Pierre Bellemare comme vous ne l’avez jamais entendu ! C’est la promesse de ce nouveau podcast imaginé à partir des archives exceptionnelles du Service Patrimoine Sonore d’Europe 1.
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
Paul est un jeune musicien de 22 ans. Il est encore domicilié chez ses parents à Saint-Omer dans le Pas-de-Calais. Un soir, le jeune homme tire à coup de carabine sur son père. Lorsque les agents de police se rendent sur le lieu du crime, Paul et sa mère sont formels : cet acte était une réponse de légitime défense face à une violente scène de ménage. Dans la main de la victime, un couteau. C’est celui de Paul, le couteau de poche qu’il a reçu à l’occasion de sa première communion. Dans ce logis, le brigadier est intrigué par l’attitude de cette femme et de son fils. De toute sa carrière, il n’a jamais vu de pareille indifférence. L’ambiance est trouble, pesante. Il semble manquer une pièce à l’équation. D’ailleurs, Paul affirme qu’il n’a tiré qu’une seule fois, dans le but d’arrêter son père dans sa fureur. Pourtant l’enquête démontre que cinq tirs ont été déclenchés. Ce crime était-il un acte de légitime défense ou bien de colère ? Quelques jours plus tard, le brigadier demande à ce que l’on fasse agrandir l’image de la scène de crime car il y a quelque chose d’étrange avec ce couteau de poche… Pierre Bellemare raconte cette incroyable histoire dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
Paul est un jeune musicien de 22 ans. Il est encore domicilié chez ses parents à Saint-Omer dans le Pas-de-Calais. Un soir, le jeune homme tire à coup de carabine sur son père. Lorsque les agents de police se rendent sur le lieu du crime, Paul et sa mère sont formels : cet acte était une réponse de légitime défense face à une violente scène de ménage. Dans la main de la victime, un couteau. C’est celui de Paul, le couteau de poche qu’il a reçu à l’occasion de sa première communion. Dans ce logis, le brigadier est intrigué par l’attitude de cette femme et de son fils. De toute sa carrière, il n’a jamais vu de pareille indifférence. L’ambiance est trouble, pesante. Il semble manquer une pièce à l’équation. D’ailleurs, Paul affirme qu’il n’a tiré qu’une seule fois, dans le but d’arrêter son père dans sa fureur. Pourtant l’enquête démontre que cinq tirs ont été déclenchés. Ce crime était-il un acte de légitime défense ou bien de colère ? Quelques jours plus tard, le brigadier demande à ce que l’on fasse agrandir l’image de la scène de crime car il y a quelque chose d’étrange avec ce couteau de poche… Pierre Bellemare raconte cette incroyable histoire dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare
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00:00 Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Belmar.
00:05 Un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:10 Avoir un couteau de poche, tous les garçons en rêvent. Un beau couteau avec au moins deux
00:17 lames, une petite et une grande, avec un tir bouchon, un poisson c'est encore mieux. Quand
00:23 on a un couteau dans sa poche, on se sent presque un homme. Dans les quartiers populaires de Naples,
00:29 c'est même une tradition. Pour ne plus être un môme, pour être considéré par ses aînés,
00:35 il faut non seulement posséder un couteau mais être capable de se battre avec. On voit dans
00:40 les terrains vagues des gamins en haillons s'exercer au combat à l'arme blanche, parfois un simple canif
00:47 à la main. En France bien sûr ce n'est pas pareil. Tous les enfants vont à l'école, les insiduteurs
00:54 leur apprennent à bien se tenir, ils ne se bagarrent pas dans les rues. S'ils aiment avoir un couteau
00:59 dans leur poche, c'est pour couper une branche, tailler un bout de bois, se fabriquer un arc et
01:04 des flèches, jouer aux indiens. Ce n'est pas dangereux. Les couteaux de poche servent surtout
01:10 aux jeux de pistes, à découper des rondelles de saucisson dans les pique-niques, à dessiner un
01:14 coeur sur un arbre, à y graver ses initiales. Mais on ne reste pas toujours un enfant sage,
01:19 on grandit. Arrive le temps où la vie de famille commence à peser. Supporter l'autorité paternelle
01:25 est difficile, surtout si les parents ne s'entendent pas bien entre eux. Le couteau de poche lui,
01:32 oh, il ne sert plus à rien, il est relégué au fond d'un tiroir. C'est un souvenir du bon vieux
01:38 temps des vacances, du temps des copains. Et voilà qu'un jour mauvais, un jour pire que les
01:45 autres, il est là, ce couteau. Le petit garçon devenu jeune homme le retrouve et a envie de
01:55 s'en servir, mais plus de la même manière. Ah ça non? Il a suffi pour cela d'une occasion,
02:04 une scène tragique qui oppose les parents et leur fils. Et le couteau de poche se témoin,
02:10 ce compagnon des jours heureux, devient soudain, en un instant, le symbole du malheur.
