• il y a 4 mois

Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ce soir, les alliances de la droite en vue des élections législatives. Pouvons-nous nous attendre à un rapprochement de Marion Maréchal avec le RN ? En-dehors des extrêmes, vers quelles stratégies semblent se tourner Les Républicains et Renaissance ?
Retrouvez "Les débats d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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Transcription
00:00 Europe un soir. 19h21, Pierre De Villeneuve.
00:04 Le désir d'union est fort, nous restituait Maëlla Sany de cette rencontre entre Marion Maréchal
00:12 qui d'une certaine manière rentre au Bercail et va revoir sa tante dans la PME Le Pen.
00:17 Je reprends les mots de Catherine Ney que j'ai entendus tout à l'heure.
00:20 Dans Punchline, voici ce que disait Marion Maréchal à l'issue de cette rencontre.
00:24 Il y a maintenant un choix qui s'offre à moi,
00:27 celui de trouver les moyens de faire intégrer les idées de reconquête à ce rassemblement
00:33 dans le cadre des conditions posées par le RN,
00:36 ou alors se contenter de laisser Reconquête partir seule.
00:41 Marion Maréchal qui rentre chez Marine Le Pen,
00:45 qui va s'exprimer tout à l'heure dans le journal de 20h de TF1.
00:48 Catherine Ney, qu'est-ce que ça signifie ce mouvement ? C'était prévisible déjà ?
00:51 Je crois d'abord qu'il y a un problème à Reconquête entre Marion Maréchal et Sarah Knafo.
00:58 Plus qu'avec Eric Zemmour.
01:01 Oui, mais Sarah Knafo a un pouvoir important dans ce petit parti.
01:09 D'ailleurs, on m'a signalé qu'hier soir, elle avait assez mal mené Marion Maréchal.
01:15 Je pense que Marion Maréchal va revenir, mais vous savez, c'est la famille Le Pen,
01:19 on se dispute, c'est un peu les familles où on s'est beaucoup divisées.
01:24 Il y a eu plusieurs feuilletons.
01:27 Là c'est le nouveau, mais je crois qu'on tombe toujours du côté où l'on penche,
01:30 et elle va revenir dans le géant familial.
01:32 Elle va être accueillie à bras ouverts par Marine Le Pen ?
01:34 Oui, parce qu'elles se sont déjà revues depuis que le Patriarche est malade,
01:37 et donc on fait quelques fêtes carillonnées chez lui, on s'est reparlés.
01:41 Paul Belin ?
01:42 Je crois que le sujet du ralliement de Marion Maréchal est un sujet...
01:45 Il y a deux sujets, il y a le sujet personnel du ralliement de Marion Maréchal,
01:48 et ensuite il y a le sujet collectif de l'avenir de Reconquête.
01:51 Et c'est ça, je pense, qui est le plus important, c'est de se dire,
01:53 comment et jusqu'à quel point, et ça on aura peut-être les réponses ce soir au 20h,
01:57 comment et jusqu'à quel point Marine Le Pen va-t-elle élargir sa base ?
02:01 Parce que là, maintenant, elle n'est plus un parti d'opposition comme les autres,
02:04 elle est un parti qui prétend engendrer l'alternance.
02:06 Et pour préparer cette alternance, il va falloir qu'il dialogue avec les Républicains,
02:11 avec, effectivement, pourquoi pas Reconquête,
02:13 peut-être avec Nicolas Dupont-Aignan de Boulafrance,
02:15 pourquoi pas avec certains souverainistes de gauche...
02:17 - Je l'ai dit, Marion Maréchal a cité Dupont-Aignan plusieurs fois.
02:20 - Elle l'a cité, mais jusqu'à maintenant, le mantra sur l'union des droites, etc.,
02:24 c'était très émourien comme discours.
02:26 Marine Le Pen n'aimait pas parler d'union des droites.
02:28 Là, elle va parler d'union, moi je pense, je prends le pari ce soir,
02:31 qu'elle ne va pas parler d'union des droites, mais qu'elle va parler d'union des Français.
02:34 Et qu'elle va essayer, dans une posture, en tout cas, je dirais peut-être,
02:37 elle va essayer de se hisser dans une posture gaullienne,
02:40 en disant, eh bien, moi je vais aller prendre le pouvoir,
02:43 nous allons y aller par les urnes, la démocratie va parler,
02:46 et pour que la démocratie puisse parler, il faut que nous soyons un rassemblement
02:49 le plus large possible. Je pense que c'est sa stratégie,
02:52 et à mon avis, d'observateur, c'est peut-être là, la meilleure stratégie à adopter,
02:56 plutôt que de se recroqueviller sur sa base...
