Les débats de l'été avec Gérald Olivier, journaliste franco-américain et auteur, Auteur de “Cover up : le clan Biden, l’Amérique et l’État profond”, aux éditions Konfident et Louis Sarkozy, essayiste, observateur de la campagne américaine pour Le Figaro
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00:00Sud Radio, les débats de l'été, 10h-13h, Maxime Liédo.
00:05Il ne vous a pas échappé, chers auditeurs, qu'il se passe deux-trois choses quand même aux Etats-Unis,
00:09notamment une campagne américaine et l'heure tourne pour Kamala Harris.
00:13La vice-présidente entame une semaine bien chargée pour sa campagne,
00:16elle va multiplier les déplacements et doit annoncer qui sera son colistier pour la présidentielle.
00:21Et ce week-end, elle a déjà enchaîné les entretiens avec les favoris,
00:24alors que les spéculations vont bon train.
00:26Mais au-delà de ce constat factuel, ce qu'on veut savoir ici à Sud Radio,
00:29c'est de se poser la question, est-ce que Kamala Harris est une véritable réussite politique
00:36ou est-ce que c'est tout simplement un succès qui est médiatique ?
00:38Et pour répondre à cette question, j'accueille Gérald Olivier, bonjour.
00:41Bonjour.
00:42Vous êtes journaliste franco-américain, auteur de Cover Up,
00:45Le clan Biden, l'Amérique et l'État profond, c'est vos éditions Confident.
00:48Et depuis les Etats-Unis, on est avec Louis Sarkozy, essayiste et observateur de la campagne américaine,
00:53pour Le Figaro notamment, qui est l'auteur, je le cite parce que c'est un excellent livre,
00:58d'un ouvrage prodigieux sur Napoléon.
01:00Bonjour Louis Sarkozy.
01:03Il n'est pas encore avec nous, il nous rejoint dans quelques instants.
01:06Gérald Olivier, commençons cette ouverture internationale sur la campagne américaine avec vous.
01:12Depuis quelques semaines, on a quand même vu des Etats-Unis en proie à des événements exceptionnels.
01:16Il y a eu Donald Trump qui a quand même été victime d'une tentative d'assassinat.
01:21Joe Biden, le président actuel, s'est finalement écarté de la course à la présidentielle,
01:25pourrait être remplacé par sa propre vice-présidente.
01:28Dans quel état, en ce moment, sont les Etats-Unis d'Amérique ?
01:32C'est une campagne en tous les cas qui a plein de rebondissements, et ça c'est toujours bien.
01:37Alors la tentative d'assassinat contre Donald Trump, on va quand même dire que ce n'était pas prévu.
01:41Donc ça, c'était une surprise majeure.
01:43Maintenant, le retrait de Joe Biden, je dis que lui, il était prévisible.
01:46Personnellement, je l'ai annoncé depuis l'hiver.
01:49Parce que pour des questions d'âge, pour des questions de capacités cognitives, comme on dit,
01:55il n'avait pas les moyens de prétendre à un second mandat.
01:58À partir du moment où Biden allait se retirer, il lui fallait un remplaçant ou une remplaçante,
02:03et la remplaçante la mieux placée, c'était sa vice-présidente, donc Kamala Harris.
02:08Maintenant, ce qui se passe, depuis qu'elle a déclaré qu'elle serait candidate,
02:12et il est très probable qu'elle soit couronnée lors de la Convention démocrate d'il y a une quinzaine de jours,
02:18à Chicago, il y a un engouement pour elle.
02:21Il y a un engouement médiatique, il y a la Kamala-mania, si vous voulez.
02:25Maintenant, de mon point de vue, Kamala Harris, c'est un caméléon, et elle est calamiteuse.
02:31Donc pour moi, ça ne va pas durer, mais on verra.
02:33Aujourd'hui, vous l'avez souligné, c'est une journée importante,
02:37parce qu'elle doit faire le premier choix de tout candidat à la Maison-Blanche,
02:41elle doit se trouver, se choisir un vice-président.
02:44Et il y a différentes personnalités qui ont été évoquées,
02:47et entre ces personnalités, on verra quelles sont ses options, parce que...
02:51Et ça donnera, on va dire, l'orientation un peu de la campagne.
02:54Voilà, exactement, on parle... Pardon.
