Matignon : la gauche déterminée à former un gouvernement et prête à des compromis ?

  • il y a 2 mois

Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Stéphanie de Muru pour débattre des actualités du jour.
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Transcription
00:00Et place à présent au débat avec nos chroniqueurs consacrés évidemment à l'actualité française, politique, riche aujourd'hui évidemment avec ces consultations à l'Elysée
00:10que beaucoup attendaient des présidents de groupes et des chefs de partis dans le but de tenter de dégager une majorité en vue de la formation d'un nouveau gouvernement.
00:20Philippe Guybert, vous avez suivi les premiers échanges de loin, en tout cas et surtout les premières réactions. Est-ce que vous y voyez légèrement plus clair ?
00:30Non. Je sais que vous trouvez une autre réponse que non, mais finalement non, on n'y voit pas tellement plus clair.
00:39Mais ce qui est un peu agaçant, moi je rentre de vacances et je me dis, j'ai un sentiment de désinvolture par rapport aux acteurs politiques.
00:48C'est-à-dire que ce qui s'est passé aujourd'hui aurait pu se passer le 15 juillet ou le 14 juillet ou le 13 juillet.
00:55Je veux dire, pour que le président reçoive, après des élections législatives qu'il a lui-même décidées, les principales forces parlementaires dans une assemblée qui n'a pas de majorité, c'est la moindre des choses.
01:07Et donc je trouve qu'on aurait pu gagner du temps et du côté du nouveau front populaire, de constater, on a entendu Lucie Castex aujourd'hui dire qu'ils étaient prêts à gouverner pour construire de nouvelles coalitions.
01:19Ce sont ses termes, il était temps de se rendre compte qu'il fallait une coalition puisqu'ils n'ont pas la majorité, qu'ils sont même très loin d'avoir la majorité.
01:26Et donc ce qui se dit aujourd'hui, me semble pouvoir, aurait pu être dit le 13 juillet.
01:33Elle en a parlé un peu de cette coalition quand même Lucie Castex, elle était prête plus ou moins à l'ouverture il y a quelques semaines déjà.
01:41En plein coeur du mois d'août, mais c'est assez récent parce qu'on se souvient qu'au mois de juillet, le NFP était vraiment sur une ligne, on gouverne seul, tout seul sur notre programme, rien que notre programme, tout notre programme.
01:53Ce qui évidemment n'avait aucun sens.
01:55Bon et puis ensuite le fait que centristes et droites ne veuillent pas d'un gouvernement inqualifié n'est pas non plus une énorme surprise.
02:05On en parlera justement des insoumis.
02:07Philippe Guybert, je donne la parole quelques minutes à Jean-Christophe Gallien avant d'écouter Laurent Hénard du Parti Radical qui va être avec nous, qui va nous expliquer comment ça s'est passé parce que lui aussi a rencontré Emmanuel Macron.
02:18Aujourd'hui, Jean-Christophe Gallien, vous êtes sur la même ligne que Philippe Guybert, on n'y voit pas forcément plus clair.
02:24Ouais j'irais même plus loin, je crois que ça pouvait se faire le 8 juillet quoi finalement.
02:27On a eu le sentiment que l'Emmanuel Macron voulait partir en vacances à la Végeuse Olympique après avoir chamboulé complètement l'agenda politique.
02:33Mais celui des français aussi, des français de tous les jours, des français de l'économie, des français des médias, on s'en réjouit puisque ça nous a fait un feuilleton extraordinaire.
02:40Et puis on reprend, c'est comme une saison nouvelle mais comme si on partait au début.
02:44Il invente une narration qui est celle finalement du retour en arrière, qui n'est pas vraiment un retour en arrière mais en tout cas il ne s'est rien passé.
02:50Il est rentré le 22 au soir tranquillement, il enfourche les consultations le lendemain.
02:55C'est quand même assez étonnant dans un contexte global, vous en parlez ici, qui est lui-même agité par d'autres enjeux.
03:01La France, elle ne vit pas toute seule.
03:03Et quand on observe de loin, oui il y a une réussite extraordinaire avec les Olympiques, c'était génial.
03:07Mais à la sortie quand même, c'est un Etat qui aujourd'hui est en compétition avec la Belgique pour savoir quel sera le premier pays à avoir un gouvernement.
