:54mais franchement de toute façon
01:40:56ils ne meurent jamais ces gens-là
01:40:58on les a toujours dans la tête
01:41:00et ça restera
01:41:02et moi j'attends effectivement
01:41:04le surplus de films sur l'Indolon
01:41:06dégustés dans les grandes salles de cinéma
01:41:08parce que c'est extraordinaire
01:41:10et il y a un film quand même
01:41:12dont personne ne parle
01:41:14et moi qui m'avait terriblement marqué
01:41:16Fabien et toi
01:41:18c'est Deux Hommes dans la Ville
01:41:20Deux Hommes dans la Ville, je ne sais pas si ça a eu
01:41:22un succès extraordinaire
01:41:24immense succès, un film contre la peine de mort
01:41:26voilà, mais c'était extraordinaire
01:41:28avec Jean Gabin
01:41:30et Alain Delon, 1973
01:41:32exceptionnel, une musique sublime
01:41:34une fin tragique et puis un message
01:41:36Alain Delon qu'on a souvent traité
01:41:38limite comme une sorte de léger
01:41:40fasciste, non c'est faux
01:41:42il a quand même produit un film pour lutter contre
01:41:44la peine de mort et le film est très réussi
01:41:46ce n'est pas uniquement la démarche qui est intéressante
01:41:48c'est un très très grand film
01:41:50et on voit l'acharnement d'un policier
01:41:52et la machine judiciaire qui est absolument
01:41:54envahissante et pendant la grande
01:41:56deuxième partie du film on essaye
01:41:58d'espérer qu'il ne se passe rien
01:42:00et qu'Alain Delon s'en sorte
01:42:02malheureusement
01:42:04et c'est vrai que Fabien Lecoeuvre, on le disait
01:42:06les stars comme ça en fait ne meurent jamais
01:42:08et d'ailleurs justement souvent, malheureusement peut-être
01:42:10mais le moment de leur mort c'est le moment
01:42:12où certains français qui ne connaissent pas
01:42:14parfaitement par exemple la carrière
01:42:16les films d'Alain Delon se replongent dedans
01:42:18et on se dit c'est aussi ça qui donne un petit peu
01:42:20peut-être pas d'espoir mais en tout cas
01:42:22qui peut remonter le moral de se dire finalement
01:42:24justement peut-être que plein de français vont se rendre
01:42:26au cinéma pour voir des films d'Alain Delon qu'ils ne connaissent pas
01:42:28et tant mieux, ça veut dire que sa mémoire, son héritage
01:42:30évidemment va continuer. Oui mais l'héritage d'Alain Delon
01:42:32est colossal en matière d'images
01:42:34au cinéma, c'est près de 90
01:42:36films dont plus de la moitié
01:42:38ont été d'immenses succès
01:42:40au cinéma en leur temps
01:42:42et je pense, vous savez, quand un artiste
01:42:44a eu du succès en son temps
01:42:46peut-être 30 ou 40
01:42:48ans après sa mort
01:42:50ou 100 ans après sa mort, il rencontrera encore
01:42:52le même succès, pour le savoir, c'est comme en chanson
01:42:54c'est la même chose. Une oeuvre de
01:42:56Mozart qui n'a pas été célèbre en son temps ne le sera
01:42:58pas plus aujourd'hui si on la redécouvre aujourd'hui
01:43:00c'est comme ça, le succès ça ne s'explique pas
01:43:02mais c'est ainsi, personne n'a la recette
01:43:04précisément. Et bien pour Alain Delon
01:43:06cet héritage, comme je disais, est considérable
01:43:08pour les mémoires collectives
01:43:10sur plusieurs générations, je pense que des
01:43:12films, que ce soit Trois Hommes à battre, Monsieur
01:43:14Kling, que ce soit Le Samouraï ou Le Guépard
01:43:16seront encore des succès dans peut-être 30, 40
01:43:18ou 50 ans de là, c'est-à-dire que
01:43:20c'est l'oeuvre qui fait
01:43:22une star et pas l'inverse
01:43:24c'est-à-dire que je pense que
01:43:26et c'est les
01:43:28grandes chansons qui font les grands chanteurs aussi
01:43:30je pense que... Je voudrais juste rebondir sur ce que tu viens
01:43:32de dire, c'est que nous la musique et le cinéma
01:43:34vraiment nous lie et les musiques
01:43:36des films avec Alain Delon sont
01:43:38extraordinaires, il n'existe certainement aucun
01:43:40acteur qui a su s'entourer des plus grands compositeurs
01:43:42réécouter les musiques
01:43:44des films avec Alain Delon, c'est de
01:43:46François Droubet en partant, c'est extraordinaire
01:43:48Lalo Chiffride, c'est génial
01:43:50Je voudrais qu'on écoute un nouvel
01:43:52extrait, d'abord je vous précise que les images
01:43:54que vous voyez depuis tout à l'heure à l'écran
01:43:56c'est de la propriété d'Alain Delon
01:43:58à Douchy, c'est là où il vivait
01:44:00là où il s'est éteint et on a vu, vous voyez
01:44:02parfois des personnes qui arrivent et qui déposent
01:44:04quelques fleurs devant sa
01:44:06propriété, alors on a parlé des femmes
01:44:08et de l'émotion d'Alain Delon, vous allez voir un extrait
01:44:10qui est évidemment très poignant
01:44:12c'est Alain Delon qui veut rendre hommage à
01:44:14Ruby Schneider, c'était au César en 2008
01:44:16l'année où l'actrice aurait dû avoir
01:44:1870 ans, écoutez, regardez
01:44:20ce passage d'Alain Delon
01:44:24...
