Avec Gérald Olivier, journaliste franco-américain et auteur, Auteur de "Cover up : le clan Biden, l’Amérique et l’État profond" (aux éditions Konfident) et Jean Claude Beaujour, Avocat, président du Forum Transatlantique
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NewsTranscription
00:009h10, Sud Radio, la vérité en face, Patrick Roger.
00:06Dans le coin rouge, accusant 130 kilos, 500 à la pesée.
00:11We will make America great again.
00:15Et voici maintenant les talons italiens qui montent sur le rythme.
00:18We are not going back. It is a fight for freedom.
00:21Let's get ready to rumble.
00:28On se dit, de quoi s'agit-il ?
00:30Ben oui, c'est le débat ce soir à Philadelphie aux Etats-Unis,
00:34la ville de Rocky, d'où le générique qu'on met depuis ce matin.
00:38Pourquoi d'ailleurs ?
00:39Tiens, nos deux invités, Gérald Olivier et Jean-Claude Beaujour,
00:43pourquoi Philadelphie ? Bonjour à tous les deux.
00:46Philadelphie, deux raisons.
00:47D'abord, c'est la première capitale des Etats-Unis.
00:50Avant Washington, c'était Philadelphie.
00:52C'est là où s'est tenue la convention dont est sortie la Constitution américaine,
00:55qui est si importante.
00:57Philadelphie, c'est l'État le plus important de l'élection.
01:00C'est celui où tout va se jouer.
01:03Il y a 20 grands électeurs et c'est le plus indécis.
01:06Donc, il n'y a pas eu une demande de Kamala Harris ou Donald Trump pour aller là-bas ?
01:10Non, c'est le lieu clé.
01:12Et puis, en complément de ce qui vient d'être dit,
01:14c'est Philadelphie où Obama avait fait son grand discours,
01:18le discours de Philadelphie.
01:20Donc, d'une certaine manière, il y a aussi un petit peu de tout cela.
01:24C'est toujours le résumé de plein d'éléments
01:29qui justifient le lieu d'une grande réunion comme celle-ci.
01:34Mais ce n'est pas Philadelphie, la ville, c'est l'État de Pennsylvanie autour.
01:37C'est la Pennsylvanie qui est importante.
01:38Bon, alors, donc, existe Joe Biden.
01:41Vous l'aviez dit d'ailleurs dans votre livre
01:43« Cover-up, le clan Biden, l'Amérique et l'État profond » aux éditions confidentes.
01:46Vous aviez écrit qu'il y avait toute l'histoire autour du fils Biden.
01:50Évidemment, ça s'est confirmé.
01:52Ce n'est pas ce qui est à l'origine probablement du renoncement de Biden, cette affaire ?
01:58Elle a joué et elle aurait joué de manière beaucoup plus flagrante
02:03si sa candidature avait, je dirais, s'était poursuivie.
02:06Mais il est apparu relativement tôt dans la campagne
02:09dès l'hiver et le printemps que sa santé était quand même fragile,
02:12qu'il y avait des pertes cognitives, comme on disait à l'époque.
02:15Il a commencé à stagner, voire à baisser dans les sondages.
02:18Et à partir de là, les démocrates ont cherché à le remplacer.
02:21C'est ce qui s'est passé au mois de juillet.
02:23Est-ce que tous les démocrates étaient, et est-ce qu'ils sont aujourd'hui,
02:26tous derrière Kamala Harris ?
02:28Ah oui, pour moi, oui.
02:30Ça, c'est la réussite.
02:32Je crois que oui pour deux raisons.
02:35La première, c'est qu'effectivement, la situation était telle au mois de juin,
02:40avec un candidat qui était à la peine, et même s'il disait « oui, j'ai tué »,
02:45il prenait avec un peu d'humour ses réactions un peu lentes en disant
02:48« oui, c'est vrai que j'ai eu plus d'énergie que par le passé », etc.
02:51Mais les démocrates, dans leur intégralité, sentaient que c'était compliqué,
02:56parce qu'une campagne, ce n'est pas qu'une question de passé,
02:59c'est aussi l'avenir.
03:00Il faut savoir parler au peuple pour l'avenir.
03:03Il faut savoir dessiner quelque chose.
03:05Et on avait un peu de mal avec Biden à dessiner cet avenir.
03:09Et avec Kamala Harris, alors.
03:10Parce qu'il y avait quelques doutes au début.