03:16On en est loin encore.
03:17On vient de battre aujourd'hui, 39 jours, même dans la 4ème République, les jeunes auditeurs ne savent pas exactement ce que c'est.
03:2339 jours, je prends la Belgique.
03:2539 jours, c'était le plus long aujourd'hui.
03:27En France, en France.
03:29On est en 4ème depuis la libération.
03:31Depuis la libération, c'est même plus que ça.
03:33Donc on est dans quelque chose qui est assez extraordinaire.
03:36Alors Emmanuel Macron qui voulait faire chambouler la table, sauter, accélérer la start-up nation.
03:41Là on n'y est plus du tout, on est dans autre chose politiquement.
03:44Avant de donner la parole à Laurent Hénard, Louis Draguenel, vous, le grand observateur de l'évil politique,
03:52je m'étonne que vous vous étonniez.
03:54En fait, il ne s'est rien passé pendant l'été.
03:56Globalement, si on parlait sur le registre de la blague, on dirait que c'est un énorme cirque.
04:02C'est-à-dire qu'on savait tous à l'avance qu'il ne se passerait rien.
04:05Vous avez un nouveau Front Populaire, 193 députés quand on les additionne tous,
04:09qui globalement, c'est tout mouillé, c'est tout ce qu'ils peuvent représenter, ne peuvent pas s'élargir.
04:14Et donc pour arriver avec une majorité stable, puisque c'est Emmanuel Macron, c'est ce qu'il a fixé,
04:19il a dit voilà, il faut que j'ai un premier ministre qui soit capable de m'apporter une majorité stable,
04:23ça voudrait dire qu'on tangente au moins au-dessus de 250 députés,
04:28ce qui était l'état de sa majorité sortante avant la dissolution.
04:33Donc ça ne pouvait pas se passer différemment.
04:35Ensuite, il reçoit la droite, il reçoit Laurent Wauquiez.
04:38Laurent Wauquiez a dit très clairement au début de l'été qu'il était tout à fait prêt à voter s'il le fallait
04:43sur des sujets comme le budget, la sécurité ou l'immigration.
04:46Si Emmanuel Macron reprenait le texte tel qu'il avait été travaillé par les Républicains,
04:52mais en aucun cas il n'a dit qu'il participerait à une coalition, encore moins à un gouvernement.
04:56Laurent Wauquiez, on vient de l'entendre tout à l'heure, il a dit exactement ce qu'il a dit il y a deux mois.
05:02Et en fait, on finit par se dire, si on dézoome un peu et on est un tout petit peu cynique,
05:06c'est qu'Emmanuel Macron est en train d'essayer de montrer, de raconter une histoire qui,
05:10objectivement, n'est pas vraie.
05:17Tout le monde laisse raconter l'histoire de l'autre parce que ça l'arrange bien.
05:20Le Nouveau Front Populaire...
05:24Emmanuel Macron a fait croire qu'il voulait trouver une solution.
05:27En réalité, il ne souhaite pas en trouver.
05:29Parce que cette situation...
05:31Nous, on est tous en train de se dire qu'il faut trouver un gouvernement,
05:33il y a le budget et tout ça.
05:35Objectivement, Emmanuel Macron, cette situation ne lui déplaît pas tant que ça.
05:38Il est débarrassé de son propre camp, sa majorité, il est débarrassé de ses oppositions.
05:42Et globalement, il vit, je pense, je vais aller un peu loin, il vit sa meilleure vie.
05:46Je ne crois pas quand même.
05:48Il y a Laurent Hénard qui patiente depuis tout à l'heure.
05:51Laurent Hénard du Parti Radical, bonjour.
05:53Président du Parti Radical.
05:55Bonjour.
05:56Vous avez donc rencontré Emmanuel Macron cet après-midi.
05:59Qu'est-ce qui est ressorti de cet entretien ?
06:02D'abord, le Président a fait part de sa volonté de trouver une solution qui soit la plus stable possible.
06:07Il a clairement dit qu'il voulait trouver un gouvernement qui s'inscrive dans la séquence jusqu'en 2027
06:14et non pas dans l'attente d'une dissolution dans un an.