02:59 - Je ne suis pas d'accord, je ne suis pas d'accord.
03:01 - Et vous, quand vous dites qu'elle n'aime pas parler d'union des droites,
03:04 elle a cité plusieurs fois Giorgia Meloni en disant, regardez ce qui se passe en Italie,
03:07 ils ont réussi, et chez nous, ça ne marche pas.
03:09 - Elle préfère parler des patriotes de droite, de gauche, de nulle part...
03:12 - Imaginons le résultat du 7 juillet au soir,
03:16 si le Rassemblement National, disons, devient le parti le plus important,
03:22 je ne sais pas s'il sera majoritaire, disons qu'il sera le parti le plus important, incontournable.
03:28 Il y aura des places à prendre, et à partir de là,
03:32 même une structure comme celle de Reconquête,
03:34 je pense que Marine Le Pen sera capable d'oublier les mots,
03:37 et les formules un peu désagréables, peut-être, que Zemmour a eues lors de la présidentielle,
03:43 notamment, pour dire, "Ministre, peut-être, il y aura des places à prendre."
03:49 - Mais Reconquête n'est pas forcément la cible, je dirais, de ces places à prendre.
03:52 L'ouverture, elle va plutôt se faire à gauche de Marine Le Pen,
03:54 plutôt par la droite républicaine, plutôt par la gauche,
03:56 - Mais il parle aussi avec des républicains.
03:58 - Il parle aussi avec des républicains.
04:00 - Mais je pense que c'est plutôt les républicains qui seront, je dirais, attirés à Gadier Le Pen.
04:03 - Parce que là, le président a fait partie dans une chose, d'ailleurs, qui n'est sûrement pas contrôlée.
04:08 Ce qui va se passer, c'est que, ce qui est sûr, le parti le plus important,
04:12 ce sera le Rassemblement National.
04:14 Plus de 200, 240, majorité absolue, on n'en sait rien.
04:17 Mais s'il n'a pas la majorité absolue, ça veut dire qu'il y a un nouveau blocage.
04:22 C'est-à-dire qu'il ne peut rien faire, qu'il va retrouver des oppositions.
04:25 Et donc, si on ne peut rien faire, s'il ne peut rien faire,
04:28 là, on arrive presque à une crise de régime.
04:31 Parce que pendant un an, on ne peut pas redissoudre.
04:34 Donc, si on ne peut rien faire pendant un an.
04:37 Donc là, toute l'habileté de Marine Le Pen, ça va essayer de parler,
04:43 de faire des coalitions au nom de la France, et non pas du Rassemblement National.
04:49 On verra si elle sait le faire.
04:50 Parce que longtemps, sa philosophie, c'était surtout pas d'alliance avec la droite républicaine qu'elle détestait.
04:55 Mais là, maintenant, elle prend une autre ampleur.
04:57 - C'était réciproque.
04:58 - Oui, la droite républicaine dont vous parlez, c'est-à-dire les Républicains,
05:02 est-ce que ça ne va pas imploser, comme l'a expliqué tout à l'heure Alexandre Chauveau dans le journal ?
05:06 Il va y avoir une scission, il y en a ceux qui vont aller plutôt,
05:09 comme l'ont fait déjà Gérald Darmanin et Bruno Le Maire,
05:12 dans le camp du Président, et d'autres qui vont aller vers le RN.
05:15 C'est une réalité.
05:16 Jean-Claude Godin, qu'on a enterré il y a encore quelques semaines ici sur Europe 1,
05:20 racontait, et on a retrouvé grâce à Sylvain Denis et aux archives,
05:25 des archives d'Europe 1, qu'il disait que Jean-Claude Godin disait lui-même
05:29 "J'ai été élu avec des voix RN".
05:31 Et d'ailleurs, ça n'était pas un problème pour lui.
05:36 - Mais à l'époque c'était un problème pour le RPR.
05:39 Il avait été désavoué d'aller chercher cette alliance.
05:42 Il y avait eu le Président de l'ONU, je crois à l'époque, Charles Millon,
05:45 qui avait fait une alliance avec le Front National,
05:47 Jean-Pierre Soissons, il y avait plusieurs comme ça élus.
05:50 Là, probablement que la jurisprudence va changer.
05:52 Après, quant à la moisson des derniers LR qui seraient compatibles avec le macronisme,
05:56 moi je crois qu'il y en a déjà la plupart qui sont partis.
05:59 Eric Verve, il est parti, on parlait de Bruno Le Maire et du ministre de l'Intérieur,
06:04 ils sont partis.
06:05 Moi je crois qu'il reste à LR ceux qui ne veulent plus de cette alliance.
06:08 Et Eric Ciotti l'a dit assez bien.