02:36 Saint-Omer, cette ville du Pas-de-Calais, n'est pas seulement la patrie des dames au chapeau vert,
02:42 les héroïnes charmantes de leur grand-mère, un roman de la bibliothèque rose. Non, Saint-Omer,
02:47 il y a une quinzaine d'années, fut aussi le théâtre d'un drame familial épouvantable,
02:52 je dirais même pathétique. Un jeune homme de 22 ans, que nous appellerons Paul, est accusé
02:57 d'avoir tué son père d'un coup de carabine. Pourquoi? Eh bien parce que celui-ci avait bu et,
03:03 au cours d'une scène de ménage, menacé sa femme à un couteau de poche à la main, le couteau de Paul.
03:10 C'était un cadeau de première communion un peu oublié depuis cette fête de famille,
03:14 célébrée à une époque où tout le monde s'aimait bien. Paul, aussitôt le meurtre commis,
03:19 téléphone à la gendarmerie voisine du domicile de ses parents terribles, une maison des environs
03:23 de Saint-Omer. « Allô, venez vite, je viens de tuer mon père. Où êtes-vous? Je vous appelle
03:31 de chez le boucher, à côté de chez nous. » Évidemment, selon les déclarations du jeune
03:35 homme, celui-ci paraît en état de légitime défense. Il était à peu plus de 9 heures,
03:41 enfin je veux dire 21 heures, maman était couchée, moi j'étais en train de peindre dans ma chambre.
03:45 J'ai entendu des cris, je me suis dit « allons bon, ça recommence, encore papa, qui vient de rentrer
03:50 du bistrot. Je mets l'habitude. » D'abord, je n'ai pas bougé et puis maman s'est mis à hurler.
03:56 Alors là, j'ai eu peur pour elle. J'y suis allé, mon père allait la frapper d'un coup de couteau.
04:03 Je n'ai pas réfléchi, j'ai décroché le fusil de chasse qui était là au mur et j'ai tiré. Voilà.
04:11 Paul, après avoir débité son récit avec précision, regarde les gendarmes bien en face,
04:18 les yeux dans les yeux, sans paraître spécialement ému. Le brigadier se dit « ce garçon est
04:26 sacrément courageux » ou alors « il n'aimait pas son père ». La mère de famille, elle, est sortie de la
04:34 salle à manger où se déroule ce premier interrogatoire, trop choquée sans doute par ce
04:39 qui vient de se passer. Les gendarmes veulent tout de même lui parler. Ils la cherchent et la trouvent
04:44 dans la chambre du drame. Elle a ouvert le tiroir d'une commode, a sorti de l'argent et compte des
04:49 billets. Le corps de son mari est toujours là, à genoux, à terre, au pied du lit, le buste penché
04:58 en avant, la tête sur les dredants. « Je vous demande pardon là, mais si vous vouliez venir
05:05 un moment... » « Oui, oui, je viens, répond-elle calmement. J'emporte quelques affaires et je suis
05:10 à vous. Vous pensez bien que je ne vais pas rester ici, non ? » Le brigadier est de plus en plus
05:16 intrigué par l'attitude de cette femme et de son fils. De toute sa carrière, il n'a jamais vu ça,
05:21 une indifférence pareille. Dieu sait pourtant, s'il lui a été donné d'assister à des événements
05:27 tragiques, de compatir à la souffrance humaine. Ici, un homme vient de mourir, il est là, et
05:34 personne ne semble s'en soucier. C'est encore plus affreux, peut-être, que le désespoir et les larmes.
05:39 « Allons, madame, venez, il le faut maintenant. » Avant de sortir de la chambre, le brigadier regarde
05:48 le lit, le cadavre. La main de la victime tient encore serrée entre ses doigts le couteau de poche
05:53 de son fils. Avant de toucher à quoi que ce soit, conscience professionnelle, il va falloir prendre
06:00 des photos. Le rapport de la gendarmerie relate dans un style administratif à peu près ce que
06:06 je viens de vous raconter, les sentiments en moins. Pourtant, c'est cette impression, ce malaise
06:12 ressenti par le brigadier qui est le plus important. Un début d'explication possible au parricide.
