Pierre Bellemare comme vous ne l’avez jamais entendu ! C’est la promesse de ce nouveau podcast imaginé à partir des archives exceptionnelles du Service Patrimoine Sonore d’Europe 1.
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
François et Mathieu sont deux frères, issus d’une famille d'agriculteurs. Dans le village, on les surnomme “les fils” car ils vont de pair. Tous deux sont d’une même nature discrète et se ressemblent beaucoup. Lors de la fête des moissons, une relation naît entre Mathieu et Marie-Jeanne. Le jeune homme envisage alors de lui demander sa main lors d'un bal local. Mais un drame va bouleverser leur destinée. Dans un fossé d’une route de campagne bordée d’arbres fruitiers, trois hommes, dont Mathieu, sont retrouvés morts. Une enquête est ouverte. Les trois cadavres ont été électrocutés, quelqu’un leur a tendu un piège. D’ailleurs, où se trouvait François, le frère de Mathieu, lorsque le guet-apens a été tendu ? Comme à son habitude, le frère reste mutique… Le silence des deux frères aurait-il mis à mal leur relation pour toujours ? Pierre Bellemare raconte cette incroyable histoire dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
François et Mathieu sont deux frères, issus d’une famille d'agriculteurs. Dans le village, on les surnomme “les fils” car ils vont de pair. Tous deux sont d’une même nature discrète et se ressemblent beaucoup. Lors de la fête des moissons, une relation naît entre Mathieu et Marie-Jeanne. Le jeune homme envisage alors de lui demander sa main lors d'un bal local. Mais un drame va bouleverser leur destinée. Dans un fossé d’une route de campagne bordée d’arbres fruitiers, trois hommes, dont Mathieu, sont retrouvés morts. Une enquête est ouverte. Les trois cadavres ont été électrocutés, quelqu’un leur a tendu un piège. D’ailleurs, où se trouvait François, le frère de Mathieu, lorsque le guet-apens a été tendu ? Comme à son habitude, le frère reste mutique… Le silence des deux frères aurait-il mis à mal leur relation pour toujours ? Pierre Bellemare raconte cette incroyable histoire dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare
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NewsTranscription
00:00 Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Belmar.
00:07 Un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11 Le François il est pas causant.
00:13 Le Mathieu non plus.
00:16 Pour ça on peut pas dire que ce soit de mauvais mougre.
00:18 Ton lever, ton coucher, les deux fils au permis d'oie, ils reculent pas devant l'ouvrage.
00:26 Ainsi va l'éloge des villageois.
00:30 Pour eux un homme qui travaille et se tait, c'est un homme, c'est tout.
00:34 Et il n'est pas besoin d'autre métaphysique que celle-là.
00:38 Pour le père et la mère Miloua c'est encore plus simple.
00:41 Le François et le Mathieu sont confondus depuis leur plus tendre enfance dans une seule expression, les fils.
00:49 Demande au fils. Dis-le au fils, ben appelle les fils.
00:54 Et pourtant François n'est pas Mathieu, ni Mathieu François.
00:59 Ils n'ont en commun que la ferme.
01:01 Pour le reste, ils ne voient pas l'avenir de la même façon.
01:06 Il y en a même un qui ne voit pas d'avenir du tout pour l'autre.
01:11 C'est l'un des dossiers les plus simples que j'ai eu à vous faire connaître.
01:16 Il se déroule en trois temps dans un petit village dont je tairai le nom car les souvenirs y sont encore trop frais.
01:22 Premier temps, la fête des moissons.
01:25 Deuxième temps, le bal du village.
01:27 Entre les deux, seulement une journée.
01:30 Et troisième temps, le retour du bal.
01:34 Avec un sous-titre, "Retour de bal ou le piège extraordinaire".
01:41 [Musique]
01:59 La fête des moissons.
02:01 On appelle ça la fête des moissons, mais c'est un bien grand mot.
02:06 A la campagne, on n'a pas tellement le temps de faire la fête.
02:09 Quand un travail est terminé, c'est qu'un autre le suit.
02:13 Il s'agit plus simplement d'un grand repas qui réunit tous ceux qui ont trimé à la moisson.
02:18 Il a lieu dans la grande cour de la ferme.