06:17Il faut peut-être rappeler qu'il est dans des consultations officielles
06:21qui sont dans le cadre de l'article 8 de la Constitution.
06:24À un moment donné, il faut que les choses soient faites officiellement.
06:27Il n'y a pas seulement les déclarations du mois de juillet, il y a aussi un site à organiser.
06:31Il a demandé le point de vue des formations qui étaient autour de la table.
06:34C'étaient les formations du Bloc Central.
06:36Il n'y avait bien sûr pas que le Parti Radical.
06:38Il y avait Horizon, il y avait le Modem, il y avait Ensemble.
06:42Pour la République, il y avait l'UDI.
06:44On a tous fait part de notre volonté de ne pas voir le programme du Nouveau Front Populaire,
06:52essentiellement inspiré par El-Essi.
06:54Et surtout El-Essi, vu les ambiguïtés, pour le moins, en matière d'antisémitisme,
06:59en matière de communautarisme de beaucoup de ses membres.
07:02On a fait part de notre volonté, je crois que tous les cinq nous étions d'accord,
07:05de ne pas participer à un gouvernement avec El-Essi.
07:08Et s'il devait y avoir un gouvernement avec El-Essi, de le censurer.
07:12Ensuite, on a eu une discussion plus ouverte sur les sujets qui nous paraissaient prioritaires.
07:17Le pouvoir d'achat, la sécurité sortaient en tête.
07:20Après, d'autres thèmes ont été évoqués.
07:22Et puis, on a terminé sur le profil que devait avoir ce gouvernement,
07:26qui effectivement, comme l'ont dit nos journalistes en plateau,
07:31est un gouvernement sans majorité.
07:34Donc, il faut qu'il puisse la constituer, probablement au fil des textes.
07:37Quel profil selon vous, Laurent Henna ?
07:39Il y a eu plusieurs dirigeants pour dire que c'est un gouvernement qui doit marquer un changement,
07:43qu'il ne pouvait pas être le même que celui de Gabriel Attal
07:47et ne pas être issu de la majorité sortante,
07:49qui a perdu les élections les 30 juin et 7 juillet derniers.
07:54Tout le monde a insisté sur des profils de personnalités expérimentées pour le composer.
07:59Pas seulement expérimentés dans une carrière parlementaire,
08:02mais aussi, pourquoi pas, dans la gestion d'équipements publics,
08:05dans la gestion de collectivités locales,
08:07avec surtout une grosse capacité au dialogue.
08:09Parce qu'il n'y a pas que le dialogue avec les groupes parlementaires,
08:11il y a aussi les partenaires sociaux,
08:13si on veut traiter des sujets d'emploi et de pouvoir d'achat.
08:15Il y a aussi les collectivités locales,
08:17si on veut prendre des initiatives dans les territoires.
08:19Il y a les camps intermédiaires, comme on dit.
08:21Donc une forme de gouvernement un petit peu technique.
08:24Louis Draguenel, quand vous entendez...
08:26Restez avec nous Laurent Hénard, vous pouvez participer au débat,
08:29même si je pense que tout le monde a beaucoup de choses à dire sur ce plateau.
08:33Louis Draguenel, quand vous entendez Laurent Hénard nous dire
08:36que finalement Emmanuel Macron a pris acte du fait de ce changement nécessaire,
08:42il est sur la même ligne, si je ne me trompe pas,
08:44Laurent Hénard que Gabriel Attal, qui dit
08:46qu'on n'a pas besoin d'un gouvernement qui vienne du bloc central
08:50et qui représente donc un large spectre de gauche à droite.
08:54C'est bien ça ?
08:55Absolument.
08:56Gabriel Attal a redit quelque chose qu'il avait déjà dit.
09:00Après, je rejoins ce que dit Laurent Hénard.
09:03Mais on a quand même l'impression qu'Emmanuel Macron,
09:06il y a une différence entre ce qu'il déclare vouloir faire
09:09et ce qu'il peut réellement faire.
09:11C'est-à-dire que quand vous recevez le nouveau Front Populaire,
09:13il n'était pas obligé de recevoir Lucie Castex,
09:15il la reçoit quand même.
09:16Il reçoit Manuel Bompard, le patron de LFI.
