Professeure giflée par une élève après lui avoir demandé de retirer son voile : enseigner devient-il un métier à risque ?
Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, 08/10/2024, il revient sur professeure giflée par une élève, au lycée Sévigné de Tourcoing, après lui avoir demandé de retirer son voile.
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00:00Europe 1, 11h-13h, Pascal Praud et vous.
00:06Et puis dans l'actualité, il y a cette agression d'une professeure par une élève refusant de retirer son voile.
00:12Les enseignants du lycée Sévigné de Turcouin vont exercer leurs droits de retrait.
00:18Je crois que ça s'est passé ce matin et nous sommes avec Lionel Gougelot.
00:22Je pense que c'est une affaire, bonjour Lionel, dont on va sans doute beaucoup parler parce qu'elle est symbolique.
00:29Est-ce que vous pouvez nous dire quand est-ce que cet incident s'est passé ?
00:35Alors en fait, cet incident a eu lieu hier en fin d'après-midi, Pascal, ici au collège Sévigné.
00:41C'était plutôt la fin d'après-midi, donc vers 16h30-16h40.
00:45Visiblement, c'était la fin des cours et une élève du lycée se dirigeait vers la sortie.
00:51Elle était dans une espèce de cours de récréation avant la crise de sortie.
00:56Elle a revêtu son voile islamique au moment de sortir et à ce moment-là,
01:01une enseignante du lycée lui a fait la remarque, lui indiquant que,
01:05tout simplement, le port de ce voile à l'intérieur de l'établissement était contraire au règlement.
01:10Sur cette remarque, l'élève a eu un geste violent en direction de l'enseignante, une gifle semble-t-il.
01:18Une gifle à laquelle l'enseignante aurait répliqué, par le même geste,
01:22une gifle contre cette élève, cette jeune fille, une jeune fille majeure, je le précise.
01:29Et puis là où cela a dérapé, c'est à la sortie du lycée,
01:33où l'enseignante aurait été frappée plusieurs fois par cette élève
01:39au cours de la percussion qui s'en est suivie, des coups de pied, des coups de poing.
01:45Et cette élève a fini par prendre la suite.
01:48Elle avait finalement été identifiée et interpellée à son domicile en toute fin de journée
01:53et placée en garde à vue.
01:55D'après les sources policières que j'ai contactées ce matin,
01:57cette jeune femme majeure, je le rappelle, élève du lycée,
02:01c'est un lycée à la fois technique, un lycée professionnel et un lycée général,
02:06était toujours en garde à vue ce matin dans l'un des locaux de la police à Tourcoing.
02:11Quant à la professeure, on n'a pas d'informations sur son état de santé.
02:14On imagine effectivement qu'elle a été particulièrement choquée,
02:18mais on ne sait pas quelle est la gravité des blessures
02:22qui ont peut-être été la conséquence des coups qu'elle a reçus.
02:25Ce qui est sûr, c'est que vous l'avez dit, les enseignants de ce lycée Sévigné
02:29ont exercé leur droit de retrait ce matin.
02:31Les élèves ont été renvoyés chez eux, donc il n'a pas eu cours ce matin
02:35et même tout au long de la journée ici au lycée Sévigné.
02:40On nous indique que certains enseignants, notamment des responsables syndicaux,
02:43sont actuellement en réunion à l'intérieur du lycée,
02:46mais pour l'instant aucune réaction de la part du rectorat et notamment du parquet de l'île
02:50pour connaître les suites qui seront données d'un point de vue judiciaire à cette affaire.
02:54Ce qui est intéressant dans ce que vous dites, c'est que ça s'est donc su hier,
02:59donc j'imagine que la ministre de l'éducation nationale est au courant depuis hier soir
03:04et qu'elle est restée à Paris et qu'évidemment la politique c'est du symbole
03:09et qu'elle aurait pu être ce matin avec les enseignants, elle n'y est pas.