02:21 On met les tables bout à bout, les hommes mangent et boivent.
02:24 Les femmes font la navette de la cuisine aux assiettes.
02:27 Les gosses font des bêtises et les chiens récupèrent des os.
02:31 Vers quatre heures de l'après-midi, une sieste irrésistible s'empare des hommes, des chiens et des enfants.
02:37 Seuls les femmes sont à la vaisselle.
02:41 Cette année-là, on a fait la dernière moisson dans le champ des Milwa.
02:44 C'est donc chez eux que s'est déroulé le repas.
02:47 Et c'est dans la cuisine de la mère Milwa qu'on fait la vaisselle et qu'on jacasse un peu.
02:53 La Marie-Jeanne fait les frais de la conversation.
02:55 C'est la plus jeune fille du fermier voisin et elle va sur ses 20 ans.
02:59 "Alors, c'est pour quand le mariage ? Te voilà en position d'épouser un brave gars.
03:03 Ben, qu'est-ce que t'attends ?"
03:05 Et comme toutes les filles de son âge qui en posent une telle question,
03:07 Marie-Jeanne se rit gauchement, rougit un peu et finit par répondre.
03:11 "Oh, j'ai bien le temps. On verra bien, ça presse pas."
03:15 "Oh, ça presse pas, ça presse pas.
03:17 Fais attention qu'un jour ça presse trop, justement, à force de te tourner autour.
03:21 J'en connais qui ferait bien ce qu'il faut pour que ça presse."
03:23 "Vous dites ça pour qui ?"
03:25 "C'est ça. Oh, oh, oh. Faites l'innocente."
03:28 "Tu crois qu'on n'a pas des yeux pour voir ?
03:31 Dis donc, c'est pas avec le Mathieu que tu vas au bal ce soir."
03:35 Rien n'échappe à la sagacité des vieilles paysannes.
03:38 Il a suffi que Mathieu plaisante une ou deux fois pendant le repas,
03:42 que Marie-Jeanne s'occupe un peu trop de le servir et les voit la fiancer.
03:47 À la campagne, on ne flirte pas.
03:49 Quand un gars s'occupe d'une fille devant ses parents et voisins, c'est pour le bon motif.
03:54 La mère Milois l'a bien vu aussi.
03:56 C'est à son tour de concrétiser les choses, car les fils sont en âge de se caser.
03:59 "Mon Mathieu, c'est irraisonnable.
04:01 S'il a des vues sur toi, t'as bien de la chance. Tu ne seras pas malheureuse."
04:05 Voilà un fait acquis. Le Mathieu a des vues sur Marie-Jeanne.
04:10 Et du moment que la rumeur familiale est d'accord, on les mariera bientôt.
04:14 En attendant, ils pourront aller au bal ensemble et se promener dans les chemins creux sans inconvénient.
04:20 Mathieu, c'est l'aîné des Milois, quarante ans, costaud, travailleur, calme et parcoureur de jupons.
04:25 Marie-Jeanne aussi est costaud, vingt ans de chair ronde, un visage sans beauté mais bien tranquille,
04:30 des mains rudes qui ne s'endorment pas à l'ouvrage, des hanches solides et confortables pour les futurs héritiers.
04:37 Mathieu a terminé sa sieste. Marie-Jeanne a fini sa vaisselle.
04:42 "Bon, je vais m'occuper des bêtes, faut les rentrer."
04:47 "Je t'accompagne, c'est sur ma route."
04:50 Mathieu et Marie-Jeanne, un peu gênés, sous les regards approbateurs, s'éloignent épaule contre épaule.
04:57 "Il va lui parler aujourd'hui, c'est sûr. Il va mettre ses deux grandes mains solides sur les deux hanches solides
05:04 et il va bredouiller des dents. Ça te dirait qu'on se voit un peu plus souvent. Et puis on cause un peu."
05:14 "Pourquoi ? T'as envie de causer ? Ah, ça se pourrait. Et de quoi ?
05:22 Ben, des choses qu'on pourrait faire ensemble. J'ai mis le père au courant que tu me plaisais, il est d'accord.
05:30 Alors qu'est-ce que t'en dis ? Ben t'as qu'à venir dimanche prochain chez nous pour faire la demande.