03:12Oui, mais qu'on le veuille ou non,
03:14tout d'abord on est parti tellement bas que c'était finalement moins compliqué,
03:18parce qu'elle a 20, 25 ans, 22 ans de moins que lui.
03:23Donc déjà en termes d'énergie, elle a été procureure, elle a été vice-présidente.
03:27Donc elle a été dans la machine sans finalement avoir eu toutes les malettes.
03:31Donc d'une certaine façon, c'était une bonne chose.
03:33Dernier point, qui n'est pas négligeable aux États-Unis.
03:36Dans une société fragmentée, dans une société où Donald Trump, d'un côté, disait
03:41je vais faire de l'Amérique, celle que vous avez connue, l'Amérique puissante.
03:46Et je suis, allez, l'un dans l'autre, je suis pour Donald Trump,
03:50un peu tiède sur l'avortement.
03:52L'un dans l'autre, finalement lorsqu'il y a des manifestations ethno-raciales,
03:55je renvoie dos à dos tout le monde.
03:57Et bien Kamala Harris et les démocrates prennent un pas différent.
04:01Et c'est d'ailleurs ce qu'elle va probablement dire ce soir.
04:03Elle va dire, elle va montrer quelle Amérique elle souhaite.
04:07Enfin, du moins c'est ce qu'on pense.
04:10C'est ce qu'on pense, elle va devoir parler de ce que c'est.
04:13Si je peux ajouter quelque chose là-dessus, très brièvement.
04:15Il y a un mot très important que vous avez prononcé, c'est le mot machine.
04:18Il y a une machine démocrate.
04:20C'est pas flatteur, mais il y a une machine démocrate.
04:22La machine démocrate s'est mise derrière Kamala Harris à partir du moment où Biden s'est retiré.
04:27Cette machine, elle bénéficie du soutien médiatique.
04:30Et depuis huit semaines, Kamala Harris est encensée dans les médias.
04:34Il y avait une enquête...
04:36La plupart des médias américains...
04:38Il y a un institut qui s'appelle le Media Research Center,
04:42le centre de recherche sur les médias,
04:44qui vous dit que 84% de la couverture médiatique sur Kamala Harris est positive.
04:5089% de la couverture médiatique sur Trump est négative aux Etats-Unis.
04:55Mais en France, c'est un peu la même chose.
04:57Oui, mais ça aide quand même.
04:59Maintenant, au-delà de cela, quand vous parliez de l'unité du parti démocrate,
05:02oui, elle a réussi à la faire parce qu'elle est allée vers son aile gauche.
05:06Le défi qu'elle va rencontrer au débat de ce soir,
05:09c'est de convaincre les centristes.
05:11Elle est allée vers son aile gauche d'abord pour faire taire cette aile gauche,
05:14qui est très bruyante aujourd'hui,
05:16notamment sur la question du Moyen-Orient.
05:18Et quand elle a choisi Tim Walz comme coalitier,
05:21ce gouverneur du Minnesota,
05:24qui est lui-même très à gauche,
05:25elle a clairement indiqué ce qu'elle voulait.
05:27Donc elle a préféré l'unité du parti d'abord.
05:29Et puis après, elle va devoir avoir besoin d'aller rechercher les électeurs centristes
05:33si elle veut gagner en novembre.
05:35Justement, sur tout ce derrière Kamala Harris,
05:37c'est aussi lié au fait qu'il ne faut pas oublier
05:39que lors de l'élection présidentielle,
05:41vous avez entre guillemets des élections locales.
05:43Donc si Kamala Harris se plante,
05:45c'est beaucoup de gens qui derrière risquent de se planter.
05:48Des sièges de sénateurs, des sièges de représentants,
05:50des sièges de gouverneurs, etc.
05:52Donc vous avez un enjeu considérable.
05:54À un moment donné, il faut faire taire la division,
05:56il faut y aller, ou alors tout le monde se plante.
05:58Deuxième chose, rappelons pour vos auditeurs français,
06:02une campagne américaine, c'est plus d'un milliard de dollars.
06:06Donc à ce prix-là, on ne prend pas les amateurs,
06:08il faut véritablement que les gens...
06:10C'est ce qu'on appelle une machine.
06:11Avant de revenir sur le fond, dans un instant,
06:13sur ce que vous avez dit, c'est-à-dire qu'elle va devoir
06:15se déplacer un petit peu plus au centre,
06:17même si elle a encouragé beaucoup
06:19tous ceux qui étaient plutôt à l'extrême gauche,
06:21Kamala Harris, bien sûr.
