Pierre Bellemare comme vous ne l’avez jamais entendu ! C’est la promesse de ce nouveau podcast imaginé à partir des archives exceptionnelles du Service Patrimoine Sonore d’Europe 1.
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
Ce crime a été qualifié par le journal Nice-Matin comme étant : "le plus glauque de l’histoire de Monaco".
Cela fait maintenant 20 ans que Lord Goold et Lady Goold se sont mariés, et par la même occasion, autant d’années que le couple combine ensemble de minables escroqueries. C'est d'ailleurs le seul point commun qui les unit, puisqu'ils se détestent !
Cet été de l’année 1907, en vacances à Monte-Carlo, Lady Goold a repéré sa prochaine victime. Comme à son habitude, elle désigne son ivrogne de mari pour faire le sale boulot. Mais cette fois-ci, Lady Goold a une autre idée en tête : tuer sa proie.
Mission réussie. Mais le couple saura-t-il se débarrasser du corps ensanglanté sans laisser de traces ? Il se pourrait que leurs différends ne leur porte pas chance...
Pierre Bellemare raconte cette terrible histoire dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
Ce crime a été qualifié par le journal Nice-Matin comme étant : "le plus glauque de l’histoire de Monaco".
Cela fait maintenant 20 ans que Lord Goold et Lady Goold se sont mariés, et par la même occasion, autant d’années que le couple combine ensemble de minables escroqueries. C'est d'ailleurs le seul point commun qui les unit, puisqu'ils se détestent !
Cet été de l’année 1907, en vacances à Monte-Carlo, Lady Goold a repéré sa prochaine victime. Comme à son habitude, elle désigne son ivrogne de mari pour faire le sale boulot. Mais cette fois-ci, Lady Goold a une autre idée en tête : tuer sa proie.
Mission réussie. Mais le couple saura-t-il se débarrasser du corps ensanglanté sans laisser de traces ? Il se pourrait que leurs différends ne leur porte pas chance...
Pierre Bellemare raconte cette terrible histoire dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare
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NewsTranscription
00:00Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Bellemare, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:10Sir Gould déteste Lady Gould, mais qui pourrait s'en douter ? Darling,
00:17après vous je vous en prie, chérie. Lady Gould déteste encore plus Sir Gould,
00:24si c'est possible. Mais rien ne le laisse supposer. Darling, n'oubliez pas votre chapeau.
00:30Il y a vingt ans qu'ils sont mariés, et vingt ans qu'ils se détestent. Et il y a vingt ans
00:36que personne ne s'en doute. C'est à l'occasion d'un séjour à Monte-Carlo que le vieux Lord
00:42et sa vieille Lady vont le proclamer à la face du monde, d'une bien drôle de façon. Car
00:48contrairement à ce que vous pourriez penser, Sir Gould ne va pas tuer Lady Gould.
00:53Et le contraire non plus. C'est logique. Si l'un supprimait l'autre,
00:59il ne pourrait plus le détester, et la vie serait insupportable,
01:03vraiment insupportable. Darling, après vous. N'oubliez pas votre chapeau, Darling.
01:24Petite carte postale en provenance de Monte-Carlo. Principauté riante, son rocher,
01:33ses palmiers, son casino. Cette carte postale est du mois d'août 1907.
01:39Mairie. Le texte est en anglais, je vous lis les sous-titres. Rentrons pour le week-end. Préparez
01:46le château. Envoyez la voiture à la gare Victoria, train de huit heures. Lord et Lady Gould.
01:53Cette carte postale est écrite à une table du jardin d'été du casino de Monte-Carlo par Lady
02:00Gould sous l'oeil de ses relations du moment, des relations en diamanté. Mais cette carte
02:05postale arrive en Angleterre dans un petit appartement de Chelsea, presque vide, minable
02:10et en location. Il n'y a pas plus de mairie domestique que de château et que de voiture.