02:56Non, non, bonjour Louis Sarkozy.
02:58Bonjour.
02:59Merci beaucoup d'être avec nous, il est quelle heure actuellement aux Etats-Unis ?
03:024h06, mais ne vous inquiétez pas, je suis en bonne compagnie, j'ai un café, je suis avec vous et ravi de l'être.
03:09Merci beaucoup d'être avec nous, je le disais, vous êtes essayiste,
03:13vous êtes l'auteur notamment d'un ouvrage remarquable sur Napoléon,
03:16et vous suivez très attentivement, avec votre oeil singulier, la campagne américaine, notamment pour le Figaro.
03:21Je posais la question à notre premier invité en studio, Gérald Olivier,
03:24comment est l'ambiance aux Etats-Unis dans cette campagne américaine un peu inédite depuis quelques semaines ?
03:29Depuis l'abandon de Joe Biden, depuis Kamala Harris qui est rentrée en lice,
03:33et depuis surtout la tentative d'assassinat sur Donald Trump, comment est l'ambiance ?
03:39L'ambiance est extrêmement tendue, violente, je dirais euphorique et changeante.
03:47Il y a deux semaines, la droite était triomphante, Donald Trump survit une tentative d'assassinat,
03:53il rentre dans la convention républicaine, Joe Biden en comparaison est croulant, souffre, est en hémorragie, et lui triomphe.
04:02Tous les sondages commencent à le montrer, jusqu'à ce que le Parti démocrate, grâce aux retraites de Joe Biden, reprenne l'initiative.
04:10Ça a renversé toutes les tables, les sondages commencent à tout changer.
04:13Mais je rejoins votre invité sur le fait que je pense que c'est une euphorie médiatique qui entoure Kamala Harris,
04:21et je pense que malgré le fait qu'elle ait des vrais avantages, on peut en parler si vous voulez,
04:26tout cela va s'estomper dans les jours qui viennent.
04:28Oui, parce qu'il y a plusieurs questions, et en effet elle a des avantages.
04:31Le premier meeting, elle a réussi à rassembler plus de 10 000 personnes à Atlanta,
04:35on a eu tout d'un coup 170 000 bénévoles qui se sont précipités pour participer à sa campagne,
04:40200 millions d'euros ont tout de suite été empochés, et puis elle a quand même rattrapé un certain retard dans les sondages.
04:47Est-ce que l'euphorie n'est que médiatique, ou est-ce que vous ne voyez pas, vous qui nous parlez actuellement depuis les Etats-Unis,
04:52et avec un excellent café, est-ce qu'il n'y a pas quand même sur le terrain un véritable départ de feu pour Kamala Harris ?
05:00Non, il y a un engouement démocratique.
05:03Elle a réussi à réunir le parti en 48 heures, ce qui était assez exceptionnel.
05:08Toutes les autres têtes de liste se sont rangées derrière elle.
05:11Les caucus du Congrès, les unions, les syndicats se sont rangés derrière elle.
05:16Donc ça, il faut vraiment l'admettre, c'était un beau coup de sa part.
05:20Mais c'est vrai qu'elle bénéficie d'une lune de miel médiatique sans comparaison.
05:26Laissez-moi vous donner un exemple.
05:27Ça fait deux semaines qu'on sait qu'elle sera le nominée.
05:30Elle n'a pas fait une seule interview de débat, pas une confrontation.
05:36Elle n'a pas répondu à une question journalistique difficile en deux semaines.
05:40Elle n'a pas pris position, véritablement position, sur une question compliquée.
05:44C'est quand même exceptionnel.
05:46Vous êtes d'accord avec ça, vous, Gérald Lallouet ?
05:48Ah oui, je suis entièrement d'accord.
05:49C'est un très très bon résumé de ce qui se passe dans la campagne.
05:52Mais elle ne prend pas de risques ?
05:54Pour l'instant, non.
05:55Et c'est vrai que son premier devoir, exactement comme l'a dit Louis Sarkozy,
06:00c'était de réunir le parti, ce qu'elle a très bien réussi à faire.
06:03Maintenant, ce qu'il faut comprendre, c'est que les démocrates étaient dans le mur.
06:08Avec Biden, ils savaient qu'ils allaient perdre.
06:10Ils se préparaient même à une déroute et beaucoup n'étaient pas mobilisés.
