Pierre Bellemare comme vous ne l’avez jamais entendu ! C’est la promesse de ce nouveau podcast imaginé à partir des archives exceptionnelles du Service Patrimoine Sonore d’Europe 1.
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
En septembre 1929, à la gare de Lille, une malle en provenance de Paris attend son destinataire. Les employés alertés par l’odeur pestilentielle qu’elle dégage y découvrent un homme ligoté, visiblement mort.
Fréderic Rigaudin, comptable, est identifié sans grandes difficultés. Plusieurs indices semblent rapidement désigner un suspect : Michel Almazoff, tailleur en faillite. L’homme sera emprisonné 6 mois, avant de malgré tout bénéficier d’un non-lieu. Pour cause, les erreurs policières se multiplient, et l’affaire Almazoff devient un sujet de débat politique entre les parlementaires.
Le mystère reste complet… D’autant plus que la mère de Fréderic Rigaudin a été retrouvée étranglée 4 mois auparavant chez elle, à Paris. Le comptable s’était d’ailleurs confié à un ami : « Ils ont tué ma mère pour la voler. Quand ils n’auront plus d’argent, ils recommenceront… »
De qui pouvait-il bien parler ? Pour le savoir, écoutez Pierre Bellemare faire le récit de cette terrible histoire dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
Crédits :
Réalisation et composition musicale : Julien Tharaud
Production : Lisa Soster
Patrimoine sonore : Sylvaine Denis, Laetitia Casanova, Antoine Reclus
Rédaction : Hugo Maze-Dit-Mieusement
Promotion et distribution : Marie Corpet
Création du visuel : Sidonie Mangin
Remerciements à Roselyne Bellemare et Mariapia Bracchi-Bellemare
Notre équipe éditoriale a utilisé un outil d’Intelligence artificielle via les technologies d'Audiomeans© pour accompagner la création de ce contenu écrit.
Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
En septembre 1929, à la gare de Lille, une malle en provenance de Paris attend son destinataire. Les employés alertés par l’odeur pestilentielle qu’elle dégage y découvrent un homme ligoté, visiblement mort.
Fréderic Rigaudin, comptable, est identifié sans grandes difficultés. Plusieurs indices semblent rapidement désigner un suspect : Michel Almazoff, tailleur en faillite. L’homme sera emprisonné 6 mois, avant de malgré tout bénéficier d’un non-lieu. Pour cause, les erreurs policières se multiplient, et l’affaire Almazoff devient un sujet de débat politique entre les parlementaires.
Le mystère reste complet… D’autant plus que la mère de Fréderic Rigaudin a été retrouvée étranglée 4 mois auparavant chez elle, à Paris. Le comptable s’était d’ailleurs confié à un ami : « Ils ont tué ma mère pour la voler. Quand ils n’auront plus d’argent, ils recommenceront… »
De qui pouvait-il bien parler ? Pour le savoir, écoutez Pierre Bellemare faire le récit de cette terrible histoire dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
Crédits :
Réalisation et composition musicale : Julien Tharaud
Production : Lisa Soster
Patrimoine sonore : Sylvaine Denis, Laetitia Casanova, Antoine Reclus
Rédaction : Hugo Maze-Dit-Mieusement
Promotion et distribution : Marie Corpet
Création du visuel : Sidonie Mangin
Remerciements à Roselyne Bellemare et Mariapia Bracchi-Bellemare
Notre équipe éditoriale a utilisé un outil d’Intelligence artificielle via les technologies d'Audiomeans© pour accompagner la création de ce contenu écrit.
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NewsTranscription
00:00 Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Belmar.
00:07 Un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11 Un certain monsieur Golchtin, demeurant 80 rues de Paris à Lille,
00:17 ne reçut jamais le colis qui lui était destiné le 12 septembre 1929.
00:23 Et pour cause, monsieur Golchtin n'existait pas.
00:28 Par contre, le colis, lui, existait bien.
00:32 C'était un gros colis.