05:37 Et voilà." Quand un langage succin, ces choses-là sont dites. Mais l'important, c'est qu'elles soient dites.
05:44 Maintenant, le Mathieu peut embrasser la Marie-Jeanne et lui courir après dans le champ de luzerne.
05:49 Ils auront le souffle court et les joues bien roses. Mathieu essaiera d'aller trop loin, juste assez loin,
05:55 pour que Marie-Jeanne se fâche un peu. Ah non, quand on sera mariés, pas avant.
06:00 "Ah, bien sûr, je pourrais te raccompagner ce soir après le bal." "Non, tu pourras pas."
06:05 "Je viendrai avec la voiture, avec les parents." "J'aurais pu te ramener avec ma bicyclette."
06:09 "Pour me renverser dans le fossé, il faudra que t'attendes qu'on soit mariés."
06:13 Voilà une bien belle journée qui s'achève. Et une belle soirée qui s'annonce.
06:17 Le bal du village a lieu une fois par an et c'est la première fois que Mathieu aura une cavalière,
06:21 la première fois que Marie-Jeanne ne dansera qu'avec un seul gars.
06:25 Demain, tout le village dira, le Mathieu et la Marie-Jeanne, c'est pour bientôt.
06:30 Deuxième temps, le bal du village. Une belle soirée d'été. Le café de la place déborde de monde.
06:46 On a sorti les tables. Sur l'estrade, en plein air, le maire a fait un petit discours avant que l'orchestre ne s'installe.
06:53 Les danseurs impatients l'ont applaudi. Mathieu est déjà là avec les autres.
06:57 Il a payé son entrée et celle de Marie-Jeanne. Pour le prix, le fichetier leur a tamponné l'avant-bras d'une petite fleur d'encre bleue.
07:04 Tous ceux qui n'ont pas la petite fleur sont des resquilleurs ou des solitaires qui préfèrent ne pas payer avant d'avoir trouvé une cavalière.
07:11 Cela s'installe aux tables du café de la place et parle fort.
07:16 Un peu plus loin, à côté de l'église, il y a un autre café, le café de l'église, tout simplement,
07:20 réservé aux joueurs de cartes et aux vieux qui n'aiment pas la bousculade.
07:24 Mathieu et Marie-Jeanne dansent. Ils sont là pour ça. Le père et la mère Miloua sont couchés à la ferme.
07:30 Ces amuseries ne sont plus de leur âge. Le François est venu aussi. Il est là, quelque part, à une table de bistrot.
07:38 « Ça va, François ? Tu danses pas ? » « La danse, c'est pas mon affaire. »
07:44 Pas causant, le François, comme son frère. Aussi costaud que lui, deux ans de moins, même visage carré, même teint rouge.
07:51 Il regarde. Il croise les parents de Marie-Jeanne, il croise le maire, il salue les amis et il s'installe pour la soirée.
08:00 De huit heures à neuf heures du soir, il reste au café de la place à regarder les danseurs.
08:05 De neuf heures trente à onze heures du soir, il est au café de l'église avec les joueurs de cartes.
08:12 Puis il rentre se coucher. La mère Miloua entend son grand corps faire grincer le matelas à l'étage.
08:18 Elle a reconnu son pas et cette façon qu'il a de jeter l'une après l'autre ses chaussures sur le plancher.
08:23 Mathieu danse toujours avec la Marie-Jeanne.
08:27 Minuit. Le père et la mère Miloua dorment. François dort.
08:34 Au village, Mathieu prend congé de Marie-Jeanne qui rentre avec ses parents en voiture.
08:39 Ils ne prennent pas le même chemin car la ferme des Miloua est à l'opposé du village. Lui rentrera à bicyclette.
08:46 Minuit dix. Mathieu boit un verre de bière et de limonade au café de la place.
08:54 Pour la route les musiciens emballent leurs affaires, quelques jeunes gens attardés font encore du bruit près de la fontaine.
09:00 Mathieu les salue de la main, enfourche sa bécane et prend le chemin de la ferme.
09:06 Il est bientôt suivi par Gustave, le valet, qui rentre lui aussi à bicyclette.
09:11 Et nous voici au troisième temps, le retour du bal.
09:16 La route est déserte, noire. Mathieu a déjà franchi depuis longtemps la limite des lumières du village quand le valet Gustave se décide à le suivre.