02:16Lord et Lady Gould sont des escrocs, de petits escrocs. Disons plutôt qu'ils profitent au jour
02:22le jour des situations en jouant sur leur titre. Car Lord Gould appartient réellement à une noble
02:28famille irlandaise. Il est baronné. Ses peux, mais les quelques objets à son chiffre qu'il étale
02:34volontiers, sont authentiques. Nul ne peut s'y tromper. De la canne à pommeau d'argent et d'ivoire
02:38vieillie à la perle de son épingle de cravate, Lord Gould est baron estampillé d'origine, mais
02:44imbibé de whisky jusqu'à la moelle de ses eaux chenues. Il est petit, maigre, délabré, avec une
02:53élégance indubitable. Lady Gould, c'est autre chose et pour cause. D'abord, c'est une Française,
02:59grande, grosse et laide. Un visage où tout s'écroule, les yeux, le nez, le menton. Un mélange
03:05de graisse et de dureté. Elle s'appelle Marie-Violette, née d'une paysanne de l'Isère et d'un
03:12bourgeois inconnu. Leur aventure sentimentale avant le mariage est un modèle du genre. Elle était
03:18lingère, il était baron. Elle voulait devenir baronne, il préférait le whisky. Le piège fut
03:24désé, le baron n'avait pas un sou, la lingère lui a fourni le whisky jusqu'à plus soif, jusqu'à ce
03:29qu'il l'épouse dans un état d'ébriété permanente. Ah, le réveil fut brutal. Imaginez, le pauvre et
03:36maigre Lord, désoulé, s'éveillant un beau matin à Paris dans une chambre sordide auprès d'une
03:41Marie-Violette tout en graisse et en brutalité. D'après lui et, qui ne le croirait pas, le mariage
03:47consommé, plus de whisky gratuit. Si tu en veux, tu te débrouilles, baron. Ce genre de formule étant
03:54réservée à la plus stricte intimité, bien entendu, à l'extérieur, on arrondit les ordres.
03:58Dorlé, après vous, je vous en prie. Mon mari est baron, c'est amusant, non ? Ma femme est française,
04:05c'est d'un piquant. Ils se détestent. Ils se haïssent depuis vingt ans qu'ils combinent ensemble de
04:12minables petites escroqueries. Ils ont écumé la France, puis le Canada et puis l'Angleterre. Ils ont
04:18joué dans tous les casinos, fait des dettes dans tous les hôtels, déménagé la cloche de bois de
04:22toutes les villes. Ils ont soixante ans. C'est bientôt l'âge de la retraite. Marie-Violette a
04:29décidé de traîner son ivrogne de Marie à Monte Carlo. Ils ont loué une villa dans l'Avenue des
04:35Fleurs. Ils jouent et ils boient comme un trou. Elles tirent des plans sur la comète. Ils ont
04:42quinze jours pour trouver une source de revenus. Premièrement, tendre une toile d'araignée, faire
04:49croire qu'on est riche, donner de petites réceptions, soigner le moindre détail, la carte postale par
04:55exemple. Deuxièmement, repérer une mouche. La femme riche mais seule étant la meilleure des
05:01mouches. Troisièmement, se débrouiller pour lui prendre son argent. Ce genre de plans laissant
05:08bien entendu toute l'attitude quant au choix des moyens. En résumant ce que l'on a appris par la
05:13suite, voici le choix des moyens. Darling, qui est cette charmante jeune femme? Vous ne m'avez pas
05:19présenté. Miss Levine, Darling. Emma Levine. N'est-elle pas ravissante? Ravissante? Emma
05:26Levine? Elle a plutôt l'air d'un carabinier à vrai dire et cette charmante jeune femme a pour
05:32le moins cinquante ans. Vous êtes seule ici, Miss Levine? Comme c'est triste. Mais Darling, Miss
05:39Levine n'est plus seule à présent, n'est-ce pas? Vous viendrez prendre le thé jeudi. Si, si, si,
05:43j'y tiens. Nous y tiendrons absolument, n'est-ce pas, Darling? Absolument, Miss Levine, puisque Lady
05:48Gould vous invite, il faut venir. On ne résiste pas à Lady Gould quand elle a décidé quelque chose.