06:17 Mais les gendarmes n'ont pas l'habitude de décrire leur état d'âme. Le rapport est complété par une
06:23 enquête auprès des voisins. Le père de Paul, la victime, est un ancien garde barrière de la SNCF.
06:28 Il travaillait dans les jardins à la journée pour arrondir sa retraite. « Oh, toujours prêt à
06:33 rendre service », précise l'un de ses employeurs, « à faire une commission. Et il réparait très bien
06:38 les vélos », dit un autre. Est-ce qu'il buvait ? Ah ça oui, ça, un verre par-ci, par-là, comme tout le
06:43 monde. En tout cas, moi, je ne l'ai jamais vu vraiment sous. Quant à la mère de Paul, une femme du même
06:51 âge que son mari, la soixantaine, est-ce vraiment une pauvre malheureuse terrorisée chez elle et
06:57 protégée par son fils ? Ou bien, est-ce une malade qui se croit persécutée ? C'est une sorcière,
07:06 monsieur l'inspecteur, comme je vous le dis. Une sorcière, allons bon. Mais où allez-vous
07:10 chercher ça ? Le jour de la procession de la fête d'Yeux, elle s'est habillée en rouge. Et alors ?
07:15 Ben, c'était pour embêter le curé. Certains prétendent en effet qu'elle est communiste,
07:22 d'autres au contraire, qu'elle écrit au maire un socialiste en recopiant des paroles de l'Évangile
07:26 pour lui faire la leçon. Elle est folle du dépicier. Quand elle va au marché, elle emporte
07:32 dans son cabal la grille du poêle pour qu'on ne puisse pas faire de feu chez elle pendant son
07:35 absence. Enfin, vous vous rendez compte ? Par avarice tout ça ? Je ne sais pas. Allez comprendre
07:41 des choses pareilles. Le fils maintenant, Paul, il adore sa mère. Oh, sans doute. Parce qu'elle
07:47 n'est pas comme tout le monde, une originale, une exaltée. C'est elle qui le ressemble d'ailleurs,
07:52 pas son père. Il n'est pas un ouvrier, Paul. C'est un artiste. Il fait de la peinture. Non
08:00 sans talent d'ailleurs. Il est musicien aussi. Il joue de la guitare dans les balles le samedi
08:05 soir. Il aime tellement sa mère que quand il s'est marié, il y a juste un an, il a laissé sa femme
08:11 chez ses beaux-parents et a préféré continuer à vivre lui dans sa famille. Il ne devait pas y être
08:17 aussi mal que ça en dépit des scènes de ménage entre papa et maman, quand il fait tant de cas
08:21 devant le juge d'instruction. Un curieux mariage d'ailleurs que celui de Paul. Il a d'abord rendu
08:28 enceinte une jeune fille qu'il n'a pas épousée. Il en a épousé une autre, une infirmière,
08:33 qui avait déjà un bébé d'un amant qu'il avait abandonné. À ça d'être décidément, Paul,
08:38 un grand cœur. Une famille étrange qui laisse perplexe le juge chargé d'instruire la feuille.
08:46 Pour le magistrat, il manque quelque chose au dossier. Une inconnue,
08:50 comme on dit dans un problème de mathématiques. Une équation qu'il va falloir résoudre.
08:55 Les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast européen.
09:05 Paul, je dirais simplement Paul, respectons l'anonymat de ce jeune homme de 22 ans,
09:10 est gardé à vue dans les locaux de la gendarmerie d'une localité près de Saint-Dommey.
09:15 Il est inculpé provisoirement pour « coups et blessures ayant entraîné la mort ». Provisoirement.
09:23 Car ou bien il a réellement tué son père d'un coup de fusil au moment où celui-ci allait
09:29 frapper sa mère avec un couteau et dans ce cas, évidemment, il ne s'agit pas d'un crime, ou bien...
09:35 Ou bien... Oui, le juge d'instruction hésite. Les deux versions du drame,
09:43 celles données séparément par le fils et sa mère, concordent. Il est exact qu'au moment où il a
09:48 reçu le coup de fusil, le père tenait à la main un couteau. Les photos, le pro.