03:13En revanche Gérald Darmanin a pris la parole sous forme de tweet
03:17et il a écrit il y a quelques minutes, ça date de 11h23,
03:21je veux apporter tout mon soutien à cette enseignante de Tourcoing
03:25qui alors qu'elle faisait simplement respecter la laïcité,
03:28notre bien commun a été frappé par une élève, une élève majeure,
03:32donc on imagine, c'est une élève de Terminal j'imagine quand même Lionel ?
03:35On imagine effectivement, alors très honnêtement on n'a pas précisément
03:39le devret de la classe dans laquelle elle se trouvait,
03:44mais effectivement on imagine que c'est une élève de Terminal.
03:49On signalera également le message de soutien de Xavier Bertrand,
03:52le président du conseil régional des Hauts-de-France,
03:55vous savez que les lycées dépendent évidemment de la région,
04:00Xavier Bertrand qui apporte lui aussi son soutien à cette enseignante
04:04qui a fait respecter la laïcité tout simplement dans son établissement.
04:08« Tout le monde doit soutenir nos enseignants et condamner cette violence
04:12contre la République elle-même », a écrit Gérald Darmanin.
04:16Vous disiez que les enseignants en ce moment sont en réunion
04:21avec leur syndicat Lionel Gougelot et vont peut-être communiquer,
04:25vous disiez aussi que le rectorat n'a pas communiqué
04:28et je disais que le ministre n'a toujours pas communiqué.
04:32Gérald Darmanin et Xavier Bertrand ont pris la parole.
04:35Alors un élément de contexte éventuellement que je peux vous signaler,
04:38parce qu'on a quand même eu l'occasion de discuter avec quelques élèves
04:42qui justement se trouvaient devant la grille du lycée ce matin,
04:46la grille fermée du lycée et qui nous ont indiqué que ces questions
04:52de port de voile islamique dans ce lycée étaient très rares,
04:57c'est-à-dire qu'il n'y avait pratiquement jamais d'incidents
05:00et d'entorses au règlement à l'intérieur de ce lycée,
05:03que globalement le règlement était strictement respecté
05:07par les élèves de confession musulmane qui, toutes,
05:11retiraient leur voile avant de pénétrer dans l'établissement.
05:14Il semblerait donc, d'après les quelques témoignages d'élèves
05:18que j'ai pu obtenir ce matin, que cet incident d'hier
05:21soit un incident isolé, relativement isolé quand même.
05:26Merci Lionel Gougelot, vous êtes devant ce lycée de Tourcoing
05:30et c'est pourquoi on entend un petit peu de vent dans votre micro.
05:34Je vous remercie grandement, vous allez j'imagine pouvoir récolter
05:37quelques témoignages des enseignants ou des élèves.
05:41Il est 12h11, vous allez pouvoir réagir sur cet événement
05:46et qui traduit une forme de violence bien sûr,
05:49et puis de demandes culturelles, identitaires qui existent
05:53dans notre pays à travers le port de ce voile.
05:57Parfois le sentiment, et je peux le regretter,
06:01mais que dans 5 ans, dans 10 ans, il est possible que le voile
06:05soit mis partout, parce que c'est une demande très forte qui existe.
06:09J'espère bien sûr que la société française tiendra bon,
06:13mais je n'en suis pas sûr sur ces sujets de laïcité.
06:16Pour qui les jeunes gens ? Chez qui ?
06:18Chez les jeunes gens, ça ne veut rien dire du tout.
06:21Géraldine, vous avez été prof,
06:23les jeunes gens de 15 ans, 16 ans, 17 ans,
06:27vous leur parlez de laïcité, ils ne comprennent rien.
06:29Oui, c'est vrai.
06:30Merci de cette approbation.
06:32Belle analyse.
06:33A vous de demander votre avis.
06:35Il est 12h12.
06:36Ah ! Monsieur Guénec !
06:37Qu'est-ce qu'il y a ?
06:38Je vous ai trouvé un médecin.
06:40Ah oui, merci beaucoup, pour ma greffe de cheveux.
06:43Exactement.
06:44Une belle crinière.
06:46Exactement.
06:47A tout de suite.
