Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ce soir, les débatteurs et Geoffroy Didier, secrétaire général délégué des Républicains, reviennent sur la décision du président LR de former une alliance avec le RN, en prenant son parti par surprise.
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00:00Heureux Pinsoir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Toujours en compagnie de Gilles-William Goldenadel et de Gilles, de Jules Torres et ce cataclysme provoqué par un seul homme, le patron des Républicains, Éric Ciotti, c'était à 13h tout à l'heure.
00:16Nous avons besoin d'une alliance en restant nous-mêmes, en évitant le danger des Insoumis qui demain pourraient avoir une majorité à l'Assemblée Nationale, donc il faut une alliance, c'est le sens de la Cinquième République.
00:29Une alliance avec qui, Éric Ciotti ? Une alliance avec Marine Le Pen, clairement, c'est ce que vous nous annoncez.
00:34Une alliance avec le Rassemblement National, avec ses candidats, une alliance à droite, avec tous ceux qui se retrouvent dans des idées droites, dans des valeurs de droite.
00:44Voilà, Éric Ciotti aux 13h de TF1 avec Marie-Sophie Lacaro, qui n'a pas manqué de tomber de sa chaise, enfin en tout cas, elle est restée droite, mais elle a été pour le moins étonnée.
00:54Bonsoir Geoffroy Didier.
00:56Bonsoir Pierre de Villeneuve.
00:57Merci d'être avec nous. Vous êtes secrétaire général délégué des Républicains. D'après ce que j'ai compris, vous n'aimez pas trop la salade niçoise.
01:04Non, parce qu'aux 13h, Éric Ciotti a dit nous, mais en fait, il aurait dû dire je, parce qu'il a pris une initiative strictement personnelle, sans consulter personne, sans consulter les parlementaires, sans consulter le bureau politique, sans consulter les instances dirigeantes.
01:20Il l'a prise parce que manifestement, il est en danger dans sa circonscription de Nice, puisque François-Xavier est arrivé sixième dans sa circonscription.
01:28Donc je crois que malheureusement, Éric Ciotti a été guidé par la peur, la peur de perdre sa circonscription, qui fait qu'il a décidé d'instrumentaliser notre formation politique à des fins personnelles.
01:39Donc il a fait un plat familial, alors qu'en réalité, il n'y aura qu'une part pour lui. Vous pensez qu'il va se retrouver tout seul ?
01:45Je ne sais pas. Peut-être qu'il y aura-t-il quelques individualités qui le rejoindront, mais au fond, je ne me suis pas engagé en politique.
01:51Guillaume Carayon, par exemple, le patron des jeunes républicains, qui visiblement le suit dans cette aventure.
01:56Il y a toujours des personnes qui sont prêtes à vendre leur âme pour une circonscription ou un poste. C'est vieux comme la Grèce antique.
02:06Mais au fond, je ne me suis pas engagé en politique pour cela. Je me suis engagé dans une formation politique dont les inspirateurs étaient le général de Gaulle, Simon Veil, Nicolas Sarkozy.
02:19Autant de personnalités qui, comme Jacques Chirac aussi, ont toujours refusé les combinaisons d'appareils, les compromissions, et je vais même dire, les collaborations avec l'extrême droite.
02:32Donc, je ne vais pas, effectivement, accepter de me réduire dans cette compromission guidée par la peur et guidée par l'unique volonté de garder son fauteuil.
02:41Mais qu'est-ce qu'il reste des républicains, Geoffroy Didier, après ce scrutin européen qui a été terrible ?
02:48Et d'ailleurs, les projections de différents instituts de sondage donnent 250 sièges dans la future assemblée ORN pour 50 sièges, 45-50 sièges pour les républicains au maximum.
03:01Qu'est-ce que vous allez faire ? Vous allez rejoindre une autre famille politique quand vous entendez Edouard Philippe, aujourd'hui, tendre la main pour rejoindre un grand bloc centriste ? Est-ce que vous êtes partant ?
03:11Non, je ne suis pas centriste, je suis de droite. Mais d'une droite qui n'a pas besoin d'être extrémiste pour être offensive, d'une droite républicaine qui veut rester indépendante.
03:21Mais elle n'existe plus cette droite-là, Geoffroy Didier.
03:23Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas parce que le Président des Républicains a pris une initiative personnelle qui va contre ce que je vous décris qu'elle n'existe plus.
03:32Il y a des dizaines, des centaines, des milliers d'élus locaux, il y a des millions de sympathisants qui n'attendent qu'une chose, c'est une droite offensive, républicaine, indépendante, qui réforme la France.
03:45Mais comment voulez-vous ?
03:47Mais cette droite, elle n'existe plus depuis 2012, comment est-ce que vous voulez la faire ressusciter, Gilles Thorez ?
03:52Elle fait 7% cette droite, Geoffroy Didier.
03:54Aux élections européennes ?
03:56Oui.
03:57Donc en fait, on se soumet à celui qui gagne ?
04:03Non mais c'est un résultat.
04:05C'est qu'en fait, on change de conviction sous prétexte qu'on serait minoritaire ?