09:54 Faites-moi tout de même un agrandissement de celle-là.
09:58 Laquelle, monsieur le juge ?
09:59 Cette photo-là, où on voit le milieu du couteau dans la main.
10:02 Je peux vous faire tirer seulement le couteau et la main en 18-24, si vous voulez.
10:07 C'est ça, le plus tôt possible. Vous l'aurez dans une heure. Très bien.
10:10 Le juge compulse une fois de plus le dossier. Il le lit, le relit.
10:15 Il suffit souvent d'un détail, quelque chose qui échappe à la première lecture et qui
10:20 soudain fait éclater la vérité. Une phrase attire son attention dans la déclaration de Paul.
10:25 « J'ai tiré », a-t-il dit d'abord au gendarme et ensuite, quand on lui a demandé comment,
10:31 « eh bien, j'ai tiré, mon père a été atteint d'une balle à la tête et il est tombé à genoux
10:35 au pied du lit ». Très bien. Mais l'autopsie a démontré que la victime avait été atteinte
10:42 de trois balles. Et le rapport des experts qui ont examiné la carabine est formel.
10:47 Paul a appuyé cinq fois sur la gâchette. Une quatrième balle s'est bloquée dans le
10:52 canot et la cinquième est allée s'encastrer dans la précédente.
10:56 Ce n'est plus un coup de fusil tiré à la rate pour sauver quelqu'un. C'est un tir à
11:03 répétition qui ressemble davantage à un geste de colère, de fureur.
11:07 Le juge réfléchit. Ce n'est pas incompatible avec la version de l'accident. Mais alors
11:18 pourquoi Paul n'a-t-il pas présenté les choses de cette façon ? « J'ai perdu la tête. Je ne
11:24 savais plus ce que je faisais. Je ne me suis jamais servi d'une arme à feu. Je ne suis pas un
11:28 chasseur comme mon père. J'ai tiré, tiré au hasard. » Au contraire. Au lieu de dire ça,
11:33 Paul a expliqué très froidement qu'il n'a tiré qu'une seule fois. Et sa mère,
11:38 interrogée séparément, je le répète, l'a confirmée.
11:40 Ils se seraient mis d'accord tous les deux ? Pour mentir d'une manière aussi stupide,
11:47 sans raison ? C'est peu vraisemblable. Le juge continue sa lecture, tout au moins
11:54 sa relecture. Il y a le témoignage d'une voisine qui a entendu un soir une discussion.
12:00 La maman de Paul avait été victime d'un accident de la circulation. Ses jambes blessées, elle
12:06 devait se déplacer avec des cannes. Cette infirmité lui avait permis de toucher une
12:10 certaine somme d'argent versée par les assurances. « Cet argent est à moi. Et tu n'y toucheras pas,
12:16 disait-elle à son mari. Donne-moi la clé. Non ! » L'argent était enfermé dans le tiroir de la
12:21 commode. Le ton de la discussion était assez vif pour que les voisins entendent, du moins par
12:25 bribes, certains éléments de la conversation. Paul avait pris parti pour sa mère. « C'est
12:31 l'argent de maman. Elle a bien le droit d'en faire ce qu'elle veut. Et si j'en ai besoin,
12:34 moi, hurler le père. Attention ! Si vous ne voulez pas me le donner, j'hypothéquerai la
12:41 maison. Tu n'as pas le droit. Elle n'est pas à toi. Elle est à maman. C'est ce qu'on verra. »
12:45 Autre témoignage. Celui du maire de la commune. Le juge le rapproche du précédent.
12:54 « Le père de Paul est venu me voir à la mairie. Il m'a montré les titres de propriété de sa
13:01 maison qui appartient à sa femme. Il s'inquiétait. Comme celle-ci n'était pas très bien portante,
13:07 il m'a demandé « si elle va à l'hôpital, est-ce que je pourrais rester chez moi ? A-t-elle le droit
13:12 de me faire partir, de vendre ? » Je me suis étonné. Vendre ? Mais pourquoi ? Il m'a expliqué
13:19 que son fils était marié, qu'il cherchait à se loger, et que sa femme songeait à lui céder les
13:24 lieux si elle pouvait être hospitalisée ou loger dans une maison de retraite. Je l'ai rassuré.