06:48Et pour réagir avec Pascal Praud sur Europe 1 de 11h à 13h,
06:51vous appelez le standard d'Europe 1, c'est le 01 80 20 39 21.
06:55A tout de suite.
06:56Europe 1.
06:57Pascal Praud et vous.
06:58De 11h à 13h sur Europe 1 Pascal.
07:00Et nous sommes avec le président du SNALC,
07:03Maxime Repère, que vous écoutez régulièrement sur notre antenne.
07:08Bonjour monsieur.
07:10Bonjour.
07:11Et merci d'être avec nous.
07:14Je rappelle le SNALC,
07:16parce que le SNALC c'est le syndicat national...
07:21Syndicat national des lycées et collèges,
07:24sachant que nous nous syndiquons tous les personnels du primaire au supérieur.
07:30Nous sommes un syndicat apolitique,
07:32donc un syndicat de métier.
07:34Bon. Quelle est votre réaction après avoir entendu
07:38qu'une professeure avait été giflée par une élève
07:42parce qu'elle lui demandait simplement de retirer son voile ?
07:46Eh bien, je suis concerné, je suis horrifié,
07:51mais je ne suis pas surpris.
07:53Je ne suis pas surpris parce que, très régulièrement,
07:56que ce soit pour les questions de violence en milieu scolaire
07:59ou d'attape à la laïcité,
08:01on assiste à une inacceptable banalisation du quotidien.
08:09On a un petit souci peut-être Maxime,
08:11parce que la liaison n'est pas parfaite.
08:15Elle était parfaite tout à l'heure lorsque vous étiez
08:19en préparation avec notre préparateur, si j'ose dire,
08:22Monsieur Guenec, préparateur de l'émission.
08:25Malheureusement, je pense que Monsieur Repère a bougé un petit peu
08:27de là où il était quand je l'ai eu au téléphone.
08:32On va essayer d'éclaircir ça.
08:38On va être avec Philippe en attendant, c'est ça ?
08:40Soyons avec Philippe.
08:42C'est Laurent Tessier qui va vous présenter le sujet
08:44qui va arriver tout de suite avec Philippe.
08:46Excusez-moi, on est obligés.
08:48Je vous en prie, mais Philippe c'est...
08:50C'est sur le prochain sujet.
08:52Philippe c'est un autre sujet, c'est ça qui m'ennuie un petit peu,
08:54parce que je n'ai pas envie de changer de sujet.
08:56Il n'y a pas de petite économie, on en parlera
08:59alors que le gouvernement présentera le budget vendredi.
09:01Michel Barny veut réduire les dépenses
09:03et on a prévu évidemment d'évoquer ce sujet
09:07avec le maire Philippe, qui est maire dans le Loiret.
09:12Mais est-ce qu'on peut rétablir avant cela
09:15l'échange avec M. Le Repère ?
09:18Ou peut-être marquer une pause ?
09:20Marquons une pause à ce moment-là.
09:22Exactement, on va marquer une petite pause.
09:24C'est revenir.
09:28Du moins on laisse faire.
09:29Personne ne sait ni le jour ni l'heure, bien évidemment.
09:31Mais a priori on est là dans deux minutes,
09:33sauf catastrophe.
09:36A tout de suite sur l'Europe 1.
09:37Europe 1, Pascal Praud.
09:40Maxime Repère, le président du syndicat national des lycées et collèges,
09:43le SNAL qui est avec nous pour évoquer cette élève
09:47qui a giflé son enseignante
09:49parce qu'elle lui demandait de porter le voile.
09:51Avant ça, je vous précise que
09:53Xavier Bertrand a tweeté
09:55« Tout mon soutien à l'enseignante agressée au lycée Sévigny à Tourcoing.
09:58La laïcité est un des piliers de l'école de la République.
10:01Elle ne se négocie pas, ne cédons rien. »
10:03Violette Spilbou qui est députée.
10:06« Hier une enseignante a été frappée par une élève à Tourcoing,
10:09députée du Nord,
10:11dans notre métropole lilloise inadmissible et grave.