00:35 Un colis chargé, semble-t-il, trois jours auparavant par un chauffeur de taxi nommé Flotte,
00:41 devant le 18 de la rue Saint-Gilles à Paris,
00:44 ou par un autre chauffeur de taxi nommé Bilotté, quelque part en banlieue, qui sait,
00:48 de toute façon à destination de la gare du Nord.
00:51 Le dit colis fut tranquillement et normalement enregistré par un employé indifférent,
00:55 contre un reçu en bonne et puis forme,
00:58 et poursuivi son petit bonhomme de chemin dans un fourgon à bagages jusqu'à Lille,
01:03 où personne ne vint le chercher.
01:06 On envoya un avis d'arrivée à l'adresse calligraphique indiquée d'étiquette,
01:10 et l'avis revint portant la mention « Inconnue à l'adresse indique ».
01:15 Ce colis était une malle dosiée, assez grande, assez lourde,
01:20 et au bout de trois ou quatre jours passée à la consigne de la gare de Lille,
01:25 assez nauséable.
01:27 Si bien qu'un employé s'en approcha avec une légitime curiosité,
01:30 l'ouvrit sans difficulté, car elle n'était pas fermée à clé,
01:33 et recula de frayeur et de dégoût.
01:38 À l'intérieur de la malle dosiée, il y a un homme, les genoux pliés sous le mouton,
01:42 les bras pliés sous les genoux, ligotés comme un vulgaire paquet.
01:47 Son crâne porte des marques sanglantes, un gros paquet d'ouates entoure sa tête.
01:52 À première vue, il est mort.
01:54 À la seconde, il semble bien avoir été étranglé de surcroît,
01:57 ce qui n'arrange pas son aspect.
02:01 Il porte une cravate, on a rangé soigneusement une serviette de cuir à ses côtés.
02:07 Dans la poche de sa veste, on trouve un portefeuille avec des papiers d'identité
02:11 et des titres au porteur.
02:14 Il s'appelle Frédéric Rigaudin, il a 33 ans, il est célibataire, comptable de son état.
02:20 Les documents de sa serviette le confirment.
02:22 Mis à part le désordre de sa tenue, tout est bien rangé dans la malle.
02:26 Frédéric Rigaudin est mort en comptable organisé, muni de tous ses papiers.
02:32 Comment peut-on en vouloir suffisamment un comptable pour le rouer de coups ?
02:37 Comment peut-on le détester suffisamment pour l'étrangler ?
02:40 Comment peut-on le haïr au point de le ficeler dans une malle
02:45 et le mépriser au point d'expédier le tout à quelqu'un qui n'existe pas ?
02:51 C'est un mystère de plus dans les dossiers extraordinaires de la police.
02:55 [Musique]
03:13 Le 18 octobre au matin, un bon mois après la découverte de ce que la presse friande de sensations
03:19 appela immédiatement la malle sanglante de Lille, monsieur Ami, jeune policier de 29 ans,
03:25 chef du service de l'identité de la police judiciaire à Paris,
03:28 se présente au 18 de la rue Saint-Gilles dans le quartier du Marais.
03:34 Il frappe à la porte d'une petite boutique d'aspect minable, celle d'un artisan tailleur.
03:40 Michel Almazian, dit Almazoff, porte une cinquantaine indéfinissable.
03:47 Il est marié, père de quatre enfants, c'est un ancien combattant de Sébastopol.
03:51 Son commerce marche mal, c'est la seconde fois qu'il ouvre sa porte à un policier enquêteur.
03:57 En effet, le juge d'instruction, Matypha, chargé de l'affaire de la malle sanglante de Lille,
04:02 a déjà fait perquisitionner dans sa boutique le 14 septembre dernier.
04:06 Le matin supposé du crime, on aurait vu Rigaudin se diriger vers la boutique d'Almazoff.
04:13 Il y allait souvent, dit-on, probablement pour vérifier la comptabilité du commerce.
04:18 Or, Almazoff n'a pas d'alibi ce jour-là avant 20h30, heure à laquelle il était à Montmorency.