06:09 Alors est-ce que des profils comme Valéry Pécresse ou comme Xavier Bertrand
06:13 vont s'allier avec le RN ?
06:14 Ça par contre, je ne crois pas.
06:15 Donc eux, ils vont essayer peut-être de poser autre chose.
06:17 - Ça pose une question quand même.
06:18 Ils avaient un candidat potentiel et ils l'ont toujours, qui était Laurent Wauquiez.
06:21 Est-ce que la stratégie pour lui, ça le regarde, va consister...
06:25 Il faut quand même incarner quelque part un espoir.
06:27 - Non mais Wauquiez, son cheval est mort.
06:29 - Non mais ça, cher ami, vous pensez ce que vous voulez sur Wauquiez.
06:32 Moi je pense qu'il incarnait possiblement, potentiellement,
06:36 une chance pour la droite républicaine de réexister véritablement avec un vrai programme.
06:41 - Oui mais sans cheval, ça va être difficile.
06:43 - Pour ça, il faut qu'effectivement, il ne tue pas le cheval ou qu'il remonte dessus, je n'en sais rien.
06:46 - C'est terrible.
06:47 - Il a une peau d'âne, si je puis dire.
06:49 - Je me demande ce qu'il est en train de...
06:51 Voilà, il a fait un communiqué ce matin, ça ne va pas suffire.
06:54 - Il est tellement prudent.
06:56 - J'aime beaucoup les points de vue, mon cher.
06:59 - Vous parliez d'Eric Wörth, écoutez ce qu'il disait ce matin avec Dimitri Pavlenko sur Europe.
07:04 - Le président a choisi probablement une solution, certes aventureuse, mais qui a le mérite d'être claire.
07:10 À partir du moment où il y a quand même un raz-de-marée de l'extrême droite,
07:15 c'est évidemment un score sans appel, il faut reconquérir de la légitimité.
07:19 Sinon, c'est l'impasse.
07:20 En réalité, on a une pression de LR qui dit "on va déposer des mots sans censure",
07:25 une pression d'un petit groupe qui s'appelle Lyot et qui dit la même chose.
07:29 Un budget qui arrive à partir du mois de septembre,
07:32 il n'y a plus la capacité de réformer dans des conditions acceptables,
07:36 et la France ne peut pas attendre.
07:38 Donc l'éclaircissement suprême, c'est par la voie de l'élection et du peuple.
07:43 - En bon ministre du budget, il s'intéresse au budget, notamment.
07:46 - Oui, mais il faut bien voir aussi que les LR menaçaient le président d'un dépôt de motion de censure.
07:53 Mais ils l'annonçaient six mois avant, mais ils avaient calculé qu'avec les Jeux Olympiques,
07:58 ça serait bien pour le budget puisqu'il n'y avait pas de loi rectificative du budget.
08:02 Mais quand vous voulez gifler quelqu'un, vous ne lui dites pas "je te giflerai dans six mois".
08:06 Donc pour le président, qui voyait qu'il y aurait un mauvais coup à la rentrée,
08:11 et que vu les résultats, il a préféré une cohabitation maintenant qu'attendre d'être obligé de dissoudre.
08:20 Il a anticipé un échec annoncé.
08:24 Il y a toujours ces conseillers qui disent "mais c'est jouable, on peut refaire une majorité à gauche".
08:33 Alors ça, moi j'ai de la peine à y croire, mais vous savez, les conseillers annoncent toujours que ça va bien se passer.
08:40 C'était la même chose avec Chirac.
08:42 - Voilà, c'est ce que j'allais dire. Ça me rappelle beaucoup 1997, où on a offert le pouvoir à l'opposition.
08:47 - Voilà, où on croyait... Alors qu'à l'époque, Chirac avait tout.
08:51 Il avait la majorité, le Sénat, les régions, les départements et les plus grandes villes de France.
08:56 Et parce qu'il ne voulait pas se séparer de Juppé, qui était très impopulaire, on a imaginé ça.
09:01 Et vraiment, Villepin lui avait vendu l'idée que là, Néron,
09:05 c'était la Chirac qui pure, qui allait revenir et que le nouvel élan, ça serait de renommer Juppé.
09:11 - Comment est-ce qu'il a pu croire ça ?
09:13 - Ça, on se le demande encore. - Mais parce que c'était...
09:15 - Peut-être avec des mauvais conseils ?
09:17 - Oui, mais quand il y a eu la réunion des députés à qui on disait "vous allez vous représenter",
09:21 mais il y avait de la joie... - Ils étaient tous... c'était pas le cas ce coup-ci ?
09:24 - Oui, c'était pas le cas ce coup-ci. - Non, il y a de l'inquiétude et il y a de l'interrogation.