05:53Ainsi Miss Levine viendra jeudi prendre le thé à la ville. Alors il est temps pour Lady Gould de
06:02faire ses préparatifs. Les préparatifs de départ tout d'abord. Si Miss Levine vient prendre le thé
06:07jeudi, Laure et Lady Gould s'en iront vendredi, du moins. Marie-Violette en a-t-elle décidé ainsi et
06:15son Lord de Marie s'en étonne. Mais on ne va pas partir maintenant. J'ai gagné cent francs au casino
06:20hier. Mais tu les as déjà vus. Mais il n'y a pas de mais. Écoute-moi. Jeudi tu recevras Miss
06:25Levine à l'heure du thé tout seul. Mais pourquoi tout seul? T'occupes. Tu lui diras que je prépare un
06:31gâteau dans la cuisine. Puis tu la fera asseoir dans ce fauteuil, tu vois? Oui, après. Tu prendras
06:37ceci. Un pilon? Pour quoi faire? Pour l'assommer. Mais je veux pas l'assommer! À ton aise! Il n'aura pas
06:48une goutte de whisky pendant une semaine. Privé Laure Gould de whisky pendant une journée serait
06:54largement suffisant pour lui faire faire les pires bassesses. Mais assommer une dame, cela demande
07:00réflexion. Et si je l'assomme, qu'est-ce que tu en fais? Tu verras bien. Laure Gould est large et
07:11cette réponse lui suffit. Il nous faut préciser toutefois que l'état comateux et alcoolique dans
07:16lequel il se trouve de façon permanente ne lui permettrait guère de se conduire autrement. Donc
07:21Miss Emma viendra prendre le thé jeudi. Les mâles sont prêtes. Et pour ce couple merveilleusement
07:28assortis, c'est le commencement de la fin.
07:31Les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast européen.
07:43Miss Emma Levine, je vous l'ai dit, a l'air d'un carabinier. En réalité, elle est suédoise. Alors
07:48dite, elle se présente au portillon de la villa où Laure Gould la reçoit avec volubilité. Il a
07:54puisé tout son courage dans l'alcool. C'est dire qu'il a dû forcer la dose habituelle.
07:58Et entrez, Miss Levine. Et par ici, Miss Levine. Et comment allez-vous? Beau temps, n'est-ce pas? Ma
08:05femme arrive tout de suite. Elle est dans la cuisine. Un gâteau pour vous. Mais non, c'est la
08:09moindre des choses. Asseyez-vous, Miss Levine, je vous en prie. Ouf. Elle est assise, elle est
08:15grande et sa tête dépasse le dossier du fauteuil. Elle demande pourquoi par cette chaleur on attirait
08:21tous les rideaux et fermait tous les volets. Mais c'est justement pour avoir frais, Miss Levine,
08:25a répondu Laure Gould en frappant un grand coup sur la tête de Miss Levine. Mais qu'est-ce que
08:30tu as fait? Je l'ai assommé, c'est toi qui voulais. Mais elle respire encore. Tu l'as? Ah non,
08:36tu l'as, je te dis. Non. Prends un couteau et tu l'as, sinon... Allez, tiens, bois quelque chose.
08:44Laure Gould, baronnet d'Irlande, a bu et il a pris le couteau dans ses mains d'ivrogne. Et il a
08:53coupé le cou de Miss Levine en deux fois parce qu'il tremblait. Je te déteste, Violette. Je te
09:01déteste. C'était un peu comme si c'était elle qu'il tuait. Alors seulement Lady Gould s'est penchée
09:12sur sa victime, sur son sac, sur ses poches. Rien. Pas un sou. Des bijoux. Faux. Elle a pris
09:22les clés de l'appartement de Miss Levine, elle a couru dans les rues ensoleillée en rasant les
09:26murs, elle a fouillé tous les tiroirs, tous les coffres, tous les mâles. Rien. Elle est
09:32revenue en courant toujours. L'imbécile. C'était elle qui voulait nous avoir. Elle n'a rien. Rien
09:37du tout. Tu comprends ? Tu l'as tuée pour rien, pauvre idiot. Ivrogne. Affalée sur un canapé,
09:43Lord Gould s'est pris d'un rire hystérique, un rire énorme, étouffant, inhumain. Et il a regardé
09:49sa femme s'en bouger. Elle a traîné une malle énorme dans le salon. Elle est allée chercher
09:53les chiffons des serpillères, des seaux, des cuvettes et tous les couteaux de la cuisine.