09:18Et il explique qu'il n'y a aucun problème,
09:20qu'il est ouvert à toute proposition.
09:22Mais alors, tout ce que vous venez de faire,
09:24c'est-à-dire les énormes difficultés,
09:26réussir à arriver unis à gauche avec la France Insoumise,
09:29le PS, Europe Écologie Les Verts et le Parti Communiste,
09:31eh bien non, moi je ne veux pas de la France Insoumise.
09:34Donc il rend de fait caduque toute possibilité
09:37pour le nouveau Front Populaire d'arriver et de proposer quelque chose.
09:40Et on a l'impression en fait que dès qu'il y a une proposition qui est faite,
09:43immédiatement il y a un nouveau problème qui se pose
09:45et c'est Emmanuel Macron qui fixe le nouveau problème.
09:48De la même manière, quand Emmanuel Macron dit,
09:50et je termine par là,
09:51il faut impérativement que le prochain Premier Ministre
09:54puisse apporter une majorité stable.
09:56En réalité, aujourd'hui, aucun groupe politique
09:58ne peut apporter une majorité stable.
10:00Et donc, je pense réellement que si Emmanuel Macron
10:02avait voulu trouver une issue favorable très rapidement,
10:05il aurait fallu s'y prendre différemment dans la méthode.
10:08Commencer par lui, Emmanuel Macron,
10:10proposer aux forces politiques un certain nombre de textes
10:13qui font consensus.
10:15Je vous donne des exemples,
10:16l'hôpital, quelques sujets un peu sociaux,
10:19des sujets territoriaux,
10:21où globalement, ça peut faire consensus
10:24de la gauche jusqu'à la droite.
10:26Et c'est peut-être à travers des textes et des idées précises
10:29que ça aurait pu fonctionner.
10:31Là, Emmanuel Macron arrive par le haut, par les appareils,
10:34et c'est ce qui est le plus difficile de faire viser les appareils.
10:36Je crois que tout le monde a envie de vous répondre, mon cher Louis Dragonel,
10:37mais on va marquer une petite pause.
10:38Oui, Laurent Hénard, je vous promets, je vous redonne la parole.
10:41Juste après la pub, on vous retrouve tous pour débattre sur ces rencontres.
10:46Et on poursuit nos débats sur ces rencontres autour d'Emmanuel Macron.
10:49Aujourd'hui, Louis Dragonel, Philippe Guybert, Jean-Christophe Gallien,
10:52on redonne la parole à Laurent Hénard du Parti Radical.
10:55Laurent Hénard, quand vous entendez Louis Dragonel nous dire
10:58qu'il n'y a finalement aucune équation qui peut garantir cette stabilité
11:02tant voulue par Emmanuel Macron,
11:04qu'est-ce que vous répondez ? Vous êtes d'accord avec ça ?
11:06C'est évident qu'elle est à construire.
11:09C'est le rôle de la personnalité qui sera désignée comme Premier ministre
11:12et puis du gouvernement qui va l'entourer au fil des débats.
11:15On va commencer par les débats budgétaires,
11:16puis ensuite il y aura de la place pour d'autres débats au début de 2025,
11:19que de montrer la capacité à ne pas être censuré,
11:22parce que c'est ça le sujet.
11:23Ce n'est pas forcément avoir une majorité toujours la même derrière soi.
11:26Et c'est en tout cas ne pas avoir une majorité qui vote une motion de censure
11:29et renverse le gouvernement.
11:30Et puis la capacité au fil des textes à trouver des majorités pour les faire passer.
11:34Je voudrais réagir très rapidement au point qui a été évoqué
11:38en disant que le Président aurait pu proposer des textes sur ci, des textes sur ça.
11:41Simplement avec deux réactions.
11:43La première, c'est qu'on ne peut pas reprocher à Emmanuel Macron de se mêler de tout
11:45et ensuite lui demander de remplacer le chef du gouvernement.
11:48Je pense que dans un moment où il n'y a pas de majorité à l'Assemblée
11:53et où la majorité présidentielle a été battue,
11:55elle n'est plus majoritaire,
11:57ce n'est pas au Président de la République à faire l'agenda parlementaire.
12:01C'est au Premier ministre qu'il va nommer de le faire.