04:24 D'autre part, Rigaudin portait sur lui une somme de 4000 francs
04:28 et l'on a retrouvé dans ses poches la modique somme de 28 francs 30.
04:31 Enfin, Almazoff étant faillite, il vit au jour le jour, il est loisif, sans ressources connues,
04:37 mais fréquente assidûment les cafés du quartier menant, dit-on, une vie dissalue.
04:42 Cela a suffi pour que le juge Matyffa décide une première perquisition chez lui,
04:47 où l'on n'a rien trouvé de suspect pour l'instant du moins.
04:51 Il semble toutefois que le juge ne soit pas au courant de la nouvelle perquisition
04:55 à laquelle vient se livrer le policier ami.
04:59 Le jeune et nouvel enquêteur pénètre dans la boutique,
05:02 son œil soupçonneux balaye le sol pavé et les murs nus et sales, l'évier à siphons,
05:08 s'arrête sur un tabouret de bois, une table encombrée de pièces de tissu,
05:12 examine une porte vitrée où l'on a collé un papier vitrophane qui empêche de voir de l'extérieur.
05:18 Il fait sombre.
05:21 Almazoff retire ses lunettes rondes pour les essuyer nerveusement pendant l'examen de son visiteur.
05:27 Sans ses bésicles, il a l'air inoffensif, plutôt petit, un peu hibou surpris.
05:32 Avec elle, il a l'air malin voûté par des années de besogneux commerces.
05:37 On ne le songerait à l'imaginer en criminel étrangleur à la vue de ses courtes mains de tailleur.
05:43 Mais pour Ami, directeur de l'identité judiciaire et policier compétent,
05:49 c'est un témoin suspect dont les premières déclarations ne sont pas satisfaisantes
05:54 et s'aboutiquent le théâtre possible d'un crime sanglant.
05:58 Le policier Ami est agressif.
06:01 L'absence de pistes sérieuses dans cette affaire contrarie son chef direct.
06:06 Le juge d'instruction Matypha piétine beaucoup trop depuis la découverte du cadavre de Rigaudin.
06:11 Dans l'inquiétude de son cabinet, il ne s'inquiète pas des ironies de la presse
06:15 qui tournent les policiers en ridicule et parlent d'incompétence.
06:18 Mais Benoît, l'ambitieux et bouillant directeur de la PJ, ne supporte plus les sarcasmes des journalistes.
06:24 Depuis quelque temps, on parle trop de crimes impunis, de scandales étouffés,
06:28 de femmes coupées en morceaux, conquêtes à l'assassin de réclame, piquées au vif.
06:31 Et sans commission rogatoire, il a entamé une enquête personnelle
06:35 et s'est rendu à Lille, flanqué d'Ami et d'un autre collaborateur, le commissaire Nicole.
06:39 Là, ils ont rencontré le docteur Muller qui a fait l'autopsie du cadavre de Rigaudin.
06:43 Ils lui ont demandé un morceau de ouate qui enveloppait son crâne.
06:47 Ami l'a enfermé dans une enveloppe et fourré dans sa poche.
06:50 Puis les trois policiers sont rentrés à Paris aussi discrètement et rapidement qu'ils en étaient partis.
06:55 Car ils n'ont pas le droit d'opérer en dehors de leur territoire,
06:58 surtout sans en informer le juge d'instruction.
07:02 Un morceau de ouate, c'est maigre pour démarrer une enquête.
07:05 Mais on a ramené la pièce à conviction numéro un à la Maldosier.
07:09 On l'a remise dans un taxi, puis dans le train, sans précaution particulière,
07:13 et elle a refait, avide cette fois, le même chemin mais en sens inverse.
07:17 On a ramené aussi la chemise de Rigaudin, au col taché de sang,
07:20 et l'on a appris à détails ce qu'a breu l'état des vêtements du malheureux comptable
07:25 pourrait laisser supposer qu'il a été surpris par la mort en galant de compagnie.