06:23À sa gauche, la gauche américaine.
06:25Oui, à la gauche, bien sûr, c'est relatif.
06:27Quoique, on a vu quand même qu'il y a eu des mouvements.
06:30Bien sûr, bien sûr.
06:31Dans les plus grandes universités américaines.
06:33Ces mouvements, évidemment, pro-palestiniens,
06:36il y a l'wokisme qui est très fort.
06:39Alors c'est autre chose, vous allez me dire, mais tout de même...
06:41Ce n'est pas le sujet du débat, mais on pourra en reparler.
06:44Pour moi, les États-Unis vivent une révolution culturelle.
06:47Ça s'appelle comme ça.
06:49Et ce que vous avez évoqué, ce qu'on a constaté
06:51sur les campus américains, y compris
06:53les campus les plus privilégiés.
06:55Columbia, c'est une université à 100 000 dollars par an.
06:57Ce ne sont pas les pauvres qui y vont.
06:59C'est totalement inadmissible dans un contexte américain.
07:01On peut en reparler ailleurs, mais c'est des développements majeurs.
07:05Sur la forme aussi.
07:06On se souvient, ça avait été quand même Trump-Biden.
07:10Tiens, on va réécouter d'ailleurs quelques extraits
07:12où il n'était pas avec le dos de la cuillère.
07:15Biden, t'es un looser.
07:29Trump, moi, je n'ai pas couché.
07:31Donc moi, je n'ai pas couché aussi avec une actrice porno.
07:33Enfin, il s'était renvoyé ça à la figure.
07:35T'as la morale d'un chat de gouttière.
07:37Est-ce que ce soir, ça va être de ce niveau ?
07:40Ou alors, j'ai lu que les conseillers de Camarys
07:42lui conseillent de ne pas se laisser embarquer
07:45justement dans les attaques et provoques de Donald Trump
07:47et que Donald Trump lui-même aussi pourrait modérer ses propos.
07:51Qu'est-ce que vous en pensez, Jean-Claude Boucher ?
07:53Moi, j'entendais une républicaine qui disait,
07:55c'est une des moines, c'est Nicky Allé,
07:57et qui disait, lorsque Donald Trump traite Camarys de cette façon,
08:02c'est une idiote, etc.,
08:04il est arrivé pour créer une folle, etc.
08:07Il traite non seulement toutes les femmes démocrates,
08:10mais aussi les femmes républicaines
08:12peuvent être surprises, voire choquées.
08:14Donc, je pense que dans le camp Donald Trump,
08:17on lui dit, faites attention,
08:19une chose, restez dans votre couloir de nage,
08:23ne soyez pas à l'excès, méprisants, etc.,
08:28qui peut vous faire perdre un certain électorat.
08:32Pour autant, est-ce que Donald Trump parviendra
08:34à ne pas faire du Donald Trump ?
08:36Ça sera extrêmement compliqué
08:38parce qu'il ne sait pas tellement faire autre chose.
08:42C'est un homme des médias,
08:44il est dans la violence...
08:46C'est provocateur.
08:48C'est ce qu'elle va être.
08:49C'est elle qui va être la provocatrice.
08:51C'est elle qui va chercher la provocation ?
08:53Je pense qu'elle va chercher à le faire sortir de ses gonds.
08:55Parce que c'est ce qui fait peur à tout le monde.
08:57Et c'est ce qui justifie l'anti-Trumpisme.
08:59C'est quelqu'un qui a une tendance à l'autoritarisme,
09:02et si vous le laissez aller à l'excès,
09:04il va vous montrer ce qui fait sa mauvaise image.
09:08En plus, elle sait très bien...
09:10Elle a été procureure.
09:12Elle a préparé le débat.
09:14Elle sait poser des questions et dire les choses
09:16qui vont chercher à vous déstabiliser.
09:18Dans les propos de Joe Biden, le mot « loser »,
09:20c'est un mot qui est insupportable aux oreilles de Donald Trump.
09:23Donc je crois qu'elle va jouer avec ça.
09:25Et l'un des enjeux, ce sera en effet pour lui
09:27de garder son calme, de garder ses distances,
09:29de la respecter en tant que femme et en tant que candidat,
09:32mais d'attaquer ses idées.
09:34Mais de le faire proprement.