12:04Et deuxièmement, ça me paraît d'autant plus important,
12:07qu'il faut que ce soit l'occasion d'entendre aussi une volonté de changement.
12:13Donc il y a des thèmes qu'Emmanuel Macron défend et qui intéressent sûrement les Français.
12:17Je pense par exemple à l'emploi.
12:19Et puis il y a d'autres thèmes sur lesquels ils attendent des mesures nouvelles et des évolutions.
12:23Et donc c'est l'intérêt de nommer une personnalité nouvelle à Matignon,
12:27c'est que cette personne puisse apporter cette part de changement.
12:30Ce n'est peut-être pas le Président qui est en place depuis 2017 qui doit le faire,
12:33surtout s'il veut garantir les institutions, leur bon fonctionnement,
12:36ce qui est quand même le premier rôle du Président de la République,
12:39un garant des institutions, arbitre des institutions.
12:42Il ne peut pas être à la fois arbitre et joueur.
12:46Il ne peut pas être à la fois juge et parti.
12:48Et là, on a besoin d'un Président qui soit l'arbitre, qui soit le garant des institutions.
12:52Il faut laisser au Premier ministre le soin d'enclencher les choses.
12:55Laurent Hénard, oui, Philippe Guybert, vous vouliez parler depuis tout à l'heure,
12:58je me suis un petit peu coupé le sifflet.
12:59Non mais pour le jeu de ce que disait Laurent Hénard,
13:01qui a parfaitement raison sur un point essentiel,
13:04on n'aura pas de majorité.
13:05Ce n'est pas la peine de la chercher, on n'aura pas de majorité.
13:08Le point important, c'est qu'on ait un gouvernement qui ne soit pas renversé par une motion de censure.
13:14C'est-à-dire qui ne soit pas renversé par l'alliance sur un vote de censure
13:18du Rassemblement National et du Nouveau Front Populaire.
13:22Voilà, c'est ça l'équation, en fait, elle est là.
13:25Et donc ça veut dire que ce gouvernement doit obtenir au minimum l'abstention du Parti Socialiste,
13:32des écologistes et éventuellement des communistes.
13:35Pour cela, comment faire ? C'est ça toute la question.
13:38Et c'est pour ça, Alain Minck l'a expliqué...
13:40Ça fait quand même 319 députés.
13:42Si vous additionnez tous les députés du NFP, Nouveau Front Populaire, plus ceux du RN,
13:46c'est considérable.
13:47C'est bien ce que je vous dis, c'est-à-dire que s'il y a une alliance du NFP et du RN,
13:51le gouvernement est renversé, ça fait une motion de censure,
13:53puisque ça fait plus de 289 députés.
13:55Et alors, quelle est la proposition, Philippe Guybert ?
13:59Je viens de vous l'expliquer.
14:00C'est que, comme l'a dit Alain Minck dans le Figaro cet été,
14:03qui est d'obtenir l'abstention des socialistes, des communistes, des écologistes
14:07et de laisser et les filles et le RN dans l'opposition,
14:10votant une motion de censure.
14:12Parce que là, ça ne fait plus 289 députés.
14:15Ça, c'était le rêve d'Emmanuel Macron en disant finalement,
14:18on va sortir l'EPS, on va se raccrocher les LR,
14:21et finalement, aujourd'hui, on aurait une vraie situation de sortie d'été,
14:24la magie des Jeux Olympiques aurait fait tout ça,
14:27on aurait pris tous le bain de mer,
14:28et puis comme Emmanuel Macron, on aurait fait du jet-ski,
14:30et on serait revenus de vacances, et finalement, on aurait trouvé la solution.
14:33On aurait trouvé la solution.
14:34Mais il n'y a pas de solution.
14:35Il n'y en a pas.
14:36Ça n'a pas existé.
14:37L'EPS est toujours collée au NFP,
14:38et les LR ne veulent toujours pas gouverner en tant que tels,
14:42c'est-à-dire avoir des ministres, en tout cas officiellement.
14:44On verra bien s'il y a la sortie, il y a des gens qui se désolidarisent.
14:46Donc, ce qui se passe aujourd'hui,
14:47c'est surtout qu'on remarque une absence de pugnacité.