07:31 Henri Gaudin avait des clients petit commerçants en général,
07:35 lesquels ont des épouses comme celle d'Almazov par exemple.
07:38 Voilà pourquoi le policier a mis, de retour de l'île,
07:42 Fouine, inlassablement dans l'arrière boutique du petit tailleur.
07:45 Voilà pourquoi le petit tailleur, solidement encadré,
07:48 disparaît dans les couloirs de la police judiciaire pour interrogatoire serré.
07:52 Nous sommes le 18 octobre 1929, au matin.
07:56 Avant de vous parler des quelques graves détails qui vont suivre,
08:01 détails qui mettront la presse et la Chambre des députés en ébullition,
08:05 il faut d'abord vous parler, chers amis, de faits importants
08:09 qui ne semblent pas avoir attiré l'attention des policiers,
08:12 ou alors, ils l'ont bien caché, et Dieu sait que ce n'était pas facile.
08:17 Rigaudin, jeune célibataire, vivait avec sa mère,
08:20 une certaine Madame Blanc, qui avait été longtemps concierge de rue des Pyrénées,
08:24 dans une maison considérée, à l'époque, par les initiés,
08:27 comme un repère d'anarchiste ou une officine d'avortement au choix, sinon les deux.
08:33 Madame Blanc avait été aussi la confidente très particulière de Miguel Almereda,
08:37 bien connu à cette époque rédacteur en chef de l'hebdomadaire Le Bon et Rouge,
08:41 publication qui se voulait révolutionnaire,
08:44 mais qui semble bien avoir vécu surtout de divers chantages.
08:48 Or, quatre mois avant la mort de son fils, Madame Blanc avait été trouvée étranglée chez elle,
08:55 et Miguel Almereda, quelques jours avant l'un des procès dont son journal avait l'habitude,
09:00 était découvert étranglé lui aussi, mais dans sa cellule.
09:03 On avait alors parlé de suicide.
09:06 À cette époque, on soupçonna, frère Éric Rigaudin, d'avoir tué sa propre mère,
09:11 mais à peine mis en de cause, le voilà lui-même étranglé et ficelé dans une maldosier.
09:17 Étrange coïncidence tout de même.
09:20 Et dans le climat de scandales politiques qui régnaient à ce moment-là, on en parlait beaucoup.
09:25 Mais on ne fit qu'en parler, et l'on revint bien vite sur l'assassin possible de Rigaudin,
09:31 le dernier de ce mystérieux trio d'étranglés.
09:34 Et le projecteur de l'opinion publique se braque brutalement sur Almazov,
09:39 le petit ailleurs arménien que nous retrouvons assis sur une chaise de bois,
09:43 dans les locaux de la PJ, au fond d'un bureau discret.
09:48 Si discret qu'on y entend voler les paires de claques, dit-on.
09:53 Je m'avance peut-être en parlant de paire de claques, chers amis,
09:55 ou alors je ne m'avance pas assez, si c'est le coup de poing à qui il s'agit.
09:59 En tout cas, ce sont les termes de la pédoirie de maître Jean-Charles Legrand,
10:03 avocat déjà célèbre, choisi par Almazov, pour défendre son mauvais cas.
10:07 En effet, Almazov, bien qu'officiellement retenu comme témoin, interpellé comme on dit,
10:12 se trouve en réalité en position d'accusé passible des assises.
10:16 C'est m'avait supposé ? La jalousie d'une part, sa femme aurait entretenu des rapports coupables
10:22 avec la victime, ou l'argent. Les 4000 francs disparus de la serviette de rigauda.
10:27 Almazov a bien protesté auprès du juge Matifa, et le juge lui a bien répondu de ne pas s'inquiéter,
10:33 il y aurait une autre piste, dit-il. Mais ce brave juge ne sait pas encore que le policier ami
10:39 a mis dans l'arrière-boutique du tailleur une véritable manne providentielle de preuves,
10:44 du moins pour l'accusation. Seulement, comme il l'a recueillie cette manne,
10:48 sans mandat légal de perquisition, M. Ami se résigne à en informer le juge,
10:53 qui lui donne le 19 octobre un mandat pour une perquisition qu'il a pratiquée la veille.