06:14Donc le fait même que Biden se retire et qu'on passe à autre chose,
06:19ça a redonné de l'élan aux démocrates.
06:21Kamala Harris bénéficie d'un a priori favorable de la part de la majorité des médias américains.
06:28Maintenant, techniquement aux Etats-Unis, la campagne n'a pas encore commencé.
06:32La campagne générale, elle commencera à l'issue de la convention démocrate de Chicago dans 15 jours.
06:39Et c'est à ce moment-là où on verra si les candidats sont capables de tenir la distance.
06:43Et on sait que Kamala Harris, lorsqu'elle s'était présentée à la nomination démocrate en 2020,
06:49elle avait eu un parcours un petit peu similaire au début.
06:52Elle était montée très vite dans les sondages.
06:54Elle s'était fait remarquer à l'occasion d'un débat d'ailleurs contre Joe Biden.
06:58Et puis tout ça s'était effondré et elle avait fini par se retirer avant même la première primaire.
07:04Donc là, elle ne va pas se retirer.
07:06Mais je pense que l'engouement auquel on assiste actuellement ne va pas forcément durer.
07:10Louis Sarkozy, peut-être est-ce un regard uniquement franco-français et peut-être est-ce naïf,
07:16mais elle porte quand même un bilan, celui des années Joe Biden.
07:20Est-ce qu'on en parle ?
07:22Oui, c'est l'héritière, c'est sûr.
07:24Et là, elle essaie clairement de ne pas trop divorcer de ce bilan.
07:27Le problème, comme je le disais, c'est qu'on ne sait pas quelle candidate elle sera.
07:31On ne sait pas quelles sont ses positions encore.
07:33On ne sait pas où il y aura, s'il y aura un divorce entre des positions de Joe Biden et d'elle.
07:38Elle essaie de montrer le plus grand respect envers le chef qui était Biden,
07:43qui part, vous savez, avec le magnifique coucher de soleil et elle bénéficie de cette euphorie,
07:47sans vraiment froisser soit le centre, soit les sommes gauches de son parti.
07:51Mais moi, je suis complètement d'accord avec monsieur Larcher.
07:54C'est-à-dire qu'en 2019, elle se présente et la campagne est, on va le dire assez clairement, une catastrophe.
08:01C'est une mauvaise candidate.
08:03Elle tombe, elle est en dessous des sondages d'Andrew Yeung, si vous voulez.
08:07Elle est en dessous des 3%, elle n'arrive même pas à l'année 2020.
08:10Elle se retrait en 2019 et elle est sélectionnée par Joe Biden, vraiment, qui sauve ses prospects,
08:15non seulement pour 2024, mais en tout cas, qui la rend vice-président.
08:19Donc, je pense qu'on va le savoir dans les jours qui viennent, quel type de candidat elle est.
08:23On n'a juste pas assez d'informations.
08:25Elle va bénéficier de la convention dans deux semaines.
08:28Elle aura un petit boost encore dans les sondages.
08:30Le but pour elle, c'est d'essayer de surfer cette vague jusqu'en novembre.
08:33Ce n'est pas impossible.
08:35Ce n'est pas impossible, mais ce n'est certainement pas évident.
08:39Ce n'est pas évident, mais on sous-estime la haine, si vous voulez,
08:43ou je dirais le grand danger que pose Trump aux yeux des médias.
08:47Ils sont complètement capables de ne pas lui poser une question problématique jusqu'en novembre.
08:51Et si on prend les choses froidement, Gérald Olivier,
08:54est-ce que quand même Kamala Harris n'a pas des atouts évidents
08:58pour séduire une grande partie des électeurs américains ?
09:01Malgré le rejet de Trump, malgré le travail médiatique pour faire basculer Trump,
09:07est-ce qu'elle n'a pas des atouts, à nos yeux, qui apparaissent comme évidents ?
09:11Très honnêtement, tout au long de sa carrière,
09:13les deux meilleurs atouts de Kamala Harris,
09:15ça a été qu'un, c'est une femme, et deux, qu'elle est noire.
09:18Au moins partiellement, puisqu'elle est à la fois indienne et noire.
09:21Et actuellement, au sein du Parti démocrate, on a une politique d'identité.
09:24On fait monter les gens en fonction de qui ils sont.