09:25 Et il pédale à toute vitesse le Gustave, dans l'espoir de rattraper Mathieu sur la route et de rentrer en même temps que lui.
09:32 Tout à coup, à la faible lueur de son phare, Gustave aperçoit une ombre sur le bas-côté, un corps d'homme à plat ventre dans l'herbe.
09:41 Gustave ralentit et se penche pour mieux voir.
09:44 Ah tiens, c'est Louis de la Ferme d'en haut. Il n'est pas près d'arriver et saoule comme un cochon.
09:49 Et Gustave redonne un coup de pédale joyeux.
09:53 Mais ma parole en voilà un autre, puis un autre.
09:57 En effet, deux autres corps répandus dans l'herbe, l'un à droite, l'autre à gauche, et emmêlés dans leur bicyclette, la tête dans les pâquerettes.
10:04 Oh, rien d'étonnant. Il s'est bu quelques centaines de litres de bière au village.
10:10 Il arrive que le grand air et l'effort du retour en vélo, ça vous achève un homme.
10:14 Et Gustave redonne un autre coup de pédale joyeux.
10:19 Et c'est à ce moment-là qu'il reçoit un coup terrible, un coup si violent qu'il en dégringole de sa bicyclette.
10:25 Qu'est-ce que c'est ? On aurait dit un coup de feu.
10:28 Tout endolori, Gustave essaie vainement de récupérer son vélo. Impossible de se relever.
10:33 Sa jambe droite est comme paralysée. Terrorisé, Gustave se traîne à plavande sur la route, persuadé que quelqu'un lui a tiré dessus, qu'il faut fuir à toute vitesse.
10:41 Mais... impossible de courir, ni même de marcher.
10:46 Gustave retient son souffle et sa douleur pour écouter la nuit.
10:51 Rien. L'autre doit penser qu'il l'a tué.
10:56 Au bout d'une dizaine de minutes, n'ayant rien vu ni entendu le suspect, Gustave, le cœur battant, la jambe traînante, récupère son vélo et se redresse.
11:08 Toujours rien.
11:10 Alors aussi vite qu'il peut, se servant du vélo comme d'une béquille, il retourne au village, emboîtant.
11:16 Sa jambe droite le refuse tout service et une douleur insupportable lui vrille tout le corps.
11:22 Enfin, il arrive à la gendarmerie épuisée.
11:25 On m'a taqué. J'ai rien vu, mais il y en a d'autres sur la route. Ils sont peut-être morts.
11:33 Dans la nuit noire, les gendarmes constatent en effet qu'il y a trois morts dans le fossé.
11:39 On les ramène au village.
11:41 Gustave s'est évanoui entre temps.
11:44 Il porte des blessures étranges aux bras comme des brûlures noirâtres.
11:49 Et les trois autres également.
11:51 Il y a la Alloui, de la ferme d'en haut, Fernand, son cousin, et Mathieu, de la ferme Miloua.
12:01 Trois morts inexplicables.
12:03 Et le Gustave qui ne vaut guère mieux.
12:06 Il est incapable de dire où il a mal, même après avoir repris ses esprits.
12:13 Le lendemain matin, un commissaire de la ville débarque à la gendarmerie et se fait conduire sur les lieux de l'agression.
12:21 Une belle petite route de campagne, bordée d'arbres fruitiers,
12:26 trois dessins à la craie représentant l'emplacement des cadavres.
12:31 Et le piège.
12:34 Un piège extraordinaire.
12:37 À hauteur normale, une ligne à haute tension traverse la route.
12:41 Le câble est normal, parfaitement tendu.
12:44 Juste en dessous, un pommier à droite et un petit saule à gauche, reliés par un fil de fer attaché aux deux troncs.
12:53 Le fil de fer côté pommier n'est pas coupé, il y en a un rouleau entier.
12:58 Autrement dit, quelqu'un s'en est servi pour barrer la route
13:03 et a projeté le rouleau par-dessus le câble à haute tension, de manière à établir un piège électrique.
13:13 Les trois premiers cyclistes à emprunter la route n'y ont pas échappé.
13:17 Seul Gustave a eu de la chance.
13:19 Le fil de fer était presque sectionné au moment de son passage.