13:30 Puisqu'il était marié, de toute façon, il avait le droit à l'usufruit du domicile conjugal,
13:35 même en cas de décès de sa femme. » Il y avait donc dans cette famille un conflit
13:41 plus important qu'une simple mésentente conjugale, quand les années ont passé que la tendresse et
13:46 l'affection n'ont pas remplacé l'amour, quand les époux se supportent faute de mieux. Pour
13:52 qu'un ouvrier, un brave homme, selon les dires de ses amis et de ses employeurs, s'inquiète de
13:56 cette façon, se demande, s'il ne va pas se retrouver seul à la rue, il y a certainement
14:00 quelque chose de grave. Mais quoi ? « Si ça se trouve, pense le juge. » Il ne le savait pas
14:09 lui-même. On frappe à la porte. « Entrez. Voici les photos que vous m'avez demandé de faire tirer.
14:17 Posez-les là, merci. » Le juge les regarde, l'un après l'autre. « Ah, voilà le gros plan de la main
14:26 et du couteau. Oui, on le voit très bien maintenant, le gros plan, ce couteau. Un couteau de poche.
14:32 Le cadeau de première communion de Paul. Mais, mais mon Dieu, ce couteau ! Le père le tire à l'envers.
14:43 Oui, la lame est tournée vers l'intérieur. Le moindre choc l'aurait refermé sur ses doigts.
14:50 Il est impossible de donner un coup de couteau de cette façon. » La photo agrandit, révélée d'une
14:57 manière absolument flagrante, que le couteau avait été mis dans la main de la victime après sa mort.
15:04 Il est maintenant facile pour le juge de reconstituer la vérité, une triste vérité. La mère et le fils
15:13 complices pour assassiner un vieil homme devenu inutile, gênant, qui coûtait de l'argent au
15:20 lieu d'en rapporter, une mère avare, abusive, un fils faible, dilettante, entièrement aux ordres.
15:25 Alors ? Eh bien, c'est très simple. On organise une mise en scène, comme au théâtre, mais de
15:32 mauvaise qualité, du grand guignol. On attend le soir, le moment où le père revient du bistrot.
15:38 Il est allé boire un verre et jouer aux cartes, comme tous les jours. Il sera facile de prétendre
15:43 qu'il était ivre. Et puis, il a son caractère. Il ne faudrait pas beaucoup le pousser pour qu'il
15:51 se mette en colère. Il n'y a qu'à remettre sur le tapis les histoires de gros sous et la menace de
15:56 le priver d'une maison qui ne lui appartient pas. Paul, conseillé par sa mère, a tout préparé. Il a
16:03 mis un chargeur dans la carabine, enlevé le cran d'arrêt. Cette carabine achetée pour chasser
16:08 les étourneaux. Dérisien. Et puis, le jeune homme se souvient du couteau de poche de son enfance.
16:15 On lui cherche. Oui, il est bien au fond d'un tiroir. Oh, il n'a pas servi depuis longtemps.
16:19 Quoi de mieux qu'un couteau de poche pour menacer une femme, lui transpercer le coeur. Surtout un
16:25 couteau de poche qui appartient à son fils et que les complices placeront eux-mêmes dans la
16:28 main du père en faisant vite avant que les doigts ne soient raidis par la mort.
16:32 Paul avoue. Il est examiné par des psychiatres. Le fait qu'il se soit servi de ce couteau-là,
16:41 son couteau de première communion, donne à réfléchir au médecin. C'est la preuve d'un
16:47 déséquilibre. Et aussi de la perturbation du milieu familial. Paul bénéficie des circonstances
16:55 atténuantes. Il est condamné à dix ans de prison et sa mère à cinq ans. Oui, vous trouvez peut-être
17:01 que le jury a été indulgent. En notre époque matérialiste où bien des gens ne croient plus
17:07 à rien, il reste au fond de chacun de nous un besoin profond, celui de pardonner, de garder
17:14 un dieu caché, le dieu de notre enfance. A l'époque où nous révions de posséder un couteau de poche.
17:40 Vous venez d'écouter les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast issu des archives
17:47 d'Europe 1 et produit par Europe 1 Studio. Réalisation et composition musicale, Julien
17:53 Taro. Production, Sébastien Guyot. Patrimoine sonore, Sylvaine Denis, Laetitia Casanova,
18:01 Antoine Reclus. Remerciements à Roselyne Belmar. Les récits extraordinaires sont disponibles sur
18:07 le site et l'appui Europe 1. Écoutez aussi le prochain épisode en vous abonnant gratuitement
18:13 sur votre plateforme d'écoute préférée.