10:13Je veux dire tout mon soutien aux enseignants
10:15qui ne font que faire respecter la laïcité
10:17dans notre République française. »
10:19Pourquoi disiez-vous, monsieur Repère,
10:21que vous n'étiez pas étonné ?
10:23Je ne suis pas étonné parce que
10:25quand on regarde un petit peu ce qui se passe
10:27au niveau de l'éducation nationale,
10:29on se rend compte que chaque semaine
10:31il se passe quelque chose.
10:32Alors soit c'est une agression physique,
10:35agression verbale,
10:37ou alors des menaces,
10:39y compris via les réseaux sociaux,
10:41ou alors, comme ici,
10:43des attentes à la laïcité.
10:45Je vous rappelle quand même qu'il y a
10:47quelques semaines, quelques mois,
10:49on avait l'affaire du proviseur à Paris
10:52qui avait été menacé de mort
10:54sur les réseaux sociaux,
10:56justement parce qu'il voulait faire
10:58respecter le principe de laïcité.
11:00On se retrouve dans une situation
11:02où actuellement,
11:04enseigner devient un métier à risque.
11:06Je suis d'accord avec vous,
11:08mais je ne vois pas la solution,
11:09c'est ça qui m'inquiète le plus,
11:10parce que la laïcité, elle ne veut
11:12parfois rien dire pour ces jeunes gens,
11:14et il y a eu une telle dérive de l'autorité
11:16depuis tant d'années que
11:18je suis assez pessimiste.
11:20Il existe plusieurs leviers pourtant.
11:23Le premier, ce serait effectivement
11:25déjà de donner plus de moyens
11:27au niveau de l'éducation nationale,
11:29notamment des moyens humains,
11:31rendre le métier plus attractif,
11:33ça, ce serait le premier point.
11:35Le deuxième, il faudrait
11:37une extrême sévérité
11:39à la fois des forces de l'ordre,
11:41mais aussi de la justice
11:43vis-à-vis des auteurs
11:45de ces agressions.
11:47Et puis enfin, j'ai envie de vous dire,
11:49puisqu'on parle d'autorité,
11:51il y a aussi le rôle des parents.
11:53Et il faut justement
11:55que ces parents
11:57puissent, comment dire,
11:59responsabiliser leurs enfants,
12:01et eux-mêmes d'ailleurs
12:03être responsabilisés
12:05par rapport aux actes
12:07commis par ces jeunes.
12:09Je suis d'accord avec vous, mais j'ai tellement l'impression
12:11que tout ça sont des vœux purs.
12:13En tout cas, je vous remercie. On ne va pas prolonger forcément,
12:15parce que la liaison, même si elle est un peu meilleure,
12:17elle n'est quand même pas excellente.
12:19Mais je vous remercie grandement,
12:21M. Maxime Ruppert, et puis c'est l'occasion de passer un message
12:23évidemment de solidarité
12:25et de compréhension pour tous les enseignants.
12:27Géraldine disait qu'elle a été enseignante
12:29et vous étiez dans le privé.
12:31C'est un sacerdoce
12:33aujourd'hui. Moi je pense qu'il y a un fossé aussi
12:35qui s'est créé entre les parents
12:37et les enseignants. Les parents ne font plus
12:39confiance aux enseignants.
12:41Et il faudrait que les enseignants et les parents
12:43travaillent en équipe, en fait.
12:45Vous voyez ce que je veux dire ? Non, mais j'entends bien.
12:47Et c'est ça le souci aussi. On est extrêmement
12:49inquiets de cette société. C'est dommage.
12:51En fait, tous les jours, il y a
12:53des événements qui arrivent.
12:55Alors tous, évidemment, ne sont pas à mettre sur le même
12:57niveau. Mais un jour, c'est un gosse de 14 ans
12:59qui tue, et c'est un drame absolu,
13:01un adulte de 36 ans.
13:03Là, heureusement, ça reste quand même
13:05quelque chose de moins grave.
13:07Mais tous les jours, il y a ces incidents
13:09qui montrent une violence dans la société.
13:11Et on se dit
13:13comment tout cela va évoluer
13:15ces prochaines années.