09:36Il y a une femme aussi en débat, c'est important.
09:38Il y a eu Hillary Clinton.
09:40Pour moi, celle-là est moins...
09:41Maintenant, elle est aussi noire.
09:42Donc il y a deux choses, si vous voulez,
09:44dans le contexte américain.
09:46Elle est devenue noire, a dit Donald Trump,
09:48pendant l'été.
09:49Bien sûr, bien sûr.
09:50Mais une élection, c'est toujours la même chose.
09:52Derrière un corps électoral se cachent des sous-corps.
09:55Donc évidemment, lorsqu'il parle à Kamala Harris,
09:58il parle à une femme,
10:00il parle à une Américaine de l'immigration de deuxième génération,
10:05il parle à une noire,
10:06il parle à une Asiatique,
10:07il parle à une Californienne,
10:08il parle aussi à l'establishment.
10:10Donc tout ce qu'il pourra dire est sous-décomposé,
10:14j'ai envie de dire.
10:15Mais ça, c'est vrai pour tout, y compris en France.
10:17Donc c'est là où il devra faire extrêmement attention
10:20pour rester dans son coordonnage.
10:22Et peut-être aller la chercher
10:23sur les questions économiques
10:24pour lesquelles elle est moins à l'aise
10:26parce qu'elle, en réalité...
10:27Allez, on va voir ça dans un instant.
10:29D'autant que les sondages sont quand même...
10:30C'est extrêmement serré.
10:31Dernier sondage, j'ai vu, c'est 48 pour Trump
10:34contre 47, l'un des derniers sondages hier, je crois.
10:37Sur le plan national.
10:38Oui, sur le plan national.
10:39Parce qu'évidemment, après, il faut voir...
10:40Il faut regarder dans le détail, aux États-Unis.
10:42Dans chaque État, évidemment, c'est là où ça se joue, bien sûr.
10:46Bon, on l'avait vu, d'ailleurs, avec la dernière élection,
10:48quand Donald Trump a dit qu'il avait été volé.
10:50Parce qu'évidemment, il pouvait avoir plus de voix,
10:52mais en revanche, tout n'est pas d'avoir des voix,
10:55mais d'avoir aussi, évidemment, des États.
10:57Le nom de l'électeur...
10:58Oui, on voit ça dans un instant sur les idées aussi, justement.
11:02Parce qu'on a vu beaucoup la forme et les idées.
11:05Et notamment l'économie.
11:06Ce que vous avez dit à l'instant.
11:07Et puis la guerre, peut-être, en Ukraine,
11:09qui est en toile de fond.
11:119h46, La Vérité en face, sur Sud Radio.
11:19Kamala Harris contre Donald Trump, cette nuit,
11:22à Philadelphia, aux États-Unis.
11:24Le débat trois mois avant la présidentielle,
11:28la course à la Maison Blanche.
11:29C'est peut-être l'unique débat.
11:30C'est pour ça qu'il est quand même particulièrement important.
11:33Je ne sais pas s'il y en aura un autre.
11:35Gérald Dolivier et Jean-Claude Beaujour avec nous.
11:37On va parler du fond dans un instant,
11:40mais juste sur la forme, pour terminer sur ce que l'on disait tout à l'heure,
11:43il y a des conditions quand même très particulières, Gérald Dolivier.
11:46Pas de notes, etc.
11:47Tout est cadré.
11:49Alors, un, le débat est organisé par une chaîne de télévision
11:51qui s'appelle ABC, qui est une grande chaîne.
11:53Le journaliste dirigeant cette chaîne, c'est Georges Stephanopoulos,
11:56qui est l'ancien porte-parole de Bill Clinton.
11:59Donc on est quand même un petit peu du côté de Kamala Harris dans ce cadre-là.
12:02Mais les candidats seront debout, devant un pupitre,
12:05sans notes, sans aide évidemment.
12:08Les questions seront posées,
12:11et ils auront deux minutes pour répondre.
12:13Suite à ces deux minutes, le candidat adverse
12:16aura lui-même une minute pour amener son contre-argument.
12:21Et il pourra y avoir à nouveau une minute de follow-up questions,
12:25comme on dit en anglais, c'est une question poursuivre,
12:27pour compléter la première réponse.
12:29Et pendant que l'un des candidats parlera,
12:32l'autre aura son micro coupé.
12:34Donc ils ne pourront pas s'interrompre.