10:59 Messieurs, déclare alors le directeur de la PJ, fier de son subordonné, ou journaliste à le temps,
11:04 messieurs, je lui fais réculper officiellement Almazov du meurtre de rigauda.
11:10 On a trouvé chez lui des taches de sang.
11:14 Et voilà le boutiquier dans le très mauvais drap, car nantie de ses éléments de preuves,
11:19 le juge Matifa va donner une mission d'expertise au fonctionnaire Ami,
11:23 spécialiste du microscope judiciaire, pour en faire des certitudes.
11:27 Enfin, l'affaire de la mâle sanglante semble prendre un bon départ pour la police,
11:32 et on a toute confiance dans les capacités d'Ami.
11:35 Non seulement il a lui-même recueilli les indices, mais c'est lui qui va en faire, espèrent-on, des certitudes.
11:41 Ces indices sont pourtant bien microscopiques.
11:44 Si microscopiques qu'il a fallu une deuxième perquisition en écarquillant bien les yeux pour les trouver.
11:50 Qu'y a-t-il donc dans le dossier de M. Ami ?
11:54 Des traces de sang sur un bâton de porte.
11:57 Des traces de sang sur un petit morceau d'oie saisie dans le siphon de l'évier.
12:02 Un brin de bois au dossier.
12:04 Une trace de sang sur un tabouret de bois.
12:07 Cette dernière fera d'ailleurs couler beaucoup d'encre, si j'ose dire. Nous le verrons par la suite.
12:12 Voyons maintenant les pièces à conviction recueillies par Ami dans les résidus de la mâle dossier.
12:17 Des fibres de coton mélangées à des poils, des fragments d'une substance rouge,
12:21 ressemblant au papier collé sur la vide de la boutique d'Almazoff.
12:24 Un fragment d'une gramine exotique.
12:27 Un seul et unique cheveu blanc qui n'appartient pas à la victime.
12:32 Ami est donc chargé de remettre un rapport d'expertise de tout cela au juge d'instruction.
12:36 Il prend son temps, comme tout expert qui se respecte,
12:40 et remet ce qu'il appelle un rapport scientifiquement accablant pour Almazoff.
12:46 Le sang trouvé est indubitablement du sang humain et il peut être le même que celui de la mâle.
12:52 Bien que les deux échantillons soient tous deux desséchés,
12:55 ils sont tous deux chargés de tréponèmes du genre syphilitique, mauvais genre,
13:00 et c'est la réaction de Bordet-Vasserman qui le dit.
13:03 De même, les deux échantillons de sang n'ont pas réagi au typhus s'il était besoin d'une autre preuve.
13:09 À propos de ces arguments scientifiques,
13:11 Maître Jean-Charles Legrand, avocat d'Almazoff, dira plus tard, dans une belle envolée de manchettes,
13:17 "Cela revient à dire, messieurs les jurés, qu'Ami a constaté que les deux sangs appartiennent
13:23 à des catégories d'individus au nombre probable de 39 millions sur le sol français."
13:28 Cela fait beaucoup d'assassins possibles, et les contre-experts vont entrer en scène,
13:34 bien entendu, car quand il y a expertise, il y a évidemment bagarre d'experts, c'est bien connu.
13:40 "Le cheveu est un cheveu blanc, il appartient à Almazoff", affirme M. Ami,
13:45 "et j'ai trouvé une graminée exotique dans la malle, la même que dans la boutique."
13:49 "Cette unique cheveu n'est pas identifiable", rétorquent les contre-experts au nombre de trois,
13:54 "et la graminée exotique, c'est du sorgho, on en trouve dans tous les cotons."
13:59 Et la bataille de microscope continue, s'enfle et s'envenime,
14:03 pour finir par tourner en rond pendant des mois à propos de la fameuse tâche,
14:07 grosse comme une tête d'épingle, trouvée sur le tabouret qu'Ami prétend être du sang humain.