01:44:46Madame la Ministre,
01:44:48bonsoir
01:44:50Messieurs les Présidents, bonsoir
01:44:52Mesdames, Messieurs,
01:44:54chers amis, bonsoir
01:44:58Amour de ma vie, bonsoir
01:45:02Je n'étais pas prévu au programme, alors je vais faire
01:45:04bref, afin de ne pas
01:45:06vous importuner, merci
01:45:10On m'a demandé
01:45:12de lui rendre hommage
01:45:14j'ai dit oui
01:45:18On m'a demandé de bien vouloir lui remettre un
01:45:20César d'honneur
01:45:22j'ai accepté
01:45:24Pourquoi ?
01:45:26Pourquoi ?
01:45:32Parce que
01:45:34parce que cette année
01:45:36tu aurais 70 ans et que tu me manques
01:45:38terriblement
01:45:44Parce que nous nous sommes
01:45:46fiancés il y a 50 ans
01:45:50Parce que nous avons
01:45:52nagé ensemble il y a 40 ans dans la piscine
01:45:56Parce que nous nous sommes aimés
01:45:58Parce que nous avons
01:46:00été heureux ensemble et malheureux
01:46:02quand David est parti
01:46:06Parce que c'était toi, parce que c'était moi
01:46:10Voilà pourquoi
01:46:12Alors ce soir
01:46:14je voudrais vous demander
01:46:16pour elle
01:46:18une chose simple
01:46:20mais ô combien symbolique
01:46:22c'est de vous lever
01:46:24pour ses 70 ans
01:46:26et de l'applaudir avec moi
01:46:42On vient de voir cet hommage
01:46:44Patrice Arditi, évidemment poignant
01:46:46et toujours cette idée de se dire
01:46:48que c'est une histoire
01:46:50comme avec Mireille Dark
01:46:52même quand l'histoire d'amour s'est terminée
01:46:54même quand Romy Schneider a disparu
01:46:56on sent que le lien il est encore là
01:46:58on sent qu'Alain Delon veut prendre la peine
01:47:00de lui parler presque directement
01:47:02même si évidemment c'est de manière métaphorique
01:47:04et on sent son émotion
01:47:06et toujours c'est ce qu'on disait
01:47:08cette noirceur, ce côté où toutes les épreuves
01:47:10de sa vie qu'il a dû endurer
01:47:12on sent qu'elles n'ont jamais été véritablement digérées
01:47:14justement c'est le début
01:47:16de sa vie qui a façonné
01:47:18Alain Delon et cet homme
01:47:20cet homme il a quelque chose
01:47:22de plus que la plupart d'entre nous
01:47:24c'est qu'il a mordu
01:47:26véritablement mais à pleines dents
01:47:28tous les instants de sa vie
01:47:30avec des plaisirs gigantesques
01:47:32mais avec aussi
01:47:34des désillusions terribles
01:47:36parce que lorsqu'on
01:47:38mort dans la vie, on mort
01:47:40sur les peines
01:47:42et il a aimé
01:47:44énormément
01:47:46il a été jalousé
01:47:48il a été
01:47:50adoré
01:47:52on l'a mis de côté
01:47:54je me souviens
01:47:56d'une interview
01:47:58c'était en 90 je crois
01:48:00à une télévision étrangère parce que c'était en Belgique
01:48:02ou en Suisse
01:48:04où quelqu'un lui demandait
01:48:06lui poser une question sur
01:48:08la jalousie qu'il pouvait
01:48:10susciter sur le côté
01:48:12envieux de certains
01:48:14même de ses confrères dans le cinéma
01:48:16et il n'avait pas hésité
01:48:18à dire j'ai du talent
01:48:20dans ma profession
01:48:22que je fais bien
01:48:24et les autres je les emmerde
01:48:26et ça c'est Alain Delon
01:48:28c'est criant de vérité et il a été
01:48:30criant de vérité toute sa vie
01:48:32Fabien Lecoeuvre c'est vrai que ses
01:48:34histoires d'amour ont
01:48:36à la fois fait de très beaux films
01:48:38mais c'est vrai que les français aussi
01:48:40ont en tête ces couples
01:48:42quand on vous dit Alain Delon
01:48:44vous pensez forcément Mireille d'Arc ou Romy Schneider
01:48:46c'était vrai quand on vous disait Johnny Hallyday