12:36Ce qui pour moi est une très bonne chose,
12:38dans la mesure où un, quand deux personnes parlent en même temps,
12:42ceux qui écoutent ne comprennent rien.
12:44Si je parle en même temps que vous par exemple, on ne nous entend pas.
12:46C'est une évidence.
12:48Et en même temps, Trump a un petit peu le défaut de toujours interrompre les autres.
12:52Donc ça, ça avantage Trump d'une certaine façon.
12:54Ça l'avait beaucoup avantagé contre Joe Biden,
12:57parce que l'autre chose qui se passe,
12:59c'est que le débat, bien entendu, il est retransmis à la télévision,
13:02et que pendant que l'un parle,
13:04les téléspectateurs peuvent voir les expressions faciales de l'autre.
13:07Et ça, ça compte aussi.
13:08Ça montre si vous êtes stable, confiant, si vous écoutez.
13:11Et pas de notes, c'est un...
13:13Non seulement pas de notes,
13:15mais en plus, les candidats ne devraient pas,
13:17pendant qu'il va y avoir une ou deux pauses,
13:20ils ne devraient pas, et en tout état de cause, s'il y avait une pause,
13:23ils ne devraient pas pouvoir communiquer avec leurs équipes, etc.
13:28Donc on voit bien que l'idée, c'est à la fois
13:31de maintenir un équilibre dans le rapport avec les candidats,
13:34et c'est pour cela qu'on disait à l'instant que ça peut avantager Donald Trump,
13:38parce qu'il a un côté foufou,
13:42et qui peut surprendre quand on a une posture de président.
13:45Donc là, ça peut l'obliger à rentrer dans le veston de président.
13:50Voilà, là où Kamala Harris est plus habituée sur la forme,
13:55mais j'ajoute que la difficulté pour Kamala Harris,
13:58ça sera aussi de répondre rapidement,
14:01par des formules qui sont comprises par le plus grand nombre,
14:04qui peuvent convaincre.
14:05Vous savez, la difficulté que nous avons,
14:07nous juristes, c'est qu'on est habitués à élaborer une pensée.
14:10Et lorsqu'il vous faut en une minute...
14:12Non mais ça, ils ont dû le travailler quand même.
14:15Oui, mais le naturel, vous savez, c'est une chose que de le travailler,
14:19parfois, vous savez, moi j'ai entendu beaucoup de débats politiques,
14:23et pour que nos auditeurs comprennent,
14:25moi je me souviens que certains candidats français ont eu l'occasion de dire à la présidentielle,
14:28de dire, vous n'avez pas le monopole du cœur,
14:31Giscard l'avait pas préparé, l'homme du passé passif,
14:34je dis ça pour qu'on puisse comprendre,
14:36Mitterrand l'avait pas préparé, mais c'est sorti instinctivement,
14:39il faut avoir cette capacité, et ça, Donald Trump l'a plus que Kamala Harris.
14:42Vous avez raison.
14:43Maintenant, vous êtes un homme de radio,
14:45alors vous avez là, aujourd'hui, on est bavard,
14:47donc c'est pas difficile,
14:48mais deux minutes, tout seul,
14:50pour construire un argument, c'est long.
14:52Vous avez le temps de vous perdre,
14:54vous avez le temps de vous répéter,
14:56de perdre le fil de votre idée,
14:59et puis dernière petite chose,
15:01la première question sera pour Kamala,
15:03et c'est Donald Trump qui conclura,
15:05c'est lui qui est parlementaire, il l'a choisi.
15:07C'est important, bien sûr, alors que je le disais,
15:09c'est très serré, 48-47 dans les sondages,
15:11alors sur le fond,
15:13ils vont parler beaucoup d'économie,
15:15de sécurité, de justice,
15:17la guerre en Ukraine,
15:19également, probablement,
15:21il y a le wokisme qui est derrière aussi,
15:23et ils parlent à une Amérique qui est divisée en deux,
15:26vous n'avez pas ce sentiment, Gérald Dolivier et Jean-Claude Beaujour ?
15:29Il y a deux Amériques aujourd'hui ?
15:31Oui, il y a deux Amériques aujourd'hui,
15:33il y a deux Amériques, je dirais,
15:36qui se divisent,
15:38s'opposent, s'éloignent,
15:40mais depuis 40 ans.
15:42Moi je l'ai toujours dit.