09:57Puis elle s'est mise au travail. Cela a duré deux heures, morceau par morceau. Enfin, le corps de Miss
10:05Levy, non pacté, ficelé, s'est trouvé rangé dans la malle dans le désordre. Lady Gould a gardé
10:10dans une petite valise le plus compromettant la tête et les bras. Elle a réveillé le baron qui
10:15dormait à moitié pétrifié sur son canapé, et ils sont partis jusqu'à la gare. Porteur ! De Montecarlo
10:21à Marseille, ils ont voyagé avec la malle au-dessus de leur tête et la valise à leurs pieds. Lady
10:25Gould devisait aimablement avec ses voisins de compartiment, racontant qu'ils venaient, le baron
10:30et elle, de passer un séjour chaque mois en Italie pour brouiller les pistes, sans doute. À Marseille,
10:35Lord Gould n'était plus qu'un fantôme, ivre et titubant que sa femme tirait par la main comme un
10:40gosse. « Tu vas dire au porteur de charger cette malle et l'expédier à Londres. Allez ! » Le porteur
10:46flegmatique ne comprend rien à ce que lui raconte ce vieux gentleman rougeau et agité. « Mais vous
10:50la voulez où, cette malle ? Dans quelle gare à Londres ? » L'anglais n'a pas l'air fixé. « Mais
10:54c'est à quel nom ? » Il n'a pas l'air fixé non plus sur son nom. « En express ou normal ? » Lady
10:59Gould se précipite avec autorité au secours de son mari. En un clin d'œil, elle a donné faux nom,
11:03fausse adresse et payé l'homme, bien payé même, un demi-louis. Le porteur en devient aimable. « Votre
11:10adresse à Marseille pour le bulletin ? » Lady Gould ne peut empêcher son mari de répondre
11:14instinctivement. « Hôtel du Louvre et de la Paix. » Le plus grand hôtel de Marseille. Le porteur en
11:19devient obsequieux. « Permettez, monsieur, donnez-moi votre valise. Je vous la porterai
11:24jusqu'au fiacre. » De rouge, Lord Gould est devenu vert. « Non, mais si, laissez-moi faire. Non,
11:31je dis que non. Vous comprendre, je dis non. » Bizarre. Il a crié bien fort ce client. Et son
11:43gendarme d'épouse l'entraîne bien vite. Pourtant la valise a l'air lourde. Songeur, l'homme charge
11:52la malle jusqu'au hall d'expédition. Il raconte l'incident à l'employé qui jette un oeil
11:58soupçonneux sur le colis. Et voilà. On lui trouve une odeur bizarre. On court chercher la police.
12:07On ne trouve que la moitié de ce que fut Miss Lewin. Donc l'autre moitié se trouve dans la
12:13valise. « Hôtel du Louvre et de la Paix. » On aurait pu croire que devant tant d'imprudence
12:19accumulée, le couple ne serait pas à l'adresse indiquée. Erreur. Le portier les a vus entrer en
12:24se chamaillant. Elle a demandé qu'on leur monte à dîner et qu'on ne les dérange pas. Lui avait
12:30l'air bien fatigué. Le policier se frotte les mains, c'est à peine croyable, mais il va arrêter
12:36ces deux-là tout seul, comme un grand. Il va les surprendre au nid. Ce genre de choses est
12:40excellent pour l'avancement. Là encore on pourrait croire que le policier malin va prendre les clés
12:46du concierge, monter en catimini jusqu'à la chambre soixante-six, les menottes d'une main,
12:50un revolver de l'autre. Erreur. Il frappe à la porte du soixante-six. Et au lieu d'un bruit de
12:59dispute, une voix féminine répond « Allez-vous-en ! J'ai dit qu'on ne nous dérange pas ! » Alors
13:04bêtement le policier rétorque « C'est la douane. C'est à propos de votre malle, madame. » De l'autre
13:10côté de la porte, il se fait un grand silence. Une minute passe. Puis un léger remue-ménage. Et
13:17d'un seul coup, la porte s'ouvre. Bousculé d'une main ferme, le policier se retrouve par terre,
13:21tandis que lui passe sur le corps, dans l'ordre, Lady Ghoul depuis son mari, l'un traînant l'autre.