01:48:48vous pensez Sylvie Vartan
01:48:50ou Nathalie Baye, Jacques Dutronc, François Zardy
01:48:52mais c'était aussi cette époque où il y avait des monstres
01:48:54sacrés, très forts chacun
01:48:56professionnellement mais qui en plus
01:48:58faisaient des couples absolument
01:49:00iconiques, des duos magnifiques dans la chanson
01:49:02des films magnifiques, tout ça aussi a servi
01:49:04la culture française. Oui ça a servi la culture
01:49:06française, la pop culture mais ce qui n'était pas simple
01:49:08c'est à dire que quand il y a deux
01:49:10célébrités dans un foyer
01:49:12c'est très compliqué à vivre
01:49:14parce qu'il y en a un, la carrière est au sommet, l'autre
01:49:16un peu moins, après c'est l'autre qui remonte, l'autre qui descend
01:49:18c'est des grandes discussions au petit déjeuner
01:49:20souvent
01:49:22et j'ai beaucoup
01:49:24d'exemples à vous donner
01:49:26que ce soit Johnny et Sylvie, que ce soit
01:49:28tous les couples célèbres comme ça, Dutronc, Hardy
01:49:30que ce soit Gainsbourg, Birkin, etc
01:49:32c'est très compliqué. Effectivement
01:49:34au XXe siècle ça a été une
01:49:36pop culture, ces espèces de duos
01:49:38légendaires, mais en même temps
01:49:40si on doit remonter aux années 30, par exemple
01:49:42aussi encore dans ce XXe siècle, vous aviez
01:49:44Chevalier et Miss Tinguette, vous aviez
01:49:46aux Etats-Unis, vous aviez Elizabeth Taylor
01:49:48Richard Burton, aussi pour le cinéma
01:49:50enfin etc, donc ça a toujours existé
01:49:52parce que le peuple se nourrit de ça
01:49:54parce qu'on aime finalement
01:49:56on aime ces couples
01:49:58on veut ressembler à ces couples
01:50:00presque en France
01:50:02vous savez la différence entre hier et aujourd'hui
01:50:04c'est qu'hier finalement
01:50:06les acteurs et les chanteurs étaient
01:50:08très imités et le peuple voulait ressembler
01:50:10aux acteurs et aux chanteurs. Aujourd'hui c'est l'inverse
01:50:12c'est les acteurs et les chanteurs qui veulent ressembler
01:50:14au peuple. C'est toute la différence dans le
01:50:16star system, dans la définition du star system entre
01:50:18hier et aujourd'hui. Eh bien
01:50:20on adorait avoir ces
01:50:22belles personnes, que ce soit les deux
01:50:24longs Schneider, que ce soit Johnny
01:50:26Sylvie, que ce soit, voilà je disais Richard Burton
01:50:28pour les Etats-Unis avec Elizabeth Taylor
01:50:30Marilyn et puis
01:50:32Arthur Miller pour l'estate
01:50:34aussi. C'est-à-dire que je pense que
01:50:36c'est ce qui fascine l'être humain
01:50:38on reste des hommes, on reste
01:50:40des femmes, on reste des gens
01:50:42qui finalement vivons d'émotions, c'est ce qui
01:50:44guide nos vies et nos existences
01:50:46donc l'amour a toujours été un moteur, que ce soit dans la chanson
01:50:48ou au cinéma. Et pour
01:50:50parler justement, puisqu'il a fait
01:50:52un des tubes de l'année 1973
01:50:54Alain Delon avec ce merveilleux duo
01:50:56qu'il a pu faire avec Dalida, qu'on a entendu tout à l'heure
01:50:58et bien
01:51:00moi je m'étais fait raconter par l'ingénieur
01:51:02du son à l'époque qui était présent
01:51:04au studio CBE
01:51:06à l'époque, il y a eu une prise
01:51:08c'est-à-dire que généralement
01:51:10un chanteur quand il enregistre un duo
01:51:12souvent d'une manière générale pour un métier
01:51:14et c'est pas péjoratif quand je dis ça
01:51:16parce que c'est techniquement pas souvent réalisable
01:51:18évidemment, c'est technique