15:44Il y a l'Amérique, grosso modo,
15:46qui va bien sur les côtes,
15:48sur les deux océans, et puis il y a l'Amérique centrale,
15:50vous aviez une expression pour ça,
15:52là tout à l'heure, vous m'avez dit,
15:54les démocrates.
15:55Les démocrates parlent, pour l'Amérique intérieure,
15:57de fly over country,
15:59parce que c'est le pays au-dessus duquel
16:01on vole en avion, mais où on ne s'atterrit jamais.
16:03Ils vivent entre New York
16:05et Los Angeles,
16:07et ils font le va-et-vient entre les deux,
16:09mais ils n'atterrissent jamais au milieu.
16:11C'est les trottinistes qui habitent au milieu.
16:13J'ai envie de dire,
16:15la grande idée de Kamala Harris,
16:17ce sera de développer
16:19la nouvelle voie pour l'Amérique,
16:21pour elle, qui répond
16:23à la fois à cette polarisation,
16:25et ça,
16:27il y a un petit Roland,
16:29j'ai parlé tout à l'heure du discours de Philadelphia
16:31et d'Obama, de cette Amérique
16:33qui est divisée, de cette Amérique ici,
16:35c'est de dire, nous, on veut
16:37vous faire revivre ce rêve américain,
16:39et pas celui du passé, mais celui de l'avenir.
16:41Ça sera un peu ça, sa grande idée.
16:43Et du côté de Trump,
16:45lui, il va s'adresser
16:47et il va l'attaquer là-dessus,
16:49par exemple, en matière énergétique,
16:51par exemple, sur la politique
16:53environnementale, dont Donald Trump
16:55considère qu'elle pénalise l'industrie
16:57américaine, et notamment
16:59le nord-est
17:01industriel.
17:03Elle a changé, Kamala Harris,
17:05sur l'économie, l'exploitation du gaz de schiste,
17:07elle était contre, elle est favorable maintenant.
17:09C'est ça le grand défi,
17:11c'est ça la grande contradiction.
17:13En vérité, oui, elle va parler
17:15de the new way forward,
17:17de nouvelle voie pour l'Amérique, mais tout ça,
17:19c'est du langage politique un petit peu creux, c'est de la communication.
17:21En fait, le problème de Kamala Harris,
17:23c'est qu'elle est vice-présidente.
17:25C'est elle qui est au pouvoir depuis 4 ans avec Biden,
17:27elle a un bilan, elle a des choses
17:29qu'elle a déjà faites.
17:31C'est ce qu'elle essaie de définir,
17:33et c'est tout ce que les démocrates veulent faire, la présenter comme
17:35une femme nouvelle alors qu'elle n'est pas nouvelle.
17:37Si elle a tant de bonnes idées, pourquoi est-ce qu'elle ne
17:39les a pas mises en place depuis 4 ans ?
17:41Ça, c'est ce que Trump va lui dire.
17:43Ce à quoi elle répondra, que le vice-président
17:45n'est pas là pour pouvoir
17:47mettre en place sa propre politique,
17:49mais exécuter ce que dit le président.
17:51Je suis d'accord avec vous,
17:53avec un point malgré tout limite,
17:55on a pu voir qu'elle a beaucoup fait au cours de ces dernières semaines,
17:57elle a beaucoup fait la campagne avec Joe Biden.
17:59Et donc, ça peut donner aussi
18:01le sentiment, on le voit physiquement,
18:03ça peut donner aussi le sentiment
18:05que finalement, elle est la continuité de Joe Biden.
18:07Donc désormais, je pense que dans les
18:09non pas 3 mois, comme vous l'avez dit,
18:11mais dans les moins de 8 semaines qui restent,
18:13elle devra véritablement mettre le paquet
18:15sur ses questions économiques,
18:17industrielles, et sur...
18:19C'est quasiment l'heure de vérité cette nuit,
18:21avec ce débat Kamala Harris contre
18:23Donald Trump, on y reviendra bien sûr demain matin
18:25sur ce radio, dans la matinale
18:27de Jean-Jacques Bordin, et puis avec moi également,
18:29et dans l'ensemble des émissions. Merci Gérald Olivier,
18:31je rappelle votre livre, cover-up,
18:33Le clan Biden, l'Amérique et l'état profond, aux éditions Confidents,
18:35et Jean-Claude Beaujour, avocat,
18:37président du forum Transatlantique.
18:39Merci. Dans un instant, Valérie Expert et Gilles Gansman.