14:50Et donc, finalement, tout le monde s'est laissé embarquer
14:52dans une espèce de teint pour relativement mou.
14:54Cette France qui était caractérisée par l'idée
14:56qu'on allait vite, après une élection, vers un gouvernement,
14:58aujourd'hui, elle est dans un temps mou,
15:00mais mou-molaçon.
15:02C'est-à-dire que quand on parle de stratégie budgétaire,
15:04on parle de la politique de la nation.
15:05Ce n'est pas juste voter un budget.
15:07D'ailleurs, entre parenthèses,
15:08le gouvernement qui, normalement, n'aurait pas dû agir sur le budget,
15:11à Gabriel Attal, le 20 août,
15:14a envoyé des lettres de cadrage.
15:16Donc, vous voyez, on est dans quelque chose de très compliqué.
15:18Donc, aujourd'hui, ça ne garantit rien pour ce pays
15:21d'une dynamique dont est responsable le Président de la République.
15:23Parce que c'est lui qui appuie sur le bouton de la dissolution
15:25et personne d'autre.
15:26Et s'il appuyait le bouton de la dissolution,
15:28il doit trouver, lui aussi, une solution.
15:30Il ne peut pas s'en remettre à ceux qui ont subi l'incendie,
15:33que ce soit dans son camp ou dans l'autre banc.
15:35Et encore moins aux Français qui attendent une solution.
15:37Laurent Hénard, Lucie Castex disait
15:40se tenir prête à des coalitions.
15:42Est-ce que vous, au Parti Radical,
15:43vous seriez prêt à travailler avec le NFP ?
15:46Il y a deux choses différentes.
15:48Un, il y a qu'est-ce qu'on fait face à un gouvernement
15:51qui a comme déclaration de politique générale.
15:54Parce qu'il faut rappeler qu'un gouvernement qui arrive,
15:56il fait une déclaration de politique générale.
15:58Donc, à un moment donné,
15:59est-ce que c'est le programme du NFP avec des ministres et les filles ?
16:02Et le programme NFP, c'est quasiment le programme des filles.
16:05Ils vous ont répondu aujourd'hui, oui, clairement.
16:07Et dans ce cas-là, c'est la censure.
16:09Et dans ce cas-là, c'est la censure.
16:11Voilà, ça s'arrête là.
16:13Donc, qu'est-ce qu'on fait ?
16:15Laurent Hénard, il y a une solution.
16:17Elle est peut-être encore praticable, Laurent Hénard.
16:20C'est, comme on disait sous la quatrième République,
16:22de lever l'hypothèque Lucie Castex.
16:24C'est-à-dire qu'Emmanuel Macron constate
16:27qu'il a une seule proposition sérieuse de Premier ministre,
16:30qui est Lucie Castex.
16:31Il la nomme.
16:32Il convoque une session extraordinaire du Parlement.
16:34Parce que c'est dans les pouvoirs du Président de la République
16:36que le Premier ministre ne peut pas la refuser.
16:38Et on voit ce qui se passe.
16:40Soit il y a une motion de censure,
16:42comme vous le dites à l'instant,
16:43et notamment s'il y a des ministres et des filles,
16:45et donc le gouvernement est censuré,
16:46et on n'en parle plus.
16:47On passe à un autre sujet.
16:49Et à ce moment-là, on pourra peut-être obtenir
16:51que le PS...
16:52Louis Dragonel.
16:53Je me permets de dire qu'il a peut-être tort.
16:56Je me permets d'avoir cette opinion.
16:58Parfois, vous êtes en désaccord avec le Président.
17:00Ne parlez pas en même temps.
17:01Il peut avoir tort parce qu'il n'y a pas de solution.
17:04Le Président a précisé
17:06qu'il ne voulait pas jouer avec les institutions
17:08et qu'il ne prendrait justement pas le risque
17:10de jouer avec quelqu'un qui serait
17:12inéluctablement renversé le surlendement.
17:15Il joue avec les institutions,
17:16puis on se retrouve dans une situation
17:17où on n'aura pas de budget.
17:18Jean-Christophe Gallien.
17:19Il y a quelqu'un qui a une partie de la solution,
17:21et on verra demain sa vraie entrée politique.