01:51:20il y a plusieurs pistes, la voix, on fait une voix de sécurité
01:51:22etc, on fait une tierce, on met un
01:51:24chœur, etc, voilà, on cale des voix
01:51:26ensemble, on réajuste les notes si elles sont
01:51:28pas justes, bon, là avec Delon
01:51:30on est en 1973, au printemps 1973
01:51:32quand il enregistre Parole Parole
01:51:34à l'époque c'était la mode des grands duos
01:51:36il y avait Johnny et Sylvie avec J'ai un problème, il y avait
01:51:38Les Gondoles à Venise avec Shelleringo
01:51:40et puis Delon avec Dalida
01:51:42et bien il est arrivé au studio
01:51:44en fin d'après-midi, il a posé sa voix
01:51:46on lui avait déjà préalablement envoyé sur une petite cassette
01:51:48à l'époque la musique pour qu'il puisse
01:51:50avec la voix de Dalida qui avait déjà été posée
01:51:52en voix témoin pour pouvoir
01:51:54lui répliquer les paroles
01:51:56une prise il a fallu, c'est vous dire
01:51:58la grandeur de cet acteur, au-delà
01:52:00d'un physique, au-delà d'une mentalité
01:52:02c'est-à-dire
01:52:04ça s'appelle le talent, c'est-à-dire qu'il est arrivé
01:52:06on l'a mis devant le micro et il a commencé
01:52:08à demander un top dans son casque
01:52:10et une prise
01:52:12pour faire cette chanson, pour poser
01:52:14sa voix, donner cette réplique merveilleuse
01:52:16à l'illustre Dalida
01:52:18c'est-à-dire que ça n'existe plus
01:52:20non plus, aujourd'hui un acteur qui va enregistrer
01:52:22même s'ils sont aussi doués
01:52:24qu'Alain Delon, parce que le talent existe toujours
01:52:26évidemment, ça ne partient pas
01:52:28qu'au XXe siècle le talent, mais
01:52:30lui au-delà d'un talent, il avait cette
01:52:32compréhension, cette intelligence
01:52:34ce côté que ça a rappelé Philippe Labreau
01:52:36autodidacte, finalement
01:52:38puisqu'il n'a jamais pris de cours de théâtre
01:52:40vraisemblablement, mais il a
01:52:42toujours observé, c'est un grand observateur
01:52:44à mon sens, et ce sens de l'observation
01:52:46lui a permis d'apprendre très vite
01:52:48dans beaucoup de domaines. C'est vrai que
01:52:50depuis tout à l'heure quand vous parlez d'Alain Delon
01:52:52je me dis peut-être à tort, Patrice Arditti
01:52:54mais on peut dire à chaque fois les mêmes choses
01:52:56de Johnny Hallyday, c'est-à-dire celui qui est rejeté
01:52:58qui est autodidacte, qui est
01:53:00le plus grand, qui a un talent
01:53:02une aura extrêmement particulière, ces couples
01:53:04célèbres, on se dit que ça faisait partie des personnes
01:53:06que tout le monde connaît, et effectivement
01:53:08on voit l'époque totalement avec un star system
01:53:10différent d'aujourd'hui, parce qu'à l'époque les journaux
01:53:12People par exemple se vendaient beaucoup plus
01:53:14on était passionné par la vie des uns et des autres
01:53:16ça c'est quelque chose qui existe moins quand même aujourd'hui
01:53:18On ne peut pas tellement comparer Johnny Hallyday
01:53:20à Alain Delon parce que
01:53:22si vous vous souvenez
01:53:24pendant des années et des années
01:53:26Johnny Hallyday c'était un jeune homme
01:53:28avec une frilosité
01:53:30et qu'on a
01:53:32cornaqué, qu'on a mené d'un point
01:53:34à un autre pour faire quelque chose
01:53:36et puis il a su, mais il n'y a que des années
01:53:38plus tard qu'il a commencé à dire
01:53:40moi j'aimerais bien faire ça, tandis que Delon
01:53:42pratiquement dès le début de sa carrière
01:53:44il a décidé justement
01:53:46de prendre sa carrière et sa vie
01:53:48et sa vie en main