14:13 Et Almazoff, pendant ce temps-là, que devient-il ?
14:17 Eh bien, il est en détention préventive, et on l'a transféré des bureaux de la PJ à la prison de la santé.
14:24 Il a demandé sa mise en liberté provisoire, déposé plainte pour mauvais traitement durant son interrogatoire,
14:29 il attend la signature du juge sur un billet de sortie.
14:33 D'après son avocat, il en a bien besoin, lunettes de travers, oeil de chien battu,
14:39 il a l'air de s'être cogné dans toutes les portes du palais de justice, en les prenant de front l'une après l'autre.
14:45 Le juge Matyffas, seul dans son bureau, s'apprête à signer la liberté provisoire.
14:49 Nous sommes le 8 novembre 1929, il est 10 heures du soir.
14:52 Le palais est sombre, les autres bureaux sont fermés, les lumières éteintes.
14:57 Le juge s'apprête à sortir, lorsque les lumières se rallument.
15:00 Une brigade spéciale de la PJ arrive en trombe,
15:03 pousse devant elle un témoin de dernière minute, un témoin à charge, bien entendu.
15:09 Messieurs les jurés, pèdera-t-il, le nom de ce témoin appartient à l'histoire
15:24 et restera le prototype du témoin un peu particulier.
15:28 Il s'appelle Jean-Baptiste Flotte, c'est un chauffeur de taxi,
15:32 qui prétend avoir chargé la malle en Osier, 13 rue Saint-Gilles,
15:36 au domicile de mon client, à l'heure qu'il faut, dans les conditions qu'il faut,
15:41 et qui de plus reconnaît formellement cette malle.
15:45 C'est miraculeux !
15:48 Mais avant cela, le masoche retourne bien sûr dans sa cellule préventive.
15:52 « Je jure que je suis innocent, dit-il tranquillement,
15:55 comme s'il évaluait la qualité d'un tissu. »
15:58 L'accusation reprend de plus belle,
16:00 tandis que les trois experts continuent à démolir l'expertise faite par Ami.
16:04 L'opinion publique commence à murmurer.
16:07 Almazov est inculpé depuis plusieurs semaines,
16:09 mais il met en doute les méthodes de la police.
16:12 Et ce qui devait arriver arrive,
16:14 Almazov devient l'affaire Almazov une affaire d'Etat.
16:17 La silhouette du petit tailleur à lunettes va se profiler à l'horizon
16:21 de la deuxième séance du 29 novembre 1929 de la Chambre des députés.
16:25 On s'y interpelle sur les méthodes employées par la police
16:29 à l'égard des citoyens qu'elle présume coupables
16:32 pour faciliter leurs aveux spontanés.
16:35 Un député radical socialiste interpelle le ministre de l'Intérieur
16:38 sur la légitimité de l'article 10
16:41 qui permet aux fonctionnaires de police
16:43 tout acte nécessaire à la constatation d'un crime.
16:47 52 heures d'interrogatoire, de fouilles, de brutalité
16:50 pour un témoin. Est-ce là l'article 10 du Code criminel ?
16:54 On applaudit à l'extrême-gauche et à gauche.
16:57 Clamé à la presse qu'un témoin est coupable avant le juge d'instruction.
17:01 Est-ce là respecter les citoyens ?
17:03 On applaudit de nouveau à gauche.
17:05 Le ministre de l'Intérieur rendrait ardue rétorque.
17:08 J'ai rappelé aux fonctionnaires qu'ils n'avaient pas affaire de communiquer à la presse.
17:11 Mes ordres seront exécutés.
17:13 On applaudit au centre et à droite. Interruption à gauche.
17:16 Un fonctionnaire de police a déclaré à la presse
17:18 Almazov est un forcené.
17:20 Les traces de coups qu'il porte proviennent des blessures
17:23 qu'il s'est faites dans sa colère
17:25 que nous avons dû soutenir pour le calmer.
17:27 Nous l'avons ramassé, placé dans un fauteuil avec beaucoup de ménagements.