17:23Jean-Luc Mélenchon, il parle demain.
17:24Ah oui, alors la TF1, 13h.
17:26Alors à chaque fois, il revient, lui.
17:27Non, il revient.
17:28Et il ne veut pas lâcher la scène médiatique.
17:29Et finalement, c'est peut-être lui
17:30qui aura une partie du verbatim
17:31qui va être officielle ou pas officielle,
17:33mais en tout cas qui créera le mouvement
17:35ou pas le mouvement à l'intérieur du NFP.
17:37C'est-à-dire que demain, on aura la vraie position.
17:39Demain, on aura la vraie solution.
17:41Mais ce n'est pas idiot, d'ailleurs.
17:42Vous attendez à quoi ?
17:43Parce qu'on verra.
17:44Est-ce que LFI va rester solidaire
17:46à quelque chose qui pourrait dire
17:48qu'on va faire entrer des gens, des Républicains ?
17:51Est-ce que LFI pourra dire
17:52qu'on va gouverner avec les représentants de la République
17:55et qu'on va être d'accord et tout ça ?
17:56On verra demain.
17:57Vous croyez franchement qu'il va lâcher la rampe,
17:59Jean-Luc Mélenchon ?
18:00C'est compliqué.
18:01Et je pense que demain,
18:02on aura une partie de la réponse.
18:03Et vous aurez ensuite lundi ou mardi,
18:04Emmanuel Macron qui dira
18:05mais on va prendre un peu plus de temps,
18:07parce que comme le disait très bien Louis tout à l'heure,
18:09sur votre prise d'antenne,
18:11le rythme n'a pas été fixé pour mardi ni mercredi.
18:14Ça commence, en fait.
18:16Cette nouvelle séquence commence.
18:19Je rappelle tout de même que vers le 15 septembre,
18:22on doit avoir un projet de budget
18:23qui est présentable aux différentes institutions.
18:26Oui, mais ça peut se faire par ordonnance
18:27avec finalement le budget proposé par Gabriel Attal.
18:30Mais même pour faire par ordonnance,
18:31il faut une loi d'habilitation
18:32et si vous n'avez pas la majorité sur votre loi d'habilitation,
18:35vous ne pouvez pas le faire par ordonnance.
18:37Quand on présente un scénario noir à l'Elysée,
18:40on vous explique de toute façon qu'il n'y aura pas de budget.
18:43Les fonctionnaires seront payés, au pire.
18:46Non mais attendez,
18:48je ne suis pas en train de vous défendre cette idée-là.
18:50Moi, je la trouve moralement extrêmement choquante
18:52parce que le budget, au-delà de...
18:55En fait, le budget, ce n'est pas une question budgétaire.
18:58Le budget, c'est quel montant vous mettez en face
19:01d'une politique particulière.
19:03Laurent Hénard veut intervenir, messieurs.
19:06Laurent Hénard, oui, qui est à distance
19:08et pas dans le studio.
19:09Oui, tout simplement pour deux précisions.
19:12La première, c'est que le président de la République,
19:14je l'ai interrogé sur ce point
19:16et il a répondu très clairement.
19:18Pour lui, le cycle de consultation qui est commencé
19:20doit se terminer par une personnalité nommée ou pressentie.
19:23Il n'envisage pas de prendre des consultations,
19:25d'arrêter pendant huit jours,
19:27de reprendre, d'arrêter, de reprendre, d'arrêter.
19:29Il peut y avoir plusieurs cycles, mais ils se suivent
19:31et pour lui, les consultations se terminent
19:33par l'exercice de l'article 8 de la Constitution.
19:36Donc, quelqu'un de nommé ou au moins de pressenti.
19:39Vous avez parlé de lever l'hypothèque.
19:41Deuxième remarque.
19:42Sous la quatrième, on levait l'hypothèque
19:44justement en étant pressenti
19:46et en regardant...
19:48La première étape de la levée d'hypothèque,
19:50c'était qu'une personnalité pressentie
19:52justement négocie pour voir si elle arrivait
19:55à éviter la censure du Parlement,
19:57l'idéal étant de recueillir la confiance.
19:59Donc, on peut aussi avoir cette étape-là.