13:26Poursuite infernale. Le couple saute dans un fiacre qui attendait le client devant l'hôtel,
13:30et s'enfuit au grand galop. Le policier coude au corps, s'élance derrière lui, suivi par le
13:35concierge de l'hôtel. S'apercevant que les coureurs à pied gagnent du terrain, Lady Ghoul
13:39de se résigne à employer les grands moyens. D'une main, elle tend des pièces d'or au cocher,
13:43qui n'en demande pas plus, et de l'autre, elle jette le reste dans le sillage du fiacre. L'effet
13:48est immédiat et les passants sont bientôt à quatre pattes, se chamaillant pour ramasser les
13:51pièces et bloquant la poursuite du policier. Le malheureux époumonné se retrouve noyé dans un
13:56groupe de surexcités qui s'arrachent cette fortune tombée du ciel. Alors il emploie lui aussi les
14:02grands moyens. Il grimpe sur un réverbère et dominant la foule, il hurle « Ce sont des assassins !
14:06Ils cherchent à s'enfuir ! Il y a une prime pour le premier qui les attrape ! » Et là aussi,
14:10l'effet est immédiat. Ils sont vingt, cinquante, cent maintenant qui courent derrière le fiacre,
14:15dont les trois quarts, d'ailleurs, ne savent même pas pourquoi ils courent. Et c'est ainsi que
14:19Lore et Lady Ghoul seront enfin arrêtés, cernés par une foule hurlante dont le policier aura bien
14:24du mal à se débarrasser, étant entendu qu'il ne pouvait pas attribuer la prime promise.
14:28Rêvé de whisky, le vieux Lore mettra trois mois à reprendre ses esprits.
14:36Délirium et cauchemar l'empêcheront même de se rendre compte qu'il est en prison.
14:39Lady Violette se contentant de nier tout en bloc. C'est au cours d'une confrontation chez le juge
14:47de Marseille qu'ils admettront enfin leur crime et raconteront les détails de l'opération,
14:51ainsi que je vous les ai contés plus haut. Mais le procès fut remarquable. Écoutez,
14:57Lore Ghoul, n'accablez pas Lady Ghoul de messieurs. Elle s'est un peu emportée,
15:02n'est-ce pas, darling? Nous ne voulions pas tuer. Mon mari a raison, c'est un accident. On lui a fait
15:08avouer n'importe quoi, le pauvre cher était souffrant. Il ne se rappelle plus, n'est-ce pas,
15:12darling? C'est qu'il y avait du beau monde dans la salle et que, quoi qu'il arrive,
15:18quand il y a du beau monde, il faut tenir son rang. Lady Violette, considérée comme
15:24l'instigatrice du crime, a été condamnée à mort, mais gracieuse. Lore Ghoul est partie
15:29pour Cayenne, où il est mort laborieusement, peu de temps après. Sans whisky, il ne supportait rien.
15:38Vous venez d'écouter les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast issu des archives
16:03d'Europe 1 et produit par Europe 1 Studio. Réalisation et composition musicale,
16:08Julien Tarot. Production, Lisa Soster. Patrimoine sonore, Sylvaine Denis, Laetitia Casanova,
16:16Antoine Reclus. Remerciements à Roselyne Belmar. Les récits extraordinaires sont disponibles sur
16:23le site et l'appli Europe 1. Écoutez aussi le prochain épisode en vous abonnant gratuitement
16:29sur votre plateforme d'écoute préférée.