17:30 Si la bagarre a eu lieu, c'est la faute de l'inculpé.
17:34 On rit à l'extrême-gauche.
17:36 Un député commente, c'est toujours la même chose,
17:39 c'est la joue du soldat qui a rencontré la main de l'adjudant.
17:42 Nous voilà bien loin de l'infortuné rigodin étranglé et ficelé dans sa malle d'osier
17:47 avec sa petite serviette et sa cravate de comptable méticuleux sous son crâne fracassé.
17:52 Nous voilà bien loin d'Almazov lui-même.
17:55 Bien sûr, la question débattue est grave sur le fond
17:59 et les avocats signent des pétitions, le public s'émeut.
18:02 Mais Almazov n'est plus qu'un prétexte.
18:05 Tout seul dans sa cellule, il continue de nier.
18:08 Les taches de sang sur le bras de ma porte,
18:11 c'est le mou de mon chat que j'ai l'habitude d'accrocher à un clou.
18:14 L'étiquette de la malle, ce n'est pas mon écriture.
18:17 Le coton taché de sang dans l'évier, ma femme est émauve physique.
18:21 Mon alibi ? Un chauffeur de taxi dont la déposition a été bizarrement égarée dans les bureaux de la PJ
18:27 confirme qu'à l'heure de l'enregistrement de la malle à la gare du Nord, j'étais à Anguin.
18:32 Le cheveu ? On ne l'a pas identifié.
18:35 Si bien que la chambre des mises en accusation signe une ordonnance de non-lieu le 4 avril 1930
18:43 et le 9 avril, Almazov quitte la prison de la santé, la cour d'assises ne le verra pas.
18:50 Quelques jours plus tard, il affichera son innocence certifiée en compagnie de sa femme et de son avocat
18:56 dans un théâtre où l'on joue Aveux spontanés de Henri Janson, pièce inspirée, dit-on, de se démêler avec la police.
19:05 Entre-temps, le rapport d'expertise du chef de l'identité judiciaire a définitivement été tourné en ridicule
19:12 et Almazov le traîne en justice en lui réclamant un million de dommages et intérêts.
19:17 Sa plainte contre la PJ pour coups et blessures se solde par un non-lieu
19:22 et le tribunal le déboute de sa demande contre Amis en le condamnant au dépens.
19:27 Pourtant, certains qui suivirent l'affaire de Pré restèrent persuadés de la culpabilité d'Almazov.
19:36 Il aurait tué pour de l'argent, mais ailleurs que dans sa boutique dont la porte était trop petite pour laisser passer la fameuse malle,
19:44 il n'a pas été convaincu de la vérité.
19:47 Il a été convaincu de la vérité, mais il n'a pas été convaincu de la vérité,
19:52 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
19:55 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
19:59 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:03 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:07 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:11 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:14 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:17 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:20 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:23 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:26 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:29 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:32 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:35 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:38 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:41 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:44 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:47 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
20:50 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
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21:02 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
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21:11 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
21:14 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
21:17 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
21:20 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
21:23 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
21:26 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
21:29 et il n'a pas été convaincu de la vérité,
21:32 et il n'a pas été convaincu de la vérité.
21:35 Retenant cette déclaration de l'expert,
21:38 d'écrire que "M. Ami s'était enfoncé jusqu'au cou
21:41 dans la matière même de son erreur."
21:44 Curieux, cet extraordinaire dossier de la police.
21:47 ...
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22:06 "Les récits extraordinaires de Pierre Belmar",
22:09 un podcast issu des archives d'Europe 1
22:12 et produit par Europe 1 Studio.
22:15 Édition musicale, Julien Tharaud.
22:18 Production, Lisa Soster.
22:21 Patrimoine sonore, Sylvaine Denis,
22:24 Laetitia Casanova, Antoine Reclus.
22:27 Remerciements à Roselyne Belmar.
22:30 Les récits extraordinaires sont disponibles
22:33 sur le site et l'appli Europe 1.
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