04:08Mais ce n'est pas un tableau de mathématiques qui est sorti de nulle part, c'est le vote des électeurs de France, Geoffroy Didier.
04:14Mais je le respecte.
04:16Je vais vous dire une chose.
04:18Ce qu'a fait Éric Ciotti, c'est tomber dans le piège que nous tend Emmanuel Macron.
04:23Parce qu'au fond, le premier responsable du chaos dans lequel nous sommes, et qui est en train de mettre le feu au pays, c'est Emmanuel Macron.
04:31Celui qui est responsable d'une augmentation de 1 000 milliards d'euros de dettes depuis 7 ans, c'est Emmanuel Macron.
04:37Celui qui est responsable des 1 000 agressions par jour en France, c'est lui.
04:42Celui qui est responsable du fait, attend 6 carrés, que 90% des clandestins ne sont pas reconduits dans leur pays,
04:48et qu'il revient donc au même de respecter les règles, de ne pas les respecter, c'est la même chose.
04:52Mais vous dites ça alors que les républicains ont gouverné avec lui, vous avez voté des textes avec sa majorité.
04:57Mais ok, nous ne sommes plus au pouvoir depuis 12 ans.
05:01Donc ce n'est pas nous qui sommes responsables quand même de l'échec d'Emmanuel Macron.
05:05Mais quelle est la stratégie cynique politicienne d'Emmanuel Macron ?
05:09C'est de faire en sorte que la seule alternative soit l'extrême-gauche et l'extrême-droite.
05:14Et Eric Ciotti, par son initiative strictement personnelle, est tombé dans le piège.
05:18Donc c'est après moi le déluge.
05:21Je ne me représente plus en 2027, donc tant qu'à faire, je vais mettre l'ERN face à LFI,
05:27ou en tout cas une grande coalition de gauche qui sera dirigée par Mélenchon.
05:31C'est ça le plan d'Emmanuel Macron, si je vous comprends bien ?
05:35C'est ça votre interprétation Geoffroy Didier ?
05:37Je pense, mon intime conviction, c'est que dans la mesure où il sait qu'il n'a plus le droit de se représenter,
05:42il voudrait au fond être la dernière gare avant l'extrémisme.
05:46Et bien vous voyez, moi j'ai pas joué Marine Le Pen, une fois que je ne suis plus là,
05:50vous ne pouvez plus lutter contre l'extrémisme.
05:53Moi je ne me résoudrai jamais à ça.
05:55Et je resterai indépendant, je resterai vraiment pétri de cette volonté de réformer la France
06:05sans jamais céder à l'extrême gauche ou à l'extrême droite.
06:09Et je crois que nous sommes des millions à penser cela.
06:11Nous sommes des millions à vouloir reconstruire cette droite,
06:14qui est aujourd'hui effectivement également minoritaire.
06:18Mais bien sûr, parce que les solutions simplistes sont toujours tentantes.
06:22Toujours, je le reconnais.
06:23Merci beaucoup Geoffroy Didier d'avoir passé une tête par Europe Un Soir, 19h38.
06:28Il est courageux Geoffroy Didier de vouloir reconstruire une droite,
06:34mais ça va être dur et ça va être long.
06:37Comme il l'a dit, ça fait 12 ans qu'ils ne sont plus au pouvoir,
06:39ils ont voté des textes avec renaissance,
06:41et là ils veulent reconstruire une droite, c'est difficile.
06:44C'est surtout très difficile de dire que c'est Emmanuel Macron qui choisit les oppositions.
06:48J'ai plutôt l'impression que ce sont les Français qui ont décidé à hauteur de 32%
06:52d'accorder leur suffrage à Jordan Bardella,
06:54qui considèrent que sur les sujets de sécurité, sur les sujets de pouvoir d'achat,
06:57sur les sujets d'immigration, il est une meilleure opposition au républicain.
07:00Ce n'est pas Emmanuel Macron qui a décidé ça, ce sont les Français.
07:02Est-ce que Gilles-William Goldadel, les mots n'ont pas été dits ?
07:05Est-ce qu'il y a une stratégie d'Emmanuel Macron ?
07:08Appelez ça comme vous voulez, pour sa haute opinion de lui-même,
07:13de casser ses jouets et de dire je vais mettre les extrêmes luttes face à l'autre ?
07:17Je pense très sincèrement que la réaction d'Emmanuel Macron
07:21ne peut être vue sous un angle psychologique, pour être gentil,
07:25que comme une réaction gamine et narcissique.
07:29Franchement, je n'ai pas d'autre explication.
07:32Donc ça se tient ce que dit Geoffroy Didier ?
07:34Oui et non, parce qu'on n'est pas non plus obligé,
07:37il faut voir la réalité en face.
07:39Pardon de le dire, Geoffroy Didier a le droit de ne pas apprécier
07:45l'initiative personnelle d'Éric Ciotti,
07:48mais de la qualifier de collaboration,
07:51de perdre son âme envers l'extrême droite.
07:55J'ai connu Geoffroy Didier avec Guillaume Pelletier,
07:58je l'ai vu évoluer envers Macron.