09:27Donc elle était la bonne personne au bon moment.
09:29Elle n'arrête pas de vous dire que dans sa carrière,
09:31elle a dû faire face à de l'adversité à cause de qui elle est et d'où elle vient.
09:35C'est complètement faux.
09:36Elle appartient à une génération qui a bénéficié de programmes d'action affirmative,
09:40justement parce qu'ils étaient membres de minorité.
09:43Donc la véritable situation, elle est là.
09:45Maintenant, tout à l'heure, je vous disais, pour la définir, c'est un caméléon.
09:48C'est-à-dire qu'elle change d'opinion.
09:50Pour vous, c'est une situationniste, en fonction de qui elle est.
09:52Elle s'adapte à ce qu'il faut dire.
09:54Là, on est dans une période qui est assez importante,
09:56parce que justement, comme sa candidature vient d'être officialisée
10:00au cours des deux semaines écoulées,
10:02c'est maintenant qu'on définit un personnage.
10:04Et pour réunir le parti, elle a besoin d'aller à gauche.
10:07Mais pour gagner en novembre, elle aura besoin de revenir au centre,
10:10parce que les élections se gagnent toujours auprès des électeurs indépendants.
10:13Donc on la voit déjà renier un certain nombre de positions
10:17qu'elle avait eues quand elle était, par exemple,
10:19candidate du Parti démocrate.
10:20Et ici, il nous reste une grosse minute.
10:24Elle doit annoncer dans la journée le nom de son vice-président.
10:27On va faire des paris comme ça.
10:29On met un peu d'argent au milieu de la table.
10:30Louis Sarkozy, qui voyez-vous comme vice-président de Kamala Harris ?
10:34Monsieur Shapiro a perdu dans les sondages depuis hier
10:38à cause de ses positions sur Israël.
10:40Moi, je pense que c'est encore lui, justement, à cause de ses électeurs modérés.
10:43Et je voudrais juste rajouter deux d'énormes forces
10:46qu'on n'a pas encore mentionnées de Kamala Harris.
10:48Elle n'est pas Monsieur Trump.
10:50Elle n'est pas Joe Biden.
10:51Pour rajouter au fait que ce soit une femme et qu'elle soit effectivement noire,
10:55c'est quatre grandes forces pour les modérés.
10:57Gérald Olivier, pour vous ?
10:58Comme Louis a choisi Monsieur Shapiro, gouverneur de Pennsylvanie,
11:04pour ne pas dire la même chose, je vais choisir Tim Walz,
11:07qui est le gouverneur du Minnesota, qui est également en lice.
11:10Maintenant, ce que dit Louis est très vrai sur les arguments de Kamala Harris.
11:15Mais il y a aussi autre chose dont on va sûrement reparler.
11:18C'est tout simplement le monde qui continue d'évoluer.
11:21Vous avez un Proche-Orient au bord de l'explosion.
11:24Et hier, vous aviez les bourses du Japon et la bourse de New York
11:27qui étaient en train de s'effondrer,
11:28pour des raisons sur lesquelles on pourra revenir.
11:30Donc il y a un contexte dans lequel la campagne va également se dérouler.
11:34Oui, c'est un moment responsable.
11:35Ah oui, et puis il y a un moment où il y aura une incidence.
11:38Et ça, ça va aider Trump, bien sûr.
11:40On va suivre ces élections américaines qui n'ont certainement pas fini
11:43de nous surprendre dans les prochaines semaines.
11:45Merci beaucoup, Louis Sarkozy, d'avoir été avec nous depuis les États-Unis
11:49et de vous être réveillé sitôt.
11:51Essayiste, observateur de la campagne américaine pour le Figaro,
11:54et je rappelle votre excellent ouvrage sur Napoléon.
11:56Et merci beaucoup à vous, Gérald d'Olivier, journaliste franco-américain
11:59et auteur de Cover Up, Le clan Biden, l'Amérique et l'État profond.
12:03Aux éditions confidentes, on marque une très courte pause
12:06parce que depuis la Corse, il y a Fabien Roussel qui nous attend.
12:09Sanofi a choisi de construire une nouvelle usine en Allemagne
12:12pour la modique somme de 1,3 milliard.
12:15Et ça, forcément, ça ne nous convient pas.
12:16A tout de suite sur Sud Radio.