13:23 Les trois chocs d'électrocution précédents, sans doute.
13:26 Gustave ne l'a touché qu'avec la manche de son veston.
13:30 Mais si l'on a mis un piège, c'était pour quelqu'un qui l'avait passé obligatoirement par ce chemin.
13:37 Hors des trois morts, Matthieu est le seul qui ne pouvait pas emprunter une autre route.
13:43 Les deux autres auraient pu passer ailleurs.
13:46 C'est donc à la ferme des Milois que démarre l'enquête.
13:49 Qui aurait pu vouloir la mort de Matthieu ?
13:53 Les parents effondrés n'en ont aucune idée et le François n'est pas causant,
13:57 sauf quand il s'agit bien sûr de fournir un alibi.
14:00 « J'ai pas bouché du café. »
14:02 « On vérifie ? »
14:04 De 8h à 9h, il était au café de la place et de 9h30 à 11h au café de l'église.
14:08 Ce sont des heures approximatives, mais il manque une demi-heure entre 9h et 9h30.
14:13 « Ah, je suis rentré grâce à la cour de la ferme. »
14:16 « Les parents m'ont pas entendu. Ils dormaient déjà et j'ai pas fait de bruit. »
14:20 Donc François a fait l'aller-retour village ferme en une demi-heure de 9h à 9h30.
14:26 C'est possible en faisant vite, en faisant même très vite.
14:30 D'ailleurs, cette absence ne l'accuse pas vraiment.
14:33 Quelqu'un a emprunté la route vers 9h10 et le piège n'était pas encore installé.
14:38 Pourtant, François est un bricoleur.
14:40 C'est lui qui a fait l'installation électrique, par exemple, de l'écurie.
14:43 Et il a dans sa chambre un petit livre qui explique les rudiments de l'électricité chez soi.
14:49 Alors, le commissaire réunit les gendarmes.
14:52 « Quel est celui d'entre vous qui court le plus vite ? »
14:55 Le gendarme se présente et le commissaire fait sa petite reconstitution.
14:59 Il dépose un rouleau de fil de fer à l'emplacement du piège, près du petit pommier.
15:04 Le gendarme part du café de l'église.
15:06 Il marche normalement jusqu'à la sortie du village, puis se met à courir jusqu'au pommier.
15:11 Il fixe le fil de fer, jette le rouleau par-dessus le câble, revient en courant jusqu'au village,
15:16 retraverse la place normalement et va s'asseoir au café de l'église.
15:21 Temps total.
15:24 Vingt minutes.
15:26 Neuf heures dix, le dernier témoin passe sans encombre.
15:32 Neuf heures trente, François est de retour au café.
15:36 Temps total.
15:38 Vingt minutes aussi.
15:40 C'est la mère Miloua qui assène le coup de grâce.
15:44 « Ben, si t'as cassé la croûte comme tu dis, François,
15:48 comment ça se fait qu'il manquait rien dans la glacière ? »
15:52 Le François n'est pas causant.
15:54 Il a simplement dit au commissaire
15:57 « D'accord, c'est moi.
16:00 Je ne voulais pas qu'on donne sa part d'héritage à Mathieu pour le mariage,
16:05 mais je vous préviens, au procès je ne dirai rien. »
16:08 On en parlait seulement depuis le matin de ce mariage.
16:13 Il était à peine dans l'air.
16:16 Le Mathieu n'avait même pas fait sa demande.
16:20 Il n'en avait même pas parlé à son père, ni à sa mère, ni à François.
16:24 Mais entre gens qui parlent peu,
16:29 on se comprend parfois à demi-mot.
16:49 Vous venez d'écouter Les Récits Extraordinaires de Pierre Belmar.
16:53 Un podcast issu des archives d'Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
16:58 Réalisation et composition musicale, Julien Taro.
17:02 Production, Sébastien Guyot.
17:05 Patrimoine sonore, Sylvaine Denis, Laetitia Casanova, Antoine Reclus.
17:10 Remerciements à Roselyne Belmar.
17:13 Les Récits Extraordinaires sont disponibles sur le site et l'appli Europe 1.
17:18 Écoutez aussi le prochain épisode en vous abonnant gratuitement sur votre plateforme d'écoute préférée.