08:02Pardon, j'ai eu du mal à discerner la différence
08:06du temps où Geoffroy Didier avec Guillaume Pelletier
08:10faisait partie de la droite dure,
08:12avec le RN d'aujourd'hui, qu'il taxe d'extrême droite.
08:15Donc si j'étais lui, je serais quand même un tout petit peu plus modéré dans mes expressions.
08:19Je voudrais qu'on entende Bruno Retailleau,
08:21il était en conférence de presse au Sénat,
08:23il dénonce la stratégie personnelle et camouflée d'Éric Ciotti.
08:26Les Républicains ne feront jamais d'alliance avec le RN.
08:31Nous avons des divergences idéologiques profondes.
08:36C'est à travers les dépêches que j'ai appris,
08:40je ne voulais pas y croire dans un premier temps,
08:42la décision que le chef du parti allait prendre, seul.
08:46Et il a menti, dans un seul but.
08:49Un but sans doute personnel vis-à-vis de Nice,
08:51mais aussi dans un but qui était de nous placer
08:54dans une situation telle qu'on ne puisse pas se retourner
08:56parce qu'on a des candidats qui vont partir au front
08:59et que le dépôt de candidature est dans quelques jours.
09:02Donc tout cela, j'imagine, a été mûrement réfléchi,
09:05mais surtout mûrement camouflé.
09:08Mûrement camouflé.
09:10Je vous fais réagir dans un instant,
09:12après le rappel des titres de l'actualité.
09:14Jules Thorez et Gilles-William Goldendal
09:16et vous signalez également que Laurence Ferry
09:18vous donnent bien sûr rendez-vous tous les matins
09:20dans Europe 1 Matin pour la grande interview
09:22Europe 1 CNews.
09:24Et demain mercredi, ce sera la ministre de la Culture,
09:26Rachida Dati. A tout de suite sur Europe 1.
09:32Et on passe en revue l'actualité,
09:34et surtout l'actualité politique avec ce séisme
09:36au sein des Républicains.
09:38Eric Ciotti qui annonce une main tendue
09:40au Rassemblement National.
09:42Et peut-être,
09:44une, comment dirais-je,
09:46une collaboration,
09:48en tout cas des tractations sur,
09:50on a dit quoi, 100-120 circonscriptions,
09:52c'est ça Jules Thorez ? On vient d'entendre
09:54Bruno Retailleau qui explique en gros
09:56que la stratégie de Ciotti c'est
09:58moins les législatives que la
10:00mairie de Nice.
10:02C'est quand même terrible,
10:04après un vote des Français
10:06qui s'est exprimé,
10:08qui veut dire ce qu'il veut dire, on peut l'interpréter,
10:10mais enfin on l'a dit, on a redit
10:12ce qu'il en était. Et que là,
10:14finalement,
10:16c'est non plus une vendetta personnelle,
10:18mais ce sont des petits arrangements
10:20entre amis, ça va donc
10:22jamais se terminer
10:24en fait cette histoire. Ce qui est bien, c'est que pour la droite,
10:26c'est une grande opération de
10:28clarification, parce qu'on assiste
10:30à quoi ? On assiste au réveil des
10:32centristes, Jean-François Copé,
10:34Xavier Bertrand, qui sont plutôt favorables, eux,
10:36à rejoindre la Macronie. Jean-François Copé qui est centriste maintenant ?
10:38Jean-François Copé, en tout cas, il veut
10:40un rapprochement avec le centre.
10:42Il ne croit pas du tout au sarcoïsme.
10:44Oui, mais vous savez, les gens
10:46changent.
10:48On a aussi des gens
10:50de droite qui croient encore qu'il y a un espace
10:52pour les Républicains, François-Xavier Bellamy,
10:54Bruno Retailleau, et d'autres qui pensent
10:56et qui ont essayé de créer un espace à droite,
10:58Éric Ciotti, qui est président des Républicains
11:00depuis maintenant deux ans,
11:02et qui considère aujourd'hui, finalement,
11:04qu'il n'y a pas d'espace, et que le seul espace
11:06pour relever le pays,
11:08pour changer,
11:10mettre fin
11:12à ce macronisme-là, qui considère
11:14qu'avec le Rassemblement National,
11:16ce n'est pas juste un plat de lentilles qu'Éric Ciotti a accepté,
11:18parce qu'il faut beaucoup de courage pour faire
11:20ce qu'il a fait. Là, depuis tout à l'heure, il subit
11:22des colibés, on dit qu'il a signé les accords de Munich,
11:24on dit qu'il a vendu son âme, donc c'est quand même
11:26quelque chose qui n'est pas facile.
11:28Donc tout ça pour Nice, je ne suis pas tout à fait sûr.
11:30Et Laurent Wauquiez, dans tout ça, qui devait
11:32sortir du bois
11:34en septembre, comme un grand
11:36gaillard, pour
11:38tailler un cap
11:40jusqu'en 2027,
11:42c'est foutu là ! Donc là, il est candidat
11:44parce que lui croit qu'il y a un espace
11:46pour la droite, je ne sais pas s'il
11:48a raison, mais en tout cas, il va essayer de prouver
11:50pendant ce législatif qu'il peut être le
11:52ténor de la droite.