20:01Je veux dire, on peut imaginer que le Premier ministre...
20:03Alors, je sais que ce n'est pas l'esprit de la cinquième
20:05parce qu'avec le quinquennat, il est devenu
20:07une sorte d'exécutant du Président.
20:09Mais là, comme il n'y a pas de majorité,
20:11le Premier ministre, il retrouve à mon avis
20:13une marge de manœuvre dans son rôle.
20:15Est-ce qu'il vous a annoncé quelques noms,
20:17Laurent Hénard ?
20:19Non, le Président n'a évoqué aucun nom.
20:21Et on peut imaginer que le Premier ministre,
20:23il a justement cette tâche
20:25de voir quel équilibre budgétaire,
20:28quel texte pourrait ne pas entraîner
20:30une censure immédiate de son gouvernement
20:32et permettre au Parlement de travailler
20:34avec le gouvernement et de progresser.
20:36Je pense qu'on a un Premier ministre
20:38qui va jouer un rôle, peut-être comme
20:40jamais, alors ça peut être extrêmement bref,
20:42la situation est instable, on est d'accord.
20:44Mais en tout cas, il peut avoir un rôle
20:46comme rarement, Premier ministre,
20:48on a eu un sous la cinquième.
20:50Là, pour le coup, ce que vous dites, Laurent Hénard,
20:52est très intéressant parce qu'effectivement,
20:54on est rentré dans une séquence qui est comme
20:56une mini Quatrième République un peu augmentée.
20:58On a les réseaux sociaux, que ce n'est pas 1905,
21:00on n'est pas dans les années 50.
21:02Et ce qui est important,
21:04c'est que vous allez fixer, quelque part,
21:06la possibilité pour un Premier ministre, lui, de devenir
21:08une sorte de chef, un vrai chef de gouvernement,
21:10voire avec une partie de chef d'État.
21:12Il faut accepter pour ça, chez Emmanuel Macron,
21:14d'être en retrait. Il faut qu'Emmanuel Macron,
21:16cette fois-ci, non pas propose, mais se mette
21:18en retrait. Et cette obligation-là,
21:20je ne suis pas certain que le Président de la République en ait très envie.
21:22Il s'en va en Serbie, vous savez, le 29
21:24et le 30, il continue son agenda.
21:26Et donc, pour que ça puisse marcher ce que vous dites,
21:28ce qui pourrait être une vraie innovation, en tout cas, temporaire,
21:30de manière temporaire, la 5ème République
21:32redonnera ce qu'elle est très vite,
21:34à mon avis, mais en réalité,
21:36on a besoin, effectivement, que le centre de gravité
21:38soit à Matignon et que les consultations
21:40n'aient plus lieu à l'Élysée, mais à Matignon.
21:42Philippe.
21:44Cette innovation est une obligation.
21:46C'est-à-dire qu'Emmanuel Macron doit
21:48accepter, et en effet,
21:50que ce n'est plus lui le chef de l'exécutif.
21:52Il garde ses responsabilités constitutionnelles,
21:54une certaine prééminence
21:56en matière de politique étrangère
21:58et d'armée, mais pour ce qui est de la politique
22:00intérieure et un peu européenne,
22:02c'est le Premier ministre
22:04et c'est le gouvernement qui vont décider
22:06selon l'article 20.
22:08Je vous pose la question,
22:10est-ce que vous y croyez ?
22:12C'est pesable, si on est sincère
22:14même avec les auditeurs.
22:16Si on est sincère avec les auditeurs, il faut leur dire
22:18qu'à un moment donné, il va bien falloir trouver
22:20une solution.
22:22Emmanuel Macron devra
22:24se plier aux circonstances.
22:26Je vous libère, vous avez du travail, je crois.
22:28Si vous avez des informations, vous venez nous le dire.
22:30Merci à vous d'avoir été avec nous.
22:32Merci Laurent Hénard, président du Parti Radical,
22:34d'avoir été avec nous. On poursuit
22:36ces débats avec Jean-Christophe Gallien
22:38et Philippe Guybert, et on sera avec un constitutionnaliste
22:40qui est en train de nous éclairer
22:42aussi sur ce qui est possible,
22:44Jean-Christophe R. Roland. Restez avec nous.

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