09:28 - Ça veut dire, Jean-Claude Dessier, qu'il y a plus de clairvoyance aujourd'hui qu'à l'époque ?
09:31 - Je n'en suis pas sûr. - Non, mais en tout cas, que la dissolution...
09:34 - Honnêtement, quand on voit ce qu'ils ont fait sur les migrations,
09:37 en gros, je dirais presque, de manière un peu caricaturale, j'en conviens, pas grand-chose, voire rien,
09:42 pas de prison nouvelle, incapacité pour les magistrats de prendre des décisions de sanctions un peu exemplaires,
09:48 c'est le foutoir. Tous les jours. Maintenant, le couteau est devenu l'outil qui inquiète beaucoup les Français.
09:54 Il y a quand même quelque chose que je souligne, alors peut-être que je me raconte des histoires,
09:59 quand Mardela a parlé tout à l'heure, après la réunion avec Marion Maréchal,
10:03 il a parlé "je présenterai aux Français, nous allons présenter aux Français un texte, programme, mais de cohabitation".
10:12 Est-ce l'annonce déjà qu'on va raboter, oublier, mettre de côté ou autre un texte qui aurait l'accord du Président de la République ?
10:24 Il a devancé le Président de la République en annonçant la dissolution, en disant "après les Européennes, si j'arrive premier, je demanderai une dissolution".
10:33 Mais il l'a obtenu ! Mais c'est un geste extrêmement fort !
10:37 Non mais il faut être collerant avec Emmanuel Macron, c'est-à-dire qu'on ne peut pas lui reprocher aujourd'hui une dissolution
10:41 qu'à peu près tout le monde lui aurait demandé s'il ne l'avait pas faite.
10:44 C'est-à-dire que là il est suit une défaite cuisante, et donc les commentateurs comme nous,
10:51 probablement qu'on dirait à l'heure qu'il est, s'il ne l'avait pas fait, il essaie d'enjamber l'élection,
10:55 ce n'est pas juste, il aurait dû prononcer la dissolution.
10:57 Moi, c'est ce que j'aurais dit !
10:58 Écoutez, Emmanuel Macron, il parle des élections européennes, il a gagné 8,9 mois, il n'avait pas d'importance.
11:04 Vous avez entendu ce qu'a dit l'ex-présidente de l'Assemblée nationale, Yael Brown, en disant "il y avait une coalition à faire, il y avait d'autres solutions".
11:12 Ça n'aurait pas marché ! De toute façon, c'était reculer pour mieux sauter.
11:18 C'est-à-dire que la motion de censure qui aurait été déposée à l'issue du budget par les Républicains,
11:23 aurait de toute façon renversé le gouvernement.
11:25 Le président de la République précède les choses, ce qui lui permet de dire "regardez, je suis gaulliste".
11:29 Sauf que s'il avait été vraiment gaulliste,
11:32 - Vous êtes sûr de ça, Paul Melland ? - Personne ne comprend rien à ce que vous avez dit !
11:35 - Qu'est-ce que ça veut dire, être gaulliste aujourd'hui, Paul Melland ?
11:37 - Être gaulliste, c'est redonner le pouvoir au peuple.
11:39 - Vous êtes d'accord avec ça ? - Ma définition est simple.
11:42 - Ça veut dire quoi être gaulliste ?
11:44 - Dans les conditions où vous n'êtes pas battu d'avance,
11:46 dans les conditions où vous n'offrez pas à l'opposition,
11:48 le RN, c'est pas rien quand même.
11:50 Regardez la Bourse, comment elle s'est comportée aujourd'hui.
11:52 - Regardez le gaulliste, c'est 1,25%.
11:54 - Mais si c'était vraiment gaulliste, il aurait mis aussi ses députés dans la balance.
11:56 - Soyez galant, soyez galant.
11:58 - En plus, elle est en pourpre, elle est belle comme tout.
12:01 - Chirac avait fait une dissolution de convenance,
12:04 et là, je pense qu'il y a chez Macron, un peu une dissolution d'amertume.
12:09 Parce que jusqu'il y a encore 15 jours, il disait, il était persuadé que Mme Ayer
12:13 allait être près de 22% et trouver ses conseillers,
12:15 les gens qui venaient lui dire qu'il était pessimiste.
12:17 Et lui pensait que plus il parlait, plus il parlait d'Europe,
12:20 plus les gens raisonnables en France allaient comprendre son message.
12:24 Et là, il s'est aperçu qu'il n'écoutait pas ce qu'on lui disait,
12:28 que c'était très dangereux, et là, pouf, il s'est dit, il faut que...
12:32 Voilà, ils veulent, les Français veulent, et ben, je suis démocrate, chiche.

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