01:53:50et c'est quelque chose qui n'est pas donné
01:53:52à tout le monde
01:53:54quand on se permet, d'abord il a très souvent dit
01:53:56qu'il n'était rien sans les réalisateurs
01:53:58qu'il avait connus, mais quand on se permet
01:54:00de dire
01:54:02j'ai du talent, ce que j'évoquais tout à l'heure
01:54:04je fais bien mon métier
01:54:06et bien ça veut dire qu'on a une notion
01:54:08du paraître qui est extrêmement
01:54:10importante, et en fait Delon
01:54:12il est devenu
01:54:14ce qu'il cherchait à être
01:54:16c'est le deviens ce que tu es
01:54:18de Nietzsche, et ça fait également
01:54:20partie
01:54:22de son côté de comédien
01:54:24fabuleux, c'est de vouloir
01:54:26être inattaquable
01:54:28sur n'importe quoi, on parlait
01:54:30de parole parole avec une seule prise
01:54:32je me suis laissé dire que dans de
01:54:34nombreux films, il connaissait ses rôles
01:54:36sur le bout des doigts par rapport
01:54:38à d'autres, mais je crois qu'il se forçait
01:54:40à être justement ce qu'on attendait
01:54:42de lui. C'est vrai, et je précise
01:54:44Patrice d'ailleurs, c'est-à-dire qu'au cinéma
01:54:46on tourne toujours 4-5 prises différentes
01:54:48mais il gardait souvent la première
01:54:50parce qu'elle était dite justement avec
01:54:52une espèce d'intention
01:54:54et une énergie qui
01:54:56n'est pas remplaçable, la première voix
01:54:58Je vous livre justement la réaction
01:55:00du premier ministre démissionnaire Gabriel Attal
01:55:02qui vient de s'exprimer sur les réseaux sociaux
01:55:04étoile du cinéma, étoile populaire
01:55:06étoile viscéralement française
01:55:08Alain Delon transcende toutes les générations
01:55:10et a été de toutes les salles obscures et de toutes les télévisions
01:55:12françaises. Une figure, un visage
01:55:14des yeux dans lesquels se retrouvent tous
01:55:16nos compatriotes. L'émotion qui parcourt
01:55:18notre pays est à la mesure de l'homme, de son talent
01:55:20et de son héritage. Ils sont plus que jamais inscrits
01:55:22dans le patrimoine français. Pour la minute qui nous reste
01:55:24Fabien Lecaf, je voudrais vous remontrer une image
01:55:26que gentiment vous nous avez
01:55:28passée. C'est une photo où on vous voit
01:55:30aux côtés d'Alain Delon
01:55:32on va la voir dans une minute
01:55:34Est-ce que vous pouvez nous expliquer le contexte ?
01:55:36C'est ce que vous lui dites, on veut les coulisses
01:55:38à chaque fois que je croisais
01:55:40ce grand Alain Delon, ce monstre sacré
01:55:42évidemment, à chaque fois, il me dit
01:55:44c'est quoi les derniers potins ?
01:55:46Il voulait savoir si justement Jeunet Lydie était toujours avec
01:55:48Nathalie Baye, si Gene Monson avait quitté
01:55:50Richard Berry, savoir qui
01:55:52couchait avec qui, etc. Je lui racontais toujours
01:55:54des potins
01:55:56et puis des anecdotes
01:55:58quand il y avait des gens dans une soirée qu'il ne connaissait pas
01:56:00il me disait c'est qui lui ? Je faisais vite l'affiche
01:56:02du garçon, tout ça je lui parlais
01:56:04à l'oreille discrètement comme vous pouvez le voir sur la photo
01:56:06pour lui raconter qui était qui dans la soirée
01:56:08et c'était drôle parce que
01:56:10à chaque fois qu'il me voyait
01:56:12il me pincait toujours la joue pour me dire bonjour, comme ça
01:56:14c'était sa manière
01:56:16il connaissait, il adorait
01:56:18mes histoires, mes trucs, c'était drôle
01:56:20donc à chaque fois il venait toujours vers moi
01:56:22pour que je lui raconte